Les mystères cachés de l’Assomption à « la Maison de Marie » : partage d’un pèlerinage…

 Les mystères cachés de l’Assomption à « la Maison de Marie »

Partage d’un pèlerinage

La Vierge Marie, statue à l’entrée du sanctuaire. « Ils m’ont établie leur gardienne ».

      Venir en pèlerinage à « Meryemana Evi », la Maison de Marie sur la montagne prés d’Ephèse en Turquie, n’est plus aujourd’hui une démarche assez unique et solitaire puisque des centaines de milliers de pèlerins y montent chaque année ! Après la découverte de ce lieu marial unique à la fin du 19° siècle sur les révélations de la Bienheureuse Catherine Emmerich[1], la « Maison de Marie » n’a cessé d’attirer… et c’est l’un des sanctuaires les plus visités de la chrétienté[2].

A commencer par les derniers Papes dont la venue marque l’importance du lieu dans l’histoire de l’Eglise : le Pape Paul VI en juillet 1967, le Pape Saint Jean-Paul II le 30 novembre 1979 qui y célèbrera la Messe, et enfin le Pape Benoît XVI qui a vécu une journée de prière silencieuse en ce lieu marial béni et a célébré également la Messe devant une nombreuse assemblée :

Benoît XVI en prière dans la maison de Marie

« Avant la bénédiction finale, le Pape a voulu encenser l’icône de la Vierge Marie qui se trouve devant l’autel, et déposer aux pieds de la Vierge un chapelet blanc, en guise de don pour le sanctuaire et de souvenir pour son pèlerinage[3]… »

Il reste vrai que la visite de ce lieu où La Vierge Marie a vécu dans le silence et l’effacement les dernières années de sa vie invite au silence contemplatif et à l’humilité… cela nous rappelle aussi l’importance de la terre de Turquie dans l’histoire biblique qui commence en Genèse 12 avec la vocation d’Abraham à Harran (sud-ouest du pays)… et finit encore en Turquie avec l’Apocalypse de Saint Jean par les lettres aux 7 Eglises (Ap 2 et 3).

 

On est donc ici en présence d’un lieu unique de prière, de silence et de découverte : « Un lieu où des groupes de pèlerins chrétiens provenant du monde entier célèbrent la Sainte Messe dans la mémoire de l’Assomption au Ciel de Marie, et où de nombreux visiteurs, chrétiens et musulmans, s’arrêtent pour une prière silencieuse. La Vierge Marie donne beaucoup de grâces, surtout à ceux qui demandent avec foi et avec le cœur repenti de tout péché. La Vierge Marie vous attend, adressez-vous à Elle avec foi et dévotion[4]… »

Et si ce lieu béni nous a été donné par la Providence pour la fin des temps, comment oublier ici qu’il a été découvert à travers les révélations privées offertes par le Ciel à la Bienheureuse Anne-Catherine Emmerich. Ecoutons avec action-de-grâce le témoignage de ses visions sur le départ et l’Assomption de la très Sainte Vierge :

« Au crépuscule, quand elle se rendit compte que son heure approchait, la Sainte Vierge, suivant la volonté de Jésus, pris congé des Apôtres, des disciples et des femmes présentes. Et là, j’ai vu quelque chose d’émouvant et de merveilleux :

Son visage était radieux et serein comme dans sa jeunesse. Ses yeux, pleins d’une sainte joie, étaient tournés vers le Ciel. J’eus alors une vision merveilleusement touchante. Le toit de la cellule de Marie avait disparu, et à travers le ciel ouvert mon regard pénétra dans la Jérusalem céleste. Il en descendit deux nuées éclatantes où se montraient de nombreux anges. Entre ces deux nuées une voie lumineuse s’abaissa vers la Sainte Vierge ; puis une montagne de lumière parut s’élever de Marie jusqu’à la Jérusalem céleste…

Elle étendit ses bras vers le Ciel avec un désir infini ; son corps fut soulevé et plana au-dessus de sa couche. Je vis son âme, comme une lueur brillante infiniment pure, sortir de son corps, les bras étendus et monter sur la voie lumineuse jusqu’au Ciel… Je la vis entrer dans la Jérusalem céleste et monter vers le trône de l’adorable Trinité !… Jésus la reçut avec un amour tout divin, lui présenta comme un sceptre et lui montra la terre au-dessous d’elle, comme pour lui conférer un pouvoir spécial… Pierre, Jean et quelques autres disciples eurent sans doute la même vision, car ils avaient les yeux levés vers le ciel. Les autres étaient, pour la plupart, prosternés la face contre terre. Tout était inondé de lumière et de splendeur, comme au Jour de l’Ascension de Jésus-Christ[5] ! »

La petite chambre de la Vierge où eut lieu son Assomption

Les dernières années de la Sainte Vierge à Ephèse nous laissent deviner sa vie « cachée » dans le silence d’un amour sublime où règne l’humilité : elle s’abîme à chaque instant en cette pauvreté de cœur où elle contemple la vie et la Passion de son Fils Bien-aimé… Tout repasser (Lc 2,19) en son Cœur douloureux et Immaculé est son programme ! Car toute son espérance est tournée vers le jour de l’indicible Rencontre ! Et c’est pourquoi ce qui traverse sa vie doit influencer grandement la nôtre : Elle est pour nous le signe que Dieu n’est attiré que par l’effacement des petits et la passion des Saints pour le Sauveur !

Dans l’histoire du salut, la beauté de Dieu ne resplendit que dans la puissance de la Croix où triomphe l’Amour à travers une indicible douleur : tel est le mystère sans fond du Cœur ouvert de Jésus… et c’est pourquoi Marie et Jean furent pour toujours « traversés » et « habités » par cette vision d’un Dieu crucifié qui sauve l’humanité sur une Croix !

