Le silence de Saint Joseph… devant le mystère de la Mère de Dieu…

En cette fin du temps béni de l’Avent, le silence de Saint Joseph vient inspirer notre cœur. Aujourd’hui, Noël est devenu la fête bruyante de la consommation et nous avons tant besoin de nous « taire » pour découvrir que Dieu est là, caché au fond de nous… Or, le silence de Saint Joseph « dit » ici sa profonde humilité : devant le « mystère » que porte Marie en son sein… il entre dans le secret d’une épreuve où l’ombre de la Croix déjà le recouvre : Comme par avance, n’est-t-il pas tout près l’Agneau immolé, « scandale pour les Juifs et folie pour les païens » ? (1 Co 1,23). Comment est-ce envisageable que sa fiancée le porte déjà si petit en son sein ? Ecrasé par un tel mystère, son humilité le pousse à s’éloigner… et en même temps le texte de Saint Matthieu nous laisse deviner toute une tendresse bienveillante pour Marie :

« Joseph, son époux, qui était un homme juste et ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la renvoyer en secret… » (Mt 1,19).

Il faut bien saisir ici qu’être juste selon l’Ecriture, « c’est correspondre à ce que Dieu a mis en nous de possibilités pour réaliser la destinée à laquelle Il nous appelle… Il faut que Joseph ait été bien juste pour ne pas accuser ou du moins soupçonner, comme il aurait été naturel, la délicate pureté de la Vierge Marie dont il était le témoin : justement parce qu’il est juste, Joseph s’est abstenu de juger[1]. » Le commentaire de Saint Jérôme va dans ce sens :

« Comment Joseph est-il déclaré « juste », si l’on suppose qu’il cache la faute de son épouse ? Loin de là : c’est un témoignage en faveur de Marie : Joseph, connaissant sa chasteté, et bouleversé par ce qui arrive, cache, par son silence, l’événement dont il ignore le mystère[2] »

On est ici devant le plus grand secret de l’Evangile : quand vient le Verbe de Dieu, le silence est la plus grande des louanges et Saint Joseph en témoigne par la splendeur de son effacement. Face à ce Dieu qui se fait si petit, Il tourne autour du mystère comme Moïse devant le buisson ardent… (Ex 3,3). Ne pressent-il pas que l’Indicible est caché dans l’ordinaire ? Enfoui dans le sein de « la » Femme, Dieu l’a précédé et s’offre à lui, à travers Celle qui lui était promise…

Alors, « pourquoi Joseph voulut-il renvoyer Marie ? Prends cette interprétation, qui n’est pas la mienne, mais celle des Pères : Joseph voulut la renvoyer pour la même raison qui faisait dire à Pierre : « Eloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un pécheur ! » (Lc 5,8) et au Centurion : « Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit ! » (Mt 8,8). Pierre trembla devant la puissance divine, et le Centurion trembla en présence de la Majesté. Joseph fut saisi de crainte – comme il était humainement normal – devant la profondeur du mystère ; c’est pourquoi il voulait renvoyer Marie secrètement[3]… »

Mais l’Ange viendra le rassurer par un songe durant la nuit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ta femme : car ce qui a été engendré en elle vient de l’Esprit-Saint ! » (Mt 1,20). Et à travers et au-delà de Joseph, cette parole vient résonner dans l’histoire de l’humanité et dans la vie de chacun et chacune en particulier : « Ne crains pas de prendre chez toi, Marie… » Elle est « ta » Mère… et que tous ceux qui résistent « encore » à cette douce réalité se laissent vaincre par la Parole du Christ en Croix en personne : « Voici ta Mère ! » (Jn 19,27). Aujourd’hui, comme Joseph et Jean, accueillerons-t-ils Marie chez eux ?

Nous aussi, devant les épreuves de la vie qui, souvent, nous éloignent de l’Enfant-Dieu et de sa Mère, prenons conscience qu’au cœur de notre foi, les bras de Marie sont sans cesse « tendus » pour nous porter… Dans le Salve Regina, nous chantons : « Spes nostra, Salve ! » (Notre Espérance Salut !). Cette espérance, Dieu nous l‘a donnée. Dans la famille, l’espérance, c’est la mère. Il en est de même dans le monde spirituel : personne ne peut dire qu’il a perdu l’espérance puisqu’il n’a pas perdu l’Immaculée !

