La patience est la profondeur de l’amour…

« Qu’elle est grande la patience de Dieu…

Combien Dieu recherche le pécheur ! »

Ste Elisabeth de la Trinité, Journal 69

 

Dans une civilisation matérialiste où l’on ne sait plus attendre, « l’immédiateté » de la consommation est reine : des biens matériels multiples à l’information continue, de la commande d’une pizza à la relation d’un soir, tout est possible sur le net qui envahit nos vies ! On est comme des « petits dieux » derrière nos écrans… mais en réalité, ils nous enferment dans la prison dorée de la facilité : ils nous volent en continu la beauté de cette Création où Dieu nous « parle » chaque jour : les couleurs d’une fleur, la splendeur d’un lever de soleil, le charme d’un chant d’oiseau ou la lumière d’un sourire d’enfant… tant et tant de messages uniques nous sont offerts et nous ne les voyons plus !

Il faut réapprendre « la patience de la contemplation » et savoir tout arrêter régulièrement pour « regarder et écouter » … et pour cela notre regard doit changer ! Même si cela commence par une purification dont Aristote, le grand philosophe grec, nous prévient :

« La patience est amère, mais son fruit est si doux ! » On n’est pas loin de l’Evangile où Jésus se dévoile comme un Maître « doux et humble de cœur ! » (Mt 11,29). Et la douce humilité de Dieu se révélera dans la bouleversante « patience de la Croix » où flamboie pour nous son infini Amour : « Mon Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font ! » (Lc 23,34). La Passion finale du Fils de Dieu sur la Croix est le signe vertigineux qu’en Dieu, la patience est la profondeur ultime de son Amour pour nous, pauvres pécheurs…

Ainsi, la patience certifie l’amour qui doit s’exercer d’abord envers mon plus proche. Et en ce sens, Saint Paul exhorte les premiers chrétiens à revêtir entre eux « des sentiments de tendre compassion, de bienveillance, d’humilité, de douceur, de patience ! » (Col 3,12 / Ep 4,2). Car la patience opère une purification de « l’orgueil du monde » sous toutes ses formes : en effet, l’orgueilleux est souvent pressé et arrogant tandis que l’humble est patient et doux : il se connaît en cette Lumière d’en-Haut qui lui donne un regard miséricordieux sur tous ses semblables ! Paul nous y invite encore : « Ayez de la patience envers tous ! » (1 Th 5,14).

Ce même combat, patient et résolu, contre « l’esprit du monde » ; Saint Jean l’a aussi remarquablement discerné… et il nous a prévenu :

« Si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui.

Car tout ce qui est dans le monde – la convoitise de la chair,

la convoitise des yeux et l’orgueil de la richesse –

vient non pas du Père, mais du monde.

Or, le monde passe avec ses convoitises ;

mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement ! »

(1 Jn 15-17)

Ainsi, la patience est le fondement de l’endurance… elle est ce « trésor caché » qui nous tiendra debout durant les épreuves des derniers temps qui approchent ! En effet, la patience est sœur de cette humilité qui fonde la durée dans la foi ! Et c’est pourquoi, dans la Bible, l’Ecclésiaste nous prévient : « Mieux vaut la patience que la prétention ! » (Qo 7,8). Et le Siracide nous laisse entrevoir la merveille de ce choix : « L’homme patient tient bon jusqu’à son heure, mais à la fin, sa joie éclate ! » (Si 1,23).

Si la patience est d’une importance primordiale sur le chemin de la foi, on ne s’étonnera pas de la retrouver au cœur du célèbre « cri » de Sainte Thérèse d’Avila :

« Que rien ne te trouble,

Que rien ne t’effraie ;

Tout passe.

Dieu ne change pas :

La patience obtient tout !

Celui qui possède Dieu

Ne manque de rien…

Dieu seul suffit ! »

« La patience obtient tout ! » On ne l’oubliera pas au cœur de nos épreuves et de nos découragements… et en ce sens, il nous faudra revenir souvent à la source : notre patience ne tiendra que dans la contemplation de « la patience de Dieu » (Ro 3,26). Elle est la toile de fond de toute l’histoire du salut ! C’est parce que Dieu est patient que l’histoire des hommes continue… mais ce temps « offert » avec une telle gratuité est suspendu à son infinie miséricorde et cela devrait nous faire réfléchir… jusqu’à en être bouleversé et réorienté : il n’y a plus de temps à perdre !…

Car derrière cette incompréhensible patience de Dieu, se cache en même temps « l’impatience de Dieu » : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais que déjà il fût allumé ! » (Lc 12,49). Mais Dieu patiente à cause de la lourdeur des hommes : « Esprits sans intelligence, lents à croire tout ce qu’ont annoncé les Prophètes ! Ne fallait-il pas que le Christ endurât ces souffrances pour entrer dans sa gloire ? » (Lc 24,25-26).

Alors, que monte en nos cœurs cet inattendu cri de l’homme « trop seul » quand son Dieu s’éloigne : « Reste avec nous, car le soir tombe ! » (Lc 24,29). Et en effet, la nuit vient dés que l’homme s’éloigne de Dieu…

Tournons-nous résolument vers Celle dont Jésus nous a dit : « Voici ta Mère ! » (Jn 19,27).

Sa maternelle tendresse nous enveloppera en nous donnant cette patiente endurance qui est « le secret des saints » ! Car si la patience est la profondeur de l’amour, elle devient « l’art de savoir tout attendre de Dieu » ! Elle aboutit à cette confiance qui mène à la surprise folle de l’Amour !

N’est-ce-pas là « l’intuition majeure » de Petite Thérèse ? Elle est à inscrire en lettres de feu au plus profond de nos cœurs ! Là, se cache le secret de la sainteté :

« Restons bien loin de tout ce qui brille, aimons notre petitesse, aimons à ne rien sentir, alors nous serons pauvres d’esprit et Jésus viendra nous chercher… et si loin que nous soyons, il nous transformera en flammes d’amour…

Oh ! que je voudrais pouvoir vous faire comprendre ce que je sens !… C’est la confiance et rien que la confiance qui doit nous conduire à l’Amour[1]… »

La patience est la profondeur de l’amour car elle sait tout attendre de l’Amour…

 

                                                                                +M Mickaël et Marie+Jacinta

 

[1] Sainte Thérèse de Lisieux, Œuvres complètes, Lettre 197, p.553.




Le jeune homme riche de l’Evangile : le drame de la génération actuelle !

« Jésus fixa sur lui son regard et l’aima… »

Mc 10,21

 

C’est à l’évidence l’Evangile de Marc qui nous rapporte au mieux cette scène bouleversante, au moment même où Jésus « se mettait en route… » (Mc 10,17) plaçant déjà la démarche de ce jeune face à la condition itinérante du disciple !

Il y a chez lui une aspiration noble, une quête d’absolu ; mais en même temps surgit aussi l’ambiguïté de son cœur quand il désire « avoir la vie éternelle ! » (Mt 19,16). De fait, sa démarche est teintée d’un esprit mercantile car il évalue la vie éternelle en termes « d’avoir ».

