L’Immaculée est une Mer de cristal !

« Et je vis comme une mer de cristal mêlée de feu !… »

Apocalypse 15,2

« Laissons-nous conduire par l’Immaculée…

en nous serrant sur son Cœur, Elle nous porte jusqu’à Dieu ! »

Saint Maximilien-Marie Kolbe, Lettre du 27 octobre 1932

 

Dans le livre de l’Apocalypse qui nous révèle mystérieusement les temps de la Fin avec le grand combat de « la Femme et du Dragon » (Ap 12,1-17), l’écroulement de la Babylone, « changée en repaire de démons » (Ap 18, 1-24) et l’Avènement de « la Cité sainte, Jérusalem nouvelle, qui descendait du Ciel de chez Dieu ! » (Ap 21,1-15), comment situer cette Mer de cristal que l’Apocalypse décrit par deux fois :

« J’eus ensuite une vision… Voici, une porte était ouverte dans le Ciel… un trône était dressé dans le Ciel, et, siégeant sur le trône, Quelqu’un… Et devant le trône, comme une mer de verre, transparente comme du cristal ! » (Ap 4,1-6).

« Puis je vis dans le ciel encore un signe, grand et merveilleux : sept Anges, portant sept fléaux, les derniers puisqu’ils doivent consommer la colère de Dieu… Et je vis comme une mer de cristal mêlée de feu ! Et debout sur la mer de cristal, ceux qui ont triomphé de la Bête, de son image et du chiffre de son nom, se tenaient avec les harpes de Dieu : ils chantaient le cantique de Moïse, le serviteur de Dieu, et le cantique de l’Agneau ! » (Ap 15,1-3).

J’ai un jour découvert que ces deux textes de l’Apocalypse laissaient entrevoir la beauté de la Vierge Marie traversée par la splendeur divine de l’Esprit-Saint… Elle est transparence unique de la troisième Personne de la Très Saint Trinité !  Le Père Kolbe l’a magnifiquement précisé dans l’intuition centrale de sa mariologie :

« On peut affirmer que l’Immaculée est en un certain sens, « l’incarnation de l’Esprit-Saint ». En Elle, c’est l’Esprit-Saint que nous aimons, et par Elle, le Fils… La Vierge Marie existe pour que soit mieux connu l’Esprit-Saint[1] ! »

Et l’autre grande Sainte de la chère Pologne, Faustine, le confirme dans son petit journal :

« Par Elle, comme par un pur cristal, ta miséricorde est passée jusqu’à nous !

Par Elle, l’homme est devenu agréable à Dieu,

Par Elle s’écoulent sur nous les torrents de toutes grâces[2] ! »

Alors, oui, à travers ces deux textes de l’Apocalypse sur la « mer de cristal », on peut découvrir, symboliquement, la révélation de la beauté transparente de Marie… où se pressant, comme nulle part ailleurs, l’œuvre unique de l’Esprit… car « Elle est tellement unie à Lui qu’on l’appelle son Epouse. C’est par Elle qu’agit le Saint-Esprit… plus nous approchons d’Elle, plus notre vie spirituelle sera resplendissante car l’Immaculée peut nous élever en un instant à la perfection, alors que, habituellement, nous mettons des années pour y parvenir[3]… »

Ces lumières mariales de Saint Maximilien Kolbe nous ouvrent des perspectives étonnantes sur l’infinie miséricorde du Cœur de Dieu à travers sa Mère … mais on se tromperait en y voyant trop vite un chemin de facilité ! Car la voie de l’Evangile à l’école de la Vierge Marie implique toujours une attitude de conversion au quotidien, si pauvre soit-elle… une Thérèse de Lisieux l’a vécu à travers la fidélité aux petites choses : une attitude de ténacité évangélique    qui dit jusqu’au bout un amour :

« En chantant je mourrai, sur le champ de bataille… les armes à la main[4] !… »

Nous avons donc à lutter dans la foi jusqu’au dernier instant de notre vie pour que triomphe en notre cœur l’espérance… Cependant, le « secret marial » particulièrement révélé à Saint Louis-Marie de Montfort est une ultime découverte sur le chemin de la sainteté :

« Heureuse et mille fois heureuse est l’âme ici-bas, à qui le Saint-Esprit révèle le secret de Marie pour le connaître ; et à qui il ouvre ce jardin clos pour y entrer, cette fontaine scellée pour y puiser et boire à longs traits les eaux vives de la grâce ! Cette âme ne trouvera que Dieu seul, sans créature, dans cette aimable créature ; mais Dieu en même temps infiniment Saint et relevé, infiniment condescendant et proportionné à sa faiblesse…

Il n’y a point de lieu où la créature puisse le trouver plus proche d’elle et plus proportionné à sa faiblesse qu’en Marie, puisque c’est pour cet effet qu’Il y est descendu. Partout ailleurs, il est le Pain des forts et des Anges ; mais en Marie, il est le Pain des enfants[5] ! »

Cette « béatitude mariale » à la fois si secrète et si offerte, Saint Maximilien-Marie Kolbe l’a aussi découverte avec bonheur ! En méditant sur le mystère de l’Assomption de la Vierge, Il en tire toutes les conséquences que nous devons urgemment méditer pour vivre ces derniers temps :

« Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie : laisse-toi conduire… car Dieu nous a donné cette « blanche échelle », et veut, par cette « échelle », nous faire parvenir jusqu’à Lui ; mais c’est plutôt pour qu’en nous serrant sur son Cœur, elle nous porte jusqu’à Dieu[6] ! »

C’est ici qu’il faut saisir la nuance déterminante du « c’est plutôt » … car l’effort constant de se serrer sur le Cœur de la Mère entraînera de sa part une œuvre « unique » qui nous emportera vers la mystérieuse splendeur de Dieu !

+M Mickaël

 

[1] Conférences du 5 février 1941 et du 25 septembre 1937.

[2] Petit journal, 1746.

[3] Conférence, 20 juin 1937. / Lettre, 8 août 1935 / Conférence, 22 janvier 1939.

[4] Poésie 48, Mes Armes, 5, 10.

[5] Le secret de Marie, 20.

[6] Lettre, 27 octobre 1932.




La conversion de Roy H. Schoeman

C’est au cours d’une longue promenade dans la nature que je reçus la grâce la plus exceptionnelle de ma vie. Je marchais seul, écoutant les oiseaux chanter lorsque je suis « tombé au ciel ». C’est-à-dire que je me suis retrouvé consciemment et matériellement en présence de Dieu.

Je vis ma vie jusqu’à ce jour étalée devant moi. Je sus en un instant que le but de ma vie était d’aimer et de servir mon Seigneur et mon Dieu ; je vis de quelle manière son amour m’enveloppait et me soutenait à chaque instant de mon existence ; je vis comment chacune de mes actions possédait un contenu moral, pour le bien ou pour le mal ; je vis comment tout ce qui était arrivé dans ma vie était ce qui pouvait m’arriver de mieux, la chose la plus parfaite arrangée pour mon bien par un Dieu très bon et très aimant, surtout les événements qui me causaient le plus de souffrance !

Je vis chaque heure que j’avais gaspillée à ne rien faire qui eût de valeur aux yeux de Dieu, quand à tout moment de mon existence je baignais dans la mer de l’immense amour inimaginable de Dieu.

