La perle précieuse du Saint Rosaire pour la paix du monde

« Car où est ton trésor, là aussi sera ton cœur… » 

Matthieu 6,21

 

A l’approche du 7 octobre, Fête de Notre Dame du Rosaire, il est urgent d’imiter le négociant de l’Evangile : « Quand il a trouvé une perle de grande valeur, il va vendre tout ce qu’il possède et achète cette perle ! » (Mt 13,45). Mais avons-nous découvert que le Rosaire est cette « perle unique » de la vie chrétienne et ce « trésor sans fond » de l’Evangile, caché en notre cœur ? Il faut se souvenir ici de la première Apparition de Notre Dame à Fatima à travers le regard de la petite Jacinta :

« La Dame avait les mains jointes, comme ceci – et Jacinta se levait et joignait les mains pour imiter la vision – Entre les doigts, elle avait un chapelet. Ah ! quel beau chapelet elle avait !… tout en or, brillant comme les étoiles de la nuit, et un Crucifix qui brillait, qui brillait… Ah ! quelle belle Dame[1] ! »

Cependant, toute splendide qu’elle soit, cette première Apparition n’est pas sans surprise !

Lucie manifeste à la Vierge son étonnement que Francisco ne voit, ni n’entende rien ? La Dame se tourna alors vers le petit garçon et le regarda avec une expression mêlée de bonté et de maternel reproche :

  • « Oui, il ira ; mais il devra dire beaucoup de chapelets ! »

En effet, il faut savoir que Francisco ne priait pas assez le chapelet et l’avait délibérément « raccourci[2] » ! Alors, quand Lucia se plaint à la Vierge que Francisco ne la voit pas, la réponse de la Dame est précise :

  • « Dis-lui de réciter le chapelet et il me verra aussi ! »

Lucia fait la commission et Francisco commence à réciter le chapelet… Après quelques Ave Maria, il voit tout à coup la Dame dont l’éclat l’éblouit ! Par contre, il ne l’entend pas et il restera silencieux et méditatif. Ce n’est qu’après le départ de la Vierge qu’il se fera répéter ses paroles par Jacinta et Lucia. Et quand cette dernière lui dit que Notre Dame l’emmènerait au Ciel, mais qu’il devrait prier beaucoup de chapelets, il s’exclama :

  • « O, ma Notre-Dame, des chapelets, j’en réciterai autant que vous le voudrez ! »

C’est une promesse à laquelle il restera très fidèle car, dans sa si belle âme, on le verra au quotidien dire seul de nombreux chapelets ! Nous ressemblons tous à Francisco et face à nos fragilités, nous avons à rebondir comme lui dans un esprit de conversion évangélique en nous confiant fort à la Vierge…

Nous n’avons pas encore saisi le mystère de puissance du Rosaire, cette prière qui peut changer nos vies et transformer le monde ! Car il y a un secret dans la récitation de cette prière mariale qui nous emporte dans l’immense vague de l’Esprit « cachée » dans la simplicité de la répétitivité… une sorte de corde sacrée vers l’au-delà à laquelle on s’accroche et nous ouvre déjà les portes du Ciel !

Le monde des Saints et Saintes l’a transpiré merveilleusement et il n’est qu’à les écouter pour le découvrir… car en priant le Rosaire, on découvre comme eux que « Marie est comme un beau fleuve qui, sans réserve et dans la plénitude de son flot, s’écoule vers Dieu. Tout ce qui s’abandonne à son maternel courant s’écoule vers ce terme divin de la façon la plus sûre, la plus complète, la plus rapide… Toute âme livrée à Marie marche et s’écoule vers l’Océan infini de l’Amour !… Le Rosaire, c’est un enchaînement d’amour de Marie à la Trinité[3] ! »

Le Rosaire est donc l’arme secrète des enfants de Marie pour préparer le retour de Jésus. Il est l’arme infaillible des derniers temps : prenons conscience que nous avons entre les mains et dans cette prière du cœur « une arme fatale, un laser imparable, une invincible douceur. » En ce temps où pèse la terrible menace d’une troisième et fatale guerre mondiale, le Rosaire est « l’arme des doux » pour vaincre le plan de Satan vers l’apocalypse nucléaire ! Et vu la situation extrême où nous sommes arrivés au Moyen orient ou en Ukraine, le Rosaire est notre premier engagement de prière intense pour la paix du monde ! Alors, n’oublions pas « l’alerte » que nous a donné Lucie de Fatima :

« Depuis que la très Sainte Vierge a donné une grande efficacité au chapelet, il n’y a pas de problème matériel ou spirituel, national ou international, qui ne puisse être résolu par le chapelet et nos sacrifices ! »

+M Mickaël

 

[1] Témoignages sur les Apparitions de Fatima, par le Père De Marchi, Fatima, Ediçoes Missoés Consolata, 2000, p.60.

[2] « D’après ce que nous a dit Mr Marto, le père de Jacinta et Francisco… il semble que c’est Francisco qui avait imaginé la manière expéditive de se débarrasser du chapelet », Père De Marchi, Témoignages sur les Apparitions de Fatima, Ediçoes Missoes Consolata, 2000, p.56.

[3] Père Vayssières, Le Rosaire, Traditions monastiques 2018, p.12-13.




L’Apparition de la Très-Sainte-Vierge sur la Montagne de La Salette le 19 septembre 1846

Nous reproduisons une revue parue en 2006 (l’Impartial n°199), publiée par le Père Michel Corteville, spécialiste de La Salette.

L’Apparition de la Très-Sainte-Vierge sur la Montagne de La Salette

le 19 septembre 1846

Récit de Mélanie complété par Maximin

Imprimatur de l’évêché de Lecce, Italie, 1879. Sur la couverture, ce titre est suivi de la parole du message : « Eh bien! Mes enfants, vous le ferez passer à tout mon Peuple. »