On le sent si bien quand on prie en silence dans la « Maison de Marie » : ce lieu empreint d’humilité pousse à se taire et ramène au cœur profond où Dieu seul parle… Ainsi, retenons le témoignage de cette petite Maison qui nous rappelle que l’essentiel de notre vie chrétienne est de rayonner l’amour de Jésus à partir du silence de la prière et de l’humilité de la Croix : la Femme splendide à l’indicible tendresse qui ne cesse de nous « appeler » à la conversion à travers ses Apparitions contemporaines (Ap 12,1)… est aussi la Mère de l’Eglise qui nous enfante dans la douleur (Ap 12,2) pour nous tourner vers le Sauveur !

D’une manière mystérieuse, elle est toujours « près de la Croix de Jésus » (Jn 19,25) pour rassembler les enfants de Dieu jusqu’au Jour où « apparaîtra dans le ciel le Signe du Fils de l’homme ; et alors toutes les races de la terre se frapperont la poitrine ; et l’on verra le Fils de l’homme venant sur les nuées du ciel avec puissance et grande gloire ! Il enverra ses Anges avec une trompette sonore, pour rassembler ses élus des quatre vents, d’une extrémité des cieux à l’autre… » (Mt 24,30-31).

Le temps est proche, préparons-nous plus que jamais en nous blottissant sur le Cœur Immaculé de Marie par la fidélité au Rosaire : La Vierge est notre Arche de tendresse pour vivre les épreuves des derniers temps  en restant « debout » dans l’espérance…

 

+Marie-Mickaël et Marie+Jacinta

 

 

[1] Catherine Emmerich a été béatifiée le 3 octobre 2004 par le Pape Jean-Paul II.

[2] Il attire environ huit cent mille visiteurs et pèlerins du monde entier chaque année.

[3] P. Oriano Granella, Recteur du Saunctuaire, MERYEMANA – Guide pour la visite au Sanctuaire de Maryemana et à l’histoire chrétienne d’Ephèse, 2011, p.62.

[4] Meryemana, op. cit., p.12.

[5] Bienheureuse Catherine Emmerich, Visions, Chapitre XV.




L’homélie choc du Cardinal Sarah à Sainte Anne d’Auray




La mesure du charpentier : l’intégrité standard et doctrinale du Christ. Mgr Strickland

Bienvenue dans un autre épisode de « La Voix d’un berger ».

Un mur bien construit a quelque chose de profondément satisfaisant. Non pas une cloison sèche moderne avec des clous et des vis, mais un mur en pierre posé à la main ou une structure en bois dont la solidité repose sur un alignement précis. Et pour ce genre de travail, un outil est essentiel : le fil à plomb. Un simple poids suspendu à une corde révèle la verticale absolue, quoi que l’œil puisse suggérer.

Imaginez maintenant le Christ dans son atelier de menuiserie. Avant de prêcher une parabole, avant de guérir un aveugle, avant de gravir le Calvaire, il a façonné le bois. Et peut-être – comme le suggèrent la tradition et une imagination respectueuse – a-t-il utilisé les mêmes outils que tout artisan : une équerre, une règle et, oui, un fil à plomb.

L’image est pertinente, car le Christ n’est pas seulement le charpentier de Nazareth ; il est l’architecte de l’Église. Il ne construit pas sur du sable mouvant ni selon le consensus populaire. Il construit selon une mesure divine, et sa doctrine – ce qu’il a enseigné et transmis – est le fil à plomb.

Cet épisode de « La Voix d’un berger » s’intitule « La mesure du charpentier : la norme du Christ et l’intégrité doctrinale ». Nous allons examiner ce qu’est cette norme, pourquoi elle est immuable et comment l’Église, particulièrement aujourd’hui, doit s’y conformer.

À chaque génération, la tentation surgit de modifier légèrement la norme, d’adapter la doctrine à l’époque. Mais la vérité a un poids. Elle tombe du ciel, comme le fil à plomb du prophète Amos, comme l’outil tenu dans la main ferme du charpentier de Nazareth. On ne peut pas déplacer un fil à plomb. Et on ne peut pas incliner la doctrine sans s’éloigner du Christ.

Le prophète Amos nous en donne l’image : « Voici, l’Éternel se tenait sur un mur fait d’un fil à plomb, et il tenait un fil à plomb dans sa main. L’Éternel me dit : Que vois-tu, Amos ? Je répondis : Un fil à plomb. L’Éternel dit : Voici, je vais mettre un fil à plomb au milieu de mon peuple d’Israël ; je ne l’épargnerai plus. » (Amos 7:7-8).

L’image est claire. Dieu ne mesure pas Israël à l’aune de ses voisins ou de sa propre perception. Il la mesure à l’aune de sa propre justice, et elle se trouve tortueuse.

Le fil à plomb n’est pas punitif. Il est révélateur. Il montre le vrai et le faux, l’honnête et le voilé. Il ne plie pas. Il n’accommode pas. Il révèle simplement ce qui est.

Un fil à plomb n’est pas un instrument de compromis. Il ne vacille pas et ne se courbe pas contre le mur. Il révèle la vérité. Si le mur est tordu, ce n’est pas le fil à plomb qui est faux.

Il en va de même pour la doctrine. La révélation de Dieu est le fil à plomb tombé du ciel – sa vérité descendant dans notre monde, insensible aux vents du changement. C’est le Christ lui-même, le Verbe fait chair.

Pendant trente ans, le Christ a vécu caché à Nazareth. Le Créateur de toutes choses a travaillé le bois et la pierre – Lui qui soutient l’univers était obéissant au métier de père adoptif. L’imaginez-vous ? Penché sur l’établi, outils en main, patient et fort. Parmi ses outils, il y avait certainement le fil à plomb.

Il est venu redresser ce qui est tordu. Non pas en courbant le fil à plomb pour nous, mais en nous appelant à nous redresser selon sa mesure.

Et lorsqu’il enseignait, il enseignait avec autorité – ne modifiant jamais la vérité pour l’adapter à la foule, ne cédant jamais aux tergiversations des scribes. Il a dit : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point » (Matthieu 24:35). Il est la mesure. Et il a confié cette mesure à l’Église.

La foi de l’Église n’est pas un ensemble de politiques à ajuster, ni une plateforme politique à négocier. Elle est le dépôt confié aux apôtres, l’héritage des saints, la règle de foi transmise intégralement.

