Méditation sur l’icône de « Marie, Refuge des derniers temps » (5) : les figures mariales de l’Ancien Testament

L’Icône de Marie, « Refuge des derniers temps ! »

« Le Dragon se lança à la poursuite de la Femme,

 la mère de l’enfant…

mais elle reçut les deux ailes du grand aigle pour voler au désert

jusqu’au Refuge où, loin du Serpent, elle doit être nourrie… »

                                                                                            (Ap 12,13-14)

Les figures mariales de l’Ancien Testament

Il est bon ici de se souvenir ici que dans l’Ancien Testament, il y a des archétypes, des préparations au mystère de « Marie, Refuge des derniers temps » qui vient protéger l’homme face à la révolte et la déchéance généralisée…

Tout d’abord cette « Arche de Noé » qui lui donnera de survivre au Déluge avec toute sa famille et ses animaux (Gn 7,1-24). Il nous faut aujourd’hui entrer dans « l’Arche du Cœur Immaculé de Marie » qui est le « Refuge » où nous serons protégés du « déluge de feu » des derniers temps ! (Ap 13,1-18).

Comment ne pas mentionner également « la tour de Babel » qui est l’aboutissement d’une civilisation urbaine qui n’a plus de limites[1] :

« Tout le monde se servait d’une même langue et des mêmes mots… Ils dirent : « Allons ! Bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet pénètre les cieux ! Faisons-nous un nom et ne soyons plus dispersés sur toute la terre ! » (Gn 11,1-4)

On peut y reconnaître l’orgueil démesuré de notre civilisation post-moderne et déjà transhumaine qui veut se faire l’égale de Dieu en rejetant la beauté de l’homme sauvé en Jésus-Christ… telle est la défiguration de l’homme par l’inversion des valeurs où « tout est permis » ! Derrière cette soi-disant « libération » se cache en réalité un désir fou de « s’auto-diviniser » car loin du Dieu-Amour, l’homme est terriblement seul et perdu… et c’est pourquoi il a ouvert la porte du mal à tous les possibles, sous la domination de la Bête (Ap 13,11-18). On touche ici le « venin » de Satan dont l’influence inverse en l’homme le « désir d’infini » inscrit en chaque cœur ! Derrière le « toujours plus » du péché se cache les horreurs de l’Enfer : pour exorciser ce venin, il faut plonger chaque jour dans la douce et puissante prière du Rosaire où se déploie tout « le secret de Marie » : « Il a porté son regard sur son humble servante !… Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent… Il a élevé les humbles ! » (Lc 1,48-50-52).

Autre drame du temps d’Abraham : Yahvé se laisse toucher par sa prière d’intercession face à la terrible décadence de Sodome et Gomorrhe.  Après un dialogue poignant autour du nombre de « justes » restant, Dieu promet de ne pas détruire s’il en reste dix (Gn 18,32). Mais, malheureusement, la décadence est totale ! Pensons à notre civilisation actuelle qui, si elle perdure encore, est aussi portée par ceux et celles qui prient et s’offrent à Dieu en silence : à travers l’intercession du Cœur douloureux et Immaculé de Marie, chaque instant est pour eux « un rendez-vous » avec la Miséricorde pour sauver les pécheurs en train de se perdre…

Souvenons-nous ici de la terrible vision de l’Enfer donnée par la Vierge aux trois enfants de Fatima. Les paroles si fortes de la petite Jacinta continuent à résonner pour nous avec une redoutable urgence : « La Dame nous a dit aussi que beaucoup d’âmes allaient en enfer… et que nous devons prier et faire beaucoup de sacrifices pour les pécheurs, les pauvres !… Si les hommes savaient ce qu’est l’éternité, ils feraient tout pour changer de vie… Ah ! si je pouvais mettre dans le cœur de tout le monde, le feu que j’ai là, dans la poitrine ! »

De même, « l’Arche d’alliance » du temps de Moïse est le lieu béni de la « nuée » qui guide les Hébreux à travers le désert… (Ex 40,1-38). Ainsi, en ces derniers temps, il nous faut également entrer dans « l’Arche du Cœur Immaculé de Marie » ! Là, nous serons guidés, jour et nuit, par la « Nuée » de l’Esprit : « Ceux -là suivent l’Agneau partout où il va… Ils sont immaculés ! » (Ap 14,4-5). C’est ici qu’en notre temps, une remarque mariale de Newman prend tout son sens : « Si nous jetons un regard sur l’Europe, nous trouvons que ceux qui ont cessé d’adorer le Divin Fils pour se contenter d’un humanisme banal, ce ne sont pas les peuples qui se sont distingués par la dévotion à la Mère, mais ceux qui ont refusé une telle dévotion… Le zèle pour la gloire du Fils s’est éteint là où il n’était plus accompagné de l’ardeur pour l’exaltation de la Mère[2] ! »

Du temps d’Elie, le prophète des prophètes, il y a cet épisode où après les trois années de sécheresse (1 R 17,1), il monte supplier au sommet du Carmel pour qu’advienne la pluie : ce « petit nuage qui monte de la mer » et donne « une grosse pluie », la tradition du Carmel y a toujours vue la présence de Marie (1 R 18,41-46). On est devant le mystère d’une petitesse suspendue à Dieu seul et qui engendre une immense fécondité…

 

[1] « Ce récit yahviste donne de la diversité des peuples et des langues une autre explication. C’est le châtiment d’une faute collective qui, comme celle des premiers parents (Gn 3,1-24), est encore une faute de démesure… L’union ne sera restaurée que dans le Christ Sauveur : miracle des langues à la Pentecôte (Ac 2,1-12) ; assemblée des nations au Ciel (Ap 7,9-17). » Note de la Bible de Jérusalem, Cerf, 1973 -1991.

[2] Cardinal Saint John Henry Newman, Une minute avec Marie, 11 août 2023.

Photo : vitrail de l’Eglise St Etienne du Mont à Paris




Jésus et St Michel nous annoncent et nous parlent de la guerre au Moyen-Orient dans les derniers messages donnés à Luz de Maria.

MESSAGE DE NOTRE SEIGNEUR JÉSUS CHRIST
À LUZ DE MARIA
LE 4 OCTOBRE 2023

 

Mes enfants bien-aimés, Je vous aime et vous bénis tous.

PRIEZ, MES ENFANTS, PRIEZ AVEC VOTRE COEUR, RÉPAREZ LES OFFENSES COMMISES CONTRE MOI ET CONTRE MA TRÈS SAINTE MÈRE.

Mes petits enfants, vous êtes aimés de Moi, vous êtes aimés de Ma Très Sainte Mère et de toute Ma Maison.  Ma Miséricorde est infinie envers tous Mes enfants, malgré l’état de péché dans lequel ils vivent, malgré le mépris auquel ils me soumettent continuellement – non seulement Mes enfants laïcs, mais aussi certains de Mes prêtres.

Mes enfants bien-aimés :

SI VOUS REPENTEZ DE VOTRE CŒUR, SI VOUS FAITES UNE PROPOSITION FERME D’AMENDEMENT ET L’ACCOMPLISSEZ, J’ENTRE DANS LE CŒUR DE L’ÊTRE HUMAIN ET ENSUITE JE L’ATTIRE AVEC LA DOUCEUR DE MON AMOUR POUR QU’IL NE VEUILLE PAS S’ÉCARTER DE MON CHEMIN. (Jn 14,6) Ma Très Sainte Mère intercède pour vous tous afin que vous ne vous perdiez pas.

Douloureusement, Ma Justice se fait sentir au milieu du moment crucial que vous vivez… et pourtant, vous n’êtes toujours pas convertis, vous continuez à vous rebeller contre votre propre salut. J’agirai avec Ma Miséricorde jusqu’à ce que, en tant que Juste Juge, J’agisse avec Ma Justice (Ps. 7, 11-13).

Je viens avec le feu de mon Amour, attristé à cause de l’ingratitude de Mes enfants. Mes enfants, le feu sera le fléau de l’humanité.

On a profité de Mon amour afin de m’offenser, pour commettre des sacrilèges, pour offenser gravement le Cœur Immaculé de Ma Mère, et on continue à ne pas croire à Mes appels à la conversion.

