Les visites de l’Ange : des desseins de Miséricorde

Extrait du livre Mon Coeur Immaculé triomphera, Fatima, révélation des derniers temps, Marie-Michel, Editions du Jubilé 2017.

Les Anges dans la Bible préparent les chemins du Seigneur. Le plus bel épisode est celui de l’Annonciation où l’Ange Gabriel vient préparer Marie (Lc 1,26-38) à la venue du Verbe fait chair. A Fatima, il se présente avec un double titre lié à l’histoire du pays et à la première guerre mondiale d’alors : « L’Ange de la paix » et « l’Ange gardien du Portugal ».

Les deux premières Apparitions : « priez, priez beaucoup ! »

       C’est au printemps 1916 que l’Ange se manifesta aux enfants pour la première fois : ils sont sur la hauteur d’une colline rocheuse appelée « Le Cabeço » qui domine Fatima et ils font paître les brebis. Vers le milieu de la journée, ils prennent leur repas frugal et récitent un chapelet raccourci à l’extrême en disant seulement : « Ave Maria » et « Padre Nosso » pour passer vite à leurs jeux d’enfants !… Tout à coup, à 12h, heure de l’Angélus, un fort vent secoua les arbres et ils virent, au-dessus des oliviers, une forme lumineuse approcher vers eux : « Elle avait l’apparence d’un jeune homme de 14 ou 15 ans, plus blanc que la neige, que le soleil rendait transparent comme s’il était en cristal, et d’une grande beauté. En arrivant près de nous, il nous dit : « N’ayez pas peur !  Je suis l’Ange de la paix. Priez avec moi ! »  Alors, en les faisant se prosterner, il commença à leur apprendre cette prière qui a fait le tour du monde et demeure, un siècle plus tard, d’une telle actualité face à la décadence de notre société :

« Mon Dieu je crois, j’adore, j’espère et je vous aime. Je vous demande pardon pour tous ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas et ne vous aiment pas ».

Après leur avoir fait répéter trois fois cette prière si puissante, « il se releva et nous dit : « Priez ainsi. Les Cœurs de Jésus et de Marie sont attentifs à la voix de vos supplications ».

Cette première venue de l’Ange va marquer les trois enfants : « Ses paroles se gravèrent de telle manière dans notre esprit que jamais nous ne les avons oubliées. Et depuis lors, nous restions longtemps prosternés, répétant ces prières parfois jusqu’à tomber de fatigue. Je recommandai aussitôt à mes cousins de bien garder le secret[1]… »

Ces paroles de l’Ange nous enseignent aussi pour aujourd’hui car le premier appel de Fatima est cette invitation à la prière fervente dont le fruit est paix, et donc puissance de l’amour de Dieu qui peut arrêter et éviter les guerres ! En effet, le 9 mars 1916 l’Allemagne déclara la guerre au Portugal. De fait, ce pays restera protégé par son Ange gardien dont la Fête sera restaurée le 28 juin 1952 à la demande des Evêques portugais au Pape Pie XII qui répondit très favorablement.

La seconde Apparition eut lieu un jour de l’été 1916 à l’ «Arneiro », le puits des parents de Lucie, qui était au fond de leur jardin. Les trois enfants jouaient de plus belle quand l’Ange

leur apparut pour les reprendre : « Que faites-vous ? Priez, priez beaucoup !  Les Saints Cœurs de Jésus et de Marie ont sur vous des desseins de miséricorde. Offrez constamment au Très-Haut des prières et des sacrifices. »

Une fois de plus, ces paroles de l’Ange doivent nous interpeller au plus profond de nos cœurs. En effet, ces « desseins de miséricorde » prennent un relief tout particulier après ce Jubilé de la miséricorde 2016 !  Jésus et sa Mère veulent nous entraîner dans leurs Cœurs sur les voies d’une tendresse « engagée » qui vient délivrer le monde de l’égoïsme et de la guerre !  Et le premier choix à faire pour sauver notre civilisation du chaos où l’entraîne l’Ennemi, c’est la puissance du salut indiquée par l’Ange : offrir quotidiennement au Père, par Jésus et Marie, des prières et des sacrifices. Mais les objections de la normalité paralysent souvent nos cœurs et nous pouvons dire comme les enfants :

– « Comment ferons-nous des sacrifices ? » La réponse simple et concrète de l’Ange doit nous inspirer et nous engager :

–  « De tout ce vous pourrez, offrez à Dieu un sacrifice, en acte de réparation pour les péchés par lesquels il est offensé, et de supplication pour la conversion des pécheurs. Attirez ainsi la paix sur votre Patrie. Je suis son Ange Gardien, l’Ange du Portugal. Surtout, acceptez et supportez avec soumission les souffrances que le Seigneur vous enverra[2] ».

