Le secret admirable du Très Saint Rosaire. Saint Louis-Marie Grignion de Montfort

Des écrits de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, on connaît généralement « Le secret de Marie », et le « traité de la vraie dévotion ». Mais il fut un écrivain prolifique, et de nombreux autres textes méritent d’être connus. Le Rosaire a joué un rôle considérable dans sa sanctification personnelle et dans son apostolat missionnaire. Le petit opuscule qu’il a intitulé « le secret admirable du Très Saint Rosaire » en est le reflet. Dans ce petit traité, il ne cherche pas forcément à rédiger un ouvrage systématique ; c’est plutôt un petit recueil de citations de grands auteurs (il avait une connaissance phénoménale des saints, des pères de l’Eglise), à l’usage de tous : prédicateurs (roses blanches), pécheurs (roses rouges), mystiques (rosier mystique), enfants (boutons de roses). Ouvrage missionnaire donc, dans un langage très accessible, pour nous exhorter à vivre cette prière du Rosaire, source de tant de bienfaits. Nous vous proposons dans les prochaines semaines de lire peu à peu ce petit traité. en voici la structure :

LE SECRET ADMIRABLE DU TRES SAINT ROSAIRE

Présentation : Rose blanche, rose rouge, rosier mystique, bouton de roses

Première Dizaine. L’excellence du Saint Rosaire dans son origine et son nom.

Deuxième Dizaine. L’excellence du Saint Rosaire dans les prières dont il est composé

Troisième Dizaine. L’Excellence du Saint Rosaire dans la méditation de la vie et de a Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ

Quatrième Dizaine. L’excellence du Saint Rosaire dans les merveilles que Dieu a opérées en sa faveur

Cinquième Dizaine. La manière sainte de réciter le Rosaire

MÉTHODES POUR RÉCITER LE ROSAIRE

Présentation

Première méthode

Deuxième méthode plus abrégée

Troisième méthode

Quatrième méthode

Cinquième méthode

 

LE SECRET ADMIRABLE DU TRÈS SAINT ROSAIRE

POUR SE CONVERTIR ET SE SAUVER

PRESENTATION

ROSE BLANCHE

[1][1] Ministres du Très-Haut, prédicateurs de la vérité, trompettes de l’Évangile, permettez-moi de vous présenter la rose blanche de ce petit livre pour mettre en votre coeur et en votre bouche les vérités qui y sont exposées simplement, sans politesse.

En votre coeur, pour entreprendre vous-mêmes la sainte pratique du Rosaire et en goûter les fruits.

En votre bouche, pour précher aux autres l’excellence de cette sainte pratique et les convertir par ce moyen. Prenez garde, s’il vous plait, de regarder comme le vulgaire, et même comme plusieurs savants orgueilleux, cette pratique comme petite et de peu de conséquence ; elle est vraiment grande, sublime et divine. C’est le ciel qui nous l’a donnée, il l’a donnée pour convertir les pécheurs les plus endurcis et les hérétiques les plus obstinés. Dieu y a attaché la grâce dans cette vie et la gloire dans l’autre. Les saints l’ont pratiquée et les souverains Pontifes l’ont autorisée.

Oh ! qu’un prêtre et un directeur des âmes est heureux, à qui le Saint-Esprit a révélé ce secret inconnu de la plus grande partie des hommes ou qui ne le connaissent que superficiellement ! S’il en reçoit la connaissance pratique, il le récitera tous les jours et le fera réciter aux autres. Dieu et sa sainte Mère verseront abondamment la grâce en son âme pour être un instrument de sa gloire ; et il fera plus de fruit par sa parole, quoique simple, en un mois, que les autres prédicateurs en plusieurs années.

[2] Ne nous contentons donc pas, mes chers confrères, de le conseiller aux autres ; il faut que nous le pratiquions nous-mêmes. Nous pourrons être convaincus dans l’esprit de l’excellence du saint Rosaire, mais comme nous ne le pratiquerons point, on se mettra fort peu en peine de ce que nous conseillerons, car personne ne donne ce qu’il n’a pas : Coepit Jesus facere et docere[2]. Imitons Jésus-Christ, qui a commencé par faire ce qu’il a enseigné. Imitons l’Apôtre, qui ne connaissait et ne prêchait que Jésus-Christ crucifié.

C’est ce que nous ferons en prêchant le saint Rosaire qui, comme vous verrez ci-après, n’est pas seulement une composition de Pater et d’Ave, mais un divin abrégé des mystères de la vie, de la passion, de la mort et la gloire de Jésus et Marie.

Si je croyais que l’expérience que Dieu m’a donnée de l’efficace de la prédication du saint Rosaire pour convertir les âmes pût vous déterminer à prêcher le saint Rosaire malgré la mode contraire des prédicateurs, je vous dirais les conversions merveilleuses que j’ai vues arriver en prêchant le saint Rosaire ; mais je me contente de vous rapporter[3] en cet abrégé quelques histoires anciennes et bien approuvées. J’ai seulement, en votre faveur, inséré plusieurs passages latins tirés de bons auteurs qui prouvent ce que j’explique au peuple en français.

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Notes

[1] Dans le  manuscrit, les numéros 1 à 8 se trouvent vers la fin du volume, pages 202-213; Montfort a sans doute composé son introduction, après l’exposé de détails. Il a semblé utile de reporter ces pages à leur vraie place, en introduction.

[2] Ac 1, 1.

[3] Montfort avait écrit d’abord : « Mais je me contente de vous rapporter… une histoire plus ancienne rapportée par de bons auteurs et arrivée en 1497 dans la ville de Noyon… »