L’Antéchrist entrera en scène en conduisant les nations vers son plan infâme de s’accaparer des êtres humains et de les dominer violemment.

VOUS N’AVEZ PAS CRU… COMME VOUS ALLEZ LE REGRETTER !

La guerre se manifestera d’un moment à l’autre, et de menaces on passera à cette décision tragique. Ah, Mes enfants !

Priez Mes enfants, priez pour le Chili : il souffrira et la terre tremblera.

Priez, Mes enfants, priez pour le Japon : le grand tremblement de terre viendra avec des résultats affreux.

Priez, Mes enfants, priez pour l’Espagne, le communisme la fera souffrir.

Priez, Mes enfants, priez pour l’Afrique, elle souffrira.

Priez Mes enfants : que chacun prie pour lui-même et pour ses frères et sœurs afin qu’ils gardent la foi.

Vous êtes Mes enfants, Je vous avertis afin que vous vous prépariez. La science mal utilisée mettra l’humanité en danger.

N’ayez pas peur : Je n’abandonnerai pas Mon Peuple, Je le protège et le nourris comme les oiseaux des champs (cf. Mt. 6, 26-32).

AU MOMENT OÙ VOUS VERREZ MA MÈRE RAYONNANTE DANS LES HAUTEURS ET QUE VOUS VOUS TROUVEREZ EN ÉTAT DE GRÂCE, LES MALADES SERONT GUÉRIS.

Sans avoir peur, progressez dans la foi et marchez main dans la main avec Ma Mère.

Portez les Sacramentaux, ne les oubliez pas, sans ignorer que, pour qu’ils vous protègent, votre état spirituel doit être comme il faut.

SOYEZ FORTS, FERMES DANS LA FOI : JE NE VOUS ABANDONNERAI JAMAIS.

Avec Mon Peuple,

Votre Jésus

 

MESSAGE DE SAINT MICHEL ARCHANGE
À LUZ DE MARIA
9 OCTOBRE 2023

Enfants de la Très Sainte Trinité,

EN TANT QUE PRINCE DES LÉGIONS CÉLESTES, JE SUIS ENVOYÉ POUR VOUS APPORTER LA PAROLE DIVINE.

Soyez inébranlables dans la Foi, l’Espérance et la Charité.

L’absence de paix intérieure dans l’humanité fait en sorte que les êtres humains restent dépourvus du véritable amour. La paix intérieure est vécue par les âmes qui s’efforcent d’être amour à chaque instant. Sans paix intérieure, l’amour chez l’être humain est en état d’agonie.

Enfants de la Très Sainte Trinité,

VOUS ÊTES EN TRAIN DE VIVRE DES MOMENTS ANNONCÉS AUPARAVANT PAR NOTRE ROI ET SEIGNEUR JÉSUS-CHRIS. CEUX QUI VOIENT AVEC DES YEUX SPIRITUELS SAVENT QUE CE QUI EST ANNONCÉ S’ACCOMPLIRA SANS TARDER.

Je garde Mes Légions Célestes sur Terre pour défendre chacun de vous si vous l’acceptez, face à cette bataille pour les âmes, face à la guerre dans laquelle l’être humain part à la recherche sauvage de sa proie, avec ses pires instincts.

LA GUERRE EST ARRIVÉE SANS ÊTRE ANNONCÉE… TOUT COMME ELLE ARRIVERA DANS D’AUTRES RÉGIONS SANS ÊTRE ANNONCÉE.

L’être humain peut se montrer hautement spirituel ou totalement cruel lorsqu’il sent que ses intérêts sont menacés. Ce que vous vivez en ce moment est le début de ce qui va se répandre sur la Terre.

L’unité et les pactes sont oubliés, des intérêts politiques, économiques et religieux cachés émergent. Le sinistre plan s’est réalisé en silence : depuis quelque temps, on fournissait ce qui était nécessaire pour commencer ce qui se répandrait peu à peu sur la Terre.

Au milieu de la douleur se cachent ceux qui tiennent l’humanité en suspens…
Le pouvoir économique a cédé pour générer ce qui a été planifié…

La prière adoucit les cœurs, fait taire les conflits et éteint le feu. Priez avec votre cœur : chaque prière soulage une âme qui souffre. (Mc. 11, 24-26; I Jn 5,14)

Enfants de Notre Roi et Seigneur Jésus-Christ, continuez à vous préparer. Le Diable répand la douleur et la haine sur l’humanité : soyez amour comme Notre Roi et Seigneur Jésus-Christ est amour.
Il faut veiller à conserver sur papier les prières et les livres spirituels de votre choix, sans oublier l’Écriture Sainte.

Enfants de Notre Roi et Seigneur Jésus-Christ, les révoltes dans les pays en colère vont commencer.

Priez, enfants de Notre Roi et Seigneur Jésus-Christ, priez pour le Moyen-Orient.

Priez, enfants de Notre Roi et Seigneur Jésus-Christ, priez pour l’Amérique du Sud : la Colombie souffrira, l’Équateur souffrira, l’Argentine brûlera, le Chili tremblera, la Bolivie souffrira et le Brésil sera soumis à l’impiété.

Priez, enfants de Notre Roi et Seigneur Jésus-Christ, les États-Unis seront amenés à souffrir sans s’y attendre.

Priez, enfants de Notre Roi et Seigneur Jésus-Christ, la France sera surprise de l’intérieur.

Priez, enfants de Notre Roi et Seigneur Jésus-Christ, priez : Mes Légions Célestes restent aux côtés de chacun de vous, invoquez-les.

« Le Christ vainc, le Christ règne, le Christ gouverne ! »

Nous vous protégeons.

Saint Michel Archange

 

MESSAGE DE NOTRE SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST
À LUZ DE MARIA
11 OCTOBRE 2023

 

Chers enfants,

JE VOUS BÉNIS DE MON AMOUR, JE VOUS BÉNIS DE MA MISÉRICORDE, JE VOUS BÉNIS DE MES MAINS.

Mes Bien-Aimés, Je vous invite à prier pour que les ennemis des êtres humains, envoyés par le Diable, trouvent en chacun de Mes enfants la Foi, l’Espérance, l’Amour et la Sagesse nécessaires pour être porteurs de Mon Amour et que les démons s’éloignent rapidement.

En ce moment, il est essentiel d’avoir une vraie Foi en Mes Préceptes et de rester attentifs afin d’accepter ce qui est à Moi et à rejeter fermement ce qui est en dehors de Ma Vérité.

Le spectre de la guerre traverse le Moyen-Orient, devenant visible à travers l’histoire.

JE VOUS INVITE À PRIER DE MANIÈRE SPÉCIALE CE 13 OCTOBRE, EN COMMÉMORANT LES RÉVÉLATIONS DE MA MÈRE À FATIMA, OÙ ELLE A DEMANDÉ LA PAIX DANS LE COEUR DE SES ENFANTS.

L’Europe subira les conséquences de cette guerre : la terreur a été présente et continuera d’être présente, conduisant plusieurs pays à prendre des mesures de sécurité. Mes enfants, certaines frontières vont fermer tant qu’on reste en état d’alerte.

PRIEZ, PETITS ENFANTS, PRIEZ FORTEMENT, PRIEZ AVEC VOTRE COEUR. LA PRIÈRE RÉALISE DES MIRACLES, NÉCESSAIRES EN CE MOMENT D’OBSCURITÉ OÙ LE SOLEIL S’OBSCURCIT, PRÉSAGEANT LA CONTINUATION DE L’OBSCURITÉ DANS LAQUELLE L’HUMANITÉ EST ENVELOPPÉE.

Des actes terroristes se produiront dans certains pays. Mes enfants doivent comprendre que le mal avance sur Terre, portant dans sa main une ancienne arme tranchante, portant une tunique, apportant la douleur et la souffrance à Mes enfants.

PRÉPAREZ-VOUS, MES ENFANTS, PRÉPAREZ-VOUS !

Priez, Mes enfants, priez pour vous-mêmes.

Priez, Mes enfants, priez pour que le genre humain revienne à Moi.

Priez, Mes enfants, priez pour ceux qui ne croient pas et
qui ne veulent pas accepter la réalité.

Priez, Mes enfants, priez pour l’Espagne, l’Italie et la France.

Priez, Mes enfants, priez pour la paix de l’humanité.