Elle seule va nous apprendre comment aimer le Seigneur Jésus, bien mieux que tous les livres et tous les maîtres. Elle nous apprend à l’aimer comme Elle l’aime[4]… »

                                                                                                    +M-Mickaël

[1] Bible chrétienne, tome II, Commentaires p.100.

[2] Commentaire sur Saint Matthieu, Patrologie Latine 26,24.

[3] Saint Bernard de Clairvaux, Homélie 2 sur le Missus est, Patrologie Latine 183,68.

[4] Saint Maximilien-Marie Kolbe, Conérences 3 septembre 1937 et 25 janvier 1941.




Méditation Evangile Mariale, pour le 14ème dimanche, Mt 11,25-30. « Ce qui plait au Bon Dieu, c’est de me voir aimer ma petitesse… »

Quatorzième Dimanche : 9 juillet 2023

Evangile de Jésus-Christ selon Saint Matthieu : 11,25-30

Méditation Evangélique Mariale

« Ce qui plaît au Bon Dieu dans ma petite âme,

c’est de me voir aimer ma petitesse et ma pauvreté,

c’est l’espérance aveugle que j’ai en sa miséricorde…  Voilà mon seul trésor !…

Pourquoi ce trésor ne serait-il pas le vôtre ? »

Sainte Petite Thérèse, Lettre 197

 

Notre appel premier d’enfants de Dieu est la sainteté : un Saint, une Sainte, sont en Jésus-Christ « la Lumière du monde » (Jn 8,12) et sauvent tant d’âmes sur le chemin de la perdition ! L’histoire de l’Eglise le démontre dans tous les secteurs de la vie humaine : la sainteté rayonne un Amour que tout le monde cherche… mais il faut bien saisir dès le début où est le vrai chemin évangélique dont Luc précise qu’il a fait « tressaillir de joie » Jésus « sous l’action de l’Esprit-Saint ! » (Lc 10,21). Voici la Révélation de l’Œuvre du Père qui doit sans cesse retentir en nos cœurs :

     « Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l’avoir révélé aux tout-petits ! Oui, Père, car tel a été ton bon plaisir… » (Mt 11,25-26)

        Tel est notre appel évangélique quotidien sur lequel nous devons tous nous ajuster : se disposer à cette humilité du cœur des enfants non seulement « petits », mais « tout petits » ; cela indique un chemin vers la dépendance totale au Père et nous rend peu à peu semblables à Jésus qui a proclamé avec force : « Si vous ne vous convertissez pour devenir comme des petits enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux. Celui qui s’abaisse comme ce petit enfant-là est le plus grand dans le Royaume des Cieux ! » (Mt 18,4)

        Et il faut reconnaître ici que Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus est venue bouleverser l’Eglise par une sorte de « démocratisation de la sainteté » qui colle encore plus à l’Evangile. Cela n’a rien à voir avec une simplification facile, même si la simplicité évangélique fait partie de cette intuition géniale. Mais justement, Thérèse, qui s’est proclamée « petite » nous emporte vers cette profondeur d’enfance dont le secret bouleverse le Cœur de Dieu…

        Nous sommes là au centre des questions les plus profondes et les plus déroutantes de l’Œuvre du Dieu-Amour en nos vies. Venons-en donc à cette citation de Thérèse dans une lettre « unique » qui, à mon humble avis, a le mieux explicité « l’intuition majeure » de toute sa vie. C’est un peu long mais c’est vital pour mieux cerner « la confiance illimitée qu’elle sent en son cœur… » Et ne croyons pas trop vite comprendre ! Ce que le petit Docteur de l’Eglise exprime implique un chemin de conversion à 360 degrés où tout sera bouleversé dans nos manières de voir et d’agir souvent erronées sur le sujet majeur des voies vers la sainteté. Il ne s’agit pas de s’accrocher à des « pratiques » ou des « intuitions décevantes », mais de beaucoup « perdre » pour recevoir de l’Esprit cette « disposition du cœur qui nous rend humbles et petits entre les bras de Dieu, conscients de notre faiblesse, et confiants jusqu’à l’audace en sa bonté de Père [1]! »

