La perle précieuse du Saint Rosaire pour la paix du monde

« Car où est ton trésor, là aussi sera ton cœur… » 

Matthieu 6,21

 

A l’approche du 7 octobre, Fête de Notre Dame du Rosaire, il est urgent d’imiter le négociant de l’Evangile : « Quand il a trouvé une perle de grande valeur, il va vendre tout ce qu’il possède et achète cette perle ! » (Mt 13,45). Mais avons-nous découvert que le Rosaire est cette « perle unique » de la vie chrétienne et ce « trésor sans fond » de l’Evangile, caché en notre cœur ? Il faut se souvenir ici de la première Apparition de Notre Dame à Fatima à travers le regard de la petite Jacinta :

« La Dame avait les mains jointes, comme ceci – et Jacinta se levait et joignait les mains pour imiter la vision – Entre les doigts, elle avait un chapelet. Ah ! quel beau chapelet elle avait !… tout en or, brillant comme les étoiles de la nuit, et un Crucifix qui brillait, qui brillait… Ah ! quelle belle Dame[1] ! »

Cependant, toute splendide qu’elle soit, cette première Apparition n’est pas sans surprise !

Lucie manifeste à la Vierge son étonnement que Francisco ne voit, ni n’entende rien ? La Dame se tourna alors vers le petit garçon et le regarda avec une expression mêlée de bonté et de maternel reproche :

  • « Oui, il ira ; mais il devra dire beaucoup de chapelets ! »

En effet, il faut savoir que Francisco ne priait pas assez le chapelet et l’avait délibérément « raccourci[2] » ! Alors, quand Lucia se plaint à la Vierge que Francisco ne la voit pas, la réponse de la Dame est précise :

  • « Dis-lui de réciter le chapelet et il me verra aussi ! »

Lucia fait la commission et Francisco commence à réciter le chapelet… Après quelques Ave Maria, il voit tout à coup la Dame dont l’éclat l’éblouit ! Par contre, il ne l’entend pas et il restera silencieux et méditatif. Ce n’est qu’après le départ de la Vierge qu’il se fera répéter ses paroles par Jacinta et Lucia. Et quand cette dernière lui dit que Notre Dame l’emmènerait au Ciel, mais qu’il devrait prier beaucoup de chapelets, il s’exclama :

  • « O, ma Notre-Dame, des chapelets, j’en réciterai autant que vous le voudrez ! »

C’est une promesse à laquelle il restera très fidèle car, dans sa si belle âme, on le verra au quotidien dire seul de nombreux chapelets ! Nous ressemblons tous à Francisco et face à nos fragilités, nous avons à rebondir comme lui dans un esprit de conversion évangélique en nous confiant fort à la Vierge…

Nous n’avons pas encore saisi le mystère de puissance du Rosaire, cette prière qui peut changer nos vies et transformer le monde ! Car il y a un secret dans la récitation de cette prière mariale qui nous emporte dans l’immense vague de l’Esprit « cachée » dans la simplicité de la répétitivité… une sorte de corde sacrée vers l’au-delà à laquelle on s’accroche et nous ouvre déjà les portes du Ciel !

Le monde des Saints et Saintes l’a transpiré merveilleusement et il n’est qu’à les écouter pour le découvrir… car en priant le Rosaire, on découvre comme eux que « Marie est comme un beau fleuve qui, sans réserve et dans la plénitude de son flot, s’écoule vers Dieu. Tout ce qui s’abandonne à son maternel courant s’écoule vers ce terme divin de la façon la plus sûre, la plus complète, la plus rapide… Toute âme livrée à Marie marche et s’écoule vers l’Océan infini de l’Amour !… Le Rosaire, c’est un enchaînement d’amour de Marie à la Trinité[3] ! »

Le Rosaire est donc l’arme secrète des enfants de Marie pour préparer le retour de Jésus. Il est l’arme infaillible des derniers temps : prenons conscience que nous avons entre les mains et dans cette prière du cœur « une arme fatale, un laser imparable, une invincible douceur. » En ce temps où pèse la terrible menace d’une troisième et fatale guerre mondiale, le Rosaire est « l’arme des doux » pour vaincre le plan de Satan vers l’apocalypse nucléaire ! Et vu la situation extrême où nous sommes arrivés au Moyen orient ou en Ukraine, le Rosaire est notre premier engagement de prière intense pour la paix du monde ! Alors, n’oublions pas « l’alerte » que nous a donné Lucie de Fatima :

« Depuis que la très Sainte Vierge a donné une grande efficacité au chapelet, il n’y a pas de problème matériel ou spirituel, national ou international, qui ne puisse être résolu par le chapelet et nos sacrifices ! »

+M Mickaël

 

[1] Témoignages sur les Apparitions de Fatima, par le Père De Marchi, Fatima, Ediçoes Missoés Consolata, 2000, p.60.

