Fête du Cœur Immaculé de Marie 2023

Fête du Cœur Immaculé de Marie 2023 

  Evangile de Jésus-Christ selon Saint Luc : 2,41-51

Méditation Evangélique Mariale :

« Au plus beau sens du terme, Elle sait l’Evangile « par Cœur… »

                                                                                                   +M-Mickaël

La première impression qui se dégage de cet Evangile de l’Enfance est d’un côté, la liberté de mouvement et de relation qu’avait l’Enfant-Jésus : « Le croyant dans la caravane, ils firent une journée de chemin avant de le chercher… » (Lc 2,44). Et de l’autre, l’obéissance du Fils du Père à Joseph et Marie : « Il redescendit avec eux à Nazareth, et il leur était soumis… » (Lc 2,51). Au milieu, il y a le dialogue avec les docteurs de la Loi « stupéfaits de son intelligence et de ses réponses ! » (Luc 2,47). Et la réponse de l’Enfant-Dieu à ses parents angoissés : « Pourquoi donc me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas que je dois être aux choses de mon Père ? » (Lc 2,49). Ici, Jésus manifeste pour la première fois sa conscience d’être « le Fils du Père » qui passe avant sa famille humaine. Il faudra attendre 18 ans dans le silence de l’humilité pour que le Seigneur commence à se révéler à travers le regard de Jean-Baptiste : « Regardant Jésus qui passait, il dit : « Voici l’Agneau de Dieu ! » (Jn1,36).

        Comme Joseph et Marie, nous pouvons être souvent « dans l’étonnement » (Lc 2,33) et, bien des fois, « ne pas comprendre la parole » du Sauveur ! (Lc 2,50). C’est pourquoi il faut suivre le chemin de la Mère de Jésus : « Quant à Marie, elle gardait avec soin ces paroles, en les méditant en son cœur… » (Lc 2,19 et 51). Ainsi, au début des derniers temps, ce Cœur Immaculé qui s’est spécialement révélé à Fatima nous renvoie, de fait, au cœur de l’Evangile car il n’était pas facile de croire que Dieu pouvait « se faire chair » en revêtant notre fragilité humaine et en se cachant dans la simplicité du quotidien… Et Marie a osé croire à ce projet fou de Dieu : de la Crèche à la Croix, son regard de foi est le plus beau de toute l’histoire de l’humanité !

        Cachée, mais si mystérieusement présente, la Mère de Jésus est toujours là, comme à Cana (Jn 2,1). De son Fils tout petit en son sein jusqu’au pied de la Croix, et de la Pentecôte jusqu’à ses derniers instants sur les collines d’Ephèse, près de Jean, Elle n’a cessé de garder fidèlement l’Evangile « en son Cœur » : Marie n’a perdu aucune parole, aucun silence, aucun regard, aucun geste, aucun émerveillement ! Et parce qu’Elle a cru, écouté et aimé en plénitude en suivant Jésus jour après jour, tout l’Evangile s’est comme gravé au plus profond de son Cœur :  Elle sait l’Evangile par Cœur ! Sainte Elisabeth de la Trinité en avait l’intuition : « Nul n’a pénétré le mystère du Christ en sa profondeur, si ce n’est la Vierge… Le secret qu’Elle gardait et repassait en son Cœur, nulle langue n’a pu le révéler, nulle plume n’a pu le traduire[1] !

            Marie est la plénitude silencieuse de l’amour… Habitée de manière unique et cachée par l’Esprit Saint dès sa naissance dans le mystère de son Immaculée Conception, Elle est « Celle qui a le plus aimé Jésus sur terre et qui l’aime le plus tendrement au Ciel [2]! » Et c’est pourquoi pour être sainte et rayonnante, l’Eglise doit se mettre à l’école de la foi et de l’humilité de Marie, qui ne cesse de murmurer dans le cœur des croyants : « Faites tout ce qu’Il vous dira ! » (Jn 2,1). Saint Jean-Paul II en témoigne magnifiquement :

           « L’Evangéliste remarque qu’à côté de la Croix se trouvait la Mère de Jésus. Elle vit le Cœur ouvert d’où coulaient le sang et l’eau – du sang tiré de son sang – et elle comprit que le sang de son Fils était versé pour notre salut. Alors, elle comprit totalement la signification des paroles que son Fils lui avait adressées peu avant : « Femme, voici ton fils » : l’Eglise qui naissait du Cœur transpercé était confiée à son Cœur de Mère [3]… »

