La sainteté est à portée de cœur…

« La sainteté est avant tout un don de Dieu ! »

Benoît XVI

Cette précision du Pape Benoît nous introduit magnifiquement au mystère de la joie selon les Saints ! Car sur terre, chaque aurore unique m’offre déjà gratuitement le « miracle de la vie » où, à la fois, Dieu se cache en son humilité et se révèle en sa tendresse …

Dans une société de surconsommation, personne n’y prête plus attention… nous sommes comme des « enfants gâtés » devenus hermétiques à la reconnaissance, à la louange face à la gratuité du don de Dieu ! Pourtant, chaque jour est un « miracle de tendresse » où Dieu m’offre « tout » secrètement : des battements de mon cœur au soleil qui se lève, tout me parle de son secret Amour… Alors, comme en déduit un regard de saint : « Chaque jour est un jour de plus pour aimer, un jour de plus pour rêver, un jour de plus pour vivre[1] ! » Saint Jean-Marie Vianney le confirme avec cette simplicité qui vient de l’Evangile : « L’homme a une belle fonction, celle de prier et d’aimer… Voilà le bonheur de l’homme sur la terre ! » Cela est si simplement vrai…

Nous sommes dans une civilisation ou domine l’envahissement du loisir à tout prix, avec les délires du sexe et de la drogue et cette facilité à presque tout vivre à distance ! Ainsi, la magie envoûtante du « on line » devient peu à peu source de vide, de solitude et de cette dérision des relations qui cache un désespoir. Saint Philippe Néri a une réponse évangélique, non sans humour, à cet immense malaise de la démesure : « Si vous tenez à tout prix à tomber dans l’exagération… alors, exagérez en vous montrant particulièrement doux, patient, humble et aimable, alors tout ira bien ! »

On ne peut ici qu’effleurer le sujet, mais se mettre à écouter les Saints et les Saintes implique de saisir le message central de l’Evangile sur lequel toute leur vie est fondée. Le cher Pape Benoît XVI l’a magnifiquement exprimé :

« La célébration des Saints en regardant leur exemple lumineux, doit réveiller en nous le grand désir d’être comme eux : heureux de vivre proche de Dieu, dans sa lumière, dans la grande famille des amis de Dieu ! Être Saint signifie vivre dans la proximité de Dieu, vivre dans sa famille. C’est notre vocation à tous…

Pour être saints, il ne faut toutefois pas accomplir des actions et des œuvres extraordinaires, ni posséder des charismes exceptionnels, il est nécessaire avant tout d’écouter Jésus, puis de le suivre sans perdre courage face aux difficultés… La sainteté, même si elle exige un effort constant de notre part, est « possible pour tous » parce que, plus qu’une œuvre de l’homme, elle est avant tout un don de Dieu[2]… »

       Et ce « don de Dieu » qui nous fait « transparence de Dieu » d’une manière « à jamais unique », sur la terre comme au Ciel, est la finalité ultime de nos vies…  Alors, les visages uniques des Saints et des Saintes font qu’une Sainte Thérèse de Lisieux me « dit » la beauté de Dieu d’une façon autant « unique » qu’un Saint François d’Assise ! Ainsi, peu importe les péchés ou les erreurs de nos vies, le Christ nous attend jusqu’au bout… Brisons maintenant cette attente comme la pécheresse a brisé son cœur à travers ses larmes sur les pieds de Jésus… (Lc 7,38), il est temps de se réveiller et de ressusciter en sa miséricorde ! A travers Sainte Faustine, n’a-t-il pas fait cette « promesse folle » qui nous ouvre cette porte sacrée du Ciel dont témoigne le bon larron (Lc 23,42-43) :

« La perdition est pour l’âme qui veut se perdre… Seule l’âme qui le voudra elle-même sera damnée, car Dieu ne condamne personne !… Mais celui qui désire le salut trouve la mer inépuisable de la miséricorde du Seigneur… et même si j’avais sur la conscience les péchés de tous les damnés, je n’aurais pas douté de la miséricorde de Dieu, je me serai jetée dans l’abîme de ta Miséricorde[3] ! »

Nous ne sommes nés que pour devenir ce Saint ou cette Sainte désirée par le Père que chante Saint Paul dans sa vision de l’élection éternelle en Jésus Christ :

« Il nous a élus en Lui, dès avant la Fondation du monde, pour être saints et immaculés sous son regard, dans l’amour, déterminant d’avance que nous serions pour Lui des fils adoptifs par Jésus Christ ; ainsi l’a voulu sa bienveillance à la louange de sa gloire, et de la grâce dont Il nous a comblés en son Bien-aimé… » (Ep 1,3-6).

Telle est la réalité profonde de la foi à laquelle Jésus nous veut « fidèles » à sa suite jour après jour en le regardant marcher devant nous… (Mc 10,32) Lui qui nous appelle à devenir à sa ressemblance « doux et humble de cœur » (Mt 11,29), car il n’y a pas d’autre « repos » que sa tendresse quand il me dit du haut de la Croix : « Voici ta Mère ! » (Jn 19,27). A travers Elle, la sainteté est à portée de cœur… Le Saint Padre Pio l’a tant vécu dans les épreuves de sa vie :

« La force de Satan, qui me combat, est terrible ; mais vive Dieu ! puisqu’il a placé l’issue de la victoire entre les mains de notre céleste Mère. Protégé et guidé par une si tendre Mère, je continuerai à combattre jusqu’à ce que Dieu vienne… empli de confiance en cette Mère, sûr de ne jamais succomber[4]

Alors mon passé, Ô Seigneur, à ta Miséricorde, mon présent à ton Amour et mon avenir à ta Providence ! »

                                                                                                           +M Mickaël

 

[1] Saint Padre Pio, Les plus belles citations de Saints, Hozana.org

[2] Benoît XVI, Rome, 9 novembre 2006.

[3] Sainte Faustine, Petit Journal, 631

[4] Saint Padre Pio, Paroles de lumière, Salvator 2006, p.133.




