Méditation de l’Evangile de la Pentecôte – 28 mai 2023

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 Jésus – Marie

 

Pentecôte : 28 mai 2023           

 

Première lecture : Actes 2,1-11  /  Psaume 103

Deuxième lecture : 1° lettre de Saint Paul aux Corinthiens 12, 3b-7-12-13

Evangile de Jésus-Christ selon Saint Jean : 20,19-23 

 

Méditation évangélique :

« Ainsi, dès son premier jour, l’Eglise parle en toutes les langues…

Elle est d’emblée catholique, universelle ! »

Cardinal Joseph Ratzinger (Benoît XVI)

 

        La joie indicible de la Pentecôte est l’aboutissement du triomphe pascal ! Certes, tout commence dans l’Eglise pentecostale et se déploiera dans le temps ; mais le feu de la lumière et de l’Amour lui est donné : « Ils virent apparaître des langues pareilles à des flammes de feu et elles se posèrent sur chacun d’eux. Alors, ils furent tous remplis de l’Esprit Saint, et se mirent à parler en d’autres langues… » Et la foule cosmopolite rassemblée disait :

« Nous les entendons proclamer dans nos langues les merveilles de Dieu ! » (Ac 2,3-4-11).

        En ces temps de contradictions, il ne faut donc jamais perdre de vue ce qu’est l’Eglise : une humanité transfigurée par la douceur et la puissance de l’Esprit Saint ! Dieu le Père, par le Cœur ouvert de son Fils sur la Croix, nous donne la participation à son Amour infini… et la Pentecôte est l’aboutissement de l’indicible dessein de la Sainte Trinité : tout homme peut devenir participant de l’Amour même de Dieu ! Saint Paul l’exprime sublimement :

      « Ce dont nous parlons, c’est d’une sagesse de Dieu, mystérieuse, demeurée cachée, celle que, dès avant les siècles, Dieu a par avance destinée pour notre gloire, celle qu’aucun des princes de ce monde n’a connue… nous annonçons ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme, tout ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment… Car c’est à nous que Dieu l’a révélé par l’Esprit ; L’Esprit en effet sonde tout, jusqu’aux profondeur de Dieu ! » (1 Co 2,7-10).

    La Pentecôte est la réponse définitive de Dieu à la tentation première et perverse de Satan : « Vous serez comme des dieux ! » (Gn 3,5). Il la réitère en cette fin des temps avec une domination jamais vue dans l’histoire… telle est l’infernale notion de progrès qui parodie une nouvelle création dont le transhumanisme est l’ultime fascination ! Il faut donc saisir qu’à la Pentecôte, « L’Esprit renouvèle, mais en l’inversant, l’événement de Babel (Gn 11), cette expression de l’orgueil des hommes qui veulent devenir comme Dieu et construire sans Dieu, un pont vers le Ciel, la tour de Babel [1] ! »

      Quand Jésus souffle sur les Apôtres, il leur donne sur terre ce pouvoir de pardonner les péchés (Jn 20,22-23). C’est quelque chose d’immense dans l’ordre de la Miséricorde Infinie de Dieu… Après le don d’amour infini de la Sainte Eucharistie et le pouvoir de baptiser en les envoyant évangéliser « toutes les nations » (Mt 28,10), voici le pouvoir de remettre les péchés ! Sans ce sacrement du pardon, comment avancerions-nous au milieu des terribles combats de la vie en ce monde ? Avons-nous bien saisi combien derrière le pardon donné à travers son prêtre, le Seigneur opère une résurrection ?  Il faut écouter ici un Saint Curé d’Ars pour en être convaincus et découvrir la puissance de la Miséricorde :

     « Le bon Dieu est toujours disposé à nous recevoir : sa patience nous attend !… Il y en a qui disent : « j’ai trop fait de mal, le bon Dieu ne peut pas me pardonner ! » C’est un gros blasphème ! C’est mettre une borne à la Miséricorde de Dieu, et Elle n’en a point : Elle est infinie ! … »

