Le secret admirable du Très Saint Rosaire (21) – la prière de l’Ave Maria, suite – St Louis-Marie Grignion de Montfort
19e ROSE
[53] Il est écrit : « Donnez et l’on vous donnera. » Prenons la comparaison du bienheureux Alain : « Si je vous donnais chaque jour cent cinquante diamants, quand vous seriez mon ennemi, ne me pardonneriez-vous pas ? Ne me feriez-vous pas comme un ami toutes les grâces que vous pourriez ? Voulez-vous vous enrichir des biens de la grâce et de la gloire ? Saluez la sainte Vierge, honorez votre bonne Mère. »
Sicut qui thesaurizat, ita te qui honorificat matrem (Si 3,5). Celui qui honore sa Mère, la sainte Vierge, est semblable à un homme qui amasse des trésors. Présentez-lui chaque jour au moins cinquante Ave Maria dont chacun contient quinze pierres précieuses, qui lui sont plus agréables que toutes les richesses de la terre. Que ne devez-vous pas attendre de sa libéralité ? Elle est notre Mère et notre amie. Elle est l’impératrice de l’univers qui nous aime plus que toutes les mères et les reines ensemble n’ont aimé un homme mortel. Car, dit saint Augustin, la charité de la Vierge Marie excède tout l’amour naturel de tous les hommes et de tous les anges.
[54] Un jour, Notre-Seigneur apparut à sainte Gertrude comptant des pièces d’or ; elle eut la hardiesse de lui demander ce qu’Il comptait. « Je compte, lui répondit Jésus-Christ, tes Ave Maria, c’est la monnaie dont on achète mon paradis. »
Le dévot et le docte Suarez, de la Compagnie de Jésus, estimait tant le mérite de la Salutation angélique, qu’il disait qu’il aurait volontiers donné toute sa science pour le prix d’un Ave Maria bien dit.
[55] « Que celui qui vous aime, ô divine Marie, lui dit le bienheureux Alain de la Roche, écoute et goûte : Le ciel est dans la joie, la terre est dans l’admiration, toutes les fois que je dis : Ave Maria ; j’ai le monde en horreur, j’ai l’amour de Dieu dans mon cœur, lorsque je dis : Ave Maria ; mes craintes s’évanouissent, mes passions se mortifient, quand je dis : Ave Maria ; je croîs dans la dévotion, je trouve la componction, quand je dis : Ave Maria ; mon espérance s’affermit, ma consolation s’augmente, lorsque je dis : Ave Maria ; mon esprit se réjouit, mon chagrin se dissipe, quand je dis : Ave Maria ; car la douceur de cette bénigne salutation est si grande qu’on n’a point de terme pour l’expliquer comme il faut, et après qu’on en aura dit des merveilles, elle demeure encore si cachée et si profonde qu’on ne la peut découvrir. Elle est courte en paroles, mais grande en mystères ; elle est plus douce que le miel et plus précieuse que l’or ; il faut très fréquemment l’avoir dans le cœur pour la méditer, et dans la bouche pour la lire et la répéter dévotement. »
Le même bienheureux Alain rapporte, au chapitre 69 de son psautier, qu’une religieuse très dévote au Rosaire apparut après sa mort à une de ses sœurs et lui dit : « Si je pouvais retourner dans mon corps pour dire seulement un Ave Maria, quoique sans beaucoup de ferveur, pour avoir le mérite de cette prière, je souffrirais volontiers tout de nouveau toutes les douleurs que j’ai souffertes avant de mourir. » Il faut remarquer qu’elle avait souffert plusieurs années sur son lit des douleurs violentes.
[56] Michel de Lisle, évêque de Salubre, disciple et collègue du bienheureux Alain de la Roche dans le rétablissement du saint Rosaire, dit que la Salutation angélique est le remède à tous les maux qui nous affligent, pourvu que nous la récitions dévotement en l’honneur de la sainte Vierge.