La Salette : description de la Vierge

Maximin :
« Lorsque je dois parler de la Belle-Dame qui m’est apparue sur la Sainte Montagne, j’éprouve l’embarras que devait éprouver saint Paul en descendant du troisième ciel. Non, l’oeil de l’homme, n’a jamais vu, son oreille n’a jamais entendu ce qu’il m’a été donné de voir et d’entendre.
Comment des enfants ignorants, appelés à s’expliquer sur des choses si extraordinaires, auraient-ils rencontré une justesse d’expression que des esprits d’élite ne rencontrent pas toujours pour peindre des objets vulgaires! Qu’on ne s’étonne donc pas si ce que nous avons appelé bonnet, couronne, fichu, chaînes, roses, tablier, robe, bas, boucles et souliers en avait à peine la forme. Dans ce beau costume, il n’y avait rien de terrestre ; les rayons seuls et de lumières différentes s’entrecroisant, produisaient un magnifique ensemble que nous avons amoindri et matérialisé.
Une expression n’a de valeur que par l’idée qu’on y attache ; mais où trouver dans notre langue, des expressions pour rendre des choses dont les hommes n’ont nulle idée. C’était une lumière, mais lumière bien différente de toutes les autres ; elle allait directement à mon cœur sans passer par mes organes, et cependant avec une harmonie que les plus beaux concerts ne sauraient reproduire, que dis-je ? avec une saveur que les plus douces liqueurs ne sauraient avoir.
Je ne sais quelles comparaisons employer, parce que les comparaisons prises dans le monde sensible sont atteintes du défaut que je reproche aux mots de notre langue : elles n’offrent pas à l’esprit l’idée que je veux rendre. Lorsqu’à la fin d’un feu d’artifice la foule s’écrie : « voici le bouquet ! » y a-t-il un rapport bien grand entre une réunion de fleurs et un ensemble de fusées qui éclatent ? Non, assurément ; eh bien! la distance qui sépare les comparaisons que j’emploie et les idées que je veux rendre est infiniment plus considérable encore. »

Mélanie :
« La Très Sainte Vierge était grande et bien proportionnée. Elle paraissait être si légère qu’avec un souffle on l’aurait fait remuer, cependant elle était immobile et bien posée. Sa physionomie était majestueuse, imposante, mais non imposante comme le sont les Seigneurs d’ici-bas. Elle imposait une crainte respectueuse. En même temps que Sa Majesté imposait du respect mêlé d’amour, elle attirait à elle. Son regard était doux et pénétrant ; ses yeux semblaient parler avec les miens, mais la conversation venait d’un profond et vif sentiment d’amour envers cette beauté ravissante qui me liquéfiait. La douceur de son regard, son air de bonté incompréhensible faisaient comprendre et sentir qu’elle attirait à elle et qu’elle voulait se donner ; c’était une expression d’amour qui ne peut s’exprimer avec la langue de chair ni avec les lettres de l’alphabet.
Le vêtement de la Très Sainte Vierge était blanc argenté et tout brillant. II n’avait rien de matériel : il était composé de lumière et de gloire, variant et scintillant ; sur la terre il n’y a pas d’expression ni de comparaison à donner.
La Sainte Vierge était toute belle et toute formée d’amour. En la regardant, je languissais de me fondre en elle. Dans ses atours comme dans sa personne tout respirait la majesté, la splendeur, la magnificence d’une Reine incomparable. Elle paraissait blanche, immaculée, cristallisée, éblouissante, céleste, fraîche, neuve, comme une Vierge ; il semblait que la parole, Amour, s’échappait de ses lèvres argentées et toutes pures. Elle me paraissait comme une bonne Mère, pleine de bonté, d’amabilité, d’amour pour nous, de compassion, de miséricorde.
La couronne de roses qu’elle avait mise sur la tête était si belle, si brillante qu’on ne peut pas s’en faire une idée ; les roses de diverses couleurs n’étaient pas de la terre ; c’était une réunion de fleurs qui entouraient la tête de la Très Sainte Vierge en forme de couronne ; niais les roses se changeaient et se remplaçaient, puis, du cœur de chaque rose il sortait une si belle lumière qu’elle ravissait, et rendait les roses d’une beauté éclatante. De la couronne de roses s’élevaient comme des branches d’or et une quantité d’autres petites fleurs mêlées avec des brillants. Le tout formait un très
beau diadème, qui brillait tout seul plus que notre soleil de la terre.
La Sainte Vierge avait une très jolie croix suspendue à son cou. Cette croix paraissait être dorée, -je dis doré pour ne pas dire une plaque d’or ; car j’ai vu quelquefois des objets dorés avec diverses nuances d’or, ce qui faisait à mes yeux un bien plus bel effet qu’une simple plaque d’or-. Sur cette belle croix toute brillante de lumière était un Christ, était Notre Seigneur, les bras étendus sur la croix. Presque aux deux extrémités de la croix, d’un côté il y avait un marteau, de l’autre une tenaille. Le Christ était couleur de chair naturelle, mais il brillait d’un grand éclat; et lumière qui sortait de tout son corps paraissait comme des dards très brillants qui me fendaient le cœur du désir de me fondre en lui. Quelquefois, le Christ paraissait être mort ; il avait la tête penchée et le corps était comme affaissé, comme pour tomber, s’il n’avait été retenu par les clous qui le retenaient à la croix.
J’en avais une vive compassion, et j’aurais voulu dire au monde entier son amour inconnu, et infiltrer dans les âmes des mortels l’amour le plus senti et la reconnaissance la plus vive envers un Dieu qui n’avait nullement besoin de nous pour être tout ce qu’il est, ce qu’il était et ce qu’il sera toujours; et pourtant, Ô amour incompréhensible à l’homme, il s’est fait homme, et il à voulu mourir, oui ! mourir, pour mieux écrire dans nos âmes et dans notre mémoire l’amour fou qu’il a pour nous ! Oh ! que je suis malheureuse de me trouver si pauvre en expressions pour redire l’amour de notre bon Sauveur pour nous ; mais, d’un autre côté, que nous sommes heureux de pouvoir sentir mieux ce que nous ne pouvons exprimer !
D’autre fois, le Christ semblait vivant ; il avait la tête droite, les yeux ouverts, et paraissait être sur la croix par sa propre volonté. Quelquefois aussi, il paraissait parler: il semblait montrer qu’il était en croix pour nous, par amour pour nous, pour nous attirer à son amour, qu’il a toujours un amour nouveau pour nous, que son amour du commencement et de l’année 33 est toujours celui d’aujourd’hui et qu’il sera toujours.
La Sainte Vierge pleurait presque tout le temps qu’elle me parla. Ses larmes coulaient une à une, lentement jusqu’à ses genoux, puis, comme des étincelles de lumière, elles disparaissaient. Elles étaient brillantes, et pleines d’amour. J’aurais voulu la consoler et qu’elle ne pleurât plus. Mais il me semblait qu’elle avait besoin de montrer ses larmes pour mieux montrer son amour oublié des hommes. J’aurais voulu me jeter dans ses bras et lui dire: « Ma bonne Mère, ne pleurez pas ! je veux vous aimer pour tous les hommes de la terre. » Mais il me semblait qu’elle me disait: « II y en a tant qui ne me connaissent pas ! »
J’étais entre la mort et la vie, en voyant d’un côté tant d’amour,tant de désir d’être aimée, et d’un autre côté tant de froideur et d’indifférence … Oh ! ma Mère, Mère toute belle et tout aimable, mon amour, cœur de mon cœur !
Les larmes de notre tendre Mère, loin d’amoindrir son air de Majesté, de Reine et de Maîtresse, semblaient au contraire l’embellir, la rendre plus belle, plus puissante, plus remplie d’amour, plus maternelle, plus ravissante, et j’aurais mangé ses larmes qui faisaient sauter mon cœur de compassion et d’amour. Voir pleurer une mère, et une telle Mère, sans prendre tous les moyens imaginables pour la consoler, pour changer ses douleurs en joie, cela se comprend-il ? O Mère plus que bonne, vous avez été formée de toutes les prérogatives dont Dieu est capable ; vous avez
comme épuisé la puissance de Dieu ; vous êtes;bonne, et puis bonne de la bonté de Dieu même. Dieu s’est agrandi en vous formant son chef-d’œuvre terrestre et céleste.
La Très Sainte Vierge avait un tablier jaune. Que dis-je, jaune ? Elle avait un tablier plus brillant que plusieurs soleils ensemble. Ce n’était pas une étoffe matérielle, c’était un composé de gloire, et cette gloire était scintillante et d’une beauté ravissante. Tout en la Sainte Vierge me portait fortement et me faisait comme glisser à adorer et à aimer mon Jésus dans tous les états de sa vie mortelle.
La Très Sainte Vierge avait deux chaînes, l’une un peu plus large que l’autre. A la plus étroite était suspendue la croix dont j’ai fait mention plus haut. Ces chaînes (puisqu’il faut leur donner le nom de chaînes) étaient comme des rayons de gloire d’un grand éclat, variant et scintillant.
Les souliers (puisque souliers il faut dire) étaient blancs, mais d’un blanc argenté, brillant ; il y avait des roses autour. Ces roses étaient d’une beauté éblouissante, et du cœur de chaque rose sortait une flamme de lumière très belle et très agréable à voir. Sur les souliers il y avait une boucle en or, non en or de la terre, mais bien de l’or du paradis.
La vue de la Sainte Vierge était elle-même un paradis accompli . Elle avait en elle tout ce qui pouvait satisfaire, car la terre était oubliée. La Sainte Vierge était entourée de deux lumières. La première lumière, plus près de la Très Sainte Vierge, arrivait jusqu’à nous ; elle brillait d’un éclat très beau et très scintillant. La seconde lumière s’étendait un peu plus autour de la Belle Dame et nous nous trouvions dans celle-là ; elle était immobile (c’est-à-dire qu’elle ne scintillait pas) mais bien plus brillante que notre pauvre soleil de la terre. Toutes ces lumières ne faisaient pas mal aux yeux et ne fatiguaient nullement la vue.
Outre toutes ces lumières, toute cette splendeur, il sortait encore des groupes ou faisceaux de lumière ou des rayons de lumière, du corps de la Sainte Vierge, de ses habits et de partout.
La voix de la Belle Dame était douce ; elle enchantait, ravissait, faisait du bien au cœur ; elle rassasiait, aplanissait tous les obstacles, elle calmait, adoucissait. Il me semblait que j’aurai toujours voulu manger de sa belle voix, et mon cœur semblait danser ou vouloir aller à sa rencontre pour se liquéfier en elle.
Les yeux de la très Sainte Vierge, notre Tendre Mère, ne peuvent pas se décrire par une langue humaine. Pour en parler, il faudrait un séraphin, il faudrait plus, il faudrait le langage de Dieu même, de ce Dieu qui a formé la Vierge immaculée, chef-d’œuvre de sa toute puissance. Les yeux de l’auguste Marie paraissaient mille et mille fois plus beaux que les brillants, les diamants, les pierres précieuses les plus recherchées ; ils brillaient comme deux soleils, ils étaient doux, de la douceur même, clairs comme un miroir. Dans Ses yeux, on voyait le paradis. ils attiraient à elle, il semblait
qu’Elle voulait se donner et attirer. Plus je la regardais, plus je la voulais voir ; plus je la voyais, plus je l’aimais et je l’aimais de toutes mes forces.
« Les yeux de la belle Immaculée étaient comme la porte de Dieu, d’où l’on voyait tout ce qui peut enivrer l’âme. Quand mes yeux se rencontraient avec ceux de la Mère de Dieu et la mienne j’éprouvais au dedans de moi-même une heureuse révolution d’amour et une protestation de l’aimer et de me fondre d’amour ! En nous regardant, nos yeux se parlaient à leur mode, et je l’aimais tant que j’aurais voulu l’embrasser dans le milieu de ses yeux qui attendrissaient mon âme et semblait l’attirer et la faire fondre avec la mienne. Ses yeux me plantèrent un doux tremblement dans tout mon être ; et je craignais de faire le moindre mouvement qui pût lui être désagréable tant soit peu.
Cette seule vue des yeux de la plus pure des Vierges aurait suffi pour être le Ciel d’un bienheureux ; aurait suffi pour faire entrer une âme dans la plénitude des volontés du Très Haut parmi les événements qui arrivent dans le cours de la vie mortelle ; aurait suffi pour faire faire à cette âme de continuels actes de louange, de remerciement, de réparation et d’expiation. Cette seule vue concentre l’âme en Dieu, et la rend comme une morte vivante, ne regardant toutes les choses de la terre, même les choses qui paraissent les plus sérieuses, que comme des amusements d’enfants : elle ne voudrait entendre parler que de Dieu et de ce qui touche à sa Gloire.
Le péché est le seul mal qu’Elle voit sur la terre. Elle en mourrait de douleur si Dieu ne la soutenait. Amen ! »