Saint Paul écrit à Timothée : « Retiens le modèle des saines paroles que tu as entendues de moi, avec foi et dans l’amour qui est en Jésus-Christ. Garde le bon dépôt par le Saint-Esprit qui habite en nous » (2 Timothée 1:13-14).

Et aux Galates, il a averti avec une sainte sévérité : « Si nous-mêmes, ou un ange du ciel, vous annonçait un autre Évangile que celui que nous vous avons prêché, qu’il soit anathème ! » (Galates 1:8).

Telle est la mission apostolique : non pas innover, mais tenir bon. Et pourtant, combien il est tentant de tenter de « repousser le fil à plomb », de déformer la doctrine pour l’adapter à une époque en mutation. Mais un véritable fil à plomb ne cède pas. Si vous essayez de faire paraître droite une poutre tordue en tirant sur la corde, le fil retombera. Il est tout simplement impossible de la déplacer. De même, la vérité divine ne cède pas à la pression humaine.

Aujourd’hui, on nous dit que le monde a changé – et donc que l’Église doit changer. La loi morale doit évoluer, les commandements s’adoucir et la doctrine devenir plus « pastorale ». Mais on ne peut pas repousser un fil à plomb. On peut le repousser, il ne bougera pas.

On peut se plier, ou briser le mur, mais le fil reste.

Pensez à saint Athanase, qui a tenu bon face à l’hérésie arienne. Le monde entier semblait devenu fou. Évêques et empereurs, conciles et prêtres insistaient sur le fait que le Christ n’était pas consubstantiel au Père – qu’il n’était qu’une créature, bien qu’exaltée.

Mais saint Athanase resta ferme. Exilé à cinq reprises, qualifié de perturbateur de la paix, il ne nia pas pour autant la consubstantialité du Christ au Père. Il évaluait la doctrine à l’aune du charpentier, et non de la pression impériale.

Arius, prêtre d’Alexandrie, enseignait que le Fils de Dieu avait été créé par le Père et n’était donc pas coéternel. En bref, les ariens croyaient qu’« il fut un temps où il n’existait pas ».

Cela contredisait directement l’enseignement apostolique selon lequel Jésus est vrai Dieu, né du vrai Dieu, engendré, non créé, consubstantiel au Père – une doctrine que l’Église a formellement définie au concile de Nicée en 325 apr. J.-C. dans le Credo de Nicée.

Athanase tenait à la vérité immuable selon laquelle le Christ est consubstantiel au Père, même lorsque cela impliquait l’exil, la calomnie et la perte personnelle. L’Église n’avait pas encore défini dogmatiquement le terme « consubstantiel » lorsqu’Arius commença à propager son hérésie. Une pression politique et sociale énorme s’exerçait pour trouver un « terrain d’entente » et l’unité. Nombreux étaient ceux qui étaient prêts à abandonner la doctrine au nom de la paix.

Saint Jérôme écrivit plus tard : « Le monde entier gémissait et s’étonnait de se trouver arien. »

Mais Athanase le savait : la doctrine ne se construit pas par consensus. Elle se mesure à l’aune de ce qui a été transmis – ce qui est conforme à l’Évangile, au témoignage apostolique et à la révélation claire de la divinité du Christ. Il voyait clairement que si le Christ n’était pas vraiment Dieu, alors nous ne sommes pas vraiment sauvés.

Il aurait pu éviter le conflit en adoucissant sa position, mais il ne l’a pas fait. Tel un charpentier vérifiant le mur au fil à plomb, il a comparé l’enseignement à la norme et a déclaré : « Ceci n’est pas conforme.» Le fait qu’il ait été exilé cinq fois pour sa fidélité ne fait que prouver la justesse de sa mesure. Le mur était tordu, mais la ligne était droite. Comme le dit le dicton : « Athanase contre le monde ». Mais en réalité, c’était le monde qui était penché. Il ne faisait que tenir bon.

Sainte Jeanne d’Arc, condamnée comme hérétique par un clergé corrompu, est restée fidèle à sa mission et à sa foi. Elle mourut avec le nom du Christ sur les lèvres, non pas parce qu’elle s’était conformée, mais parce qu’elle refusait.

Autre exemple : sainte Catherine de Sienne. Tertiaire dominicaine, laïque – et non religieuse cloîtrée –, elle resta fidèle à la vérité malgré la corruption et la crise. Elle rappela le pape à Rome. Elle confronta les évêques, les prêtres, et même le Saint-Père lui-même – non pas avec arrogance, mais avec une charité surnaturelle. Elle écrivit : « Soyez ce que Dieu a voulu que vous soyez, et vous embraserez le monde.»

Et saint Ignace d’Antioche, au début du IIe siècle, écrivit sur son chemin vers le martyre : « Ne faites rien sans l’évêque, mais surtout écoutez la doctrine du Christ… Tenez ferme comme une enclume sous le marteau.» Il parlait des évêques comme d’une protection, mais pas seulement par leur fonction. Leur fonction n’est une protection que s’ils tiennent bon.

Pendant la révolte protestante, saint Thomas More préféra donner sa vie plutôt que de reconnaître un roi comme chef de l’Église. Il a dit : « Je suis le bon serviteur du roi, mais le premier de Dieu. » Il est mort pour un fil à plomb. Pour une norme invisible pour beaucoup, mais essentielle à la structure.

Ces saints ne recherchaient pas le conflit. Ils refusaient simplement de transiger avec la vérité. Le monde les qualifiait d’obstinés. L’Église les qualifie de saints.

Leur alignement sur le fil à plomb leur a coûté cher, mais leur a tout apporté.

Lorsque Pierre et Jean furent traduits devant le Sanhédrin et sommés de ne pas parler au nom de Jésus, ils répondirent : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (Actes 5:29).

Les premiers évêques de l’Église ont rendu témoignage non seulement en paroles, mais aussi par le sang.

Et saint Paul fut battu, emprisonné, naufragé, lapidé – et pourtant, il écrivit avec joie, depuis ses chaînes : « J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi » (2 Timothée 4:7).

