L’Avent : l’aurore d’une invincible joie !

« Réjouissez-vous sans cesse dans le Seigneur…

Réjouissez-vous !… Le Seigneur est proche ! »

Philippiens 4,4-5

« L’Apôtre peut dire « Gaudete » parce que le Seigneur est proche…

Si le Bien-Aimé, l’Amour, le plus grand Don de ma vie, m’est proche…

La joie demeure au fond de mon cœur,

Une joie plus grande que toutes les souffrances ! »

Benoît XVI

Cette joie de l’Avent a commencé au jour de l’Annonciation du Sauveur quand, dans le plus grand secret, la première parole que l’Archange Gabriel adresse à Marie ouvre le monde à l’Océan de la joie :

« Réjouis-toi, Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi ! » (Lc 1,28)

La Joie est entrée dans le monde parce que le « Oui » de la foi et de l’humilité de Marie font, à cet instant, qu’Elle devient la « porte du Ciel » par où est entré le Verbe de Dieu fait chair en son sein Immaculé (Jn 1,14). Et il y a désormais un avant et un après dans l’histoire de l’humanité… car rien ne sera plus comme avant à cause de cette proximité inouïe de Dieu qui se fait si proche et si petit ! Le cher Pape Benoît XVI, si grand et si humble théologien, l’a magnifiquement contemplé :

« La joie chrétienne jaillit donc de cette certitude : Dieu est proche, il est avec moi, il est avec nous, dans la joie et dans la douleur, dans la santé et la maladie, comme un Ami et un Epoux fidèle. Et cette joie demeure aussi dans l’épreuve, dans la souffrance même, et elle ne reste pas à la surface, mais au plus profond de la personne qui se confie à Dieu et met en lui sa confiance. Et cette proximité n’est pas une question d’espace et de temps, mais une question d’amour : l’amour rapproche[1] ! »

Il est ce Dieu unique venu dans l’humilité d’un petit enfant et il a souffert la folie de la Croix pour que personne ne doute qu’il est aimé de Lui… Il n’y a pas d’autre Sauveur que Lui ! Le Catéchisme de l’Eglise Catholique l’exprime en termes inoubliables :

« L’Eglise a toujours reconnu que, dans le corps de Jésus, « Dieu qui est par nature invisible est devenu visible à nos yeux[2] !… » En effet, Jésus nous a tous et chacun connus et aimés durant sa vie, son agonie et sa passion et il s’est livré pour chacun de nous : « Le Fils de Dieu m’a aimé et s’est livré pour moi ! » (Ga 2,20). Il nous a tous aimés d’un cœur humain. Pour cette raison, le Cœur sacré de Jésus, transpercé par nos péchés et pour notre salut (Jn 19,34), « est considéré comme le signe et le symbole éminents… de cet amour que le divin Rédempteur porte sans cesse au Père éternel et à tous les hommes sans exception[3] ! »

On touche là au cœur de la Révélation : Jésus-Christ est l’Unique Seigneur et Rédempteur de l’humanité comme il l’a affirmé à ses Apôtres : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ! Nul ne va au Père que par moi !… Qui m’a vu a vu le Père ! » (Jn 14,6 et 9). La foi de l’Eglise est éloquente et absolue sur cette vérité unique du salut :

« Il nous tous connus et aimés dans l’offrande de sa vie… Aucun homme, fût-il le plus saint, n’était en mesure de prendre sur lui les péchés de tous les hommes et de s’offrir en sacrifice pour tous. L’existence dans le Christ de la Personne divine du Fils, qui dépasse et, en même temps, embrasse toutes les personnes humaines, et qui Le constitue Tête de toute l’humanité, rend possible son sacrifice rédempteur pour tous[4]… »

« La Croix est l’unique sacrifice du Christ « seul médiateur entre Dieu et les hommes » (1 Tm 2,5). Mais, parce que, dans sa Personne divine incarnée, « Il s’est en quelque sorte uni Lui-même à tout homme[5] », Il « offre à tous les hommes, d’une façon que Dieu seul connaît, la possibilité d’être associés au mystère pascal[6] ». Il appelle ses disciples à prendre leur Croix et à le suivre… Il veut en effet associer à son sacrifice rédempteur ceux-là même qui en sont les premiers bénéficiaires. Cela s’accomplit suprêmement en la personne de sa Mère, associée plus intimement que tout autre au mystère de sa souffrance rédemptrice[7]… »

« En dehors de la Croix, il n’y a pas d’autre échelle par où monter au Ciel[8] ! »

Que de lumière dans ces textes de la Mère Eglise qui nous entraîne dans sa contemplation sublime de la Vérité qui n’est pas un raisonnement, une idée nouvelle ou un slogan, mais la beauté du Visage de Quelqu’un : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jn 20,28).