[2] « D’après ce que nous a dit Mr Marto, le père de Jacinta et Francisco… il semble que c’est Francisco qui avait imaginé la manière expéditive de se débarrasser du chapelet », Père De Marchi, Témoignages sur les Apparitions de Fatima, Ediçoes Missoes Consolata, 2000, p.56.

[3] Père Vayssières, Le Rosaire, Traditions monastiques 2018, p.12-13.




L’Apparition de la Très-Sainte-Vierge sur la Montagne de La Salette le 19 septembre 1846

Nous reproduisons une revue parue en 2006 (l’Impartial n°199), publiée par le Père Michel Corteville, spécialiste de La Salette.

L’Apparition de la Très-Sainte-Vierge sur la Montagne de La Salette

le 19 septembre 1846

Récit de Mélanie complété par Maximin

Imprimatur de l’évêché de Lecce, Italie, 1879. Sur la couverture, ce titre est suivi de la parole du message : « Eh bien! Mes enfants, vous le ferez passer à tout mon Peuple. »

1. la rencontre des deux bergers

Le 18 septembre, veille de la Sainte Apparition de la Sainte Vierge, j’étais seule, comme à mon ordinaire, à garder les vaches de mes Maîtres. Vers les onze heures du matin, je vis venir auprès de moi un petit garçon. A cette vue je m’effrayai, parce qu’il me semblait que tout le monde devait savoir que je fuyais toutes sortes de compagnies. Cet enfant s’approcha de moi et me dit : « Petite, je viens avec toi, je suis aussi de Corps. » A ces paroles, mon mauvais naturel se lit bientôt voir, et, faisant quelques pas en arrière, je lui dis : « Je ne veux personne, je veux rester seule. » Mais cet enfant me suivait en me disant : « Va, laisse-moi avec toi, mon Maître m’a dit de venir garder mes vaches avec les tiennes : je suis de Corps. » Moi, je m’éloignai de lui, en lui faisant signe que je ne voulais personne, et, après m’être éloignée, je m’assis sur le gazon. Là, je faisais ma conversation avecles petites fleurs du Bon Dieu. Un moment après, je regarde derrière moi, et je trouve Maximin assis tout près de moi. Il me dit aussitôt: « Garde-moi, je serai bien sage. » Mais mon mauvais naturel n’entendit pas raison. Je me relève avec précipitation et je m’enfuis un peu plus loin sans rien lui dire, et je me remis à jouer avec les petites fleurs du Bon Dieu. Un instant après, Maximin était encore là, à me dire qu’il serait bien sage, qu’il ne parlerait pas, qu’il s’ennuierait d’être tout seul, et que son Maître renvoyait près de moi, etc …
Cette fois, j’en eus pitié, je lui fis signe de s’asseoir, et, moi, je continuai avec les petites fleurs du Bon Dieu. Maximin ne tarda pas à rompre le silence, il se mit à rire (je crois qu’il se moquait de mai), je le regarde et il me dit : « Amusons-nous, faisons un jeu. » Je ne lui répondis rien, car j’étais si ignorante que je ne comprenais rien au jeu avec une autre personne, ayant toujours été seule. Je m’amusais avec les fleurs, toute seule, et Maximin, s’approchant tout à fait de moi ne faisait que rire en me disant que les fleurs n’avaient pas d’oreilles pour m’entendre et que nous devions jouer ensemble. Mais je n’avais aucune inclination pour le jeu qu’il me disait de faire. Cependant je me mis à lui parler, et il me dit que les dix jours qu’il devait passer avec son Maitre allaient bientôt finir et qu’ensuite il s’en irait à Corps chez son père, etc… Tandis qu’il me parlait, la cloche de la Salette se fit entendre, c’était l’Angelus ; je fis signe à Maximin d’élever son âme à Dieu. Il se découvrit la tête et garda un moment le silence. Ensuite je lui dis :  » Veux-tu dîner ?  – Oui, me répondit-il. Allons.  »


