« Jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche… » Lc 17, 27

 » Jusqu’au jour où Noé entra dans l’Arche… »

Luc 17,27

Dans ce passage de l’Evangile selon Saint Luc, Notre Seigneur vient nous inviter à nouveau à la « vigilance du cœur » comme il le fait si souvent dans les finales des 3 synoptiques qui nous préparent aux évènements eschatologiques : « Veillez et priez en tout temps, afin d’avoir la force d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de paraître avec assurance devant le Fils de l’homme ! » (Lc 21,36).

Trop souvent, l’Eglise contemporaine oublie la grâce de vivre dans la perspective de la fin des temps… Certes, il ne s’agit pas de céder à l’inquiétude en voulant trop « dater » des événements car Jésus nous a prévenu : « Il ne vous appartient pas de connaître les temps et les moments ! » (Ac 1,7). Cela signifie que la date secrète du jour de son retour nous invite à une « attente vigilante » de la foi comme le précise avec justesse Saint Ephrem :

« Il nous caché cela pour que nous veillons et que chacun de nous puisse penser que cet Avènement se produira durant sa vie. Si le temps de sa venue avait été révélé, vain serait son Avènement… Il a bien dit qu’il vient, mais il n’a pas précisé à quel moment ; de sorte que toutes les générations et tous les siècles ont soif de lui[1].. »

Il nous a donc caché le jour de sa venue pour que nous veillons en cette charité qui nous sanctifie jour après jour. En effet, s’Il est évident que « l’urgence évangélique » est de vivre de cet amour du Christ qui nous tourne à la fois vers le Père et le frère (1 Jn 4,16-21) ; ce mystère de la charité qui fonde l’Eglise doit être vécu dans « l’urgence évangélique » de la Parousie[2] : les temps se font court et il n’y a plus de temps à perdre !

Arrivée au seuil du grand passage vers Dieu, une Elisabeth de la Trinité l’a si bien compris et le partage à une mère[3] de famille à travers une sorte de « testament » ultime qui s’adresse autant à elle qu’à nous :

« L’heure approche où je vais passer de ce monde à mon Père, et avant de partir je veux vous envoyer un mot de mon cœur, un testament de mon âme. Jamais le Cœur du Maître ne fut si débordant d’amour qu’à l’instant suprême où Il allait quitter les siens ! (Jn 13,1). Il me semble qu’il se passe quelque chose d’analogue en sa petite épouse au soir de sa vie, et je sens comme un flot qui monte de mon cœur jusqu’au vôtre !… à la lumière de l’éternité, l’âme voit les choses au vrai point…

Oh ! comme tout ce qui n’a pas été fait pour Dieu et avec Dieu est vide ! Je vous en prie, oh, marquez tout avec le sceau de l’amour ! Il n’y a que cela qui demeure. Que la vie est quelque chose de sérieux : chaque minute nous est donnée pour nous « enraciner » plus en Dieu (Col 2,7 et Ep 3,17) … Je vous laisse ma foi en la présence de Dieu, du Dieu tout Amour habitant en nos âmes. Je vous le confie : c’est cette intimité avec Lui « au-dedans » qui a été le beau soleil irradiant ma vie, en faisant déjà comme un Ciel anticipé[4]… »     

     Le mystère de l’Eglise se déploie jour après jour en un cœur habité de cette « double passion » qui fait les Saints : Aimer follement Le Christ Sauveur en attendant son Retour et, comme Lui, aimer tout homme car « celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, ne saurait aimer Dieu qu’il ne voit pas ! » (1 Jn 4,20). Tel est la logique absolue de l’amour selon Saint Jean…

Et la conséquence tout aussi absolue « est » que si l’Eglise ne vit plus d’un amour qui adore le Maître et attend son Retour ; d’un amour qui se penche sur le plus pauvre ; d’un amour qui éblouit et attire le regard des contemporains… elle n’a plus aucun sens « prophétique » et s’identifie comme « humanitaire » : une simple ONG dite « religieuse » qui n’interpelle plus l’homme qui cherche Dieu…

C’est là que le rappel de l’Evangéliste de la tendresse de Dieu vient nous rappeler « l’urgence de la conversion » … car en ces temps de post-modernité où commence l’ère du transhumanisme, le Seigneur nous pose plus que jamais la question décisive liée à son Retour :

« Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » (Lc 18,8).

