L’humble beauté de Marie face à la séduction du Diable…

Notre civilisation post moderne sombre en masse aujourd’hui dans une sous culture qui flirte sans cesse avec la « beauté du Diable » : beauté dangereuse et trompeuse où le pouvoir du Mal se revêt d’une séduction autant attractive que dominatrice ! Depuis le livre de la Genèse, c’est toujours la même dynamique : la fausse liberté proposée par le Mal par la tentation du « sans limite » … vertige du pire où « la mort de Dieu » dans l’âme est célébrée comme une libération : « Vous serez comme des dieux ! » (Gn 3,5). Tel est le poison qui va se répandre dans le cœur de l’homme…

Depuis cette terrible « brisure » du péché originel, il va s’ensuivre dans la vie de l’homme deux conséquences majeures : la peur de Dieu (Gn 3,10) et ce besoin impérieux de « se revêtir » (Gn 3,7-8). Une tentative désespérée de « sauver la face » où Adam et Eve se réfugient dans l’illusion du paraître : car l’homme cherche d’abord à se parer… mais face au regard de Dieu, cette apparence s’écroule : « C’est voir s’étaler aux yeux de tous cette humiliation du péché que l’on porte au fond de soi-même : la nudité exprime d’abord cet effondrement du personnage que la parure s’évertuait à créer[1] ! »

Or, quand tout s’écroule, l’homme pécheur est dévoilé : c’est l’épreuve douloureuse de la vérité, mais tout peut alors se reconstruire dans cette lumière qui ouvre à l’infinie miséricorde de Dieu… et « le sang de Jésus, son Fils, nous purifie de tout péché ! » (1 Jn 1,7). Dans le retour vers son père, l’enfant-prodigue de l’Evangile (Lc 15,18-19) est fermé à cette miséricorde du Père : il garde en lui la fausse image d’un Père irrité et impitoyable… son égarement a effacé en lui le vrai Visage de Dieu qui est la conséquence profonde du péché. Et c’est ici que le Christ veut nous délivrer en nous révélant qui est Dieu pour le fils perdu : en effet, avec des motivations très primaires, ce dernier commence à prendre le chemin du retour quand le Père l’aperçoit dans un regard d’une infinie tendresse : « Tandis qu’il était encore loin, son père le vit et en fut ému jusqu’aux entrailles… Il courut vers lui, le serra contre lui et le couvrit de baisers ! » (Lc 15,20). Tel est le sommet de l’Evangile : quelques pas vers Dieu du fils égaré et Dieu court vers lui à la vitesse lumière ! Qui comprendra le Cœur de Dieu ? Et c’est pourquoi, jour après jour, il nous faut « revenir » au cœur de la Révélation chrétienne pour être délivré peu à peu de cette fausse image de Dieu qui nous emprisonne.

          D’ailleurs, dès que Marie fait une Apparition sur terre, les voyants n’ont pas peur mais sont fascinés autant par sa bonté que par sa beauté ! Elle met de suite en confiance par son regard de maternelle tendresse… A Lourdes, la petite Bernadette en témoigne merveilleusement :

          « Je l’ai vue ! Oh ! qu’elle est belle et que j’ai hâte d’aller la voir [2] ! Que mon âme était heureuse, bonne Mère, quand j’avais le bonheur de vous contempler ! Que j’aime à me rappeler ces doux moments passés sous vos yeux pleins de bonté et de miséricorde pour nous[3]… »   

              A Fatima, juste après la première Apparition de la Vierge, Lucie sera très éprouvée dans sa famille et face au curé. Décidée de ne plus revenir, elle pense que c’est une tentation du Démon. Elle le voit d’ailleurs une nuit déployer ses griffes pour l’emporter en enfer ! Pour reprendre confiance, il faudra qu’elle soit confrontée à la détermination de la petite Jacinta qui restera très ferme sur la vérité de l’Apparition. Quand Lucie exprime ses doutes, elle lui répond avec cette « évidence » des vérités de la foi :

« Non, ce n’est pas le Démon ! On dit que le Démon est très laid et qu’il est en dessous de la terre, en enfer. Cette Dame est si belle ! Et nous l’avons vue monter au Ciel [4]! »