           On comprend mieux pourquoi le saint Père a employé cette expression nouvelle liée au Rosaire : « Marie, mémoire de l’Eglise ! » Car l’origine du Rosaire est à chercher dans la continuelle méditation de la Parole de Dieu au Cœur de la Vierge : Celui qui aime se souvient. C’est une intuition chère au Pape : « Marie vit en gardant les yeux fixés sur le Christ, et chacune de ses paroles devient pour elle un trésor… car ce sont ses souvenirs qui, en un sens, ont constitué le « Rosaire » qu’elle a constamment récité au long des jours de sa vie terrestre [4]. »

           Ainsi, le Rosaire est sorti des profondeurs de la vivante mémoire de Marie, et chaque fois que nous le prions et méditons, nous pouvons puiser chaque mystère dans le silence du Cœur de Marie… Comme le contemple un théologien : « Sa mémoire est la page immaculée sur laquelle l’Esprit-Saint a gravé le Verbe de Dieu le Père [5]… » Ainsi, à travers le Rosaire, Marie est toujours là pour nous protéger et nous porter dans les combats de la vie. Saint Maximilien Kolbe en est le bouleversant témoin : « Dans les difficultés, dans les ténèbres, dans les infirmités, dans les découragements, souvenons-nous que le Ciel s’approche, de jour en jour plus proche… Alors, courage ! Elle nous attend là-bas pour nous serrer sur son Cœur ! Elle est notre Mère la plus tendre maintenant et toujours : dans la vie, dans la mort et dans l’Eternité. Cette vérité, rappelons-nous là !… Comme elle est essentiellement Mère de Miséricorde, même si on ne l’appelle pas, elle se hâte d’aller là où il y a davantage de misère dans les âmes [6]… » 

                                                                                                      +M-Mickaël

 

[1] Sainte Elisabeth de la Trinité, Dernière retraite, n°2, Œuvres complètes, Cerf 1996, p.154.

[2] Référence au saisissant « chapelet des larmes de la Vierge douloureuse » : « O Jésus, regardez les larmes de Celle qui vous le plus aimé sur terre et qui vous aime le plus tendrement au Ciel ! »

[3] Saint Jean-Paul II, Angélus, 30 juillet 1989.

[4] Lettre apostolique sur le Rosaire, Rosarium Virginis Mariae, 16 octobre 2002, n°2.

[5] Hans Urs von Balthazar, Marie pour aujourd’hui, nouvelle cité 1988, p.49.

[6] Entretiens, juin 1925, 13 avril 1933, 11 octobre 1937.




Solennité du Très Saint Sacrement – Méditation Evangile mariale : « Comment un homme peut-il nous donner sa chair à manger ? » (Jn 6, 52)

Solennité du Très Saint Sacrement

Evangile de Jésus-Christ selon Saint Jean : 6,51-58 

Méditation Evangélique mariale : 

« Comment un homme peut-il donner sa chair à manger ? … »

Jean 6,52

              Avant de méditer sur le mystère de la Sainte Eucharistie, il est bon de préciser que  ce commentaire de l’Evangile des Dimanches et Solennités est une « méditation évangélique mariale ». Elle fait appel au meilleur de la Tradition de la foi, des Pères de l’Eglise, des Saints, des Témoins plus récents… et cela, dans la perspective urgente des derniers temps où les vérités de la foi sont si souvent oubliées et même remises en question jusqu’à l’intérieur de l’Eglise !

             On ne s’étonnera donc pas que ces méditations soient « mariales » au sens où tout l’Evangile s’est comme « écrit » jour après jour dans le silence attentif du Cœur de Marie : « Elle conservait avec soin tous ces évènements, et les repassait en son Cœur » (Lc 2,19). C’est à travers le regard de la Vierge que nous sommes au plus près du « Verbe fait chair », son Enfant et son Sauveur ! Dans son Cœur Immaculé résonne la Parole comme nulle part ailleurs… il suffit de le comprendre au tout début, à la Visitation. Là, quand Elle court vers Aïn Karim, portant Jésus caché en son sein, sa mission universelle commence : Elle est déjà Celle qui l’offre au monde ! D’ailleurs, le Précurseur « tressaille » à « la salutation de Marie » dans le sein d’Elisabeth qui, « remplie d’Esprit Saint » prophétise : « Bénie es-tu entre les femmes, et béni le fruit de ton sein ! Et comment m’est-il donné que la Mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » (Lc 1,41-43).

              A travers le mystère de la foi, cette question émerveillée d’Elisabeth ouvre des perspectives inouïes pour l’avenir… car, une fois entrée dans la gloire du Ciel en son Assomption, la Vierge Marie qui suit toujours son Fils pourra dire sur ses traces : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps ! » (Mt 28,20). Et ses Apparitions multiples des deux derniers siècles confirment que nous sommes entrés dans ce temps de la fin. Alors, en cet ultime combat, chacun et chacune de nous peut dire comme Elisabeth à la Visitation : « Et comment m’est-il donné que la Mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » (Lc 1,43).