En ce temps béni de l’Avent, nous avons à replonger urgemment dans les fondamentaux de notre foi catholique en arrêtant notre regard sur la splendeur des mystères du Christ et de son Eglise. Si Saint Jean-Paul II et Benoît XVI ont tant fait pour préserver le « trésor de la foi », c’était pour nous préparer aux épreuves présentes où « l’Ennemi de la Lumière » étend son pouvoir de fausseté jusqu’au sommet de l’Eglise ! Il ne s’agit plus de nier la foi mais de la faire évoluer en la vidant de son sens…

L’affirmation récente du Pape François à Singapour du 13 septembre 2024 en témoigne quand il affirme devant des jeunes de différentes religions : « Toutes les religions sont un chemin vers Dieu ! » On est ici devant une trahison de l’Evangile et une remise en question de la foi de l’Eglise au nom du pluralisme religieux derrière lequel se cache la préparation d’une « religion mondiale »… pourtant, ce relativisme qui éteint peu à peu le feu d’amour de la Vérité ne donnera que l’illusion d’une fausse paix, mais il n’engendrera ni passion, ni joie et donc ni saints, ni martyrs !… Que le temps de l’Avent renouvelle nos cœurs dans la joie de cette attente de l’Unique Sauveur caché dans le sein de Marie…

+M Mickaël

 

[1] Benoît XVI, 3° Dimanche de l’Avent, Missel quotidien pour la forme extraordinaire du rite romain, p.21.

[2] Préface de Noël.

[3] Catéchisme de l’Eglise Catholique, 477-478.

[4] Catéchisme de l’Eglise catholique, 616.

[5] Concile Vatican II, Gaudium et spes, 22,2.

[6] Concile Vatican II, Gaudium et spes, 22,5.

[7] Catéchisme de l’Eglise catholique, 618.

[8] Sainte Rose de Lima, vita.




12 décembre : Notre-Dame de Guadalupe

Source : reinformation.TV

« Notre Dame de Guadalupe, Mère de l’humanité »

Entretien exceptionnel avec David Caron Olivares, spécialiste des apparitions du Mexique

Dans quelques jours, le mercredi 4 décembre 2024, Saje distribuera dans les salles françaises le film Notre Dame de Guadalupe, Mère de l’humanité. Ce film-documentaire remarquable raconte l’histoire des apparitions qui eurent lieu à Mexico en 1531.

Il y a près de 500 ans, la Vierge Marie est apparue à Juan Diego, un jeune Aztèque. De nos jours, Notre-Dame de Guadalupe est particulièrement vénérée. Chaque année, le sanctuaire de Notre Dame à Mexico est envahi par plus de dix millions de pèlerins enthousiastes.

La Tilma, des découvertes prodigieuses !

Que s’est-il passé au juste ? Le tissu appartenant à Juan Diego dans lequel se trouvaient des fleurs et sur lequel le visage de la Sainte Vierge s’est imprimé, renferme des trésors de découvertes que la technologie moderne révèle et continuera de révéler aux hommes de notre époque. Un exemple : dans les yeux de la Vierge Marie, on a pu identifier le visage des personnes présentes le jour où Juan Diego est venu voir l’évêque des lieux en apportant la preuve de la véracité de son message : des roses de Castille et surtout l’image qui s’est formée sur sa tilma… Cette découverte prodigieuse est loin d’être la seule !

Des témoignages bouleversants

Le film bientôt diffusé dans les salles revient sur l’histoire des apparitions. Il rassemble de nombreux témoignages de personnes converties après s’être rendues en pèlerinage à Mexico, sur le lieu des apparitions. Les apparitions de Notre Dame de Guadalupe ont bouleversé le visage du Mexique, pays devenu profondément chrétien. On sait que 9 millions d’indiens se sont convertis en seulement 10 ans.