Nous nous assîmes, je sortis de mon sac les provisions que m’avaient données mes Maîtres et, selon mon habitude, avant d’entamer mon petit pain rond, avec la pointe de mon couteau je fis une croix sur mon pain, et, au milieu, un petit trou, en disant « Si le diable y est qu’il en sorte, et si le Bon Dieu y est qu’il y reste ! » et vite, vite, je recouvris le petit trou. Maximin partit d’un grand éclat de rire et donna un coup de pied à mon pain, qui s’échappa de mes mains, roula jusqu’au bas de la montagne et se perdit. J’avais un autre morceau de pain ; nous le mangeâmes ensemble ; ensuite nous fîmes un jeu ; puis, comprenant que Maximin devait avoir besoin de manger, je lui indiquai un endroit de la montagne couvert de petits fruits. Je l’engageai à aller en manger, ce qu’il fit aussitôt ; il en mangea et en rapporta plein son chapeau. Le soir nous descendîmes ensemble de la montagne et nous nous promîmes de revenir garder nos vaches ensemble.

[Deuxième rencontre: le jour de l’apparition]

Le lendemain, 19 septembre, je me retrouvai en chemin avec Maximin. Nous gravissions ensemble la montagne. Je trouvais que Maximin était très bon, très simple, et que volontiers il parlait de ce dont je voulais parler, il était aussi très souple, ne tenant pas à son sentiment ; il était seulement un peu curieux ; car, quand je m’éloignais de lui, dès qu’il me voyait arrêtée, il accourait vite pour voir ce que je faisais et entendre ce que je disais avec les fleurs du Bon Dieu ; et s’il n’arrivait pas à temps, il me demandait ce que j’avais dit. Maximin me dit de lui apprendre un jeu. La matinée était déjà avancée. Je lui dis de ramasser des fleurs pour faire le « Paradis ». Nous nous mimes tous les deux à l’ouvrage ; nous eûmes bientôt une quantité de fleurs de diverses couleurs. L’Angélus du village se fit entendre, car le ciel était beau, il n’y avait pas de nuages. Après avoir dit au Bon Dieu ce que nous savions, je dis à Maximin que nous devions conduire nos vaches sur un petit plateau près du ravin, où il y aurait des pierres pour bâtir le « Paradis ». Nous conduisîmes nos vaches au lieu désigné, et ensuite nous prîmes notre petit repas ; puis nous nous mimes à porter des pierres et à construire notre petite maison,- qui consistait en un rez-de-chaussée qui, soi disant, était notre habitation, puis un étage au-dessus qui était selon nous le « Paradis ». Cet étage
était tout garni de fleurs de différentes couleurs, avec des couronnes suspendues par des tiges de fleurs. Ce « Paradis » était couvert d’une seule et large pierre que nous avions recouverte de fleurs ; nous avions aussi suspendu des couronnes tout autour. Le « Paradis » terminé nous le regardions ; le sommeil nous vint, nous nous éloignâmes de là à environ deux pas, et nous nous endormîmes sur le gazon.

La Belle Dame s’assied sur notre Paradis, sans le faire croûler… »

Maximim, de son côté, commence le récit par une prière :

 » Très Sainte Vierge Marie Immaculée, Notre-Dame de La Salette, permettez-moi de venir déposer à vos pieds ces quelques pages ; faites qu’aujourd’hui que je suis devenu homme, ma voix soit aussi pure, aussi véridique que le 19 septembre 1846, quand je descendis de votre sainte montagne pour annoncer, à tout Votre Peuple, la grande nouvelle dont vous m’avez chargé. Je n’aurais jamais écrit, bonne et très excellente Mère, si l’on ne mettait point en doute mon témoignage, si l’on ne le tournait point contre vous-même, si l’on ne me prêtait point des paroles lorsque je garde le plus profond silence. Je vous prie et je vous supplie, ô très sainte Vierge Marie, implorée sous votre titre de Notre-Dame de La Salette, de m’accorder, jusqu’à la fin de mes jours, la grâce de confesser votre apparition, comme tous les témoins de l’Eglise ont fait pour la divinité même de Notre-Seigneur Jésus-Christ. »

