Fatima, apparition du 13 juin 1917 : « Mon Coeur Immaculé sera ton refuge ! »

Extrait du livre Mon Coeur Immaculé triomphera, Fatima, révélation des derniers temps, Marie-Michel, Editions du Jubilé 2017

Dans sa joie d’avoir vu la beauté indicible de Marie et d’annoncer ses attentes urgentes pour le salut du monde, Jacinthe ne pourra se taire sur la visite de la Dame. Lucie désirait garder le secret, mais elle était déjà trop habitée par la peur des conséquences douloureuses dans sa propre famille. A ce moment, la plus jeune des trois a une avance prophétique sur les deux autres et dira à sa mère : « Oh, Maman ! cria-t-elle, toute émue, j’ai vu aujourd’hui Notre Dame à la Cova da Iria … » et la réponse ne se fait pas attendre : « ça, je ne le crois pas ! Serais-tu déjà une sainte pour voir la Sainte Vierge ? » Mais la petite Jacinthe ne se décourage pas. Elle continue à témoigner de la beauté de Marie et de ses attentes urgentes : « Maman, il faut dire le chapelet tous les jours ; la Sainte Vierge le veut ! » François confirmera les paroles de sa sœur et la famille sera assez vite ouverte au témoignage des deux enfants.

Manuel Marto, leur papa, était un homme réfléchi et, après avoir médité sur leur témoignage à partir de ses connaissances théologiques, il fut le premier à croire aux Apparitions. Plus tard, Olympia, leur maman, déclarera à la commission d’enquête : « C’est ainsi que ces enfants avaient appris de l’Apparition, non seulement à réciter eux-mêmes le chapelet, mais encore à le faire réciter à tout le monde[1] ! » Il y a d’ailleurs un dialogue assez drôle quand la petite Jacinthe essaie de convaincre sa mère « de venir voir la Sainte Vierge » au lieu d’aller à la fête :

– « Inutile d’y aller, répondit-elle, la Sainte Vierge ne t’apparaîtra pas !

– Si, si ! Elle a dit qu’elle apparaîtrait, et elle va certainement apparaître !

– Alors, tu ne veux pas aller à la fête de Saint Antoine ?

– Non ! Saint Antoine n’est pas beau !

– Comment il n’est pas beau ?

– C’est que cette Dame est beaucoup, beaucoup plus belle ! »

Cependant, les parents Marto restaient prudents et décidèrent de ne pas suivre leurs enfants ; et le 13 au matin, ils partirent à la foire. Dans la famille de Lucie, tout n’est pas aussi simple car, par un fort souci de vérité, sa mère cristallise autour d’elle un rejet violent de ces « enfantillages ». De plus, des familles et des jeunes d’Aljustrel accusent les enfants de fourberie et se moquent de Lucie.  Pour la petite, commence une lourde épreuve car « en voyant que ses cousins étaient chouchoutés, elle sentait davantage la douleur ; il lui semblait que ses parents ne l’aimaient pas et pour une fillette de 10 ans cela est très dur, d’autant que jusque là elle était cajolée par tous, elle était la petite reine de la maison… mais il était nécessaire de boire le calice comme il lui était présenté… le oui du 13 mai 1917 fut la consécration solennelle de tout son être et de toute sa vie à Dieu par les mains de Marie[2] ».

D’ailleurs, cette première Apparition de Marie marque une transformation dans le comportement religieux des trois enfants. Quand ils se retrouvent tous les trois avec les brebis, Lucie invite Jacinthe à jouer, mais sa réponse au ton décidé marque un tournant : « Aujourd’hui je ne veux pas jouer… car je pense à cette Dame qui nous a dit de dire le chapelet et de faire des sacrifices pour la conversion des pécheurs [3]». Ils commencèrent alors à donner leur repas de midi aux brebis, et « plus tard aux petits pauvres qu’ils rencontraient… ils passaient des journées mourant de soif [4] ».