Priez, Mes enfants, la maladie avance et réapparaîtra : renforcez votre corps.

Mes enfants, ces moments d’incertitude s’intensifieront ; on verra avec étonnement l’accomplissement tout ce que Ma Maison vous a révélé.

L’éloignement de Mes enfants de Mon Côté et de l’Amour Maternel de Ma Sainte Mère endurcit leur cœur et les conduit à la perdition.

QUE CHACUN PRENNE LA BARRE DE SA VIE ET ​​S’ASSURE QU’IL SE TROUVE DANS MES EAUX. JE SUIS AMOUR, MISÉRICORDE, CALME, FRATERNITÉ, « JE SUIS QUI JE SUIS ».(Ex. 3, 14 ; Jn. 8, 58)

Soyez les messagers de Mon Amour : il est urgent que vous veniez à Moi promptement, sans tarder, afin que vous puissiez sauver votre âme.
Soyez prière dans vos actions et vos œuvres.
Soyez la différence au sein de cette humanité perverse.

Je vous bénis de Mon Amour.

Votre Jésus




Synode: le cardinal Müller met les pieds dans le plat et met en cause directement le Pape

Le synode semblait s’être endormi dans une routine léthargique tellement sans intérêt que des participants avaient semble-t-il déclaré forfait, ayant mieux à faire. Pendant ce temps là, le cardinal Müller s’était fait remarquer par les bergogliens de service (avec une condescendance ironique) juste pour être le seul à avoir endossé la soutane distinctive de sa charge.

Capture d’écran sur le site hyper progressiste National Catholic Reporter

Mais aujourd’hui, changement de régime. Le cardinal allemand lâche une bombe, par l’intermédiaire de Settimo Cielo, le blog irremplaçablede Sandro Magister, qui jouit d’une audience mondiale: la lettre qu’il a écrite à son confrère le cardinal Duka (cf. Quand des dubia en cachent d’autres…), dans laquelle il démolit point par point les affirmations de son successeur Tucho concernant le prétendu « magistère papal » sur l’accès à la communion des divorcés remariés..

La lettre du cardinal Müller (qu’on va bientôt pouvoir appeler le lion de Ratisbonne, il en a l’envergure et la carrure, Tucho ne fait pas le poids) est très technique, et comme telle, s’adresse à un public averti de théologiens. Mais la substance est contenue dans le titre choisi par Sandro Magister :

Müller écrit à Duka : Fernández va à l’encontre de la doctrine catholique, et avec lui, il y a le pape.

Du très lourd car un ex-préfet de la doctrine s’adresse au préfet actuel, alors que tous deux sont présents au Synode, et surtout, il met nommément en cause le Pape lui-même.

Introduction de la lettre du cardinal Müller

J’ai lu avec beaucoup d’attention la « Réponse » du Dicastère pour la Doctrine de la Foi (DDF) à tes « dubia » sur l’exhortation apostolique post-synodale « Amoris Laetitia » et je voudrais te faire part de mon évaluation.

L’un des « dubia » que tu as soumis au DDF concerne l’interprétation d’ »Amoris Laetitia » contenue dans une lettre des évêques de la région de Buenos Aires datée du 5 septembre 2016, qui permet l’accès aux sacrements aux divorcés vivant dans une seconde union civile, même s’ils continuent à se comporter comme mari et femme sans volonté de changer de vie.

Selon la « Réponse » [de Fernandez], ce texte de Buenos Aires appartient au magistère pontifical ordinaire, ayant été accepté par le pape lui-même. En effet, François a déclaré que l’interprétation proposée par les évêques de Buenos Aires est la seule interprétation possible d’ « Amoris Laetitia ». La « Réponse » en tire la conséquence qu’il faut donner un assentiment religieux de l’intelligence et de la volonté à ce document de Buenos Aires, comme c’est le cas pour d’autres textes du magistère ordinaire du Pape (cf. Lumen Gentium, 25.1).

Y a-t-il donc un assentiment religieux à donner au texte de Buenos Aires? D’un point de vue formel, il est déjà discutable de demander un assentiment religieux de l’intelligence et de la volonté à une interprétation théologiquement ambiguë d’une conférence épiscopale partielle (la région de Buenos Aires), qui interprète à son tour une déclaration d’ « Amoris Laetitia » qui nécessite une explication et dont la cohérence avec l’enseignement du Christ (Mc 10,1-12) se discute.

De fait, le texte de Buenos Aires semble être en discontinuité au moins avec les enseignements de Jean-Paul II (Familiaris Consortio, 84) et de Benoît XVI (Sacramentum Caritatis, 29). Et, même si la « Réponse » ne le dit pas, les documents du Magistère ordinaire de ces deux Papes doivent également recevoir l’assentiment religieux de l’intelligence et de la volonté

(…)

Le texte complet avec un historique de la question est publié sur ce site italien ici: http://magister.blogautore.espresso.repubblica.it

Voici la traduction de cet article et de la lettre du Cardinal Müller :

Exclusif. Müller écrit à Duka : Fernández va à l’encontre de la doctrine catholique, et le Pape est avec lui.

Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.

Dans la lettre ouverte à son ami le cardinal Dominik Duka publiée aujourd’hui en exclusivité par Settimo Cielo, le cardinal Gerhard Ludwig Müller critique sèchement la réponse fournie le 25 septembre dernier par le cardinal Victor Manuel Fernández, le nouveau Préfet du Dicastère pour la Doctrine de la foi, à une série de questions du cardinal Duka sur la communion eucharistique aux divorcés remariés.

Le cardinal Duka, qui est archevêque émérite de Prague, avait envoyé ces questions en juillet dernier, au nom de la Conférence épiscopale tchèque, au dicastère présidé par le cardinal Fernández dont Müller était l’avant-dernier prédécesseur, avant d’être sèchement congédié par le Pape François en 2017, tandis que Fernández est un fervent partisan du Pape François.

Mais avant le lire la lettre de Müller, il est bon de reparcourir l’historique de cette controverse animée.

Le 4 octobre dernier, dans son discours d’ouverture du synode sur la synodalité, le Pape François a polémiqué sur « la pression de l’opinion publique » qui « à l’époque du synode sur la famille » a voulu faire croire que « c’était pour donner la communion aux divorcés ».

Mais il a omis de rappeler que c’est bien lui, le pape, qui en février 2014, quelques mois avant l’ouverture de ce Synode, avait convoqué un consistoire de deux jours à huis clos avec tous les cardinaux pour les forcer à discuter d’une leçon introductive du cardinal Walter Kasper totalement en faveur à la communion aux divorcés remariés.

Face au refus de nombreux cardinaux, dont certains de premier plan, d’adhérer à cette thèse, l’irritation de François fut telle qu’à la veille du synode sur la famille, il donna ces instructions au secrétaire spécial du synode, l’archevêque de Chieti, Bruno Forte, rapportées publiquement par l’intéressé le 2 mai 2016 :

« Si nous parlons explicitement de la communion aux divorcés, ceux-là [les cardinaux et les évêques contraires, ndlr] vont me mettre une pagaille pas possible ! Alors, n’en parlons pas de manière directement, toi tu fais en sorte qu’on jette les bases et ensuite c’est moi qui tirerai les conclusions ».

Inutile d’ajouter qu’après avoir révélé ce secret d’alcôve, Forte, qui faisait jusque là partie des favoris du pape, est tombé en disgrâce et a disparu de la circulation.

Mais ce qu’il avait dit s’est bien produit. Au terme des deux sessions du synode sur la famille qui n’ont pas abouti à un accord sur la question, François a tiré ses conclusions personnelles en glissant dans deux minuscules notes de bas de page de son exhortation post-synodale « Amoris laetitia » un laisser-passer allusif à la communion des divorcés remariés. Et face aux questions des journalistes dans l’avion de retour de Lesbos, le 16 avril 2016, il n’a pas hésité à dire : « Je ne me souviens pas de cette note ».

Ce qui donna lieu aux « dubia ». En septembre 2016, quatre cardinaux de premier ordre ont demandé au pape de fournir enfin des réponses claires à leurs interrogations sur ces questions et quelques autres. Mais François a refusé de répondre et a imposé également le silence à la Congrégation pour la Doctrine de la foi, qui était à l’époque dirigée par le cardinal Müller. En novembre, les quatre cardinaux ont décidé de rendre ces « dubia » publics. De nouveau sans obtenir de réponse, et encore moins d’audience avec le pape.