On est face à une sorte de désir de possession sur ce qui est « gratuit ! »

On remarquera aussi qu’en appelant Jésus « bon Maitre » (Mc 10,17), ce jeune homme n’a pas découvert la véritable identité de Jésus, comme l’aveugle de Jéricho (Lc 18,35-43) ou le bon larron crucifié avec le Seigneur… (Lc 23,39-43). Il le considère plus comme une sorte de sage ou de gourou de passage qui peut lui apporter une réponse à son questionnement. Et c’est pourquoi le Seigneur tente d’élever son désir trop enfermé dans « l’avoir » pour l’ouvrir à la gratuité de « l’amour ! »

Ainsi, il le renvoie d’abord aux commandements de la Loi mosaïque pour lui faire saisir où elle aboutit comme l’a remarquablement décrit Saint Paul :

« Avant la venue de la foi, nous étions enfermés sous la garde de la Loi, réservés à la foi qui devait se révéler. Ainsi, la Loi nous servit-elle de pédagogue jusqu’au Christ… Mais la foi venue, nous ne sommes plus sous un pédagogue. Car vous êtes tous fils de Dieu par la foi au Christ Jésus. Vous tous en effet, baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ ! … » (Ga 3,23-27)

Cette Pâque de la Révélation ne s’est pas encore réalisée dans le cœur du jeune homme comme il l’avoue : « Maître, tout cela, je l’ai gardé ; que me manque-t-il encore ? » (Mt 19,20). Il est « riche », certes, de son observance de la Loi et de ses grands désirs, mais en réalité si pauvre et si seul sans cette foi qui, seule, ouvre les yeux du cœur sur l’Unique Sauveur ! Et c’est alors que Marc est le seul à nous rapporter cette ultime tentative du Sauveur :

« Alors, Jésus fixa sur lui son Regard et l’aima… » (Mc 10,21).

Avant l’Appel qui va résonner aux oreilles du jeune homme, ce Regard du Christ est le langage silencieux de l’Amour où tout est déjà dit : « Dieu est plus grand que notre cœur et il sait tout ! » (1 Jn 3,20) Car « Dieu est Amour ! » (1 Jn 4,16) … et son Regard exprime déjà l’intensité d’amour infinie qui se manifestera en son Cœur ouvert sur la Croix : son Regard, c’est son Cœur …

Et face à cet absolu qui seul peut faire basculer une vie, le Sauveur affirme au jeune homme, riche de ses soi-disant grands désirs :

« Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor au ciel ; puis, viens, suis-moi ! … » Mais lui, à ces mots, s’assombrit et il s’en alla tout triste, car il avait de grands biens… »  (Mc 10,21-22).

Voici tout à coup l’envers du décor après une démarche si bouleversante… De fait, le jeune homme n’a ni découvert la beauté du Christ, ni laissé sa parole le toucher : et le voilà qui repart vers sa vie errante… il reste riche, seul et triste !

N’y a -t-il pas là un certain parallèle avec cette « génération désenchantée » actuelle évoquée dans la chanson de Mylène Farmer depuis plus de 30 ans ? Elle s’égare dans une société qui brasse du vide et provoque un dégoût de vivre… Et comment ne pas se souvenir ici du cri de Léon Bloy, le juif converti : « Il n’y a qu’une tristesse, c’est de n’être pas des saints[1] ! » Et l’on ne peut devenir saint qu’en quittant pour de bon ses conforts et ses hésitations face à la vérité libératrice de l’Evangile qui est Quelqu’un : Celui qui a affirmé « je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ! » (Jn 14,6).

Alors, laissons souvent résonner en nos cœurs ce passage d’Evangile, toujours d’actualité : « Une seule chose te manque ! » Et quelle est cette chose unique sinon cette mystérieuse « perle précieuse » (Mt 13,45) qui brille dans le Regard du Christ ! Et même s’il faut toute une vie pour tout lâcher et le suivre enfin jusqu’au bout, son infinie miséricorde sait nous attendre d’une manière inimaginable… Elle attendra le jeune homme riche comme elle a attendu Pierre d’un Regard unique après son reniement ! (Lc 22,61-62). Il l’a su définitivement sur le bord du lac de Tibériade face à l’insistance de Jésus : « Seigneur, tu sais tout, tu sais que je t’aime ! » (Jn 21,17). Alors, approchons-nous enfin et ne décevons plus la patience de Dieu !

+M Mickaël

 

[1] La Femme pauvre, 1887.




Le Cœur de la Sainte Messe : la Présence réelle !

 « Bien qu’en apparence, il n’y ait en Moi aucune trace de vie,

 cependant chaque hostie contient réellement ma vie toute entière.

Mais l’âme doit avoir la foi, afin que je puisse agir sur elle…

Oh ! que la foi vivante m’est agréable ! »

Jésus à Sainte Faustine

 

En cette fin des temps où l’attaque des ténèbres est omniprésente, il faut se souvenir avec force du mystère des 3 blancheurs révélées à St Jean Bosco : on y découvre en particulier que la Sainte Eucharistie qui fait l’Eglise est la blancheur centrale, fondatrice et eschatologique…et que Marie, Mère du Christ, est l’autre blancheur éminente. Ainsi, comme l’a exprimé magnifiquement le théologien français Henri de Lubac : « l’Eglise fait l’Eucharistie, mais l’Eucharistie fait aussi l’Eglise[1]. » Et l’on pourrait ajouter à la suite du Pape Saint Paul VI : « Marie est Mère de l’Eglise ! »

En effet, sans la Sainte Messe l’Eglise n’a plus de sens et d’identité : elle est née au sens fort à la première Cène et elle la perpétue à chaque Messe : le Cardinal Journet nous a alerté sur le Mystère central de la Sainte Messe qui fait l’Eglise. Ecoutons d’urgence ses paroles de lumière qui nous emportent au sommet de la réalité sacramentelle, certes, la plus cachée, mais la plus adorable :

« A chaque fois que les paroles de la consécration sont prononcées, l’Eglise, représentée par le prêtre et les fidèles, est rendue présente au sacrifice sanglant : les deux mille ans qui nous séparent de la Croix sont abolis, nous sommes là comme l’étaient la Sainte Vierge et Saint Jean…

Et chaque génération peut à son tour s’engouffrer dans l’offrande éternelle du Christ, offerte pour tous les temps[2] ! »

Si l‘on prend ces paroles au sérieux, on ne peut plus « assister » à la Messe comme d’habitude : on se découvre, dans la foi, au pied de la Croix avec la Vierge Marie, l’Apôtre Jean et Marie-Madeleine… et les deux mille ans qui nous séparent du mystère la Croix sont abolis ! A chaque Messe, qu’elle le sache ou non, qu’elle le veuille ou non, l’histoire du monde elle-même tourne autour de l’Hostie Sainte. Car à chaque Messe m’est offert la folie de « la Présence réelle » : ce « cri » silencieux de l’Amour infini qui m’appelle dans le Cœur ouvert de Jésus par la lance ! (Jn 19,34).