En faisant référence au déluge et à l’Arche de Noé ; ainsi qu’à Lot et au feu du ciel qui a détruit Sodome, Saint Luc nous avertit d’une terrible perspective si notre civilisation continue à s’égarer dans un mal inégalé qui pervertit toute la société et horrifie le Ciel :

« Comme il advint aux jours de Noé, ainsi en sera-t-il aux jours du Fils de l’homme : on mangeait, on buvait, on prenait femme ou mari, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche ; et le déluge vint, qui les fit tous périr… Il en sera comme au jours de Lot : on mangeait, on buvait, on achetait, on vendait, on plantait et on bâtissait ; mais le jour où Lot sortit de Sodome, Dieu fit tomber du ciel une pluie de feu et de soufre qui les fit tous périr… De même en sera-t-il, le Jour où le Fils de l’homme doit se révéler !… Puis il leur dit une parabole sur ce qu’il leur fallait prier sans jamais se lasser… » (Lc 17,26-30 / 18,1).

Dans l’histoire du salut, nous sommes arrivés à « l’extrême fin des temps » car si la miséricorde de Dieu est éternelle… L’incompréhensible douceur de sa patience semble toucher à sa fin face un endurcissement des cœurs jamais vu dans l’histoire de l’humanité…

Alors, cette parole de l’Evangile selon Saint Luc doit résonner en nos cœurs comme un signal incontournable :

« Jusqu’au jour où Noé entra dans l’Arche… »

Il est temps pour nous, en effet, d’entrer dans l’Arche ecclésiale du Cœur Immaculé de Marie pour survivre au « déluge de feu » infernal de notre temps : il nous envahit 24 h sur 24 sur nos écrans et dans nos rues…  et c’est pourquoi cette parole du Seigneur en Croix continue à retentir aujourd’hui comme jamais : « Voici ta Mère ! » (Jn 19,27). Et de Montfort l’avait prophétisé :

« Dieu veut donc révéler et découvrir Marie, le chef-d’œuvre de ses mains, dans ces derniers temps… Elle est l’aurore qui précède et découvre le Soleil de justice, qui est Jésus-Christ… Etant la voie par laquelle Jésus-Christ est venu à nous, elle le sera encore lorsqu’il viendra la seconde, quoi que pas de la même manière… car Marie doit éclater, plus que jamais, en miséricorde, en force et en grâce dans ces derniers temps !… En sorte que la plus terrible des ennemies que Dieu ait faite contre le diable est Marie, sa Sainte Mère[5] ! »

+M Mickaël

 

[1] Saint Ephrem (306 – 373), Commentaire de l’Evangile, 18,15 ; SC 121.

[2] Du mot grec parousia : « être là » ; « venue » ; l’Avènement du Seigneur, de son Jour ! (Mt 24,27-36-37).

[3] Il s’agit d’Antoinette de Bobet, mariée et ayant deux filles.

[4] Elisabeth de la Trinité, Œuvres complètes – Lettre 333, p.789-790.

[5] Saint Louis-Marie de Montfort, Traité de la vraie dévotion à Marie, n°50 et 52.