St Louis-Marie Grignion de Montfort, Le secret admirable du Très Saint Rosaire – La manière sainte de réciter le Rosaire, 42e rose

[119] Il ne suffit pas, pour bien prier, d’exprimer nos demandes par la plus excellente de toutes les manières d’oraison qui est le Rosaire, mais il faut encore y apporter une grande attention, car Dieu écoute plutôt la voix du cœur que celle de la bouche. Prier Dieu avec des distractions volontaires serait une grande irrévérence, qui rendrait nos Rosaires infructueux et nous remplirait de péchés. Comment ose-t-on demander à Dieu qu’il nous écoute, si nous ne nous écoutons pas nous-mêmes, et si, pendant que nous prions cette redoutable majesté qui fait tout trembler, nous nous arrêtions volontairement à courir après un papillon ? C’est éloigner de soi la bénédiction de ce grand Seigneur et la changer dans la malédiction portée contre ceux qui font l’ œuvre de Dieu négligemment : Maledictus qui facit opus Dei negligenter (Jérémie 48, 10).

[120] Vous ne pouvez pas, à la vérité, réciter votre Rosaire sans avoir quelques distractions involontaires ; il est même bien difficile de dire un Ave Maria sans que votre imagination toujours remuante ne vous ôte quelque chose de votre attention ; mais vous pouvez le réciter sans distractions volontaires, et vous devez prendre toutes sortes de moyens pour diminuer les involontaires et fixer votre imagination.

A cet effet, mettez-vous en la présence de Dieu, croyez que Dieu et sa sainte Mère vous regardent, que votre bon Ange à votre main droite prend vos Ave Maria comme autant de roses, s’ils sont bien dits, pour en faire une couronne à Jésus et à Marie, et qu’au contraire, le démon est à votre gauche et rôde autour de vous, pour dévorer vos Ave Maria et les marquer sur son livre de mort, s’ils ne sont pas dits avec attention, dévotion et modestie ; surtout ne manquez pas de faire les offrandes des dizaines en l’honneur des mystères, et de vous représenter, dans l’imagination, Notre-Seigneur et sa sainte Mère dans le mystère que vous honorez.