Et moi, pauvre pécheur, je dois être « la petite goutte d’eau qu’absorbe le vin de messe. Et le vin de messe devient le Sang de l’Homme-Dieu. Et l’Homme-Dieu est substantiellement uni à la Très Sainte Trinité. La petite goutte d’eau est emportée dans le fleuve de vie de la Trinité Sainte[3]… »

Devant un tel Mystère d’amour où Dieu s’offre à nous dans une indicible fragilité, il ne faut pas s’étonner que l’Ennemi de l’Eglise vienne déployer jusqu’au bout sa révolte : en effet, l’ultime attaque de Satan à la fin des temps s’opérera sur la Sainte Messe pour la relativiser, la chosifier, la nier, la protestantiser et c’est déjà très avancé : trop souvent, le sens du silence et de l’adoration a disparu…  Cette tendance vérifiable s’est en effet généralisée : Une liturgie démesurée de la Parole et une liturgie de l’Eucharistie express ; un style de communion souvent irrespectueux et très peu ou pas d’action de grâce en silence ; beaucoup de chants et de paroles fraternelles et plus de « recueillement sacré ». Le sens premier de la Sainte Messe a disparu : une « Rencontre » unique et profonde avec Jésus qui vient au fond de mon cœur… L’Amour jaillit du silence et me donne ce « regard nouveau » pour aimer comme Lui !

Il est urgent de le redécouvrir « encore et encore » avec une foi renouvelée par la contemplation : « Un Mystère, une Présence, remplit la plus pauvre des églises catholiques. Elle est habitée… Elle possède la Présence réelle, la présence corporelle du Christ, le lieu où le suprême Amour a touché notre nature humaine pour contracter avec elle des noces éternelles… le foyer de rayonnement capable d’illuminer tout le drame du temps et de l’aventure humaine[4] ! »

+M Mickaël

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[1] Dans son livre : « Méditation sur l’Eglise ».

[2] Cardinal Journet, Missel pour la forme extraordinaire du rite romain, Edition Sainte Madeleine, 2022, p.1031.

[3] Cardinal Mercier, Missel, op.cit., p.1019.

[4] Cardinal Charles Journet, Entretiens sur l’Eucharistie, Parole et silence 2000, p.59.




La Veuve de Naïm et la Révélation de la Miséricorde ! Le mystère caché de la Mère de l’Eglise…

« A sa vue, le Seigneur eut compassion d’elle… »

Luc 7,13

       Quel Evangile bouleversant où se cachent le mystère de l’Eglise et de la Mère de l’Eglise ! Car comment ne pas voir se profiler derrière la douleur de cette mère qui perd un fils unique, cette autre Mère transpercée d’une immense douleur au pied de la Croix de son Fils ? Dans sa Sagesse éternelle, comment le Cœur de Jésus, bouleversé devant cette veuve de Naïm, n’aurait-il pas entrevu le Cœur douloureux de sa Mère ? On peut donc considérer que cet Evangile implique une perspective mariale, tout en étant d’abord ecclésial comme le souligne magnifiquement Saint Ambroise :

« La divine miséricorde se laisse vite fléchir par les gémissements de cette mère. Elle est veuve ; les souffrances et la mort de son fils unique l’ont brisée… Il me semble que cette veuve, entourée de la foule du peuple, est plus qu’une simple femme méritant par ses larmes la résurrection d’un fils, jeune et unique. Elle est l’image même de la sainte Eglise qui, par ses larmes… obtient de rappeler à la vie le jeune peuple du monde…

Et Ambroise poursuit en nous emmenant au plus profond du mystère de l’Eglise :

« Car à la parole de Dieu les morts ressuscitent, ils retrouvent la voix et la mère recouvre son fils ; il est rappelé de la tombe, il est arraché au sépulcre. Quelle est cette tombe pour vous, sinon votre mauvaise conduite ? Votre tombeau, c’est le manque de foi… de ce sépulcre, le Christ vous libère ; vous sortirez du tombeau si vous écoutez la parole de Dieu. Et si votre péché est trop grave pour que puisse le laver les larmes de votre pénitence, qu’interviennent pour vous les pleurs de votre mère l’Eglise… Elle intercède pour chacun de ses enfants, comme pour autant de fils uniques. En effet, elle est pleine de compassion et éprouve une douleur spirituelle toute maternelle lorsqu’elle voit ses enfants entrainés à la mort par le péché[1]… »

On pourrait reprendre ces paroles inspirées de Saint Ambroise dans un sens marial car elles décrivent aussi la compassion de la Vierge pour tous ses enfants… N’est-Elle pas la « Mère de l’Eglise » comme l’a proclamé avec tendresse le Pape Paul VI : « C’est donc l’âme pleine de confiance et d’amour filial que nous levons les yeux vers elle, malgré notre indignité et notre faiblesse. Elle qui nous a donné avec Jésus la source de la grâce, ne manquera pas de secourir l’Eglise[2]… »

L’Evangile selon Saint Luc est le seul à rapporter cet épisode de la veuve de Naïm où une mère pleure un fils décédé. Aujourd’hui, dans les pièges et les crevasses de la mort, toute une jeunesse bascule en particulier dans les sortilèges des ténèbres… et si beaucoup de mères pleurent sur leurs enfants, notre Mère du Ciel ne cesse de verser des larmes[3] sur ses enfants qui se perdent en s’éloignant dangereusement de son Fils : Lui qui est crucifié pour tous !

Les larmes maternelles de Marie sont le signe de l’extrême tendresse de Dieu. Car ces larmes de la Mère de l’Eglise prolongent le temps de la miséricorde et nous ouvrent la porte du Cœur de Dieu, ouvert sur la Croix : là, jaillit à l’infini la divine miséricorde !… C’est pourquoi abuser de ce « temps béni » est gravissime car, même s’il se prolonge, il ne reviendra pas… et il faut se souvenir encore ici de la parole de Jésus miséricordieux à Sainte Faustine où il évoque un « trop tard » :

« Ô malheureux, qui ne profitez pas maintenant de ce miracle de la miséricorde divine ; en vain vous appellerez, il sera déjà trop tard[4]… »

Il y a donc un « maintenant de la Miséricorde », un rendez-vous plus qu’urgent que Jésus appelle « un miracle » : il doit bouleverser et faire basculer nos cœurs, où que nous en soyons ! Car n’oublions jamais que si l’infinie miséricorde de Dieu manifestée en son Fils crucifié est refusée, oubliée, piétinée, ridiculisée par le plus grand nombre : un jour que Dieu seul sait, le Père exercera alors sa « justice » dont le regard fera la lumière sur chaque instant de nos vies : moment vertigineux de vérité où la plus terrible douleur sera d’avoir ignoré, relativisé ou, pire, refusé son infinie tendresse à travers son Fils bien-aimé !