Saint Jean, le dernier des premiers apôtres, a témoigné du Verbe incarné jusqu’à un âge avancé, protégeant la vérité des faux docteurs qui cherchaient à déformer l’identité du Christ.

Ces hommes n’étaient pas des innovateurs. Ils étaient des gardiens. Comme l’exhortait saint Jude aux premiers fidèles : « Combattez pour la foi transmise aux saints une fois pour toutes » (Jude 1, 3).

De tout temps, des pressions ont été exercées pour redéfinir la doctrine : pour adoucir les enseignements moraux, pour réinterpréter les dogmes, pour substituer les sentiments aux vérités.

Qu’est-ce que cela signifie pour nous ?

Cela signifie que nous ne pouvons pas nous fier simplement à l’opinion majoritaire, aux reportages, ni même à l’autorité humaine lorsqu’elle s’écarte de l’enseignement du Christ. Nous devons tout éprouver à l’aune de la mesure – la mesure du charpentier.

Les fidèles doivent se familiariser avec la vraie doctrine, non pas comme une liste d’interdits, mais comme la structure de la vie éternelle. Lisez le catéchisme. Étudiez les conciles. Connaissez les Écritures.

« Jésus-Christ, hier et aujourd’hui, et le même pour toujours » (Hébreux 13, 8).

Il ne change pas. Ses paroles ne changent pas. Et ceux qui s’attachent à lui ne doivent pas changer non plus.

Comme le pape Pie X l’a averti dans Pascendi Dominici Gregis : « Les véritables amis du peuple ne sont ni des révolutionnaires ni des novateurs, mais des traditionalistes.»

Nous ne nous accrochons pas aux choses anciennes pour elles-mêmes. Nous nous accrochons à la mesure du Christ – parce qu’elle est divine.

C’est la vérité du Christ, mesurée par sa propre main – la mesure du charpentier. Ne cherchons pas à la déplacer, mais à nous déplacer nous-mêmes. Bâtissons sur le roc, avec des murs tendus par la règle de sa Parole, et des cœurs façonnés par l’amour de la vérité.

De nos jours, nous avons vu le fil à plomb trembler, mais jamais rompu. Certaines déclarations du pape François ont malheureusement semé la confusion, car elles semblaient s’écarter de la mesure claire de l’enseignement du Christ.

Un exemple frappant est le Document sur la fraternité humaine de 2019, signé à Abou Dhabi, qui stipulait que « la diversité des religions… est voulue par Dieu dans sa sagesse ». Cela a provoqué une profonde confusion. L’Église a toujours enseigné que les fausses religions naissent de la quête de Dieu par l’homme, et que, même si des graines de vérité peuvent s’y trouver, une seule foi est révélée et voulue par Dieu dans sa plénitude : la foi catholique. Comme le dit saint Paul : « Un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême » (Éphésiens 4, 5).

Parler comme si toutes les religions étaient également voulues par Dieu n’est pas de la miséricorde, c’est un décalage. Le fil à plomb n’est pas une mesure de sincérité, mais de vérité. Et la vérité a un nom : Jésus-Christ, qui a dit : « Je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne vient au Père que par moi » (Jean 14,6).

Prenons l’ambiguïté entourant la bénédiction des couples de même sexe. Si l’Église doit toujours accueillir chaque âme avec amour, sa doctrine ne peut se contredire : elle ne peut bénir ce qui est contraire à la loi de Dieu. Un fil à plomb ne se plie pas aux sentiments. Le Christ a accueilli la femme surprise en adultère, mais lui a aussi dit : « Va, et maintenant ne pèche plus » (Jean 8,11).

Dans de tels moments, les fidèles ne doivent ni paniquer, ni abandonner l’Église, mais se souvenir de la mesure du charpentier. Les paroles du Christ demeurent la règle. Nous ne sommes pas appelés à juger les cœurs, mais à nous attacher fermement à la vérité, surtout lorsque même les hautes fonctions de l’Église semblent fluctuer au gré du vent.

Alors que l’Église entre dans un nouveau chapitre avec l’élection d’un nouveau pape, nous espérons et prions pour qu’il prenne la mesure du charpentier avec révérence et détermination. Nous prions pour qu’il réoriente ce qui a été laissé pencher, clarifie ce qui est devenu confus et prêche la vérité non pas en termes vagues, mais avec l’audace des Apôtres. Un successeur de Pierre n’est pas appelé à réinventer l’Église, mais à fortifier ses frères et à garder le dépôt de la foi. Puisse-t-il être un homme qui se place sous le fil à plomb du Christ, et non au-dessus – et qui, ce faisant, contribue à ramener l’Église à une intégrité doctrinale visible.

Comme le dit le Psaume 18 :

« La loi de l’Éternel est sans tache, elle restaure les âmes ; le témoignage de l’Éternel est fidèle, il donne la sagesse aux tout-petits. » (Psaume 18:8).

Prions pour être en phase avec cette mesure. Ne dépassons pas le fil à plomb, ne l’ignorons pas, ne le déformons pas. Tenons-nous en dessous et redressons-nous.

Et si nous sommes trouvés tortueux ? Confessons-le et redressons-nous. L’Église n’est pas une maison tortueuse. C’est un temple bâti sur la pierre angulaire. Puissions-nous ne rien construire qui ne résiste à la mesure du charpentier.

Que le Seigneur, qui est la pierre angulaire et le maître d’œuvre de son Église, vous accorde la grâce de demeurer fermes dans la vérité, de marcher avec droiture dans la foi et d’être mesurés selon sa norme parfaite en toutes choses. Que vos cœurs soient fortifiés, vos esprits éclairés et vos vies alignées sur le fil à plomb du Christ, qui est la Vérité.

Et que la bénédiction de Dieu Tout-Puissant, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, descende sur vous et demeure avec vous pour toujours. Amen.