Cette beauté de Marie traversera la culture chrétienne et sera si présente dans les œuvres artistiques, de la peinture à la musique en passant par la sculpture !… Malgré la terrible déchristianisation actuelle, on la retrouve étonnamment parfois dans la culture moderne : « Sergio Ramos, le footballeur emblématique du Réal de Madrid et la Roya, exprime sa foi par un splendide tatouage de la Vierge Marie sur son bras ! »

              Toujours et encore le signe décisif de la beauté !… Une splendeur maternelle qui ravit, en faisant participer à sa plénitude de grâce ! Vers la fin de sa vie, la petite Thérèse fera sur la « prédication mariale » une remarquable mise au point avec une étonnante justesse théologique.  Et notons, au passage, sa liberté d’expression évangélique pour l’époque ! Ecoutons-là attentivement :

« Pour qu’un sermon sur la Sainte Vierge me plaise et me fasse du bien, il faut que je voie sa vie réelle, pas sa vie supposée ; et je suis sûre que sa vie réelle devait être toute simple. On la montre inabordable, il faudrait la montrer imitable, faire ressortir ses vertus, dire qu’elle vivait de foi comme nous, en donner des preuves par l’Evangile…

On sait bien que la Sainte Vierge est la Reine du Ciel et de la terre, mais elle est plus Mère que reine, et il ne faut pas dire à cause de ses prérogatives qu’elle éclipse la gloire de tous les saints, comme le soleil à son lever fait disparaître les étoiles. Mon Dieu ! que cela est étrange ! Une Mère qui fait disparaître la gloire de ses enfants ! Moi, je pense tout le contraire, je pense qu’elle augmentera de beaucoup la splendeur des élus[5] ! »

En ce sens, Marie est si bien décrite à travers cette « Mer de cristal » de l’Apocalypse[6] : son « Fiat » perpétuel laisse la Lumière la traverser pour tous les enfants de Dieu ! C’est tout le contraire de la Bête qui « par ses prodiges égare les habitants de la terre ! » (Ap 13,14). L’orgueil enferme dans la violence et le désespoir… l’humilité laisse passer la Lumière du Christ, « doux et humble de Cœur » (Mt 11,29). Ainsi, « Dieu donne aux humbles l’éclat du salut ! » (Ps 149,4). Tel est le centre caché de toute la Bible…

 

                                                                                                             + Marie-Mickaël

 

 

[1] P. Dominique Barthélemy, Dieu et son image, ébauche d’une théologie biblique, Cerf 1973, p.47.

[2] André Ravier, Bernadette et son chapelet, Ed. Couvent Saint Gildard, 1958, p.73.

[3] Carnet Reine du Ciel, 12 mai 1866.

[4] Mémoires de Sœur Lucie, Carmel de Coïmbra, Compilation P. Luis Kondor, août 1997, p.72.

[5] Thérèse de Lisieux, Œuvres complètes : derniers entretiens – Carnet jaunes, Cerf – DDB 1992, p.1103.

[6] « Et je vis comme une mer de cristal mêlée de feu, et ceux qui ont triomphé de la Bête, de son image et du chiffre de son nom (666), debout près de cette mer de cristal ! » (Ap 15,2).




Lettre pastorale de Mgr Strickland : Erreur des évêques allemands et véritable développement de la doctrine

Lettre pastorale du 29 mars 2023.

« Le temps viendra certainement où les gens n’accepteront pas un enseignement solide, mais leurs oreilles seront avides de nouveauté et ils rassembleront toute une série d’enseignants selon leurs propres goûts ; et alors ils fermeront leurs oreilles à la vérité… » 2 Tim. 3, 4,5

L’apôtre Paul a adressé cet avertissement à son disciple Timothée dans la deuxième lettre qu’il lui a écrite. Certes, ce « temps » est venu à d’autres occasions tout au long de l’histoire de l’Église. Mais il ne fait aucun doute que cet avertissement est très révélateur de l’époque dans laquelle nous vivons aujourd’hui.