[121] On lit dans la vie du bienheureux Herman, de l’ordre de Prémontré, que, lorsqu’il disait le Rosaire avec attention et dévotion, en méditant les mystères, la sainte Vierge lui apparaissait toute brillante de lumière, avec une beauté et majesté ravissantes. Mais ensuite, sa dévotion s’étant refroidie et ne récitant plus son Rosaire qu’à la hâte, et sans attention, elle lui apparut le visage tout ridé, triste et désagréable. Herman, étonné d’un tel changement, la sainte Vierge lui dit : « Je parais telle devant tes yeux, que je suis à présent dans ton âme, car tu ne me traites plus que comme une personne vile et méprisable. Où est le temps que tu me saluais avec respect et attention, en méditant mes mystères et admirant mes grandeurs ? »

 

Pour lire l’introduction et consulter le plan de l’ouvrage de Grignion de Montfort, cliquer ici.




Garabandal : interview de Glenn Hudson, ami de Conchita et expert des messages de Marie à Garabandal




Padre Pio et le troisième secret de Fatima

Source : Lifesite news, 7 octobre 2024

(LifeSiteNews) – Le texte suivant est écrit par le père Frank Unterhalt, pasteur d’une paroisse de l’archidiocèse de Paderborn, en Allemagne. Il est l’orateur de Communio Veritatis Un groupe de prêtres de ce diocèse qui n’a cessé d’élever la voix pour s’opposer aux changements venant de Rome. LifeSite a publié multiples interventions de ce groupe sous la direction du père Unterhalt.

Unterhalt, dans une nouvelle interventionL’auteur y évoque la vie de Padre Pio, son charisme, ainsi que la vision qu’il a eue du troisième secret de Fatima. LifeSite a le plaisir de publier ici, avec l’autorisation d’Unterhalt, une traduction de son nouveau texte.

Unterhalt rappelle à ses lecteurs qu’en 2017, José María Zavala publié un livre sur le troisième secret de Fatima, dans lequel il révèle que Padre Pio lui-même, vers 1960, en avait parlé au chef des exorcistes de Rome, le père Gabriele Amorth. Pour ceux qui ne connaissent pas encore la conversation de Zavala avec le père Amorth, examinons ici un passage clé avant de passer au nouvel essai d’Unterhalt :

« En effet, déclare [Amorth], un jour Padre Pio m’a dit avec beaucoup de tristesse : Tu sais, Gabriele ?C’est Satan qui a été introduit au sein de l’Église et qui, dans un très court laps de temps, en viendra à régner sur une fausse Église.' » 

« Oh mon Dieu ! Une sorte d’Antéchrist ! Quand est-ce qu’il vous a prophétisé cela ? ». [Zavala demande]. 

« Cela devait être vers 1960, car j’étais déjà prêtre à l’époque. 

« Est-ce la raison pour laquelle Jean XXIII a été si paniqué à l’idée de publier le troisième secret de Fatima, afin que les gens ne pensent pas qu’il était l’antipape ou quoi que ce soit d’autre ? 

Un sourire léger mais complice ourle les lèvres du père Amorth. 

« Padre Pio vous a-t-il dit autre chose sur les catastrophes à venir : tremblements de terre, inondations, guerres, épidémies, famine… ?A-t-il fait allusion aux mêmes fléaux que ceux prophétisés dans les Saintes Écritures ? [demande M. Zavala] 

« Rien de tout cela ne lui importait, aussi terrifiant soit-il, à l’exception de la grande apostasie au sein de l’Église. C’est ce problème qui le tourmentait vraiment et pour lequel il a prié et offert une grande partie de ses souffrances, crucifié par amour. » [dit le P. Amorth] 

« Le troisième secret de Fatima ? »

« Exactement.«  

Nous ne saurions trop insister sur l’importance du Troisième Secret. La consécration de la Russie n’a manifestement pas été faite correctement, sinon serions-nous au bord de la Troisième Guerre mondiale ? Nous ne voyons encore aucun signe du triomphe du Cœur Immaculé de Marie annoncé par Notre-Dame de Fatima. Gardons le sujet des avertissements de Notre Dame de Fatima à l’esprit.

Voir ici le texte intégral du père Frank Unterhalt :

Le message et les événements de Fatima, décrits comme une « explosion de surnaturel », ont[1] se reflètent clairement dans la vie de saint Padre Pio. D’une manière très particulière, il a pu être un témoin de la vraie foi catholique et un prophète pour notre temps.

Comme les pastoureaux, le prêtre capucin stigmatisé se caractérisait par une adoration héroïque de Dieu dans le sacrement de l’autel. C’est ainsi qu’il confesse : « Il serait plus facile pour la terre d’exister sans le soleil que sans la Sainte Messe ![2] C’est ainsi qu’il a été entraîné à plusieurs reprises dans ce mystère d’amour incompréhensible, avec une émotion extatique. La visualisation du sacrifice du Christ sur la croix devenait pour ainsi dire transparente lors de sa célébration. « Le drame du Golgotha se présentait à son esprit. Il lui était permis de vivre mystérieusement la souffrance du Seigneur et la mort sacrificielle de l’Agneau de Dieu ».[3] Son attitude révérencieuse rappelle celle de l’Ange de Fatima, qui a enseigné les deux célèbres prières d’adoration[4] et administrer la communion orale à genoux. Padre Pio a également ressenti que la rencontre avec le Seigneur eucharistique était la source de toute sa vie : « Le cœur de Jésus et le mien … se sont fondus en un seul. Ce n’était plus deux cœurs qui battaient, mais un seul. Mon cœur s’était perdu comme une goutte d’eau perdue dans une mer ».[5] Le zélé prêtre capucin attachait une grande importance au fait que les fidèles reçoivent la Sainte Communion en état de grâce afin de ne pas offenser le Seigneur et de ne pas manger le jugement (cf. 1 Cor. 11:27).