David Caron Olivares est interviewé ici par Jeanne Smits et Armel Joubert des Ouches




St Louis-Marie Grignion de Montfort, Le secret admirable du Très Saint Rosaire – 47e rose : prier le Rosaire tous les jours

47e ROSE

[138] Séparez-vous des méchants, peuple de Dieu, âmes prédestinées, et pour vous échapper et vous sauver du milieu de ceux qui se damnent par leur impiété, indévotion ou oisiveté, sans perdre le temps, récitez souvent le saint Rosaire avec foi, avec humilité, avec confiance et avec persévérance.

[Premièrement] quiconque pensera sérieusement au commandement que Jésus-Christ nous a fait de prier toujours, à l’exemple qu’il nous en a donné, aux besoins infinis que nous avons de la prière, à cause de nos ténèbres, ignorances et faiblesses et de la multitude de nos ennemis, certes, celui-là ne se contentera pas de réciter le Rosaire une fois tous les ans, comme la confrérie du Rosaire perpétuel demande, ni toutes les semaines comme le Rosaire ordinaire prescrit, mais le récitera tous les jours, sans y manquer, comme le Rosaire quotidien marque, quoiqu’il n’en ait pas d’autre  obligation que celle de son salut.

Oportet : il faut, il est nécessaire semper orare, toujours prier, et non deficere, ne point cesser de prier.

[137] Ce sont des paroles éternelles de Jésus-Christ, qu’il faut croire et pratiquer sous peine de damnation. Expliquez-les comme il vous plaira, pourvu que vous ne les expliquiez pas à la mode, afin de ne les pratiquer qu’à la mode. Jésus-Christ nous en a donné la vraie explication dans les exemples qu’il nous a laissés : Exemplum dedi vobis ut quemadmodum ego feci, Ita et vos faciatis. Jean 13, 5. Erat pernoctans in oratione Dei Luc 6,. 12. Comme si le jour ne lui eût pas suffi, il employait encore la nuit à la prière.

Il répétait souvent à ses apôtres ces deux paroles : Vigilate et orate. Veillez et priez. La chair est infirme la tentation est proche et continuelle. Si vous ne priez toujours, vous y tomberez. Apparemment qu’ils crurent que ce que Notre-Seigneur leur disait n’était que de conseil, ils interprétèrent ces paroles à la mode, c’est pourquoi ils tombèrent dans la tentation et dans le péché, étant même dans la compagnie de Jésus-Christ.

[188] Si vous voulez, cher confrère, vivre à la mode, et vous damner à la mode c’est-à-dire de temps en temps tomber dans le péché mortel, et puis aller à confesse, éviter les péchés grossiers et criants, et conserver les honnêtes, il n’est pas nécessaire que vous fassiez tant de prières, que vous disiez tant de Rosaires ; une petite prière le matin et le soir, quelques chapelets donnés en pénitence, quelques dizaines d’Ave Maria sur un chapelet à la cavalière, quand la fantaisie vous en prend, il n’en faut pas davantage pour vivre en honnête homme. Si vous en faisiez moins, vous approcheriez du libertinage; si vous en faites plus, vous approcheriez de la singularité et de la bigoterie.

[189] Mais si, comme un vrai chrétien qui veut se sauver en vérité et marcher sur les traces des saints, vous voulez ne point tomber du tout en péché mortel, rompre tous les pièges et éteindre tous les traits enflammés du diable, il faut que vous priiez toujours comme a enseigné et ordonné Jésus-Christ. Ainsi, il faut pour le moins que vous disiez votre Rosaire tous les jours ou quelques prières équivalentes.

Je dis encore pour le moins, car ce sera tout ce que vous pourrez faire avec votre Rosaire, tous les jours, que d’éviter tous les péchés mortels et de vaincre toutes les tentations, au milieu des torrents de l’iniquité du monde, qui emportent souvent les plus assurés ; au milieu des ténèbres épaisses qui aveuglent souvent les plus éclairés ; au milieu des esprits malins, qui, étant plus expérimentés que jamais, et ayant moins de temps à tenter, tentent avec plus de finesse et de ·succès.

Oh ! quelle merveille de la grâce du saint Rosaire, si vous échappez au monde, au diable et à la chair et au péché et vous sauvez dans le ciel !