               Les Visitations de Marie se multiplient pour éveiller nos cœurs malades…  Qui comprendra la tendresse de Marie qui se penche aujourd’hui sur nous comme jamais auparavant[1] ? Qui écoutera ses appels répétés à prier avec ferveur le chapelet ou mieux : le Rosaire quotidien ? Le Seigneur lui-même nous y invite avec force : « le Rosaire est la victoire de l’humilité sur l’orgueil… Elargissez votre champ de vision par la prière assidue du Rosaire. Marie vous attend pour vous révéler des secrets que vous n’imaginez pas ! La prière du Rosaire construit un mur d’amour autour de vous, un mur que Satan ne peut franchir… La prière du Rosaire t’ouvre les portes du Ciel maintenant[2] ! »

              Ainsi, il est temps de se « réveiller » dans la foi car « étant sauve l’affirmation de Jésus, selon laquelle « nul ne connaît ni le jour, ni l’heure… (Mt 25,13), on peut déduire de l’insistance de la Vierge Marie à visiter la terre… que nous sommes bien parvenus dans ces temps qui sont les derniers. Marie ne vient pas nous effrayer mais nous inviter à un sursaut de foi, d’espérance et de charité[3]… » En effet, l’Eglise va passer par son Epreuve ultime où « l’imposture religieuse suprême est celle de l’Anti-Christ, c’est-à-dire celle d’un pseudo-messianisme où l’homme se glorifie lui-même à la place de Dieu et de son Messie venu dans la chair[4] ! »

              Nous voici donc prévenus par l’Eglise elle-même sur ces temps redoutables où nous sommes parvenus. Et la question lourde de sens qu’a posé un jour le Sauveur doit bousculer nos vies matérialistes si « programmées » : « Le Fils de l’homme, quand Il viendra, trouvera-t-Il la foi sur la terre ? » (Lc 18,8). Sachons nous « arrêter » pour l’écouter en silence là où nous sommes : Il parle toujours au fond de notre cœur… Charles de Foucault le savait : « Il faut passer par le désert et y séjourner pour recevoir la grâce de Dieu… C’est là qu’on vide cette petite maison de notre âme pour laisser toute la place à Dieu seul ! » 

              « Laisser toute la place à Dieu seul ! » N’est-ce pas l’attitude majeure qui nous est demandée à chaque Sainte Messe ? En cette Solennité du Très Saint Sacrement, nous savons que le cœur de notre foi en Eglise repose sur la « présence réelle » du Seigneur dans la Sainte Eucharistie. Elle est le Mystère central qui « fait » l’Eglise dont le théologien Henri de Lubac disait : « L’Eglise fait l’Eucharistie, mais l’Eucharistie fait aussi l’Eglise ! » Il nous faut donc voir et écouter avec une attention renouvelée. Car ici, chaque expression de la Foi catholique me met en présence du Mystère :

              « Le mode de présence du Christ sous les espèces eucharistiques est unique. Il élève l’Eucharistie au-dessus de tous les sacrements et en fait « comme la perfection de la vie spirituelle et la fin à laquelle tendent tous les sacrements[5] ». Dans le très saint sacrement de l’Eucharistie sont « contenus vraiment, réellement et substantiellement le Corps et le Sang conjointement avec l’âme et la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ, et, par conséquent, le Christ tout entier[6] ». « Cette présence, on la nomme « réelle », non à titre exclusif, comme si les autres présences n’étaient pas « réelles », mais par excellence parce elle est substantielle, et que par elle le Christ, Dieu et homme, se rend présent tout entier[7]. »

               Repassons ces grandes vérités de la foi en nos cœurs : s’appuyer sur le « dépôt de la foi » que garde précieusement l’Eglise est une première étape fondamentale. Nous sommes ensuite appelés à les contempler pour que surgisse en nous « l’intelligence du cœur » … et si notre âme cherche Dieu, elle se réjouira de la Vérité que le Saint Esprit manifeste à travers son Eglise. Car la Vérité est la seule porte vers l’Amour : « Dieu est Lumière… Dieu est Amour ! » (1 Jn 1,5 et 4,16). On peut avancer qu’à Ephèse, Saint Jean célébrait la sainte Eucharistie en présence de Marie et de quelques fidèles.  Demandons à la Vierge de nous faire participer à la foi et l’amour qu’Elle avait en son Cœur à chaque Messe où Elle retrouvait son Fils bien-Aimé…

                                                                                                            +M-Mickaël

 

