Le Christ trouvera-t-il la foi sur la terre ?

« Veillez et priez en tout temps

afin d’avoir la force d’échapper à tout ce qui doit arriver,

et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme ! »

Lc 21,36

 

Dans un Evangile de la Parousie[1], Jésus pose une question qui devrait remuer nos cœurs et contredire cette tranquillité trompeuse issue du monde… Sommes-nous dans l’illusion d’une paix fragile de surface ou vivons-nous de cette paix profonde issue de la foi ? La question centrale du Seigneur Jésus est plus que jamais d’actualité :

« Le Fils de l’homme, quand Il viendra,

trouvera-t-Il la foi sur la terre ? »

Lc 18,8

Cette interrogation du Seigneur devient de plus en plus lancinante en ce début du III° millénaire. Ne voyons-nous pas trop souvent une Eglise qui a peur ou pactise, témoigne du bout des lèvres ou même se tait devant les sordides délires de notre temps ? Où sont les voix libératrices des Saint Augustin et des Saint Jean Chrysostome ? En réalité, une Eglise qui néglige ou oublie l’urgence missionnaire qu’implique la Parousie n’est plus rayonnante de l’Evangile !… Elle a perdu « le feu missionnaire » en se noyant dans les priorités du monde. L’urgence climatique et la lutte contre les inégalités sont devenues plus urgentes que l’Adoration eucharistique où Dieu peut tout ! Et le silence actuel de l’Eglise sur l’Annonce du Christ « Lumière du monde » est tragique ! Il a et aura de terribles conséquences…

A son retour, Jésus trouvera-t-il la foi sur la terre ? Comment ne pas penser qu’à l’intérieur de cette question, Il ne se réfère implicitement à l’Adorable Eucharistie : l’œuvre de Dieu n’est-elle pas de croire en Celui qu’Il a envoyé ? (Jn 6,29). Or, voici que le Christ mène cette foi encore plus loin : « Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui ! » (Jn 6,56).

Il est grand le mystère de la foi ! L’Eucharistie est le trésor suprême qui fait l’Eglise[2]. Et si elle perdait la foi en l’Eucharistie, l’Eglise perdrait tout en renonçant à son identité profonde…

C’est sans doute pourquoi, à la fin de son Pontificat, Saint Jean-Paul II a tant insisté sur « l’ars celebrandi » que tous doivent exercer à la Sainte Messe :

« A travers les rites et les prières, il faut se laisser rejoindre et envahir intimement par le mystère… pour que la liturgie puisse marquer toujours davantage la vie des personnes et des communautés, en devenant source de sainteté, de communion et d’élan missionnaire[3] ! »

Comme elle est vraie et vitale l’intuition de Jean-Paul II de « se laisser rejoindre et envahir » par l’ineffable Présence du Christ dans son Eucharistie. Là, comme nulle part ailleurs, l’homme se découvre « aimé de Dieu » : En effet, « toutes les religions sont les voies où l’homme cherche Dieu. Elles sont multiples. La Révélation chrétienne est unique car c’est Dieu qui trouve l’homme[4]. »

C’est en approchant de la Sainte Eucharistie que nous apprenons à aimer en nous laissant aimer. N’est-ce-pas ici le sommet de la foi chrétienne ? L’approche réaliste et saisissante de Sainte Thérèse d’Avila vient nous aider à le saisir en ouvrant véritablement les yeux de la foi… car si nous n’avons pas encore « la joie de le contempler avec les yeux du corps, tant Il se cache, Il se dévoile du moins aux yeux de l’âme et se manifeste à elle… c’est la foi qui me dit qu’Il est là et c’est une vérité certaine : tant que les accidents du pain ne sont pas consumés par la chaleur du corps, le Bon Jésus est en nous… Sous les accidents du pain, Il est d’un accès facile… Alors, approchons-nous de Lui !

Quand il était en ce monde, le simple contact à ses vêtements guérissait les malades (Mc 5,25-34) ; Pourquoi douter, si nous avons la foi, qu’Il ne fasse encore des miracles, quand Il nous est si intimement uni[5] ? »

+Marie-Mickaël

 

[1] Parousie, du grec parousia, signifie ordinairement « Présence » (être là) ou « venue ». Cela désigne l’Avènement du Seigneur, de son « Jour ». Attendue avec amour, la Parousie provoque un éveil, une conduite nouvelle, une conversion permanente…

[2] On connaît la célèbre formulation du Père de Lubac dans son livre phare, « Méditation sur l’Eglise » : « L’Eglise fait l’Eucharistie et l’Eucharistie fait l’Eglise ! »

[3] Malade et sans voix, le Saint-Père a envoyé ce message de la polyclinique Gemelli le 3 mars 2005.

[4] Paul Evdokimov, Les âges de la vie spirituelle.

[5] Sainte Thérèse de Jésus, Le chemin de la perfection, chapitre 36.




Marie prototype de l’Église (Cardinal Journet, † 1975)

« Quand on dit que Marie est le prototype de l’Église, on veut dire que Marie est, dans l’Église, plus Mère que l’Église, plus Épouse que l’Église, et, par exemption du péché originel, plus Vierge que l’Église.

On veut dire que Marie est Mère, qu’elle est Épouse, qu’elle est Vierge, avant l’Église et pour l’Église ; que c’est en elle surtout et par elle que l’Église est Mère, est Épouse, est Vierge.

C’est par un élan mystérieux qui vient de Marie, c’est par une excellence mystérieuse qui se diffuse à partir de Marie, que l’Église peut être, à son tour, si vraiment Mère, si vraiment Épouse, si vraiment Vierge.

Dans l’ordre des grandeurs de sainteté, qui sont les grandeurs suprêmes, Marie est, autour du Christ, comme la première onde de l’Église, génératrice de toutes les autres, jusqu’à la fin du temps.

Quand nous disons que l’Église est mariale, nous voulons signaler que Marie est intériorisée dans l’Église, à qui elle communique son esprit… »

Cardinal Journet : L’Eglise du Verbe Incarné, Essai de Théologie spéculative.

Tomes II, Paris, Desclée de Brouwer, 1951, p. 427-428 et 432




Saint Jean Apôtre : « Près de Notre Dame des Larmes… »

« Près de la Croix de Jésus se tenait sa Mère… »

Jean 19,25

 

Dans cette prière du lundi à Saint Jean Apôtre, nous disons aussi :

« Toi qui contemplas, près de Notre Dame des larmes,

Le mystère insondable de son Cœur ouvert sur la Croix… »

Cette prière nous projette au centre   du plus grand des mystères : notre salut en Jésus-Christ crucifié et ressuscité ! Et nous savons que le fruit unique de son Cœur transpercé est le jaillissement de l’Esprit !… (Jn 19,34) mais nous savons aussi qu’au tout début de l’histoire du salut, l’Esprit Saint est « venu sur Marie avec puissance » (Lc 1,35) pour opérer le mystère de l’Incarnation… car son œuvre divine est toujours liée à son Epouse ! En ce sens, un des plus beaux textes de Montfort est à méditer en ce sens. C’est comme le « voici ta Mère » du Saint-Esprit :

« Heureuse et mille fois heureuse est l’âme ici-bas, à qui les Saint-Esprit révèle le secret de Marie pour le connaître… Cette âme ne trouvera que Dieu seul, sans créature, dans cette aimable créature ; mais Dieu en même temps infiniment Saint, infiniment condescendant et proportionné à sa faiblesse… car il n’y a point de lieu où la créature puisse le trouver plus proche d’elle et plus proportionné à sa faiblesse qu’en Marie, puisque c’est pour cet effet qu’il y est descendu. Partout ailleurs, il est le pain des forts et des anges ; mais en Marie, il est le pain des enfants[1]… »

Ainsi, depuis qu’Elle a dit « oui » à l’Annonciation et qu’Elle l’a porté en son sein, Marie sera pour toujours « tout contre Jésus » … Ce n’est pas seulement la place de la Mère, c’est le mystère de toute sa vie que d’être sans cesse posée, follement abandonnée, entre les bras de son Fils et son Dieu étendu sur la Croix ! Son Cœur Immaculé et douloureux est toujours « tout près » de l’Amour sauveur pendant que, trop souvent, nous sommes « ailleurs » ! Elle est là en notre nom à ce moment bouleversant et solennel où Le Seigneur nous dit à travers Jean : « Voici ta Mère ! » (Jn 19,27). Il devient son premier enfant, et nous devenons « tous » cet enfant unique « né dans les douleurs et le travail de l’enfantement » (Ap 12,2). Il est temps d’ouvrir les yeux de la foi sur Notre Dame des larmes…

Elle était là, debout et unie comme personne à l’Amour crucifié, debout et offerte à jamais « pour nous » puisque son Fils tant aimé « voyant sa Mère et, se tenant près d’Elle, le disciple qu’il aimait, dit à sa Mère : « Femme, voici ton fils ! » (Jn 19,26). Et à cet instant, Saint Jean-Paul II contemple : « Il ouvrit d’une manière toute nouvelle le Cœur de sa Mère… Marie devint la mère de Jean. La Mère de Dieu est devenue la Mère de l’homme… et à travers Jean, tout homme devint son fils à Elle… » Désormais, « Marie est Mère de tous les hommes et son empressement pour la vie de l’homme est de portée universelle[2]… »

Ainsi donc, quand du haut de la Croix, le Christ fait de sa Mère « notre Mère », cela la lie au mystère de l’Eglise à travers le temps : Elle reçoit la mission de « veiller » à la fois sur toute l’humanité et sur chaque homme pour les protéger et les conduire vers son Fils, Unique Sauveur. Elle est le visage maternel de l’Esprit Saint qui déploie en douceur, patience et puissance l’œuvre du salut ; car la maternité universelle de Marie est une participation à la puissance du Paraclet[3].

Qui comprendra l’inépuisable tendresse du Cœur de Marie ? Elle nous aime comme Elle a aimé Jésus au pied de la Croix… car « ici a lieu la naissance du nouveau peuple de Dieu, de l’Eglise, dont Marie est à la fois l’image et la Mère[4] ».