[140] Si vous ne voulez pas croire ce que j’avance, croyez-en votre propre expérience. Je vous demande si, lorsque vous ne faisiez qu’un peu de prières qu’on fait dans le monde, et de la manière dont on les fait ordinairement, vous pouviez vous empêcher de faire de lourdes fautes et des péchés griefs qui ne vous paraissaient légers que par votre aveuglement. Ouvrez donc les yeux, et pour vivre et mourir en saint sans péché, du moins mortel, priez toujours ; récitez tous les jours votre Rosaire, comme tous les confrères faisaient autrefois dans l’établissement de la confrérie (voir à la fin de ce livre la preuve de ce

que j’avance). La sainte Vierge le donnant à saint Dominique lui ordonna de le dire et faire dire tous les jours ; aussi le saint ne recevait-il personne dans la confrérie qui ne fût dans la résolution de le dire tous les jours. Si, à présent, on ne demande dans la confrérie du Rosaire ordinaire que la récitation d’un Rosaire par semaine, c’est parce que la ferveur s’est ralentie, la charité s’est refroidie. On tire ce qu’on peut d’un mauvais prieur. Non fuit ab initio sic.

Il faut ici remarquer trois choses.

[141] La première que si vous voulez vous enrôler dans la confrérie du Rosaire quotidien et participer aux prières et mérites de ceux qui y sont, il ne suffit pas d’être enrôlé dans la confrérie du Rosaire ordinaire, ou de prendre seulement la résolution de réciter son Rosaire tous les jours. Il faut de plus donner son nom à ceux qui ont le pouvoir d’enrôler. Il est bon de se confesser et communier à cette intention ; la raison de ceci est que le Rosaire ordinaire ne renferme pas le Rosaire quotidien, mais le Rosaire quotidien renferme le Rosaire ordinaire.

La seconde chose à remarquer est qu’il n’y a, absolument parlant, aucun péché, même véniel, à manquer de réciter le Rosaire [de] tous les jours, ni de toutes les semaines, ni de tous les ans.

La troisième, c’est que lorsque la maladie ou une obéissance légitime, ou la nécessité, ou l’oubli involontaire, sont cause que vous ne pouvez pas réciter votre Rosaire, vous ne laissez pas d’en avoir le mérite et vous ne perdez pas la participation aux Rosaires des autres Confrères ; ainsi il n’est pas absolument nécessaire que le jour suivant vous récitiez deux Rosaires, pour suppléer à un que vous avez manqué sans votre faute, comme je suppose. Si cependant la maladie ne vous permet de réciter qu’une partie de votre Rosaire, vous la devez réciter. Beati qui stant coram te semper. Beati qui habitant in domo tua, Domine, in soecula aoeculorum laudabunt te. Bienheureux, Seigneur Jésus, les confrères du Rosaire quotidien qui, tous les jours, sont autour et dans votre petite maison de Nazareth, autour de votre croix sur le Calvaire, et autour de votre trône dans les cieux, pour méditer et contempler vos mystères joyeux, douloureux et glorieux . Oh! qu’ils sont heureux sur la terre par les grâces spéciales que vous leur communiquez, et qu’ils seront bienheureux dans le ciel où ils vous loueront d’une manière spéciale dans les siècles des siècles.

Pour lire l’introduction et consulter le plan de l’ouvrage de Grignion de Montfort, cliquer ici.




La Salette : la Règle des Apôtres des derniers, suite

L’appel des « apôtres des derniers temps »