Mgr Strickland




Jésus est avec nous à chaque instant…

Les Evangiles nous invitent à faire « l’expérience » de la Présence du Christ ressuscité à chaque instant ! Là est le cœur de notre foi catholique : le mystère de la Résurrection est le fondement même de l’envoi en mission (Mt 28,16-19) et Jésus l’affirme avec une telle amplitude dans le verset final de Saint Matthieu :

« Et moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde ! » (Mt 28,20)

Ecoutons un instant la magnifique approche de Saint Jean Chrysostome :

« Comme il vient de leur faire des commandements d’une haute importance, il relève leur courage en ajoutant : « Et voici que je suis avec vous jusqu’à la consommation des siècles », paroles dont voici la signification : Ne dites pas que les commandements que je vous fais sont difficiles, car je suis avec vous, moi qui rend toutes choses légères (Mt 11,20-30). Et il leur promet d’être, non seulement avec eux, mais encore avec tous ceux qui croiront après eux, car les Apôtres ne devaient pas vivre jusqu’à la fin des siècles, et le Seigneur s’adresse à tous les fidèles… »

Frères et sœurs bien-aimés, le mois de Marie approche et réjouissons-nous avec Elle et en Elle de cette Présence de Jésus vivant, qui nous fera traverser toutes les épreuves… car il vient irradier nos cœurs d’une paix et d’une joie que nul ne pourra nous ravir !

En ce samedi commence le temps de désert du « silence pascal »… J’aurais la joie début mai d’être un temps à Lourdes où je confierai vos intentions à Notre Dame ! Et je vous donne rendez au 17 mai pour le mois de Marie : nous y reviendrons sur l’importance du chapelet ou du Rosaire quotidiens et nous commencerons ensuite une méditation « urgente » de plusieurs semaines sur le « Cœur Immaculé de Marie », notre Arche bénie, pour vivre la fin des temps qui s’accélère…

+M Mickaël

                             




Pourquoi ne rien faire sans Marie ?

Quand nous disons « Mater » à Marie, « monstra te esse mater » (dans l’hymne Ave Maris Stella), c’est au fond à Dieu que nous le disons. Ce mot de « Maman » qui jaillit des profondeurs de l’être humain, il monte à travers le cœur de la très Sainte Vierge vers Dieu qui est plus mère que toutes les mères, quand la prière se réduirait à cela : Maman, Maman…,ce serait déjà toute la prière, parce que justement Dieu est Amour. Il faut l’aimer et le faire aimer en l’aimant.

Alors ne faisons rien sans la très Sainte Vierge. Ne faisons rien : toutes les fois que nous sommes troublés, toutes les fois que nous sommes inquiets et incertains, commençons par l’invoquer. Nous ne pourrons pas nous égarer.

C’est la très Sainte Vierge qui gardera en nous la vie de Jésus, comme elle l’a fait au cours de sa vie terrestre. C’est elle qui nous maintiendra dans le silence intérieur. C’est elle qui gardera notre vocation. C’est elle qui fera de nous de vrais contemplatifs. C’est elle qui nous apprendra à scruter les abîmes de Dieu dans la joie et dans la lumière de la foi. C’est elle qui nous apprendra à découvrir la vraie liberté, car elle est libérée totalement d’elle-même dès le premier instant de son existence et c’est cela sa virginité.

La virginité c’est être libre de soi des pieds à la tête, dans toutes les fibres de son être, pour joindre Dieu qui est infiniment libre de soi dans l’éternelle communion des relations intra-divines.

 

Maurice Zundel

Prêtre et théologien catholique suisse, décédé en 1975




Le regard et les larmes

« Le Seigneur, se retournant, fixa son regard sur Pierre… »

Luc 22,61

      Les Evangiles nous enseignent la beauté et l’humilité du Christ à la fois « Lumière du monde » (Jn 9,5) et « doux et humble de cœur » (Mt 11,29)… et à travers ce Visage où Dieu se dit et se cache dans l’homme, le plus bouleversant des regards s’offre à nos yeux. Car s’il est vrai que l’œil est la fenêtre de l’âme, c’est en fixant le Regard du Christ que nous percevons le mieux les élans de son cœur, la densité de ses émotions, la vivacité de sa miséricorde, comme la force qu’il a voulu mettre dans ses affirmations. Or, les Evangiles nous signalent ces expressions du Regard de Jésus[1]… »

Du regard sur Zachée (Lc 19,5) à ses regards circulaires sur la foule (Mc 5,32 / Mc 11,11) ou sur ses disciples (Mc 3,34 / Mc 10,38) ; au regard qui appelle à l’attention (Mc 10,27 / Mt 19,26), à l’interrogation (Lc 20,17), ou exprime une colère face à l’endurcissement du cœur (Mc 3,5 / Lc 6,10)… Le Regard de Jésus révèle les multiples facettes de l’amour de Dieu lorsqu’il va à la rencontre des pécheurs. Sa patience miséricordieuse pour l’homme, qui la chantera en vérité ?

Et c’est pourquoi sa rencontre poignante avec le jeune homme riche nous laisse deviner l’attente infinie qui passe dans son Regard : « Jésus fixa sur lui son regard et l’aima… » (Mc 10,21). D’ailleurs, dans le mystère universel de son amour, le Seigneur pose ce regard silencieux sur chaque homme et à chaque instant ! C’est sa dernière promesse de Ressuscité : « Et moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde… » (Mt 28,20).

Mais une des révélations la plus extrême de son Regard miséricordieux est cet instant « unique », juste après la trahison de Pierre qui nia par trois fois connaître Jésus (Lc 22,60) :

« Le Seigneur se retournant, fixa son regard sur Pierre… Pierre alors se souvint de la parole du Seigneur, qui lui avait dit : « Avant que le coq chante aujourd’hui, tu m’auras renié trois fois ! » Et sortant dehors, il pleura amèrement… » (Lc 22,61-62).

Ce regard d’infinie miséricorde sauve Pierre du désespoir car il reconnaît l’horreur de sa trahison par ses sanglots… contrairement à Judas que le Seigneur regarde aussi et alerte en parole ! (Lc 22,47-48)… mais qui trahit et s’enferme ensuite dans la spirale de la désespérance jusqu’au suicide… (Mt 27,3-5) Devant l’Amour infini crucifié, la voie du non-choix est une illusion de notre monde actuel : Il est mon Créateur et mon Sauveur !… et sa « patience » seule me donne du temps car elle « dit » sa miséricorde qui crée en son Cœur une attente mystérieuse… jusqu’à « l’heure de son Jugement ! » (Ap 14,7).