Mais entretemps, ce dernier avait fait en sorte de tout régler à sa manière.

Dans la babel des interprétation d’« Amoris laetitia », en fait, les évêques de Buenos Aires avaient également donné leur façon de voir les choses en faveur de la communion des divorcés remariés, dans une lettre du 5 septembre 2016 à leurs prêtres, à laquelle François avait répondu avec enthousiasme le jour même en rédigeant une lettre d’approbation :

«  El escrito es muy bueno y explícita cabalmente el sentido del capítulo VIII de ‘Amoris laetitia’. No hay otras interpretaciones. Y estoy seguro de que hará mucho bien ».

« Le texte est très bon et explique de manière exhaustive le sens du chapitre VIII d’ ‘Amoris laetitia ». Il n’y a pas d’autres interprétations. Je suis certain qu’il fera beaucoup de bien ».

Restait à savoir quelle autorité avait pour l’Église une lettre privée de Jorge Mario Bergoglio au secrétaire des évêques de la région de Buenos Aires.

C’est chose fait depuis la réimpression de ces deux lettres, le 7 octobre, aux « Acta Apostolicae Sedis », c’est-à-dire dans l’organe officiel du Saint-Siège, accompagné d’un « rescriptum » qui la promouvait au titre de « magisterium authenticum ».

Et c’est sur ce « rescriptum » que le cardinal Fernández, dans sa réponse du 25 septembre dernier aux « dubia » du cardinal Duka, s’est appuyé pour faire valoir l’autorité magistérielle de l’approbation du Pape François à la communion aux divorcés remariés. Avec une litanie d’indications concernant sa mise en œuvre.

Se heurtant cependant au désaccord total du cardinal Müller, son prédécesseur à la tête de ce même dicastère.

Ce dernier, dans cette lettre adressée à son ami le cardinal Duka démonte point par point les arguments de Fernández, à laquelle même l’approbation du Pape est apposée de manière incorrecte – fait remarquer Müller – ajoutée « comme une simple signature datée en bas de page » plutôt qu’avec les formules canoniques de rigueur.

> LE TEXTE INTÉGRAL DE LA LETTRE SUR SETTIMO CIELO

Votre Éminence, cher frère cardinal Dominik Duka,

J’ai lu avec grand intérêt la réponse du Dicastère pour la Doctrine de la Foi (DDF) à votre “Dubia” sur l’exhortation apostolique post-synodale “Amoris Laetitia” (“Risposta a una serie di domande”, ci-après “Risposta”) et je voudrais partager avec vous mon évaluation.

L’un des doutes (“dubia”) que vous avez présentés au DDF concerne l’interprétation d’”Amoris Laetitia”, donnée dans un document des évêques de la région de Buenos Aires du 5 septembre 2016, qui permet l’accès aux sacrements de la confession et de l’Eucharistie aux personnes divorcées qui ont contracté une seconde union civile, même si elles continuent à vivre comme mari et femme, sans avoir l’intention de changer de vie. La “Risposta” affirme que ce texte de Buenos Aires appartient au magistère pontifical ordinaire, ayant été accepté par le Pape lui-même. François a en effet affirmé que l’interprétation proposée par les évêques de Buenos Aires est la seule interprétation possible d’”Amoris Laetitia”. Par conséquent, la “Risposta” indique que le texte de Buenos Aires doit recevoir un assentiment religieux de l’intelligence et de la volonté, comme les autres textes du Magistère ordinaire du Pape (cf. “Lumen Gentium” 25,1).

Tout d’abord, il est nécessaire de clarifier, du point de vue de l’herméneutique générale de la foi catholique, quel est l’objet de cet assentiment de l’intelligence et de la volonté que tout catholique doit offrir au magistère authentique du Pape et des évêques. Dans toute la tradition doctrinale, et en particulier dans “Lumen Gentium” 25, cet assentiment religieux se réfère à la doctrine de la foi et des mœurs qui reflète et garantit toute la vérité de la révélation. Les opinions privées des papes et des évêques sont expressément exclues du magistère. Toute forme de positivisme magistériel contredit également la foi catholique, car le magistère ne peut enseigner ce qui n’a rien à voir avec la révélation, et ce qui contredit spécifiquement la Sainte Écriture (“norma normans non normata”), la tradition apostolique et les décisions définitives antérieures du magistère lui-même (“Dei Verbum” 10 ; cf. DH 3116- 3117).

Y a-t-il un assentiment religieux à rendre au texte de Buenos Aires ? Sur la forme, il est déjà contestable d’exiger l’assentiment de l’intelligence et de la volonté à une interprétation théologiquement ambiguë d’une conférence épiscopale partielle (la région de Buenos Aires), qui interprète à son tour une déclaration d’”Amoris Laetitia” qui requiert d’être expliquée et dont la cohérence avec l’enseignement du Christ (Mc 10,1-12) est discutable.

Le texte de Buenos Aires semble en discontinuité au moins avec les enseignements de Jean-Paul II (“Familiaris Consortio” 84) et de Benoît XVI (“Sacramentum Caritatis” 29). Et, bien que la “Risposta” ne le dise pas, les documents du magistère ordinaire de ces deux papes doivent aussi recevoir un assentiment religieux de l’intelligence et de la volonté.

Cependant, la “Risposta” soutient que le texte de Buenos Aires propose une interprétation d’”Amoris Laetitia” en continuité avec les papes précédents. Est-ce bien le cas ?

Examinons d’abord le contenu du texte de Buenos Aires, qui est résumé dans la “Risposta”. Le paragraphe décisif de la “Risposta” se trouve dans la réponse à la troisième question. Là, après avoir dit que Jean-Paul II et Benoît XVI permettaient déjà l’accès à la communion lorsque les divorcés-remariés acceptaient de vivre dans la continence, on indique la nouveauté de François:

“François maintient la proposition de la pleine continence pour les personnes divorcées et remariées (civilement) dans une nouvelle union, mais admet qu’il peut y avoir des difficultés à la pratiquer et permet donc, dans certains cas et après un discernement approprié, l’administration du sacrement de la réconciliation même si l’on ne parvient pas à être fidèle à la continence proposée par l’Église” [souligné dans le même texte].

En soi, la phrase “même si l’on ne parvient pas à être fidèle à la continence proposée par l’Église” peut être interprétée de deux manières. La première : ces personnes divorcées essaient de vivre dans la continence, mais, compte tenu des difficultés et à cause de la faiblesse humaine, elles n’y parviennent pas. Dans ce cas, la “Risposta” pourrait s’inscrire dans la continuité de l’enseignement de saint Jean-Paul II. La seconde : ces personnes divorcées n’acceptent pas de vivre dans la continence et n’essaient même pas de le faire (il n’y a pas d’intention d’amendement), étant donné les difficultés qu’elles rencontrent. Dans ce cas, il y aurait une rupture avec le magistère précédent.

Tout semble indiquer que la “Risposta” se réfère ici à la seconde possibilité. En fait, cette ambiguïté est résolue dans le texte de Buenos Aires qui sépare le cas où la continence est tentée (n.5) des autres cas où la continence n’est même pas tentée (n.6). Dans ce dernier cas, les évêques de Buenos Aires disent : “Dans d’autres circonstances plus complexes, et lorsqu’une déclaration de nullité n’a pu être obtenue, l’option mentionnée [tentative de vivre dans la continence] peut en fait ne pas être réalisable”.

Il est vrai que cette phrase contient une autre ambiguïté, en affirmant : “et lorsque la déclaration de nullité n’a pu être obtenue”. Certains, notant que le texte ne dit pas “et quand le mariage était valide”, ont limité ces cas complexes à ceux où, même si le mariage est nul pour des raisons objectives, ces raisons ne peuvent pas être prouvées devant le for ecclésial. Comme nous le voyons, bien que le pape François ait présenté le document de Buenos Aires comme la seule interprétation possible d’”Amoris Laetitia”, la question herméneutique n’est pas résolue, car il existe encore diverses interprétations du document de Buenos Aires. En fin de compte, ce que nous observons, que ce soit dans la “Risposta” ou dans le texte de Buenos Aires, c’est un manque de précision dans la formulation, qui peut permettre des interprétations alternatives.

