Le secret admirable du Très Saint Rosaire (26) – La méditation de Mystères – St Louis-Marie Grignion de Montfort
24e ROSE
LA MÉDITATION DES MYSTÈRES DU ROSAIRE EST UN GRAND MOYEN DE PERFECTION
[71] Les saints faisaient leur principale étude de la vie de Jésus-Christ, ils ont médité sur ses vertus et sur ses souffrances, et, par ce moyen, ils sont arrivés à la perfection chrétienne. Saint Bernard a commencé par cet exercice, qu’il a toujours continué. « Dès le commencement de ma conversion, dit-il, je fis un bouquet de myrrhe composé des douleurs de mon Sauveur ; je mis ce bouquet sur mon cœur, pensant aux fouets, aux épines et aux clous de la passion. J’appliquai tout mon esprit à méditer tous les jours sur ces mystères. »
C’était aussi l’exercice des saints martyrs ; nous admirons comment ils ont triomphé des plus cruels tourments. D’où pouvait venir cette admirable constance des martyrs, dit saint Bernard, sinon des plaies de Jésus-Christ, sur lesquelles ils faisaient leur plus fréquente méditation ? Où était l’âme de ces généreux athlètes, lorsque leur sang coulait et que leur corps était broyé par les supplices ? Leur âme était dans les plaies de Jésus-Christ et ces plaies les rendaient invincibles
[72] La très sainte Mère du Sauveur ne s’est occupée toute sa vie qu’à méditer sur les vertus et les souffrances de son Fils. Lorsqu’elle entendit les anges chanter à sa naissance leur cantique d’allégresse, lorsqu’elle vit les pasteurs l’adorer dans l’étable, son esprit fut rempli d’admiration et elle méditait sur toutes ces merveilles. Elle comparait les grandeurs du Verbe incarné à ses profonds abaissements ; la paille et la crèche, à son trône et au sein de son Père ; la puissance d’un Dieu, à la faiblesse d’un enfant ; sa sagesse, à sa simplicité.
La sainte Vierge dit un jour à sainte Brigitte : « Lorsque je contemplais la beauté, la modestie, la sagesse de mon Fils, mon âme était transportée de joie, et lorsque je considérais ses mains et ses pieds qu’on percerait avec des clous, je versais un torrent de larmes, le cœur me fendait de tristesse et de douleur. »
[73] Après l’Ascension de Jésus-Christ, la sainte Vierge passa le reste de sa vie à visiter les lieux que ce divin Sauveur avait sanctifiés par sa présence et par ses tourments. Là, elle méditait sur l’excès de sa charité et sur les rigueurs de sa passion. C’était encore l’exercice continuel de Marie-Madeleine pendant les trente années qu’elle vécut dans la Sainte-Baume. Enfin saint Jérôme dit que c’était la dévotion des premiers fidèles. De tous les pays du monde ils venaient en Terre Sainte pour graver plus profondément dans leurs cœurs l’amour et le souvenir du Sauveur des hommes, par la vue des objets et des lieux qu’il avait consacrés par sa naissance, par ses travaux, par ses souffrances et par sa mort.
[74] Tous les chrétiens n’ont qu’une foi, n’adorent qu’un Dieu, n’espèrent qu’une même félicité dans le ciel ; ils ne connaissent qu’un médiateur qui est Jésus-Christ ; tous doivent imiter ce divin modèle, et pour cela considérer les mystères de sa vie, de ses vertus et de sa gloire. C’est une erreur de s’imaginer que la méditation des vérités de la foi et des mystères de la vie de Jésus-Christ ne regarde que les prêtres, les religieux et ceux qui se sont retirés des embarras du monde. Si les religieux et les ecclésiastiques sont obligés de méditer sur les grandes vérités de notre sainte religion pour répondre dignement à leur vocation, les gens du monde y sont au moins autant obligés, à cause des dangers où ils sont tous les jours de se perdre. Ils doivent donc s’armer du fréquent souvenir de la vie, des vertus et des souffrances du Sauveur, que nous représentent les quinze mystères du saint Rosaire.
Pour lire l’introduction et consulter le plan de l’ouvrage de Grignion de Montfort, cliquer ici.