La réponse aux questions que je me posais intérieurement m’était instantanément présentée, à une exception près, capitale : le nom de ce Dieu qui se révélait à moi ! Je priais pour connaître son nom, pour savoir quelle religion me permettrait de le servir et de le vénérer : « Faites-moi connaître votre nom – cela m’est égal si vous êtes Bouddha, Appolon ou Krishna pourvu que vous ne soyez pas le Christ et que je ne doive pas devenir Chrétien ! ». Et en conséquence, bien que Dieu eût entendu ma prière, je ne reçus aucune réponse à ce moment-là.
Un an et un jour après cette grâce, je reçus en rêve la seconde plus grande grâce de ma vie. Pourtant, quand je me suis couché, je ne savais pas grand-chose du Christianisme et je n’avais pas de sympathie pour lui ! Mais quand je me suis réveillé, j’étais devenu éperdument amoureux de la bienheureuse Vierge Marie et ne désirais rien d’autre que de devenir aussi totalement chrétien qu’il me serait possible.

Le « rêve » se déroulait comme suit : on m’avait conduit dans une salle où il me fut accordé une audience avec la plus belle jeune femme que je pouvais imaginer et je compris qu’il s’agissait de la Vierge Marie. Elle était prête à répondre à toutes mes questions ; je me revois debout, considérant nombre de questions possibles, et lui en adressant quatre ou cinq. Elle y répondit, puis me parla pendant plusieurs minutes puis l’audience prit fin. Je me rappelle tous les détails, y compris, bien sûr, les questions et les réponses ; mais tout cela pâlit devant l’extase d’avoir été simplement en présence de la Vierge, dans la pureté et l’intensité de son amour.

Extrait du livre Le salut vient des juifs  de Roy H. Schoeman (éditions – FX de Guibert 2005) traduit de l’américain par Judith Cabaud




« Jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche… » Lc 17, 27

 » Jusqu’au jour où Noé entra dans l’Arche… »

Luc 17,27

Dans ce passage de l’Evangile selon Saint Luc, Notre Seigneur vient nous inviter à nouveau à la « vigilance du cœur » comme il le fait si souvent dans les finales des 3 synoptiques qui nous préparent aux évènements eschatologiques : « Veillez et priez en tout temps, afin d’avoir la force d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de paraître avec assurance devant le Fils de l’homme ! » (Lc 21,36).

Trop souvent, l’Eglise contemporaine oublie la grâce de vivre dans la perspective de la fin des temps… Certes, il ne s’agit pas de céder à l’inquiétude en voulant trop « dater » des événements car Jésus nous a prévenu : « Il ne vous appartient pas de connaître les temps et les moments ! » (Ac 1,7). Cela signifie que la date secrète du jour de son retour nous invite à une « attente vigilante » de la foi comme le précise avec justesse Saint Ephrem :

« Il nous caché cela pour que nous veillons et que chacun de nous puisse penser que cet Avènement se produira durant sa vie. Si le temps de sa venue avait été révélé, vain serait son Avènement… Il a bien dit qu’il vient, mais il n’a pas précisé à quel moment ; de sorte que toutes les générations et tous les siècles ont soif de lui[1].. »

Il nous a donc caché le jour de sa venue pour que nous veillons en cette charité qui nous sanctifie jour après jour. En effet, s’Il est évident que « l’urgence évangélique » est de vivre de cet amour du Christ qui nous tourne à la fois vers le Père et le frère (1 Jn 4,16-21) ; ce mystère de la charité qui fonde l’Eglise doit être vécu dans « l’urgence évangélique » de la Parousie[2] : les temps se font court et il n’y a plus de temps à perdre !

Arrivée au seuil du grand passage vers Dieu, une Elisabeth de la Trinité l’a si bien compris et le partage à une mère[3] de famille à travers une sorte de « testament » ultime qui s’adresse autant à elle qu’à nous :

« L’heure approche où je vais passer de ce monde à mon Père, et avant de partir je veux vous envoyer un mot de mon cœur, un testament de mon âme. Jamais le Cœur du Maître ne fut si débordant d’amour qu’à l’instant suprême où Il allait quitter les siens ! (Jn 13,1). Il me semble qu’il se passe quelque chose d’analogue en sa petite épouse au soir de sa vie, et je sens comme un flot qui monte de mon cœur jusqu’au vôtre !… à la lumière de l’éternité, l’âme voit les choses au vrai point…

Oh ! comme tout ce qui n’a pas été fait pour Dieu et avec Dieu est vide ! Je vous en prie, oh, marquez tout avec le sceau de l’amour ! Il n’y a que cela qui demeure. Que la vie est quelque chose de sérieux : chaque minute nous est donnée pour nous « enraciner » plus en Dieu (Col 2,7 et Ep 3,17) … Je vous laisse ma foi en la présence de Dieu, du Dieu tout Amour habitant en nos âmes. Je vous le confie : c’est cette intimité avec Lui « au-dedans » qui a été le beau soleil irradiant ma vie, en faisant déjà comme un Ciel anticipé[4]… »     

     Le mystère de l’Eglise se déploie jour après jour en un cœur habité de cette « double passion » qui fait les Saints : Aimer follement Le Christ Sauveur en attendant son Retour et, comme Lui, aimer tout homme car « celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, ne saurait aimer Dieu qu’il ne voit pas ! » (1 Jn 4,20). Tel est la logique absolue de l’amour selon Saint Jean…

Et la conséquence tout aussi absolue « est » que si l’Eglise ne vit plus d’un amour qui adore le Maître et attend son Retour ; d’un amour qui se penche sur le plus pauvre ; d’un amour qui éblouit et attire le regard des contemporains… elle n’a plus aucun sens « prophétique » et s’identifie comme « humanitaire » : une simple ONG dite « religieuse » qui n’interpelle plus l’homme qui cherche Dieu…

C’est là que le rappel de l’Evangéliste de la tendresse de Dieu vient nous rappeler « l’urgence de la conversion » … car en ces temps de post-modernité où commence l’ère du transhumanisme, le Seigneur nous pose plus que jamais la question décisive liée à son Retour :

« Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » (Lc 18,8).

En faisant référence au déluge et à l’Arche de Noé ; ainsi qu’à Lot et au feu du ciel qui a détruit Sodome, Saint Luc nous avertit d’une terrible perspective si notre civilisation continue à s’égarer dans un mal inégalé qui pervertit toute la société et horrifie le Ciel :

« Comme il advint aux jours de Noé, ainsi en sera-t-il aux jours du Fils de l’homme : on mangeait, on buvait, on prenait femme ou mari, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche ; et le déluge vint, qui les fit tous périr… Il en sera comme au jours de Lot : on mangeait, on buvait, on achetait, on vendait, on plantait et on bâtissait ; mais le jour où Lot sortit de Sodome, Dieu fit tomber du ciel une pluie de feu et de soufre qui les fit tous périr… De même en sera-t-il, le Jour où le Fils de l’homme doit se révéler !… Puis il leur dit une parabole sur ce qu’il leur fallait prier sans jamais se lasser… » (Lc 17,26-30 / 18,1).

