Fête du Cœur Immaculé de Marie 2023

Fête du Cœur Immaculé de Marie 2023 

  Evangile de Jésus-Christ selon Saint Luc : 2,41-51

Méditation Evangélique Mariale :

« Au plus beau sens du terme, Elle sait l’Evangile « par Cœur… »

                                                                                                   +M-Mickaël

La première impression qui se dégage de cet Evangile de l’Enfance est d’un côté, la liberté de mouvement et de relation qu’avait l’Enfant-Jésus : « Le croyant dans la caravane, ils firent une journée de chemin avant de le chercher… » (Lc 2,44). Et de l’autre, l’obéissance du Fils du Père à Joseph et Marie : « Il redescendit avec eux à Nazareth, et il leur était soumis… » (Lc 2,51). Au milieu, il y a le dialogue avec les docteurs de la Loi « stupéfaits de son intelligence et de ses réponses ! » (Luc 2,47). Et la réponse de l’Enfant-Dieu à ses parents angoissés : « Pourquoi donc me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas que je dois être aux choses de mon Père ? » (Lc 2,49). Ici, Jésus manifeste pour la première fois sa conscience d’être « le Fils du Père » qui passe avant sa famille humaine. Il faudra attendre 18 ans dans le silence de l’humilité pour que le Seigneur commence à se révéler à travers le regard de Jean-Baptiste : « Regardant Jésus qui passait, il dit : « Voici l’Agneau de Dieu ! » (Jn1,36).

        Comme Joseph et Marie, nous pouvons être souvent « dans l’étonnement » (Lc 2,33) et, bien des fois, « ne pas comprendre la parole » du Sauveur ! (Lc 2,50). C’est pourquoi il faut suivre le chemin de la Mère de Jésus : « Quant à Marie, elle gardait avec soin ces paroles, en les méditant en son cœur… » (Lc 2,19 et 51). Ainsi, au début des derniers temps, ce Cœur Immaculé qui s’est spécialement révélé à Fatima nous renvoie, de fait, au cœur de l’Evangile car il n’était pas facile de croire que Dieu pouvait « se faire chair » en revêtant notre fragilité humaine et en se cachant dans la simplicité du quotidien… Et Marie a osé croire à ce projet fou de Dieu : de la Crèche à la Croix, son regard de foi est le plus beau de toute l’histoire de l’humanité !

        Cachée, mais si mystérieusement présente, la Mère de Jésus est toujours là, comme à Cana (Jn 2,1). De son Fils tout petit en son sein jusqu’au pied de la Croix, et de la Pentecôte jusqu’à ses derniers instants sur les collines d’Ephèse, près de Jean, Elle n’a cessé de garder fidèlement l’Evangile « en son Cœur » : Marie n’a perdu aucune parole, aucun silence, aucun regard, aucun geste, aucun émerveillement ! Et parce qu’Elle a cru, écouté et aimé en plénitude en suivant Jésus jour après jour, tout l’Evangile s’est comme gravé au plus profond de son Cœur :  Elle sait l’Evangile par Cœur ! Sainte Elisabeth de la Trinité en avait l’intuition : « Nul n’a pénétré le mystère du Christ en sa profondeur, si ce n’est la Vierge… Le secret qu’Elle gardait et repassait en son Cœur, nulle langue n’a pu le révéler, nulle plume n’a pu le traduire[1] !

            Marie est la plénitude silencieuse de l’amour… Habitée de manière unique et cachée par l’Esprit Saint dès sa naissance dans le mystère de son Immaculée Conception, Elle est « Celle qui a le plus aimé Jésus sur terre et qui l’aime le plus tendrement au Ciel [2]! » Et c’est pourquoi pour être sainte et rayonnante, l’Eglise doit se mettre à l’école de la foi et de l’humilité de Marie, qui ne cesse de murmurer dans le cœur des croyants : « Faites tout ce qu’Il vous dira ! » (Jn 2,1). Saint Jean-Paul II en témoigne magnifiquement :

           « L’Evangéliste remarque qu’à côté de la Croix se trouvait la Mère de Jésus. Elle vit le Cœur ouvert d’où coulaient le sang et l’eau – du sang tiré de son sang – et elle comprit que le sang de son Fils était versé pour notre salut. Alors, elle comprit totalement la signification des paroles que son Fils lui avait adressées peu avant : « Femme, voici ton fils » : l’Eglise qui naissait du Cœur transpercé était confiée à son Cœur de Mère [3]… »

           On comprend mieux pourquoi le saint Père a employé cette expression nouvelle liée au Rosaire : « Marie, mémoire de l’Eglise ! » Car l’origine du Rosaire est à chercher dans la continuelle méditation de la Parole de Dieu au Cœur de la Vierge : Celui qui aime se souvient. C’est une intuition chère au Pape : « Marie vit en gardant les yeux fixés sur le Christ, et chacune de ses paroles devient pour elle un trésor… car ce sont ses souvenirs qui, en un sens, ont constitué le « Rosaire » qu’elle a constamment récité au long des jours de sa vie terrestre [4]. »

           Ainsi, le Rosaire est sorti des profondeurs de la vivante mémoire de Marie, et chaque fois que nous le prions et méditons, nous pouvons puiser chaque mystère dans le silence du Cœur de Marie… Comme le contemple un théologien : « Sa mémoire est la page immaculée sur laquelle l’Esprit-Saint a gravé le Verbe de Dieu le Père [5]… » Ainsi, à travers le Rosaire, Marie est toujours là pour nous protéger et nous porter dans les combats de la vie. Saint Maximilien Kolbe en est le bouleversant témoin : « Dans les difficultés, dans les ténèbres, dans les infirmités, dans les découragements, souvenons-nous que le Ciel s’approche, de jour en jour plus proche… Alors, courage ! Elle nous attend là-bas pour nous serrer sur son Cœur ! Elle est notre Mère la plus tendre maintenant et toujours : dans la vie, dans la mort et dans l’Eternité. Cette vérité, rappelons-nous là !… Comme elle est essentiellement Mère de Miséricorde, même si on ne l’appelle pas, elle se hâte d’aller là où il y a davantage de misère dans les âmes [6]… » 

                                                                                                      +M-Mickaël

 

[1] Sainte Elisabeth de la Trinité, Dernière retraite, n°2, Œuvres complètes, Cerf 1996, p.154.

[2] Référence au saisissant « chapelet des larmes de la Vierge douloureuse » : « O Jésus, regardez les larmes de Celle qui vous le plus aimé sur terre et qui vous aime le plus tendrement au Ciel ! »

[3] Saint Jean-Paul II, Angélus, 30 juillet 1989.

[4] Lettre apostolique sur le Rosaire, Rosarium Virginis Mariae, 16 octobre 2002, n°2.

[5] Hans Urs von Balthazar, Marie pour aujourd’hui, nouvelle cité 1988, p.49.

[6] Entretiens, juin 1925, 13 avril 1933, 11 octobre 1937.