Et c’est pourquoi à Fatima, son « Cœur Immaculé » est entouré d’une couronne d’épines… Il est le « signe » qui la lie à nous à chaque instant dans le mystère du salut. Et c’est donc aussi la « certitude » qu’Elle enveloppe de sa douceur chacune de nos douleurs où l’Esprit nous fait naître à l’Amour…

 

+Marie-Mickaël

 

[1] Saint Louis Marie de Montfort, Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge, n°20.

[2] Saint Jean-Paul II, Homélie à Fatima, 13 Mai 1982.

[3] Ce terme johannique est apparenté à « paraklèsis » : consolateur. Mais il se rapproche également de « parakaleö » qui signifie : « appeler près de soi ». Ainsi, « la Paraclet désigne trois aspects de l’activité de l’Esprit Saint : Présence de Jésus (Jn 14,15-18), Défense de Jésus (Jn 15,26 /16,7), Mémoire vivante de l’Eglise qui lui permet d’actualiser ce qu’a dit Jésus (Jn 14,26) ». Dictionnaire du Nouveau Testament, Seuil 1975, p.407.

[4] Ignace de la Potterie, Marie dans le mystère de l’Alliance, Desclée 1988, p.280.




Le mois de Marie – Le mois le plus beau !

A la Vierge chérie, disons un chant nouveau !

Ornons le sanctuaire de nos plus belles fleurs,

Offrons à notre Mère, et nos chants et nos cœurs !

Le début de ce chant traditionnel à Marie pour le mois de mai est si beau de simplicité et de tendresse pour notre Mère si proche qui veille tant sur nous… C’est l’enfance spirituelle de l’Evangile qui s’y manifeste en toute liberté de cœur ! (Mc 10,13-16). On l’a trop souvent oublié dans l’Eglise actuelle et la petite Thérèse, désormais Docteur de l’Eglise, vient nous l’enseigner avec ce réalisme évangélique et marial qui la caractérise :

« Tu nous aimes, Marie, comme Jésus nous aime (Jn 13,34)

Et tu consens pour nous à t’éloigner de Lui.

Aimer c’est tout donner et se donner soi-même,

Tu voulus le prouver en restant notre appui…

Le Sauveur connaissait ton immense tendresse

Il savait les secrets de ton Cœur maternel,

Refuge des pécheurs, c’est à toi qu’il nous laisse (Jn 19,27)

Quand Il quitte la Croix pour nous attendre au Ciel[1] ! »

Ce bouleversant mystère du salut nous révèle cette voie mariale silencieuse à l’école de Jean, le disciple bien-aimé de Jésus … N’est-il pas devenu le premier enfant de Marie au pied de la Croix ? Il est grand ce « mystère » de la foi :

« La maison de Saint Jean devient ton seul asile,

Le fils de Zébédée doit remplacer Jésus… (Jn 19,27)

C’est le dernier détail que donne l’Evangile,

De la Reine des Cieux il ne me parle plus…

Mais son profond silence, ô ma Mère chérie

Ne révèle-t-il pas que le Verbe Eternel (Jn 1,1)

Veut Lui-même chanter les secrets de ta vie

Pour charmer tes enfants, tous les Elus du Ciel[2] ? »

La simplicité évangélique est souvent source d’une telle profondeur théologique…  « Le fils de Zébédée doit remplacer Jésus », car Jésus lui a dit cette Parole ultime : « Voici ta Mère ! » (Jn 19,27). Et la Mère de Dieu devient au pied de la Croix « sa » Mère ! Thérèse le chante avec bonheur : « Refuge des pécheurs, c’est à toi qu’Il nous laisse… quand Il quitte la Croix pour nous attendre au Ciel :

« Bientôt je l’entendrai cette douce harmonie,

Bientôt dans le beau Ciel, je vais aller te voir

Toi qui vins me sourire au matin de ma vie

Viens me sourire encor… Mère… voici le soir !

Je ne crains plus l’éclat de ta gloire suprême,

Avec toi j’ai souffert et je veux maintenant

Chanter sur tes genoux, Marie, pourquoi je t’aime

Et redire à jamais que je suis ton enfant[3] !… »

Si l’on relit et médite en entier ce merveilleux poème de Thérèse, on y découvrira aussi une « réponse » paisible et profondément évangélique à toutes les objections protestantes… et comment ne pas penser ici aux paroles mariales de la petite Sainte Bernadette de Lourdes qui a vécu presque à la même époque :

« Méditer souvent sur les souffrances que Marie, notre bonne Mère, endura au pied de la Croix où son cher Fils était cloué. Qu’elle dût être « profonde » la douleur dans ce Cœur si sensible de la Mère de Jésus !… Tout autre femme que Marie se serait affaissée en présence d’une si cruelle douleur… Elle se tient debout au pied de la Croix !… Ô Marie, c’est au fort de la douleur et de l’épreuve que vous êtes devenue ma Mère[4] !… »

Quel chemin et quelle sagesse évangélique pour celle, si humble, qui disait à Lourdes : « Je ne savais que mon chapelet ! » Ainsi, en ce début du mois de Marie, intensifions avec une ferveur « renouvelée » notre prière méditée du Chapelet ou, mieux, du Rosaire car « Le Rosaire te pénètre de l’infinie douceur et humilité de Marie… La prière du Rosaire t’ouvre les portes du Ciel dès maintenant[5] ! »

 

+Marie-Mickaël

 

[1] Thérèse de Lisieux, Œuvres complètes, Pourquoi je t’aime, Ô Marie ! Cerf-DDB 1992, n°22, p.755.

[2] Thérèse de Lisieux, op, cit., n°24, p.756.

[3] Thérèse de Lisieux, op. cit., n°25, p.756.

[4] Sainte Bernadette de Lourdes, Carnet notes intimes 1874.

[5] Messages de Jésus à Maryam, Le Rosaire – L’arme pour sauver la France et le monde, Parvis 2018, p.38.




L’Ange gardien : Il me conduit vers le Ciel !

« Notre bon ange nous prend par la main,
dès notre entrée dans la vie…
pour ne plus nous quitter tant que dure notre course mortelle ! »
Sainte Gemma Galgani

L’Ange gardien est toujours près de moi car il est « le signe invisible » de la tendresse de Dieu ! Il n’en est pas moins « réel » au cœur de notre foi et il est donc urgent de le découvrir. Pour cela, confions-nous chaque jour à son inspiration divine et à sa protection efficace… « car dans les combats que nous menons pour rester forts contre les puissances mauvaises, les Anges nous assistent… En effet, si des Anges gardiens ne lui avaient été donnés, notre faiblesse ne pourrait résister aux attaques nombreuses… Elle avait besoin pour cela de l’aide d’une nature supérieure. Nous savons qu’il en est ainsi par les paroles avec lesquelles le Seigneur fortifia Moïse tremblant et craintif : « Mon Ange marchera devant toi ! [1] !» (Ex 23,20-23).
Saint Bernard en avait aussi une « vive conscience » et il nous invite à « découvrir » ce mystère de présence offert à chaque instant par le Très-Haut :

« Votre bon Ange est toujours près de vous ; non seulement il est avec vous, mais il est là pour vous car il cherche à vous protéger et à vous être utile…
Avec un Ange près de vous, que pourriez-vous craindre ? Votre Ange ne peut se laisser vaincre ni tromper, il est fidèle, il est prudent, il est puissant : pourquoi donc avoir peur ?
Si quelqu’un avait le bonheur de voir tomber le voile qui couvre ses yeux, il verrait avec quelle attention, avec quelle sollicitude les Anges se tiennent au milieu de ceux qui prient, au-dedans de ceux qui méditent, sur le lit de ceux qui se reposent[2]… »

Cette présence constante de l’Ange gardien dans ma vie est à vivre dans le « mystère de la foi ». Il ne faut jamais oublier cette parole ultime de Jésus à l’Apôtre Thomas qui avait exigé de « voir et toucher » les plaies sur son Corps ressuscité (Jn 20,24-27) : « Parce que tu me vois, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! » (Jn 20,29). Cette béatitude de la foi est notre force et notre joie dans la relation la plus intime possible avec notre Ange gardien.
On ne le dira jamais assez : si la première mission de notre Ange gardien est de « veiller sur nous » durant notre traversée terrestre avec ses tentations, ses épreuves et ses dangers… son ultime mission est de nous protéger du Mal sur la fin de notre vie. Demandons-lui souvent la grâce de « la persévérance finale » pour désirer plus que tout « la place mystérieuse » que Jésus nous a préparé au Ciel… (Jn 14,1-6).
Il nous faut donc développer cette « belle habitude » de proximité avec notre Ange gardien que Saint Padre Pio recommandait magnifiquement à Raffaelina, une de ses filles spirituelles :

« O Raffaelina, comme il est consolant de savoir que nous sommes toujours sous la garde d’un ange céleste qui ne nous abandonne même pas (chose admirable !…) dans l’action par laquelle nous déplaisons à Dieu… Prenez la belle habitude de toujours penser à lui… car, à côté de nous, il y a un esprit céleste qui, du berceau à la tombe, ne nous quitte pas un instant, qui nous guide, qui nous protège comme un ami, comme un frère, qui doit aussi nous consoler toujours, spécialement dans les heures les plus tristes…
O Raffaelina, que ce bon ange prie pour vous : il offre à Dieu toutes les bonnes œuvres que vous faites… Dans les heures où il vous semble être seule et abandonnée… n’oubliez pas cet invisible Compagnon, toujours présent pour vous écouter, toujours prêt à vous consoler. O délicieuse intimité ! O heureuse compagnie [3]… »