Maximin enchaîne avec le récit :
« II est midi. Ce n’est point l’heure des ténèbres si favorable aux illusions ; le ciel est serein ; les nuages dans leurs formes étranges ne nous feront voir aucun fantôme ; le soleil brille du plus vif éclat ; il sera facile aux deux témoins de comparer sa splendeur avec celle de la très sainte Vierge. Je dis ces choses, car, pour le plaisir de nous combattre, quelles hypothèses n’a-t-on pas inventées ? Assis au sommet de la Sainte Montagne, sur des pierres placées les unes sur les autres et formant une espèce de banc, près d’une fontaine tarie qui a coulé le jour même, qui depuis coule toujours et porte le nom de fontaine miraculeuse, Mélanie et moi faisons notre frugal repas. Nos vaches boivent et se dispersent. Fatigué, je m’étends sur le gazon et je dors. Quelques instants après j’entends la voix de Mélanie m’appelant : Mémin (diminutif de Maximin), Mémin, viens vite que nous allions voir où sont nos vaches. Je me réveille en sursaut, je saisis mon bâton et je suis Mélanie qui me servait de guide. Nous franchissons la Sézia, nous gravissons rapidement le versant d’un monticule et nous apercevons sur l’autre versant, nos bestiaux qui reposaient tranquillement.

II. Début de l’apparition

Nous revenions vers le banc de pierre où nous avions laissé nos panetières quelques instants auparavant, quand tout à coup Mélanie s’arrête, son bâton lui échappe des mains ; effrayée, elle se tourne vers moi en disant :
– Vois-tu là-bas cette grande lumière ?
– Oui, je la vois, lui répondis-je ; mais va, prends ton bâton.
Et alors brandissant le mien avec menace :
– Si elle nous touche, ajoutai-je, je lui en donnerai un bon coup.
Cette lumière, devant laquelle celle du soleil semble pâlir, parait s’entrouvrir et nous distinguons dans son intérieur la forme d’une dame encore plus brillante. Elle avait l’attitude d’une personne profondément affligée ; elle était assise sur l’une des pierres du petit banc, les coudes appuyés sur ses genoux et le visage caché dans ses mains.


Quoique à une distance de vingt mètres environ, nous entendons une voix douce comme si elle sortait d’une bouche voisine de nos oreilles, disant ;
– Avancez, mes enfants, n’ayez pas peur, je suis ici pour vous annoncer une grande nouvelle .
La crainte respectueuse qui nous avait tenus en arrêt s’évanouit ; nous courons à elle comme à une bonne et très excellente mère. »

Reprise du récit de Mélanie :
« Ces douces et suaves paroles me firent voler jusqu’à elle, et mon cœur aurait voulu se coller à elle pour toujours. Arrivée bien près de la Belle Dame, devant elle à sa droite, elle commence le discours, et des larmes commencent aussi à couler de ses beaux yeux :
« Si mon peuple ne veut pas se soumettre, je suis forcée de laisser aller la main de mon Fils. Elle est si lourde et pesante que je ne puis plus la retenir. Depuis le temps que je souffre pour vous autres ! Si je veux que mon Fils ne vous abandonne pas, je suis chargée de le prier sans cesse. Et, pour vous autres, vous n’en faites pas cas. Vous aurez beau prier, beau faire, jamais vous ne pourrez récompenser la peine que j’ai prise pour vous autres.
Je vous ai donné six jours pour travailler, je me suis réservé le septième, et on ne veut pas me l’accorder. C’est ce qui appesantit tant le bras de mon Fils.
Ceux qui conduisent les charrettes ne savent pas parler sans y mettre le nom de mon Fils au milieu.
Ce sont les deux choses qui appesantissent tant le bras de mon Fils. Si la récolte se gâte, ce n’est qu’à cause de vous autres. Je vous l’ai fait voir l’année passée par les pommes de terre, vous n’en avez pas fait cas ; c’est au contraire quand vous en trouviez de gâtées, vous juriez, et vous mettiez le nom de mon Fils. Elles vont continuer à se gâter, à la Noël il n y en aura plus.  »
Ici je cherchais à interpréter la parole : pommes de terre ; je croyais comprendre que cela signifiait : pommes. La Belle et Bonne Dame, devinant ma pensée reprit ainsi.
« Vous ne comprenez pas, mes enfants, je vais vous le dire autrement.  »
La traduction en français [du discours que la Vierge continue maintenant en patois] est celle-ci :
« Si la récolte se gâte, ce n’est rien que pour vous autres ; je vous l’ai fait voir l’année passée par les pommes de terre, et vous n’en avez pas fait cas ; c’était, au contraire, quand vous en trouviez de gâtées, vous juriez et vous mettiez le nom de mon Fils. Elles vont continuer à se gâter et, à la Noël, il n’y en aura plus. Si vous avez du blé, il ne faut pas le semer. Tout ce que vous sèmerez, les bêtes le mangeront, et ce qui viendra tombera tout en poussière quand vous le battrez. Il viendra une grande famine. Avant que la famille vienne, les petits enfants au-dessous de sept ans, prendront
un tremblement et mourront entre les mains des personnes qui les tiendront ; les autres feront pénitence par la faim. Les noix deviendront mauvaises ; les raisins pourriront.  »