         Quand le prêtre donne l’absolution, il ne faut penser qu’à une chose : c’est que le Sang du Bon Dieu coule sur notre âme pour la laver, la purifier et la rendre aussi belle qu’elle était après le baptême !… Le bon Dieu jette nos péchés par-derrière ses épaules, c’est-à-dire Il les oublie, Il les anéantit : ils ne reparaîtront plus jamais ! [2] »

     Prenons conscience que la Pentecôte ne célèbre pas seulement un événement du passé, si déterminant soit-il. Elle célèbre « la puissance de l’Amour » dans la révélation du Dieu Père, Fils et Saint-Esprit qui vaincra le prince de ce monde, jour après jour, et se révèlera dans « le triomphe du Cœur Immaculé » de Marie annoncé à Fatima !

     Mais avant le retour du Fils de l’homme…  Jésus a posé une terrible question sur ce temps qui semble de plus en plus être le nôtre, et nous ne pouvons pas l’éluder :

« Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » (Lc 18,8)

 

                                                                                            +M-Mickaël 

    

          

[1] Cardinal Joseph Ratzinger (Benoît XVI), Retraite au Vatican 1983.

[2] Saint Jean-Marie Vianney (1786-1859), « La Miséricorde de Dieu et le sacrement de la Réconciliation ».




Méditation de la Parole pour le 7ème dimanche de Pâques

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Jésus – Marie

7° Dimanche de Pâques

 

Première lecture : Actes des Apôtres 1,12-14   /   Psaume 26 : 1,4-7-8

Deuxième lecture : 1° Epître de Saint Pierre 4,13-16

Evangile de Jésus-Christ selon Saint Jean : 17,1-11

 

Méditation Evangélique :

« L’Eglise est mariale… elle regarde la Révélation avec les yeux de la Vierge [1] ! »

Cardinal Journet

 

     Ce début des actes des Apôtres est primordial pour saisir le retentissement de la Pentecôte jusqu’à nos jours à travers le mystère de la Femme ! Mais pour en saisir le sens et la portée, il faut revenir à la source de l’Evangile de Luc et de Jean où le voile commence à se soulever sur un mystère unique qui, trop souvent, nous échappe : sans le « oui » de Marie à l’Annonciation (Lc 1,38), nulle incarnation du Verbe dont nous avons « contemplé la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique ! » (Jn 1,14). Ainsi, la naissance de la Révélation, qui se répandra dans le temps, est suspendue aux lèvres de la Vierge :

     « Il en va du mystère de la Vierge comme lorsque l’on jette une pierre dans l’eau : il se produit une première onde qui sera la cause de toutes les autres. Ce premier cercle concentrique, c’est la Vierge Marie par rapport à l’Incarnation. Et les ondes vont continuer jusqu’à la fin des temps, et ce sera l’Eglise [2]… »

      Au commencement de son Evangile, l’Apôtre Jean nous révèle aussi l’intervention unique de Marie aux noces de Cana, où elle exerce déjà une discrète mais non moins puissante « médiation » dans le premier miracle du Christ. Cet évènement est en réalité « fondateur » car il va engendrer la foi des Apôtres et lancer le ministère de Jésus (Jn 2,11). Marie est encore là « celle » qui, dans une invincible humilité, (Jn 2,5) provoque et révèle la gloire du Verbe de Dieu !… Elle devient en même temps la petite disciple à la suite du Sauveur qu’Elle suivra avec Jean jusqu’au pied de la Croix : « Après quoi, Jésus descendit à Capharnaüm ainsi que sa Mère, ses frères et ses disciples. » (Jn 2,12).

       Ainsi, dans une expression temporelle qui lui est propre : « La Mère de Jésus était là ! » (Jn 2,1). Jean nous ouvre à un mystère de présence qui va traverser le temps : pour toi, pour moi, pour tous, dans chaque événement la Mère de Jésus sera toujours là…

       Discrète, cachée, mais dans l’indicible amour de son regard maternel et de ses mains de tendresse ! Elle est un mystère de « Présence » au cœur même de l’Eglise et du monde…

     La première lecture des Actes nous révèle aussi que par sa présence priante avec les Apôtres à la chambre haute, la Vierge Marie est toujours là, au centre de l’Eglise naissante : « Tous, d’un même cœur étaient persévérants dans la prière avec quelques femmes, dont Marie Mère de Jésus… » (Ac 1,14).