La Salette : la règle des Apôtres des derniers temps, attentes…

Après son secret, Mélanie affirme avoir reçu la règle de vie d’une nouvelle famille religieuse. Sur cette part du message, même à la différence du secret, elle est seule à témoigner.
Le mandement de Mgr de Bruillard du 1er mai 1852 prévoyait d’ailleurs, outre la construction du sanctuaire, la fondation d’une communauté missionnaire. L’Apparition elle-même appelait les consolateurs des larmes de Marie, vivant le mystère de la Croix, redisant le message «à tout son peuple». Ce fut compris d’emblée par l’Eglise ; les Missionnaires venus à La Salette partageaient cet idéal, tels leur premier supérieur :
« Mon Sauveur Jésus Christ, prosterné au pied de votre Croix, toute couverte de votre sang et des larmes de votre Ste Mère que je prends pour témoin de mes engagements, je fais vœu de me dévouer, dès ce moment et pour toujours, à l’œuvre Expiatrice et Réconciliatrice que Marie est venue commencer elle-même sur la Ste Montagne de la Salette. »
Puis surtout le Père Giraud, qui écrit « Prêtre et hostie ». Ou encore le Père Berlioz : « … il faut à la Salette un Institut religieux très sérieux, peut-être un des plus sérieux qui aient été jamais fondés jusqu’ici, et un institut essentiellement expiatoire, pour les hommes comme pour les femmes… Le Père Denaz, l’un des plus éclairés dans les voies de Dieu, m’écrivait il y a quelques jours: «Je reste convaincu que Jésus et Marie demandent une fondation dans le sens expiatoire, et qu’ils veulent et attendent des victimes volontaires sur ce nouveau calvaire.»
Des femmes généreuses se portent aussi volontaires : « Je ne puis voir cette impiété qui règne en tant de cœurs et chez tant d’autres cette indifférence chrétienne, sans que le souvenir de l’apparition de notre bonne mère Marie à la Salette ne fasse brûler mon cœur d’un désir toujours plus ardent d’aller sur cette Ste Montagne consacrer ma vie en expiation de tant d’iniquités et y prier pour la conversion de tous ces malheureux pécheurs[. . .] Le besoin de l’Eglise ne réclame-t-il pas des sacrifices, des dévouements, des bons exemples, et les prières faites à l’ombre du Sanctuaire dans une maison religieuse ne sont-elles pas faites avec plus de recueillement et d’ardeur ?  Et tandis que les méchants s’unissent pour attaquer la religion, ne devons-nous pas, nous unir pour obtenir de Dieu qu’il veuille la soutenir, aussi par le passé dans les plus grande calamités de l’Eglise ne l’avons-nous pas toujours vu tirer la consolation de la formation de Congrégations et couvents ? »
Toutes ces intuitions sont confirmées par la Règle de Vie donnée à Mélanie. Saint Annibale Maria di Francia nous dit quand et comment elle la reçut :