Ici, la Belle Dame, qui me ravissait, resta un moment sans se faire entendre ; je voyais cependant qu’elle continuait comme si elle parlait, de remuer gracieusement ses aimables lèvres. Maximin recevait alors son secret.

A suivre…

 




St Louis-Marie Grignion de Montfort, Le secret admirable du Très Saint Rosaire – Merveilles obtenues par le Rosaire, 37e rose

[37e ROSE]

[110] Un seigneur qui avait plusieurs enfants mit une de ses filles dans un monastère entièrement déréglé, où les religieuses ne respiraient que la vanité et les plaisirs. Le confesseur, homme fervent et dévot au saint Rosaire, désirant d’abord conduire cette jeune religieuse dans les pratiques d’une meilleure vie, lui ordonna de réciter tous les jours le Rosaire en l’honneur de la sainte Vierge, méditant la vie, la passion et la gloire de Jésus-Christ. Elle agréa fort cette dévotion ; peu à peu elle eut du dégoût du dérèglement de ses sœurs ; elle commença à aimer le silence et l’oraison, malgré les mépris et les railleries des autres, qui la traitaient de bigote.

En ce temps-là, un saint abbé, étant allé faire la visite dans ce monastère, eut une étrange vision, en son oraison ; il lui sembla voir une religieuse dans sa chambre, en oraison, devant une grande dame « d’une beauté admirable accompagnée d’une troupe d’anges, lesquels à coup de dards enflammés chassaient une multitude de démons qui voulaient entrer. Et ces esprits malins s’enfuyaient aux chambres des autres religieuses, sous la figure de sales animaux, pour les exciter au péché auquel plusieurs donnaient entrée.

L’abbé connut, par cette vision, l’état malheureux de ce monastère et pensa mourir de tristesse ; il fit venir la jeune religieuse et l’exhorta à la persévérance. En faisant réflexion sur l’excellence du Rosaire, il prit dessein de réformer ces religieuses par cette dévotion. Il acheta de beaux rosaires qu’il donna à toutes les religieuses, les persuadant de le réciter tous les jours et leur promit, si elles voulaient bien le faire, de ne les contraindre jamais de se réformer. Elles reçurent agréablement ces rosaires et promirent de les réciter à cette condition. (Chose admirable!) Peu à peu, elles quittèrent leurs vanités, se portèrent au silence et à la récollection, et en moins d’un an, elles demandèrent toutes la réforme. Le Rosaire opéra plus sur leurs cœurs que l’abbé n’aurait pu gagner par ses exhortations et son autorité.

Pour lire l’introduction et consulter le plan de l’ouvrage de Grignion de Montfort, cliquer ici.




Thérèse de l’Enfant Jésus et la Vierge Marie

« On la montre inabordable, il faudrait la montrer imitable »

 

Le mois d’octobre est appelé dans l’Église le mois du Rosaire. Une fête mariale nous rappelle cela le 7 octobre : Notre Dame du Rosaire. Une autre fête nous oriente vers Marie, celle de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, le 1er octobre. Voici un texte de sa main qui peut nous parler :