La dévotion sacerdotale de Padre Pio allait à la gloire du Très-Haut et au salut des âmes. « De même que Dieu a poussé les enfants de Fatima, à travers une vision de l’enfer, à l’expiation et au sacrifice, il voit aussi de nombreuses personnes en danger d’être éternellement perdues. Comment ne pas pleurer en voyant comment l’humanité veut à tout prix se plonger dans l’enfer ?[6] Comme Jacinthe de Fatima, la sainte de Pietrelcina savait que les péchés qui entraînent la plupart des âmes dans la perdition éternelle sont ceux de la chair.[7]

En véritable pasteur selon le cœur de Dieu, il a donc lutté avec détermination contre les maux désastreux de l’impudicité et a donné des avertissements urgents. « Ces péchés profanent les sources de la vie et déplaisent fortement à Dieu, comme l’Église l’a toujours enseigné. Enfin, Padre Pio a mené une lutte encore plus acharnée contre d’autres maux terribles, tels que l’homosexualité, l’euthanasie active et l’avortement. Il considérait ces péchés comme l’abomination de l’humanité et la destruction de toutes les valeurs humaines et chrétiennes ».[8]

L’appel de Fatima à prier et à sacrifier beaucoup pour la conversion des pécheurs était gravé dans le cœur de ce capucin plein d’âme. Il connaissait le prix du salut : « Si vous saviez ce que coûte une âme ! Les âmes ne vous sont pas données en cadeau, vous les achetez. Tu ne sais pas ce qu’elles coûtent au Christ. Maintenant, tu dois toujours les payer avec la même pièce ».[9] Padre Pio confirmait souvent aux personnes après leur conversion combien il avait souffert pour elles.

Il a toujours consacré sa vie à sa prière préférée, le Rosaire, qu’il considérait comme une excellente « arme » spirituelle avec laquelle on peut tout obtenir. Il le considérait comme l’excellente « arme » spirituelle avec laquelle on peut tout obtenir, car « la Sainte Vierge recommandait chaleureusement le [R]osaire à chacune de ses apparitions ».[10] Il a donc voulu léguer cette chaîne victorieuse à ses enfants spirituels.

En tant que serviteur de la Divine Miséricorde, Padre Pio était un apôtre du sacrement de pénitence, écoutant jusqu’à 15 heures de confession par jour. Il ne tolérait pas la superficialité, mais exigeait un repentir authentique : « Il exigeait une accusation claire et honnête, une contrition sincère et des résolutions fermes. Avant tout, il fallait reconnaître et admettre ses péchés et sa propre méchanceté ».[11] Ce confesseur exceptionnel se caractérisait à la fois par sa miséricorde et sa détermination. Son don de clairvoyance lui permettait de guider les fidèles d’une manière inimitable. Il a dit à un confesseur : « Je te connais de l’intérieur, comme tu te reconnais dans le miroir : « Je te connais de l’intérieur, comme tu te reconnais dans le miroir ! … Je connais tout à la lumière de Dieu ! ».[12]

Le guide spirituel doué a souvent souffert de manière indicible de la saleté du péché qui arrivait dans le confessionnal. « Il avait une telle horreur du péché qu’il aurait préféré mourir mille fois plutôt que de laisser cette souillure souiller son âme. … Il lutta de toutes ses forces pour que le confesseur comprenne enfin qui il était, dont il avait offensé la bonté et l’amour ».[13] Le drame de l’immense déluge de boue peut l’ébranler profondément : « Il pleure sur le pécheur qui préfère le péché à son âme précieuse. Il pleure sur le sang de Dieu qui est versé en vain pour tant de malheureux ».[14]

Comme les bergers de Fatima, Padre Pio savait parfaitement qui est capable de nous guider en toute sécurité vers notre but éternel. Les célèbres paroles de l’Immaculée résonnaient dans son âme : « Mon Cœur Immaculé sera votre refuge et le chemin qui vous conduira à Dieu ! » Il connaissait parfaitement la place prépondérante de la Sainte Vierge et Mère de Dieu Marie dans le plan du salut, l’appelant tendrement sa « Mammina » et la décrivant comme le « chef-d’œuvre incomparable du Créateur ».[15] Avec un grand zèle, il proclame les gloires de la Reine céleste, en particulier son Immaculée Conception, sa virginité perpétuelle et la maternité de Dieu. En extase, il s’exclame : « Oui, tu es belle, si ce n’était la foi, on t’appellerait déesse. Tes yeux sont plus brillants que le soleil ! ».[16] Il a vécu et diffusé la consécration au Cœur Immaculé de Marie, demandée avec tant d’insistance à Fatima, comme une puissante ancre de salut et a loué l’Immaculée comme médiatrice de toutes les grâces : « Elle brille comme l’étoile du matin sur toute la création. Tout se réfère à elle, toute grâce passe par elle. Elle seule est capable de capter les flots d’amour qui jaillissent du cœur de Dieu. Elle seule est digne d’être en communion avec eux. »[17]

Le lien particulier de Padre Pio avec le message de Fatima a également été révélé en 2017 dans une dimension extrêmement éclairante : Il a été révélé qu’il connaissait même le Troisième Secret – il lui avait déjà été révélé quatre ans avant les enfants bergers. Le célèbre journaliste José María Zavala en témoigne dans son livre Le secret le mieux gardé de Fátima, qu’il a publié à l’occasion du 100e anniversaire des apparitions. Dans ce travail d’investigation, l’auteur espagnol se réfère à son long entretien avec Don Gabriele Amorth, fils spirituel de Padre Pio. Le célèbre exorciste y révèle ce que le saint stigmatisé, frappé de plein fouet et choqué, lui a confié au sujet du troisième secret : « C’est Satan qui est entré dans le sein de l’Église, et dans peu de temps, il régnera sur une fausse Église. »[18]

Zavala a interrogé Don Gabriele Amorth à ce sujet de manière plus détaillée et, en conclusion du dialogue, il déclare ce qui suit : « Il y avait deux thèmes récurrents et liés : la grande apostasie de l’Église depuis son sommet – selon le témoignage du cardinal Ciappi – et l’introduction du diable à la tête de l’Église par le biais du ‘Pape sous le contrôle de Satan' ».[19]

Zavala souligne la correspondance évidente entre ces paroles et la déclaration de Frère Michel de la Sainte Trinité, éminent expert du message de Fatima et auteur d’une trilogie correspondante. Il a déclaré :

Ce sera l’époque de la bataille décisive entre la Vierge et le diable. Un flot de confusion diabolique se répandra dans le monde. Satan pénétrera dans les plus hautes sphères de l’Église. Il aveuglera les esprits et endurcira les cœurs des bergers, car Dieu les aura abandonnés à leur sort en punition de leur désobéissance aux demandes du Cœur Immaculé de Marie.

Ce sera la grande apostasie annoncée pour les derniers jours, … le ‘Faux Prophète’ qui trahit l’Eglise au profit de la ‘Bête’, selon la prophétie de l’Apocalypse.[20]

Le Faux Prophète qui boite et l’Antéchrist qui va bientôt apparaître font tout pour tromper et escroquer les gens et les conduire à la perdition éternelle.

« Voici la persévérance des saints, qui gardent les commandements de Dieu et la foi de Jésus » (Apoc. 14:12).

Mais à la fin, le Cœur Immaculé de Marie, la Vierge de Fatima, la Reine du Rosaire et le vainqueur de toutes les batailles de Dieu, triomphera ! 