1. la rencontre des deux bergers

Le 18 septembre, veille de la Sainte Apparition de la Sainte Vierge, j’étais seule, comme à mon ordinaire, à garder les vaches de mes Maîtres. Vers les onze heures du matin, je vis venir auprès de moi un petit garçon. A cette vue je m’effrayai, parce qu’il me semblait que tout le monde devait savoir que je fuyais toutes sortes de compagnies. Cet enfant s’approcha de moi et me dit : « Petite, je viens avec toi, je suis aussi de Corps. » A ces paroles, mon mauvais naturel se lit bientôt voir, et, faisant quelques pas en arrière, je lui dis : « Je ne veux personne, je veux rester seule. » Mais cet enfant me suivait en me disant : « Va, laisse-moi avec toi, mon Maître m’a dit de venir garder mes vaches avec les tiennes : je suis de Corps. » Moi, je m’éloignai de lui, en lui faisant signe que je ne voulais personne, et, après m’être éloignée, je m’assis sur le gazon. Là, je faisais ma conversation avecles petites fleurs du Bon Dieu. Un moment après, je regarde derrière moi, et je trouve Maximin assis tout près de moi. Il me dit aussitôt: « Garde-moi, je serai bien sage. » Mais mon mauvais naturel n’entendit pas raison. Je me relève avec précipitation et je m’enfuis un peu plus loin sans rien lui dire, et je me remis à jouer avec les petites fleurs du Bon Dieu. Un instant après, Maximin était encore là, à me dire qu’il serait bien sage, qu’il ne parlerait pas, qu’il s’ennuierait d’être tout seul, et que son Maître renvoyait près de moi, etc …
Cette fois, j’en eus pitié, je lui fis signe de s’asseoir, et, moi, je continuai avec les petites fleurs du Bon Dieu. Maximin ne tarda pas à rompre le silence, il se mit à rire (je crois qu’il se moquait de mai), je le regarde et il me dit : « Amusons-nous, faisons un jeu. » Je ne lui répondis rien, car j’étais si ignorante que je ne comprenais rien au jeu avec une autre personne, ayant toujours été seule. Je m’amusais avec les fleurs, toute seule, et Maximin, s’approchant tout à fait de moi ne faisait que rire en me disant que les fleurs n’avaient pas d’oreilles pour m’entendre et que nous devions jouer ensemble. Mais je n’avais aucune inclination pour le jeu qu’il me disait de faire. Cependant je me mis à lui parler, et il me dit que les dix jours qu’il devait passer avec son Maitre allaient bientôt finir et qu’ensuite il s’en irait à Corps chez son père, etc… Tandis qu’il me parlait, la cloche de la Salette se fit entendre, c’était l’Angelus ; je fis signe à Maximin d’élever son âme à Dieu. Il se découvrit la tête et garda un moment le silence. Ensuite je lui dis :  » Veux-tu dîner ?  – Oui, me répondit-il. Allons.  »


Nous nous assîmes, je sortis de mon sac les provisions que m’avaient données mes Maîtres et, selon mon habitude, avant d’entamer mon petit pain rond, avec la pointe de mon couteau je fis une croix sur mon pain, et, au milieu, un petit trou, en disant « Si le diable y est qu’il en sorte, et si le Bon Dieu y est qu’il y reste ! » et vite, vite, je recouvris le petit trou. Maximin partit d’un grand éclat de rire et donna un coup de pied à mon pain, qui s’échappa de mes mains, roula jusqu’au bas de la montagne et se perdit. J’avais un autre morceau de pain ; nous le mangeâmes ensemble ; ensuite nous fîmes un jeu ; puis, comprenant que Maximin devait avoir besoin de manger, je lui indiquai un endroit de la montagne couvert de petits fruits. Je l’engageai à aller en manger, ce qu’il fit aussitôt ; il en mangea et en rapporta plein son chapeau. Le soir nous descendîmes ensemble de la montagne et nous nous promîmes de revenir garder nos vaches ensemble.

[Deuxième rencontre: le jour de l’apparition]

Le lendemain, 19 septembre, je me retrouvai en chemin avec Maximin. Nous gravissions ensemble la montagne. Je trouvais que Maximin était très bon, très simple, et que volontiers il parlait de ce dont je voulais parler, il était aussi très souple, ne tenant pas à son sentiment ; il était seulement un peu curieux ; car, quand je m’éloignais de lui, dès qu’il me voyait arrêtée, il accourait vite pour voir ce que je faisais et entendre ce que je disais avec les fleurs du Bon Dieu ; et s’il n’arrivait pas à temps, il me demandait ce que j’avais dit. Maximin me dit de lui apprendre un jeu. La matinée était déjà avancée. Je lui dis de ramasser des fleurs pour faire le « Paradis ». Nous nous mimes tous les deux à l’ouvrage ; nous eûmes bientôt une quantité de fleurs de diverses couleurs. L’Angélus du village se fit entendre, car le ciel était beau, il n’y avait pas de nuages. Après avoir dit au Bon Dieu ce que nous savions, je dis à Maximin que nous devions conduire nos vaches sur un petit plateau près du ravin, où il y aurait des pierres pour bâtir le « Paradis ». Nous conduisîmes nos vaches au lieu désigné, et ensuite nous prîmes notre petit repas ; puis nous nous mimes à porter des pierres et à construire notre petite maison,- qui consistait en un rez-de-chaussée qui, soi disant, était notre habitation, puis un étage au-dessus qui était selon nous le « Paradis ». Cet étage
était tout garni de fleurs de différentes couleurs, avec des couronnes suspendues par des tiges de fleurs. Ce « Paradis » était couvert d’une seule et large pierre que nous avions recouverte de fleurs ; nous avions aussi suspendu des couronnes tout autour. Le « Paradis » terminé nous le regardions ; le sommeil nous vint, nous nous éloignâmes de là à environ deux pas, et nous nous endormîmes sur le gazon.

La Belle Dame s’assied sur notre Paradis, sans le faire croûler… »

Maximim, de son côté, commence le récit par une prière :

 » Très Sainte Vierge Marie Immaculée, Notre-Dame de La Salette, permettez-moi de venir déposer à vos pieds ces quelques pages ; faites qu’aujourd’hui que je suis devenu homme, ma voix soit aussi pure, aussi véridique que le 19 septembre 1846, quand je descendis de votre sainte montagne pour annoncer, à tout Votre Peuple, la grande nouvelle dont vous m’avez chargé. Je n’aurais jamais écrit, bonne et très excellente Mère, si l’on ne mettait point en doute mon témoignage, si l’on ne le tournait point contre vous-même, si l’on ne me prêtait point des paroles lorsque je garde le plus profond silence. Je vous prie et je vous supplie, ô très sainte Vierge Marie, implorée sous votre titre de Notre-Dame de La Salette, de m’accorder, jusqu’à la fin de mes jours, la grâce de confesser votre apparition, comme tous les témoins de l’Eglise ont fait pour la divinité même de Notre-Seigneur Jésus-Christ. »

Maximin enchaîne avec le récit :
« II est midi. Ce n’est point l’heure des ténèbres si favorable aux illusions ; le ciel est serein ; les nuages dans leurs formes étranges ne nous feront voir aucun fantôme ; le soleil brille du plus vif éclat ; il sera facile aux deux témoins de comparer sa splendeur avec celle de la très sainte Vierge. Je dis ces choses, car, pour le plaisir de nous combattre, quelles hypothèses n’a-t-on pas inventées ? Assis au sommet de la Sainte Montagne, sur des pierres placées les unes sur les autres et formant une espèce de banc, près d’une fontaine tarie qui a coulé le jour même, qui depuis coule toujours et porte le nom de fontaine miraculeuse, Mélanie et moi faisons notre frugal repas. Nos vaches boivent et se dispersent. Fatigué, je m’étends sur le gazon et je dors. Quelques instants après j’entends la voix de Mélanie m’appelant : Mémin (diminutif de Maximin), Mémin, viens vite que nous allions voir où sont nos vaches. Je me réveille en sursaut, je saisis mon bâton et je suis Mélanie qui me servait de guide. Nous franchissons la Sézia, nous gravissons rapidement le versant d’un monticule et nous apercevons sur l’autre versant, nos bestiaux qui reposaient tranquillement.