« La Très Sainte Vierge, dès qu’elle lui eût confié un secret, lui aurait ensuite révélé qu’il sortirait de la Sainte Eglise un insigne ordre religieux, dit des nouveaux Apôtres, ou des Missionnaires de la Mère de Dieu , et que ceux-ci se répandront dans le monde entier en faisant un bien immense à la Catholicité. Cette congrégation comportera un second ordre et un tiers Ordre ; ses membres seront enflammés, pour la gloire de Dieu et le salut des âmes, d’une ardeur semblable à celle des premiers Apôtres.[. . .]
La Très Sainte Vierge, après avoir annoncé cet événement futur, donna à Mélanie la règle que devait suivre ce nouvel ordre religieux. Cette règle, Mélanie la conserva de mémoire dans son esprit [ …] Plus tard, le moment marqué par la Très Saint Vierge pour la divulgation du secret étant arrivé, Mélanie écrivit cette règle. Mais alors il lui devint impossible de bien la conserver présente à la mémoire. Cette règle fut soumise au jugement d’une commission de cardinaux de fa Sainte, Eglise et jugée irréprochable. Elle est comme un chapitre de l’Evangile et contient la quintessence de la perfection chrétienne mise en pratique avec la plus grande douceur et avec charité.
Or Mélanie souffrit pendant toute sa vie une agonie spirituelle, dans l’attente de voir l’accomplissement des paroles de la Très Sainte Vierge, et l’organisation des nouveaux Apôtres de la Sainte Eglise. Loin de là, elle fut témoin des persécutions que fa dévotion à Notre-Dame de La Salette eut à supporter, par la volonté de Dieu ; au point qu’à chaque persécution, cette dévotion semblait devoir s’anéantir. Ses regards étaient toujours tournés vers Rome, attendant que la suprême autorité de l’Eglise couronnât de gloire et d’honneur la Salette, et qu’il en sortit enfin la fondation après laquelle elle soupirait. Mais la prudence du Saint-Siège en pareille affaire et la divine Providence qui règle et dispose tout avaient amené cette sainte créature à une continuelle et parfaite résignation à la volonté divine.
Aussi aura-t-elle dit, avec Ezéchias ; «Ecce in pace amaritudo mea amarissima!» Souvent, elle se considérait elle-même comme un obstacle à l’accomplissement du plan divin ; et alors elle s’anéantissait devant Dieu, se mortifiait de différentes manières et souhaitait la mort, soupirai après elle, la demandait dans ses prières.[… ]
Si celle qui apparut sur la montagne de la Salette a bien été la Très Sainte Vierge Marie, la Mère immaculée de DIEU ; si ce fut cette mère incomparable qui confia son secret à Mélanie et à Maximin et donna une règle très sainte pour un nouvel ordre religieux de très nombreux et derniers apôtres, qui pourra douter que la promesse de la Reine du Ciel ne doive recevoir son plein accomplissement?
Alors, réjouis-toi, ô innocente Bergère de La Salette, réjouis-toi en Dieu, ô âme choisie entre mille ; ton long martyre n’a été qu’une préparation à une grâce ineffable. Le sacrifice de ta vie simple, offerte en holocauste à travers les souffrances et les mortifications de toutes sortes, sera béni de Jésus et de Marie, et son fruit sera une génération d’élus. Et qui pourra les compter ?»