Père Frank Unterhalt
13 juillet 2024
Anniversaire de la troisième apparition à Fatima

Références

Références
1 Paul Claudel, in : P. Charles Olmi, Méditations sur les révélations de FatimaLe Puy 1945, Introduction.
2 Père Ferdinand Ritzel, Pater Pio. Sa vie. L’amour et l’amourMedia Maria Verlag 2018, p. 182.
3 Ibid, p. 181.
4 Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je vous aime ! Je te demande pardon pour ceux qui ne croient pas, n’adorent pas, n’espèrent pas et ne t’aiment pas.

Très Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, je Vous adore profondément et je Vous offre le très précieux Corps, Sang, Ame et Divinité de Jésus-Christ, présent dans tous les tabernacles du monde, en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences par lesquels Il est Lui-même offensé. Par les mérites infinis de son très Sacré-Cœur et du Cœur Immaculé de Marie, je Vous demande la conversion des pauvres pécheurs.

5 P. J. Derobert, Heiliger Pio aus Pietrelcina durchsichtig auf Gott hinHauteville/Suisse 2011, p. 66.
6 Père Ferdinand Ritzel, p. 182.
7 L. Gonzaga da Fonseca, Maria spricht zur WeltFribourg/Suisse 1973 (16e édition), p. 177.
8 Père Stefano Maria Manelli, Le saint Pio de PietrelcinaCastelpetroso 2002, p. 132.
9 Don Gabriele Amorth, Pater Pio. Histoire de la vie d’un saintStein am Rhein 2006 (2e édition), p. 60.
10 Père Stefano Maria Manelli, p. 97.
11 Ibid, p. 105.
12 P. J. Derobert, p. 717.
13 Ibid. p. 715.
14 Maria Winowska, L’histoire sainte de Pater PioAugsbourg 1989 (25e édition), p. 127.
15 Ibid. p. 159.
16 Père Ferdinand Ritzel, p. 266.
17 Maria Winowska, p. 159.
18 José María Zavala, Le secret le mieux gardé de Fátimaédition espagnole, Planeta Publishing 2017, p. 231.
19 Ibid, p. 267.
20 Ibid, pp. 83-84.



La patience est la profondeur de l’amour…

« Qu’elle est grande la patience de Dieu…

Combien Dieu recherche le pécheur ! »

Ste Elisabeth de la Trinité, Journal 69

 

Dans une civilisation matérialiste où l’on ne sait plus attendre, « l’immédiateté » de la consommation est reine : des biens matériels multiples à l’information continue, de la commande d’une pizza à la relation d’un soir, tout est possible sur le net qui envahit nos vies ! On est comme des « petits dieux » derrière nos écrans… mais en réalité, ils nous enferment dans la prison dorée de la facilité : ils nous volent en continu la beauté de cette Création où Dieu nous « parle » chaque jour : les couleurs d’une fleur, la splendeur d’un lever de soleil, le charme d’un chant d’oiseau ou la lumière d’un sourire d’enfant… tant et tant de messages uniques nous sont offerts et nous ne les voyons plus !

Il faut réapprendre « la patience de la contemplation » et savoir tout arrêter régulièrement pour « regarder et écouter » … et pour cela notre regard doit changer ! Même si cela commence par une purification dont Aristote, le grand philosophe grec, nous prévient :

« La patience est amère, mais son fruit est si doux ! » On n’est pas loin de l’Evangile où Jésus se dévoile comme un Maître « doux et humble de cœur ! » (Mt 11,29). Et la douce humilité de Dieu se révélera dans la bouleversante « patience de la Croix » où flamboie pour nous son infini Amour : « Mon Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font ! » (Lc 23,34). La Passion finale du Fils de Dieu sur la Croix est le signe vertigineux qu’en Dieu, la patience est la profondeur ultime de son Amour pour nous, pauvres pécheurs…

Ainsi, la patience certifie l’amour qui doit s’exercer d’abord envers mon plus proche. Et en ce sens, Saint Paul exhorte les premiers chrétiens à revêtir entre eux « des sentiments de tendre compassion, de bienveillance, d’humilité, de douceur, de patience ! » (Col 3,12 / Ep 4,2). Car la patience opère une purification de « l’orgueil du monde » sous toutes ses formes : en effet, l’orgueilleux est souvent pressé et arrogant tandis que l’humble est patient et doux : il se connaît en cette Lumière d’en-Haut qui lui donne un regard miséricordieux sur tous ses semblables ! Paul nous y invite encore : « Ayez de la patience envers tous ! » (1 Th 5,14).

Ce même combat, patient et résolu, contre « l’esprit du monde » ; Saint Jean l’a aussi remarquablement discerné… et il nous a prévenu :

« Si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui.

Car tout ce qui est dans le monde – la convoitise de la chair,

la convoitise des yeux et l’orgueil de la richesse –

vient non pas du Père, mais du monde.

Or, le monde passe avec ses convoitises ;

mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement ! »

(1 Jn 15-17)

Ainsi, la patience est le fondement de l’endurance… elle est ce « trésor caché » qui nous tiendra debout durant les épreuves des derniers temps qui approchent ! En effet, la patience est sœur de cette humilité qui fonde la durée dans la foi ! Et c’est pourquoi, dans la Bible, l’Ecclésiaste nous prévient : « Mieux vaut la patience que la prétention ! » (Qo 7,8). Et le Siracide nous laisse entrevoir la merveille de ce choix : « L’homme patient tient bon jusqu’à son heure, mais à la fin, sa joie éclate ! » (Si 1,23).

Si la patience est d’une importance primordiale sur le chemin de la foi, on ne s’étonnera pas de la retrouver au cœur du célèbre « cri » de Sainte Thérèse d’Avila :

« Que rien ne te trouble,

Que rien ne t’effraie ;

Tout passe.

Dieu ne change pas :

La patience obtient tout !

Celui qui possède Dieu

Ne manque de rien…

Dieu seul suffit ! »

« La patience obtient tout ! » On ne l’oubliera pas au cœur de nos épreuves et de nos découragements… et en ce sens, il nous faudra revenir souvent à la source : notre patience ne tiendra que dans la contemplation de « la patience de Dieu » (Ro 3,26). Elle est la toile de fond de toute l’histoire du salut ! C’est parce que Dieu est patient que l’histoire des hommes continue… mais ce temps « offert » avec une telle gratuité est suspendu à son infinie miséricorde et cela devrait nous faire réfléchir… jusqu’à en être bouleversé et réorienté : il n’y a plus de temps à perdre !…

Car derrière cette incompréhensible patience de Dieu, se cache en même temps « l’impatience de Dieu » : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais que déjà il fût allumé ! » (Lc 12,49). Mais Dieu patiente à cause de la lourdeur des hommes : « Esprits sans intelligence, lents à croire tout ce qu’ont annoncé les Prophètes ! Ne fallait-il pas que le Christ endurât ces souffrances pour entrer dans sa gloire ? » (Lc 24,25-26).

Alors, que monte en nos cœurs cet inattendu cri de l’homme « trop seul » quand son Dieu s’éloigne : « Reste avec nous, car le soir tombe ! » (Lc 24,29). Et en effet, la nuit vient dés que l’homme s’éloigne de Dieu…

Tournons-nous résolument vers Celle dont Jésus nous a dit : « Voici ta Mère ! » (Jn 19,27).