II. Début de l’apparition

Nous revenions vers le banc de pierre où nous avions laissé nos panetières quelques instants auparavant, quand tout à coup Mélanie s’arrête, son bâton lui échappe des mains ; effrayée, elle se tourne vers moi en disant :
– Vois-tu là-bas cette grande lumière ?
– Oui, je la vois, lui répondis-je ; mais va, prends ton bâton.
Et alors brandissant le mien avec menace :
– Si elle nous touche, ajoutai-je, je lui en donnerai un bon coup.
Cette lumière, devant laquelle celle du soleil semble pâlir, parait s’entrouvrir et nous distinguons dans son intérieur la forme d’une dame encore plus brillante. Elle avait l’attitude d’une personne profondément affligée ; elle était assise sur l’une des pierres du petit banc, les coudes appuyés sur ses genoux et le visage caché dans ses mains.


Quoique à une distance de vingt mètres environ, nous entendons une voix douce comme si elle sortait d’une bouche voisine de nos oreilles, disant ;
– Avancez, mes enfants, n’ayez pas peur, je suis ici pour vous annoncer une grande nouvelle .
La crainte respectueuse qui nous avait tenus en arrêt s’évanouit ; nous courons à elle comme à une bonne et très excellente mère. »

Reprise du récit de Mélanie :
« Ces douces et suaves paroles me firent voler jusqu’à elle, et mon cœur aurait voulu se coller à elle pour toujours. Arrivée bien près de la Belle Dame, devant elle à sa droite, elle commence le discours, et des larmes commencent aussi à couler de ses beaux yeux :
« Si mon peuple ne veut pas se soumettre, je suis forcée de laisser aller la main de mon Fils. Elle est si lourde et pesante que je ne puis plus la retenir. Depuis le temps que je souffre pour vous autres ! Si je veux que mon Fils ne vous abandonne pas, je suis chargée de le prier sans cesse. Et, pour vous autres, vous n’en faites pas cas. Vous aurez beau prier, beau faire, jamais vous ne pourrez récompenser la peine que j’ai prise pour vous autres.
Je vous ai donné six jours pour travailler, je me suis réservé le septième, et on ne veut pas me l’accorder. C’est ce qui appesantit tant le bras de mon Fils.
Ceux qui conduisent les charrettes ne savent pas parler sans y mettre le nom de mon Fils au milieu.
Ce sont les deux choses qui appesantissent tant le bras de mon Fils. Si la récolte se gâte, ce n’est qu’à cause de vous autres. Je vous l’ai fait voir l’année passée par les pommes de terre, vous n’en avez pas fait cas ; c’est au contraire quand vous en trouviez de gâtées, vous juriez, et vous mettiez le nom de mon Fils. Elles vont continuer à se gâter, à la Noël il n y en aura plus.  »
Ici je cherchais à interpréter la parole : pommes de terre ; je croyais comprendre que cela signifiait : pommes. La Belle et Bonne Dame, devinant ma pensée reprit ainsi.
« Vous ne comprenez pas, mes enfants, je vais vous le dire autrement.  »
La traduction en français [du discours que la Vierge continue maintenant en patois] est celle-ci :
« Si la récolte se gâte, ce n’est rien que pour vous autres ; je vous l’ai fait voir l’année passée par les pommes de terre, et vous n’en avez pas fait cas ; c’était, au contraire, quand vous en trouviez de gâtées, vous juriez et vous mettiez le nom de mon Fils. Elles vont continuer à se gâter et, à la Noël, il n’y en aura plus. Si vous avez du blé, il ne faut pas le semer. Tout ce que vous sèmerez, les bêtes le mangeront, et ce qui viendra tombera tout en poussière quand vous le battrez. Il viendra une grande famine. Avant que la famille vienne, les petits enfants au-dessous de sept ans, prendront
un tremblement et mourront entre les mains des personnes qui les tiendront ; les autres feront pénitence par la faim. Les noix deviendront mauvaises ; les raisins pourriront.  »

Ici, la Belle Dame, qui me ravissait, resta un moment sans se faire entendre ; je voyais cependant qu’elle continuait comme si elle parlait, de remuer gracieusement ses aimables lèvres. Maximin recevait alors son secret.

A suivre…

 




St Louis-Marie Grignion de Montfort, Le secret admirable du Très Saint Rosaire – Merveilles obtenues par le Rosaire, 37e rose

[37e ROSE]

[110] Un seigneur qui avait plusieurs enfants mit une de ses filles dans un monastère entièrement déréglé, où les religieuses ne respiraient que la vanité et les plaisirs. Le confesseur, homme fervent et dévot au saint Rosaire, désirant d’abord conduire cette jeune religieuse dans les pratiques d’une meilleure vie, lui ordonna de réciter tous les jours le Rosaire en l’honneur de la sainte Vierge, méditant la vie, la passion et la gloire de Jésus-Christ. Elle agréa fort cette dévotion ; peu à peu elle eut du dégoût du dérèglement de ses sœurs ; elle commença à aimer le silence et l’oraison, malgré les mépris et les railleries des autres, qui la traitaient de bigote.

En ce temps-là, un saint abbé, étant allé faire la visite dans ce monastère, eut une étrange vision, en son oraison ; il lui sembla voir une religieuse dans sa chambre, en oraison, devant une grande dame « d’une beauté admirable accompagnée d’une troupe d’anges, lesquels à coup de dards enflammés chassaient une multitude de démons qui voulaient entrer. Et ces esprits malins s’enfuyaient aux chambres des autres religieuses, sous la figure de sales animaux, pour les exciter au péché auquel plusieurs donnaient entrée.