Puissions-nous nous « réveiller » de la terrible confusion et illusion du « sommeil de la mort » pour ne jamais entendre cette terrible parole de Dieu aux vierges folles sidérées : « En vérité, je vous le dis, je ne vous connais pas ! Veillez donc, car vous ne savez ni le moment, ni l’heure ! » (Mt 25,12-13).

Nous sommes donc prévenus… et c’est « maintenant », si pauvres et fragiles sommes-nous, qu’il faut se rapprocher de Jésus. Dans ses révélations à Sainte Faustine, le Sauveur avait souhaité que les âmes l’invoquent « avec le cœur » à travers une courte prière. Faustine lui proposa des formules connues, mais le Seigneur les écarta et lui proposa celle si connue aujourd’hui :

« Jésus, j’ai confiance en toi ! … »

Que la confiance « immédiate » en la miséricorde de Dieu nous donne ce regard évangélique nouveau qu’avait petite Thérèse :

« A moi, Il a donné sa Miséricorde infinie et c’est à travers elle que je contemple et adore les autre perfections Divines !… Alors, toutes m’apparaissent rayonnantes d’amour, la Justice même me semble revêtue d’amour… Quelle douce joie de penser que le Bon Dieu est Juste, c’est-à-dire qu’Il tient compte de nos faiblesses, qu’Il connaît parfaitement la fragilité de notre nature. De quoi donc aurais-je peur ? Ah ! le Dieu infiniment juste qui daigna pardonner avec tant de bonté toutes les fautes de l’enfant prodigue, ne doit-Il pas être Juste aussi envers moi qui « suis toujours avec Lui » ? (Lc 15,31) … J’ai reçu la grâce de comprendre plus que jamais combien Jésus désire être aimé[5] »

Ainsi, que notre seule crainte ne soit pas d’avoir un cœur pauvre, mais un cœur partagé. Que Marie, Epouse de l’Esprit, nous plonge en Lui par ses mains de tendresse…

+M Mickaël

 


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[1] Saint Ambroise, Traité sur Saint Luc, Missel forme extraordinaire du rite romain, p.901.

[2] Saint Paul VI, Signum Magnum, 13 mai 1967.

[3] La statue de Notre Dame d’Akita a versé des larmes plus de cent fois…  Comme à Syracuse en Italie et dans tant d’autres lieux !

[4] Sainte Faustine, Petit journal, 1448.

[5] Sainte Thérèse de Lisieux, Œuvres complètes, Manuscrit A, Cerf – DDB, 1996, p.211-212.




Jésus est-il encore dans la barque de l’Eglise ?

« La barque était recouverte par les vagues. Mais Lui dormait… »

Matthieu 8,24

Après plus de 2000 ans, l’Eglise est toujours là… même si, aujourd’hui, de terribles attaques la menace de l’intérieur comme jamais. Ne vivons-nous pas en effet une « relativisation » stupéfiante des fondamentaux de la foi quand un silence s’installe sur la sainte Tradition ? N’assistons-nous pas à une réinterprétation globale de la mission de l’Eglise quand l’annonce de la vérité évangélique est oubliée ou annoncée du bout des lèvres ? Où est passée l’assurance de Pierre dans l’annonce de la Parole ? (Ac 2,14-41). Le feu de l’Esprit qui brûlait Saint Paul pour révéler le Christ vivant a-t-il donc disparu ? (1 Co 2,1-16). Où sont passés le sens du sacré et le silence de l’adoration dans la célébration de la sainte Messe ?

Alors, Jésus est-il toujours dans la barque de l’Eglise ? Cette question peut paraître insensée, car ce serait oublier la promesse absolue que le Seigneur nous a faites à travers Pierre qui a reçu la « Révélation » du « Père » … en effet, après sa Profession de foi messianique en Jésus, « le Fils du Dieu vivant ! » (Mt 16,15). Il devient par « la béatitude de sa foi » le fondement de toute la foi de l’Eglise :

« Heureux es-tu, Simon fils de Jonas, car cette Révélation t’est venue, non de la chair et du sang, mais de mon Père qui est dans les cieux. Eh bien moi, je te dis : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et les portes de l’Enfer ne seront pas plus forte qu’elle ! »

(Mt 16,17-18)

Tel est le « Roc » de notre foi pour la traversée de l’histoire par l’Eglise : Jésus est et sera toujours dans la barque de l’Eglise ! Et pourtant, durant la redoutable tempête sur le lac de Tibériade, les Apôtres se sont sentis « perdus » en se heurtant au silence de Jésus… donc à cette terrible épreuve de se sentir seul face au sommeil du Maître ! Et nous aussi, bien des fois, dans notre ressenti des épreuves de la foi, il nous semble être « seuls » face à l’apparent silence de Dieu…

Cela peut nous apparaître d’ailleurs « cruel » car le Seigneur semble nous oublier, alors que la barque est « couverte par les vagues » (Mt 8,24) et que, déjà, elle se « remplit d’eau ! » (Mc 4,27). Alors, la barque de la foi de l’Eglise va-t-elle couler et disparaître ? Saint John Henri Newman, le Saint le plus « branché[1]» de notre époque, a donné une réponse si « juste » à cette question en condensant l’intuition théologique de toute la Tradition :

« L’Eglise a ce privilège spécial, que ne possède aucune autre religion, de savoir qu’ayant été fondée lors de la première venue du Christ, elle ne disparaîtra pas avant son retour…

Cependant, dans chaque génération, il semble qu’elle succombe et que ses ennemis triomphent. Le combat entre l’Eglise et le monde a ceci de particulier : il semble toujours que le monde l’emporte sur elle ; mais c’est elle, en fait, qui gagne. Ses ennemis triomphent constamment, la disant vaincue ; ses membres perdent souvent l’espoir. Mais l’Eglise demeure[2]… »

Evidemment, cette « certitude » de la foi de l’Eglise ne doit pas alourdir notre cœur dans l’indolence. Bien au contraire, la ferveur de notre foi doit reposer sur la vigilance incessante de la prière… comme nous y invite jour après jour le Rosaire de Marie et la prière de Jésus !

Cependant, une question lancinante demeure le « cœur caché » de cet Evangile : pourquoi Jésus dort-il au moment où les Apôtres ont le plus besoin de lui ? Pourquoi les laisse-t-il seul quand la mer déchaînée est en train de les engloutir ?… On peut vraiment envisager que le Seigneur dormant veut faire jaillir de leur cœur ce « cri sublime de la foi » ! C’est ce cri vers Lui qui fonde l’Eglise sur Lui… et il ne faut jamais l’oublier en nos vies quand, dans l’épreuve, nous nous sentons seuls et abandonnés : c’est alors le moment de « crier notre foi » en l’appelant avec force et persévérance !