C’est en 1853 que Mélanie révèle pour la première fois la Règle de Marie :
«A peine eus-je entendu du P. Sibillat [ … ] que plusieurs prêtres du diocèse de Grenoble se réunissaient pour former un ordre de missionnaires de Notre-Dame de la Salette, et qu’on allait travailler à faire une Règle, je dis aussitôt au P. Sibillat que la Sainte-Vierge avait donné tout ce qu’il fallait pour les Religieux, et que s’il voulait m’attendre un instant, j’irais vite écrire quelque peu des Règles. Après que je lui en eus remis quelques articles, il partit ; quelques jours après, il revint, et me dit que Mgr Ginoulhiac me prenait pour une orgueilleuse, une illusionnée, et une folle. »
Partie pour l’Angleterre en 1854, Mélanie est invitée à commencer l’œuvre demandée. Elle s’en ouvre hélas dans une lettre …
« Les personnes qui voudraient être religieuses sont bien riches et moi je fais difficulté pour recevoir [c]elles[-ci], parce que, il faut que la maison de la Sainte Vierge soit fondée sur l’humilité, la pauvreté et toutes les vertus solides, mais beaucoup croient avoir la vocation et ne l’ont pas. Mais quand on a la vocation, je reçois tous, les pauvres et les riches ; la semaine prochaine, j’entre dans le Couvent des Carmélites pour apprendre plus vite l’Anglais, pour ne pas faire de fautes en parlant aux postulantes, mais je voudrais bien pouvoir me défaire d’être chargée de cela ; je regarde bien souvent que je ne suis rien… »
Mais après que son secrétaire ait détourné cette lettre à son profit, le peu édifiant Mgr Ginoulhiac fit arrêter net ce projet. Ce n’est qu’en Italie, trente ans après l’apparition, qu’on interpelle enfin Mélanie sur ce sujet. Elle répond :
« 1. Il est bien vrai que dans l’Apparition du 19 septembre 1846 sur la Montagne de la Salette, la Très Sainte Vierge m’a manifesté qu’Elle voulait la création d’un nouvel Ordre Religieux, qu’Elle même a désigné sous le nom d’Apôtres des derniers temps. La preuve en est, soit dans la Règle quelle m’a donnée Elle-même de vive voix, à la suite du secret, et que depuis longtemps vous possédez, soit dans la vue de cette œuvre, vue que je décrirai tout à l’heure.
Cet Ordre comprendra; 1. des prêtres, qui seront les Missionnaires de la Sainte Vierge et les Apôtres des derniers temps ; 2. des Religieuses qui dépendront des Missionnaires ; 3. les fidèles engagés dans le siècle qui voudront s’unir et se rattacher à l’œuvre.
2. Le but de ce nouvel Ordre religieux est de travailler à la sanctification du clergé, à la conversion des pécheurs, et d’étendre le Règne de Dieu par toute la terre. – Les Religieuses sont appelées comme les Missionnaires à travailler avec zèle au salut des âmes, par la prière et par les œuvres de miséricorde spirituelle et corporelle. – Quant à l’esprit de l’Ordre, ce doit être l’esprit des premiers Apôtres. La Sainte Vierge a suffisamment caractérisé cet esprit, soit dans la Règle qu’Elle m’a donnée, soit dans l’appel aux Apôtres des derniers temps qui termine le secret.
3. Les œuvres auxquelles cet Ordre sera employé sont indiquées dans la Règle donnée par la Très Sainte Vierge et dans la vue que j’ai maintenant à faire connaître :