L’abbé connut, par cette vision, l’état malheureux de ce monastère et pensa mourir de tristesse ; il fit venir la jeune religieuse et l’exhorta à la persévérance. En faisant réflexion sur l’excellence du Rosaire, il prit dessein de réformer ces religieuses par cette dévotion. Il acheta de beaux rosaires qu’il donna à toutes les religieuses, les persuadant de le réciter tous les jours et leur promit, si elles voulaient bien le faire, de ne les contraindre jamais de se réformer. Elles reçurent agréablement ces rosaires et promirent de les réciter à cette condition. (Chose admirable!) Peu à peu, elles quittèrent leurs vanités, se portèrent au silence et à la récollection, et en moins d’un an, elles demandèrent toutes la réforme. Le Rosaire opéra plus sur leurs cœurs que l’abbé n’aurait pu gagner par ses exhortations et son autorité.

Pour lire l’introduction et consulter le plan de l’ouvrage de Grignion de Montfort, cliquer ici.




Thérèse de l’Enfant Jésus et la Vierge Marie

« On la montre inabordable, il faudrait la montrer imitable »

 

Le mois d’octobre est appelé dans l’Église le mois du Rosaire. Une fête mariale nous rappelle cela le 7 octobre : Notre Dame du Rosaire. Une autre fête nous oriente vers Marie, celle de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, le 1er octobre. Voici un texte de sa main qui peut nous parler :

« Elle vivait de foi comme nous. Que j’aurais bien voulu être prêtre pour prêcher sur la Sainte Vierge ! Une seule fois m’aurait suffi pour dire tout ce que je pense à ce sujet.
J’aurais d’abord fait comprendre à quel point on connaît peu sa vie. Il ne faudrait pas dire des choses invraisemblables ou qu’on ne sait pas ; par exemple que, toute petite, à trois ans, la Sainte Vierge est allée au Temple s’offrir à Dieu avec des sentiments brûlants d’amour et tout à fait extraordinaires ; tandis qu’elle y est peut-être allée tout simplement pour obéir à ses parents…

Pour qu’un sermon sur la Sainte Vierge me plaise et me fasse du bien, il faut que je voie sa vie réelle, pas sa vie supposée ; et je suis sûre que sa vie réelle devait être toute simple. On la montre inabordable, il faudrait la montrer imitable, faire ressortir ses vertus, dire qu’elle vivait de foi comme nous, en donner des preuves par l’Évangile où nous lisons : “Ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait” (Lc 2,50). Et cette autre, non moins mystérieuse : “Ses parents étaient dans l’admiration de ce qu’on disait de lui” (Lc 2,33). Cette admiration suppose un certain étonnement, ne trouvez-vous pas ?

On sait bien que la Sainte Vierge est la Reine du Ciel et de la terre, mais elle est plus mère que reine, et il ne faut pas dire à cause de ses prérogatives qu’elle éclipse la gloire de tous les saints, comme le soleil à son lever fait disparaître les étoiles. Mon Dieu ! que cela est étrange ! Une mère qui fait disparaître la gloire de ses enfants ! Moi je pense tout le contraire, je crois qu’elle augmentera de beaucoup la splendeur des élus. C’est bien de parler de ses prérogatives, mais il ne faut pas dire que cela… Qui sait si quelque âme n’irait pas même jusqu’à sentir alors un certain éloignement pour une créature tellement supérieure et ne se dirait pas : “Si c’est cela, autant aller briller comme on pourra dans un petit coin”.

Ce que la Sainte Vierge a de plus que nous, c’est qu’elle ne pouvait pas pécher, qu’elle était exempte de la tache originelle, mais d’autre part, elle a eu bien moins de chance que nous, puisqu’elle n’a pas eu de Sainte Vierge à aimer, et c’est une telle douceur de plus pour nous. »

 




Quand le Ciel confirme la dévotion du Rosaire

A l’occasion du mois du Rosaire et à l’approche de la fête de Notre-Dame du Rosaire le 7 octobre, faisons mémoire des merveilles opérées par la prière du Rosaire…

Un jour que saint Dominique prêchait en présence du duc de Bretagne, de toute la cour et d’un peuple immense, il assura, d’après une révélation personnelle, qu’aucun hommage, si ce n’est l’Office divin et l’adorable Sacrifice, n’était si agréable à Jésus et à Sa Mère, que la récitation fervente du Rosaire de Marie. Cette assertion parut exagérée à son nombreux auditoire; mais Dieu en prit la défense, et voici comment.

Après le sermon, Dominique célébra la sainte Messe en présence de la multitude. Or qu’arriva-t-il ? Le Saint y fut ravi en extase ; on le vit s’élever au-dessus du sol, et demeurer ainsi suspendu en l’air pendant toute une heure, le visage enflammé d’un feu divin. À la consécration, quand il éleva la sainte hostie, tout le peuple y vit clairement apparaître la Vierge Mère avec son divin Enfant qu’elle tenait dans ses bras. Quand il éleva le calice, on vit le Rédempteur couvert de plaies, transpercé, en proie à toutes les douleurs de sa Passion, tel qu’Il avait été au Calvaire. Vers la fin de la messe, une éblouissante lumière environna l’autel; et au sein de cette splendeur, le Seigneur se montra tout plein de la gloire de sa résurrection, et comme montant au ciel.

Cette vision transporta la foule; et le sacrifice terminé, Dominique remonta en chaire. Il expliqua à ses auditeurs émerveillés le sens de ces trois apparitions : la Vierge tenant l’Enfant Jésus, était la figure des Mystères joyeux; Jésus souffrant signifiait les Mystères douloureux ; et sa résurrection, les Mystères glorieux.

Il fit comprendre à toute l’assemblée combien la dévotion qui consiste à méditer ces mystères en récitant les cent cinquante Ave du Rosaire devait être agréable au Seigneur, puisqu’Il la confirmait par de tels prodiges. Tous, princes et peuples restèrent convaincus et embrassèrent avec ardeur une si excellente pratique.

 

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Saint Michel Archange : notre Ange Protecteur pour les derniers temps !