        Nous sommes si blessés et si aveugles, et bien trop souvent nous avons secrètement renoncé au désir le plus beau qu’est le chemin vers la sainteté…  N’est-il pas cette indicible joie d’entrer pas après pas dans l’infinie tendresse du Cœur de Dieu ? C’est le vrai bonheur d’une vie ! Demandons à Thérèse de découvrir comme elle que « l’unique bonheur sur la terre, c’est de s’appliquer à toujours trouver délicieuse la part que Jésus nous donne [2]… et mon petit moyen, c’est d’être toujours joyeuse, de toujours sourire, aussi bien quand je tombe que lorsque je remporte une victoire[3] ! » Quelle liberté dans ces paroles où Thérèse évite de trop se regarder, tout en prenant terriblement l’amour de Dieu au sérieux…

          Alors, écoutons-là nous instruire pour transfigurer nos fragilités, nos chutes et résister à « l’orgueil des ténèbres » en ces temps post-modernes où la nuit s’impose comme la lumière. Et quand elle dit « comprenez », saisissons qu’il s’agit d’une « intelligence du cœur » qu’il faut supplier l’Esprit Saint de recevoir pour entrer peu à peu dans la plénitude de l’Enfance spirituelle :

      « Comprenez que pour aimer Jésus, plus on est faible, sans désirs, ni vertus, plus on est propre aux opérations de cet Amour consumant et transformant… Le seul désir suffit, mais il faut consentir à rester pauvre et sans force et voilà le difficile car « le véritable pauvre d’esprit, où le trouver ? Il faut le chercher bien loin » a dit le psalmiste… Il ne dit pas qu’il faut le chercher parmi les grandes âmes, mais « bien loin », c’est-à-dire dans la bassesse, dans le néant… Ah ! Restons bien loin de tout ce qui brille, aimons notre petitesse, aimons à ne rien sentir, alors nous serons pauvres d’esprit et Jésus viendra nous chercher si loin que nous soyons, il nous transformera en flammes d’amour… Oh ! Que je voudrais pouvoir vous faire comprendre ce que je sens !… C’est la confiance et rien que la confiance qui doit nous conduire à l’Amour[4] ! »

       Par ce « rien que la confiance », nous sommes là au cœur du cœur de la voie d’enfance où la confiance devient la voie unique vers l’Amour, moyennant l’effort constant de la fidélité dans les « petites choses » : « Faisons tout nos petits efforts et espérant tout de sa miséricorde, nous recevrons autant que les grands Saints [5] ! » On sent ici que le choix incessant de la pauvreté offerte à la miséricorde est décisif car il a comme libéré l’envol de la confiance : c’est tout ce qui nous reste… mais cette confiance épurée est la puissante propulsion vers le Refuge ultime des bras de Dieu !… La sainteté n’est plus une performance d’exception mais une victoire de la confiance sur le Cœur de Dieu : elle déclenche sur les « tout-petits » l’envahissement de sa Miséricorde…

      En même temps, ces paroles de Thérèse peuvent nous choquer, et l’on peut avoir le réflexe de tourner la page en se disant : ce n’est pas pour moi… Pourtant, si nous les laissons un peu « résonner » en silence, nous sentons combien elles viennent illuminer notre regard de foi… mais combien aussi, notre nature pécheresse, et secrètement orgueilleuse, résiste à la puissance de l’enfance spirituelle qui attaque directement cette racine première et redoutable du péché originel.

      C’est ici que l’Esprit Saint qui a conduit en tout la Vierge Marie, nous confie à Elle pour une opération première qui fonde toute notre foi dans l’humilité : « la Sainte Vierge écrase tout de suite la tête du Serpent. Quitte à ce qu’on soit mordu au talon et qu’on le sente passer… Elle attaque immédiatement le cœur de la place et nous passe tout, sauf l’orgueil ! [6] » C’est l’âme du Magnificat : « Il a jeté un regard sur l’humilité de sa servante… Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent ! » (Lc 1,48 et 50). Ainsi, redisons-le : la vraie humilité est la seule terre d’où naît une folle confiance qui attire le Feu de la Pentecôte ! Voilà pourquoi Marie nous forme dans l’apparente pauvreté du Rosaire où se prépare en secret la fulgurante Renaissance de l’Eglise !