[1] Pour mieux saisir la démarche eschatologique de notre site marial, on relira l’introduction générale…

[2] Messages de Jésus à Maryam, Le Rosaire – L’arme pour sauver la France et le monde, Parvis 2018. On ne peut que conseiller de méditer ce petit livret où Jésus lui-même enseigne magnifiquement la grâce unique du Rosaire : « l’arme de Marie qui écrase le Serpent » et « vous pénètre de l’infinie douceur et humilité de Marie ! »

[3] Monseigneur Marc Aillet, Evêque de Bayonne, Préface du livre de Damian Sanchez : Je viens vous préparer – Apparitions et Messages de la Vierge Marie pour notre époque à la lumière des Saintes Ecritures, Parvis 2022.

[4] Catéchisme de l’Eglise catholique, n°675. Voir 2 Th 2,4-12 / 1 Th 5,2-3 / 1 Jn 2,18-22 / 2 Jn 7.

[5] Saint Thomas d’Aquin, Somme théologique, 3,73,3.

[6] Concile de Trente, Denzinger 1651.

[7] Catéchisme de l’Eglise Catholique, n°1374. Ce changement mystérieux, « l’Eglise catholique l’a justement et exactement appelé transsubstantiation », n°1376, Denzinger 1642.




Méditation de l’Evangile de la Solennité de la Sainte Trinité – 4 juin 2023

Très Sainte Trinité :  4 Juin 2023    

 

          

Première lecture : Exode 34, 4-9  /  Cantique Daniel 3, 52-56

Deuxième lecture : Deuxième lettre de Saint Paul aux Corinthiens 13,11-13

Evangile de Jésus-Christ selon Saint Jean : 3,16-18

 

Méditation évangélique :

 « Si tu vois la charité, tu vois la Trinité ! »

 Saint Augustin

 

 

             En cette Solennité de la Très Sainte Trinité, nous voici projeté au Cœur de Dieu et le choix le plus sage serait de se taire en laissant place au silence de la contemplation… car ici, Dieu se révèle en l’ultime profondeur de son être que Saint Jean a approché en trois lettres d’or : « Dieu est Amour ! » (1 Jn 4,8).

             Là, tout est dit sur cette infinie circulation de l’Amour entre les Trois Personnes divines ! Oui, redisons-le encore : on est au Cœur de Dieu… qui s’est « ouvert » pour nous tous sur la Croix ! (Jn 19,33-35).  L’Evangile d’aujourd’hui proclame avec force le dessein d’amour fou des Trois : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle ! » (Jn 3,16). Notre avenir éternel se joue là, sur ce salut offert à chaque instant de nos vies. Où va pencher notre cœur ?                                                                     

              N’oublions jamais que la Révélation s’est opérée uniquement dans le Christ Sauveur et que l’Eglise a reçu de l’Esprit l’intelligence de ne pas se tromper sur les mystères dont la Sainte Trinité est la Source. Tel est le « dessein bienveillant » du Très-Haut exposé dans le Catéchisme : « Dieu qui « habite une lumière inaccessible » (1 Tm 6,16) veut communiquer sa propre vie divine aux hommes librement créés par Lui, pour en faire, dans son Fils unique, des fils adoptifs (Ep 1,4-5). En se révélant Lui-même, Dieu veut rendre les hommes capables de Lui répondre, de Le connaître et de L’aimer bien au-delà de tout ce dont ils seraient capables d’eux-mêmes[1]. »

           Ainsi, la Tradition, les Pères, les Saints orientent le regard de foi de l’Eglise dans la bonne direction ! Ensuite, ce regard orienté doit se laisser dépasser, engloutir dans la beauté de l’objet contemplé… je pense ici au petit Francisco de Fatima, lors de la 1° Apparition de Notre Dame, où il se dit incapable d’exprimer ce qu’il contemple à travers la médiation du Cœur Immaculé de Marie. Ecoutons-le attentivement car c’est un témoignage splendide sur la vérité de Dieu à la fois révélée et insaisissable :  

 

          « La Vierge ouvrit les mains pour la première fois, et projeta sur eux un faisceau de lumière mystérieuse, à la fois si intense et si profonde que, pénétrant dans leur poitrine jusqu’au plus intime de l’âme, elle les fit se voir eux-mêmes en Dieu qui était cette lumière, plus clairement que dans le miroir le plus clair…

              J’ai beaucoup aimé voir l’Ange, disait François, mais j’ai aimé encore plus Notre Dame. Ce que j’ai aimé le plus a été de voir Notre Seigneur dans cette lumière que Notre Dame nous a mise dans la poitrine. J’aime tellement Dieu !