« Un combat s’engagea dans le Ciel :

Mickaël et ses Anges combattirent le Dragon…

Et le Dragon riposta, appuyé par ses Anges,

mais ils eurent le dessous et furent chassés du Ciel ! »

Apocalypse 12,7-8

Saint Michel Archange est par excellence l’Ange du combat pour la lumière, car comme le signale mystérieusement ce passage de l’Apocalypse, il s’est levé le premier contre la révolte de Satan, l’Ange déchu, et ses Anges qu’il a chassé du Ciel ! Il a d’ailleurs posé la question « majeure » qui traverse le temps et révèle son nom : Mîkhâ’êl : « Qui est comme Dieu[1] ? » Cette question de l’Archange à Satan nous renvoie au cœur de la tentation fondamentale de l’homme contemporain : prendre la place de Dieu et s’ériger comme norme suprême à sa place… Souvenons-nous ici de la tentation originelle qui est celle de notre civilisation décadente :

« L’esprit du mensonge essaie de faire croire aux hommes de notre époque qu’ils sont « comme des dieux » (Gn 3,5), en dehors du bien et du mal ; que le péché n’existe pas ; tandis que la réalité du péché et du mal assaille, comme jamais auparavant, donnant la preuve de son existence par des menaces d’une dimension jamais connue jusqu’ici[2] ! »

Ces paroles du si cher Pape Saint Jean-Paul II datent de 1984 et l’on peut constater la portée de son regard prophétique quand il annonce « des menaces d’une dimension jamais connue jusqu’ici ! » 40 ans plus tard, en 2024, nous y sommes… et c’est pourquoi le Pape polonais voulut rétablir dans l’Eglise en 1984 la prière à Saint Michel Archange composée par le Pape Léon XIII cent ans avant en 1884. Ce dernier, à la suite d’une révélation sur les plans de Satan pour détruire l’Eglise, décida de rédiger une prière à l’Archange qui serait récitée à la fin de chaque Messe :

« Saint Michel Archange, défendez-nous dans le combat !

Soyez notre secours contre la malice et les embûches du Démon.

Que Dieu exerce sur lui son empire, nous vous le demandons en suppliant !

Et vous, Prince de la Milice Céleste,

repoussez en enfer par la force divine, Satan et les autres esprits mauvais

qui rôdent dans le monde en vue de perdre les âmes ! Amen ! »

 

Malheureusement, le Concile Vatican II supprima cette prière. Mais en 1984, le Pape Jean-Paul II la rétablit mais sans être écouté…

Alors, reprenons le flambeau car il est de « toute urgence » de réciter avec force et ferveur cette prière à Saint Michel Archange après chaque Messe[3]. En effet, il faut bien saisir que dans l’apocalyptique guerre actuelle, visible et surtout invisible, la Vierge des derniers temps et la Reine des Anges nous confie à la garde de Saint Michel Archange : Chef et Prince des Armées célestes, il a chassé du Ciel Satan et ses Anges rebelles ! (Ap 12,7-12). Défenseur et Protecteur de la Sainte Eglise catholique, confions-nous chaque jour à sa puissante protection… spécialement le matin, avant l’activité de la journée :

« Saint Michel Archange, de ta lumière illumine-moi !

Saint Michel Archange, de tes ailes protège-moi !

Saint Michel Archange, de ton épée défends-moi !

Et fais de moi, un enfant de lumière et de paix ! »

 

Et le soir, avant le repos de la nuit :

« O Saint Michel Archange,

Je me réfugie avec confiance à l’ombre de tes ailes :

Protège-moi, défends-moi et veille sur moi

à chaque instant de la nuit…

Et à l’heure de la mort, viens à mon secours !

O toi qui est si bon… »

Seul Jésus-Christ Notre Seigneur peut sauver nos âmes de l’Enfer[4] où veut nous faire tomber Satan et ses démons ! En ce sens, nous nous confierons chaque jour à la garde puissante de Saint Michel Archange : il est « le Porte-étendard du salut, notre défenseur dans le combat, vainqueur de Satan et terreur des démons, sa prière conduit aux Cieux[5] ! »

Enfin, nous demanderons à Saint Michel Archange « Ange de la paix » de nous guider vers la lumière de la Jérusalem céleste, en nous accordant par-dessus tout : « le don de la persévérance dans la foi et dans les bonnes œuvres » en étant « délivrés par sa bienveillante protection, de tous nos ennemis… pour être conduits à la gloire éternelle du Ciel[6] ! »

+M Mickaël

 

[1] Selon l’hébreu, Mîkhâ’êl : Mi, Cha « qui est semblable » et El « Clarté, Lumière, Lumineux, Dieu », Elohim signifiant : « Qui est comme Dieu ? », « Quis ut Deus ? » en latin.

[2] Saint Jean-Paul II, Rome, 21 août 1984.

[3] Elle est d’ailleurs prévue dans « Prières après la Messe » du nouveau Missel de la forme extraordinaire sorti en 2022, p.1069.

[4] Souvenons-nous ici de la troisième Apparition de la Vierge à Fatima le 13 juillet 1917 où Elle montre aux trois enfants l’horreur de l’Enfer… Elle demandera alors d’ajouter, après chaque dizaine de chapelet, cette prière urgente : « O mon Jésus, pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’Enfer, et conduisez au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui en ont le plus besoin… »

[5] Extrait des litanies de Saint Michel Archange.

[6] Extrait du « Chapelet de Saint Michel Archange ou Couronne Angélique. »




Les bergers de la Salette

Nous reproduisons des articles d’une revue parue en 2006 (l’Impartial n°199), publiée par le Père Michel Corteville, spécialiste de La Salette.

Qui donc connaît les témoins de La Salette ? Avant de découvrir leur message, n’oublions pas de les rencontrer.

C’est le premier évêque vrai pèlerin de La Salette, Mgr Villecourt, qui nous fait le meilleur portrait de Mélanie, puis de Maximin, un an après l’apparition :