Dans l’histoire du salut, nous sommes arrivés à « l’extrême fin des temps » car si la miséricorde de Dieu est éternelle… L’incompréhensible douceur de sa patience semble toucher à sa fin face un endurcissement des cœurs jamais vu dans l’histoire de l’humanité…

Alors, cette parole de l’Evangile selon Saint Luc doit résonner en nos cœurs comme un signal incontournable :

« Jusqu’au jour où Noé entra dans l’Arche… »

Il est temps pour nous, en effet, d’entrer dans l’Arche ecclésiale du Cœur Immaculé de Marie pour survivre au « déluge de feu » infernal de notre temps : il nous envahit 24 h sur 24 sur nos écrans et dans nos rues…  et c’est pourquoi cette parole du Seigneur en Croix continue à retentir aujourd’hui comme jamais : « Voici ta Mère ! » (Jn 19,27). Et de Montfort l’avait prophétisé :

« Dieu veut donc révéler et découvrir Marie, le chef-d’œuvre de ses mains, dans ces derniers temps… Elle est l’aurore qui précède et découvre le Soleil de justice, qui est Jésus-Christ… Etant la voie par laquelle Jésus-Christ est venu à nous, elle le sera encore lorsqu’il viendra la seconde, quoi que pas de la même manière… car Marie doit éclater, plus que jamais, en miséricorde, en force et en grâce dans ces derniers temps !… En sorte que la plus terrible des ennemies que Dieu ait faite contre le diable est Marie, sa Sainte Mère[5] ! »

+M Mickaël

 

[1] Saint Ephrem (306 – 373), Commentaire de l’Evangile, 18,15 ; SC 121.

[2] Du mot grec parousia : « être là » ; « venue » ; l’Avènement du Seigneur, de son Jour ! (Mt 24,27-36-37).

[3] Il s’agit d’Antoinette de Bobet, mariée et ayant deux filles.

[4] Elisabeth de la Trinité, Œuvres complètes – Lettre 333, p.789-790.

[5] Saint Louis-Marie de Montfort, Traité de la vraie dévotion à Marie, n°50 et 52.




La vraie sainteté commence par l’humilité

« Dieu ne peut tromper une espérance si remplie d’humilité ! »

Sainte Thérèse de Lisieux, Manuscrit A

Quand, au Carmel de Lisieux, la lumineuse Mère Geneviève est au seuil du grand départ, toutes les sœurs sont bouleversées et la considèrent comme une sainte… si bien que toutes désirent, à l’avenir, avoir une relique ! Thérèse, elle, aura un trésor bien plus précieux car, la nuit d’après son départ au Ciel, Mère Geneviève la visite à travers un rêve en lui affirmant par trois fois : « A vous, je laisse mon cœur[1] ! »

Il faut ici écouter le récit lumineux de Thérèse pour saisir toute la puissance d’une espérance fondée sur l’humilité qui, seule, ouvre la porte du Ciel :

« Au moment même de la naissance au Ciel de notre Sainte Mère Geneviève, ma disposition intérieure a changé… en un clin d’œil, je me suis sentie remplie d’une joie et d’une ferveur indicibles, c’était comme si Mère Geneviève m’avait donné une partie de la félicité dont elle jouissait car je suis bien persuadée qu’elle est allée droit au Ciel…

Pendant sa vie, je lui dis un jour : « O ma Mère ! vous n’irez pas en purgatoire !… « Je l’espère » me répondit-elle avec douceur… Ah ! bien sûr que le Bon Dieu n’a pu tromper une espérance si remplie d’humilité[2]… »

Ce témoignage devrait nous interroger sur « le sens de la fin de vie » quand la société actuelle veut la manipuler jusqu’à la terrible décision de l’arrêter… alors que si chaque personne humaine était accompagnée dans la prière du Rosaire de la Vierge, les sacrements de la paix et l’attention d’amour, la fin de vie serait un ultime passage vers la vraie vie !

Dans le monde clos du matérialisme athée, il faudrait au moins laisser monter en nos cœurs le « cri » de Rimbaud le poète : « La vraie vie est absente ! » Oui, absente, car la vraie vie est ailleurs, et en même temps si proche, cachée au fond de nous… Le grand Saint Augustin, doué d’une si remarquable intelligence, a longtemps été aveuglé par l’orgueil de son péché et de ses réussites extérieures ! Et un jour, il a fini par ouvrir la porte de l’humilité et il a découvert une Présence, cachée à l’intérieur… Dieu l’attendait depuis toujours, avec une infinie patience ! A travers ses « Confessions », Augustin en témoigne en un style unique qui traverse les siècles :

« Tard je vous ai aimée, Beauté si ancienne et si nouvelle, tard je vous ai aimée. C’est que vous étiez au-dedans de moi, et, moi, j’étais en dehors de moi ! Et c’est là que je vous cherchais ; ma laideur se jetait sur tout ce que vous avez fait de beau. Vous étiez avec moi et je n’étais pas avec vous. Ce qui loin de vous me retenait, c’étaient ces choses qui ne seraient pas, si elles n’étaient en vous…

Vous m’avez appelé, vous avez crié, et vous êtes venu à bout de ma surdité ; vous avez étincelé, et votre splendeur a mis en fuite ma cécité ; vous avez répandu votre parfum… et je soupire après vous… vous m’avez touché, et je brûle du désir de votre paix… Quand je vous serai attaché de tout mon être, il n’y aura désormais nulle part pour moi de douleur et de fatigues ; ma vie, toute pleine de vous, sera alors la véritable vie[3]… »

Ainsi, que nous soyons croyants ou pas, la question majeure qui doit traverser nos vies semble la suivante : Avons-nous « vraiment » découvert le sens ultime de notre existence ? Et si Dieu est là, caché mais si présent, ne doit-il pas être Celui qui passionne chaque instant de ma vie ? Les Saints et les Saintes sont « tombés » amoureux de Jésus et, dans leur vie, rien n’a plus été comme avant : une passion enflammée par l’Esprit s’est emparée de leurs cœurs et les a emportés vers la folie de la Croix… Dans le Cœur ouvert du Sauveur, ils sont nés à un amour universel où « chaque instant est devenu précieux » pour le salut de tous !

Cela peut nous paraître fou et hors de la vie actuelle ? Et pourtant, rien n’est plus fou que la folie de l’Amour de Dieu sur la Croix… Depuis plus de 2000 ans, les Saintes et les Saints connus ou cachés ne s’y sont pas trompés et se sont laissés « emporter » dans la folie sublime de ce mystère ; à commencer par celle qui se veut la plus petite : « Thérèse » !  Qui est devenue « la plus grande Sainte des temps modernes[4] » :

« O Jésus, laisse-moi te dire que ton amour va jusqu’à la folie… Comment veux-tu devant cette Folie, que mon cœur ne s’élance pas vers toi ? Comment ma confiance aurait-elle des bornes… Ah ! pour toi, je le sais, les Saints ont fait aussi des folies, ils ont fait de grandes choses…

Jésus, je suis trop petite pour faire de grandes choses… et ma folie à moi, c’est d’espérer[5] ! »

Quand on a été un peu éveillé par ce cri de la sainteté qui résonne dans les siècles… on a tout compris ! Et l’on ne cherche plus « le sens de sa vie » : il est là, devant nos yeux…

 

+M Mickaël

 

[1] Œuvres complètes, Manuscrit A, Cerf-DDB 1992, p.203.