Tel est d’ailleurs plus tard la prise de conscience « majeure » des Apôtres qui doit être aussi celle de l’Eglise de tous les temps : « Seigneur, augmente en nous la foi ! » (Lc 17,5). Ce second cri des Apôtres doit devenir chaque jour « le nôtre » en suppliant Jésus de fortifier et faire grandir notre foi…

Il faut se tourner ici comme toujours vers la Vierge Marie : n’est-elle pas « la Femme bénie entre toutes les femmes » et « Reine de la foi » ? Au tout début de l’Evangile, à la Visitation, Elisabeth le proclame : « Et comment m’est-il donné que la Mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?… Oui, bienheureuse celle qui a cru en l’accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur ! » (Lc 1,42-45). Ainsi, « la foi de la Vierge Marie change le cours de l’histoire… car désormais l’histoire des hommes n’est plus aveugle, elle a un sens et un sens heureux[3] ! »

Alors, n’oublions jamais qu’au plus profond de notre grâce baptismale, nous sommes appelés à cette « plénitude de la foi » qui faisait dire à Sainte Elisabeth de la Trinité ces paroles si fortes et si vraies qui viennent fortifier notre foi :

« Voici la foi, la belle lumière de foi, qui m’apparaît. C’est elle seule qui doit m’éclairer pour aller au-devant de l’Epoux[4]… » même si « la foi, c’est le face à face dans les ténèbres[5] ! »

« Qu’importe à l’âme de sentir ou de ne pas sentir, d’être dans la nuit ou la lumière… Elle exalte son Maître sur la plus haute cime de la montagne de son cœur[6] ! »

« Il faut la foi qui regarde et qui prie sans cesse[7]… Crois toujours à l’Amour ! C’est si bon la foi, c’est le Ciel dans les ténèbres, mais un jour le voile tombera et nous contemplerons en sa lumière Celui que nous aimons[8] ! »

+Marie-Mickaël

 

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[1] Voir article du Père Keith Beaumont sur le net dans « Aleteia » : « Le Cardinal Newman, le Saint le plus « branché » de notre époque », 14 octobre 2019.

[2] Saint John Henry Newman (1801 – 1890), « Faith and Experience », 2,4. Sermon on Subjects of the Day, n°6.

[3] Fr. Manuel Rivero, O.P., Zenith – Le monde vu de Rome, 25 mars 2021.

[4] Elisabeth de la Trinité, Œuvres complètes, Cerf 1991, Dernière retraite 10.

[5] Lettre 193.

[6] Dernière retraite 11.

[7] Note intime 14.

[8] Lettre 162.




Le repos est paix du coeur…

Juste avant un mois de trêve d’été, je veux aborder quelque peu avec vous ce que signifie la notion de repos, de recul, de vacances, ou de « faire un break » comme on dit parfois selon l’expression anglaise qui invite à une pause… Jésus, lui-même en a ressenti le besoin pour ses Apôtres comme le signale clairement l’Evangile de Saint Marc :

« Les Apôtres se réunirent auprès de Jésus et ils lui rapportèrent tout ce qu’ils avaient fait et tout ce qu’ils avaient enseigné. Alors, il leur dit : « Venez à l’écart, dans un lieu désert, et reposez-vous un peu… Ils partirent donc dans la barque, seuls, vers un endroit désert… »

Marc 6,30-32

Il y a d’abord ici une relecture de leur activité missionnaire sous le regard du Maître. Et cette approche les décentre d’eux-mêmes. La mission est en vérité un regard et une parole qui tourne vers un Autre pour l’annoncer aux autres… Ce principe est capital pour éviter une attitude où peut s’infiltrer l’orgueil : car dans l’Evangélisation, l’humilité pousse sans cesse à s’effacer devant le Seigneur pour que ce soit « Lui » qui parle à travers nous…

Et puis, comme souvent, Jésus a dû surprendre ses Apôtres en les invitant à tout laisser pour partir « ailleurs » : « Venez à l’écart, dans un lieu désert… » Cela veut dire que l’appel du repos implique un arrêt du répétitif quotidien, et même de la mission, pour un déplacement vers un lieu nouveau… peu importe qu’il soit proche ou lointain : l’essentiel est de partir ailleurs ! Et une fois ce cadre posé, la détente consiste à vivre un autre rythme où domine le repos global : certes, celui du corps, mais aussi et surtout celui du cœur : « prendre le temps » de vivre pour réapprendre à regarder et écouter… bref, réouvrir son être à la beauté de la Création pour retrouver la paix du cœur[1]

En plein milieu de leur activité missionnaire, c’est ce que Jésus choisit pour ses Apôtres quand il monte avec eux dans la barque pour aller « vers un endroit désert… » dont il annonce la finalité : « reposez-vous un peu… » Et c’est ici qu’il est bon d’écouter Saint Augustin sur le sens ultime du repos :

« Tu nous a créés pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose en Toi [2]… »

Quelle parole de lumière pour notre civilisation fermée au silence contemplatif ! Saint Thomas d’Aquin va dans le même sens quand il médite sur le repos du Dimanche réservé au Seigneur : « En vivant pleinement le Dimanche, je prépare mon repos définitif au Ciel ! » Toute cette sagesse chrétienne nous renvoie en vérité au cœur de l’Evangile… et durant ce temps de vacances, laissons « résonner » ces paroles fulgurantes de Jésus qui viennent épouser et transfigurer notre quotidien. Là, se trouve le secret de l’éternelle paix :

« Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi je vous donnerai le repos… Mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour vos âmes… » (Mt 11,28-29).

+Marie-Mickaël

Photo d’illustration : Ile de Patmos où Jean reçu l’Apocalypse.

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[1] Saint Augustin a cette parole immense de sagesse à méditer : « La paix, c’est la tranquillité de l’ordre… »

[2] Saint Augustin, Les Confessions, Livre 1.




La Femme revêtue de soleil face au Dragon rouge-feu : l’ultime combat commence !

« Un grand signe apparut dans le Ciel : une Femme !

Elle est vêtue du soleil, la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête…

Puis un autre signe apparut dans le ciel : un énorme Dragon rouge feu ! »

Apocalypse 12,1-3

 

Si nos yeux sont ouverts dans la foi et l’espérance, nous voyons bien que des signes fulgurants traversent de plus en plus l’actualité : une 3° guerre mondiale imminente possible avec son terrible risque nucléaire… un écroulement économique qui s’accélère avec un ensauvagement de la société… une évolution numérique puissante et omniprésente qui prépare le marquage de l’humanité… une transformation de l’Eglise en ONG humaniste qui trahit de plus en plus sa mission universelle de toujours : annoncer le salut dans le Christ… une non-écoute de cette même Eglise des messages urgents de la Vierge Marie qui nous appelle urgemment à la conversion évangélique pour nous éviter le pire !

Il est plus que temps de se réveiller et d’éviter deux erreurs fatales :

S’endormir dans le piège de la relativisation…

Céder à la peur en vivant dans le trouble qui tue l’espérance !