      Après son Assomption, cette prière d’intercession unique de notre Mère traversera le temps et deviendra ce que l’Eglise appelle « l’Omnipotentia supplex » : la toute-puissance suppliante ! Présence priante dans l’Eglise des Apôtres et dans l’Eglise de tous les temps… et Saint Jean-Paul II va encore plus loin en affirmant : « Cette prière que Marie dit avec les Apôtres dans le cénacle s’appelle le Rosaire. Et elle est notre « prière préférée », celle que nous adressons à Elle, Marie… car le Rosaire est en même temps, notre prière avec Marie et la prière de Marie avec nous [3]

     En ce mois de Marie, allons jusqu’au bout du mystère de présence de Marie, Mère de Dieu et Mère de l’Eglise : nous découvrirons qu’Elle est là, cachée, dans l’Evangile unique de ce Dimanche où Jésus, notre Sauveur, repart vers le Père :

      « Glorifie-moi, Père, de la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde existe… Désormais, je ne suis plus dans le monde ; eux, ils sont dans le monde, et moi, je viens vers toi ! » (Jn 17,5 et 11).

       Pour poursuivre jusqu’au bout son annonce de Jésus, seul Sauveur et Seigneur, L’Eglise recevra l’Esprit qui jaillira de son Cœur (Jn 19,34) et se répandra sur elle à la Pentecôte !… (Ac 2, 1-4). Mais en même temps, l’Esprit étant inséparable de son Epouse, cette Eglise continuera d’entendre au plus profond d’elle ce doux murmure du Crucifié à Jean, l’Apôtre, qui résonne en notre cœur jusqu’à aujourd’hui : « Voici ta Mère ! » (Jn 19,27). Hâtons-nous comme lui de la prendre « chez nous », dans l’intime de notre cœur, pour traverser en paix les épreuves des derniers temps…

 

                                                                                    +M-Michaël

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[1] L’Eglise du Verbe incarné, tome 2, p. 432.

[2] Cardinal Journet, La Vierge Marie et l’Eglise, Téqui 1980, p.3.

[3] Saint Jean-Paul II, Rome, 30 octobre 1979.




Commentaire de l’Evangile du 6ème dimanche de Pâques : Jean 14, 15-21

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              Jésus – Marie                   

6° Dimanche de Pâques

 

Première lecture : Actes des Apôtres : 8,5-8 / 14-17

Psaume 66 (65)

Deuxième lecture : 1° Epitre de Saint Pierre : 1 P 3,15-18

Evangile de Jésus-Christ selon Saint Jean :  14,15-21

 

Méditation Evangélique            

           Saint Jean nous rapporte en ce chapitre 14 de son Evangile l’intime et bouleversant dialogue entre Jésus et ses Apôtres avant sa Passion. Il va consister pour le Maître à les convaincre qu’après son départ vers le Père, il sera toujours avec eux, mais par le don et la Présence du Saint-Esprit : « Je prierai le Père et il vous donnera un autre Paraclet[1], pour qu’il soit avec vous à jamais ! » (Jn 14,16).

            Dans sa lettre encyclique sur l’Esprit-Saint, le Pape Jean-Paul II nous dévoile magnifiquement cette mission de l’Esprit :

           « L’Esprit Saint sera le Consolateur des Apôtres et de l’Eglise, toujours présent au milieu d’eux, même s’il demeure invisible, comme Maître de la Bonne Nouvelle que le Christ a annoncée : « Il enseignera » et « Il rappellera », cela signifie non seulement qu’il continuera, à sa manière qui lui est propre, à inspirer la proclamation de l’Evangile du salut, mais aussi qu’Il aidera à comprendre le sens juste du contenu du message du Christ ; qu’Il en maintiendra la continuité et l’identité de sens alors que changent les conditions et les circonstances. L’Esprit Saint fera en sorte que dans l’Eglise demeure toujours la vérité même que les Apôtres ont entendue de leur Maître[2] ! » On comprend que Saint Bernard de Clairvaux ait pu proclamer en terme mystique : « Le Saint Esprit est le baiser de Dieu ! » Cela évoque l’Epouse du Cantique des cantiques[3].