[2] Manuscrit A, op.cit., p.202.

[3] Saint Augustin, Les Confessions, Garnier-Flammarion 1964, Chapitre 17 et 18.

[4] Expression du Pape Saint Pie X.

[5] Œuvres complètes, Manuscrit B, p. 231.




La sainteté est à portée de cœur…

« La sainteté est avant tout un don de Dieu ! »

Benoît XVI

Cette précision du Pape Benoît nous introduit magnifiquement au mystère de la joie selon les Saints ! Car sur terre, chaque aurore unique m’offre déjà gratuitement le « miracle de la vie » où, à la fois, Dieu se cache en son humilité et se révèle en sa tendresse …

Dans une société de surconsommation, personne n’y prête plus attention… nous sommes comme des « enfants gâtés » devenus hermétiques à la reconnaissance, à la louange face à la gratuité du don de Dieu ! Pourtant, chaque jour est un « miracle de tendresse » où Dieu m’offre « tout » secrètement : des battements de mon cœur au soleil qui se lève, tout me parle de son secret Amour… Alors, comme en déduit un regard de saint : « Chaque jour est un jour de plus pour aimer, un jour de plus pour rêver, un jour de plus pour vivre[1] ! » Saint Jean-Marie Vianney le confirme avec cette simplicité qui vient de l’Evangile : « L’homme a une belle fonction, celle de prier et d’aimer… Voilà le bonheur de l’homme sur la terre ! » Cela est si simplement vrai…

Nous sommes dans une civilisation ou domine l’envahissement du loisir à tout prix, avec les délires du sexe et de la drogue et cette facilité à presque tout vivre à distance ! Ainsi, la magie envoûtante du « on line » devient peu à peu source de vide, de solitude et de cette dérision des relations qui cache un désespoir. Saint Philippe Néri a une réponse évangélique, non sans humour, à cet immense malaise de la démesure : « Si vous tenez à tout prix à tomber dans l’exagération… alors, exagérez en vous montrant particulièrement doux, patient, humble et aimable, alors tout ira bien ! »

On ne peut ici qu’effleurer le sujet, mais se mettre à écouter les Saints et les Saintes implique de saisir le message central de l’Evangile sur lequel toute leur vie est fondée. Le cher Pape Benoît XVI l’a magnifiquement exprimé :

« La célébration des Saints en regardant leur exemple lumineux, doit réveiller en nous le grand désir d’être comme eux : heureux de vivre proche de Dieu, dans sa lumière, dans la grande famille des amis de Dieu ! Être Saint signifie vivre dans la proximité de Dieu, vivre dans sa famille. C’est notre vocation à tous…

Pour être saints, il ne faut toutefois pas accomplir des actions et des œuvres extraordinaires, ni posséder des charismes exceptionnels, il est nécessaire avant tout d’écouter Jésus, puis de le suivre sans perdre courage face aux difficultés… La sainteté, même si elle exige un effort constant de notre part, est « possible pour tous » parce que, plus qu’une œuvre de l’homme, elle est avant tout un don de Dieu[2]… »

       Et ce « don de Dieu » qui nous fait « transparence de Dieu » d’une manière « à jamais unique », sur la terre comme au Ciel, est la finalité ultime de nos vies…  Alors, les visages uniques des Saints et des Saintes font qu’une Sainte Thérèse de Lisieux me « dit » la beauté de Dieu d’une façon autant « unique » qu’un Saint François d’Assise ! Ainsi, peu importe les péchés ou les erreurs de nos vies, le Christ nous attend jusqu’au bout… Brisons maintenant cette attente comme la pécheresse a brisé son cœur à travers ses larmes sur les pieds de Jésus… (Lc 7,38), il est temps de se réveiller et de ressusciter en sa miséricorde ! A travers Sainte Faustine, n’a-t-il pas fait cette « promesse folle » qui nous ouvre cette porte sacrée du Ciel dont témoigne le bon larron (Lc 23,42-43) :

« La perdition est pour l’âme qui veut se perdre… Seule l’âme qui le voudra elle-même sera damnée, car Dieu ne condamne personne !… Mais celui qui désire le salut trouve la mer inépuisable de la miséricorde du Seigneur… et même si j’avais sur la conscience les péchés de tous les damnés, je n’aurais pas douté de la miséricorde de Dieu, je me serai jetée dans l’abîme de ta Miséricorde[3] ! »

Nous ne sommes nés que pour devenir ce Saint ou cette Sainte désirée par le Père que chante Saint Paul dans sa vision de l’élection éternelle en Jésus Christ :

« Il nous a élus en Lui, dès avant la Fondation du monde, pour être saints et immaculés sous son regard, dans l’amour, déterminant d’avance que nous serions pour Lui des fils adoptifs par Jésus Christ ; ainsi l’a voulu sa bienveillance à la louange de sa gloire, et de la grâce dont Il nous a comblés en son Bien-aimé… » (Ep 1,3-6).

Telle est la réalité profonde de la foi à laquelle Jésus nous veut « fidèles » à sa suite jour après jour en le regardant marcher devant nous… (Mc 10,32) Lui qui nous appelle à devenir à sa ressemblance « doux et humble de cœur » (Mt 11,29), car il n’y a pas d’autre « repos » que sa tendresse quand il me dit du haut de la Croix : « Voici ta Mère ! » (Jn 19,27). A travers Elle, la sainteté est à portée de cœur… Le Saint Padre Pio l’a tant vécu dans les épreuves de sa vie :

« La force de Satan, qui me combat, est terrible ; mais vive Dieu ! puisqu’il a placé l’issue de la victoire entre les mains de notre céleste Mère. Protégé et guidé par une si tendre Mère, je continuerai à combattre jusqu’à ce que Dieu vienne… empli de confiance en cette Mère, sûr de ne jamais succomber[4]

Alors mon passé, Ô Seigneur, à ta Miséricorde, mon présent à ton Amour et mon avenir à ta Providence ! »

                                                                                                           +M Mickaël

 

[1] Saint Padre Pio, Les plus belles citations de Saints, Hozana.org

[2] Benoît XVI, Rome, 9 novembre 2006.

[3] Sainte Faustine, Petit Journal, 631

[4] Saint Padre Pio, Paroles de lumière, Salvator 2006, p.133.




La patience est la profondeur de l’amour…

« Qu’elle est grande la patience de Dieu…

Combien Dieu recherche le pécheur ! »

Ste Elisabeth de la Trinité, Journal 69

 

Dans une civilisation matérialiste où l’on ne sait plus attendre, « l’immédiateté » de la consommation est reine : des biens matériels multiples à l’information continue, de la commande d’une pizza à la relation d’un soir, tout est possible sur le net qui envahit nos vies ! On est comme des « petits dieux » derrière nos écrans… mais en réalité, ils nous enferment dans la prison dorée de la facilité : ils nous volent en continu la beauté de cette Création où Dieu nous « parle » chaque jour : les couleurs d’une fleur, la splendeur d’un lever de soleil, le charme d’un chant d’oiseau ou la lumière d’un sourire d’enfant… tant et tant de messages uniques nous sont offerts et nous ne les voyons plus !