Ce texte admirable en dit long sur cette relation à développer avec notre Ange gardien. Et après ce que nous avons essayé de méditer pour mieux découvrir ce compagnon si présent au cœur de notre vie… Comment ne pas voir que notre petit Ange gardien est un don continuel de l’infinie Miséricorde de Dieu ? En effet, devant ma faiblesse et mon péché, devant mon inconstance et mes trahisons, devant mes lâchetés et mes échecs : il ne s’éloigne pas, il est toujours là à me vouloir du bien et à m’offrir son aide pour retrouver les rivages de la grâce ! Envoyé par l’amour du Père, du Fils et du Saint-Esprit, l’Ange gardien est un don et un signe admirable de cette tendresse de Dieu qui fait « tout » pour me protéger et me sauver de la haine de Satan : il est en quelque sorte ce sourire de Dieu qui veille sur moi en me ramenant toujours dans les bras de la Reine des Anges !
En conclusion, je vous invite urgemment à faire aujourd’hui et régulièrement votre « consécration à votre Ange gardien » avec cette très belle prière qui suit :

Consécration à l’Ange gardien

Saint Ange gardien,
Toi que Dieu m’a donné pour être mon Protecteur
et mon Guide dés le début de mon existence…
En présence de Dieu, mon Seigneur et mon Maître,
de Marie, ma céleste Mère,
de Saint Michel Archange, mon Protecteur,
de tous les Anges et de tous les Saints…

Moi, (se nommer… ), pauvre pécheur,
je me consacre à Toi aujourd’hui…
Je te supplie de me prendre par la main
et de ne plus me lâcher !
Par cette main devenue la tienne :
Je promets fidélité et obéissance constantes
à Dieu et à la Sainte Eglise…

Je promets de toujours vénérer Marie
comme ma Souveraine, ma Reine et ma Mère
et d’imiter sa vie !…

Je promets de toujours te vénérer,
Toi, mon saint Protecteur,
et de propager, selon mes moyens, la dévotion aux Saints Anges…
afin d’obtenir les secours de ta Protection
spécialement promis en ces temps-ci…

Obtiens-moi, Saint Ange de Dieu,
qu’une Foi à toute épreuve me garde de tout faux pas…
et que l’Amour parfait me consume !…

Par ta main puissante, écarte de moi les assauts de l’Enfer !
Je te demande par l’humilité de Marie,
de me libérer de tous les dangers
afin que , sous ta Protection,
je parvienne aux portes de la Cité céleste !
Amen !

                                                                                                                                                                                                                                           +M-Mickaël

 

[1] Saint Hilaire, Tract. Psalm. 134 ; P.L. IX, 761.

[2] Ange de l’Eglise, Editions bénédictines, 1999.

[3] Lettre du 20 avril 1915, adressée à Raffaelina Cerase.




L’Ange Gardien : mon Ami toujours avec moi !

« Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits…

 Car leurs Anges dans les cieux voient sans cesse

la face de mon Père qui est dans les Cieux ! »

Matthieu 18,10

 

 

Notre ange gardien ?… Une réalité de foi absolument unique et bouleversante ! Imaginez-vous un peu : Je le reçois de Dieu à ma naissance et il veille sur moi 24h sur 24… jusqu’au moment « décisif » où je quitterai pour toujours cette terre ! Cela veut dire que durant toute ma vie, il va me protéger de tant de dangers et m’aider chaque instant à me tourner vers mon Créateur et Sauveur !  Durant toute mon existence : il est mon « gardien de la Présence divine ! »

Que je me lève ou que je me couche, que je me repose ou que je travaille, que je marche ou que je sois assis, que je sois seul ou avec des amis, que je sois dans la joie ou dans les larmes, que je sois en paix ou en danger… Il est là, il me regarde, il veille sur moi et m’inspire ce qui est le plus vrai, ce qui est le plus beau ! Et cela : dans la lumière du Très-Haut qu’il voit et adore éternellement tout en veillant sur moi ! N’ayons pas peur des mots : c’est un véritable miracle de la tendresse de Dieu qui m’est offert 24h sur 24 !… Et le monde ne m’en parlera jamais !  Et l’Eglise actuelle l’oublie ou l’annonce si peu… Alors qu’en ces derniers temps où culminent les épreuves, nous avons tant besoin de la Force d’en Haut ! Découvrons donc cet immense cadeau que Dieu nous fait à travers notre Ange gardien… N’est-ce-pas un signe permanent de sa tendresse ?

La présence en nos vies des Anges et de notre ange gardien est d’abord une vérité de la foi catholique. Le Catéchisme l’enseigne clairement :

« Toute la vie de l’Eglise bénéficie de l’aide mystérieuse et puissante des Anges[1]… et dans sa liturgie, l’Eglise se joint aux anges pour adorer le Dieu trois fois saint… elle fête plus particulièrement la mémoire de certains Anges : Saint Michel, Saint Gabriel, Saint Raphaël[2] et les anges gardiens[3] ».

Le catéchisme[4] précise enfin magnifiquement sur l’Ange gardien :

« Du début de l’existence (Mt 18,10) au trépas (Lc 16,22), la vie humaine est entourée de leur garde (Ps 91,10-13) et de leur intercession (Jb 33,23-24) : « Chaque fidèle a à ses côtés un ange comme protecteur et pasteur pour le conduire à la vie[5] ! »

Aujourd’hui, alors que l’Eglise est trop souvent « muette » sur la présence des anges… on trouve sur le net et dans nombres de livres toute une approche ésotérique de « soi-disant anges » qui porteraient chance et bonheur en nos vies ! De fait, c’est une énorme entreprise de récupération : on vous classifie par le signe astrologique ou la date de naissance comme pour certifier que vous êtes l’élu d’une entité mystérieuse… alors qu’en réalité, ces faux pasteurs vous font plutôt « flirter » avec les anges rebelles !

La vérité, c’est que notre « ange gardien » est un cadeau immense envoyé par Dieu, lui-même, et qu’il est un signe de son infinie tendresse au quotidien. Saint Jean de la Croix nous le confirme avec force :

« Les Anges sont nos pasteurs ; non seulement ils portent à Dieu nos messages, mais ils nous apportent aussi ceux de Dieu. Ils nourrissent nos âmes de leurs douces inspirations et des communications divines ; en bons pasteurs ils nous protègent et nous défendent contre les loups, c’est-à-dire contre les démons[6] ! »

Je conclurai cette première partie en proposant une courte prière quotidienne à notre Ange gardien :

« Ange de Dieu, Toi mon gardien…

Veille sur moi, aujourd’hui :

Le jour, la nuit, le soir et le matin…

A tout instant, sois mon soutien !

Protège-moi des embûches de l’Ennemi,

et guide-moi vers la joie de la Patrie céleste… »

 

+M-Mickaël

 

[1] Catéchisme de l’Eglise catholique 334.

[2] Le 29 septembre.

[3] Le 2 octobre.

[4] Catéchisme de l’Eglise catholique 336.

[5] Saint Basile, Eun. 3,1.

[6] Saint Jean de la Croix, Avis 220.




Jésus, j’ai confiance en toi !

« Je promets que l’âme qui honorera cette image

ne sera pas perdue… »

Jésus à Sainte Faustine, petit journal 48

 

En cette neuvaine annuelle à la Miséricorde Divine qui commence le Vendredi Saint jusqu’au premier Dimanche après Pâques, il faut surtout ne jamais oublier le cœur du Message : Nulle faiblesse, nul péché, nulle extrême fragilité n’aura jamais le dernier mot en nos vies si nous renouvelons jusqu’au bout « le saut de la confiance » en la Miséricorde ! C’est le grand combat que nous avons tous à mener où notre cœur oscille entre confiance et désespérance, paix et trouble : tel est le grand rendez-vous de nos vies…

Il faut se souvenir ici des promesses extrêmes de Jésus à Sainte Faustine qui jaillissent de son Cœur ouvert sur la Croix (Jn 19,33-35) :

« Peins un tableau selon l’image que tu vois, avec l’inscription : « Jésus, j’ai confiance en toi[1] ! » Je désire qu’on honore cette image, d’abord dans votre chapelle, puis dans le monde entier !

Je promets que l’âme qui honorera cette image ne sera pas perdue. Je lui promets aussi la victoire sur ses ennemis dés ici-bas, et spécialement à l’heure de la mort. Moi-même, je la défendrai comme ma propre gloire ! »

Petit journal, 47-48

La confiance sans limites et sans cesse renouvelée est donc au cœur de notre combat de la foi. En ce sens, Jésus miséricordieux nous ouvre à travers Sainte Faustine un horizon immense :

« Je veux répandre mes grâces inconcevables sur les âmes qui ont confiance en ma miséricorde… (687) Qu’elles s’approchent de cet océan de miséricorde avec une très grande confiance… (1520) Dis aux âmes qu’elles ne fassent pas obstacle en leur propre cœur à ma miséricorde, qui désire tant agir en elles… Ma miséricorde est à l’œuvre dans tous les cœurs qui lui ouvrent la porte : le pécheur comme le juste ont besoin de ma miséricorde. La conversion comme la persévérance est une grâce de ma miséricorde (1577) … »

La confiance en l’amour miséricordieux de Jésus doit conduire à le rencontrer à travers le mystère des sacrements de l’Eglise : Il y a donc une urgence absolue à vivre en particulier le « sacrement de la réconciliation » en confessant ses péchés au Seigneur à travers son prêtre… là s’opère « le miracle de sa miséricorde » :

« Il suffit de se jeter avec foi aux pieds de celui qui tient ma place, de lui dire sa misère et le miracle de la miséricorde divine se manifestera dans toute sa plénitude… Ô malheureux, qui ne profitez pas maintenant de ce miracle de la miséricorde divine ; en vain vous appellerez, il sera déjà trop tard ! » (1448).

En soi, il n’est jamais trop tard et Jésus, dans son infinie miséricorde, viendra nous chercher jusqu’au dernier instant de notre vie sur terre. Mais le Seigneur veut ici nous « ouvrir les yeux » sur notre mollesse qui, trop souvent, nous fait « reporter à plus tard » l’urgence de notre conversion au présent : et là, grand est le danger que « plus tard » devienne « trop tard » !