Quoi qu’il en soit, en laissant de côté ces imprécisions, ce que veulent dire le texte de Buenos Aires et la “Risposta”, semble clair. On pourrait le formuler ainsi : il existe des cas particuliers où, après un temps de discernement, il est possible de donner l’absolution sacramentelle à un baptisé qui, ayant contracté un mariage sacramentel, a des relations sexuelles avec une personne avec laquelle il vit une seconde union, sans que le baptisé doive prendre la résolution de ne pas continuer à avoir ces relations sexuelles, soit parce qu’il discerne que ce n’est pas possible pour lui, soit parce qu’il discerne que ce n’est pas la volonté de Dieu pour lui.

Voyons tout d’abord si cette déclaration peut être en continuité avec les enseignements de saint Jean-Paul II et de Benoît XVI. L’argument de la “Risposta” selon lequel Jean-Paul II a déjà admis à la communion certains de ces divorcés et que François ne fait donc qu’un pas dans la même direction ne tient pas. En effet, la continuité n’est pas à rechercher dans le fait que quelqu’un soit autorisé à recevoir la communion, mais dans le critère d’admission. En effet, Jean-Paul II et Benoît XVI admettent à la communion des personnes qui, pour des raisons sérieuses, vivent ensemble sans avoir de relations sexuelles. Mais ils ne le permettent pas lorsque ces personnes ont habituellement des relations sexuelles, parce qu’il y a là un péché objectivement grave, dans lequel les personnes veulent rester, et qui, en attaquant le sacrement du mariage, acquiert un caractère public. La rupture entre l’enseignement du document de Buenos Aires et le magistère de Jean-Paul II et de Benoît XVI est perceptible si l’on considère l’essentiel, qui est, comme je l’ai dit, le critère d’admission aux sacrements.

Pour être plus clair, imaginons que, par souci d’absurdité, un futur document de le DDF présente un argument similaire dans le cas de l’avortement, en disant : “Les Papes Jean-Paul II, Benoît XVI et François ont déjà autorisé l’avortement dans certains cas, par exemple lorsque la mère a un cancer de l’utérus et que ce cancer doit être traité ; maintenant, il est autorisé dans d’autres cas, par exemple en cas de malformation du fœtus, dans la continuité de ce qu’ils ont enseigné”. On voit bien le caractère fallacieux de cet argument. Le cas d’une opération pour un cancer de l’utérus est possible parce qu’il ne s’agit pas d’un avortement direct, mais d’une conséquence involontaire d’une action curative sur la mère (ce que l’on a appelé le principe du double effet). Il n’y aurait pas continuité, mais discontinuité entre les deux doctrines, car la seconde nie le principe qui régissait la première position, et qui soulignait le caractère erroné de tout avortement direct.

Cependant la difficulté de l’enseignement de la “Risposta” et du texte de Buenos Aires ne réside pas seulement dans sa discontinuité avec l’enseignement de saint Jean-Paul II et de Benoît XVI. En effet, cette formulation s’oppose à d’autres enseignements de l’Église, qui ne sont pas seulement des affirmations du magistère ordinaire, mais qui ont été enseignés de manière définitive comme appartenant au dépôt de la foi.

Le Concile de Trente enseigne en effet les vérités suivantes : la confession sacramentelle de tous les péchés graves est nécessaire au salut (DH 1706-1707) ; vivre dans une seconde union comme mari et femme alors que le lien conjugal existe est un péché grave d’adultère (DH 1807) ; une condition pour donner l’absolution est la contrition du pénitent, qui comprend la douleur du péché et la résolution de ne plus pécher (DH 1676) ; il n’est pas impossible à toute personne baptisée d’observer les préceptes divins (DH 1536,1568). Toutes ces affirmations ne requièrent pas seulement un assentiment religieux, mais doivent être crues avec une foi ferme, comme étant contenues dans la révélation, ou au moins acceptées et tenues fermement comme des vérités proposées par l’Église de manière définitive. En d’autres termes, il ne s’agit plus d’un choix entre deux propositions du Magistère ordinaire, mais de l’acceptation d’éléments constitutifs de la doctrine catholique.

Le témoignage de Jean-Paul II, de Benoît XVI et du Concile de Trente est, en fait, redirigé vers le témoignage clair de la Parole de Dieu, que le Magistère sert. C’est sur ce témoignage que doit se fonder toute la pastorale des catholiques qui vivent en secondes noces après un divorce civil, car seule l’obéissance à la volonté de Dieu peut servir au salut des personnes. Jésus dit : “Celui qui répudie sa femme et en épouse une autre commet un adultère à son égard. La femme aussi commet un adultère lorsqu’elle répudie son mari et en épouse un autre” (Mc 10, 11s). Et la conséquence est la suivante : “Ni les fornicateurs, ni les adultères… n’hériteront du royaume de Dieu” (1 Co 6,10). Cela signifie également que ces personnes baptisées ne sont pas dignes de recevoir la Sainte Communion avant d’avoir reçu l’absolution sacramentelle, qui à son tour exige le repentir de ses péchés, ainsi que la résolution de s’amender à partir de ce moment. Il ne s’agit pas ici d’un manque de miséricorde, bien au contraire. En effet, la miséricorde de l’Évangile ne consiste pas à tolérer le péché, mais à régénérer le cœur des fidèles pour qu’ils puissent vivre selon la plénitude de l’amour que le Christ a vécu et qu’il nous a appris à vivre.

Il s’ensuit que ceux qui rejettent l’interprétation d’”Amoris Laetitia” proposée par le texte de Buenos Aires et la “Risposta” ne peuvent pas être accusés de dissidence. En effet, ce n’est pas qu’ils voient une opposition entre ce qu’ils comprennent et ce que le Magistère enseigne, mais ils voient une opposition entre différents enseignements du même Magistère, dont l’un a déjà été affirmé de manière définitive par le Magistère. Saint Ignace de Loyola nous invite à considérer que ce que nous voyons comme blanc est noir si l’Église hiérarchique en décide ainsi. Mais saint Ignace ne nous invite pas à croire, en nous appuyant sur le Magistère, que ce que le Magistère lui-même nous a dit auparavant, et de manière définitive, être noir est désormais blanc.

En outre, les difficultés soulevées par le texte de la “Risposta” ne s’arrêtent pas là. En effet, la “Risposta” va au-delà de ce qui est affirmé dans “Amoris Laetitia” et dans le document de Buenos Aires sur deux points graves.

Le premier touche à la question de qui décide de la possibilité d’administrer l’absolution sacramentelle au terme du chemin de discernement ? Dans le “dubium”, que vous avez présenté à la DDF, cher frère, vous proposez plusieurs alternatives qui vous semblent possibles : ce pourrait être le curé, le vicaire épiscopal, le pénitencier…. Mais la solution donnée par la “Risposta” a dû être pour vous une vraie surprise que vous ne pouviez même pas imaginer. En effet, selon le DDF, la décision finale doit être prise en conscience par chaque fidèle (n.5). Il faut en déduire que le confesseur se limite à obéir à cette décision en conscience. Il est frappant de constater qu’il est dit que la personne doit “se placer devant Dieu et lui exposer sa propre conscience, avec ses possibilités et ses limites” (ibid.). Si la conscience est la voix de Dieu dans l’homme (“Gaudium et Spes” 36), on ne comprend pas bien ce que veut dire “placer sa propre conscience devant Dieu”. Il semble qu’ici la conscience soit plutôt le point de vue privé de chaque individu, qui se place ensuite devant Dieu.

Mais laissons cela de côté pour nous pencher sur l’affirmation surprenante du texte de le DDF. Il s’avère que les fidèles décident eux-mêmes de recevoir ou non l’absolution, et que le prêtre n’a qu’à accepter cette décision ! Si cela s’applique de manière générale à tous les péchés, le sacrement de la réconciliation perd son sens catholique. Ce n’est plus l’humble demande de pardon de celui qui se présente devant un juge miséricordieux, qui reçoit l’autorité du Christ lui-même, mais l’absolution de soi-même après avoir exploré sa propre vie. On n’est pas loin d’une vision protestante du sacrement, condamnée par Trente, lorsqu’elle insiste sur le rôle du prêtre comme juge dans la confession (cf. DH 1685 ; 1704 ; 1709). L’Évangile affirme, en se référant au pouvoir des clés : “Tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel” (Mt 16,19). Mais l’Évangile ne dit pas : “ce que les hommes décident en conscience de délier sur la terre sera délié au ciel”. Il est surprenant que le DDF ait pu présenter à la signature du Saint-Père, au cours d’une audience, un texte comportant une telle erreur théologique, compromettant ainsi l’autorité du Saint-Père.