[Vision prophétique des Apôtres des derniers temps]
En même temps que la Très Sainte Vierge me donnait les Règles et me parlait des Apôtres des derniers temps, je voyais une immense plaine avec des monticules. Mes yeux voyaient tout. J’ignore si c’était les yeux du corps… Mais je serais mieux selon la vérité si je disais que je vis la terre au-dessous de moi, de manière que je voyais l’univers entier avec ses habitants, vaquant à leurs occupations, chacun selon son état (non pas tous par justice mais bien par ambition. Et, par un juste châtiment de Dieu, ils étaient en guerre avec eux mêmes).
Je vis donc cette immense plaine avec ses habitants. [… hommes de toutes races] Je vis les Apôtres des derniers temps avec leur costume […] [Il est à peu près semblable à celui des prêtres de son époque] Sur un des bouts de la ceinture, il y avait ces trois lettres, en couleur rouge ; M P. J (Mourir pour Jésus). Sur l’autre bout il y avait ces trois lettres en couleur bleue E. D. M (Enfant de Marie).
Je vis que les Missionnaires prêchaient, confessaient, assistaient les mourants, donnaient des retraites ; aux prêtres, aux rois et à ceux qui composaient leur cour, aux grands, aux soldats, aux employés, aux pauvres, aux enfants, aux religieux, aux religieuses, aux femmes et aux vierges. Je vis, en certains endroits, des Missionnaires auprès des malades, des pauvres, des prisonniers, et baptisant des enfants et des grandes personnes. En d’autres endroits, je vis les Disciples des Apôtres auprès des malades, des pauvres, des blessés, des prisonniers, auprès des réunions d’hommes, auprès des sectes, etc. Cette vue était bien claire, bien précise et ne me laissait aucun doute sur ce que je voyais ; et j’admirais la grandeur de Dieu, son Amour pour les hommes, et je voyais que son amour ne peut pas être compris sur la terre, parce qu’il dépasse tout ce que les hommes les plus saints peuvent concevoir. Je compris bien clairement que ces Messieurs que j’appelle les Disciples faisaient partie de l’Ordre. C’étaient des hommes libres ; des jeunes gens qui, ne se sentant pas appelés au sacerdoce, voulant cependant embrasser la vie chrétienne, faire leur salut, [ils] accompagnaient les Pères dans quelques missions et travaillaient de tout leur pouvoir à leur propre sanctification et au salut des âmes. Ils étaient très saints et très zélés pour la gloire de Dieu. Ces disciples étaient auprès des malades qui ne voulaient pas se confesser, auprès des pauvres, des blessés, des réunions, des prisonniers, des sectes, etc., etc … J’en vis même qui mangeaient et buvaient avec des impies […]
Je vis donc que l’Evangile de Jésus-Christ était prêché dans toute sa pureté par toute la terre et à tous les peuples. Je vis que les Religieuses étaient occupées à toutes sortes d’œuvres spirituelles et corporelles, et s’étendaient comme les Missionnaires par toute la terre. Avec elles il y avait des femmes et des filles remplies de zèle, qui aidaient les religieuses dans leurs œuvres.
Je compris en Dieu que les Apôtres des derniers temps devaient marcher sur les traces des Apôtres de la primitive Eglise de Jésus-Christ, avec cette différence que le Supérieur général avait soin de rappeler (quand cela se pouvait faire), chaque année, les membres de l’Ordre dans la Maison centrale, pour faire une retraite de dix jours.
Je vis que notre doux Sauveur regardait les ouvriers de cet Ordre avec beaucoup de complaisance, parce qu’ils servaient le bon Dieu avec un entier et complet dévouement, sans recherche d’eux-mêmes. Etant entièrement détachés de toutes les choses de la terre, ils étaient totalement entre les mains de la Providence de Dieu, remplis de foi et de confiance en Dieu.
Je vis les âmes du Purgatoire comme en fête, pour les bienfaits qu’elles recevaient des Apôtres des derniers temps et des Religieuses; et je vis que les âmes souffrantes du Purgatoire, qui étaient délivrées ou qui avaient encore quelque chose à expier, et qui en avaient le pouvoir, priaient beaucoup, et que de nombreuses conversions se faisaient par leurs prières.
Car je vis que Dieu voulait que les Missionnaires et les Religieuses de cet Ordre missent toutes leurs prières, pénitences et bonnes œuvres entre les mains de Marie, leur première Supérieure et leur Maîtresse, pour les âmes du Purgatoire, en faveur de la conversion des pécheurs du monde entier.
Je vis et je compris que le bon Dieu voulait que cet Ordre luttât contre tous les abus qui ont amené la décadence du Clergé et de l’état religieux et la ruine de la Société chrétienne. Cet Ordre ne recevait jamais pour Missionnaires ni pour Religieuses des personnes dont les parents avaient besoin de la charité d’autrui, ou besoin de ce fils et de cette fille pour les servir. Et quand les parents de quelqu’un des membres étaient tombés dans la misère, la Communauté donnait abondamment, selon ses besoins, à cette famille. Et cela se faisait avec une grande charité.
Dans sa description plus compète de 1879, Mélanie ajoute :
Je vis que les membres de l’Ordre de la Mère de Dieu faisaient tous leurs efforts pour se dépouiller entièrement de l’esprit du siècle corrompu, s’avancer dans l’amour de Dieu et acquérir les vertus de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Ils avaient de très bas sentiments d’eux-mêmes. Ils étaient très unis entre eux, n’ayant ni ambition, ni envie, ni jalousie, ne désirant en toutes choses que de plaire à leur Divin Maître, ne désirant rien hors du Cœur de Jésus, où ils habitaient plus ou moins étroitement, selon que leur am0ur était plus pur et plus généreux. Cet amour de Jésus produisait en eux les fruits d’une grande obéissance, d’une profonde humilité et simplicité, d’une très grande mortification, d’un zèle très ardent, et d’un parfait abandon entre les mains du Divin Maître. Je vis que cet Ordre était comme le foyer de toutes les œuvres, et comme un autel perpétuel où la prière était incessante pour les divers besoins de la Sainte Eglise, pour les âmes tièdes et pour la conversion des pécheurs du monde entier.