Cet éloignement dangereux s’installe sournoisement et tue peu à peu dans le cœur le feu de l’Evangile… là, l’âme s’enferme dans la dureté de l’indifférence et d’une pratique religieuse sans cœur. Là, le vrai « désir de conversion » disparaît au profit d’un intérêt démesuré pour les choses du monde ! Et cela se vérifie à la sainte Messe au moment sacré de la Communion eucharistique :

« Sache ceci, ma fille, que lorsque je viens dans la sainte Communion jusqu’au cœur des hommes, j’ai les mains pleines de toute sorte de grâces et je désire les donner aux âmes, mais les âmes ne font même pas attention à moi, elles me laissent seul et s’occupent d’autre chose. Oh ! comme cela m’attriste que les âmes n’aient pas compris l’Amour. Elles se conduisent envers moi comme envers une chose morte… » (1385).

C’est ici qu’il faut s’inspirer d’une splendide méditation du Cardinal Journet sur la réalité bouleversante de chaque Messe qui rend présent l’unique Sacrifice du Sauveur :

« A chaque fois que les paroles de la Consécration sont prononcées, l’Eglise, représentées par le prêtre et les fidèles, est rendue présente au Sacrifice sanglant : les deux mille ans qui nous séparent de la Croix sont abolis, nous sommes là comme l’étaient la Sainte Vierge et Saint Jean. Et chaque génération peut à son tour s’engouffrer dans l’Offrande éternelle du Christ, offerte pour tous les temps… »

+ Marie-Mickaël

 

[1] Sainte Faustine proposa à Jésus d’intituler le tableau : « Jésus, Roi de Miséricorde ! » Mais le Christ lui répondit qu’il était bien Roi de Miséricorde, mais que ce qui blessait le plus son Cœur était « le manque de confiance envers sa bonté… car la méfiance des âmes me déchire les entrailles ! »




La résurrection de l’Eglise

Par Mark Mallett, 31 mars 2024

L’opinion la plus autorisée, et celle qui semble
la plus en harmonie avec les Saintes Écritures, est qu’après
la chute de l’Antéchrist, l’Église catholique
entrera de nouveau dans une période de
prospérité et de triomphe.

— La fin du monde présent et les mystères de la vie future ,
P. Charles Arminjon (1824-1885), p. 56-57 ; Presse de l’Institut Sophia

 

Il y  a un passage mystérieux dans le livre de Daniel qui se déroule à notre époque. Cela révèle en outre ce que Dieu prévoit à cette heure alors que le monde continue sa descente dans les ténèbres…

 

LE DESCELLEMENT

Après avoir vu dans des visions la montée d’une « bête » ou Antichrist, qui viendrait vers la fin du monde, on dit alors au prophète :

Va ton chemin, Daniel, car les paroles sont enfermées et scellées jusqu’au temps de la fin . Beaucoup se purifieront, se blanchiront et s’affineront… (Daniel 12 : 9-10)

Le texte latin dit que ces mots seront scellés  usque ad tempus praefinitum – « jusqu’à un temps prédéterminé ». La proximité de cette époque est révélée dans la phrase suivante : lorsque « beaucoup se purifieront et se rendront blancs ».  J’y reviendrai dans quelques instants.

Au cours du siècle dernier, le Saint-Esprit a révélé à l’Église la plénitude du plan de Rédemption  à travers Notre-Dame, plusieurs mystiques et une récupération du sens authentique des enseignements des Pères de l’Église primitive sur le Livre de l’Apocalypse. En effet, l’Apocalypse est un écho direct des visions de Daniel, et par conséquent, le « descellement » de son contenu présuppose une compréhension plus complète de sa signification conformément à la « Révélation publique » de l’Église – Tradition sacrée.

…même si la Révélation [publique] est déjà complète, elle n’a pas été rendue complètement explicite ; il reste à la foi chrétienne de prendre progressivement toute sa signification au fil des siècles. «  —Catéchisme de l’Église catholique, n. 66

En passant, dans les locutions adressées au regretté Père. Stefano Gobbi, dont les écrits portent deux  Imprimaturs , Notre-Dame aurait confirmé que le « Livre » de l’Apocalypse a maintenant été descellé :

Mon message est apocalyptique, car vous êtes au cœur de ce qui vous a été annoncé dans le dernier et donc très important livre de l’Écriture Sainte. Je confie aux anges de lumière de mon Cœur Immaculé le soin de vous amener à la compréhension de ces événements, maintenant que j’ai ouvert pour vous le Livre scellé.  — Aux Prêtres, Fils bien-aimés de Notre-Dame,  n. 520, je,j.

Ce qui est « descellé » à notre époque est une compréhension plus profonde de ce que Saint Jean appelle la « première résurrection » de l’Église. [1] Et toute la création l’attend…

 

LE SEPTIÈME JOUR

Le prophète Osée écrit :

Il nous ressuscitera au bout de deux jours ; le troisième jour, il nous ressuscitera pour vivre en sa présence. (Osée 6:2)

Rappelez-vous encore une fois les paroles du pape Benoît XVI aux journalistes lors de son vol vers le Portugal en 2010, selon lesquelles il existe « un besoin de passion pour l’Église ». Il  a averti que beaucoup d’entre nous se sont endormis à cette heure, tout comme les apôtres à Gethsémani :

  

… ‘la somnolence’ est la nôtre, celle de ceux d’entre nous qui ne veulent pas voir toute la force du mal et ne veulent pas entrer dans sa Passion . —PAPE BENOÎT XVI, Agence de presse catholique, Cité du Vatican, 20 avril 2011, Audience générale

Pour…

…[l’Église] suivra son Seigneur dans sa mort et sa résurrection.  — Catéchisme de l’Église catholique , 677

Cela étant, l’Église suivra également son Seigneur pendant « deux jours » dans le tombeau et ressuscitera le « troisième jour ». Laissez-moi vous expliquer cela à travers les enseignements des premiers pères de l’Église…

 

UN JOUR EST COMME MILLE ANS

Ils considéraient l’histoire humaine à la lumière de l’histoire de la création. Dieu a créé le monde en six jours et, le septième, il s’est reposé. Ils ont vu en cela un modèle approprié à appliquer au Peuple de Dieu.

Et Dieu se reposa de toutes ses œuvres le septième jour… Par conséquent, un repos sabbatique reste encore pour le peuple de Dieu. (Héb 4:4, 9)

Ils considéraient l’histoire humaine, depuis Adam et Ève jusqu’à l’époque du Christ, comme essentiellement quatre mille ans, ou « quatre jours » d’après les paroles de saint Pierre :

N’ignorez pas ce seul fait, bien-aimés, que pour le Seigneur, un jour est comme mille ans et mille ans comme un jour. (2 Pierre 3:8)

Le temps écoulé entre l’Ascension du Christ et le seuil du troisième millénaire serait de « deux jours supplémentaires ». À cet égard, une prophétie stupéfiante se déroule là-bas. Les Pères de l’Église prévoyaient que  ce millénaire  marquerait le début du « septième jour », un « repos sabbatique » pour le peuple de Dieu (voir  Le repos sabbatique à venir ) qui coïnciderait avec la mort de l’Antéchrist (« la bête ») et la « première résurrection » dont parle l’Apocalypse de Saint Jean :

 

La bête fut attrapée et avec elle le faux prophète qui avait accompli devant elle les signes par lesquels il égarait ceux qui avaient accepté la marque de la bête et ceux qui avaient adoré son image. Tous deux furent jetés vivants dans l’étang ardent brûlant de soufre… J’ai aussi vu les âmes de ceux qui avaient été décapités pour leur témoignage de Jésus et pour la parole de Dieu, et qui n’avaient pas adoré la bête ni son image ni accepté son marque sur leur front ou sur leurs mains. Ils prirent vie et régnèrent avec Christ pendant mille ans. Le reste des morts ne revinrent à la vie qu’après la fin des mille ans. C’est la première résurrection. Bienheureux et saint est celui qui participe à la première résurrection. La seconde mort n’a aucun pouvoir sur eux ; ils seront prêtres de Dieu et du Christ, et ils régneront avec lui pendant mille ans. (Apocalypse 19 :20-20 :6)

Comme je l’ai expliqué dans  Comment l’époque a été perdue ,  saint Augustin a proposé quatre explications à ce texte. Celui qui est resté « resté » chez la majorité des théologiens jusqu’à ce jour est que la « première résurrection » fait référence à la période qui suit l’Ascension du Christ jusqu’à la fin de l’histoire humaine. Le problème est que cela ne correspond pas à une lecture simple du texte, ni à ce que les Pères de l’Église primitive enseignaient. Cependant, l’autre explication d’Augustin sur les « mille ans » le fait :

… comme s’il était normal que les saints jouissent ainsi d’une sorte de repos du sabbat pendant cette période, un loisir sacré après les travaux de six mille ans depuis la création de l’homme… (et) il devrait s’ensuivre l’achèvement de six mille ans. mille ans, à partir de six jours, une sorte de sabbat du septième jour dans les mille ans suivants… Et cette opinion ne serait pas contestable, si l’on croyait que les joies des saints, dans ce sabbat, seront spirituelles et conséquentes sur la présence de Dieu… —St. Augustin d’Hippone (354-430 après JC ; docteur de l’Église), De Civitate Dei , Bk. XX, Ch. 7, Presse de l’Université catholique d’Amérique

C’est aussi l’  attente  de nombreux papes :

Je voudrais vous renouveler l’appel que j’ai lancé à tous les jeunes… acceptez l’engagement d’être des veilleurs du matin à l’aube du nouveau millénaire. Il s’agit d’un engagement primordial, qui conserve sa validité et son urgence alors que nous entamons ce siècle avec de malheureux nuages sombres de violence et de peur qui se profilent à l’horizon. Aujourd’hui plus que jamais, nous avons besoin de personnes qui mènent une vie sainte, de veilleurs qui annoncent au monde une nouvelle aube d’espérance, de fraternité et de paix. —PAPE ST. JEAN-PAUL II, « Message de Jean-Paul II au Mouvement des Jeunes Guannelli », 20 avril 2002 ; vatican.va

…Une nouvelle ère dans laquelle l’espoir nous libère de la superficialité, de l’apathie et de l’égocentrisme qui engourdissent nos âmes et empoisonnent nos relations. Chers jeunes amis, le Seigneur vous demande d’être des prophètes de cette nouvelle ère… —PAPE BENOÎT XVI, Homélie, Journée Mondiale de la Jeunesse, Sydney, Australie, 20 juillet 2008.