Méditons d’abord le poignant appel de Marie qui termine presque le secret de Mélanie. Il s’adresse à tous ceux qui sont engagés par une triple relation d’appartenance : d’abord avec «Dieu, vivant et régnant dans les cieux», avec «le Christ fait homme, le seul Sauveur» , enfin avec Marie, chemin vers le Christ, dans l’esprit de sa vie. Ils ne seront des «apôtres des derniers temps» que si ils ont mûri cette relation dans le quotidien le plus ordinaire. La triple relation qui est requise est aussi l’entrée dans la vie trinitaire.
L’appel souligne spécialement leur «humilité», selon l’abaissement du Christ (Col 2,7) et les vertus de sa longue vie cachée, puis sa prédication et sa croix. Ce que reflètent les moments de l’Apparition :
« Les trois poses de la Sainte Vierge dans son apparition correspondent symboliquement aux trois degrés ou ascensions de l’âme vers la charité parfaite, indiqués par les docteurs qui ont traité de la théologie mystique. Ces trois degrés, [âges , ou voies,] appelés vie purgative, vie illuminative et vie unitive, correspondent eux-mêmes aux trois vertus théologales [foi , espérance, charité]. »
1. Au première âge, où il pleure avec Marie sur le péché, l’homme choisit de servir le seul vrai Dieu «vivant dans les Cieux» et non dans les erreurs de ce monde (Jn 17, 14). Il brûle les idoles, médite son mystère.
2. Le deuxième âge est celui de l’écoute et de l’imitation du Christ ; l’âge de la doctrine et des vertus.
3. Enfin le troisième, c’est la nouvelle Pentecôte de l’Esprit, inséparable de Marie à qui l’on se donne pour être porté à son Fils. De là jaillira la vie apostolique des apôtres des derniers temps et la nouvelle évangélisation.
La réponse au trois appels de Marie sera une triple confession de l’amour, à l’instar de la triple question de Jésus à Pierre au moment de lui confier ses brebis (Jn 21 , 15-17).
La Règle consignée par Mélanie explicite l’appel marial. Nombre de ses articles ont une structure ternaire. La Trinité est figurée assez nettement dans ses trois premiers. Le terme d’«apôtre des derniers temps» y parait plus loin, enchâssé dans un vie «ordinaire». La Règle illustre les vertus indiquées dans le secret et déjà énumérées par Vincent Ferrier : Ils seront pauvres, simples, doux, humbles, vils à leurs propres yeux ; ils s’aimeront entre eux d’une ardente charité. (Tractatus de vita spirituali, ch. 21 )

Découverte de la Règle

Dans la simplicité de l’Amour

Comme d’autres Règles de vie religieuse au cours des âges, c’est un retour aux sources de l’Evangile. Elle procède de l’amour : tout commence par là et s’y rattache pour la spiritualité comme pour les formes de la vie religieuse. Tout se ramène à la communauté primitive de Jérusalem si bien décrite dans les Actes des Apôtres : un seul cœur et une seul âme dans le partage communautaire des biens, (Ac 4, 32). Tout procède de l’intérieur : la vraie vie en Dieu, qui vient de Dieu seul. Le don total s’exprime notamment par l’adoration de l’Eucharistie, continue pendant 3 mois de l’année, assortie du jeûne, dans un don total fraternel et communautaire, qui inspire l’évangélisation urgente aux «apôtres des derniers temps».
Est-il une règle d’une si sublime simplicité ? Qui sait la lire est pénétré d’un religieux étonnement ; c’est la précision et la profondeur unies à la discrétion (Abbé Paul Gouin). La règle est constamment simple, évangélique, attentive à la dimension humaine. Si elle insiste sur la pénitence, c’est avec grande largeur d’esprit et grand souci du corps comme de l’âme, sans oublier l’alimentation suffisante de l’un et de l’autre. Elle n’a cessé d’inspirer la fondation de communautés anciennes et nouvelles. Elle reflète la vie de Vierge Marie, qui conservait, méditait, confrontait en son cœur les paroles et les actes du Christ. (Le 2, 19 et 51). Mélanie, comme Maximin, considérait les paroles de la Vierge, dans la limite des mots humains, comme une «musique pour l’âme», une nourriture à la fois amère et douce, un baume thérapeutique.