                                                                                                             + M-Mickaël

 

[1] Thérèse de Lisieux, Œuvres complètes, Derniers entretiens, Cerf-DDB, 1992, p.1074. Notons au passage que dans la voie d’enfance « made in Thérèse », la conscience toujours plus profonde de notre « faiblesse » fait naître paradoxalement en nos cœurs cette « confiance audacieuse » où nos yeux s’ouvrent sur « la bonté du Père ». C’est là que se fait ou pas cette « Pâques » de l’enfance spirituelle…

[2] Lettre 257.

[3] Conseils et souvenirs de Sœur Geneviève, 23.

[4] Lettre 197.

[5] Conseils et souvenirs de Sœur Geneviève, 167.

[6] Marie-Dominique Molinié, Qui comprendra le Cœur de Dieu, Saint Paul, 1994, p.117.

 




Méditation évangélique pour la Solennité de St Pierre et St Paul

Solennité de Saint Pierre et de Saint Paul  

Evangile de Jésus-Christ selon Saint Matthieu : 16,13-19

Méditation Evangélique Mariale 

         

« Quand Paul aura ouvert les cœurs en prêchant, Pierre ouvre aux âmes le Royaume des cieux…

Tous deux ont reçu des clefs des mains du Seigneur,

Clef de la connaissance pour l’un, clef du pouvoir pour l’autre… »

Saint Maxime de Turin (vers 420)

Sermon, PL 57,403-404

 

         Césarée de Philippe est située dans le nord d’Israël, au pied de l’Hermon. C’est près de cette ville, aux sources du Jourdain, que Jésus effectue auprès de ses disciples une sorte de sondage évangélique sur son identité : « Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ? » (Mt 16,13). De fait, c’est un dialogue qui commence par le « dire » des foules sur Jésus, mais qui va aboutir à cette question beaucoup plus personnelle et profonde : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » (Mt 16,15). Cette question directe vient « sonder » l’intelligence du cœur de chacun… elle implique une réponse nette et précise sur l’identité de Jésus. C’est là que Pierre proclame :

        « Tu es le Christ, le Fils du Dieu Vivant ! » (Mt 16,16)

         C’est ici la racine unique où l’acte de foi de Pierre fonde La foi de l’Eglise en Jésus-Christ. A travers merveilles et épreuves, cette foi traversera les siècles jusqu’à aujourd’hui où les « signes » nous sont donnés pour entrer dans la vigilance extrême de « la foi des derniers temps ». Car la réponse du Seigneur vient susciter en nos cœurs une telle espérance ! Comme la Sainte Vierge, Il faut repasser en nos cœurs (Lc 2,19) chaque parole :

        « Prenant la parole à son tour, Jésus lui déclare : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux ! Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle ! » (Mt 16,17-18).

         « Heureux es-tu ! » dit d’abord le Seigneur pour proclamer que la foi est la « béatitude » première du chrétien, et que sur terre le bonheur et la paix viennent d’une foi qui ne cesse de grandir dans les joies et les épreuves. Car Jésus le précise : cette révélation faite à Pierre vient du Père « qui est dans les cieux ! » Et puis nous est faite cette promesse divine qui nous fortifie en ces épreuves ultimes de l’Eglise que nous vivons déjà aujourd’hui : « Tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle ! » En araméen, Pierre se dit « Kêpha » dont le sens est si puissant : « Tu es Roc et sur ce Roc… » Ainsi, la foi de Pierre est l’assise première et solide sur laquelle toute l’Eglise repose car Pierre est le « vicaire » du Christ.