Jean-Paul II a lié ce « nouveau millénaire » à la « venue » du Christ : [2]

Chers jeunes, à vous d’être les veilleurs du matin qui annoncent l’arrivée du soleil qui est le Christ ressuscité ! —PAPE JEAN-PAUL II, Message du Saint-Père à la jeunesse du monde , XVIIe Journée Mondiale de la Jeunesse, n. 3 ; (cf. Is 21, 11-12)

Ce que les Pères de l’Église – jusqu’à nos plus récents papes – ont annoncé, ce n’est pas la fin du monde, mais une « ère » ou une « période de paix », un véritable « repos » par lequel les nations seraient pacifiées, Satan enchaîné. , et l’Évangile s’est étendu à toutes les côtes (voir Les papes et l’ère naissante ) . Saint Louis de Montfort donne un parfait préambule aux paroles prophétiques du Magistère :

Vos commandements divins sont brisés, votre Évangile est rejeté, des torrents d’iniquité inondent la terre entière, emportant même vos serviteurs… Tout arrivera-t-il à la même fin que Sodome et Gomorrhe ? Ne briserez-vous jamais votre silence ? Allez-vous tolérer tout cela pour toujours ? N’est-il pas vrai que votre volonté doit être faite sur terre comme au ciel ? N’est-il pas vrai que votre royaume doit venir ? N’avez-vous pas donné à certaines âmes qui vous sont chères une vision du futur renouveau de l’Église ?  -St. Louis de Montfort, Prière pour les missionnaires , n. 5 ;  www.ewtn.com

C’est la tâche de Dieu de réaliser cette heure heureuse et de la faire connaître à tous… Lorsqu’elle arrivera, elle se révélera être une heure solennelle, importante avec des conséquences non seulement pour la restauration du Royaume du Christ, mais aussi pour la pacification de… le monde. Nous prions avec ferveur et demandons aux autres de prier également pour cette pacification tant souhaitée de la société. —PAPE PIE XI, Ubi Arcani dei Consilioi « Sur la paix du Christ dans son Royaume » , 23 décembre 1922

Le plus significatif est que cet « happy hour » coïnciderait également avec la perfection  du Peuple de Dieu. L’Écriture est claire sur le fait que la sanctification du Corps de Christ est nécessaire pour faire d’elle une épouse appropriée pour le retour de Christ dans la gloire : 

…pour vous présenter devant lui sainte, sans défaut et irréprochable… afin qu’il se présente l’Église dans sa splendeur, sans tache ni ride ou quoi que ce soit de semblable, afin qu’elle soit sainte et sans défaut. (Col 1:22, Eph 5:27)

Cette préparation est précisément ce que saint Jean XXIII avait à cœur :

La tâche de l’humble pape Jean est de « préparer au Seigneur un peuple parfait », ce qui est exactement comme la tâche du Baptiste, qui est son patron et dont il tire son nom. Et il n’est pas possible d’imaginer une perfection plus élevée et plus précieuse que celle du triomphe de la paix chrétienne, qui est paix du cœur, paix dans l’ordre social, dans la vie, dans le bien-être, dans le respect mutuel et dans la fraternité des nations. . —PAPE ST. JEAN XXIII, La vraie paix chrétienne, 23 décembre 1959 ; www.catholicculture.org

Voici pourquoi le « millénaire » est souvent qualifié d’« ère de paix » ; la  perfection intérieure  de l’Église a  des conséquences extérieures  , à savoir la pacification temporelle du monde. Mais c’est plus que cela : c’est la  restauration  du Royaume de la Volonté Divine qu’Adam a perdu à cause du péché. Ainsi, le pape Pie XII voyait dans cette restauration à venir une « résurrection » de l’Église avant la fin du monde :

Mais même cette nuit dans le monde montre des signes clairs d’une aube qui viendra, d’un nouveau jour recevant le baiser d’un soleil nouveau et plus resplendissant… Une nouvelle résurrection de Jésus est nécessaire : une vraie résurrection, qui n’admet plus la seigneurie de la mort… Chez les individus, le Christ doit détruire la nuit du péché mortel avec l’aube de la grâce retrouvée. Dans les familles, la nuit de l’indifférence et de la fraîcheur doit céder la place au soleil de l’amour. Dans les usines, dans les villes, dans les nations, sur les terres de l’incompréhension et de la haine, la nuit doit devenir aussi claire que le jour, nox sicut dies illuminabitur, et les conflits cesseront et il y aura la paix . —PAPE PIUX XII, discours Urbi et Orbi , 2 mars 1957; vatican.va

Ressentez-vous un peu d’espoir en ce moment ? Je l’espère. Parce que le royaume satanique qui s’élève à l’heure actuelle n’est pas le dernier mot de l’histoire humaine.

LE JOUR DU SEIGNEUR

Cette « résurrection », selon saint Jean, inaugure un règne « millénaire » – ce que les Pères de l’Église appelaient « le jour du Seigneur ». Ce n’est pas une journée de 24 heures, mais elle est représentée symboliquement par « mille ».

Voici, le jour du Seigneur sera de mille ans. —Lettre de Barnabas, Les Pères de l’Église, Ch. 15

Maintenant… nous comprenons qu’une période de mille ans est indiquée en langage symbolique. -St. Justin Martyr, Dialogue avec Trypho , Ch. 81, Les Pères de l’Église , Patrimoine chrétien

Saint Thomas d’Aquin affirme que ce chiffre ne doit pas être pris au pied de la lettre :

Comme le dit Augustin, le dernier âge du monde correspond à la dernière étape de la vie d’un homme, qui ne dure pas un nombre fixe d’années comme les autres étapes, mais dure parfois aussi longtemps que les autres étapes ensemble, et même plus longtemps. C’est pourquoi on ne peut attribuer à la dernière époque du monde un nombre fixe d’années ou de générations. -St. Thomas d’Aquin, Questiones Disputate, Vol. II De Potentia, Q. 5, n.5; www.dhspriory.org

Contrairement aux millénaristes qui croyaient à tort que le Christ viendrait littéralement  régner dans la chair sur terre, les Pères de l’Église comprenaient les Écritures dans l’ allégorie spirituelle dans laquelle elles étaient écrites (voir  Millennarisme – Ce que c’est et ce qu’il n’est pas ). Le travail du théologien Révérend Joseph Iannuzzi visant à différencier les enseignements des Pères de l’Église des sectes hérétiques (Chiliastes, Montanistes, etc.) est devenu le fondement théologique nécessaire pour relier les prophéties des papes non seulement aux Pères de l’Église et aux Écritures, mais aussi aux révélations données aux mystiques du XXe siècle. Je dirais même que son œuvre contribue à « desceller »  ce qui était réservé à la fin des temps. 

Je lis parfois le passage évangélique de la fin des temps et j’atteste qu’en ce moment, certains signes de cette fin se font jour. —PAPE PAUL VI, Le Secret Paul VI , Jean Guitton, p. 152-153, référence (7), p. ix.

 

LE ROYAUME DE LA VOLONTÉ DIVINE

Tout ce que Jésus a dit et fait n’était pas, selon ses paroles, sa propre volonté humaine, mais celle de son Père.

Amen, amen, je vous le dis, un fils ne peut rien faire tout seul, mais seulement ce qu’il voit faire son père ; car ce qu’il fait, son fils le fera aussi. Car le Père aime son Fils et lui montre tout ce qu’il fait lui-même… (Jean 5 : 19-20)

Nous avons ici un résumé parfait de la raison pour laquelle Jésus a pris sur lui notre humanité : pour unir et restaurer notre volonté humaine dans le Divin . En un mot, diviniser  l’humanité. Ce qu’Adam a perdu dans le Jardin, c’est précisément cela : son union dans la Volonté Divine. Jésus est venu restaurer non seulement l’amitié avec Dieu mais aussi  la communion. 

 

« Toute la création », a déclaré saint Paul, « gémit et travaille jusqu’à présent », attendant les efforts rédempteurs du Christ pour restaurer la bonne relation entre Dieu et sa création. Mais l’acte rédempteur du Christ n’a pas restauré toutes choses à lui seul, il a simplement rendu possible l’œuvre de rédemption, il a commencé notre rédemption. Tout comme tous les hommes partagent la désobéissance d’Adam, de même tous les hommes doivent partager l’obéissance du Christ à la volonté du Père. La rédemption ne sera complète que lorsque tous les hommes partageront son obéissance… —Serviteur de Dieu P. Walter Ciszek, Il me dirige (San Francisco : Ignatius Press, 1995), pp. 116-117

Ainsi, la « première résurrection » apparaît comme une  restauration  de ce dont Adam et Ève ont perdu dans le jardin d’Eden : une vie vécue  dans la Volonté divine.  Cette grâce est bien plus que simplement amener l’Église à  faire  la volonté de Dieu, mais à la mettre dans un état d’  être  tel que la Volonté divine de la Sainte Trinité devient aussi celle du Corps mystique du Christ. 

Car les mystères de Jésus ne sont pas encore complètement parfaits et accomplis. Ils sont complets, certes, dans la personne de Jésus, mais non en nous, qui sommes ses membres, ni dans l’Église, qui est son corps mystique. -St. Jean Eudes, traité « Du Royaume de Jésus », Liturgie des Heures , Vol IV, p 559

Ce n’est pas le moment de développer en détail à quoi cela « ressemble » ; Jésus l’a fait en trente-six volumes à la Servante de Dieu Luisa Piccarreta. Qu’il suffise plutôt de dire simplement que Dieu entend restaurer en nous « le don de vivre dans la Divine Volonté ». L’impact de cela se répercutera dans tout le cosmos comme le « dernier mot » de l’histoire humaine avant la consommation de toutes choses.  