Il faut réapprendre « la patience de la contemplation » et savoir tout arrêter régulièrement pour « regarder et écouter » … et pour cela notre regard doit changer ! Même si cela commence par une purification dont Aristote, le grand philosophe grec, nous prévient :

« La patience est amère, mais son fruit est si doux ! » On n’est pas loin de l’Evangile où Jésus se dévoile comme un Maître « doux et humble de cœur ! » (Mt 11,29). Et la douce humilité de Dieu se révélera dans la bouleversante « patience de la Croix » où flamboie pour nous son infini Amour : « Mon Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font ! » (Lc 23,34). La Passion finale du Fils de Dieu sur la Croix est le signe vertigineux qu’en Dieu, la patience est la profondeur ultime de son Amour pour nous, pauvres pécheurs…

Ainsi, la patience certifie l’amour qui doit s’exercer d’abord envers mon plus proche. Et en ce sens, Saint Paul exhorte les premiers chrétiens à revêtir entre eux « des sentiments de tendre compassion, de bienveillance, d’humilité, de douceur, de patience ! » (Col 3,12 / Ep 4,2). Car la patience opère une purification de « l’orgueil du monde » sous toutes ses formes : en effet, l’orgueilleux est souvent pressé et arrogant tandis que l’humble est patient et doux : il se connaît en cette Lumière d’en-Haut qui lui donne un regard miséricordieux sur tous ses semblables ! Paul nous y invite encore : « Ayez de la patience envers tous ! » (1 Th 5,14).

Ce même combat, patient et résolu, contre « l’esprit du monde » ; Saint Jean l’a aussi remarquablement discerné… et il nous a prévenu :

« Si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui.

Car tout ce qui est dans le monde – la convoitise de la chair,

la convoitise des yeux et l’orgueil de la richesse –

vient non pas du Père, mais du monde.

Or, le monde passe avec ses convoitises ;

mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement ! »

(1 Jn 15-17)

Ainsi, la patience est le fondement de l’endurance… elle est ce « trésor caché » qui nous tiendra debout durant les épreuves des derniers temps qui approchent ! En effet, la patience est sœur de cette humilité qui fonde la durée dans la foi ! Et c’est pourquoi, dans la Bible, l’Ecclésiaste nous prévient : « Mieux vaut la patience que la prétention ! » (Qo 7,8). Et le Siracide nous laisse entrevoir la merveille de ce choix : « L’homme patient tient bon jusqu’à son heure, mais à la fin, sa joie éclate ! » (Si 1,23).

Si la patience est d’une importance primordiale sur le chemin de la foi, on ne s’étonnera pas de la retrouver au cœur du célèbre « cri » de Sainte Thérèse d’Avila :

« Que rien ne te trouble,

Que rien ne t’effraie ;

Tout passe.

Dieu ne change pas :

La patience obtient tout !

Celui qui possède Dieu

Ne manque de rien…

Dieu seul suffit ! »

« La patience obtient tout ! » On ne l’oubliera pas au cœur de nos épreuves et de nos découragements… et en ce sens, il nous faudra revenir souvent à la source : notre patience ne tiendra que dans la contemplation de « la patience de Dieu » (Ro 3,26). Elle est la toile de fond de toute l’histoire du salut ! C’est parce que Dieu est patient que l’histoire des hommes continue… mais ce temps « offert » avec une telle gratuité est suspendu à son infinie miséricorde et cela devrait nous faire réfléchir… jusqu’à en être bouleversé et réorienté : il n’y a plus de temps à perdre !…

Car derrière cette incompréhensible patience de Dieu, se cache en même temps « l’impatience de Dieu » : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais que déjà il fût allumé ! » (Lc 12,49). Mais Dieu patiente à cause de la lourdeur des hommes : « Esprits sans intelligence, lents à croire tout ce qu’ont annoncé les Prophètes ! Ne fallait-il pas que le Christ endurât ces souffrances pour entrer dans sa gloire ? » (Lc 24,25-26).

Alors, que monte en nos cœurs cet inattendu cri de l’homme « trop seul » quand son Dieu s’éloigne : « Reste avec nous, car le soir tombe ! » (Lc 24,29). Et en effet, la nuit vient dés que l’homme s’éloigne de Dieu…

Tournons-nous résolument vers Celle dont Jésus nous a dit : « Voici ta Mère ! » (Jn 19,27).

Sa maternelle tendresse nous enveloppera en nous donnant cette patiente endurance qui est « le secret des saints » ! Car si la patience est la profondeur de l’amour, elle devient « l’art de savoir tout attendre de Dieu » ! Elle aboutit à cette confiance qui mène à la surprise folle de l’Amour !

N’est-ce-pas là « l’intuition majeure » de Petite Thérèse ? Elle est à inscrire en lettres de feu au plus profond de nos cœurs ! Là, se cache le secret de la sainteté :

« Restons bien loin de tout ce qui brille, aimons notre petitesse, aimons à ne rien sentir, alors nous serons pauvres d’esprit et Jésus viendra nous chercher… et si loin que nous soyons, il nous transformera en flammes d’amour…

Oh ! que je voudrais pouvoir vous faire comprendre ce que je sens !… C’est la confiance et rien que la confiance qui doit nous conduire à l’Amour[1]… »

La patience est la profondeur de l’amour car elle sait tout attendre de l’Amour…

 

                                                                                +M Mickaël et Marie+Jacinta

 

[1] Sainte Thérèse de Lisieux, Œuvres complètes, Lettre 197, p.553.




Le jeune homme riche de l’Evangile : le drame de la génération actuelle !

« Jésus fixa sur lui son regard et l’aima… »

Mc 10,21

 

C’est à l’évidence l’Evangile de Marc qui nous rapporte au mieux cette scène bouleversante, au moment même où Jésus « se mettait en route… » (Mc 10,17) plaçant déjà la démarche de ce jeune face à la condition itinérante du disciple !

Il y a chez lui une aspiration noble, une quête d’absolu ; mais en même temps surgit aussi l’ambiguïté de son cœur quand il désire « avoir la vie éternelle ! » (Mt 19,16). De fait, sa démarche est teintée d’un esprit mercantile car il évalue la vie éternelle en termes « d’avoir ».

On est face à une sorte de désir de possession sur ce qui est « gratuit ! »

On remarquera aussi qu’en appelant Jésus « bon Maitre » (Mc 10,17), ce jeune homme n’a pas découvert la véritable identité de Jésus, comme l’aveugle de Jéricho (Lc 18,35-43) ou le bon larron crucifié avec le Seigneur… (Lc 23,39-43). Il le considère plus comme une sorte de sage ou de gourou de passage qui peut lui apporter une réponse à son questionnement. Et c’est pourquoi le Seigneur tente d’élever son désir trop enfermé dans « l’avoir » pour l’ouvrir à la gratuité de « l’amour ! »

Ainsi, il le renvoie d’abord aux commandements de la Loi mosaïque pour lui faire saisir où elle aboutit comme l’a remarquablement décrit Saint Paul :

« Avant la venue de la foi, nous étions enfermés sous la garde de la Loi, réservés à la foi qui devait se révéler. Ainsi, la Loi nous servit-elle de pédagogue jusqu’au Christ… Mais la foi venue, nous ne sommes plus sous un pédagogue. Car vous êtes tous fils de Dieu par la foi au Christ Jésus. Vous tous en effet, baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ ! … » (Ga 3,23-27)

Cette Pâque de la Révélation ne s’est pas encore réalisée dans le cœur du jeune homme comme il l’avoue : « Maître, tout cela, je l’ai gardé ; que me manque-t-il encore ? » (Mt 19,20). Il est « riche », certes, de son observance de la Loi et de ses grands désirs, mais en réalité si pauvre et si seul sans cette foi qui, seule, ouvre les yeux du cœur sur l’Unique Sauveur ! Et c’est alors que Marc est le seul à nous rapporter cette ultime tentative du Sauveur :

« Alors, Jésus fixa sur lui son Regard et l’aima… » (Mc 10,21).

