Le silence de Saint Joseph… devant le mystère de la Mère de Dieu…

En cette fin du temps béni de l’Avent, le silence de Saint Joseph vient inspirer notre cœur. Aujourd’hui, Noël est devenu la fête bruyante de la consommation et nous avons tant besoin de nous « taire » pour découvrir que Dieu est là, caché au fond de nous… Or, le silence de Saint Joseph « dit » ici sa profonde humilité : devant le « mystère » que porte Marie en son sein… il entre dans le secret d’une épreuve où l’ombre de la Croix déjà le recouvre : Comme par avance, n’est-t-il pas tout près l’Agneau immolé, « scandale pour les Juifs et folie pour les païens » ? (1 Co 1,23). Comment est-ce envisageable que sa fiancée le porte déjà si petit en son sein ? Ecrasé par un tel mystère, son humilité le pousse à s’éloigner… et en même temps le texte de Saint Matthieu nous laisse deviner toute une tendresse bienveillante pour Marie :

« Joseph, son époux, qui était un homme juste et ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la renvoyer en secret… » (Mt 1,19).

Il faut bien saisir ici qu’être juste selon l’Ecriture, « c’est correspondre à ce que Dieu a mis en nous de possibilités pour réaliser la destinée à laquelle Il nous appelle… Il faut que Joseph ait été bien juste pour ne pas accuser ou du moins soupçonner, comme il aurait été naturel, la délicate pureté de la Vierge Marie dont il était le témoin : justement parce qu’il est juste, Joseph s’est abstenu de juger[1]. » Le commentaire de Saint Jérôme va dans ce sens :

« Comment Joseph est-il déclaré « juste », si l’on suppose qu’il cache la faute de son épouse ? Loin de là : c’est un témoignage en faveur de Marie : Joseph, connaissant sa chasteté, et bouleversé par ce qui arrive, cache, par son silence, l’événement dont il ignore le mystère[2] »

On est ici devant le plus grand secret de l’Evangile : quand vient le Verbe de Dieu, le silence est la plus grande des louanges et Saint Joseph en témoigne par la splendeur de son effacement. Face à ce Dieu qui se fait si petit, Il tourne autour du mystère comme Moïse devant le buisson ardent… (Ex 3,3). Ne pressent-il pas que l’Indicible est caché dans l’ordinaire ? Enfoui dans le sein de « la » Femme, Dieu l’a précédé et s’offre à lui, à travers Celle qui lui était promise…

Alors, « pourquoi Joseph voulut-il renvoyer Marie ? Prends cette interprétation, qui n’est pas la mienne, mais celle des Pères : Joseph voulut la renvoyer pour la même raison qui faisait dire à Pierre : « Eloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un pécheur ! » (Lc 5,8) et au Centurion : « Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit ! » (Mt 8,8). Pierre trembla devant la puissance divine, et le Centurion trembla en présence de la Majesté. Joseph fut saisi de crainte – comme il était humainement normal – devant la profondeur du mystère ; c’est pourquoi il voulait renvoyer Marie secrètement[3]… »

Mais l’Ange viendra le rassurer par un songe durant la nuit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ta femme : car ce qui a été engendré en elle vient de l’Esprit-Saint ! » (Mt 1,20). Et à travers et au-delà de Joseph, cette parole vient résonner dans l’histoire de l’humanité et dans la vie de chacun et chacune en particulier : « Ne crains pas de prendre chez toi, Marie… » Elle est « ta » Mère… et que tous ceux qui résistent « encore » à cette douce réalité se laissent vaincre par la Parole du Christ en Croix en personne : « Voici ta Mère ! » (Jn 19,27). Aujourd’hui, comme Joseph et Jean, accueillerons-t-ils Marie chez eux ?

Nous aussi, devant les épreuves de la vie qui, souvent, nous éloignent de l’Enfant-Dieu et de sa Mère, prenons conscience qu’au cœur de notre foi, les bras de Marie sont sans cesse « tendus » pour nous porter… Dans le Salve Regina, nous chantons : « Spes nostra, Salve ! » (Notre Espérance Salut !). Cette espérance, Dieu nous l‘a donnée. Dans la famille, l’espérance, c’est la mère. Il en est de même dans le monde spirituel : personne ne peut dire qu’il a perdu l’espérance puisqu’il n’a pas perdu l’Immaculée !

Elle seule va nous apprendre comment aimer le Seigneur Jésus, bien mieux que tous les livres et tous les maîtres. Elle nous apprend à l’aimer comme Elle l’aime[4]… »

                                                                                                    +M-Mickaël

[1] Bible chrétienne, tome II, Commentaires p.100.

[2] Commentaire sur Saint Matthieu, Patrologie Latine 26,24.

[3] Saint Bernard de Clairvaux, Homélie 2 sur le Missus est, Patrologie Latine 183,68.

[4] Saint Maximilien-Marie Kolbe, Conérences 3 septembre 1937 et 25 janvier 1941.