La surprise est d’autant plus grande que la “Risposta” tente de s’appuyer sur Jean-Paul II pour soutenir que la décision appartient à chaque fidèle, tout en ignorant que le texte de Jean-Paul II est directement opposé à la “Risposta”. En effet, la “Risposta” cite “Ecclesia de Eucharistia” 37b, où il est dit, dans le cas de la réception de l’Eucharistie : “Évidemment, le jugement sur l’état de grâce appartient au seul intéressé, puisqu’il s’agit d’un jugement de conscience”. Mais voyons la phrase que Jean-Paul II ajoute aussitôt et que la “Risposta” ne mentionne pas, et qui est l’idée principale du paragraphe cité de “Ecclesia de Eucharistia” : “Toutefois, en cas de comportement extérieur gravement, manifestement et durablement contraire à la norme morale, l’Église, dans son souci pastoral du bon ordre communautaire et par respect pour le Sacrement, ne peut pas ne pas se sentir concernée. Cette situation de contradiction morale manifeste est traitée par la norme du Code de Droit canonique sur la non-admission à la communion eucharistique de ceux qui « persistent avec obstination dans un péché grave et manifeste »” (ibid).

Comme on peut le voir, le DDF a sélectionné une partie mineure du texte de saint Jean-Paul II et a omis la partie principale, qui est opposée à l’argument de le DDF. Si le DDF veut présenter un enseignement contraire à celui de saint Jean-Paul II, le moins qu’elle puisse faire est de ne pas essayer d’utiliser le nom et l’autorité du saint Pontife. Il vaudrait mieux reconnaître honnêtement que, selon le DDF, Jean-Paul II s’est trompé dans cet enseignement de son Magistère.

La deuxième nouveauté incluse dans la “Risposta” est que chaque diocèse est encouragé à produire ses propres directives pour ce processus de discernement. Il en découle une conclusion : si les directives sont différentes, certaines personnes divorcées pourront recevoir l’Eucharistie selon les directives d’un diocèse et non selon celles d’un autre. Or, l’unité de l’Église catholique signifie depuis les temps les plus anciens l’unité dans la réception de l’Eucharistie : en mangeant le même pain, nous sommes le même corps (cf. 1 Co 10, 17). Si un fidèle catholique peut communier dans un diocèse, il peut communier dans tous les diocèses qui sont en communion avec l’Église universelle. C’est là l’unité de l’Église qui se fonde et s’exprime dans l’Eucharistie. Par conséquent, le fait qu’une personne puisse recevoir la communion dans une église locale et ne puisse pas recevoir la communion dans une autre est une définition exacte du schisme. Il est impensable que la “Risposta” de la DDF veuille promouvoir une telle chose, mais tels seraient les effets probables de l’adoption de son enseignement.

Face à toutes ces difficultés, quelle est l’issue pour les fidèles qui veulent rester fidèles à la doctrine catholique ? J’ai souligné précédemment que le texte de Buenos Aires et celui de la “Risposta” ne sont pas précis. Ils ne disent pas clairement ce qu’ils veulent dire, et laissent donc ouvertes d’autres interprétations, aussi improbables soient-elles. Cela laisse place à des doutes quant à leur interprétation. D’autre part, la manière dont la “Risposta” note l’approbation du Saint Père, par une simple signature datée en bas de page, est inhabituelle. La formule habituelle serait : “Le Saint-Père approuve le texte et ordonne (ou permet) la publication”, mais rien de tout cela n’apparaît dans cet “Appunto” peu soigné. Cela ouvre encore un doute sur l’autorité de la “Risposta”.

Ces questions nous permettent de soulever un nouveau “dubium”: existe-t-il des cas dans lesquels, après un temps de discernement, il est possible de donner l’absolution sacramentelle à un baptisé qui a des relations sexuelles avec une personne avec laquelle il vit en seconde union, si ce baptisé ne veut pas prendre la résolution de ne plus avoir ces relations?

Cher frère, tant que ce “dubium” n’est pas résolu, l’autorité de la réponse à votre “dubia” et de la lettre de Buenos Aires reste en suspens, étant donné l’imprécision qu’elles reflètent. Cela ouvre une petite place à l’espoir qu’il y aura de réponse négative à ce “dubium”. Les bénéficiaires ne seraient pas en premier lieu les fidèles, qui de toute façon ne seraient pas obligés d’accepter une réponse positive au “dubium” comme contredisant la doctrine catholique. Le principal bénéficiaire serait l’autorité répondant au “dubium”, qui serait préservée intacte, puisqu’elle ne demanderait plus aux fidèles un assentiment religieux pour des vérités contraires à la doctrine catholique.

En espérant que cette explication clarifiera le sens de la réponse que vous avez reçue du DDF, je vous adresse mes salutations fraternelles “in Domino Iesu”,

Card. Gerhard Ludwig Müller, Rome




Fatima, apparition du 13 octobre : Je suis Notre-Dame du Rosaire

Extrait du livre Mon Coeur Immaculé triomphera, Fatima, révélation des derniers temps, Marie-Michel, Editions du Jubilé 2017

Photo : la foule contemplant le miracle du soleil.

Fatima : Le peuple immense qui prie avec Marie…

« Ici, l’homme se sent tout livré et confié à Marie… Il vient pour être avec Elle comme on est avec sa propre Mère[1]… » Cette parole de Saint Jean-Paul II à Fatima nous ouvre admirablement à ce qui va se passer ce 13 octobre où la presse laïque nationale du Portugal se déchaînait contre les Apparitions. On essayait de décourager le peuple par des informations alarmantes ! Peine perdue, car l’effet fut d’attirer encore plus de monde : « Ce fut le moyen dont se servit le Ciel pour réunir un plus grand nombre de personnes. Accoururent les simples curieux, les croyants et les incrédules. La rumeur se répandit que les autorités allaient mettre sur le lieu des apparitions une bombe qui les tuerait tous. Cela ne fit renoncer personne, et encore moins les trois voyants[2]… »  Si bien que face à tous ces dangers annoncés, les parents de Lucie décidèrent pour la première fois de l’accompagner !

Cependant, la pression restait vive à l’approche du 13 octobre car l’Ennemi de Dieu déployait toute sa stratégie de peur : « Un jour, trois gendarmes à cheval se présentèrent chez les enfants. Après un interrogatoire insolent, ils se retirèrent en disant : « Il faudra bien vous résoudre à révéler votre secret au sous-préfet, autrement il est décidé à vous faire tuer ! » – « Quel bonheur, s’écria l’intrépide Jacinthe ! J’aime tant Jésus et la Sainte Vierge : nous irons plus vite auprès d’eux[3] ! »

Dès la veille du 13 octobre, les routes et les chemins autour de Fatima étaient déjà saturés par des voitures, des bicyclettes et surtout une foule immense qui allait passer la nuit dehors, autour du lieu des apparitions. Ils marchaient en récitant le chapelet et en chantant de tout cœur des cantiques. Cependant, dès le 12 au soir commença l’épreuve : ciel couvert et pluie persistante sur ces chemins de Fatima où « un fleuve humain impétueux se déversait à la Cova da Iria, qui comme un sein maternel les accueillait tous. Trempés jusqu’aux os… chacun voulait seulement être le plus près possible du petit chêne vert, ce qui devenait de plus en plus difficile. En permanence, cette « mer » humaine étendait toujours plus ses limites, mais tous les visages se tournaient vers ce point le plus bas[4]… » où Marie avait promis de venir une dernière fois.