Au début de la Lettre de Jude, l’Apôtre utilise une phrase d’une grande importance. La lettre a été écrite pour faire face à une fumée de confusion similaire à celle que nous observons dans l’Église primitive dans l’Église allemande et que nous vivons de plus en plus dans l’Église entière aujourd’hui. Les doctrines fondamentales de la foi chrétienne étaient contestées et, dans certains cas, rejetées et remplacées par l’erreur. Jude écrit : « Bien-aimé, étant très désireux de vous écrire au sujet de notre salut commun, j’ai jugé nécessaire de vous écrire pour vous appeler à lutter pour la foi qui a été transmise une fois pour toutes aux saints. »

Ce « une fois pour toutes » est toujours d’actualité – et il doit être défendu contre ceux qui cherchent à changer l’immuable. Nous devons « lutter pour cette foi ». Même certains dirigeants ordonnés disent aux fidèles, au milieu de toute la fumée de notre confusion théologique actuelle, que certains enseignements et pratiques errants sont un « développement de la doctrine ». Mais ce concept de développement est utilisé à tort comme couverture pour tenter de changer ce qui est immuable.

Le 28 novembre 2012, Son Éminence le cardinal Daniel Dinardo m’a ordonné quatrième évêque catholique de Tyler, Texas, dans un petit auditorium juste en bas de la rue de la cathédrale de l’Immaculée Conception et de son école primaire paroissiale, St. Gregory.

L’auditorium m’était très familier car à plusieurs reprises j’avais rejoint les étudiants dans leurs comédies musicales annuelles dans le même auditorium. Mais ce jour-là, les enfants m’ont rejoint pour ce qui est probablement le jour le plus important de ma vie.

C’est sur cette scène, devant 1 800 personnes, que Son Éminence, lors du rite d’ordination, m’a posé plusieurs questions, dont deux sont essentielles à ma mission d’évêque. Premièrement : « Êtes-vous résolu à être fidèle et constant dans la proclamation de l’Évangile du Christ ? et deuxièmement : « Êtes-vous résolus à maintenir le dépôt de la foi, entier et incorruptible, tel que transmis par les apôtres et professé par l’Église partout et à tout moment ? Ma réponse aux deux questions a été un  « Je le suis ! »

C’est à ce moment-là que le sens le plus profond de l’expression « dépôt de foi » a pris vie pour moi. J’ai également commencé à comprendre mon rôle dans l’enseignement magistral et mon appel sérieux, en tant que successeur des Apôtres, à la tâche permanente de « garder le dépôt de la foi » confiée par le Seigneur Jésus-Christ lui-même aux Apôtres et transmise depuis lors. Ces deux questions puissantes, et ma réponse à celles-ci, continuent de me guider dans mon rôle dans le magistère de l’enseignant et mon rôle de berger du troupeau de Jésus-Christ dans le diocèse catholique de Tyler, au Texas.

En tant que chrétiens baptisés, nous avons tous reçu, d’une manière ou d’une autre, ce dépôt de foi du Seigneur lui-même, transmis aux apôtres, ainsi que la charge d’en assurer la garde. Il s’agit d’un dépôt que nous ne pouvons et ne devons pas chercher à modifier. Le dépôt de la foi est la vérité, qui nous est donnée par Celui qui est le chemin, la vérité et la vie (Jean 14, 6). Il doit être transmis sans altération.

Jésus a clairement indiqué dans sa charge aux premiers apôtres d’enseigner aux nations « tout ce que je vous ai commandé ». Il a promis « sachez que je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 18-20). Et il est toujours avec nous, par la puissance du Saint-Esprit, dans son Église. Il est le chef de son Église. Nous sommes membres de son corps mystique. Nous devons enseigner ce que la tête nous a donné à enseigner.

Malheureusement, certains s’efforcent de plus en plus de nier l’existence même d’un tel dépôt de foi. Et même par certains exerçant un ministère ordonné, pour changer l’immuable. L’exemple le plus flagrant et le plus évident de cette erreur s’est peut-être récemment produit en Allemagne. J’affirme et soutiens une déclaration publiée par mon frère évêque, Son Excellence Donald J. Hying, le 21 mars 2023. L’intégralité de la déclaration peut être lue ici, dans le Catholic Herald du diocèse de Madison.