              Ce qui impressionnait et absorbait davantage François, c’était Dieu, la Très Sainte Trinité, dans cette lumière immense qui nous pénétrait jusqu’au plus intime de l’âme.

              Il disait : nous étions là à brûler dans cette lumière qui est Dieu, et nous ne nous consumions pas. Comment est Dieu ? On ne peut pas le dire ! Oui, vraiment, personne ne pourra jamais le dire [2] ! »

 

               Voici donc en quelques mots une affirmation théologique de la plus haute importance : « Comment est Dieu ?… Personne ne pourra jamais le dire ! » affirme François après cette expérience unique de la lumière du Dieu qui est Amour (1 Jn 1,5 et 4,16).

               Alors, comprenons-le une fois pour toutes : même avec le don ultime au Ciel de la « vision béatifique », on ne fait pas le tour de Dieu !…  Nous le connaîtrons d’une manière unique dans la lumière de sa gloire, cette « lumen gloriae » affirmée par l’approche théologique qui s’appuie sur l’Ecriture : « En toi est la source de vie, par ta lumière, nous voyons la lumière ! » (Ps 35,10). Nous sommes donc appelés à la participation de l’amour même de Dieu : une participation qui nous emporte dans le mouvement d’amour infini de Dieu… mais sans jamais en voir le bout !

            L’approche théologique et mystique de l’Orient chrétien peut nous aider en ce sens. Paul Evdokimov[3] témoigne que « l’apophatisme oriental rend témoignage à l’Esprit Saint. Personne qui demeure inconnue mais qui manifeste toute chose de Dieu et rend réelle toute vie spirituelle… car « la ténèbre éblouissante » n’est qu’une manière d’exprimer la proximité la plus réelle et en même temps insaisissable : trouver Dieu consiste à le chercher sans cesse… C’est vraiment voir Dieu que de n’être jamais rassasié de le désirer ! Dieu est l’éternellement cherché[4]… « Il reste caché dans son épiphanie même[5] ! »

 

+M-Mickaël

  

[1] Catéchisme de l’Eglise Catholique, Centurion / Cerf / Fleurus-Mame, 1998, n°52

[2] Mémoires de Sœur Lucie, Compilation du Père Louis Kondor, 1997, 4° mémoire, p.166-129-133.

[3] Paul Evdokimov, L’amour fou de Dieu, Seuil, 1973, p.46 et 60.

[4] Saint Grégoire de Nysse, Homélie sur le Cantique des cantiques, Patrologie grecque 44, col .920 C.

[5] Saint Maxime, Amb., Patrologie grecque 91, col. 1048 D.




Méditation de l’Evangile de la Pentecôte – 28 mai 2023

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 Jésus – Marie

 

Pentecôte : 28 mai 2023           

 

Première lecture : Actes 2,1-11  /  Psaume 103

Deuxième lecture : 1° lettre de Saint Paul aux Corinthiens 12, 3b-7-12-13

Evangile de Jésus-Christ selon Saint Jean : 20,19-23 

 

Méditation évangélique :

« Ainsi, dès son premier jour, l’Eglise parle en toutes les langues…

Elle est d’emblée catholique, universelle ! »

Cardinal Joseph Ratzinger (Benoît XVI)

 

        La joie indicible de la Pentecôte est l’aboutissement du triomphe pascal ! Certes, tout commence dans l’Eglise pentecostale et se déploiera dans le temps ; mais le feu de la lumière et de l’Amour lui est donné : « Ils virent apparaître des langues pareilles à des flammes de feu et elles se posèrent sur chacun d’eux. Alors, ils furent tous remplis de l’Esprit Saint, et se mirent à parler en d’autres langues… » Et la foule cosmopolite rassemblée disait :

« Nous les entendons proclamer dans nos langues les merveilles de Dieu ! » (Ac 2,3-4-11).

        En ces temps de contradictions, il ne faut donc jamais perdre de vue ce qu’est l’Eglise : une humanité transfigurée par la douceur et la puissance de l’Esprit Saint ! Dieu le Père, par le Cœur ouvert de son Fils sur la Croix, nous donne la participation à son Amour infini… et la Pentecôte est l’aboutissement de l’indicible dessein de la Sainte Trinité : tout homme peut devenir participant de l’Amour même de Dieu ! Saint Paul l’exprime sublimement :

      « Ce dont nous parlons, c’est d’une sagesse de Dieu, mystérieuse, demeurée cachée, celle que, dès avant les siècles, Dieu a par avance destinée pour notre gloire, celle qu’aucun des princes de ce monde n’a connue… nous annonçons ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme, tout ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment… Car c’est à nous que Dieu l’a révélé par l’Esprit ; L’Esprit en effet sonde tout, jusqu’aux profondeur de Dieu ! » (1 Co 2,7-10).