Le 13 au matin, la pluie continuait de plus belle et avait transformé la Cova en un vaste bourbier. Tout le monde était trempé et transis de froid. Un peu avant midi, la foule était estimée au moins à 70.000 personnes[5]. Comment oublier ici qu’avant ma conversion mariale à Fatima, j’ai été ce routard et Hippy qui participait avec passion à d’immenses pop-festivals en Angleterre et ailleurs. Et j’oserais dire ici que bien avant « Woodstock », la Vierge a fait fort à Fatima en suscitant un « festival marial » unique à l’époque ! Oui, enveloppé dans l’Arche du Cœur Immaculé de Marie, Fatima est un festival de « la joie de Dieu ». Elle n’est donnée aux pécheurs que dans la prière du chapelet, les sacrements et l’esprit de sacrifice qui libèrent nos cœurs si étroits.

Fatima nous met face à la réalité du péché qui mène en Enfer, mais nous place d’abord et surtout devant la beauté de Marie qui vient du Ciel où Dieu nous veut avec Lui. Envoyée par Jésus, avant sa seconde venue, Elle vient nous envelopper de sa tendresse et nous donner les armes décisives pour être sauvés. Car Fatima annonce la victoire du Cœur Immaculé de notre Mère qui vient nous « réveiller » pour le combat final face à l’Ennemi de l’homme. Et c’est pourquoi ce 13 octobre 1917 à la Cova, « un murmure descendait des collines environnantes, murmure qui ressemblait à la voix lointaine de l’océan… C’étaient des cantiques entonnés par des milliers de voix !… de milliers d’âmes en prière[6] !… »  C’était le chant pauvre et unique des enfants de Marie.

 

Apparition du 13 octobre : « Je suis Notre Dame du Rosaire ! »

         La pluie continuait à tomber en cette matinée du 13 octobre et vu la foule immense, ce n’était pas facile pour les trois enfants de se frayer un chemin. Mais grâce au dévouement de quelques hommes, ils avancent vers la Cova. Et puis, respectueusement aussi, les gens s’écartent pour leur ouvrir la voie. Dans ces immenses remous, Jacinthe commença soudain à pleurer mais François et Lucie la mirent entre eux. Cette dernière est plus que jamais « décidée » car elle est si heureuse d’être enfin accompagnée par ses parents ! Vers 11h30, ils arrivent enfin devant le petit chêne vert. Pour ce jour béni, les mamans ont un peu endimanchés leurs enfants de beaux habits : les fillettes portent une robe bleue et une mante blanche ! Et puis, on récite le chapelet et, entre les dizaines, on chante des cantiques. Des personnes avaient eu la pieuse délicatesse d’orner le haut du chêne vert avec des fleurs et des rubans de soie. Là où la Vierge allait poser ses pieds !

A l’heure de midi, l’éclair traverse le ciel et Lucie s’écrie : « La voici !… La voici !… » Les trois enfants sont saisis par la présence de la Vierge et la pluie a cessé. Soudain, « la foule peut observer une légère nuée blanche qui, telle une fumée d’encens, se forme autour des petits voyants, s’élève à cinq ou six mètres de hauteur et se dissipe dans l’atmosphère. Ce phénomène se renouvelle trois fois, comme si un prêtre invisible était là, encensant liturgiquement la céleste Apparition[7]. »  Alors commence le dernier dialogue où Lucie n’a pas oublié que la Dame avait promis de dire son nom et ce qu’Elle voulait. C’est pourquoi cette fois, l’enfant pose une double question :

– « Qui êtes-vous  et que voulez-vous de moi ?  dit Lucie.

– Je suis « Notre Dame du Rosaire », dit la Vierge, et je désire que l’on fasse ici une chapelle le chapelet tous les en mon honneur. Que l’on continue toujours à réciter le Chapelet tous les jours !  La guerre va finir, et les militaires reviendront bientôt chez eux.

– J’aurais beaucoup de choses à vous demander, dit Lucie : de guérir des malades, de convertir des pécheurs…

– Quelques uns, oui, d’autres, non. Il faut qu’ils changent de vie, qu’ils demandent pardon pour leurs péchés.

Alors, son visage devint triste et sa voix suppliante en disant :

– Que l’on n’offense pas davantage Dieu, Notre Seigneur, car il est déjà trop offensé ! »

« Ces paroles frappèrent fortement l’esprit des voyants ; ils gardèrent un profond souvenir de l’expression de douloureuse tristesse qui avait paru sur le visage de la Dame quand Elle les prononçait. Elles renferment l’essentiel du message de Fatima[8]. »

Commençant à se déplacer dans le ciel, la Sainte Vierge ouvrit les mains qui projetèrent des rayons lumineux sur le soleil… et pendant qu’Elle s’élevait, sa propre lumière ne cessait d’atteindre le disque lumineux. Alors, le regard fixé sur Marie, Lucie cria à la foule : « Elle s’en va !… Regardez le soleil ! »  De fait, les trois enfants ne verront pas le prodige solaire, car une fois la Dame disparue dans le firmament, leurs yeux émerveillés commencent à découvrir près du soleil la Sainte Famille : « A droite du soleil et plus brillante que lui, Notre Dame du Rosaire avec un manteau bleu ; et à gauche, en robe rouge clair, Saint Joseph avec l’Enfant-Jésus qui bénissent le monde. Ensuite, ils virent, à droite du soleil, Notre Seigneur Jésus bénissant amoureusement le monde ; puis, à gauche, Notre Dame des Douleurs et enfin apparut Notre Dame du Mont Carmel avec le scapulaire dans la main droite[9]. »  En méditant sur cette vision des enfants, on a découvert que le titre de Notre Dame du Rosaire que Marie se donne à Fatima révélait ici les mystères du Rosaire…

 

Le grand prodige : La danse splendide et la chute terrifiante du soleil !

     Pendant que les enfants étaient plongés dans leur vision céleste pleine de joie et de paix, le signe promis par la Vierge se réalisa à travers le prodige du soleil : soudainement, la pluie cessa, les nuages s’ouvrirent et laissèrent passer les rayons du soleil… Le père de Jacinthe et François témoigne sur le début du prodige stupéfiant : « Le soleil lançait des faisceaux de lumière et peignait tout de différentes couleurs : les arbres, les gens, le sol, l’air… Mais la grande preuve du miracle, c’est que le soleil ne faisait pas mal aux yeux. Tout le monde était immobile et se taisait…Tous regardaient le ciel[10]. » Car après ces quelques minutes surprenantes, le soleil s’arrêta. C’était le premier signe !

Et puis, il reprit son mouvement fantastique en tournant vertigineusement sur lui-même ! Il continua sa danse féerique quelques minutes et s’arrêta de nouveau comme pour permettre aux spectateurs un espace de repos. C’était le second signe !

Après une courte pause, « le soleil reprend, plus varié et coloré que jamais, son fantastique feu d’artifice, sans doute le plus grandiose et le plus pathétique que les hommes aient  jamais pu contempler sur la terre[11] ». C’était le troisième signe !

La foule est immobile et extatique face à ce spectacle qui n’a pas d’équivalent dans l’histoire contemporaine. Ce phénomène inouï fut aperçu clairement jusqu’à plus de 40 kilomètres à la ronde de Fatima. C’était le grand miracle promis par la Sainte Vierge. Mais il n’était pas terminé car la descente vertigineuse du soleil allait en être l’issue bouleversante, le point culminant. En effet, au milieu de sa danse effarante de feu et de couleurs, le soleil commença à se détacher du firmament et à se précipiter en zigzag sur la foule épouvantée, irradiant une chaleur de plus en plus intense ! Alors, tous le peuple pensa que les signes évangéliques de la fin du monde se réalisaient là sous leurs yeux (Mc 13,24-25) et « la multitude, saisie de peur, commença à crier et beaucoup confessaient à haute voix leurs péchés, faisant des actes de foi et demandant pardon ! Il semblait que le soleil venait en direction de la terre pour réduire en cendres la foule entière[12]… »

Tout ce peuple qui était venu en grande partie pour « voir un miracle » se trouvait maintenant confronté à un phénomène imprévisible et effrayant de « fin du monde ! » Tous étaient là, à genoux, criant « pardon » pour leurs péchés comme s’ils étaient arrivés au dernier moment de leur vie ! « Dieu est Amour » (1 Jn 4,16), mais faire l’expérience de l’Amour pour des pécheurs est une mise en lumière terrible de tout ce qui résiste encore à la splendeur de l’Amour divin. Le 13 octobre, à Fatima,  c’est cette expérience de Dieu que fit le peuple en contemplant la danse du soleil : il a d’abord vu comme une image de sa splendeur qui l’a ravie et il était venu d’abord pour ce spectacle merveilleux… puis, il a fait l’expérience de la folle descente du soleil qui l’a acculé à une expérience de fin de vie : là, tout est mis en lumière dans chaque vie ! Là, on n’est plus spectateur mais acteur : il n’y a plus de temps intermédiaire pour relativiser mais un terrible instant où il faut choisir d’accueillir la Lumière sur sa vie, seule voie pour être immergé dans l’Amour… on pourrait parler ici d’une « blessure de la lumière » : reconnaître qu’on l’a tous crucifié[13], c’est tous pleurer d’avoir si mal aimé en découvrant qu’Il nous a tant aimé… Son Amour aura le dernier mot !

