Commentaire de l’Evangile du 6ème dimanche de Pâques : Jean 14, 15-21

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              Jésus – Marie                   

6° Dimanche de Pâques

 

Première lecture : Actes des Apôtres : 8,5-8 / 14-17

Psaume 66 (65)

Deuxième lecture : 1° Epitre de Saint Pierre : 1 P 3,15-18

Evangile de Jésus-Christ selon Saint Jean :  14,15-21

 

Méditation Evangélique            

           Saint Jean nous rapporte en ce chapitre 14 de son Evangile l’intime et bouleversant dialogue entre Jésus et ses Apôtres avant sa Passion. Il va consister pour le Maître à les convaincre qu’après son départ vers le Père, il sera toujours avec eux, mais par le don et la Présence du Saint-Esprit : « Je prierai le Père et il vous donnera un autre Paraclet[1], pour qu’il soit avec vous à jamais ! » (Jn 14,16).

            Dans sa lettre encyclique sur l’Esprit-Saint, le Pape Jean-Paul II nous dévoile magnifiquement cette mission de l’Esprit :

           « L’Esprit Saint sera le Consolateur des Apôtres et de l’Eglise, toujours présent au milieu d’eux, même s’il demeure invisible, comme Maître de la Bonne Nouvelle que le Christ a annoncée : « Il enseignera » et « Il rappellera », cela signifie non seulement qu’il continuera, à sa manière qui lui est propre, à inspirer la proclamation de l’Evangile du salut, mais aussi qu’Il aidera à comprendre le sens juste du contenu du message du Christ ; qu’Il en maintiendra la continuité et l’identité de sens alors que changent les conditions et les circonstances. L’Esprit Saint fera en sorte que dans l’Eglise demeure toujours la vérité même que les Apôtres ont entendue de leur Maître[2] ! » On comprend que Saint Bernard de Clairvaux ait pu proclamer en terme mystique : « Le Saint Esprit est le baiser de Dieu ! » Cela évoque l’Epouse du Cantique des cantiques[3].

         Plus que jamais aujourd’hui, nous avons à redécouvrir L’Eglise, certes, comme le Corps du Christ dont Il est la tête (1 Co 12,12-13 et 27). Mais pour éviter une approche trop « figée » du mystère de l’Eglise, approchons aussi l’Eglise comme l’Epouse née de l’Epoux… et cette Epouse est née de l’Epoux crucifié quand « l’un des soldats, de sa lance, lui perça le côté :  il en jaillit aussitôt du sang et de l’eau ! (Jn 19,34). Alors l’Esprit a été comme « libéré » du Cœur ouvert de Jésus !… Et de ce Cœur transpercé, Il ne cesse de jaillir et de se répandre sur les enfants de Dieu dont il fait des témoins de l’Amour de Dieu.

         Comme le laisse entendre le psaume : « Qui me donnera les ailes de la colombe pour que je m’envole ! » Ces ailes de la colombe évoquent celles de l’Esprit-Saint. Saint Silouane a des paroles étonnantes sur l’identité et l’œuvre du Saint-Esprit dans le cœur de l’homme : « Le Saint-Esprit ressemble à une mère pleine de tendresse. Comme une mère aime son enfant et le protège, ainsi le Saint-Esprit nous protège, nous pardonne, nous guérit, nous instruit, nous réjouit [4] ! »

        Mais pour découvrir cette plénitude sous la puissante conduite de l’Esprit, revenons à l’Annonciation où il a agi par son Epouse Immaculée : « L’Esprit-Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre ; c’est pourquoi on appellera saint et Fils de Dieu l’enfant qui doit naitre ! »  (Lc 1,35). On peut donc avancer qu’à partir de l’Annonciation, l’Eglise est mariale : c’est-à-dire « que la Vierge est un mystère de présence à l’intérieur même de l’Eglise… la foi de la Vierge colore à jamais la foi de l’Eglise [5]! »

        Pour entrer dans ce mystère central, Il ne faut jamais oublier que « Marie a produit, avec le Saint-Esprit, la plus grande chose qui ait été et sera jamais, qui est un Dieu-Homme ; et elle produira conséquemment les plus grandes choses qui seront dans les derniers temps : la formation et l’éducation des grands Saints qui seront sur la fin du monde lui est réservée ; car il n’y a que cette Vierge singulière et miraculeuse qui peut produire, en union avec le Saint-Esprit, les choses singulières et extraordinaires [6]… »

 

                                                                                                               +M-Mickaël 

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[1] Du grec paraklétos, ce mot johannique signifie en soi « consolation », mais chez Saint Jean il prend aussi le sens de « défendre, d’aider » (latin : ad-vocatus). Cette mission est exercée par l’Esprit en faveur du Christ dans le cœur des disciples. Le Paraclet désigne donc trois aspects de l’activité du Saint-Esprit : présence de Jésus (Jn14,15-17), défense de Jésus (Jn 15,26), mémoire vivante de l’Eglise qui lui donne d’actualiser la parole de Jésus (Jn 14,26).

[2] Saint Jean-Paul II, Dominum et vivificantem, 18 mai 1986, n°4.

[3] « Qu’il me baise des baisers de sa bouche. Tes amours sont plus délicieuses que le vin… Comme on a raison de t’aimer ! » (Cantique 1,2-4)

[4] Archimandrite Sophrony, Staretz Silouane, Ed. Présence, p.275.

[5] Cardinal Journet, L’Eglise du Verbe incarné, tome 2, p.5 et 432.

[6] Saint Louis Marie De Montfort, Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge, n°35.