En réalité, la seule attitude mariale qui doit dominer notre foi chrétienne est celle, centrale, de l’Evangile de Saint Jean : « être debout » avec Marie au pied de la Croix, les yeux du cœur fixés sur Jésus, notre Unique Sauveur ! Car, dans cette accélération inouïe de la fin des temps, nous sommes arrivés au point majeur de l’histoire humaine et au cœur de tous les combats autour de ce qui fait « la vocation profonde de l’Eglise[1] » : là, apparaît « la Femme enveloppée de soleil » dans le chapitre central de l’Apocalypse (Ap 12,1-17). Et nous sentons bien que ce n’est pas un combat de plus ou une situation internationale de « déjà-vu », si grave soit-elle. Nous sommes au bord d’un abîme où l’histoire de l’humanité peut s’arrêter face au naufrage d’une guerre nucléaire mondiale…

Nous voici donc entrés dans l’ultime supplication du « Rosaire de Marie » qui, seul, fait reculer « encore » cette affreuse issue pour le monde actuel. Mais au plus profond de notre cœur qui espère et s’appuie sur la Parole de Dieu et les prophéties mariales, nous savons que Dieu ne permettra pas à Satan l’effacement total de l’humanité… Il n’en reste pas moins qu’à travers les annonces prophétiques de la Sainte Vierge, le danger d’une terrible 3° guerre mondiale, en partie nucléaire, est désormais au-dessus de nos têtes…

Sortons donc de ces « illusions » du monde actuel qui nous aveuglent et vivons un « nouveau réveil » dans notre vie baptismale : cela consiste à ne plus croire aux fausses promesses de cette civilisation décadente dont « l’identité numérique » prochaine conduit directement à la « domination » de la marque de la Bête[2]… Face à ce péril redoutable, entrons dés maintenant en résistance par « l’Arme puissante et quotidienne » du saint Rosaire de Marie, une vie sacramentelle fervente, et cette espérance « invincible » que nous donnera l’Esprit Saint !

Ainsi, frères et sœurs bien-aimés en Jésus et Marie, demeurons fermes dans cette joie de la foi et cette force de l’espérance qui ne viennent que de Dieu seul ! Et préparons-nous avec ferveur à « l’Avertissement » en écoutant les avertissements du Seigneur dans l’Apocalypse de Saint Jean :

« Ne tient pas secrètes les paroles de ce livre, car le Temps est proche ! Que le pécheur pèche encore, et que l’homme souillé se souille encore ; que l’homme de bien vive encore dans le bien, et que le saint se sanctifie encore. Voici que mon retour est proche !… Je suis l’Alpha et l’Omega !… le Principe et la Fin !… »  (Ap 22,10-13).

 

+Marie-Mickaël

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[1]  Lire le n° 51 de Lumen gentium du Concile Vatican II.

[2] Voir la vidéo de la scientifique Anne-Marie Yim sur l’intelligence artificielle dans « la Voix de Dieu magazine » du 1 juillet 2024 : « L’Identité numérique est la marque de la Bête 666 ».




Saint Jean – Apôtre bien-aimé du Seigneur ! – Final

« Tous d’un même cœur, étaient assidus à la prière avec quelques femmes,

dont Marie, Mère de Jésus… »

Actes 1,14

 

Dès le début des Actes des Apôtres, et en vue de la Pentecôte, Marie est déjà le cœur caché de l’Eglise en prière : Elle est là, aussi discrète que puissante dans « l’Attente » de la venue de l’Esprit à la Pentecôte… Et c’est Elle encore qui, aux noces de Cana, lance le ministère de Jésus !… Provoquant son premier miracle, Elle se lance dans un dialogue où l’humilité traversée par la confiance laisse deviner sa future intercession puissante dans l’Eglise :

« Le Troisième jour, il y eut des noces à Cana en Galilée. La Mère de Jésus était là… Jésus fut aussi invité à ces noces, ainsi que ses disciples. Or, il n’y avait plus de vin, car le vin des noces était épuisé. La Mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont plus de vin ! » Jésus lui répond : « Que me veux-tu, Femme ? Mon heure n’est pas encore venue ! » Sa Mère dit aux servants : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le ! » (Jn 2,1-5)

Dans la lumière de ces textes sacrés, nous allons entrer ici dans la méditation finale de la prière de chaque lundi à Saint Jean Apôtre, en nous arrêtant sur les derniers versets :

Par l’intercession de Marie, notre Mère, (Ac 1,14 / Jn 2,1-5) aide-nous à accueillir, jour après jour, « l’onction du Saint-Esprit » … (1 Jn 2,18-28).

Depuis le mystère révélé de son Immaculée Conception[1], Marie et l’Esprit sont unis à un tel point que Saint Maximilien-Marie Kolbe a pu dire : « On peut affirmer que l’Immaculée est, en un certain sens, « l’incarnation de l’Esprit-Saint ». En elle, c’est l’Esprit-Saint que nous aimons, et par elle, le Fils… La Vierge Marie existe pour que soit mieux connu l’Esprit-Saint[2] ! »

Or, à la fin des temps, Marie envoyée par l’Esprit a reçu mission de rassembler les enfants de Dieu dispersés à travers ses Apparitions. Ainsi, les lieux bénis de ses venues comme Lourdes, Fatima ou Medjugorje (et tant d’autres   …) sont devenus sources de conversion et d’espérance pour des millions de personnes ! Et en ces derniers temps si troublés, la Vierge de lumière nous prépare à tenir « debout dans la foi » en son Cœur Immaculé. Il va devenir le « Refuge ultime » pour le temps de l’Antéchrist qui approche…

Or, Saint Jean Apôtre, quand il dévisage l’Antichrist, nous a aussi prévenu sur la force et la clarté de l’Esprit qui nous sera donné (en Marie…) dans l’épreuve des derniers temps : « Qui est le menteur, sinon celui qui nie que Jésus soit le Christ ? Le voilà l’Antichrist ! Il nie le Père et le Fils. Et quiconque nie le Fils ne possède pas non plus le Père. Qui confesse le Fils possède aussi le Père ! (1 Jn 2,22-23). Et plus loin, Jean décrit l’œuvre de Sagesse qu’opère « l’onction du Saint-Esprit[3] » en ceux et celles qui sont l’Eglise. Ils sont appelés à vivre par Marie le mystère de la Charité (1 Jn 4,7-21) dans une perspective eschatologique :

« Voilà ce que j’ai tenu à vous écrire touchant ceux qui cherchent à vous égarer. Quant à vous, l’onction que vous avez reçu de Lui demeure en vous, et vous n’avez pas besoin qu’on vous enseigne puisque son onction vous instruit de tout… Oui, maintenant, demeurez en Lui, petits enfants, pour que s’il venait à paraître, nous ayons pleine assurance, et non point la honte de nous trouver loin de Lui à son Avènement ! » (1 Jn 2,26-28).