L’Ange renvoie d’abord à la vie quotidienne sans faire du sacrifice une démarche exceptionnelle mais une offrande : « Offrez à Dieu un sacrifice ! »  Comment ne pas penser ici à Petite Thérèse : « Je n’ai d’autre moyen de te prouver mon amour que de jeter des fleurs, c’est-à-dire de ne laisser échapper aucun petit sacrifice, aucun regard, aucune parole, de profiter de toutes les petites choses et de les faire par amour[3] ». N’est-ce pas là la marque mystérieuse de la sainteté des enfants de Dieu : « Ce sont des enfants comme les autres… et pourtant, auprès d’eux, on sent un je ne sais quoi différent des autres[4] ».

Troisième Apparition : « Consolez votre Dieu ! »

       Pour mieux saisir l’importance de cette dernière Apparition, il faut d’abord ici écouter Lucie sur la seconde venue de l’Ange : « Ces paroles, nous dit-elle, étaient comme une lumière qui nous faisait comprendre ce qu’est Dieu, combien il nous aime et veut être aimé de nous… combien le sacrifice est agréable à Dieu, et comment Dieu, en considération du sacrifice, convertit les pécheurs[5]… »

La troisième Apparition de l’Ange survint à l’automne 1916 au « Cabeço », le même lieu élevé que la première. Et cette fois, l’Ange trouve les trois enfants prosternés et en train de redire avec ferveur la prière apprise de lui : « Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère…etc. » Et c’est alors, dit Lucie, que « nous vîmes briller au-dessus de nous une lumière inconnue. » Ils se redressèrent et découvrirent l’Ange qui tenait « dans sa main gauche un calice, sur lequel était suspendue une Hostie de laquelle tombaient quelques gouttes de sang dans le calice. »

Alors, l’Ange laissa suspendu en l’air le calice et l’Hostie. Il s’agenouilla près des enfants en leur faisant répéter trois fois : « Très Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, je vous adore profondément, et je vous offre le Très Précieux Corps, Sang, Ame et Divinité de Jésus-Christ présent dans tous les Tabernacles du monde, en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences par lesquels il est Lui-même offensé. Et par les mérites infinis de son Très Saint Cœur et du Cœur Immaculé de Marie, je vous demande la conversion des pauvres pécheurs ». Cette prière nous transporte véritablement au pied de la Croix où l’Agneau immolé sauve le monde et elle actualise dans le temps le mystère du salut … Ensuite, l’Ange se leva et donna l’Hostie à Lucie et partagea le Sang du calice entre Jacinthe et François. Il disait en même temps : « Prenez et buvez le Corps et le Sang de Jésus-Christ horriblement outragé par les hommes ingrats. Réparez leurs crimes et consolez votre Dieu ».

Cette troisième Apparition est la plus intense et plonge les enfants dans un état « spécial » qui durera trois jours. Elle leur fait toucher la splendeur de la Majesté de Dieu et fait naître aussi en eux un désir fort de réparation et de sacrifice pour sauver les pécheurs.

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NOTES

[1] Mémoires de Sœur Lucie, op. cit., p.64. A noter que François, comme plus tard aux Apparitions de la Vierge, voit mais n’entend pas les paroles de l’Ange. Il ne peut que répéter les prières en écoutant Lucie et Jacinthe.

[2] Mémoires de Sœur Lucie, op. cit., p.64.

[3] Sainte Thérèse de Lisieux, Œuvres complètes – Manuscrit B, Cerf-DDB, 1992, p.228.

[4] Joaquim Maria Alonso, Fatima – Message et consécration, op. cit., p.7.

[5] Père De Marchi, Témoignages sur les Apparitions de Fatima, op. cit., p.79.