Le Rosaire est la répétition d’un amour…

« Le Rosaire connaît un nouveau printemps…

C’est sans aucun doute un des signes les plus éloquents

de l’amour que les jeunes générations nourrissent pour Jésus et pour sa Mère… »

Pape Benoît XVI

     Prendre son chapelet et méditer les mystères du Rosaire nous plonge dans une proximité unique avec Jésus et sa Mère… là, un « secret d’intimité » s’établit où l’amour se dit et se redit… Toute pauvre qu’elle était, Sainte Bernadette de Lourdes avait reçu cette Sagesse révélée « aux tout petits » (Mt 11,25) ; et elle l’exerça en particulier en égrenant son chapelet car tout, dans sa vie, s’est déroulé au rythme du chapelet de la Vierge… qui est son unique richesse ! Elle l’avoue clairement : « Je ne savais que mon chapelet[1]… » Et elle en témoigne dés la première Apparition de la Vierge à la grotte : d’instinct, Bernadette tire le chapelet de sa poche : « Je récitais mon chapelet, ayant toujours cette Dame devant les yeux[2]… » Et comme le remarque le Père Laurentin : « Ce geste avait en elle des racines. Et nous comprenons mieux pourquoi elle a été choisie, cette bergère de rien. Ce n’était pas seulement pour le rien qu’elle était aux yeux du monde, c’est aussi pour la richesse qu’elle avait déjà aux yeux de Dieu[3]… »

Au cœur de sa foi, Bernadette a cette certitude qui repose sur l’expérience : « L’âme qui implore Marie ne peut périr… Celle qui se confie à cette Mère conserve le calme au milieu de la tempête, elle garde la paix malgré la fureur de la tourmente… Heureuse l’âme qui a su trouver cet abri, ce refuge[4] ! » Et elle nous donne avec force ce conseil ultime qui est le secret de sa vie : « Mettez-vous dans le Cœur de Marie, et restez-y ! Faites-en votre demeure sur la terre[5]… »

Tel est le bonheur de celles et ceux qui ont découvert la mission unique de Marie pour notre temps ! L’Arche de tendresse et de protection nous est offerte par la Sainte Trinité en ce monde actuel qui va à la dérive… et où Satan se déchaîne comme jamais sur tous les fronts de la société, et jusque dans l’Eglise, pour perdre l’humanité ! La parole prophétique et interrogative du Seigneur Jésus doit résonner en nos cœurs, telle une extrême alerte :

« Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » (Lc 18,8).

Pour traverser la mer agitée des derniers temps, il nous faut donc prendre le chapelet et le prier chaque jour pour « entrer en résistance » ! C’est dans l’Arche bénie du Cœur Immaculé de Marie que nous tiendrons debout face aux terribles épreuves : garder la paix du cœur en sa tendresse maternelle est une urgence de la foi d’instant en instant… et face à l’invasion médiatique actuelle qui nous oppresse, la répétitivité priante du chapelet nous fortifie, nous unifie et nous protège ! En effet, notre cœur doit rester en éveil par une prière continuelle pour combattre les multiples tentations de ce que Benoît XVI a appelé « la dictature du relativisme »…

Certains critiquent le soi-disant « rabâchage » du chapelet qu’ils trouvent abrutissant ! Ils n’ont pas compris que la « répétitivité » implique « l’amour » qui exprime une signification essentielle de la vraie prière… Lucie de Fatima l’a magnifiquement précisé :

« Quand des amoureux se retrouvent, ils passent des heures et des heures à se répéter : « Je t’aime ! » A ceux qui pensent que le Rosaire est monotone, il manque une chose : l’amour ! »

Et dans une remarquable approche de sagesse, la voyante de Fatima précise avec ce regard qui lui vient de l’Esprit de Dieu : « La répétition des « Ave Maria » n’est pas une chose vieillie. Toutes les choses qui existent et ont été créées par Dieu se maintiennent et se conservent par le moyen de la répétition des mêmes actes. Personne ne songera à appeler le soleil une vieillerie, ni la lune, ni les étoiles, ni les oiseaux, ni les plantes parce qu’ils vivent et se développent de la même manière… et ils sont plus anciens que la récitation du chapelet !

Pour Dieu, rien n’est ancien ! Saint Jean dit que les bienheureux dans le Ciel chantent un cantique nouveau, en répétant toujours : « Saint, saint, saint est le Seigneur ! (Ap 4,8). Et le cantique est nouveau parce que, dans la lumière de Dieu, tout apparaît avec un reflet nouveau ! »

En nous faisant répéter les plus belles prières issues de l’Evangile que sont le « Notre Père » et « l’Ave Maria », le Rosaire met sur nos lèvres le cœur priant de la foi de l’Eglise qui glorifie le Père, le Fils et le Saint-Esprit !… et il nous plonge aussi dans la Parole de Dieu à travers ses 20 mystères où Dieu se « dit » et se « révèle » à travers le Regard et le Cœur de sa Mère…

                                                                            +M Mickaël

 

[1] Cité dans « Bernadette et son chapelet » d’André Ravier, 1958, p.7.

[2] 11 février 1858.

[3] Cité dans « Le Rosaire avec Bernadette », Abbaye de Chambarand 2015, p.53.

[4] Notes retraite 1876-77.

[5] Carnet notes intimes, 1873.