C’est dans ce contexte de ferveur chrétienne où les enfants commencent à être un seul cœur dans la prière que va s’opérer la deuxième Apparition du 13 juin. Comme il y avait ce jour-là la fête de Saint Antoine, rare distraction pour les enfants du coin, la mère et les sœurs de Lucie la testaient à l’avance : « Nous allons voir si tu vas laisser la fête pour aller à la Cova da Iria parler avec cette Dame ! »  Mais le 13, avant 8 heures, son frère vint prévenir Lucie qu’un groupe de personnes de diverses localités autour de Fatima voulaient l’accompagner à la Cova. Elle les invita à aller à la Messe de 8 heures et vers 11 heures, elle alla à la rencontre de ses cousins en compagnie d’une cinquantaine de personnes.

Ils prirent le chemin vers le lieu des Apparitions et là, ils récitèrent le chapelet pour se préparer à la venue de Notre Dame… et à 12 h, comme en mai, un éclair traversa le ciel et la Dame « plus brillante que le soleil » arriva et se posa sur les branches du chêne-vert. Lucie lui posa la même question biblique qu’à la première Apparition :

« Madame, que voulez-vous de moi ?

– Je veux veniez ici le 13 du mois prochain, que vous disiez le chapelet tous les jours et que vous appreniez à lire. Ensuite, je vous direz ce que je veux.

Je demandai la guérison d’un malade.

– S’il se convertit, il sera guéri durant l’année.

– Je voudrais vous demander de nous emmener au Ciel.

– Oui, Jacinthe et François, je les emmènerai bientôt, mais toi, tu resteras ici pendant un certain temps. Jésus veut se servir de toi afin de me faire connaître et aimer. Il veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. A celui qui l’accepte, je promets le salut, et ces âmes seront aimées de Dieu, comme des fleurs placées par moi pour orner son Trône.

– Je vais rester ici toute seule ? demanda Lucie.

– Non, ma fille. Cela te fait beaucoup souffrir ?  Ne te décourage pas, je ne t’abandonnerai jamais !  Mon Cœur Immaculé sera ton refuge et le chemin qui te conduira jusqu’à Dieu.

Au moment où la Vierge prononça ces dernières paroles, Elle ouvrit de nouveau les mains et montra, devant la paume de la main droite, son Cœur entouré d’épines qui paraissaient s’y enfoncer. Les trois enfants comprirent alors que c’était le Cœur Immaculé de Marie, outragé par les péchés de l’humanité, qui demandait réparation…

En même temps, le mystérieux faisceau lumineux qui sortait des mains de Marie plongea pour la seconde fois les trois enfants dans le reflet de cette lumière divine immense. Dans cette lumière, ils furent submergés en Dieu. Jacinthe et François paraissaient être dans la partie de cette lumière qui s’élevait vers le Ciel, et Lucie dans celle qui se répandait sur la terre. »

Puis, comme la première fois, la Dame partit et s’éleva dans la direction de l’est. L’entretien avait duré une dizaine de minutes. Les gens qui étaient présents sentaient qu’ils venaient de vivre un événement extraordinaire confirmés par des signes étonnants : cette journée était radieuse et chaude comme souvent en juin au Portugal. « Or tout le temps de l’Apparition, la lumière du soleil s’affaiblit d’une façon exceptionnelle[5]… » Les branches du sommet de l’arbre où s’était « posée » la Vierge restèrent courbées comme si un poids invisible les avaient pliées. C’était comme une preuve tangible de son passage.

Mme Maria da Capelinha, un témoin fervent et crédible de la première heure atteste : « Quand Notre Dame s’éloigna de l’arbuste, il y eut comme le souffle d’une fusée d’artifice, quand on l’entend monter au loin. Lucie se leva très vite, et, le bras tendu, disait : Voyez, elle s’en va, elle s’en va !… Quant à nous, nous ne voyions rien… seulement un petit nuage qui s’élevait doucement vers le Levant, jusqu’au moment où il se dissipa complètement… Les petits restaient silencieux, les yeux fixés sur le même point du ciel, jusqu’à ce que Lucie dise : C’est fini !… Elle est rentrée au Ciel ; les portes se sont refermées… tout le monde repartit vers Fatima, récitant le chapelet avec les enfants[6]. »

 

[1] J.C. Castelbranco, Le prodige inouï de Fatima, op. cit., p.14.

[2] Carmel de Coimbra, Un chemin sous le regard de Marie, op. cit., p.64.

[3] Père De Marchi, Témoignages sur les Apparitions de Fatima, op. cit., p.63.

[4] Carmel de Coimbra, Un chemin sous le regard de Marie, op. cit., p.65.