         L’approche de Saint Léon le Grand est ici lumineuse pour notre temps et elle fortifie la force de notre foi quand il met sur les lèvres du Christ :

        « Autrement dit : Je suis, moi, la Pierre inviolable, la Pierre angulaire qui réunit les deux murs ; je suis le Fondement, et nul ne peut en poser un autre. Mais toi aussi tu es Pierre, parce que tu es affermi par ma force ; et la puissance qui m’appartient en propre nous est commune parce que je t’en fais part. Sur cette puissance, dit-il, je bâtirai mon temple éternel ; et mon Eglise qui doit monter jusqu’au Ciel s’élèvera sur ce solide fondement de ta foi [1]. »

Il en est de même dans notre propre vie de foi : il y a toujours un moment où à travers les sécheresses spirituelles, des évènements imprévus, des épreuves déstabilisantes, nous sommes comme « sondés » dans notre foi en Jésus-Christ : et toi, que dis-tu de Lui ? Pour toi, qui est-il ? Notre foi chemine et persévère et c’est déjà une telle grâce ! Mais nous avons aussi nos chutes et nos fragilités… et c’est là qu’il faut bien comprendre que « les Apôtres ne sont pas exemplaires seulement par leurs vertus, mais aussi par leurs déficiences. Si le Saint-Esprit a voulu que ces déficiences soient manifestées dans l’Evangile, c’est précisément pour nous apprendre que nous risquons de ne pas faire mieux… Pierre et Paul sont les colonnes de l’Eglise ; l’un a trahi Jésus-Christ, l’autre l’a persécuté !…

          Il y a une seule catégorie de gens préservés de ce danger, ce sont ceux qui ressemblent à la Sainte Vierge par leur innocence et humilité. S’ils évitent ces catastrophes, c’est justement parce qu’ils sont convaincus d’être capables du pire par eux-mêmes, alors ils s’enfoncent dans la petitesse des enfants avec une telle profondeur que Dieu les tient à l’abri dans le creux du rocher… Ceux-là ne contesteront pas la nécessité de passer par bien des déconvenues, des désillusions et des retournements pour aimer Dieu et Jésus-Christ !

           La Sainte Vierge a été consciente du danger du péché – tranquillement consciente si j’ose dire, parce que « réfugiée » … C’est ce que j’appelle « la sécurité des humbles », des gens qui ne se croient pas plus forts que la tempête. Celui qui se réfugie ne prétend pas pouvoir faire face aux éléments déchaînés, il dit au contraire : « Je ne crains rien parce que j’ai un bon abri [2]… »

          Nous sommes entrés dans les terribles secousses des derniers temps où l’Ennemi de notre salut va avoir momentanément un pouvoir de tentation redoutable. Par le saint Rosaire et une vie sacramentelle fidèle, blottissons-nous chaque jour dans les bras de Marie pour vivre de « la sécurité des humbles » : là, tout près de son Cœur Immaculé, nous traverserons les épreuves finales dans la paix du Seigneur. Souvenons-nous des franciscains « indemnes » de la bombe atomique d’Hiroshima : ils priaient le Rosaire de la Vierge chaque jour [3] !

 

 + M-Mickaël

[1] Saint Léon le Grand, PL 54,150.

[2] Marie Dominique Molinié, Qui comprendra le Cœur de Dieu ? Saint Paul, 1994, p.89-90.

[3] Voir l’article témoignage : « Le Rosaire, plus puissant que la bombe atomique » dans le site internet « Aleteia », 28 février 2018.




Méditation évangélique mariale pour le 12ème dimanche du temps ordinaire : la confiance nous conduit à l’amour…

  Douzième Dimanche : 25 juin 2023  

Evangile de Jésus-Christ selon Saint Matthieu : 10,26-33

Méditation Evangélique Mariale :    

 

« La confiance de l’homme envers Dieu touche ce dernier par sa constance…

car c’est par leur constance que les esprits des fidèles acquièrent la force ! »

Sainte Hildegarde de Bingen

 

 

        Dans un monde post-moderne qui veut tout maîtriser de la vie, la « crainte » est paradoxalement démultipliée : on a si peur de perdre tant de choses qu’on veut tout « assurer » … jusqu’aux animaux domestiques ! La peur est le signe d’un monde qui meurt, de plus en plus éloigné du mystère du Salut qui chante sans cesse la confiance. Une Sainte Thérèse de Lisieux en a fait le cœur de sa voie d’enfance spirituelle dans une expression simple qui exclut toute peur : « C’est la confiance et rien que la confiance, qui doit nous conduire à l’Amour[1] ! » Cette parole si simple renferme un trésor qui demande le temps de l’humilité pour commencer à en saisir le sens caché au cœur de nos vies… car elle tourne vers une source sans fond : « j’avais tant de confiance en la miséricorde infinie de Jésus[2] ! » précise-t-elle quand elle prie pour la conversion de Pranzini avant son exécution.