Sa maternelle tendresse nous enveloppera en nous donnant cette patiente endurance qui est « le secret des saints » ! Car si la patience est la profondeur de l’amour, elle devient « l’art de savoir tout attendre de Dieu » ! Elle aboutit à cette confiance qui mène à la surprise folle de l’Amour !

N’est-ce-pas là « l’intuition majeure » de Petite Thérèse ? Elle est à inscrire en lettres de feu au plus profond de nos cœurs ! Là, se cache le secret de la sainteté :

« Restons bien loin de tout ce qui brille, aimons notre petitesse, aimons à ne rien sentir, alors nous serons pauvres d’esprit et Jésus viendra nous chercher… et si loin que nous soyons, il nous transformera en flammes d’amour…

Oh ! que je voudrais pouvoir vous faire comprendre ce que je sens !… C’est la confiance et rien que la confiance qui doit nous conduire à l’Amour[1]… »

La patience est la profondeur de l’amour car elle sait tout attendre de l’Amour…

 

                                                                                +M Mickaël et Marie+Jacinta

 

[1] Sainte Thérèse de Lisieux, Œuvres complètes, Lettre 197, p.553.




La Salette, suite. retour au bercail et première enquête

Mélanie poursuit son récit :

« Le soir du 19 septembre, nous nous retirâmes un peu plus tôt qu’à l’ordinaire. Arrivée chez mes maîtres, je m’occupais à attacher mes vaches et à mettre tout en ordre dans l’écurie. Je n’avais pas terminé que ma maîtresse vint à moi en pleurant et me dit :
« Pourquoi, mon enfant, ne venez-vous pas me dire ce qui vous est arrivé sur la montagne ?
Maximin, n’ayant pas trouvé ses maîtres qui ne s’étaient pas encore retirés de leurs travaux, était venu chez les miens et avait raconté tout ce qu’il avait vu et entendu. Je lui répondit : « Je voulais bien vous le dire, mais je voulais finir mon ouvrage auparavant. »
Un moment après, je me rendis dans la maison, et ma maîtresse me dit : « Racontez ce que vous avez vu ; le berger de Bruite (c’était le surnom de Pierre Selme, maître de Maximin) m’a tout raconté. »
Je commence, et, vers la moitié du récit, mes maîtres arrivèrent de leurs champs. Ma maîtresse, qui pleurait en entendant les plaintes et les menaces de notre tendre Mère, dit : « Ah ! vous vouliez aller ramasser le blé demain (dimanche) ; gardez-vous en bien, venez entendre ce qui est arrivé au aujourd’hui à cette enfant et au berger de Pierre Selme.  »
Et, se tournant vers moi, elle dit : « Recommencez tout ce que vous avez dit. »
Je recommence et, quand j’eus terminé, mon maître dit :
« C’est la Sainte Vierge ou bien une grande sainte, qui est venue de la part du Bon Dieu, mais c’est comme si le Bon Dieu était venu lui-même , il faut faire ce que cette Sainte a dit. Comment allez-vous faire pour dire tout cela à tout son peuple ? »
Je lui répondis : « Vous me direz comment je dois faire, et je le ferai. »
Ensuite il ajouta en regardant sa mère, sa femme et son frère : « Il faut y penser. »
Puis chacun se retira à ses affaires. C’était après le souper, Maximin et ses maîtres vinrent chez les miens pour raconter ce que Maximin leur avait dit et pour savoir ce qu’il y avait à faire.
« Car dirent-ils, il nous semble que c’est la Sainte Vierge qui a été envoyée par le Bon Dieu ; les paroles qu’Elle a dites le font croire. Et Elle leur a dit de le faire passer à tout son peuple ; il faudra peut-être que ces enfants parcourent le monde entier pour faire connaître qu’il faut que tout le monde observe les commandements du Bon Dieu, sinon de grands malheurs vont arriver sur nous. »
Après un moment de silence, mon maître dit, en s’adressant à Maximin et à moi :
« Savez-vous ce que vous devez faire, mes enfants ? Demain, levez-vous de bon matin, allez tous deux à M. le Curé, et racontez-lui tout ce que vous avez vu et entendu ; dites-lui bien comment la chose s’est passée, il vous dira ce que vous avez à faire. »

Visite au Curé

Le 20 septembre, lendemain de l’Apparition, je partis de bonne heure avec Maximin. Arrivés à la cure, je frappe à la porte, La domestique de M. le Curé vint ouvrir et demanda ce que nous voulions, je lui dis (en Français, moi qui ne l’avais jamais parlé) :
« Nous voudrions parler à M le Curé. »
– Et que voulez-vous lui dire ? nous demanda-t-elle,
« Nous voulons lui dire, Mademoiselle, qu’hier nous sommes allés garder nos vaches sur la montagne des Baisses, et après avoir dîné, etc, .. , etc ». »
Nous lui racontâmes une bonne partie du discours de la Très Sainte Vierge. Alors la cloche de l’église sonna ; c’était le dernier coup de la messe.
M, l’Abbé Perrin, curé de la Salette, qui nous avait entendus, ouvrit sa porte avec fracas; il pleurait ; il se frappait la poitrine; il nous dit :
« Mes enfants, nous sommes perdus, Dieu va nous punir. Ah ! mon Dieu, c’est la Sainte Vierge qui vous est apparue ! »
Et il partit pour dire la Sainte Messe. Nous nous regardâmes avec Maximin et la domestique ; puis Maximin me dit :
« Moi, je m’en vais chez mon père à Corps, » Et nous nous séparâmes.
N’ayant pas reçu d’ordre de mes maîtres de me retirer aussitôt après avoir parlé à M. le Curé, je crus ne pas faire mal en assistant à la Messe. Je fus donc à l’église. La messe commence et après le premier Evangile, M. le Curé se tourne vers le peuple, et essaie de raconter à ses paroissiens l’Apparition qui venait d’avoir lieu, la veille, sur une de leurs montagnes, et les exhorte à ne plus travailler le dimanche ; sa voix était entrecoupée par des sanglots, et tout le peuple était très, très ému.
Après la sainte messe, je me retirai chez mes maîtres. M. Peytard, qui est encore aujourd’hui maire de la Salette y vint m’interroger sur le fait de l’Apparition, et, après s’être assuré de la vérité de ce que je lui disais, il se retira convaincu.
Je continuai de rester au service de mes maîtres jusqu’à la fête de la Toussaint. Ensuite je fus mise comme pensionnaire chez les religieuses de la Providence, dans mon pays, à Corps.