[5] J.C. Castelbranco, Le prodige inouï de Fatima, op. cit., p.17.

[6] Père De Marchi, Témoignages sur les Apparitions de Fatima, op. cit., p.75-76.




Le beau témoignage d’Henry : le « héros au sac à dos » qui a tenté d’arrêter l’assaillant d’Annecy témoigne…




Solennité du Très Saint Sacrement – Méditation Evangile mariale : « Comment un homme peut-il nous donner sa chair à manger ? » (Jn 6, 52)

Solennité du Très Saint Sacrement

Evangile de Jésus-Christ selon Saint Jean : 6,51-58 

Méditation Evangélique mariale : 

« Comment un homme peut-il donner sa chair à manger ? … »

Jean 6,52

              Avant de méditer sur le mystère de la Sainte Eucharistie, il est bon de préciser que  ce commentaire de l’Evangile des Dimanches et Solennités est une « méditation évangélique mariale ». Elle fait appel au meilleur de la Tradition de la foi, des Pères de l’Eglise, des Saints, des Témoins plus récents… et cela, dans la perspective urgente des derniers temps où les vérités de la foi sont si souvent oubliées et même remises en question jusqu’à l’intérieur de l’Eglise !

             On ne s’étonnera donc pas que ces méditations soient « mariales » au sens où tout l’Evangile s’est comme « écrit » jour après jour dans le silence attentif du Cœur de Marie : « Elle conservait avec soin tous ces évènements, et les repassait en son Cœur » (Lc 2,19). C’est à travers le regard de la Vierge que nous sommes au plus près du « Verbe fait chair », son Enfant et son Sauveur ! Dans son Cœur Immaculé résonne la Parole comme nulle part ailleurs… il suffit de le comprendre au tout début, à la Visitation. Là, quand Elle court vers Aïn Karim, portant Jésus caché en son sein, sa mission universelle commence : Elle est déjà Celle qui l’offre au monde ! D’ailleurs, le Précurseur « tressaille » à « la salutation de Marie » dans le sein d’Elisabeth qui, « remplie d’Esprit Saint » prophétise : « Bénie es-tu entre les femmes, et béni le fruit de ton sein ! Et comment m’est-il donné que la Mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » (Lc 1,41-43).

              A travers le mystère de la foi, cette question émerveillée d’Elisabeth ouvre des perspectives inouïes pour l’avenir… car, une fois entrée dans la gloire du Ciel en son Assomption, la Vierge Marie qui suit toujours son Fils pourra dire sur ses traces : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps ! » (Mt 28,20). Et ses Apparitions multiples des deux derniers siècles confirment que nous sommes entrés dans ce temps de la fin. Alors, en cet ultime combat, chacun et chacune de nous peut dire comme Elisabeth à la Visitation : « Et comment m’est-il donné que la Mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » (Lc 1,43).

               Les Visitations de Marie se multiplient pour éveiller nos cœurs malades…  Qui comprendra la tendresse de Marie qui se penche aujourd’hui sur nous comme jamais auparavant[1] ? Qui écoutera ses appels répétés à prier avec ferveur le chapelet ou mieux : le Rosaire quotidien ? Le Seigneur lui-même nous y invite avec force : « le Rosaire est la victoire de l’humilité sur l’orgueil… Elargissez votre champ de vision par la prière assidue du Rosaire. Marie vous attend pour vous révéler des secrets que vous n’imaginez pas ! La prière du Rosaire construit un mur d’amour autour de vous, un mur que Satan ne peut franchir… La prière du Rosaire t’ouvre les portes du Ciel maintenant[2] ! »

              Ainsi, il est temps de se « réveiller » dans la foi car « étant sauve l’affirmation de Jésus, selon laquelle « nul ne connaît ni le jour, ni l’heure… (Mt 25,13), on peut déduire de l’insistance de la Vierge Marie à visiter la terre… que nous sommes bien parvenus dans ces temps qui sont les derniers. Marie ne vient pas nous effrayer mais nous inviter à un sursaut de foi, d’espérance et de charité[3]… » En effet, l’Eglise va passer par son Epreuve ultime où « l’imposture religieuse suprême est celle de l’Anti-Christ, c’est-à-dire celle d’un pseudo-messianisme où l’homme se glorifie lui-même à la place de Dieu et de son Messie venu dans la chair[4] ! »