En poursuivant la prière à Saint Jean Apôtre de ce lundi, nous lui demandons :

Fais grandir en nous la certitude de la foi (Lc 18,8)

que « Dieu est Amour » … (1 Jn 4,7-16) 

                Nous demandons ici cette croissance constante de la foi qui est liée à jamais à l’amour : Car « la foi grandit quand elle est vécue comme expérience d’un amour reçu et quand elle est communiquée comme expérience de grâce et de joie ! Elle rend fécond, parce qu’elle élargit le cœur dans l’espérance et permet d’offrir un témoignage capable d’engendrer : en effet, elle ouvre le cœur et l’esprit de tous ceux qui écoutent à accueillir l’invitation du Seigneur à adhérer à sa Parole pour devenir ses disciples. Les croyants, atteste Saint Augustin, « se fortifient en croyant[4] » … sa vie fut une recherche continuelle de la beauté de la foi jusqu’à ce que son cœur trouve le repos en Dieu[5]… » Et Benoît XVI conclut magnifiquement sur « une vérité » si simple et si puissante qu’elle nous échappe la plupart du temps… Elle est cependant « l’unique certitude » qui doit traverser et conduire notre vie :

« Donc, la foi grandit et se renforce seulement en croyant ; il n’y a pas d’autre possibilité pour posséder une certitude sur sa propre vie sinon de s’abandonner, dans un crescendo continu, entre les mains d’un amour qui s’expérimente toujours plus grand parce qu’il a son origine en Dieu[6]… »

En effet, si Dieu n’est pas Amour, l’homme périt dans le désespoir et la violence… Mais si « Dieu est Amour », et il l’est (1 Jn 4,16), alors tout a du sens en son infinie miséricorde qui, à chaque instant, est « penchée sur nous » : là, « le parfait amour bannit la crainte » (1 Jn 4,18) et ouvre la porte de la joyeuse Espérance…

Et riche de cette vérité de la foi, cette prière à Saint Jean conclut sur une des réalités qui est au cœur de nos combats spirituels :

Lui qui est « plus grand que notre cœur », (1 Jn 3,20)

et nous connaît en sa Miséricorde… (Jn 21,15-17)

                   Jean pose un regard d’une telle justesse sur l’homme pécheur face au Dieu-Amour :

« Si notre cœur nous accuse, Dieu est plus grand que notre cœur et il connaît tout ! » Ainsi, sans nier la réalité accablante du péché au cœur de nos vies, l’Apôtre bien-aimé nous fait basculer du côté de l’immensité du Cœur de Dieu : sans nier sa justice, Dieu nous « connaît » et nous « approche » d’abord dans l’indicible Regard de sa Miséricorde…

 

Alors, si sous crions avec l’Orient chrétien : « Jésus, Fils de Dieu Sauveur, aie pitié de moi pécheur ! » Si nous supplions la Vierge dans le Rosaire : « Sainte Marie, Mère de Dieu, prie pour nous pauvres pécheurs ! » C’est que nous sentons chaque jour le poids de notre misère… mais ce n’est pas un cri de désespoir, car au plus profond de nous la foi dit sans cesse que « Dieu est plus grand que notre cœur ! » Et en réalité, « le simple aveu de mon péché devient un moyen de me remettre à toi, Seigneur, jusque dans les profondeurs insoupçonnées de moi. Je prends contre moi ton parti et voici que je ne suis plus avec moi, mais avec toi[7]… »

Telle est la source de la paix : Si le passage de la mer Rouge a une admirable signification pour la foi de chacun et chacune de nous … (Ex 14,15-31) Cela implique que les plus grands moments où surabonde la grâce en nos vies ne sont pas dans le confort spirituel mais dans ces épreuves de la foi qui faisaient dire à Saint Paul : « Je me complais dans les faiblesses, les outrages, les détresses endurées pour le Christ ; car lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort ! » (2 Co 12,10). Quand l’Eglise oublie ou résiste à cette vérité évangélique majeure, elle bascule dans l’esprit du monde et trahit l’Evangile ! Car seule la foi qui prie et persévère peut « traverser victorieusement » les tentations multiples du péché et les apparences invincibles du monde ! Oui, seule la foi prépare la voie à la puissante espérance qui ouvre la porte du Cœur de Dieu…  La paix est donc d’un autre ordre que le senti, elle vient des profondeurs de la foi vive qui peut toucher en toute circonstances la Présence toujours offerte du Dieu de la paix.

La sagesse biblique nous montre que les plus grands rendez-vous de nos vies sont dans ces « Pâques de la foi », ces terribles passages ou tout semble perdu et sans issue. Ces pâques viennent souvent à nous revêtues d’obscurité ou d’injustice, de scandale ou de terribles imprévus : une maladie qui surgit, la perte d’un être cher, une trahison qui fait mal, une injustice sociale, une agression qui entraîne la révolte, une épreuve qui met en lumière ma propre misère au regard des autres… tant d’évènements tragiques et douloureux où l’on n’a plus, comme on dit, que ses yeux pour pleurer !

Et pourtant, tout en restant plein de compassion et de respect pour les cœurs qui souffrent, c’est le moment où il ne faut pas surtout pas « tromper son cœur ». C’est l’instant d’une Révélation qui peut bouleverser ma vie pour toujours : quand on n’a plus aucun recours du côté des hommes, on commence à être seul avec Dieu… On découvre comme Abraham à Mambré qu’Il est là (Gn 18,1-15) au cœur de notre vie, et qu’Il sait tout de moi dans le silence de son Regard : « J’ai vu la détresse de mon peuple » (Ex 3,7). Il voit celle de notre cœur…

 

                                                                                               +Marie-Mickaël

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[1] Souvenons-nous des paroles mystérieuses de la Vierge à Sainte Bernadette de Lourdes que la petite rapportera à l’Abbé Dominique Peyramale qui en sera bouleversé : « Je suis l’Immaculée Conception ! » (25 mars 1858). Le dogme de l’Immaculée Conception de Marie avait été proclamé le 8 décembre 1854 par le Pape Pie IX dans la bulle « Ineffabilis Deus ».

[2] Conférence du 5 février 1941 et du 25 septembre 1937.

[3] « Quant à vous, vous avez reçu l’onction venant du Saint, et tous vous possédez la science… » (1 Jn 2,20).

[4] De utilitate credendi, 1,2.

[5] Voir Augustin d’Hippone, Confessions, 1,1.

[6] Benoît XVI, Porta Fidei – La Porte de la Foi, Lettre Apostolique pour « l’Année de la Foi », 11 octobre 2011, n°7.

[7] Jean Laplace, L’Epître de Jean – Discernement pour un temps de crise, Chalet 1978, p.114-115.