St Louis-Marie Grignion de Montfort, Le secret admirable du Très Saint Rosaire – La manière sainte de réciter le Rosaire, 41e rose

[116] Ce n’est pas proprement la longueur, mais la ferveur de la prière, qui plaît à Dieu et qui lui gagne le cœur. Un seul Ave Maria bien dit est d’un plus grand mérite que cent cinquante mal dits. Presque tous les chrétiens catholiques récitent le Rosaire, le chapelet ou du moins quelques dizaines d’Ave. Pourquoi donc y en a-t-il si peu qui se corrigent de leurs péchés et s’avancent dans la vertu, sinon parce qu’ils ne font pas ces prières comme il faut.

[117] Voyons donc la manière qu’il faut les réciter pour plaire à Dieu et devenir plus saints.

Premièrement il faut que la personne qui récite le saint Rosaire soit en état de grâce ou du moins dans la résolution de sortir de son péché, parce que toute la théologie nous enseigne que les bonnes œuvres et les prières, faites en péché mortel, sont des œuvres mortes, qui ne peuvent être agréables à Dieu ni mériter la vie éternelle ; c’est en ce sens qu’il est écrit : Non est speciosa laus in ore peccatoris, Eccl. 15, 9 (La louange ne sied pas à la bouche du pécheur)

La louange et le salut de l’ange et l’Oraison même de Jésus-Christ n’est pas agréable à Dieu lorsqu’elle sort de la bouche d’un pécheur impénitent : Populus hic labiis me honorat, cor autem eorum longe est a me  Marc 7,6 (Ce peuple m’honore des lèvres mais son cœur est loin de moi.

Ces personnes qui se mettent de mes confréries, (dit Jésus-Christ), qui récitent tous les jours le chapelet ou le Rosaire, sans aucune contrition de leurs péchés, m’honorent de leurs lèvres, mais leur cœur est bien éloigné de moi. .

[2°] J’ai dit : « ou du moins dans la résolution de sortir du péché », 1° parce que s’il fallait absolument être en grâce de Dieu pour faire des prières qui lui fussent agréables, il s’ensuivrait que ceux qui sont en péché mortel ne devraient point du tout prier, quoiqu’ils en aient plus de besoin que les justes, ce qui est une erreur condamnée par l’Eglise, et, ainsi, il ne faudrait jamais conseiller à un pécheur de dire son chapelet ou son Rosaire parce qu’il lui serait inutile ; 2° parce que, si avec la volonté de demeurer dans le péché, et sans aucune intention d’en sortir, on s’enrôlait dans une confrérie de la sainte Vierge, ou on récitait le chapelet, le Rosaire ou quelque autre prière, on se rendrait du nombre des faux dévots de la sainte Vierge, et dévots présomptueux et Impénitents, qui, sous le manteau de la sainte Vierge, avec le scapulaire sur leur corps ou le Rosaire à la main crient : sainte Vierge, bonne Vierge, je vous salue, Marie, et cependant crucifient et déchirent cruellement Jésus-Christ par leurs péchés et tombent malheureusement, du milieu des plus saintes confréries de la sainte Vierge, dans le milieu des flammes de l’enfer.

[118] Nous conseillons le saint Rosaire à tout le monde : aux justes pour persévérer et croître dans la grâce de Dieu, et aux pécheurs pour sortir de leurs péchés. Mais à Dieu ne plaise que nous exhortions un pécheur à faire du manteau de la protection de la sainte Vierge, un manteau de damnation pour voiler ses crimes, et à changer le Rosaire, qui est un remède à tous maux, en un poison mortel et funeste. Corruptio optimi pessima.

Il faut être un ange en pureté, dit le savant Hugues, cardinal, pour approcher de la sainte Vierge et réciter la Salutation angélique. Elle fit un jour voir à un impudique, qui récitait le saint Rosaire régulièrement tous les jours, de beaux fruits dans un vaisseau souillé d’ordure ; il en eut horreur, et [elle] lui dit : «  Voilà comme tu me sers, tu me présentes de belles roses dans un vaisseau sale et corrompu. Juge, si je puis les avoir agréables . »

Pour lire l’introduction et consulter le plan de l’ouvrage de Grignion de Montfort, cliquer ici.




Message de Marie à Medjugorje le 25 octobre 2024

« Chers enfants,

en ce temps, tandis que vous célébrez le Jour de Tous les Saints, recherchez leur intercession et leurs prières afin que, en union avec eux, vous trouviez la paix. Que les saints vous soient des intercesseurs et des exemples, pour que vous les suiviez et viviez saintement.

Je suis avec vous et j’intercède auprès de Dieu pour chacun d’entre vous.

Merci d’avoir répondu à mon appel. »




« Puisque vous ne voulez pas chanter, récitez le chapelet avec moi »

Pour conclure le mois du Rosaire, nous vous proposons de méditer le récit suivant qui nous montre la grande efficacité du Rosaire.

Saint Louis-Marie Grignion de Montfort projetait de se rendre sur l’île d’Yeu, à 17 km de la Rochelle, pour y prêcher une mission. C’était à l’époque de la guerre de Succession d’Espagne. Des pirates anglais sillonnaient la mer et rendaient la côte dangereuse.

A cause de l’insécurité, les compagnons du Missionnaire le conjurent de renoncer à ce voyage. Mais en vain! Il n’a de repos que lorsqu’il a pu décider quelques loups de mer courageux de se mettre à sa disposition avec leur bateau… Le canot prend le large. Tout se passe sans incident. Mais voici qu’après trois heures de voyage, surgissent à l’horizon deux voiliers de pirates qui foncent sur les missionnaires et leur embarcation.

L’équipage pousse des cris d’effroi. Les matelots désespérés s’écrient : « Nous sommes perdus ! » Les compagnons de Grignion fondent en larmes. Quant à lui, il garde sa bonne humeur et se met à chanter des cantiques. Il invite les passagers à l’imiter. Mais ceux-ci restent muets comme les poissons de la mer. « Puisque vous ne voulez pas chanter, dit Montfort, récitez le chapelet avec moi. »

Alors tous se mettent à genoux et d’une voix d’enfants en pleurs, ils récitent les Ave Maria qui planent sur les eaux et pénètrent le ciel. Le chapelet terminé, le missionnaire reprend la parole : « N’ayez pas peur. Notre Mère la Sainte Vierge nous a exaucés ! Nous sommes hors de danger ! » – Hors de danger ? Hurle l’équipage.« Ne voyez-vous donc pas que nous sommes déjà à portée de tir ? »… – Ayez confiance ! insiste Grignion de Montfort.

A l’instant se produit un puissant coup de vent. Les voiliers ennemis font demi-tour et, ballottés comme une coquille de noix, disparaissent à l’horizon. L’équipage de la chaloupe est sauvé, il aborde dans l’île au chant du Magnificat. Lorsque les pauvres pêcheurs eurent connaissance du miracle, ils furent tout yeux et tout oreilles aux prédications du missionnaire. Tous se confessèrent, sauf le gouverneur ; ils devinrent de fervents chrétiens et restèrent fidèles à la récitation du chapelet.

Kleine Lebensbilder de Michael Faltz

Traduit par Frère Albert Pfleger pour le Recueil marial