Ainsi, ce qui est passé dans le regard du Christ sur Pierre est de l’ordre de la folle intensité amoureuse du Berger qui part à la recherche de sa brebis perdue… (Lc 15,4-7). Qui devinera la folie de la Miséricorde que Jésus laisse deviner dans son Regard ? C’est pourquoi les Pères de l’Eglise nous invitent à nous laisser guérir par le Regard du Christ qui vient « illuminer les yeux de notre cœur ! » (Ep 1,18). Ecoutons ce témoignage bouleversant de Saint Pierre Chrysologue qui m’invite à relire toute ma vie sous le Regard de la Miséricorde :

« Pierre, ne crains pas, toi qui m’a renié ; ni toi, Jean, qui as pris la fuite ; ni vous tous, qui m’avez abandonné, et n’avez songé qu’à me trahir, qui ne croyez pas encore en Moi, lors même que vous me voyez ! N’ayez pas peur, c’est Moi ! C’est moi, qui vous ai appelés par la grâce, par le pardon, qui vous ai soutenus par ma compassion, et vous ai portés dans mon amour ; aujourd’hui, je vous prends par ma seule bonté. Car le Père n’a pas d’yeux pour le mal quand il accueille son Fils, et quand, dans sa tendresse, il étreint les siens[2] ! »

Nous ne pourrons vivre la joie de la Résurrection du Christ si sa Miséricorde ne nous tire les larmes du repentir ! Le bouleversement de nos vies par la Lumière commence par la rencontre avec le Regard d’infinie tendresse de Jésus… le croiser, c’est pleurer pour renaître en son Cœur ouvert par mes péchés…

                                                                                +M Mickaël

[1] Ceslas Spicq, o.p., Le Regard du Christ, Revue Vives Flammes, 1982, p.43.

[2] Saint Pierre Chrysologue, Sermon 81.




CARDINAL Sarah : le DIABLE utilise les PASTEURS pour DÉTRUIRE l’ÉGLISE de l’intérieur




A chaque Messe : nous sommes au pied de la Croix…

   « A chaque fois que les paroles de la Consécration sont prononcées, l’Eglise, représentée par le prêtre et les fidèles, est rendue présente au Sacrifice sanglant : les deux mille ans qui nous séparent de la Croix sont abolis, nous sommes là comme l’étaient la Sainte Vierge et Saint Jean. Et chaque génération peut à son tour s’engouffrer dans l’offrande éternelle du Christ, offerte pour tous les temps ! »

Cardinal Journet, Méditation sur l’Eucharistie

 

     Cette admirable citation nous transporte au cœur de la Sainte Messe où le Cardinal Journet soulève quelque peu le voile : ici, seule la foi peut ouvrir la porte du Mystère et s’approcher dans cette adoration silencieuse où Dieu se révèle… Alors, guidés par ce merveilleux théologien, nous allons mieux découvrir à quel point « l’Eucharistie est la source et le sommet de toute la vie chrétienne[1] ! » Ce texte si riche va nous donner un  regard renouvelé sur le plus grand don du Cœur de Jésus à son Eglise. Méditons maintenant, tour après tour, les deux parties principales :

« A chaque fois que les paroles de la consécration sont prononcées, l’Eglise, représentée par le prêtre et les fidèles, est rendue présente au Sacrifice sanglant… »

Après la liturgie de la Parole de Dieu… nous sommes transportés ici au cœur même de la Sainte Cène ; à cet instant précis où Jésus a institué l’Eucharistie (Mt 26,26-28) et livré son Corps sur la Croix avec cette infinie miséricorde jaillie de son Cœur : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font ! » (Lc 23,34). Et c’est pourquoi à la Messe, quand le prêtre arrive à la consécration, le servant sonne la clochette qui nous avertit de ce moment unique et sacré : voici qu’à travers les paroles si simples du célébrant, se déploie le plus grand des mystères de l’histoire ! Là, surgit une indicible réalité : le pain devient le Corps du Christ et le vin son Sang… et c’est pourquoi devant cette Venue cachée qui prépare en secret son Retour glorieux, l’Eglise se met à genoux et adore…

Ici, la remarque Saint Augustin est précieuse : « La foi, c’est croire ce que l’on ne voit pas ; et la récompense de cette foi est de voir ce que l’on croit[2] ! » Ainsi, il y a dans l’Eucharistie « ce que l’on voit et ce que l’on croit. Ce que l’on voit, ce sont les apparences, les propriétés physico-chimiques, bref les « espèces » ou « accidents », du pain et du vin…

Après la parole du Christ, sous ces apparences inchangées du pain, ce qui est là c’est le Corps du Christ et le Sang du Christ… Un changement profond s’est produit. On est passé d’une réalité à une autre réalité, d’une substance à une autre substance… Passer, en latin, se dit : « trans. » D’où le mot : transsubstantiation[3]… » Ainsi, « chaque Messe est un rayon de l’éternité divine qui passe à travers la brièveté du moment sacrificiel pour le rendre présent à tous les moments de l’avenir où il sera consommé[4] ! »

Et c’est là que l’Eglise, représentée par le prêtre et les fidèles, est tout à coup transportée au pied de la Croix où s’offre son Seigneur et Sauveur, pour elle et pour tous…  à chaque Messe s’opère un saut dans le temps où se joue l’avenir du monde ! Car en vérité, « la Présence réelle est la raison d’être de la permanence de l’Eglise dans l’espace et le temps jusqu’à la parousie… Il faut beaucoup aimer Jésus ! Dans cette petite hostie que l’on reçoit à la Messe, il y a contenus toutes les réponses et tous les amours[5]… »

« Les deux mille ans qui nous séparent de la Croix sont abolis, nous sommes là comme l’étaient la Sainte Vierge et Saint Jean… »