    La Pentecôte est la réponse définitive de Dieu à la tentation première et perverse de Satan : « Vous serez comme des dieux ! » (Gn 3,5). Il la réitère en cette fin des temps avec une domination jamais vue dans l’histoire… telle est l’infernale notion de progrès qui parodie une nouvelle création dont le transhumanisme est l’ultime fascination ! Il faut donc saisir qu’à la Pentecôte, « L’Esprit renouvèle, mais en l’inversant, l’événement de Babel (Gn 11), cette expression de l’orgueil des hommes qui veulent devenir comme Dieu et construire sans Dieu, un pont vers le Ciel, la tour de Babel [1] ! »

      Quand Jésus souffle sur les Apôtres, il leur donne sur terre ce pouvoir de pardonner les péchés (Jn 20,22-23). C’est quelque chose d’immense dans l’ordre de la Miséricorde Infinie de Dieu… Après le don d’amour infini de la Sainte Eucharistie et le pouvoir de baptiser en les envoyant évangéliser « toutes les nations » (Mt 28,10), voici le pouvoir de remettre les péchés ! Sans ce sacrement du pardon, comment avancerions-nous au milieu des terribles combats de la vie en ce monde ? Avons-nous bien saisi combien derrière le pardon donné à travers son prêtre, le Seigneur opère une résurrection ?  Il faut écouter ici un Saint Curé d’Ars pour en être convaincus et découvrir la puissance de la Miséricorde :

     « Le bon Dieu est toujours disposé à nous recevoir : sa patience nous attend !… Il y en a qui disent : « j’ai trop fait de mal, le bon Dieu ne peut pas me pardonner ! » C’est un gros blasphème ! C’est mettre une borne à la Miséricorde de Dieu, et Elle n’en a point : Elle est infinie ! … »

         Quand le prêtre donne l’absolution, il ne faut penser qu’à une chose : c’est que le Sang du Bon Dieu coule sur notre âme pour la laver, la purifier et la rendre aussi belle qu’elle était après le baptême !… Le bon Dieu jette nos péchés par-derrière ses épaules, c’est-à-dire Il les oublie, Il les anéantit : ils ne reparaîtront plus jamais ! [2] »

     Prenons conscience que la Pentecôte ne célèbre pas seulement un événement du passé, si déterminant soit-il. Elle célèbre « la puissance de l’Amour » dans la révélation du Dieu Père, Fils et Saint-Esprit qui vaincra le prince de ce monde, jour après jour, et se révèlera dans « le triomphe du Cœur Immaculé » de Marie annoncé à Fatima !

     Mais avant le retour du Fils de l’homme…  Jésus a posé une terrible question sur ce temps qui semble de plus en plus être le nôtre, et nous ne pouvons pas l’éluder :

« Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » (Lc 18,8)

 

                                                                                            +M-Mickaël 

    

          

[1] Cardinal Joseph Ratzinger (Benoît XVI), Retraite au Vatican 1983.

[2] Saint Jean-Marie Vianney (1786-1859), « La Miséricorde de Dieu et le sacrement de la Réconciliation ».




Méditation de la Parole pour le 7ème dimanche de Pâques

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Jésus – Marie

7° Dimanche de Pâques

 

Première lecture : Actes des Apôtres 1,12-14   /   Psaume 26 : 1,4-7-8

Deuxième lecture : 1° Epître de Saint Pierre 4,13-16

Evangile de Jésus-Christ selon Saint Jean : 17,1-11

 

Méditation Evangélique :

« L’Eglise est mariale… elle regarde la Révélation avec les yeux de la Vierge [1] ! »

Cardinal Journet

 

     Ce début des actes des Apôtres est primordial pour saisir le retentissement de la Pentecôte jusqu’à nos jours à travers le mystère de la Femme ! Mais pour en saisir le sens et la portée, il faut revenir à la source de l’Evangile de Luc et de Jean où le voile commence à se soulever sur un mystère unique qui, trop souvent, nous échappe : sans le « oui » de Marie à l’Annonciation (Lc 1,38), nulle incarnation du Verbe dont nous avons « contemplé la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique ! » (Jn 1,14). Ainsi, la naissance de la Révélation, qui se répandra dans le temps, est suspendue aux lèvres de la Vierge :

     « Il en va du mystère de la Vierge comme lorsque l’on jette une pierre dans l’eau : il se produit une première onde qui sera la cause de toutes les autres. Ce premier cercle concentrique, c’est la Vierge Marie par rapport à l’Incarnation. Et les ondes vont continuer jusqu’à la fin des temps, et ce sera l’Eglise [2]… »