Le don de vivre dans la Divine Volonté restitue aux rachetés le don que possédait Adam prélapsaire et qui a généré la lumière divine, la vie et la sainteté dans la création… — Révérend Joseph Iannuzzi, Le don de vivre dans la Divine Volonté dans les écrits de Luisa Piccarreta (Emplacements Kindle 3180-3182) ; N.-B.. Cet ouvrage porte le sceau d’approbation de l’Université du Vatican ainsi que l’approbation ecclésiastique.

Le Catéchisme de l’Église catholique enseigne que « L’univers a été créé « en état de voyage » ( in statu viae ) vers une perfection ultime encore à atteindre, à laquelle Dieu l’a destiné. » [3] Cette perfection est intrinsèquement liée à l’homme, qui fait non seulement partie de la création mais en est le summum. Comme Jésus l’a révélé à la Servante de Dieu Luisa Piccaretta :

Je désire donc que Mes enfants entrent dans Mon Humanité et copient ce que l’Ame de Mon Humanité a fait dans la Divine Volonté… S’élevant au-dessus de toute créature, ils restaureront les droits de la Création, les Miens ainsi que ceux des créatures. Ils ramèneront toutes choses à l’origine première de la Création et au but pour lequel la Création a été créée… — Rév. Joseph. Iannuzzi, La splendeur de la création : le triomphe de la volonté divine sur terre et l’ère de la paix dans les écrits des pères, des docteurs et des mystiques de l’Église (emplacement Kindle 240)

C’est pourquoi Jean-Paul II dit :

La résurrection des morts attendue à la fin des temps reçoit déjà sa première réalisation décisive dans la résurrection spirituelle, objectif premier de l’œuvre de salut. Il s’agit de la vie nouvelle donnée par le Christ ressuscité comme fruit de son œuvre rédemptrice. —Audience générale, 22 avril 1998 ; vatican.va

Cette nouvelle vie dans le Christ, selon les révélations de Luisa, atteindra son apogée lorsque la volonté humaine  ressuscitera  dans la Volonté Divine. 

Or, le présage de ma Rédemption était la Résurrection qui, plus que le Soleil resplendissant, couronnait mon Humanité, faisant briller même mes plus petits actes, avec une splendeur et un émerveillement tels qu’ils étonnaient le Ciel et la terre. La Résurrection sera le commencement, le fondement et l’accomplissement de tous les biens – couronne et gloire de tous les Bienheureux. Ma Résurrection est le vrai Soleil qui glorifie dignement mon Humanité ; C’est le Soleil de la religion catholique ; C’est la gloire de chaque chrétien. Sans la Résurrection, cela aurait été comme un ciel sans soleil, sans chaleur et sans vie. Maintenant, ma Résurrection est le symbole des âmes qui formeront leur sainteté dans ma Volonté. —Jésus à Luisa, 15 avril 1919, Vol. 12

RÉSURRECTION… UNE NOUVELLE SAINTETÉ

Depuis l’Ascension du Christ il y a deux mille ans – ou plutôt « deux jours » – on pourrait dire que l’Église est descendue au tombeau avec le Christ en attendant sa propre résurrection – même si elle fait encore face à une « Passion » définitive.

Car vous êtes mort, et votre vie est cachée avec Christ en Dieu. (Colossiens 3:3)

Et « toute la création gémit dans les douleurs de l’enfantement, même jusqu’à présent », dit saint Paul, ainsi :

La création attend avec impatience la révélation des enfants de Dieu… (Romains 8 : 19)

Remarque : Paul dit que la création attend, non pas le retour de Jésus dans la chair,  mais la « révélation des enfants de Dieu ». La libération de la création est intrinsèquement liée à l’œuvre de Rédemption en nous. 

Et nous entendons aujourd’hui des gémissements comme personne ne l’a jamais entendu auparavant… Le Pape [Jean-Paul II] nourrit en effet un grand espoir que le millénaire des divisions soit suivi d’un millénaire d’unifications.  —Cardinal Joseph Ratzinger (BENOÎT XVI),  Sel de la Terre (San Francisco : Ignatius Press, 1997), traduit par Adrian Walker

Mais cette unité ne se réalisera que comme une œuvre du Saint-Esprit, comme à travers une « nouvelle Pentecôte » lorsque Jésus régnera selon un nouveau « mode » au sein de son Église. Le mot « apocalypse » signifie « dévoilement ». Ce qui attend d’être dévoilé, c’est donc la dernière étape du voyage de l’Église : sa purification et sa restauration dans la Volonté divine – exactement ce que Daniel a écrit il y a des milliers d’années :

Beaucoup se purifieront, se blanchiront et s’affineront… (Daniel 12 : 9-10)

…le jour des noces de l’Agneau est venu, son épouse s’est préparée. Elle était autorisée à porter un vêtement en lin clair et propre. (Apocalypse 19 : 7-8)

Saint Jean-Paul II a expliqué qu’il s’agira effectivement d’un don spécial venant d’en haut :

Dieu lui-même avait prévu de réaliser cette sainteté « nouvelle et divine » dont l’Esprit Saint veut enrichir les chrétiens à l’aube du troisième millénaire, afin de « faire du Christ le cœur du monde ». —PAPE JEAN-PAUL II, Discours aux Pères Rogationnistes, n. 6, www.vatican.va

Lorsque Jésus règnera dans son Église, de telle sorte que la Divine Volonté règne en elle , cela amènera à son achèvement la « première résurrection » du Corps du Christ. 

…le Royaume de Dieu signifie le Christ lui-même, que nous désirons quotidiennement venir et dont nous souhaitons que la venue nous soit manifestée rapidement. Car de même qu’il est notre résurrection, puisqu’en lui nous ressuscitons, de même il peut aussi être compris comme le Royaume de Dieu, car en lui nous régnerons.  — Catéchisme de l’Église catholique , n. 2816

…ils seront prêtres de Dieu et du Christ, et ils régneront avec lui pendant mille ans. (Apocalypse 20:6)

Jésus dit à Luisa :

…ma Résurrection symbolise les Saints des vivants dans ma Volonté — et cela avec raison, puisque chaque acte, parole, pas, etc. accompli dans ma Volonté est une résurrection Divine que l’âme reçoit ; c’est une marque de gloire qu’elle reçoit ; c’est sortir d’elle-même pour entrer dans la Divinité, et aimer, travailler et penser, en se cachant dans le soleil resplendissant de ma Volonté… — Jésus à Luisa, 15 avril 1919, Vol. 12

Mais, comme le notent les Écritures et la Tradition, le « jour du Seigneur » et la résurrection concomitante de l’Église sont d’abord précédés d’une grande épreuve :

Ainsi, même si l’alignement harmonieux des pierres devait paraître détruit et fragmenté et, comme le décrit le psaume vingt et unième, tous les ossements qui composent le corps du Christ devaient sembler dispersés par des attaques insidieuses lors des persécutions ou des époques de troubles, ou par ceux qui aux jours de persécution sapent l’unité du temple, néanmoins le temple sera reconstruit et le corps ressuscitera le troisième jour, après le jour du mal qui le menace et le jour de consommation qui suit . -St. Origène, Commentaire sur Jean, Liturgie des Heures, Vol IV, p. 202

INTÉRIEUR UNIQUEMENT ?

Mais cette « première résurrection » est-elle uniquement spirituelle et non corporelle ? Le texte biblique lui-même suggère que ceux qui ont été « décapités » et qui avaient refusé la marque de la bête « sont revenus à la vie et ont régné avec Christ ». Cependant, cela ne signifie pas qu’ils règnent  sur terre.  Par exemple, immédiatement après la mort de Jésus, l’Évangile de Matthieu atteste que :

La terre trembla, les rochers se brisèrent, les tombeaux s’ouvrirent et les corps de nombreux saints endormis furent relevés. Et sortant de leurs tombeaux après sa résurrection, ils entrèrent dans la ville sainte et apparurent à beaucoup. (Matt 27 : 51-53)

Nous avons donc ici un exemple concret d’une résurrection corporelle avant la « résurrection des morts » qui arrive à la toute fin des temps (Ap 20 : 13). Le récit évangélique suggère que ces figures ressuscitées de l’Ancien Testament ont transcendé le temps et l’espace puisqu’elles sont « apparues » à beaucoup (bien que l’Église n’ait fait aucune déclaration définitive à cet égard). Tout cela pour dire qu’il n’y a aucune raison pour qu’une résurrection corporelle ne soit pas possible, par laquelle ces martyrs « apparaîtront » également à ceux sur terre comme beaucoup de saints et Notre-Dame l’ont déjà fait et le font déjà. [4] Mais de manière générale, Thomas d’Aquin affirme à propos de cette première résurrection que…

…ces paroles doivent être comprises autrement, à savoir de la résurrection « spirituelle », par laquelle les hommes ressusciteront de leurs péchés jusqu’au don de la grâce : tandis que la seconde résurrection est celle des corps. Le règne du Christ désigne l’Église dans laquelle règnent non seulement les martyrs, mais aussi les autres élus, la partie désignant le tout ; ou bien ils règnent avec Christ dans la gloire à l’égard de tous, une mention spéciale étant faite des martyrs, parce qu’ils règnent surtout après la mort de ceux qui ont combattu jusqu’à la mort pour la vérité . —Thomas d’Aquin, Somme théologique , Qu. 77, art. 1, rép. 4. ; cité dans  La Splendeur de la Création : Le Triomphe de la Volonté Divine sur Terre et l’ère de la Paix dans les Écrits des Pères, des Docteurs et des Mystiques de l’Église  par le Révérend Joseph Iannuzzi ; (Emplacement Kindle 1323)

Mais c’est avant tout cette sainteté intérieure que prophétisait Pie XII, une sainteté qui met fin au péché mortel. 

Une nouvelle résurrection de Jésus est nécessaire : une vraie résurrection, qui n’admet plus la seigneurie de la mort… Dans les individus, le Christ doit détruire la nuit du péché mortel avec l’aube de la grâce retrouvée.  — Discours Urbi et Orbi , 2 mars 1957; vatican.va

Jésus dit à Luisa qu’en effet, cette résurrection n’a pas lieu à la fin des jours mais dans  le temps, lorsqu’une âme commence à  vivre dans la Divine Volonté. 