Avant l’Appel qui va résonner aux oreilles du jeune homme, ce Regard du Christ est le langage silencieux de l’Amour où tout est déjà dit : « Dieu est plus grand que notre cœur et il sait tout ! » (1 Jn 3,20) Car « Dieu est Amour ! » (1 Jn 4,16) … et son Regard exprime déjà l’intensité d’amour infinie qui se manifestera en son Cœur ouvert sur la Croix : son Regard, c’est son Cœur …

Et face à cet absolu qui seul peut faire basculer une vie, le Sauveur affirme au jeune homme, riche de ses soi-disant grands désirs :

« Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor au ciel ; puis, viens, suis-moi ! … » Mais lui, à ces mots, s’assombrit et il s’en alla tout triste, car il avait de grands biens… »  (Mc 10,21-22).

Voici tout à coup l’envers du décor après une démarche si bouleversante… De fait, le jeune homme n’a ni découvert la beauté du Christ, ni laissé sa parole le toucher : et le voilà qui repart vers sa vie errante… il reste riche, seul et triste !

N’y a -t-il pas là un certain parallèle avec cette « génération désenchantée » actuelle évoquée dans la chanson de Mylène Farmer depuis plus de 30 ans ? Elle s’égare dans une société qui brasse du vide et provoque un dégoût de vivre… Et comment ne pas se souvenir ici du cri de Léon Bloy, le juif converti : « Il n’y a qu’une tristesse, c’est de n’être pas des saints[1] ! » Et l’on ne peut devenir saint qu’en quittant pour de bon ses conforts et ses hésitations face à la vérité libératrice de l’Evangile qui est Quelqu’un : Celui qui a affirmé « je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ! » (Jn 14,6).

Alors, laissons souvent résonner en nos cœurs ce passage d’Evangile, toujours d’actualité : « Une seule chose te manque ! » Et quelle est cette chose unique sinon cette mystérieuse « perle précieuse » (Mt 13,45) qui brille dans le Regard du Christ ! Et même s’il faut toute une vie pour tout lâcher et le suivre enfin jusqu’au bout, son infinie miséricorde sait nous attendre d’une manière inimaginable… Elle attendra le jeune homme riche comme elle a attendu Pierre d’un Regard unique après son reniement ! (Lc 22,61-62). Il l’a su définitivement sur le bord du lac de Tibériade face à l’insistance de Jésus : « Seigneur, tu sais tout, tu sais que je t’aime ! » (Jn 21,17). Alors, approchons-nous enfin et ne décevons plus la patience de Dieu !

+M Mickaël

 

[1] La Femme pauvre, 1887.




Le Cœur de la Sainte Messe : la Présence réelle !

 « Bien qu’en apparence, il n’y ait en Moi aucune trace de vie,

 cependant chaque hostie contient réellement ma vie toute entière.

Mais l’âme doit avoir la foi, afin que je puisse agir sur elle…

Oh ! que la foi vivante m’est agréable ! »

Jésus à Sainte Faustine

 

En cette fin des temps où l’attaque des ténèbres est omniprésente, il faut se souvenir avec force du mystère des 3 blancheurs révélées à St Jean Bosco : on y découvre en particulier que la Sainte Eucharistie qui fait l’Eglise est la blancheur centrale, fondatrice et eschatologique…et que Marie, Mère du Christ, est l’autre blancheur éminente. Ainsi, comme l’a exprimé magnifiquement le théologien français Henri de Lubac : « l’Eglise fait l’Eucharistie, mais l’Eucharistie fait aussi l’Eglise[1]. » Et l’on pourrait ajouter à la suite du Pape Saint Paul VI : « Marie est Mère de l’Eglise ! »

En effet, sans la Sainte Messe l’Eglise n’a plus de sens et d’identité : elle est née au sens fort à la première Cène et elle la perpétue à chaque Messe : le Cardinal Journet nous a alerté sur le Mystère central de la Sainte Messe qui fait l’Eglise. Ecoutons d’urgence ses paroles de lumière qui nous emportent au sommet de la réalité sacramentelle, certes, la plus cachée, mais la plus adorable :

« A chaque fois que les paroles de la consécration sont prononcées, l’Eglise, représentée par le prêtre et les fidèles, est rendue présente au sacrifice sanglant : les deux mille ans qui nous séparent de la Croix sont abolis, nous sommes là comme l’étaient la Sainte Vierge et Saint Jean…

Et chaque génération peut à son tour s’engouffrer dans l’offrande éternelle du Christ, offerte pour tous les temps[2] ! »

Si l‘on prend ces paroles au sérieux, on ne peut plus « assister » à la Messe comme d’habitude : on se découvre, dans la foi, au pied de la Croix avec la Vierge Marie, l’Apôtre Jean et Marie-Madeleine… et les deux mille ans qui nous séparent du mystère la Croix sont abolis ! A chaque Messe, qu’elle le sache ou non, qu’elle le veuille ou non, l’histoire du monde elle-même tourne autour de l’Hostie Sainte. Car à chaque Messe m’est offert la folie de « la Présence réelle » : ce « cri » silencieux de l’Amour infini qui m’appelle dans le Cœur ouvert de Jésus par la lance ! (Jn 19,34).

Et moi, pauvre pécheur, je dois être « la petite goutte d’eau qu’absorbe le vin de messe. Et le vin de messe devient le Sang de l’Homme-Dieu. Et l’Homme-Dieu est substantiellement uni à la Très Sainte Trinité. La petite goutte d’eau est emportée dans le fleuve de vie de la Trinité Sainte[3]… »

Devant un tel Mystère d’amour où Dieu s’offre à nous dans une indicible fragilité, il ne faut pas s’étonner que l’Ennemi de l’Eglise vienne déployer jusqu’au bout sa révolte : en effet, l’ultime attaque de Satan à la fin des temps s’opérera sur la Sainte Messe pour la relativiser, la chosifier, la nier, la protestantiser et c’est déjà très avancé : trop souvent, le sens du silence et de l’adoration a disparu…  Cette tendance vérifiable s’est en effet généralisée : Une liturgie démesurée de la Parole et une liturgie de l’Eucharistie express ; un style de communion souvent irrespectueux et très peu ou pas d’action de grâce en silence ; beaucoup de chants et de paroles fraternelles et plus de « recueillement sacré ». Le sens premier de la Sainte Messe a disparu : une « Rencontre » unique et profonde avec Jésus qui vient au fond de mon cœur… L’Amour jaillit du silence et me donne ce « regard nouveau » pour aimer comme Lui !