« Réunissez dans votre imagination tous les traits qui vous semblent devoir peindre la modestie la plus parfaite et la plus saisissante, et vous aurez à peine une idée de celle de Mélanie. Elle a un visage régulier et délicat : ses yeux sont pleins de douceur, et sa voix est d’une aménité angélique qui vous pénètre, à l’instant, d’estime et d’une certaine considération. Rien qui annonce la rusticité des bergères de la montagne. Changez ses vêtements, et vous ne soupçonnerez plus qu’elle est née dans le plus misérable des réduits, et que ses parents, ses frères et sœurs attendent l’aumône qui doit secourir leur profonde indigence. Mélanie a près de seize ans : à peine croirait-on qu’elle en a douze. Elle parle peu, et seulement quand on l’interroge. Alors elle le fait avec une grâce qui emprunte du ton délicieux de sa voix et de sa retenue un charme inexprimable. Ce qu’elle dit est d’une justesse qui ravit : mais elle ne s’en doute pas : un enfant de six ans ne s’exprimerait pas avec plus de simplicité et moins de prétention. Elle paraît attacher beaucoup d’intérêt à l’explication de la doctrine chrétienne. Elle dit sans façon ce qu’elle pense sur les points susceptibles de recevoir des interprétations diverses : mais si un autre développement leur est donné, elle laisse apercevoir, par un modeste sourire, qu’elle l’accueille avec satisfaction. Elle n’est pas sans vivacité, mais on voit qu’elle sait la contenir par une disposition naturelle de convenance : elle est ingénue et sans détour. Elle ne partage pas toujours l’avis de Maximin, qui ne s’en fâche pas ; mais si elle émet une opinion différente, elle n’y donne pas, pour cela, de la valeur et de l’importance …
.. Maximin, d’un caractère vif mais sans aucun emportement, ne peut ouvrir la bouche sans inspirer de l’intérêt par la suavité de sa parole et la candeur avec laquelle il s’exprime. Il est naturellement aimant, caressant, reconnaissant et sensible, ses yeux sont beaux et étincelants. Sa bouche est un peu grande ; mais elle devient très gracieuse quand il fait la conversation. Il a toujours alors quelque chose il remuer… Il est très petit, mince, délicat et porte trois ans au dessous de son âge. Sa figure est ronde, sa peau blanche et fine : son teint annonce la santé ; ses yeux sont grands, beaux et pleins d’expressions. Il aime les jeux et les amusements autant pour le moins que les autres enfants de son âge, il ne prend aucune précaution pour dissimuler
cet attrait… Il est généreux et désintéressé : il se dépouillerait de tout ce qu’il a pour vous le donne … Il est si pur qu’il n’a pas même l’idée du vice… Il va à  la prière avec le même bonheur et le même empressement qu’il se porte au jeu de l’enfance. Son attrait est de servir la messe. On conçoit à peine qu’un enfant qui se montre avec un caractère naturellement volage, soit si ferme et si constant à garder le secret de ce qu’il ne doit pas dire … »

Mais que fut leur vie ? Tout le contraire de la facilité et de la gloire !Admiration parfois, persécution, calomnie ou mépris.

Mélanie a retrace en style télégraphique son pèlerinage terrestre en un « memorandum » :

Je suis née à Corps (Isère) le 7 Novembre 1831. Pendant les années 1838.1839 j’étais occupé (tantôt dans une famille et tantôt dans une autre) à la garde d’un petit enfant ou à garder les brebis, pendant l’été, à Corps même. En 1841 et 1842, hors du bourg chez une famille qui avait sa maison isolée sur une montagne, le plus proche village s’appelait le Serre, de la commune de St Jean des Vertus.

« En 1843 et 1844, je suis restée à Ste Luce. -En 1845, je suis restée un an seulement à Quet en Beaumont. -En 1846, je suis resté au village des Ablandins, commune de la Salette… -En 1847 environ, je suis entrée comme pensionnaire, à Corenc chez les Sœurs de la Providence. -En 1850 ou environ, je suis allée à Corenc chez les Sœurs de la Providence comme probande (ou postulante). En 1854, (je fus livrée, donnée) je partis pour l’Angleterre… En 1860, je suis retournée en France, à Marseille et là le fondateur des sœurs de la Compassion (Jésuite) me fit entrer comme pensionnaire libre dans la maison-mère. Je m’expliquerai plus loin sur certains faits. A présent je continue à voyager et comme je l’espère dans la volonté du Très-Haut qui n’a pas à consulter ses viles créatures. -En 1861 en Novembre je suis allée avec deux autres Sœurs, en Grèce, dans l’ile de Cefalonia (Céphalonie) pour diriger un orphelinat. -En 1863, 28 Juillet, nous avons quitté Cefalonia et rentrées à Marseille. -En 1867, 13 avril, j’ai quitté Marseille. Eh ! … Mg Ginoulhiac ne me voulant pas dans son Diocèse, m’envoya faire un pèlerinage sur ma montagne tandis que Sa Grandeur écrirait à Mg. Petagna Ev. de Castellamare. Eh ! la réponse tardant, de la montagne je fus envoyée à Voirons chez les Visitandines, en Mai la réponse de Mgr. arrive et je crois même l’avoir encore. -En 1867,  21 mai, je quittais la France pour Castellamare di Stabia (Italie). J’y suis restée 17 ans et en 1871 je suis allée une fois en pèlerinage sur la Ste Montagne de la Salette, puis voir mes parents et mes amies. -En 1878, je fus mandé à Rome par sa Sainteté Léon XIII, vers la fin de Novembre qui daigna m’octroyer une audience privée ; et peu de jours après elle décida mon entrée chez les Salesiane (Visitandines) au mont Palatin, et ce furent Son Eminence Ferreri Préfet de la Congr. des Evêques et Réguliers et son secrétaire Mgr Blanchi qui le 3 Décembre me fit entrer pour que j’écrive ce que le St Père m’avait demandé. Je sortis des Visitandines (toujours par l’ordre du Pape) le 5 de Mai 1879. pour me rendre à Castellamare. -En 1884, le 21 août. par ottorisation (sic) du St Père je suis retourné en France, soigner ma chère mère restée seule et très âgée. Après que le divin Maitre eût disposé de ma chère et pauvre mère je fis des démarches pratiques pour retourner dans ma chère Italie. En 1892 le 22 Août je partie pour l’Italie, à Lecce et de là à Galatina où je suis restée 5 ans. -En 1897 le 13 Septembre je partie pour Messine et j’en suis repartie le 2 Octobre soir 1898 pour Moncalieri près Turin. En 1899, je suis partie pour cette pauvre France en démence et suis venue a St Pourçain sur Sioule (Allier). En 1900, le 23 Juin je laissais St Pourçain sur Sioule pour venir ici à Diou (Allier) où je suis actuellement et ayant terminé hier 7 Novembre 1902, mes 71 ans. -Laissée Diou pour venir habiter Cusset (Allier). Arrive Mercredi 1er Août 1903, rue des Remparts, 13. (Copie aux archives de la curie des Missionnaires de La Salette à Rome.) »

Le 13 juillet 1904, Mélanie quine Cusset pour Altamura au Sud-Est de l’Italie. Mgr. Cecchini, évêque après avoir été religieux à Pompei, près de Castellammare, l’aide à s’installer. Elle y meurt « en odeur de sainteté » dans la nuit du 14 au 15 décembre 1904. Ses funérailles seront solennelles ; à son anniversaire, Saint Annibale prononcera son éloge funèbre. Plus tard il édifiera sa tombe dans l’église de la communauté fondée par ses religieuses pour la garder.

*

Ne possédant pas de curriculum de Maximin, en voici un très sommaire emprunté à deux historiens.