Ce bouleversant mystère du salut nous appelle tous à ce « regard de foi » qui transcende le temps et l’espace. En effet, le chrétien ne doit-il pas devenir avant tout le contemplatif de l’Œuvre de Dieu ? N’est-ce-pas ce qui manque trop souvent aujourd’hui dans nos célébrations du Dimanche où l’animation bruyante et des flots de paroles viennent tuer la profondeur ? Où est passé ce silence où Dieu parle au cœur ? Il nous faut réécouter d’urgence le « cri » que Dieu nous adresse à travers le Prophète :

« C’est pourquoi je vais la séduire et la conduire au désert,

là, je parlerai à son cœur… » (Osée 2,16)

En réalité, devant un tel mystère, il faut se tenir là comme Marie « se tenait » avec Saint Jean au pied de la Croix (Jn 19,25). C’est pourquoi Il est primordial d’entrer dans le silence contemplatif du Cœur de Marie (Lc 2,19) qui est le secret de l’Evangile…

Le Cardinal Journet l’a magnifiquement découvert : « La Vierge est un mystère de présence à l’intérieur même du mystère de l’Eglise et l’on peut dire que l’Eglise est mariale. Cela signifie que l’Eglise, spontanément et sans même y songer, regarde les mystères de la Révélation chrétienne avec les yeux de la Vierge. Elle sait que la Vierge a regardé ces choses avant nous. Ce qu’elle retrouve dans les mystères de l’Annonciation, de Noël, de la Rédemption de la Croix, de Pâques, de l’Ascension, de Pentecôte, c’est cela même que la Vierge y a vu. La foi de la Vierge colore à jamais la foi de l’Eglise[6]… »

                                                                                            +M Mickaël

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[1] Concile Vatican II, Constitution dogmatique sur l’Eglise, Lumen gentium, 11.

[2] Saint Augustin, Sermon XLIII.

[3] Cardinal Journet, Le mystère de l’Eucharistie, Téqui 2018, p.13.

[4] Cardinal Journet cité par Marie-Agnés Cabanne, Fribourg, 6 aout 1980.

[5] Cardinal Journet, le mystère de l’Eucharistie, p.28.

[6] Cardinal Journet, L’Eglise du Verbe incarné, tome 2, p.432.




La mission de la Mère du Rédempteur

A l’occasion de la fête de la Présentation de Jésus au Temple, nous vous proposons cette méditation, qui peut si bien s’appliquer à la fête de ce jour.

Extrait de Maria Valtorta, l’Evangile tel qu’il m’a été révélé, tome 2, chapitre 157 : « La nouvelle mission de la femme dans le discours aux disciples à Nazareth », page 527 à 529 .

[Jésus s’adresse à ses disciples et leur parle de Marie ] :

 » Vous savez ce qu’est Marie pour former les âmes à Dieu. Vous pouvez le rapporter à ceux et celles qui auront peur de ne n’avoir pas été préparés par moi à leur mission ou de l’être encore insuffisamment quand je ne serai plus avec vous. Elle, ma Mère, sera avec vous maintenant, quand je ne serai pas présent, et plus tard quand je ne serai plus au milieu de vous : Elle vous reste, et avec elle la Sagesse et toutes ses vertus. Suivez dorénavant tous ses conseils. […]

Ma Mère m’a dit : « Comme il est doux d’être la Mère du rédempteur ! » Oui, comme c’est doux, quand la créature qui vient au Rédempteur est déjà une créature de Dieu en laquelle il ne subsiste que le péché originel qui ne peut être lavé par un autre que moi. Toutes les autres petites taches des imperfections humaines, l’amour les a lavées. Mais, ma douce Mère, toi la très pure guide des âmes vers ton Fils, Etoile sainte qui les oriente, suave Maîtresse des saints, tendre nourrice des plus petits, Soin salutaire des malades, ce ne seront pas toujours des personnes qui ne refusent pas la sainteté qui viendront à toi… Mais des lèpres, des horreurs, la puanteur, un grouillement de serpents autour de choses immondes viendront ramper jusqu’à tes pieds, ô Reine du genre humain, pur te crier : « Pitié ! Viens à notre secours ! Conduis-nous à ton Fils ! » Et tu devras poser ta main, cette main pure, sus ses plaies, incliner ton regard de colombe du paradis sur des laideurs infernales, respirer la puanteur du péché, et ne pas fuit. Il te faudra au contraire serrer sur ton cœur ceux que Satan a mutilés, ces avortons, ces pourritures, les laver par tes larmes, puis me les amener… Alors tu diras : « comme il est dur d’être la Mère du Rédempteur ! » Mais tu le feras parce que tu es la Mère… Je baise et je bénis tes mains, ces mains par lesquelles viendront à moi tant de créatures dont chacune sera l’une de mes gloires. Mais, avant de l’être pour moi, elle sera une de tes gloires, Mère sainte.

Quant à vous, chères femmes disciples, suivez l’exemple de celle qui fut ma Maîtresse, […] et celle de tous ceux qui veulent se former sans la grâce et la sagesse. Suivez sa parole. C’est la mienne qui s’est faite plus douce. Il n’y a rien à y ajouter, car c’est la parole de la Mère de la Sagesse.

 




« Je t’attends, Seigneur, dans le calme et le silence… »

De toi, mon cœur a dit : « Cherche sa face ! »

C’est ta face, Seigneur, que je cherche…

Psaume 25,8

      En ce temps ultime et radieux de Noël, Celui de l’Avent a préparé peu à peu nos cœurs à une joie mystérieuse qui a grandi dans l’attente ! Et il nous est bon ici de reprendre et méditer une remarquable « prière de Sainte Faustine » qui va ajuster la nôtre. Laissons-là d’abord résonner à l’intérieur en la repassant plusieurs fois en nos cœurs… et elle deviendra, à n’en pas douter, notre lumière sur la route ; car si la joie de Noël doit nous rassembler autour de l’Enfant-Dieu, elle doit aussi nous relancer vers « le Ciel, l’unique but de nos travaux[1] » :

« Je ne sais, ô Seigneur, à quelle heure Tu viendras… Je veille donc sans cesse et je tends l’oreille, Moi Ta bien-aimée que Tu as élue. Car je sais que Tu aimes venir inaperçu. Cependant, Seigneur, le cœur pur Te pressant de loin…

Je T’attends, Seigneur, dans le calme et le silence, avec au cœur une grande nostalgie et un désir inassouvi. Et je sens que mon amour pour Toi se change en brasier… Et comme une flamme s’élèvera dans le ciel à la fin de mes jours !