Progression

La Règle progresse en se préoccupant de l’âme et aussi du corps, de l’essentiel et aussi du concret :
1. La première partie est celle des grandes règles. C’est celle des principes évangéliques, formulés de façon lapidaire, qui peuvent animer les différents membres de la famille de la
Mère de Dieu selon leur état de vie. (Rappelons que Mélanie parle aussi de laïcs associés et de prêtres séculiers). Elle commence avec l’amour nouveau révélé par le Christ, qu’il s’agit de vivre dans le cadre ecclésial et communautaire, selon les trois règles universelles (Art 1-3) et les trois conseils évangéliques (4-7). Ils sont liés par une parfaite unité fraternelle, qui constitue moins un quatrième vœu que l’expression de l’amour du Christ partagé.
2. La deuxième partie (9-18) invite supérieurs et religieux au même amour attentif, inspirateur des vertus nécessaires à la vie commune et apostolique, toujours dans l’union à Dieu centrée sur l’Eucharistie.
3. La troisième partie (20-25) concerne la formation et la finalité apostolique dans la même perspective d’union communautaire.
4. Enfin les derniers articles (16-33) précisent l’essentiel au quotidien : vie communautaire (26), unité des cœurs dans la prière comme dans la nourriture prise en commun, souci des
malades (28). L’avant dernier article suggère de se conformer pour le reste aux usages liturgiques en vigueur : «Office quotidien comme les Sœurs de Corenc» (32). La Règle finit sur cette croix ornée d’instruments, rappel du jugement de Dieu entre le bien et le mal, l’amour et la haine, que Marie portait et apportait lors de l’apparition du 19 septembre 1846, et que porteront ses fils et filles, avec le Christ crucifiée et la Mère, crucifiée avec lui en esprit par et pour nos péché.

Texte de la Règle

Voici donc la Règle que Mélanie a reçue le 19 septembre 1846 et qu’elle communique, sûre que Notre Dame assistait sa mémoire comme pour le reste du message. Elle se sent tenue sur ce dernier point par l’ordre de Marie prononcé en deux moments distincts : « Vous le ferez passer à mon peuple ». Ce texte limpide est tissé d’allusions.  La Règle de Marie récapitule en effet la spiritualité évangélique.

Règle de l’Ordre de la Mère de Dieu

« Mélanie, ce que j e vais vous dire à présent ne sera pas secret ; c’est la règle que vous ferez suivre exactement à mes filles qui seront ici lorsque la règle sera approuvée par les supérieurs. Mes missionnaires suivront la même règle.