        Cet Evangile insiste tant sur la confiance dans la providentielle tendresse du Père qui se manifeste mystérieusement à chaque instant…  Il invite à un abandon total ! Jésus répète d’ailleurs par quatre fois : « Ne craignez pas ! » Il ne voit que trop bien les peurs de ses disciples, et spécialement celle de la mort qui dominera Pierre à la Passion du Seigneur :

       « Mais quelle chair ne craindrait la mort ? L’Apôtre Pierre la craignit, le tout premier ; et craignant de mourir, il renia la Vie. Pourquoi, sinon parce qu’il ne lui avait pas encore été donné de ne pas craindre ? Mais quand tu le lui eus donné, Seigneur, il put faire ce que tu commandais. Sois donc notre force, et fais-en nous ce que tu veux que nous fassions…

          C’est à l’espérance de prier, à la charité d’obtenir que tu donnes toi-même ce que tu commandes [3]! »

          Jésus veut nous guérir de nos peurs pour que nous entrions dans cette paix de notre âme où Il habite secrètement… nous pouvons souffrir en nos corps et nos psychologies par les épreuves de ce monde. C’est inévitable en cette vie. Mais cette paix du Christ cachée au fond de nos cœurs, nul ne pourra nous la ravir !

         Pour nous délivrer des peurs de ce monde, Jésus nous laisse deviner jusqu’où va la tendresse du Père déjà si absolue dans le mystère de la Création. Il nous faut vraiment laisser résonner en nos cœurs ces paroles de Dieu pour qu’elles deviennent la lumière de nos yeux :

       « Deux moineaux ne sont-ils pas vendus pour un sou ? Or, pas un ne tombe à terre sans que votre Père le sache ! Quant à vous, même vos cheveux sont tous comptés ! Soyez donc sans crainte : vous valez bien plus qu’une multitude de moineaux ! » (Mt 10,29-31).

       En écoutant ces paroles bouleversantes de Jésus, demandons la conversion de notre « regard » dans une société qui ne voit plus la beauté de la tendresse de Dieu dans la Création. Dieu nous aime au cheveu près ! Seigneur délivre mon regard…

       Demandons à la Sainte Vierge de nous faire participer à la douceur et la profondeur de son Regard maternel qui a cheminé sur terre dans la foi. Saint Padre Pio avait pour Elle une telle confiance que tout son amour s’exprimait dans un Rosaire quotidien sans fin… à tel point qu’on l’appelait « le Rosaire vivant ! » Et lui-même appelait le chapelet « son arme », « son épée » ! Il est mort en serrant son chapelet dans ses mains et en murmurant jusqu’à son dernier souffle les doux noms de Jésus et Marie…

       Pour fortifier notre chemin de foi quotidien vers le Royaume, retenons deux de ses conseils : « Il faut toujours rester ferme sur ces deux vertus : la douceur envers notre prochain et la sainte humilité envers Dieu… car Dieu veut que nos misères constituent le trône de sa Miséricorde et notre impuissance le siège de sa Toute-Puissance !… Et ce second conseil qui est le cœur de sa vie mariale : « Reste toujours plus serré contre cette douce Mère céleste, car Elle est la Mer qu’il faut traverser pour parvenir aux rivages des splendeurs de l’aurore éternelle [4] ! »

 

                                                                                                          +M-Mickaël

[1] Œuvres complètes de Sainte Thérèse de Lisieux, Lettre 197, p.553.

[2] Œuvres complètes, Manuscrit A, p.144.

[3] Rupert de Deutz, Sur Matthieu VIII, PL 168, 1499.

[4] Une pensée du Padre Pio pour chaque jour de l’année, Edition Padre Pio da Pietrelcina, 2000, p.7-8 et 86.