Il est urgent de le redécouvrir « encore et encore » avec une foi renouvelée par la contemplation : « Un Mystère, une Présence, remplit la plus pauvre des églises catholiques. Elle est habitée… Elle possède la Présence réelle, la présence corporelle du Christ, le lieu où le suprême Amour a touché notre nature humaine pour contracter avec elle des noces éternelles… le foyer de rayonnement capable d’illuminer tout le drame du temps et de l’aventure humaine[4] ! »

+M Mickaël

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[1] Dans son livre : « Méditation sur l’Eglise ».

[2] Cardinal Journet, Missel pour la forme extraordinaire du rite romain, Edition Sainte Madeleine, 2022, p.1031.

[3] Cardinal Mercier, Missel, op.cit., p.1019.

[4] Cardinal Charles Journet, Entretiens sur l’Eucharistie, Parole et silence 2000, p.59.




La Veuve de Naïm et la Révélation de la Miséricorde ! Le mystère caché de la Mère de l’Eglise…

« A sa vue, le Seigneur eut compassion d’elle… »

Luc 7,13

       Quel Evangile bouleversant où se cachent le mystère de l’Eglise et de la Mère de l’Eglise ! Car comment ne pas voir se profiler derrière la douleur de cette mère qui perd un fils unique, cette autre Mère transpercée d’une immense douleur au pied de la Croix de son Fils ? Dans sa Sagesse éternelle, comment le Cœur de Jésus, bouleversé devant cette veuve de Naïm, n’aurait-il pas entrevu le Cœur douloureux de sa Mère ? On peut donc considérer que cet Evangile implique une perspective mariale, tout en étant d’abord ecclésial comme le souligne magnifiquement Saint Ambroise :

« La divine miséricorde se laisse vite fléchir par les gémissements de cette mère. Elle est veuve ; les souffrances et la mort de son fils unique l’ont brisée… Il me semble que cette veuve, entourée de la foule du peuple, est plus qu’une simple femme méritant par ses larmes la résurrection d’un fils, jeune et unique. Elle est l’image même de la sainte Eglise qui, par ses larmes… obtient de rappeler à la vie le jeune peuple du monde…

Et Ambroise poursuit en nous emmenant au plus profond du mystère de l’Eglise :

« Car à la parole de Dieu les morts ressuscitent, ils retrouvent la voix et la mère recouvre son fils ; il est rappelé de la tombe, il est arraché au sépulcre. Quelle est cette tombe pour vous, sinon votre mauvaise conduite ? Votre tombeau, c’est le manque de foi… de ce sépulcre, le Christ vous libère ; vous sortirez du tombeau si vous écoutez la parole de Dieu. Et si votre péché est trop grave pour que puisse le laver les larmes de votre pénitence, qu’interviennent pour vous les pleurs de votre mère l’Eglise… Elle intercède pour chacun de ses enfants, comme pour autant de fils uniques. En effet, elle est pleine de compassion et éprouve une douleur spirituelle toute maternelle lorsqu’elle voit ses enfants entrainés à la mort par le péché[1]… »

On pourrait reprendre ces paroles inspirées de Saint Ambroise dans un sens marial car elles décrivent aussi la compassion de la Vierge pour tous ses enfants… N’est-Elle pas la « Mère de l’Eglise » comme l’a proclamé avec tendresse le Pape Paul VI : « C’est donc l’âme pleine de confiance et d’amour filial que nous levons les yeux vers elle, malgré notre indignité et notre faiblesse. Elle qui nous a donné avec Jésus la source de la grâce, ne manquera pas de secourir l’Eglise[2]… »

L’Evangile selon Saint Luc est le seul à rapporter cet épisode de la veuve de Naïm où une mère pleure un fils décédé. Aujourd’hui, dans les pièges et les crevasses de la mort, toute une jeunesse bascule en particulier dans les sortilèges des ténèbres… et si beaucoup de mères pleurent sur leurs enfants, notre Mère du Ciel ne cesse de verser des larmes[3] sur ses enfants qui se perdent en s’éloignant dangereusement de son Fils : Lui qui est crucifié pour tous !

Les larmes maternelles de Marie sont le signe de l’extrême tendresse de Dieu. Car ces larmes de la Mère de l’Eglise prolongent le temps de la miséricorde et nous ouvrent la porte du Cœur de Dieu, ouvert sur la Croix : là, jaillit à l’infini la divine miséricorde !… C’est pourquoi abuser de ce « temps béni » est gravissime car, même s’il se prolonge, il ne reviendra pas… et il faut se souvenir encore ici de la parole de Jésus miséricordieux à Sainte Faustine où il évoque un « trop tard » :

« Ô malheureux, qui ne profitez pas maintenant de ce miracle de la miséricorde divine ; en vain vous appellerez, il sera déjà trop tard[4]… »

Il y a donc un « maintenant de la Miséricorde », un rendez-vous plus qu’urgent que Jésus appelle « un miracle » : il doit bouleverser et faire basculer nos cœurs, où que nous en soyons ! Car n’oublions jamais que si l’infinie miséricorde de Dieu manifestée en son Fils crucifié est refusée, oubliée, piétinée, ridiculisée par le plus grand nombre : un jour que Dieu seul sait, le Père exercera alors sa « justice » dont le regard fera la lumière sur chaque instant de nos vies : moment vertigineux de vérité où la plus terrible douleur sera d’avoir ignoré, relativisé ou, pire, refusé son infinie tendresse à travers son Fils bien-aimé !

Puissions-nous nous « réveiller » de la terrible confusion et illusion du « sommeil de la mort » pour ne jamais entendre cette terrible parole de Dieu aux vierges folles sidérées : « En vérité, je vous le dis, je ne vous connais pas ! Veillez donc, car vous ne savez ni le moment, ni l’heure ! » (Mt 25,12-13).

Nous sommes donc prévenus… et c’est « maintenant », si pauvres et fragiles sommes-nous, qu’il faut se rapprocher de Jésus. Dans ses révélations à Sainte Faustine, le Sauveur avait souhaité que les âmes l’invoquent « avec le cœur » à travers une courte prière. Faustine lui proposa des formules connues, mais le Seigneur les écarta et lui proposa celle si connue aujourd’hui :

« Jésus, j’ai confiance en toi ! … »

Que la confiance « immédiate » en la miséricorde de Dieu nous donne ce regard évangélique nouveau qu’avait petite Thérèse :

« A moi, Il a donné sa Miséricorde infinie et c’est à travers elle que je contemple et adore les autre perfections Divines !… Alors, toutes m’apparaissent rayonnantes d’amour, la Justice même me semble revêtue d’amour… Quelle douce joie de penser que le Bon Dieu est Juste, c’est-à-dire qu’Il tient compte de nos faiblesses, qu’Il connaît parfaitement la fragilité de notre nature. De quoi donc aurais-je peur ? Ah ! le Dieu infiniment juste qui daigna pardonner avec tant de bonté toutes les fautes de l’enfant prodigue, ne doit-Il pas être Juste aussi envers moi qui « suis toujours avec Lui » ? (Lc 15,31) … J’ai reçu la grâce de comprendre plus que jamais combien Jésus désire être aimé[5] »

Ainsi, que notre seule crainte ne soit pas d’avoir un cœur pauvre, mais un cœur partagé. Que Marie, Epouse de l’Esprit, nous plonge en Lui par ses mains de tendresse…

+M Mickaël

 


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[1] Saint Ambroise, Traité sur Saint Luc, Missel forme extraordinaire du rite romain, p.901.