      Au commencement de son Evangile, l’Apôtre Jean nous révèle aussi l’intervention unique de Marie aux noces de Cana, où elle exerce déjà une discrète mais non moins puissante « médiation » dans le premier miracle du Christ. Cet évènement est en réalité « fondateur » car il va engendrer la foi des Apôtres et lancer le ministère de Jésus (Jn 2,11). Marie est encore là « celle » qui, dans une invincible humilité, (Jn 2,5) provoque et révèle la gloire du Verbe de Dieu !… Elle devient en même temps la petite disciple à la suite du Sauveur qu’Elle suivra avec Jean jusqu’au pied de la Croix : « Après quoi, Jésus descendit à Capharnaüm ainsi que sa Mère, ses frères et ses disciples. » (Jn 2,12).

       Ainsi, dans une expression temporelle qui lui est propre : « La Mère de Jésus était là ! » (Jn 2,1). Jean nous ouvre à un mystère de présence qui va traverser le temps : pour toi, pour moi, pour tous, dans chaque événement la Mère de Jésus sera toujours là…

       Discrète, cachée, mais dans l’indicible amour de son regard maternel et de ses mains de tendresse ! Elle est un mystère de « Présence » au cœur même de l’Eglise et du monde…

     La première lecture des Actes nous révèle aussi que par sa présence priante avec les Apôtres à la chambre haute, la Vierge Marie est toujours là, au centre de l’Eglise naissante : « Tous, d’un même cœur étaient persévérants dans la prière avec quelques femmes, dont Marie Mère de Jésus… » (Ac 1,14).

      Après son Assomption, cette prière d’intercession unique de notre Mère traversera le temps et deviendra ce que l’Eglise appelle « l’Omnipotentia supplex » : la toute-puissance suppliante ! Présence priante dans l’Eglise des Apôtres et dans l’Eglise de tous les temps… et Saint Jean-Paul II va encore plus loin en affirmant : « Cette prière que Marie dit avec les Apôtres dans le cénacle s’appelle le Rosaire. Et elle est notre « prière préférée », celle que nous adressons à Elle, Marie… car le Rosaire est en même temps, notre prière avec Marie et la prière de Marie avec nous [3]

     En ce mois de Marie, allons jusqu’au bout du mystère de présence de Marie, Mère de Dieu et Mère de l’Eglise : nous découvrirons qu’Elle est là, cachée, dans l’Evangile unique de ce Dimanche où Jésus, notre Sauveur, repart vers le Père :

      « Glorifie-moi, Père, de la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde existe… Désormais, je ne suis plus dans le monde ; eux, ils sont dans le monde, et moi, je viens vers toi ! » (Jn 17,5 et 11).

       Pour poursuivre jusqu’au bout son annonce de Jésus, seul Sauveur et Seigneur, L’Eglise recevra l’Esprit qui jaillira de son Cœur (Jn 19,34) et se répandra sur elle à la Pentecôte !… (Ac 2, 1-4). Mais en même temps, l’Esprit étant inséparable de son Epouse, cette Eglise continuera d’entendre au plus profond d’elle ce doux murmure du Crucifié à Jean, l’Apôtre, qui résonne en notre cœur jusqu’à aujourd’hui : « Voici ta Mère ! » (Jn 19,27). Hâtons-nous comme lui de la prendre « chez nous », dans l’intime de notre cœur, pour traverser en paix les épreuves des derniers temps…

 

                                                                                    +M-Michaël

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[1] L’Eglise du Verbe incarné, tome 2, p. 432.

[2] Cardinal Journet, La Vierge Marie et l’Eglise, Téqui 1980, p.3.

[3] Saint Jean-Paul II, Rome, 30 octobre 1979.




Commentaire de l’Evangile du 6ème dimanche de Pâques : Jean 14, 15-21

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              Jésus – Marie                   

6° Dimanche de Pâques

 

Première lecture : Actes des Apôtres : 8,5-8 / 14-17

Psaume 66 (65)

Deuxième lecture : 1° Epitre de Saint Pierre : 1 P 3,15-18

Evangile de Jésus-Christ selon Saint Jean :  14,15-21

 

Méditation Evangélique            

           Saint Jean nous rapporte en ce chapitre 14 de son Evangile l’intime et bouleversant dialogue entre Jésus et ses Apôtres avant sa Passion. Il va consister pour le Maître à les convaincre qu’après son départ vers le Père, il sera toujours avec eux, mais par le don et la Présence du Saint-Esprit : « Je prierai le Père et il vous donnera un autre Paraclet[1], pour qu’il soit avec vous à jamais ! » (Jn 14,16).