Ma fille, dans Ma Résurrection, les âmes ont reçu les droits légitimes de ressusciter en Moi vers une nouvelle vie. C’était la confirmation et le sceau de toute ma vie, de mes œuvres et de mes paroles. Si Je suis venu sur terre, c’était pour permettre à chaque âme de posséder Ma Résurrection comme la sienne – pour lui donner la vie et la faire ressusciter dans Ma propre Résurrection. Et voulez-vous savoir quand aura lieu la véritable résurrection de l’âme ? Pas à la fin des temps, mais pendant qu’il est encore vivant sur terre. Celui qui vit dans ma Volonté ressuscite à la lumière et dit : « Ma nuit est finie »… C’est pourquoi l’âme qui vit dans ma Volonté peut dire, comme l’ange dit aux saintes femmes sur le chemin du sépulcre : « Il est ressuscité. Il n’est plus là. Une telle âme qui vit dans Ma Volonté peut aussi dire : « Ma volonté n’est plus mienne, car elle est ressuscitée dans le Fiat de Dieu.  —20 avril 1938, vol. 36

C’est pourquoi, dit saint Jean : « Bienheureux et saint est celui qui participe à la première résurrection. La seconde mort n’a aucun pouvoir sur eux. [5] Ils seront peu nombreux – un « reste » après les tribulations de l’Antéchrist.

Maintenant, ma Résurrection est le symbole des âmes qui formeront leur sainteté dans ma Volonté. Les Saints des siècles passés symbolisent mon Humanité. Bien que résignés, ils n’ont pas eu d’action continue dans ma Volonté ; ils n’ont donc pas reçu la marque du Soleil de ma Résurrection, mais la marque des œuvres de mon Humanité avant ma Résurrection. Ils seront donc nombreux ; presque comme des étoiles, elles formeront un bel ornement au Ciel de mon Humanité. Mais les Saints des vivants de ma Volonté, qui symboliseront mon Humanité Ressuscitée, seront peu nombreux. —Jésus à Luisa, 15 avril 1919, Vol. 12

Par conséquent, le « triomphe » de la fin des temps n’est pas simplement l’enchaînement de Satan dans l’abîme (Ap 20 :1-3) ; il s’agit plutôt de la restauration des droits de filiation auxquels Adam a renoncé – qui est « mort » pour ainsi dire dans le jardin d’Eden – mais qui est en train d’être restaurée dans le Peuple de Dieu en ces « derniers temps » comme fruit final du Christ. Résurrection.

Par cet acte triomphal, Jésus a scellé la réalité qu’il était [dans son unique Personne divine à la fois] Homme et Dieu, et avec sa Résurrection, il a confirmé sa doctrine, ses miracles, la vie des sacrements et toute la vie de l’Église. De plus, Il a obtenu le triomphe sur la volonté humaine de toutes les âmes affaiblies et presque mortes à tout bien véritable, afin que la vie de la Volonté Divine qui devait apporter la plénitude de la sainteté et toutes les bénédictions aux âmes triomphe d’elles. —Notre-Dame à Luisa,  La Vierge dans le Royaume de la Divine Volonté,  Jour 28

..pour la Résurrection de ton Fils, fais-moi ressusciter dans la Volonté de Dieu. — Luisa à Notre-Dame, Ibid.

[J’] implore la résurrection de la Volonté divine au sein de la volonté humaine ; puissions-nous tous ressusciter en Toi… — Luisa à Jésus, 23ème Ronde dans la Divine Volonté

C’est cela qui amène le Corps du Christ à sa pleine maturité :

…jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à la maturité de l’homme, à la mesure de la pleine stature du Christ… (Eph 4 :13)

 

DEVENIR NOS SOI PARFAITS

De toute évidence, saint Jean et les Pères de l’Église ne proposent pas une « eschatologie du désespoir » où Satan et l’Antéchrist triompheraient jusqu’à ce que Jésus revienne pour mettre fin à l’histoire humaine. Malheureusement, c’est exactement ce que disent certains eschatologues catholiques et protestants éminents. La raison en est qu’ils négligent  la dimension mariale de la tempête  qui est déjà là et à venir. Car Sainte Marie est…

…l’image de l’Église à venir… —PAPE BENOÎT XVI, Spe Salvi, n.50

Et,

A la fois vierge et mère, Marie est le symbole et la réalisation la plus parfaite de l’Église…  — Catéchisme de l’Église catholique, n. 507

Au contraire, ce que nous réalisons à nouveau, c’est ce que l’Église a enseigné depuis le début : que le Christ manifestera sa puissance dans l’histoire, de telle sorte que le Jour du Seigneur apportera la paix et la justice dans le monde. Ce sera une résurrection de la grâce perdue et un « repos du sabbat » pour les saints. Quel témoignage cela sera pour les nations ! Comme Notre Seigneur lui-même l’a dit : « Cet évangile du royaume sera prêché dans le monde entier pour servir de témoignage à toutes les nations, et alors viendra la fin. » [6] 

Utilisant le langage allégorique des prophètes de l’Ancien Testament, les Pères de l’Église primitive disaient simplement la même chose :

Ainsi, la bénédiction annoncée se réfère sans aucun doute au temps de Son Royaume, où les justes régneront sur la résurrection des morts ; où la création, renaissante et libérée de l’esclavage, produira en abondance des aliments de toutes sortes issus de la rosée du ciel et de la fertilité de la terre, comme le rappellent les anciens. Ceux qui ont vu Jean, le disciple du Seigneur, [nous disent] qu’ils ont entendu de lui comment le Seigneur enseignait et parlait de ces temps… — St. Irénée de Lyon, père de l’Église (140-202 après JC) ; Adversus Haereses , Irénée de Lyon, V.33.3.4, Les Pères de l’Église , Éditions CIMA

…Son Fils viendra et détruira le temps des sans-loi et jugera les impies, et changera le soleil, la lune et les étoiles – alors il se reposera effectivement le septième jour… après avoir donné du repos à toutes choses, je ferai le début du huitième jour, c’est-à-dire le début d’un autre monde. —Lettre de Barnabas (70-79 après JC), écrite par un père apostolique du IIe siècle




Le regard de Jésus ressuscité : L’Amour infini caché dans chaque instant…

« Ses yeux : une flamme de feu ! »

Apocalypse 1,14

 

Saint Jean de la Croix a cette parole révélatrice de sa contemplation sur Jésus Vivant : « Pour Dieu, regarder c’est aimer ! » Cette permanence de sa Présence, et donc de son Regard qui s’offre à chaque instant, Jésus nous l’a promise juste après sa Résurrection : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ! » (Mt 28,20).

A nous de découvrir ce Regard d’amour caché : Il suffit de fermer les yeux sur l’extérieur et d’ouvrir les yeux de la foi, sur l’intérieur : ce regard du cœur qui découvre peu à peu de vastes horizons que le monde ignore… Alors, comme l’épouse du Cantique, nous entendrons l’arrivée mystérieuse du Christ Epoux :

« J’entends mon bien-aimé… Voici qu’il arrive, sautant sur les montagnes, bondissant sur les collines. Mon bien-aimé est semblable à une gazelle… Voilà qu’il se tient derrière notre mur. Il guette par la fenêtre, il épie par le treillis… Il me dit : « Lève-toi ma bien-aimée, ma belle, viens ! … car l’hiver est passé… Sur notre terre, les fleurs se montrent… Le roucoulement de la tourterelle se fait entendre… les vignes en fleur exhalent leur parfum ! »  (Cantique des cantique, 2,8-13)

Être chrétien, c’est avoir découvert cette Présence cachée en plein dans ta vie, au plus profond de ton cœur … car là où tu es, et pas ailleurs, le Seigneur t’attend pour commencer ou continuer la plus belle des aventures : une histoire « unique » et il n’y en aura pas d’autre comme celle-là ! La relation à Jésus ressuscité est « unique » pour chaque personne humaine, et le cri de la prière la révèle : pensons au bon larron crucifié à côté de Jésus… Il se tourne vers lui dans une dernière prière et Jésus lui promet d’entrer au Ciel avec Lui : « Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le Paradis ! » (Lc 23,43).

Alors, que la foi priante te fasse pressentir que Dieu est là, caché chez toi, comme t’y invite un Saint Augustin :

« Ecoute le fond de ton être, il y a toujours Quelqu’un[1]… »

Et comme l’affirme Sainte Thérèse d’Avila : « Il tournera vers toi ses yeux si beaux… » Prier, faire l’oraison silencieuse du cœur, c’est se découvrir de plus en plus « intra céleste » … car c’est « croire qu’un Être qui s’appelle l’Amour habite en toi à tout instant du jour et de la nuit[2] ». Jésus t’est « présent » par cet incessant Regard posé sur tout ce qui fait ta vie :

« Dieu te regarde, qui que tu sois. Il t’appelle « par ton nom » (Jn 10,3-4). Il te voit et il te comprend, lui qui t’a fait. Tout ce qu’il y a en toi, il le sait : tous tes sentiments, tes pensées, te inclinations, tes goûts, ta force et ta faiblesse. Il te voit dans tes jours de joie comme dans te jours de peine… Il a compté tes cheveux. Il t’entoure de ses bras et te soutient… Il contemple ton visage, dans le sourire ou les pleurs, dans la santé ou dans la maladie. Il regarde tes mains et tes pieds avec tendresse, il entend ta voix, le battement de ton cœur et jusqu’à ton souffle…

Ce n’est pas seulement que tu fais partie de sa Création, lui qui a souci même des moineaux (Mt 10,29). Tu es une être humain racheté et sanctifié, son enfant… Tu es un de ceux pour qui le Christ a offert au Père sa dernière prière et y a mis le sceau de son Sang précieux…

Qu’est-ce que l’homme, que sommes- nous, que suis-je, pour que le Fils de Dieu « ait de moi un si grand souci » ? (Ps 8,5). Que suis-je pour qu’il m’ait refait à neuf, et pour qu’il ait fait de mon cœur sa demeure[3] ? »

Ces paroles uniques de Newman nous laissent deviner le mystère intemporel de ce Dieu qui se tient toujours au cœur de notre vie : le Regard de Dieu révèle le mystère de sa Présence car ce regard, qui jamais ne se détourne, est le signe silencieux de son infinie miséricorde… qui comprendra ce Regard qui voit tout, qui sait tout… et qui nous offre tant de tendresse ?