Le Refuge ultime : l’Arche du Cœur de Marie …

« Le Seigneur est un Refuge pour le pauvre

aux jours de détresse… »

Psaume 9,10

 

Les derniers temps sont à notre porte et, à l’image de Noé, l’Esprit nous appelle à « entrer » plus que jamais dans l’Arche bénie du Cœur de son Epouse :

« La terre se pervertit au regard de Dieu et elle se remplit de violence car toute chair a une conduite perverse !…  Dieu dit à Noé : « Entre dans l’Arche, toi et toute ta famille… » Genèse 6,11-12 et 7,1

Et dans l’Arche actuelle du Cœur de Marie, nous serons fidèles chaque jour à la méditation de la Parole de Dieu et à la puissance priante du saint Rosaire ! Demeurant dans le bonheur et la vigilance de « l’état de grâce », nous veillerons à ce que notre vie sacramentelle soit régulière et fervente ! Et ainsi, nous serons d’abord ces signes silencieux d’espérance et de paix dans un monde saturé d’informations, de violence et de vide… La folle « dispersion » provoquée par la puissance médiatique est notre premier ennemi et la parole du Seigneur doit nous réveiller :

« Veillez et priez en tout temps, afin d’avoir la force d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme ! » Luc 21,34-36

Dans cette civilisation au bord du gouffre, le « Grand Combat » entre la Femme et le Dragon est entré dans sa phase finale. Il est donc primordial de chercher d’abord « protection » auprès de la Mère de l’Eglise et de l’humanité pour que ne faiblisse pas notre espérance ! Et, en ces temps redoutables où l’Ennemi nous menace du feu de l’Enfer, Marie s’offre à nous comme « l’Arche nouvelle », l’autre nom du « doux Refuge » offert à notre fragilité…

Laissons-nous donc emporter par les paroles de lumineuse tendresse de la Vierge à travers un de ses grands témoins :

« Mon Cœur Immaculé ; c’est votre Refuge le plus sûr et le moyen de salut que Dieu donne en ce moment à l’Eglise et à l’humanité… Quiconque n’entre pas dans ce Refuge sera emporté par la Grande Tempête qui a commencé à faire rage… C’est le « Refuge » que votre Mère céleste vous a préparé. Ici, vous serez à l’abri de tout danger et, au moment de la Tempête, vous trouverez la paix[1]… »

 

                                                                                                                                                       + Marie-Mickaël

 

[1] Livre Bleu, Notre Dame au Père Don Gobbi, Fondateur du MSM, le Mouvement sacerdotal Marial international.




Le Christ trouvera-t-il la foi sur la terre ?

« Veillez et priez en tout temps

afin d’avoir la force d’échapper à tout ce qui doit arriver,

et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme ! »

Lc 21,36

 

Dans un Evangile de la Parousie[1], Jésus pose une question qui devrait remuer nos cœurs et contredire cette tranquillité trompeuse issue du monde… Sommes-nous dans l’illusion d’une paix fragile de surface ou vivons-nous de cette paix profonde issue de la foi ? La question centrale du Seigneur Jésus est plus que jamais d’actualité :

« Le Fils de l’homme, quand Il viendra,

trouvera-t-Il la foi sur la terre ? »

Lc 18,8

Cette interrogation du Seigneur devient de plus en plus lancinante en ce début du III° millénaire. Ne voyons-nous pas trop souvent une Eglise qui a peur ou pactise, témoigne du bout des lèvres ou même se tait devant les sordides délires de notre temps ? Où sont les voix libératrices des Saint Augustin et des Saint Jean Chrysostome ? En réalité, une Eglise qui néglige ou oublie l’urgence missionnaire qu’implique la Parousie n’est plus rayonnante de l’Evangile !… Elle a perdu « le feu missionnaire » en se noyant dans les priorités du monde. L’urgence climatique et la lutte contre les inégalités sont devenues plus urgentes que l’Adoration eucharistique où Dieu peut tout ! Et le silence actuel de l’Eglise sur l’Annonce du Christ « Lumière du monde » est tragique ! Il a et aura de terribles conséquences…

A son retour, Jésus trouvera-t-il la foi sur la terre ? Comment ne pas penser qu’à l’intérieur de cette question, Il ne se réfère implicitement à l’Adorable Eucharistie : l’œuvre de Dieu n’est-elle pas de croire en Celui qu’Il a envoyé ? (Jn 6,29). Or, voici que le Christ mène cette foi encore plus loin : « Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui ! » (Jn 6,56).

Il est grand le mystère de la foi ! L’Eucharistie est le trésor suprême qui fait l’Eglise[2]. Et si elle perdait la foi en l’Eucharistie, l’Eglise perdrait tout en renonçant à son identité profonde…

C’est sans doute pourquoi, à la fin de son Pontificat, Saint Jean-Paul II a tant insisté sur « l’ars celebrandi » que tous doivent exercer à la Sainte Messe :

« A travers les rites et les prières, il faut se laisser rejoindre et envahir intimement par le mystère… pour que la liturgie puisse marquer toujours davantage la vie des personnes et des communautés, en devenant source de sainteté, de communion et d’élan missionnaire[3] ! »

Comme elle est vraie et vitale l’intuition de Jean-Paul II de « se laisser rejoindre et envahir » par l’ineffable Présence du Christ dans son Eucharistie. Là, comme nulle part ailleurs, l’homme se découvre « aimé de Dieu » : En effet, « toutes les religions sont les voies où l’homme cherche Dieu. Elles sont multiples. La Révélation chrétienne est unique car c’est Dieu qui trouve l’homme[4]. »

C’est en approchant de la Sainte Eucharistie que nous apprenons à aimer en nous laissant aimer. N’est-ce-pas ici le sommet de la foi chrétienne ? L’approche réaliste et saisissante de Sainte Thérèse d’Avila vient nous aider à le saisir en ouvrant véritablement les yeux de la foi… car si nous n’avons pas encore « la joie de le contempler avec les yeux du corps, tant Il se cache, Il se dévoile du moins aux yeux de l’âme et se manifeste à elle… c’est la foi qui me dit qu’Il est là et c’est une vérité certaine : tant que les accidents du pain ne sont pas consumés par la chaleur du corps, le Bon Jésus est en nous… Sous les accidents du pain, Il est d’un accès facile… Alors, approchons-nous de Lui !

Quand il était en ce monde, le simple contact à ses vêtements guérissait les malades (Mc 5,25-34) ; Pourquoi douter, si nous avons la foi, qu’Il ne fasse encore des miracles, quand Il nous est si intimement uni[5] ? »

+Marie-Mickaël

 

[1] Parousie, du grec parousia, signifie ordinairement « Présence » (être là) ou « venue ». Cela désigne l’Avènement du Seigneur, de son « Jour ». Attendue avec amour, la Parousie provoque un éveil, une conduite nouvelle, une conversion permanente…

[2] On connaît la célèbre formulation du Père de Lubac dans son livre phare, « Méditation sur l’Eglise » : « L’Eglise fait l’Eucharistie et l’Eucharistie fait l’Eglise ! »

[3] Malade et sans voix, le Saint-Père a envoyé ce message de la polyclinique Gemelli le 3 mars 2005.

[4] Paul Evdokimov, Les âges de la vie spirituelle.

[5] Sainte Thérèse de Jésus, Le chemin de la perfection, chapitre 36.