L’évêque a écrit :  » Depuis trois ans, les dirigeants de l’Église catholique d’Allemagne sont impliqués dans leur « Voie synodale », un processus de conversation et de décisions entre les évêques et les laïcs, concernant la doctrine et la pratique de l’Église, qui a récemment abouti à trois jours de vote sur des questions particulières. La majorité a approuvé la bénédiction des unions homosexuelles, l’ordination des femmes et des personnes transgenres, un changement fondamental dans l’autorité gouvernementale des évêques et une réécriture radicale de la moralité sexuelle catholique. »

Il ajoute, vers la fin de sa déclaration : « …Personne n’a le pouvoir de changer l’enseignement de l’Église, comme si la vérité donnée était malléable et s’adaptait à l’évolution des normes culturelles. Une telle voie conduirait à la fois à l’erreur et à la non-pertinence. Quand les gens m’expriment leur consternation face aux turbulences dans l’Église et aux nombreuses opinions contradictoires sur la doctrine et la morale, je réaffirme simplement que la Foi ne change pas. Nous avons les Écritures, la Tradition et le Catéchisme. »

Je me joins à mon frère évêque dans cette réaffirmation que la foi ne change pas. Je le remercie également pour la clarté et la charité qui se reflètent dans sa déclaration du 21 mars. Dans cette lettre, je souhaite aborder la tentative d’utiliser une fausse notion du concept de « développement de la doctrine » pour changer une doctrine immuable.

Le concept de « développement de la doctrine » n’est pas en soi une doctrine. C’est une théorie par laquelle nous expliquons comment notre compréhension de la doctrine s’approfondit et se développe, et comment notre expression de la doctrine immuable peut également se développer. À la suite de la canonisation bien accueillie du cardinal saint John Henry Newman, il semble y avoir un effort concerté de la part de certains pour utiliser à mauvais escient son enseignement sur le développement de la doctrine comme moyen de promouvoir de faux enseignements. C’est une trahison de l’enseignement de ce Saint.

Pour son Essai sur le développement de la doctrine chrétienne de 1845, le cardinal Saint John Henry Newman s’est inspiré du moine et théologien du Ve siècle, Saint Vincent de Lérins. Les écrits de ce saint sur la bonne compréhension du développement de la doctrine se trouvent dans ce qu’on appelle le Commonitorium. Dans un article paru dans First Things intitulé « Quatre idées sur le développement », Michael Pakaluk, professeur d’éthique à l’Université catholique d’Amérique, a expliqué :

« Si vous lisez effectivement le traité Commonitorium de saint Vincent de Lérins – souvent cité comme l’origine de la théorie du développement – ​​vous verrez que sa principale préoccupation est de montrer que la foi ne change jamais. La devise du pape Jean-Paul II pour le tournant du millénaire était « Jésus-Christ est le même, hier, aujourd’hui et demain ».

Le pape Saint Jean-Paul II citait la Lettre aux Hébreux (Hébreux 13, 8). L’utilisation abusive de la théorie du développement de la doctrine pour tenter de changer ce qui est immuable est davantage un mauvais fruit découlant d’un développement doctrinal dangereux et croissant. Relativisme au sein de l’Église catholique qui, parfois, semble même nier l’existence même de la vérité objective.

Le 18 avril 2005, à la veille de la convocation au cours de laquelle il serait choisi pour succéder à Pierre et prendre le nom de Benoît XVI, le cardinal Joseph Ratzinger a prononcé une homélie dans laquelle il a mis en garde contre les dangers de propagation de ce type de relativisme dans le pays. l’enseignement de l’Église qu’il a aimé et servi avec tant de fidélité. Voici ses paroles, qui semblent étrangement encore plus importantes à l’heure actuelle :

« …Combien de vents doctrinaires avons-nous connus au cours des dernières décennies, combien de courants idéologiques, combien de façons de penser… Le petit bateau de la pensée de nombreux chrétiens a souvent été ballotté par ces vagues – projeté d’un extrême à l’autre. : du marxisme au libéralisme, voire au libertinage ; du collectivisme à l’individualisme radical ; de l’athéisme à un vague mysticisme religieux ; de l’agnosticisme au syncrétisme, etc.