Viens donc enfin, mon très doux Seigneur, et emporte mon cœur assoiffé là-bas, chez Toi, dans les hautes contrées des Cieux où règne éternellement Ta Vie !

La vie sur terre n’est qu’une agonie, car mon cœur sent qu’il est créé pour les hauteurs et rien ne l’intéresse des plaines de cette vie. Car ma Patrie c’est le Ciel, et je crois en cela invinciblement ! » (Petit Journal, 1589).

Quelle lumière, quelle sagesse, quel élan et quel « cri » dans cette admirable prière ! Elle nous dit en raccourci ce qui doit soulever notre cœur, si souvent lourd, de pauvre pécheur :  n’est-il pas appelé par la miséricorde du Christ à entrer dans la vraie Vie ? Alors, comprenons que sur terre, il faut « veiller » sans cesse comme nous y invite ici Sainte Faustine et, par-dessus tout, l’Evangile :

« Veillez donc et priez en tout temps, afin d’avoir la force d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme ! » (Lc 21,36).

D’ailleurs, le merveilleux chant du « Salve Regina » le confirme : nous vivons sur cette terre « gémissant et pleurant dans cette vallée des larmes… » et nous soupirons vers Marie, « Reine et Mère de miséricorde : notre vie, notre douceur et notre espérance ! » C’est Elle qui, « après cet exil, nous montrera Jésus, le fruit béni de ses entrailles ! » Alors, avec Faustine, il nous est si bon de redire :

« Je t’attends, Seigneur, dans le calme et le silence, avec au cœur une grande nostalgie et un désir inassouvi. Et je sens que mon amour pour Toi se change en brasier… Et comme une flamme s’élèvera dans le ciel à la fin de mes jours ! »

C’est si vrai que l’essentiel de notre vie sur terre est « d’attendre le Seigneur, dans le calme et le silence » avec, au cœur, ce désir lancinant de la « nostalgie du Ciel » pour lequel nous sommes tous nés… et il faut ici rafraîchir notre mémoire pour qu’elle se souvienne du mystère de l’issue finale de chacune de nos vies… qui sera, en vérité, éternel !

Ah, si l’on faisait aujourd’hui un sondage sur ce qu’il advient au moment de la mort ? On aurait d’étonnantes surprises sur le sens de la vie ! Le matérialisme athée nous a enfermé dans une terrible inculture en nous figeant dans le temps par le mythe de l’éternelle jeunesse ! Et c’est pourquoi l’Ennemi de nos âmes tentera jusqu’au bout de nous voler « le trésor de la foi » que l’Eglise appelle : « la grâce d’une bonne mort » !

Alors, n’oublions jamais que notre âme est éternelle et qu’à la fin, elle sera « pesée » et « jugée » face à l’Amour ! Et c’est pourquoi dans chacun de nos actes sur terre se joue notre éternité… il est donc « urgent » maintenant d’écouter la foi de l’Eglise sur les trois destinations éternelles « possibles » au moment du grand passage :

Le Ciel, lieu de la béatitude éternelle avec les Anges et les Saints auprès de Jésus, Notre Sauveur et Seigneur, et de Marie notre Mère, dans la joie et la gloire de la Très Sainte Trinité !

Le Purgatoire, lieu de miséricorde et de de purification où les âmes attendent dans la souffrance et l’espérance d’être délivrées de leurs péchés avant d’entrer au Ciel…

L’Enfer, lieu de la damnation, de l’horreur sans fin et de l’éternelle haine avec la foule horrible des démons et des damnés !

Il est aujourd’hui urgent de nous arrêter quelque peu sur le mystère de ces trois issues finales « possibles » de la vie de l’homme à travers les lumières de la foi fondées sur l’Evangile. Car aujourd’hui, il y a jusque dans l’Eglise « un terrible silence » sur ces vérités de la foi. Il est donc pressant de comprendre combien chaque choix et chaque instant de nos vies préparent notre éternité dans l’autre monde… et combien selon le commandement du Seigneur, nous devons « aimer » comme Lui (Jn 15,12-17). En effet, le vrai réel n’est pas celui que l’on croit dans notre civilisation enfermée dans le matérialisme triomphant : cette vie de chaque jour qui passe disparaîtra et en prépare une autre qui sera éternelle… n’oublions jamais « qu’au soir de cette vie, nous serons jugés sur l’amour[2] ! »

Certes, par l’Amour en personne qui est mort pour nous sur la Croix, car « le Fils n’est pas venu pour juger, mais pour sauver (Jn 3,17) et donner la vie qui est en Lui (Jn 5,26). » Mais, face à un tel Amour, le Catéchisme nous invite au réalisme en affirmant : « c’est par le refus de la grâce en cette vie que chacun se juge déjà lui-même (Jn 3,18), reçoit selon ses œuvres (1 Co 3,12-15) et peut même se damner pour l’éternité en refusant l’Esprit d’amour[3]. » (Mt 12,32)

Chaque instant de cette vie est donc redoutablement « sérieux et précieux » car il prépare notre éternité. Et comme l’a dit petite Thérèse : « Un instant, c’est un trésor ! » Alors, en cette civilisation des divertissements à outrance et des jouissances sans fin, sachons découvrir la « perle précieuse » de l’Evangile (Mt 13,45-46) pour changer dorénavant la finalité de nos vies ! Et laissons résonner en nos cœurs le « cri final » de Faustine :

« Ma Patrie, c’est le Ciel, et je crois en cela invinciblement ! »

+M Mickaël

 

[1] Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, Lettre 90.

[2] Saint Jean de la Croix, Avis 57.

[3] Catéchisme de l’Eglise Catholique, 679.