            Dans sa lettre encyclique sur l’Esprit-Saint, le Pape Jean-Paul II nous dévoile magnifiquement cette mission de l’Esprit :

           « L’Esprit Saint sera le Consolateur des Apôtres et de l’Eglise, toujours présent au milieu d’eux, même s’il demeure invisible, comme Maître de la Bonne Nouvelle que le Christ a annoncée : « Il enseignera » et « Il rappellera », cela signifie non seulement qu’il continuera, à sa manière qui lui est propre, à inspirer la proclamation de l’Evangile du salut, mais aussi qu’Il aidera à comprendre le sens juste du contenu du message du Christ ; qu’Il en maintiendra la continuité et l’identité de sens alors que changent les conditions et les circonstances. L’Esprit Saint fera en sorte que dans l’Eglise demeure toujours la vérité même que les Apôtres ont entendue de leur Maître[2] ! » On comprend que Saint Bernard de Clairvaux ait pu proclamer en terme mystique : « Le Saint Esprit est le baiser de Dieu ! » Cela évoque l’Epouse du Cantique des cantiques[3].

         Plus que jamais aujourd’hui, nous avons à redécouvrir L’Eglise, certes, comme le Corps du Christ dont Il est la tête (1 Co 12,12-13 et 27). Mais pour éviter une approche trop « figée » du mystère de l’Eglise, approchons aussi l’Eglise comme l’Epouse née de l’Epoux… et cette Epouse est née de l’Epoux crucifié quand « l’un des soldats, de sa lance, lui perça le côté :  il en jaillit aussitôt du sang et de l’eau ! (Jn 19,34). Alors l’Esprit a été comme « libéré » du Cœur ouvert de Jésus !… Et de ce Cœur transpercé, Il ne cesse de jaillir et de se répandre sur les enfants de Dieu dont il fait des témoins de l’Amour de Dieu.

         Comme le laisse entendre le psaume : « Qui me donnera les ailes de la colombe pour que je m’envole ! » Ces ailes de la colombe évoquent celles de l’Esprit-Saint. Saint Silouane a des paroles étonnantes sur l’identité et l’œuvre du Saint-Esprit dans le cœur de l’homme : « Le Saint-Esprit ressemble à une mère pleine de tendresse. Comme une mère aime son enfant et le protège, ainsi le Saint-Esprit nous protège, nous pardonne, nous guérit, nous instruit, nous réjouit [4] ! »

        Mais pour découvrir cette plénitude sous la puissante conduite de l’Esprit, revenons à l’Annonciation où il a agi par son Epouse Immaculée : « L’Esprit-Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre ; c’est pourquoi on appellera saint et Fils de Dieu l’enfant qui doit naitre ! »  (Lc 1,35). On peut donc avancer qu’à partir de l’Annonciation, l’Eglise est mariale : c’est-à-dire « que la Vierge est un mystère de présence à l’intérieur même de l’Eglise… la foi de la Vierge colore à jamais la foi de l’Eglise [5]! »

        Pour entrer dans ce mystère central, Il ne faut jamais oublier que « Marie a produit, avec le Saint-Esprit, la plus grande chose qui ait été et sera jamais, qui est un Dieu-Homme ; et elle produira conséquemment les plus grandes choses qui seront dans les derniers temps : la formation et l’éducation des grands Saints qui seront sur la fin du monde lui est réservée ; car il n’y a que cette Vierge singulière et miraculeuse qui peut produire, en union avec le Saint-Esprit, les choses singulières et extraordinaires [6]… »

 

                                                                                                               +M-Mickaël 

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[1] Du grec paraklétos, ce mot johannique signifie en soi « consolation », mais chez Saint Jean il prend aussi le sens de « défendre, d’aider » (latin : ad-vocatus). Cette mission est exercée par l’Esprit en faveur du Christ dans le cœur des disciples. Le Paraclet désigne donc trois aspects de l’activité du Saint-Esprit : présence de Jésus (Jn14,15-17), défense de Jésus (Jn 15,26), mémoire vivante de l’Eglise qui lui donne d’actualiser la parole de Jésus (Jn 14,26).

[2] Saint Jean-Paul II, Dominum et vivificantem, 18 mai 1986, n°4.

[3] « Qu’il me baise des baisers de sa bouche. Tes amours sont plus délicieuses que le vin… Comme on a raison de t’aimer ! » (Cantique 1,2-4)

[4] Archimandrite Sophrony, Staretz Silouane, Ed. Présence, p.275.

[5] Cardinal Journet, L’Eglise du Verbe incarné, tome 2, p.5 et 432.

[6] Saint Louis Marie De Montfort, Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge, n°35.