Saint Jean le confirme : « En ceci consiste l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu mais c’est lui qui nous aimé et qui a envoyé son Fils en victime d’expiation pour nos péchés » (1 Jn 4,10). Mais il ajoute cette parole décisive : « Nous avons reconnu l’amour que Dieu a pour nous et nous y avons cru ! » (1 Jn 4,16). C’est là où Jésus et sa Mère veulent nous conduire. Car la miséricorde de Dieu tentera jusqu’au dernier instant d’ouvrir une brèche dans le cœur de l’homme pour qu’il se découvre follement aimé…comme un Pierre, juste après son reniement, lorsqu’il croise[14] le Regard de Jésus.

Finalement, le soleil arrêta sa chute vertigineuse et remonta à sa place en reprenant son éclat normal. Alors, se relevant, l’immense assemblée commença à chanter un credo… Qui décrira l’émotion de toute cette foule ?  Un vieillard, jusque là incroyant, est tout en larmes, et les bras tendus vers le ciel comme un prophète, il crie : « Vierge sainte ! Vierge bénie ! » Et de tous côtés se déroulent des scènes analogues… Détail marial touchant : cette scène apocalyptique se termine par un cadeau délicat et très concret qui révèle la tendresse maternelle de Marie envers ses enfants : alors que l’immense foule était trempée, chacun eut la joie de se sentir protégé et délicatement aimé, après le prodige du soleil, en découvrant soudain ses habits absolument secs.

Ce prodige du 13 octobre 1917 suscité par la Vierge de Fatima n’en finira plus de faire des vagues à travers le Portugal[15], d’abord, et au-delà dans l’histoire moderne jusqu’à nous aujourd’hui. Cent ans après, il est comme le signe visible et unique qui vient prophétiser l’urgence du message de Marie à Fatima que même les hommes d’Eglise et le Peuple de Dieu ont mis trop de temps à accueillir… et que le monde moderne ignore en se noyant dans l’océan du matérialisme omniprésent. Alors, comment ne pas faire ici le lien avec les Evangiles eschatologiques en nos temps dangereux où les menaces globales sont grandes : « Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles. Sur la terre, les nations seront dans l’angoisse… des hommes mourront de frayeur, dans l’attente de ce qui menace le monde habité, car les puissances des cieux seront ébranlées…quand cela commencera d’arriver, redressez-vous et relevez la tête, car votre délivrance est proche ! » (Lc 21,25-28). Nous vivons ces temps actuels si dangereux et la Vierge nous invite à entrer en son Cœur Immaculé d’où viendra la victoire du Dieu de la paix. En ce sens, Elle nous tend le chapelet afin de « relever la tête », pour faire face aux combats déroutants des temps de la fin.

Je veux conclure ici par le signe fort que nous donne la Vierge à travers la vision des enfants et ce prodige unique du soleil : d’un côté les trois petits qui contemplent les mystères du Seigneur, de sa Mère et de la Sainte Famille !  Il leur est donné de voir comme « vivants » les mystères du Rosaire… signe que cette prière en Eglise nous protège et nous garde dans le Cœur de Marie, les yeux de la foi fixés sur Jésus, Prince de la paix.

De l’autre, pour la foule, le signe splendide et terrifiant du soleil qui semble à un moment venir s’écraser sur la terre pour anéantir l’humanité. La Vierge nous adresse un double message dans ces deux événements : exercer et rayonner sa foi en priant le Rosaire pour être du côté du salut en route vers le Ciel, ou rester trop du côté du monde en subissant dans la peur les phénomènes terribles de la fin des temps.

Cependant, ce signe prodigieux refusé par Jésus aux pharisiens dans l’Evangile (Mc 8,11-13), « Notre Dame du Rosaire l’a maternellement accordé au monde moderne afin que tout le monde croie… car ce qui est vraiment unique à Fatima, c’est le caractère grandiose et extraordinaire de ce « Signe dans le ciel ». En face d’un tel prodige, on se demande instinctivement : que se passe-t-il donc de si particulièrement grave à notre époque au point de vue religieux, pour que la Mère de Dieu daigne intervenir sur la terre, par une manifestation de la toute-puissance divine si éclatante, que les assistants se sont réellement crus à la fin du monde, décrite dans l’Evangile ?… Ainsi donc, la Sainte Vierge venait réveiller notre foi face aux desseins terribles de Satan qui va chercher à implanter un nouvel ordre mondial, une nouvelle religion qui nie le vrai Dieu. Il faut donc saisir que la grandeur de ce prodige inouï de Fatima est ainsi proportionné à la grandeur des dangers qui menacent le monde[16]…» Il est vrai que tous seront confrontés aux épreuves des temps de la fin… mais ceux qui prient le chapelet en vivant et rayonnant humblement leur foi sont déjà entrés dans l’Arche du Cœur Immaculé de Marie.

 

[1] Cité par Joaquim Maria Alonso, Fatima – Message et consécration, op. cit., p.29.

[2] Carmel de Coimbra, Un chemin sous le regard de Marie, op. cit., p.101.

[3] J.C. Castelbranco, Le prodige inouï de Fatima, op. cit., p.40.

[4] Carmel de Coimbra, Un chemin sous le regard de Marie, op. cit., p.101-102.

[5] Le Dr Almeida Garrett, Académicien et professeur à la Faculté des sciences de l’Université de Coimbra se trouvait à un endroit privilégié le 13 octobre et a pu évaluer la foule à plus de 100.000 personnes.

[6] Père De Marchi, Témoignages sur les Apparitions de Fatima, op. cit., p.160.

[7] J.C. Castelbranco, Le prodige inouï de Fatima, op. cit., p.42.

[8] Chanoine C.Barthas, Fatima 1917 – 1968,  Histoire des Apparitions, op. cit., p.130.

[9] J.C. Castelbranco, Le prodige inouï de Fatima, op. cit., p.43-44.

[10] Père De Marchi, Témoignages sur les Apparitions de Fatima, op. cit., p.169.

[11] J.C. Castelbranco, Le prodige inouï de Fatima, op. cit., p.45.

[12] Carmel de Coimbra, Un chemin sous le regard de Marie, op. cit., p.106.

[13] « Tous les pécheurs furent les auteurs de la Passion du Christ » : Catéchisme de l’Eglise catholique, n° 598.

[14] Lc 22,61-62. « Devant le reniement de Pierre, le Seigneur ne lui adresse aucune parole, mais celle bien plus profonde du regard : « la parole du Regard » qui dit tout… »  Marie-Michel, Jésus-Porte de la miséricorde, Jubilé 2016, p.115.

[15] Je pense ici au célèbre poète portugais Alfonso Lopes Vieira qui a vu le prodige solaire du balcon de sa maison à 40 kms de Fatima ou à Avelino d’Almeida, rédacteur en chef à Lisbonne, du grand journal laïc « Seculo » : dans un article, il se moquait des Apparitions le 13 au matin  et publia le 15 un autre article où il se dit bouleversé après avoir vu le miracle du soleil. Il faudrait citer aussi d’autres témoins connus comme l’académicien Marques da Cruz ou le savant Almeida Garrett. Voir J.C. Castelbranco, Le prodige inouï de Fatima, op. cit., p.48 à 57.

[16] J.C. Castelbranco, Le prodige inouï de Fatima, op. cit., p.58 à 60.