Et elle conclut sur ce sujet :

4. Oui, malgré mon indignité, je crois avoir reçu une mission pour l’œuvre en question. Je la désire de tout mon coeur pour la gloire de Dieu et le bien des âmes ; je la désire à cause des besoins urgents de la société entière ; je la désire parce qu’elle est nécessaire pour ranimer dans le clergé l’esprit sacerdotal. Je ne puis assurer aux autres que ce qui me pousse à faire cette fondation soit de l’esprit de Dieu ; c’est à mes supérieurs à en juger ; ce que je puis assurer, c’est que moi, dans le fond de moi-même, je suis vivement poussée, et persuadée que c’est le bon Dieu qui veut cette œuvre si utile à l’Eglise et au salut des âmes. Mais si une autorité, un supérieur, un confesseur me disait de rester en paix et de ne plus penser à cela, oh ! on me ferait une charité, car je suis comme
écrasée (quoique agréablement) de la grandeur et de la sublimité de cette arche de salut, pour le monde entier ; mais je croirais pécher et manquer grandement de fidélité et d’obéissance a Dieu, si je laissais cette fondation de côté et si je ne faisais pas tous mes efforts afin qu’elle se fasse.

5. J’ai sollicité récemment de sa Grandeur, Monseigneur l’évêque de Castellammare, l’autorisation de travailler sans plus de retard à la fondation de cette œuvre, parce que tout dans le monde semble me dire que le moment est venu, arrivé. Et que je me sens puissamment poussée d’y travailler sans retard. Je me sens comme entraînée d’une manière irrésistible à hâter cette œuvre, et il me semble toujours entendre une voix inférieure qui me demande les combattants de Jésus-Christ et de sa doctrine.

Si le grain ne meurt …

A Castellammare, Mgr Petagna, évêque du lieu, autorisa Mélanie et Mère Présentation, sa compagne, ainsi que des prêtres devenus leurs voisins, à vivre la Règle. Cette décision avait été longuement mûrie ; la Règle avait été examinée favorablement par deux évêques : lui-même et Mgr Zola, et par deux théologiens, dont le secrétaire du Cardinal de Naples.
Mais peu après la mort de Maximin, Mgr Fava, troisième évêque depuis le 19 septembre 1846 arrive à Grenoble. Dans sa Lettre pastorale pour le trentième anniversaire de l’apparition, il fait la part belle aux voyants qu’ils compare aux Bergers de Noël, premiers annonciateurs de la Bonne Nouvelle : « Ces deux petits, insouciants de leur dignité d’Apôtres, descendirent avec leur troupeau au village prochain. […] Quand les anges, aux champs de la Judée, annoncèrent l’Evangile, c’est à dire la Bonne Nouvelle, n’est-ce pas à des bergers qu’ils ont parlés ? C’est la marche ordinaire du Tout Puissant ; il choisit les faibles du monde pour confondre les forts. Infirma mundi eligit Deus ut confundat fortes (1 Co 1). Daigne ce grand Dieu se servir encore une fois de ce moyen pour que nous puissions glorifier Jésus et sa Mère. Notre but, nos très chers frères, est de réveiller de plus en plus votre foi, votre espérance et votre charité en rappelant à votre attention les instructions données à La Salette, par la Sainte Vierge, dans ce discours qu’on pourrait appeler : son sermon sur la montagne. Il nous a semblé, en effet, qu’elle s’y est présentée comme Apôtre et Reine des Apôtres.

Il n’en accepte pas pour autant la Règle de vie apostolique que Mélanie affirme avoir reçu de Marie. Le pape Léon XIII le voudrait bien, lui qui reçoit Mélanie le 3 novembre 1878 et il lui demande de retourner à Grenoble pour en écrire des consolations explicatives. La voyante lui ayant fait part de l’opposition de l’évêque, le pape la confie à la Visitation de Rome. Mélanie édifie la communauté qui la reçoit, mais Mgr Fava travaille contre elle, souhaitant qu’elle reste à jamais au cloître. Le 27 mai 1879, les missionnaires de La Salette organisés selon la règle de Mgr Fava reçoivent le traditionnel «décret de louange», cependant on leur transmet aussi la Règle et les Constitutions de Mélanie pour qu’ils y puisent. Quant à la voyante, souffrante, elle a été autorisée à revenir à Castellammare.
Mgr Petagna est mort ; la fondation a perdu son protecteur : l’arche de la Miséricorde de Marie est remisée…