Son silencieux Regard infiniment respectueux est le secret ultime qui nous révèle son Cœur transpercé et toujours ouvert sur la Croix… Son Regard, c’est son Cœur ! Tel est le mystère offert à chaque instant à travers les yeux de Jésus Ressuscité…

 

+M-Mickaël

 

[1] Saint Augustin, Commentaire du Psaume 102,2.

[2] Sainte Elisabeth de la Trinité, Œuvres complètes, Lettre 330, p.785.

[3] Saint John Henry Newman, A Particular Providence as revealed in the Gospel, PPS vol.3, n°9.




La Passion de l’Eglise.

Article de Mark Mallett du 21 mars 2024.

LA PASSION DE L’ÉGLISE

Si la parole n’a pas converti,
ce sera le sang qui convertira.
-ST. JEAN-PAUL II, du poème «Stanislas»

Certains de mes lecteurs réguliers ont peut-être remarqué que j’ai moins écrit ces derniers mois. Cela s’explique en partie, comme vous le savez, par le fait que nous luttons pour nos vies contre les éoliennes industrielles – un combat dans lequel nous commençons à faire des progrès .

Mais je me suis aussi senti profondément plongé dans la Passion de Jésus, ou plus précisément dans le silence de sa Passion. Il est arrivé à un point où il était entouré de tant de divisions, de tant de rancunes, de tant d’accusations et de trahisons, que les mots ne pouvaient plus parler ni percer les cœurs endurcis. Seul Son Sang pouvait porter Sa voix et accomplir Sa mission .

Beaucoup ont donné de faux témoignages contre lui, mais leurs témoignages ne concordaient pas… Mais Il est resté silencieux et n’a pas répondu. (Marc 14:56, 61)

De même, à cette heure-ci, presque plus de voix ne s’accordent dans l’Église. La confusion est grande. Les voix authentiques sont persécutées ; les plus douteux sont loués ; la révélation privée est méprisée ; des prophéties douteuses sont promues ; le schisme est ouvertement envisagé ; la vérité est relativisée ; et la papauté a pratiquement perdu son autorité morale non seulement à cause de messages ambigus continus , mais aussi en raison de son approbation pure et simple d’un sombre programme mondial. [1]

Le véritable christianisme  est éclipsé alors que les paroles de Jésus s’accomplissent sous nos yeux :

Vous verrez tous votre foi ébranlée, car il est écrit : « Je frapperai le berger et les brebis seront dispersées ». (Marc 14:27)

Avant la seconde venue du Christ, l’Église doit traverser une épreuve finale qui ébranlera la foi de nombreux croyants. .. L’Église n’entrera dans la gloire du royaume qu’à travers cette Pâque finale, lorsqu’elle suivra son Seigneur dans sa mort et sa résurrection. —Catéchisme de l’Église catholique,675, 677

La passion de l’Église

La Passion de l’Église a été au cœur de The Now Word dès le début de cet apostolat. C’est synonyme de la « Grande Tempête », ce Grand Secouement dont parle le Catéchisme.

À Gethsémani et dans la nuit de la trahison du Christ, nous voyons un miroir des terribles factions qui ont récemment émergé dans le Corps du Christ : un traditionalisme radical qui tire l’épée et condamne avec suffisance ses adversaires perçus (cf. Jean 18 : 10) ; la lâcheté qui fuit la foule éveillée grandissante et se cache dans le silence (cf. Matthieu 26 :56, Marc 14 :50) ; un modernisme à part entière qui nie et compromet la vérité (cf. Marc 14 :71) ; et la trahison pure et simple de la part des successeurs des apôtres eux-mêmes :

Aujourd’hui, l’Église vit avec le Christ les outrages de la Passion. Les péchés de ses membres lui reviennent comme des coups au visage… Les Apôtres eux-mêmes tournèrent la queue dans le Jardin des Oliviers. Ils ont abandonné le Christ à son heure la plus difficile… Oui, il y a des prêtres, des évêques et même des cardinaux infidèles qui ne respectent pas la chasteté. Mais aussi, et c’est aussi très grave, ils ne parviennent pas à s’accrocher à la vérité doctrinale ! Ils désorientent les fidèles chrétiens par leur langage confus et ambigu. Ils falsifient et falsifient la Parole de Dieu, prêts à la tordre et à la plier pour gagner l’approbation du monde. Ce sont les Judas Iscariotes de notre temps. —Cardinal Robert Sarah, Catholic Herald ,  5 avril 2019

Ici, je ne peux m’empêcher de répéter les paroles prémonitoires de saint John Henry Newman qui prévoyait, avec une précision troublante, le début de la Passion de l’Église :

Satan peut adopter les armes de tromperie les plus alarmantes — il peut se cacher — il peut tenter de nous séduire par de petites choses, et ainsi éloigner l’Église, non pas d’un seul coup, mais peu à peu de sa véritable position. Je  crois qu’il a fait beaucoup de choses de cette manière au cours des derniers siècles… Sa politique est de nous diviser et de nous diviser, de nous déloger progressivement de notre roc de force. Et s’il doit y avoir une persécution, ce sera peut-être alors ; alors, peut-être, quand nous sommes tous dans toutes les parties de la chrétienté si divisés et si réduits, si pleins de schisme, si proches de l’hérésie. Lorsque nous nous serons jetés sur le monde et dépendrons de lui pour notre protection, et que nous aurons renoncé à notre indépendance et à notre force, alors [l’Antéchrist] éclatera sur nous avec fureur autant que Dieu le permet. —Bienheureux John Henry Newman, Sermon IV : La persécution de l’Antéchrist

Le chrétien nu

Dans l’Évangile de Marc, il y a un détail particulier à la fin du récit de Gethsémani :

Un jeune homme le suivait, ne portant rien d’autre qu’un linge sur le corps. Ils l’ont saisi, mais il a laissé le tissu derrière lui et s’est enfui nu. (Marc 14 : 51-52)

Cela me rappelle la « Prophétie à Rome » dont le Dr Ralph Martin et moi avons discuté il n’y a pas longtemps :

Je te conduirai dans le désert… Je te dépouillerai de tout ce dont tu dépends maintenant, pour que tu ne dépendes que de Moi. Un temps de ténèbres arrive sur le monde, mais un temps de gloire arrive pour Mon Église, un temps de gloire arrive pour Mon peuple. Je déverserai sur vous tous les dons de Mon Esprit. Je te préparerai au combat spirituel ; Je vais vous préparer à un temps d’évangélisation que le monde n’a jamais vu…. Et quand tu n’auras que Moi, tu auras tout…

Tout autour de nous est actuellement dans un état d’effondrement – un état si subtil que très peu de gens peuvent le voir.

« Les civilisations s’effondrent lentement, juste assez lentement pour qu’on puisse penser que cela n’arrivera peut-être pas vraiment. Et juste assez vite pour avoir peu de temps pour manœuvrer. — The Plague Journal, d’après le roman de Michael D. O’Brien, p. 160

C’est difficile à expliquer, mais lorsque j’entre dans un magasin ou dans un lieu public ces jours-ci, j’ai l’impression d’être entré dans un rêve… dans un monde qui existait autrefois, mais qui n’est plus. Je ne me suis jamais senti aussi étranger à ce monde qu’aujourd’hui.

Mes yeux sont assombris de tristesse, épuisés à cause de tous mes ennemis. Loin de moi, tous ceux qui font le mal ! L’Éternel a entendu le bruit de mes pleurs… (Psaume 6 : 8-9)

Pour une raison quelconque, je pense que vous êtes fatigué. Je sais que je suis effrayé et fatigué aussi. Car le visage du Prince des Ténèbres devient de plus en plus clair pour moi. Il semble qu’il ne se soucie plus de rester « le grand anonyme », « l’incognito », le « tout le monde ». Il semble s’être épanoui et se montrer dans toute sa réalité tragique. Si peu de gens croient en son existence qu’il n’a plus besoin de se cacher ! —Catherine Doherty à Thomas Merton, Compassionate Fire, Les lettres de Thomas Merton et Catherine de Hueck Doherty, p. 60, 17 mars 1962, Ave Maria Press (2009)

En effet, tout cela revient à dépouiller l’Épouse du Christ – mais pas à la laisser nue ! Au contraire, le but divin de cette passion et de cette épreuve finale est la résurrection de l’Église et l’habillement de la mariée dans un magnifique vêtement neuf pour une ère de paix triomphale . Si vous vous sentez découragé, relisez Les Papes et l’ère naissante ou Cher Saint-Père… Il arrive !

La grande arme de l’ennemi est le découragement. Parfois, je pense que notre découragement vient du fait que nous avons baissé nos yeux vers le plan temporel, regardant vers la terre et ceux qui nous entourent pour nous donner ce que seul Dieu peut. C’est pourquoi les saints ont réussi à surmonter leurs épreuves et même à y trouver de la joie : parce qu’ils ont compris que tout ce qui passait, y compris leurs souffrances, était le moyen de leur purification et de leur hâte à l’union avec Dieu.

Jésus a dit : « Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu. » Si nous sommes conduits dans le silence de la Passion du Christ, c’est pour que nous puissions rendre un plus grand témoignage par la pureté du cœur et l’amour divin . Alors qu’attendons-nous?

…puisque nous sommes entourés d’une si grande nuée de témoins, débarrassons-nous de tout fardeau et de tout péché qui nous accroche et persévérons dans la course qui nous attend tout en gardant les yeux fixés sur Jésus, le chef et le perfectionneur de la foi. . À cause de la joie qui l’attendait, il a enduré la croix, méprisant sa honte, et s’est assis à la droite du trône de Dieu. (Héb 12 : 1-2)