         Plus que jamais aujourd’hui, nous avons à redécouvrir L’Eglise, certes, comme le Corps du Christ dont Il est la tête (1 Co 12,12-13 et 27). Mais pour éviter une approche trop « figée » du mystère de l’Eglise, approchons aussi l’Eglise comme l’Epouse née de l’Epoux… et cette Epouse est née de l’Epoux crucifié quand « l’un des soldats, de sa lance, lui perça le côté :  il en jaillit aussitôt du sang et de l’eau ! (Jn 19,34). Alors l’Esprit a été comme « libéré » du Cœur ouvert de Jésus !… Et de ce Cœur transpercé, Il ne cesse de jaillir et de se répandre sur les enfants de Dieu dont il fait des témoins de l’Amour de Dieu.

         Comme le laisse entendre le psaume : « Qui me donnera les ailes de la colombe pour que je m’envole ! » Ces ailes de la colombe évoquent celles de l’Esprit-Saint. Saint Silouane a des paroles étonnantes sur l’identité et l’œuvre du Saint-Esprit dans le cœur de l’homme : « Le Saint-Esprit ressemble à une mère pleine de tendresse. Comme une mère aime son enfant et le protège, ainsi le Saint-Esprit nous protège, nous pardonne, nous guérit, nous instruit, nous réjouit [4] ! »

        Mais pour découvrir cette plénitude sous la puissante conduite de l’Esprit, revenons à l’Annonciation où il a agi par son Epouse Immaculée : « L’Esprit-Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre ; c’est pourquoi on appellera saint et Fils de Dieu l’enfant qui doit naitre ! »  (Lc 1,35). On peut donc avancer qu’à partir de l’Annonciation, l’Eglise est mariale : c’est-à-dire « que la Vierge est un mystère de présence à l’intérieur même de l’Eglise… la foi de la Vierge colore à jamais la foi de l’Eglise [5]! »

        Pour entrer dans ce mystère central, Il ne faut jamais oublier que « Marie a produit, avec le Saint-Esprit, la plus grande chose qui ait été et sera jamais, qui est un Dieu-Homme ; et elle produira conséquemment les plus grandes choses qui seront dans les derniers temps : la formation et l’éducation des grands Saints qui seront sur la fin du monde lui est réservée ; car il n’y a que cette Vierge singulière et miraculeuse qui peut produire, en union avec le Saint-Esprit, les choses singulières et extraordinaires [6]… »

 

                                                                                                               +M-Mickaël 

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[1] Du grec paraklétos, ce mot johannique signifie en soi « consolation », mais chez Saint Jean il prend aussi le sens de « défendre, d’aider » (latin : ad-vocatus). Cette mission est exercée par l’Esprit en faveur du Christ dans le cœur des disciples. Le Paraclet désigne donc trois aspects de l’activité du Saint-Esprit : présence de Jésus (Jn14,15-17), défense de Jésus (Jn 15,26), mémoire vivante de l’Eglise qui lui donne d’actualiser la parole de Jésus (Jn 14,26).

[2] Saint Jean-Paul II, Dominum et vivificantem, 18 mai 1986, n°4.

[3] « Qu’il me baise des baisers de sa bouche. Tes amours sont plus délicieuses que le vin… Comme on a raison de t’aimer ! » (Cantique 1,2-4)

[4] Archimandrite Sophrony, Staretz Silouane, Ed. Présence, p.275.

[5] Cardinal Journet, L’Eglise du Verbe incarné, tome 2, p.5 et 432.

[6] Saint Louis Marie De Montfort, Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge, n°35.