A suivre…




St Louis-Marie Grignion de Montfort, Le secret admirable du Très Saint Rosaire – La manière sainte de réciter le Rosaire, 45e rose

45e ROSE

[129] J’ajoute qu’il faut réciter le saint Rosaire avec modestie, c’est-à-dire, autant qu’on peut, à genoux, les mains jointes, le rosaire en mains. Si cependant on est malade, on peut le dire en son lit ; si on est en voyage, on peut le dire en marchant ; si pour quelques infirmités on ne peut être à genoux, on peut le dire debout ou assis. On peut même le réciter en travaillant, lorsqu’on ne peut pas quitter son travail, pour satisfaire aux devoirs de sa profession, car le travail manuel n’est pas toujours contraire à la prière vocale.

J’avoue que notre âme étant limitée dans son opération, quand elle est attentive au travail des mains, elle en est moins attentive aux opérations de l’esprit, telle qu’est la prière ; mais cependant, dans la nécessité, cette prière a son prix devant la sainte Vierge, qui récompense plus la bonne volonté du cœur que l’action extérieure.

[130] Je vous conseille de partager votre Rosaire en trois chapelets ou trois différents temps de la journée ; il vaut mieux le partager ainsi que de le dire tout à la fois. Si vous ne pouvez pas trouver assez de temps pour en dire le tiers de suite, dites-en une dizaine ici et une dizaine là ; vous pourrez faire en sorte, malgré toutes vos occupations et affaires, que vous ayez dit votre Rosaire tout entier avant de vous mettre au lit.

Imitez en cela la fidélité de saint François de Sales. Étant un soir fort fatigué des visites qu’il avait faites pendant la journée, et étant près de minuit, il se ressouvint qu’il lui restait quelques dizaines de son Rosaire à dire, il se mit à genoux et les récita avant de se coucher, malgré tout ce que son aumônier, qui le voyait fatigué, lui pût dire pour l’engager à remettre à dire au lendemain ce qui lui restait de prières. Imitez encore la fidélité, modestie et dévotion de ce saint  religieux, dont parlent les chroniques de saint François, qui avait coutume, avant le dîner, de réciter un chapelet avec beaucoup d’attention et de modestie … J’en ai parlé ci-devant (voir 7ème rose, n°25).

Pour lire l’introduction et consulter le plan de l’ouvrage de Grignion de Montfort, cliquer ici.




De retour : Notre Dame prend possession de Notre Dame

 

Des milliers de catholiques français ont accompagné la célèbre statue blanche de la Vierge lors d’une procession aux flambeaux pour la remettre à sa place dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, le 15 novembre dernier. La statue, connue sous le nom de « Vierge du pilier », a été retrouvée intacte après l’incendie d’avril 2019 (photo ci-dessous).

L’archevêque de Paris, Mgr Laurent Ulrich, a déclaré à la foule que la Vierge était « de retour chez elle » à Notre-Dame. Depuis cinq ans, elle s’est réfugiée dans l’église Saint-Germain l’Auxerrois.

La statue utilisée lors de la procession était une réplique, mais l’archevêque Ulrich a béni la vraie statue dans la cathédrale. La procession était le dernier événement diocésain avant la réouverture de la cathédrale le 7 décembre.

Source : https://gloria.tv/post/aQH9zFY2Xu1H1MBf3qe2jMCtd

 

 




Message de Marie à Medjugorje 25 novembre 2024

« Chers enfant,

En ce temps de grâce de l’attente, je désire vous appeler à la prière ; que l’Avent soit prière familiale.

De façon particulière, petits enfants que j’embrasse tendrement, je vous encourage à la prière pour la paix dans le monde, afin que la paix prévale sur l’état de trouble et sur la haine.

Merci d’avoir répondu à mon appel. »