« Elle vivait de foi comme nous. Que j’aurais bien voulu être prêtre pour prêcher sur la Sainte Vierge ! Une seule fois m’aurait suffi pour dire tout ce que je pense à ce sujet.
J’aurais d’abord fait comprendre à quel point on connaît peu sa vie. Il ne faudrait pas dire des choses invraisemblables ou qu’on ne sait pas ; par exemple que, toute petite, à trois ans, la Sainte Vierge est allée au Temple s’offrir à Dieu avec des sentiments brûlants d’amour et tout à fait extraordinaires ; tandis qu’elle y est peut-être allée tout simplement pour obéir à ses parents…

Pour qu’un sermon sur la Sainte Vierge me plaise et me fasse du bien, il faut que je voie sa vie réelle, pas sa vie supposée ; et je suis sûre que sa vie réelle devait être toute simple. On la montre inabordable, il faudrait la montrer imitable, faire ressortir ses vertus, dire qu’elle vivait de foi comme nous, en donner des preuves par l’Évangile où nous lisons : “Ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait” (Lc 2,50). Et cette autre, non moins mystérieuse : “Ses parents étaient dans l’admiration de ce qu’on disait de lui” (Lc 2,33). Cette admiration suppose un certain étonnement, ne trouvez-vous pas ?

On sait bien que la Sainte Vierge est la Reine du Ciel et de la terre, mais elle est plus mère que reine, et il ne faut pas dire à cause de ses prérogatives qu’elle éclipse la gloire de tous les saints, comme le soleil à son lever fait disparaître les étoiles. Mon Dieu ! que cela est étrange ! Une mère qui fait disparaître la gloire de ses enfants ! Moi je pense tout le contraire, je crois qu’elle augmentera de beaucoup la splendeur des élus. C’est bien de parler de ses prérogatives, mais il ne faut pas dire que cela… Qui sait si quelque âme n’irait pas même jusqu’à sentir alors un certain éloignement pour une créature tellement supérieure et ne se dirait pas : “Si c’est cela, autant aller briller comme on pourra dans un petit coin”.

Ce que la Sainte Vierge a de plus que nous, c’est qu’elle ne pouvait pas pécher, qu’elle était exempte de la tache originelle, mais d’autre part, elle a eu bien moins de chance que nous, puisqu’elle n’a pas eu de Sainte Vierge à aimer, et c’est une telle douceur de plus pour nous. »

 




Quand le Ciel confirme la dévotion du Rosaire

A l’occasion du mois du Rosaire et à l’approche de la fête de Notre-Dame du Rosaire le 7 octobre, faisons mémoire des merveilles opérées par la prière du Rosaire…

Un jour que saint Dominique prêchait en présence du duc de Bretagne, de toute la cour et d’un peuple immense, il assura, d’après une révélation personnelle, qu’aucun hommage, si ce n’est l’Office divin et l’adorable Sacrifice, n’était si agréable à Jésus et à Sa Mère, que la récitation fervente du Rosaire de Marie. Cette assertion parut exagérée à son nombreux auditoire; mais Dieu en prit la défense, et voici comment.

Après le sermon, Dominique célébra la sainte Messe en présence de la multitude. Or qu’arriva-t-il ? Le Saint y fut ravi en extase ; on le vit s’élever au-dessus du sol, et demeurer ainsi suspendu en l’air pendant toute une heure, le visage enflammé d’un feu divin. À la consécration, quand il éleva la sainte hostie, tout le peuple y vit clairement apparaître la Vierge Mère avec son divin Enfant qu’elle tenait dans ses bras. Quand il éleva le calice, on vit le Rédempteur couvert de plaies, transpercé, en proie à toutes les douleurs de sa Passion, tel qu’Il avait été au Calvaire. Vers la fin de la messe, une éblouissante lumière environna l’autel; et au sein de cette splendeur, le Seigneur se montra tout plein de la gloire de sa résurrection, et comme montant au ciel.

Cette vision transporta la foule; et le sacrifice terminé, Dominique remonta en chaire. Il expliqua à ses auditeurs émerveillés le sens de ces trois apparitions : la Vierge tenant l’Enfant Jésus, était la figure des Mystères joyeux; Jésus souffrant signifiait les Mystères douloureux ; et sa résurrection, les Mystères glorieux.

Il fit comprendre à toute l’assemblée combien la dévotion qui consiste à méditer ces mystères en récitant les cent cinquante Ave du Rosaire devait être agréable au Seigneur, puisqu’Il la confirmait par de tels prodiges. Tous, princes et peuples restèrent convaincus et embrassèrent avec ardeur une si excellente pratique.

 

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