« Chaque jour de nouvelles sectes se créent et se réalise ce que dit saint Paul de la supercherie humaine, avec une ruse qui cherche à les entraîner à l’erreur (cf. Ep. 4, 14). Avoir une foi claire, basée sur le Credo de l’Église, est souvent qualifié aujourd’hui de fondamentalisme. Alors que le relativisme – qui consiste à se laisser ballotter et « emporter à tous les vents de l’enseignement » – apparaît comme la seule attitude acceptable dans les standards d’aujourd’hui. Nous nous dirigeons vers une dictature du relativisme qui ne reconnaît rien comme certain et qui a pour objectif le plus élevé son propre ego et ses propres désirs.»

Le cardinal Joseph Ratzinger, futur pape Benoît XVI, poursuit dans cette homélie, en appelant l’Église à une « foi adulte » :

« Cependant, nous avons un objectif différent : le Fils de Dieu, véritable homme. Il est la mesure du véritable humanisme. Être « adulte » signifie avoir une foi qui ne suit pas les vagues des modes d’aujourd’hui ni les dernières nouveautés. Une foi profondément enracinée dans l’amitié avec le Christ est adulte et mûre. C’est cette amitié qui nous ouvre à tout ce qui est bon et nous donne la connaissance de juger le vrai du faux et la tromperie du vrai.

« Nous devons devenir mûrs dans cette foi adulte ; nous devons guider le troupeau du Christ vers cette foi. Et c’est cette foi – la foi seule – qui crée l’unité et prend forme dans l’amour. Sur ce thème, saint Paul nous offre de belles paroles — en contraste avec les hauts et les bas continus de ceux qui étaient comme des enfants ballottés par les vagues : (dit-il) faire la vérité dans l’amour, comme formule de base de l’existence chrétienne. En Christ, la vérité et l’amour coïncident. Dans la mesure où nous nous rapprochons du Christ, dans notre propre vie, la vérité et l’amour se confondent. L’amour sans vérité serait aveugle ; la vérité sans amour serait comme ‘un gong qui retentit ou une cymbale qui retentit’ (1 Cor. 13,1).»

En effet, les évêques, tout le clergé, les religieux, les consacrés et les laïcs de l’Église, devraient continuellement réfléchir dans la prière sur ce beau dépôt de foi. Nous devons nous efforcer de le connaître, de le comprendre, de l’aimer, de l’enseigner fidèlement et de le vivre. C’est le véritable critère de mesure de cette foi mûre à laquelle le regretté pape Benoît XVI nous a tous appelés dans l’homélie citée ci-dessus.

Sous l’inspiration du Saint-Esprit, nous pouvons et devons rechercher des manières toujours nouvelles de présenter et d’appliquer le dépôt de la foi. C’est la bonne compréhension du développement de la doctrine. Mais nous n’avons ni le droit de changer la doctrine ni l’autorité de la modifier.

Tous les évêques doivent suivre la promesse solennelle, celle que nous avons faite lors de notre ordination épiscopale, de « conserver le dépôt de la foi, entier et incorruptible, tel que transmis par les apôtres et professé par l’Église partout et à tout moment ». C’est un devoir sacré.

Elle s’impose également à tout le clergé, voire à tous les membres de l’Église. Pour les évêques, si nous manquons à notre devoir, non seulement nous ferons souffrir les fidèles, mais nous offenserons Dieu – et nous ferons face à de graves conséquences pour ne pas avoir respecté la mission qui nous a été confiée lors de notre ordination épiscopale.

En conclusion : même si la compréhension de l’Église de ce corps d’enseignement, de ce dépôt sacré, peut se développer et se développe correctement dans la manière dont il s’exprime, et s’approfondit dans la manière dont il est compris, elle ne peut jamais être modifiée dans sa substance.

Le Catéchisme de l’Église catholique note : « Les apôtres ont confié le dépôt sacré de la foi [le depositum fidei ; voir 1 Tim. 6, 20 ; 2 Tim. 1, 12-14] contenus dans la Sainte Écriture et la Tradition, à toute l’Église. En adhérant à (cet héritage) le peuple saint tout entier, uni à ses pasteurs, reste toujours fidèle à l’enseignement des apôtres, à la fraternité, à la fraction du pain [l’Eucharistie] et aux prières. Ainsi, dans le maintien, la pratique et la profession de la foi transmise, il doit y avoir une remarquable harmonie entre les évêques et les fidèles » (CEC, n. 84).

Mgr Joseph Strickland, 29 mars 2023