1. Les membres de l’Ordre de la Mère de Dieu aimeront Dieu par dessus toutes choses et leur prochain comme eux-même pour le pur amour de Dieu.
2. L’esprit de cet Ordre n’est pas autre que l’esprit de Jésus-Christ en soi et l’esprit de Jésus-Christ dans les âmes.
3. Le membres de cet ordre s’appliqueront à étudier Jésus-Christ et l’imiter, et plus Jésus sera connu, plus ils s’humilieront à la vue de leur néant, de leur faiblesse, de leur incapacité à faire un bien réel dans les âmes sans la grâce divine.
4. Ils seront d’une obéissance parfaite en tout et partout.
5. Chacun d’eux se conservera dans une grande chasteté de corps et d’esprit afin que Jésus-Christ fasse sa demeure en eux.
6. Les membres de cet ordre n’auront qu’un cœur et qu’une âme en l’amour de Jésus-Christ.
7. Aucun n’aura rien en propre pour soi mais que tout soit en commun, sans ambitionner la moindre des choses passagères. Je veux que mes enfants soient nus, dépouillés de tout.
8. Ils auront en grande charité sans bornes. Ils souffriront tout de tout le monde, à l’exemple de leur divin maître, et ne feront souffrir personne.
9. Les membres de l’ordre obéiront à leurs supérieurs et leur rendront l’honneur et le respect qui leur sont dus avec
une grande simplicité de cœur.
10. La supérieure veillera avec douceur à l’observance de la Règle ; de temps en temps elle se consultera avec le Père missionnaire qui aura soin de vos âmes, afin d’être aidée dans le bon gouvernement de la maison ; elle sera la plus humble et sera plus sévère pour elle que pour les autres. Elle corrigera les fautes de ses filles avec une grande douceur et prudence. Elle élèvera toujours son âme à Dieu avant de faire une correction.
11. Il y aura dans le sanctuaire le Saint-Sacrement exposé le jour et la nuit, pendant les mois de septembre, de février et mai, où les membres de l’ordre se feront un bonheur de passer d’heureuses heures quand la charité ou le salut des âmes ne les retiendront pas.
12. Ils mèneront une vie intérieure, quoique laborieuse, unissant la vie contemplative à la vie active ; ils se sacrifieront et se feront tous victimes de Jésus et de Jésus crucifié.
13. Ils recevront tous les jours, avec une vraie piété, le pain de vie ; vous pourrez cependant retrancher la communion à quelques membres quand vous verrez qu’ils ne suivent pas les traces de Jésus crucifié.
14. Outre les jeûnes commandes par l’Eglise, ils jeûneront encore pendant les mois de septembre, février et mai, ils se serviront de quelques instruments de pénitence ; ceux qui seront trop faibles et ne pourront pas faire les œuvres d’expiation, offriront avec humilité et douceur leur infirmité à Jésus-Christ.
15. Ils jeûneront tous les vendredis et feront quelque pénitence. Toutes ces œuvres seront offertes pour les âmes du purgatoire, en faveur de la conversion des pécheurs et pour leur propre avancement dans l’amour de Dieu.
16. Les membres de l’ordre seront très humbles et très doux avec les séculiers et les recevront avec une grande bonté ; ceux qui seront les plus humbles auront la première place dans le cœur de Jésus ainsi que dans le mien.
17. Les membres n’auront qu’un cœur et qu’une âme : aucun ne tiendra à sa propre volonté.
18. Ils seront d’une pureté angélique, ils observeront une grande modestie en tout et partout.
19. Tous garderont un grand silence, évitant avec soin les conversations inutiles avec les étrangers.
20. Les sujets qui voudront être reçus seront dans la disposition bien sincère de se donner à Dieu entièrement et de se sacrifier pour son amour : ils s’attacheront bien à l’obéissance, qui les conduira au ciel.
21. Ils ne seront admis au nombres des postulants qu’après avoir fait une retraite de douze jours, pendant laquelle retraite ils feront une confession générale au Père missionnaire, confesseur de la communauté. S’ils sont disposés à travailler de toutes leurs forces à se sanctifier et à acquérir les vertus propres d’une victime qui veut s’immoler chaque jour pour le Dieu du ciel et de la terre, ils seront reçus au noviciat et seront trois mois avant de prendre le costume de l’ordre, et ils se rappelleront bien qu’ils n’ont été reçus dans la maison de la Mère de Dieu que pour travailler à leur sanctification par la prière, par la pénitence, et par toutes les œuvres qui regardent la gloire de Dieu et le salut des âmes.
22. Mes missionnaires seront les apôtres des derniers temps ; ils prêcheront l’Evangile de Jésus-Christ dans toute sa pureté par toute la terre.
23. Ils auront un zèle infatigable, ils prêcheront la réforme des cœurs, la pénitence et l’observation de la loi de Dieu, ils prêcheront sur la nécessite de la prière, sur le mépris des choses de la terre, sur la mort, le jugement, le paradis et l’enfer, sur la vie, la mort et la résurrection de Jésus-Christ. ils fortifieront les hommes dans la foi, afin que quand le démon viendra, un grand nombre ne soit pas trompé.
24. On formera bien les nouveaux sujets aux vertus chrétiennes et aux pratiques de l’humilité, de charité, de renoncement et de douceur.
25. Le noviciat sera de six ans ; ceux qui auront donné la preuve des solides vertus et qui voudront se ranger au nombre des combattants de Jésus-Christ dans cet ordre, demanderont cette grâce à genoux à la supérieure, et après que vous leur aurez fait connaître leurs obligations à la règle que je vous donne, s’ils vous promettent de l ‘observer fidèlement, vous les recevrez.
26. L’oraison se fera en commun dans le sanctuaire, à l’heure qui sera convenable et qui sera établie.
27. On mangera au réfectoire commun ce qui sera nécessaire pour soutenir la vie et pour travailler à la gloire de Dieu ; en même temps que l’on donnera au corps ce qui lui convient, l’âme se fortifiera par une sainte lecture qui se fera pendant le repas.
28. On aura le plus grand soin des membres infirmes et malades.
29. Si un membre offensait un autre membre par quelque parole ou autre acte, qu’il répare sa faute le plus tôt possible.
30. Tous les membres de cet ordre feront la génuflexion chaque fois qu’ils passeront devant le tabernacle où est Jésus-Christ.
31. Chaque fois que les sujets se rencontreront, l’un dira: «que Jésus soit aimé de tous les cœurs !», l’autre répondra : «ainsi soit-il».
32. Les religieuses diront l’office comme les religieuses de Corenc près de Grenoble ; les chapitres et autres pratiques se feront de même.
33. Tous les membres porteront une croix comme la mienne. »




Notre Dame en pleurs en ce 8 décembre 2024 à la Salette