[2] Saint Paul VI, Signum Magnum, 13 mai 1967.

[3] La statue de Notre Dame d’Akita a versé des larmes plus de cent fois…  Comme à Syracuse en Italie et dans tant d’autres lieux !

[4] Sainte Faustine, Petit journal, 1448.

[5] Sainte Thérèse de Lisieux, Œuvres complètes, Manuscrit A, Cerf – DDB, 1996, p.211-212.




Jésus est-il encore dans la barque de l’Eglise ?

« La barque était recouverte par les vagues. Mais Lui dormait… »

Matthieu 8,24

Après plus de 2000 ans, l’Eglise est toujours là… même si, aujourd’hui, de terribles attaques la menace de l’intérieur comme jamais. Ne vivons-nous pas en effet une « relativisation » stupéfiante des fondamentaux de la foi quand un silence s’installe sur la sainte Tradition ? N’assistons-nous pas à une réinterprétation globale de la mission de l’Eglise quand l’annonce de la vérité évangélique est oubliée ou annoncée du bout des lèvres ? Où est passée l’assurance de Pierre dans l’annonce de la Parole ? (Ac 2,14-41). Le feu de l’Esprit qui brûlait Saint Paul pour révéler le Christ vivant a-t-il donc disparu ? (1 Co 2,1-16). Où sont passés le sens du sacré et le silence de l’adoration dans la célébration de la sainte Messe ?

Alors, Jésus est-il toujours dans la barque de l’Eglise ? Cette question peut paraître insensée, car ce serait oublier la promesse absolue que le Seigneur nous a faites à travers Pierre qui a reçu la « Révélation » du « Père » … en effet, après sa Profession de foi messianique en Jésus, « le Fils du Dieu vivant ! » (Mt 16,15). Il devient par « la béatitude de sa foi » le fondement de toute la foi de l’Eglise :

« Heureux es-tu, Simon fils de Jonas, car cette Révélation t’est venue, non de la chair et du sang, mais de mon Père qui est dans les cieux. Eh bien moi, je te dis : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et les portes de l’Enfer ne seront pas plus forte qu’elle ! »

(Mt 16,17-18)

Tel est le « Roc » de notre foi pour la traversée de l’histoire par l’Eglise : Jésus est et sera toujours dans la barque de l’Eglise ! Et pourtant, durant la redoutable tempête sur le lac de Tibériade, les Apôtres se sont sentis « perdus » en se heurtant au silence de Jésus… donc à cette terrible épreuve de se sentir seul face au sommeil du Maître ! Et nous aussi, bien des fois, dans notre ressenti des épreuves de la foi, il nous semble être « seuls » face à l’apparent silence de Dieu…

Cela peut nous apparaître d’ailleurs « cruel » car le Seigneur semble nous oublier, alors que la barque est « couverte par les vagues » (Mt 8,24) et que, déjà, elle se « remplit d’eau ! » (Mc 4,27). Alors, la barque de la foi de l’Eglise va-t-elle couler et disparaître ? Saint John Henri Newman, le Saint le plus « branché[1]» de notre époque, a donné une réponse si « juste » à cette question en condensant l’intuition théologique de toute la Tradition :

« L’Eglise a ce privilège spécial, que ne possède aucune autre religion, de savoir qu’ayant été fondée lors de la première venue du Christ, elle ne disparaîtra pas avant son retour…

Cependant, dans chaque génération, il semble qu’elle succombe et que ses ennemis triomphent. Le combat entre l’Eglise et le monde a ceci de particulier : il semble toujours que le monde l’emporte sur elle ; mais c’est elle, en fait, qui gagne. Ses ennemis triomphent constamment, la disant vaincue ; ses membres perdent souvent l’espoir. Mais l’Eglise demeure[2]… »

Evidemment, cette « certitude » de la foi de l’Eglise ne doit pas alourdir notre cœur dans l’indolence. Bien au contraire, la ferveur de notre foi doit reposer sur la vigilance incessante de la prière… comme nous y invite jour après jour le Rosaire de Marie et la prière de Jésus !

Cependant, une question lancinante demeure le « cœur caché » de cet Evangile : pourquoi Jésus dort-il au moment où les Apôtres ont le plus besoin de lui ? Pourquoi les laisse-t-il seul quand la mer déchaînée est en train de les engloutir ?… On peut vraiment envisager que le Seigneur dormant veut faire jaillir de leur cœur ce « cri sublime de la foi » ! C’est ce cri vers Lui qui fonde l’Eglise sur Lui… et il ne faut jamais l’oublier en nos vies quand, dans l’épreuve, nous nous sentons seuls et abandonnés : c’est alors le moment de « crier notre foi » en l’appelant avec force et persévérance !

Tel est d’ailleurs plus tard la prise de conscience « majeure » des Apôtres qui doit être aussi celle de l’Eglise de tous les temps : « Seigneur, augmente en nous la foi ! » (Lc 17,5). Ce second cri des Apôtres doit devenir chaque jour « le nôtre » en suppliant Jésus de fortifier et faire grandir notre foi…

Il faut se tourner ici comme toujours vers la Vierge Marie : n’est-elle pas « la Femme bénie entre toutes les femmes » et « Reine de la foi » ? Au tout début de l’Evangile, à la Visitation, Elisabeth le proclame : « Et comment m’est-il donné que la Mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?… Oui, bienheureuse celle qui a cru en l’accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur ! » (Lc 1,42-45). Ainsi, « la foi de la Vierge Marie change le cours de l’histoire… car désormais l’histoire des hommes n’est plus aveugle, elle a un sens et un sens heureux[3] ! »

Alors, n’oublions jamais qu’au plus profond de notre grâce baptismale, nous sommes appelés à cette « plénitude de la foi » qui faisait dire à Sainte Elisabeth de la Trinité ces paroles si fortes et si vraies qui viennent fortifier notre foi :

« Voici la foi, la belle lumière de foi, qui m’apparaît. C’est elle seule qui doit m’éclairer pour aller au-devant de l’Epoux[4]… » même si « la foi, c’est le face à face dans les ténèbres[5] ! »

« Qu’importe à l’âme de sentir ou de ne pas sentir, d’être dans la nuit ou la lumière… Elle exalte son Maître sur la plus haute cime de la montagne de son cœur[6] ! »

« Il faut la foi qui regarde et qui prie sans cesse[7]… Crois toujours à l’Amour ! C’est si bon la foi, c’est le Ciel dans les ténèbres, mais un jour le voile tombera et nous contemplerons en sa lumière Celui que nous aimons[8] ! »

+Marie-Mickaël

 

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[1] Voir article du Père Keith Beaumont sur le net dans « Aleteia » : « Le Cardinal Newman, le Saint le plus « branché » de notre époque », 14 octobre 2019.

[2] Saint John Henry Newman (1801 – 1890), « Faith and Experience », 2,4. Sermon on Subjects of the Day, n°6.

[3] Fr. Manuel Rivero, O.P., Zenith – Le monde vu de Rome, 25 mars 2021.

[4] Elisabeth de la Trinité, Œuvres complètes, Cerf 1991, Dernière retraite 10.

[5] Lettre 193.

[6] Dernière retraite 11.

[7] Note intime 14.

[8] Lettre 162.