Pierre-Maximin Giraud, appelé familièrement Mémin, né à Corps le 26 (ou 27 ?) août 1835, est le quatrième enfant d’un pauvre charron. Il n’a pas encore atteint dix-huit mois quand il perd sa mère, décédée le 11 janvier 1837. Son père se remarie dès le mois d’avril de la même année. A en croire Champon, Maximin aurait été le souffre-douleur de la maison, ne mangeant qu’après les autres, tandis que son père s’absentait fréquemment soit pour son travail, soit pour aller au cabaret, où il aurait parfois amené l’enfant. En septembre 1846 Maximin a onze ans, mais n’ayant pas fréquenté l’école, il ne sait ni lire ni écrire et ne parle que le patois local. N’ayant pour ainsi dire aucune formation religieuse, il n’a pu être admis à préparer sa première communion. Son père déclarera qu’il n’a réussi à lui apprendre le Notre Père et le Je vous salue qu’avec peine, en trois ou quatre ans. D’après Pierre Seime, le paysan chez qui l’enfant demeura du 14 au 20 septembre, « Maximin était un innocent sans malice, sans prévoyance. Avant qu’il parlait pour mener nos vaches à la montagne, nous lui faisions manger la soupe ; puis nous garnissions sa blouse ou son sac de provisions pour la journée. Eh bien ! nous avons surpris Maximin qui, en chemin, avait déjà mangé ses provisions du jour en les partageant largement avec le chien. Et quand nous lui disions mais
que mangeras-tu dans la journée ? Maximin nous répondait mais je n’ai pas faim… ! »
A l’imprévoyance vient s’ajouter une « bougeotte quasi constitutionnelle :  il ne reste pas un instant sans agiter ses bras ou ses mains, qui semblent contractés par des mouvement nerveux », observe le chanoine Bez en mai 1847 .  » La grossièreté de Maximin est peu commune »,  écrit Dupanloup après une journée passée en sa compagnie. Son agitation surtout est vraiment extraordinaire : c’est une nature singulière, bizarre, mobile, légère. » Mais le futur évêque d’Orléans note également le changement étrange, profond, subit, instantané, qui s’opère dans l’enfant quand il parle du grand événement, la justesse de ses réponses, son humilité, sa simplicité : « on voudrait qu’il parlât toujours, qu’il ajoutât des détails, qu’il racontât ce qu’il a éprouvé, et ce qu’il éprouve encore : mais non ; il n’ajoute pas un mot à la réponse nécessaire».  Entré à l’école en automne 1846, ses progrès sont modestes en octobre 1850, à l’âge de quinze ans, il n’a pas atteint le niveau de l’entrée en sixième.
« … élève au petit séminaire du Rondeau, Près Grenoble, en 1850, il passe les vacances de 1851 – jusqu’à l’automne – à la Grande Chartreuse. En 1851 , il rentre au petit séminaire de la Côte-St-André, puis il poursuit ses études (1853-56) chez M. Champon, curé de Seyssins. (C’est en septembre 1854 qu’il fait avec M. Similien son premier voyage à Rome). Ce sont ensuite (mars 1856 à 1858) deux ans d’études au grand séminaire d’Aire-sur-l’Adour, où l’a emmené un frère de M. Champon, Jésuite, professeur dans ce séminaire. Et il en sort pour une vie qui ne cessera d’être malheureuse. Placé en 1858, chez le percepteur de la Tronche, il n’y reste pas faute de savoir le calcul. L’année suivante, 25 août 1859, il entre il l’hospice du Vésinet, mais il est bientôt remercié ; vient se placer au collège de Tonnerre, qu’il quitte en août 1851 ; il va faire un voyage au Havre, tombe malade, est soigné il l’hôpital Saint Louis à Paris, y prend le goût de la médecine, et grâce à de braves gens, de Paris, M. et Mme Jourdain, qui l’ont adopté, fait trois ans d’études médicales (1861-1864). Le Comte espagnol de Penalver devient aussi son «protecteur ».


En 1865 il voyage : à Froshdorf, grâce à la marquise de Pigneroles, fin avril, il visite Henri V, vient ensuite à Rome, et s’engage pour six mois dans les zouaves pontificaux. Pendant deux ans, une fois libéré, il cultive, sans succès, une petite propriété que le Comte de Penalver lui a procurée. Ses protecteurs perdent leur fortune, en 1870. Maximin – depuis 1868 – est revenu à Corps d’où il ne s’absentera plus que pour aller parfois à la Montagne. M. et Mme JOURDAIN l’y suivent, ne le quittent plus : ce sont ces années de misère commune et de faim qui le conduiront à cette déplorable fabrication d’une liqueur qui lui procurera autant de déboires que de déconsidération. Il vit, l’hiver, de la charité des missionnaires, mais sa santé s’altère et, en novembre 1874, il tombe gravement malade. Le 4 novembre 1874, il peut accomplir son dernier pèlerinage à La Salette, y refait son récit, – on ne sait combien de milliers de fois il l’a déjà fait, – repasse sur les pas de la Belle Dame. Entouré de ses parents adoptifs, il reste les derniers mois de sa vie dans la maison paternelle de Corps. Et là, très chrétiennement, il meurt le 1er mars 1875.


En ne réglant pas la liberté qu’ont que tous les curieux de le voir, de le questionner, de l’entendre, écrit en 1879, quatre ans après la mort de Maximin, M. Dausse, qui est, croyons-nous, celui qui l’a le mieux connu et le plus équitablement jugé, « faute », dit-il, « qu’on a sagement évitée à Bernadette », les années de formation de Maximin ont été sacrifiées. Maximin n’a été constant que comme témoin de l’Apparition ; car on ne peut plus nier qu’il l’ait été avec une fidélité à toute épreuve et avec une supériorité réelle et merveilleuse… Sa résignation, sa patience, sa foi, sa piété ont été admirables et il est mort de manière il faire dire au Père qui ne cessa de le visiter jusqu’à la fin : « je voudrais bien être à sa place.»

Ayant pris contact avec les témoins de Notre Dame de La Salette, découvrons maintenant l’apparition sous leur propre plume : celle de Mélanie surtout, aînée et premier des deux témoins. La découverte à l’aube de l’an 2000 de leur secret au Vatican permet d’en compléter le récit.
Comme Maximin le fait en 1866, c’est en 1879, longtemps après l’apparition, que la voyante nous livre son récit complet, où elle publie elle-même son secret. Contrairement aux faits ordinaires dont le souvenir se brouille avec le temps, l’apparition est une grâce surnaturelle qui oriente toute la vie de ses témoins. Comment ne pas prendre en compte, comme pour les Evangiles, le long travail d’approfondissement et d’intelligence que l’évènement a suscité chez ses enfants, illettrés lors de l’apparition, jusqu’à ce qu’ils puissent nous le consigner de leur propre initiative, et d’une manière définitive : pas comme des mots étranges sans contextes ni chaleur, mais comme un message de grâce qui les a peu à peu édifié, et dont ils vivent les premiers ?