              Nous voici donc prévenus par l’Eglise elle-même sur ces temps redoutables où nous sommes parvenus. Et la question lourde de sens qu’a posé un jour le Sauveur doit bousculer nos vies matérialistes si « programmées » : « Le Fils de l’homme, quand Il viendra, trouvera-t-Il la foi sur la terre ? » (Lc 18,8). Sachons nous « arrêter » pour l’écouter en silence là où nous sommes : Il parle toujours au fond de notre cœur… Charles de Foucault le savait : « Il faut passer par le désert et y séjourner pour recevoir la grâce de Dieu… C’est là qu’on vide cette petite maison de notre âme pour laisser toute la place à Dieu seul ! » 

              « Laisser toute la place à Dieu seul ! » N’est-ce pas l’attitude majeure qui nous est demandée à chaque Sainte Messe ? En cette Solennité du Très Saint Sacrement, nous savons que le cœur de notre foi en Eglise repose sur la « présence réelle » du Seigneur dans la Sainte Eucharistie. Elle est le Mystère central qui « fait » l’Eglise dont le théologien Henri de Lubac disait : « L’Eglise fait l’Eucharistie, mais l’Eucharistie fait aussi l’Eglise ! » Il nous faut donc voir et écouter avec une attention renouvelée. Car ici, chaque expression de la Foi catholique me met en présence du Mystère :

              « Le mode de présence du Christ sous les espèces eucharistiques est unique. Il élève l’Eucharistie au-dessus de tous les sacrements et en fait « comme la perfection de la vie spirituelle et la fin à laquelle tendent tous les sacrements[5] ». Dans le très saint sacrement de l’Eucharistie sont « contenus vraiment, réellement et substantiellement le Corps et le Sang conjointement avec l’âme et la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ, et, par conséquent, le Christ tout entier[6] ». « Cette présence, on la nomme « réelle », non à titre exclusif, comme si les autres présences n’étaient pas « réelles », mais par excellence parce elle est substantielle, et que par elle le Christ, Dieu et homme, se rend présent tout entier[7]. »

               Repassons ces grandes vérités de la foi en nos cœurs : s’appuyer sur le « dépôt de la foi » que garde précieusement l’Eglise est une première étape fondamentale. Nous sommes ensuite appelés à les contempler pour que surgisse en nous « l’intelligence du cœur » … et si notre âme cherche Dieu, elle se réjouira de la Vérité que le Saint Esprit manifeste à travers son Eglise. Car la Vérité est la seule porte vers l’Amour : « Dieu est Lumière… Dieu est Amour ! » (1 Jn 1,5 et 4,16). On peut avancer qu’à Ephèse, Saint Jean célébrait la sainte Eucharistie en présence de Marie et de quelques fidèles.  Demandons à la Vierge de nous faire participer à la foi et l’amour qu’Elle avait en son Cœur à chaque Messe où Elle retrouvait son Fils bien-Aimé…

                                                                                                            +M-Mickaël

 

[1] Pour mieux saisir la démarche eschatologique de notre site marial, on relira l’introduction générale…

[2] Messages de Jésus à Maryam, Le Rosaire – L’arme pour sauver la France et le monde, Parvis 2018. On ne peut que conseiller de méditer ce petit livret où Jésus lui-même enseigne magnifiquement la grâce unique du Rosaire : « l’arme de Marie qui écrase le Serpent » et « vous pénètre de l’infinie douceur et humilité de Marie ! »

[3] Monseigneur Marc Aillet, Evêque de Bayonne, Préface du livre de Damian Sanchez : Je viens vous préparer – Apparitions et Messages de la Vierge Marie pour notre époque à la lumière des Saintes Ecritures, Parvis 2022.

[4] Catéchisme de l’Eglise catholique, n°675. Voir 2 Th 2,4-12 / 1 Th 5,2-3 / 1 Jn 2,18-22 / 2 Jn 7.

[5] Saint Thomas d’Aquin, Somme théologique, 3,73,3.

[6] Concile de Trente, Denzinger 1651.

[7] Catéchisme de l’Eglise Catholique, n°1374. Ce changement mystérieux, « l’Eglise catholique l’a justement et exactement appelé transsubstantiation », n°1376, Denzinger 1642.