Le secret admirable du Très Saint Rosaire (25) – Le Rosaire mémorial de la vie et de la Passion de Jésus – St Louis-Marie Grignion de Montfort

23e ROSE LE ROSAIRE MÉMORIAL DE LA VIE ET DE LA MORT DE JÉSUS

[68] Jésus-Christ, le divin Époux de nos âmes, notre très doux ami, Jésus désire que nous nous souvenions de ses bienfaits et que nous les estimions sur toutes choses ; il a une joie accidentelle, aussi bien que la sainte Vierge avec tous les saints du paradis, lorsque nous méditons dévotement et avec affection sur les mystères sacrés du Rosaire, qui sont les effets les plus signalés de son amour pour nous et les plus riches présents qu’il puisse nous faire, puisque c’est par de tels présents que la sainte Vierge même et tous les saints jouissent de la gloire.

La bienheureuse Angèle de Foligno pria un jour Notre-Seigneur de lui enseigner à quel exercice elle l’honorerait le plus. Il lui apparut attaché à la croix et lui dit : « Ma fille, regarde mes plaies. » Elle apprit de ce très aimable Sauveur que rien ne lui est plus agréable que la méditation de ses souffrances. Ensuite il lui découvrit les blessures de sa tête et plusieurs circonstances de ses tourments et lui dit : « J’ai souffert tout cela pour ton salut, que peux-tu faire qui égale mon amour pour toi ? »

[69] Le saint sacrifice de la messe honore infiniment la très sainte Trinité, parce qu’il représente la passion de Jésus-Christ et que nous y offrons les mérites de son obéissance, de ses souffrances et de son sang. Toute la cour céleste en reçoit aussi une gloire accidentelle, et plusieurs docteurs, avec saint Thomas, nous disent, pour la même raison, qu’elle se réjouit de la communion des fidèles, parce que le Saint-Sacrement est un mémorial de la passion et de la mort de Jésus-Christ, et que, par ce moyen, les hommes participent à ses fruits et avancent l’affaire de leur salut.

Or, le saint Rosaire, récité avec la méditation des mystères sacrés, est un sacrifice de louanges à Dieu pour le bienfait de notre Rédemption et un dévot souvenir des souffrances, de la mort, de la gloire de Jésus-Christ. Il est donc vrai que le Rosaire cause une gloire, une joie accidentelle à Jésus-Christ, à la sainte Vierge et à tous les bienheureux, car ils ne désirent rien de plus grand, pour notre bonheur éternel, que de nous voir occupés à un exercice aussi glorieux à notre Sauveur et aussi salutaire pour nous.

[70] L’Évangile nous assure qu’un pécheur qui se convertit et fait pénitence cause de la joie à tous les anges. Si c’est assez pour réjouir les anges qu’un pécheur quitte ses péchés et en fasse pénitence, quelle joie, quelle jubilation sera-ce pour toute la cour céleste, quelle gloire pour Jésus-Christ même, de nous voir sur la terre, méditer dévotement et avec amour sur ses abaissements, sur ses tourments, sur sa mort cruelle et ignominieuse?  Y a-t-il rien de plus efficace, pour nous toucher et nous porter à une sincère pénitence ?

Le chrétien qui ne médite pas sur les mystères du Rosaire montre une grande ingratitude pour Jésus-Christ et le peu d’estime qu’il fait de tout ce que le divin Sauveur a souffert pour le salut du monde. Sa conduite semble dire qu’il ignore la vie de Jésus-Christ, qu’il se met fort peu en peine d’apprendre ce qu’il a fait, ce qu’il a souffert pour nous sauver. Ce chrétien doit fort craindre que, n’ayant pas connu Jésus-Christ, ou que l’ayant mis en oubli, Il ne le rejette au jour du jugement avec ce reproche : « Je vous dis en vérité que je ne vous connais point. » (Mt 25,12) Il

Méditons donc sur la vie et les souffrances du Sauveur par le saint Rosaire, apprenons à le bien connaître et à reconnaître ses bienfaits, afin qu’il nous reconnaisse pour ses enfants et pour ses amis au jour du jugement.