Préparons-nous à lire une grande et belle histoire, plus vraie qu’on ne le croit dans son humanité et sa spiritualité.

A suivre…




St Louis-Marie Grignion de Montfort, Le secret admirable du Très Saint Rosaire – Merveilles obtenues par le Rosaire, 36e rose

[36e ROSE]

[109] L’an 1578, une femme d’Anvers s’était donnée au démon par une cédule [signée] de son sang. Quelque temps après, elle en eut un sensible regret et un grand désir de réparer le mal qu’elle avait fait. Elle chercha un confesseur prudent et charitable, pour savoir par quel moyen elle pourrait être affranchie de la puissance du diable.

Elle trouva un prêtre sage et dévot, qui lui conseilla d’aller trouver le père Henri, directeur de la confrérie du saint Rosaire, du couvent de Saint-Dominique, pour s’y faire enrôler et se confesser. Elle le demanda et, au lieu du Père, elle trouve le diable, sous la figure d’un religieux, qui la reprit sévèrement et lui dit qu’elle n’avait plus de grâces à espérer de Dieu, ni de moyen de révoquer ce qu’elle avait signé, ce qui l’affligea fort. Mais elle ne perdit pas toute espérance en la miséricorde de Dieu, elle retourna encore chercher le Père et elle trouva encore le diable, qui la rebuta comme auparavant. Elle retourna pour la troisième fois et elle trouva par la permission divine le père Henri qu’elle cherchait, qui la reçut charitablement, l’exhorta à se confier en la bonté de Dieu à faire une bonne confession ; il la reçut dans la confrérie et lui ordonna de réciter souvent le Rosaire. Un jour, pendant la Messe que le Père célébrait pour elle, la sainte Vierge força le diable de lui rendre la cédule qu’elle avait signée ; et ainsi elle fut délivrée par l’autorité de Marie et la dévotion du saint Rosaire.

Pour lire l’introduction et consulter le plan de l’ouvrage de Grignion de Montfort, cliquer ici.




Message de Marie à Medjugorje le 25 septembre 2024

Chers enfants,

Par amour pour vous, Dieu m’a envoyée parmi vous pour vous aimer, vous encourager à la prière et à la conversion à la paix, en vous, dans vos familles et dans le monde. Petits enfants, n’oubliez pas que la vraie paix ne vient qu’à travers la prière, elle vient de Dieu qui est votre paix.

Merci d’avoir répondu à mon appel.

NB : Il est utile de préciser, contrairement à ce qui a été beaucoup publié ces derniers temps, que les récentes annonces du Vatican au sujet de Medjugorje ne sont (malheureusement) pas une reconnaissance des apparitions. Les nouvelles normes de discernement des apparitions établies cette année par le Vatican ne comportent plus de « reconnaissance » telles que les connaissions jusqu’à présent. Il ne faut donc plus en attendre pour aucune apparition…




Un pécheur endurci est sauvé de l’enfer grâce à un petit reste de dévotion mariale

Né à Auray le 14 juillet 1602 dans une riche famille noble, Pierre de Keriolet semble, dès l’enfance, sous emprise démoniaque. Il aime faire le mal. Ses études chez les Jésuites de Rennes ne le corrigent pas, au contraire. Toujours à court d’argent, il vole son entourage.

À vingt ans, il tente de rejoindre l’Empire ottoman pour devenir musulman. Il n’y parviendra jamais, tant les obstacles se dressent sur sa route. Il est victime de brigands alors qu’il traverse l’Allemagne : seul survivant de l’attaque, il implore Notre Dame de Liesse de le sauver. Exaucé, il ne respecte pas le vœu qu’il lui a fait et, pendant plus de quinze ans, il mène une existence de débauches, au cours de laquelle il a peut-être signé un pacte avec le diable.

En 1635, il rentre en France recueillir l’héritage de son père et achète une charge de conseiller au Parlement de Bretagne. Il se sert de son pouvoir de magistrat pour entretenir les haines entre justiciables, éprouvant satisfaction à faire le mal.

À plusieurs reprises, il échappe à la mort, comme si une protection invisible et toute puissante s’étendait sur lui. Au lieu de s’interroger, il se félicite de sa chance exceptionnelle.

C’est dans l’espoir d’être remarqué du jeune duc d’Orléans, frère de Louis XIII, que Pierre de Keriolet accompagne ce dernier à Loudun, en 1636, avec d’autres parlementaires. Une affaire de sorcellerie secoue alors la ville. Pendant un exorcisme en l’église Sainte-Croix de Loudun, le démon, parlant par la bouche de la possédée, apostrophe Pierre de Keriolet en public, lui révèle qui l’a protégé et lui en expose les raisons, évoquant les miracles de protection dont il a bénéficié. En conclusion, le démon précise qu’il se tenait là pour le conduire en enfer, hurlant : « Sans elle et ton ange, je t’aurais emporté ! »

Le lendemain, le diable s’écrie en revoyant Keriolet : « Tiens, revoilà le monsieur d’hier ! S’il continue comme cela, il montera aussi haut dans le Ciel qu’il aurait été bas avec nous en enfer. Ah ! si tu savais ! […] Elle a mis les bras dans la fange jusqu’aux coudes pour le retirer de ses ordures, et cela sous prétexte qu’il gardait un peu de dévotion pour elle !!! Et dire que nous, nous sommes damnés pour un seul péché !!! »

En fait, Keriolet est sauvé pour avoir, toute sa vie et quelles qu’aient été ses fautes, respecté la promesse faite jadis à sa mère : dire chaque jour, quoi qu’il arrive, un Ave Maria en l’honneur de Notre Dame. Alors qu’il était réputé pour son avarice, il a toujours fait généreusement l’aumône, même s’il affirmait que ce n’était pas pour l’amour de Dieu. Or, « l’aumône couvre la multitude des péchés », selon le mot de saint Grégoire le Grand.

Certes, les attaques démoniaques se poursuivront toute la vie de l’abbé de Keriolet, car l’enfer déteste lâcher sa proie, mais ce sera en vain. L’on n’arrache pas à Notre Dame ce qu’elle tient.

Anne Bernet

Auteur de plus d’une quarantaine d’ouvrages pour la plupart consacrés à la sainteté.

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