St Louis-Marie Grignion de Montfort, Le secret admirable du Très Saint Rosaire – La manière sainte de réciter le Rosaire, 46e rose : la prière commune

[131] De toutes les manières de réciter le saint Rosaire, la plus glorieuse à Dieu, la plus salutaire à l’âme et la plus terrible au diable, c’est de le psalmodier ou réciter publiquement à deux chœurs.

Dieu aime les assemblées. Tous les anges et les bienheureux assemblés dans le ciel y chantent incessamment ses louanges. Les justes assemblés en plusieurs communautés sur la terre y prient en commun jour et nuit. Notre-Seigneur a expressément conseillé cette pratique à ses apôtres et disciples, et leur promit que toutes les fois qu’ils seraient au moins deux ou trois assemblés en son nom, il se trouverait au milieu de ceux qui sont assemblés pour prier en son nom et réciter sa même prière. Quel bonheur d’avoir Jésus-Christ en sa compagnie ! Pour le posséder il ne faut que s’assembler pour dire le chapelet. C’est la raison pourquoi les chrétiens s’assemblaient si souvent pour prier ensemble, malgré les persécutions des empereurs, qui leur défendaient les assemblées. Ils aimaient mieux s’exposer à la mort que de manquer à s’assembler pour avoir la compagnie de Jésus-Christ.

[132] Cette manière de prier est plus salutaire à l’âme :

1° parce que l’esprit est ordinairement plus attentif dans une prière publique que dans une particulière ;

2° quand on prie en commun, les prières de chaque particulier deviennent communes à toute l’assemblée et ne font toutes ensemble qu’une même prière, en sorte que, si quelque particulier ne prie pas si bien, un autre dans l’assemblée qui prie mieux supplée à son défaut. Le fort supporte le faible, le fervent embrase le tiède, le riche enrichit le pauvre, le mauvais passe parmi le bon. Comment vendre une mesure d’ivraie ? Il ne faut pour cet effet que la mêler avec quatre ou cinq boisseaux de bon blé ; le tout est vendu.

3° Une personne qui récite son chapelet toute seule n’a que le mérite d’un chapelet ; mais si elle le dit avec trente personnes, elle a le mérite de trente chapelets. Ce sont les lois de la prière publique. Quel gain ! quel avantage !

4° Urbain huitième, étant fort satisfait de la dévotion du saint Rosaire qu’on récitait à deux chœurs, en plusieurs lieux de Rome, particulièrement au couvent de la Minerve, donna cent jours d’indulgences toutes les fois qu’on le réciterait à deux chœurs : Toties quoties. Ce sont les termes de son bref qui commence : Ad perpetuam rei memoriam, an 1626. Ainsi, toutes les fois qu’on dit le chapelet en commun, on gagne cent jours d’indulgences.

5° C’est que cette prière publique est [plus] puissante, pour apaiser la colère de Dieu et attirer sa

miséricorde, que la prière particulière, et l’Église, conduite par le Saint-Esprit, s’en est servie dans tous les temps de calamités et de misères publiques.

Le pape Grégoire 13 déclare, par sa bulle, qu’il faut pieusement croire [que] les prières publiques et processions des confrères du saint Rosaire avaient beaucoup contribué à obtenir de Dieu la grande victoire que les chrétiens gagnèrent au golfe de Lépante sur l’armée navale des Turcs, le 1er dimanche d’octobre en 1571.

[133] Louis le Juste, d’heureuse mémoire, assiégeant La Rochelle, où les hérétiques révoltés tenaient leurs forts, écrivit à la reine sa mère de faire faire des prières publiques pour la prospérité de ses armes. La reine résolut de faire réciter le Rosaire publiquement dans l’église des Frères prêcheurs du faubourg Saint-Honoré de Paris, ce qui fut exécuté par les soins de Monseigneur l’archevêque. On commença cette dévotion le 20 mai 1628. La reine mère et la reine régnante s’y rendirent, avec Monseigneur le duc d’Orléans, les cardinaux de la Rochefoucault et de Bérulle, plusieurs prélats, toute la cour et une foule innombrable de peuple. Monseigneur l’archevêque lisait à haute voix les méditations sur les mystères du Rosaire, il commençait ensuite le Pater et l’Ave de chaque dizaine et les religieux avec les assistants répondaient ; après le chapelet, on portait l’image de la sainte Vierge en procession, [en] chantant ses litanies.

On continua cette dévotion tous les samedis avec une ferveur admirable et une bénédiction du ciel évidente, car le roi triompha des Anglais à l’île de Ré et entra victorieux dans La Rochelle, le jour de la Toussaint de la même année. On voit par là quelle est la force de la prière publique.

[134] Enfin le Rosaire récité en commun est bien plus terrible au démon, puisqu’on fait, par ce moyen, un corps d’armée pour l’attaquer. Il triomphe quelquefois fort facilement de la prière d’un particulier, mais si elle est unie à celle des autres, il n’en peut venir à bout que difficilement. Il est aisé de rompre une houssine toute seule ; mais si vous l’unissez avec plusieurs autres et en faites un faisceau, on ne peut plus la rompre. Vis unita fit fortior. Les soldats s’assemblent en corps d’armée pour battre leurs ennemis ; les méchants s’assemblent souvent pour faire leurs débauches et leurs danses ; les démons même s’assemblent pour nous perdre ; pourquoi donc les chrétiens ne s’assembleront-ils pas pour avoir la compagnie de Jésus-Christ, pour apaiser la colère de Dieu, pour attirer sa grâce et sa miséricorde, et pour vaincre et terrasser plus puissamment les démons ?

Cher confrère du Rosaire, si vous demeurez à la ville ou à la campagne, auprès de l’église de la paroisse ou d’une chapelle, allez-y au moins tous les soirs, avec permission de monsieur le recteur de ladite paroisse, et là en compagnie de tous ceux qui voudront y venir réciter le chapelet à deux chœurs ; faites la même chose dans votre maison ou celle d’un particulier du village, si vous n’avez pas la commodité de l’église ou de la chapelle.

[135] C’est une sainte pratique que Dieu, par sa miséricorde, a établie dans les lieux où j’ai fait des missions, pour en conserver et augmenter le fruit, pour empêcher le péché. On ne voyait dans ces bourgs et villages, auparavant que le chapelet y fût établi, que danses, débauches, dissolutions, immodesties, jurements, querelles, divisions ; on n’y entendait que des chansons déshonnêtes, paroles à double entente. A présent on n’y entend que le chant des cantiques et la psalmodie du Pater et de l’Ave ; on n’y voit que de saintes compagnies de 20, 30, 100 personnes et plus, qui chantent comme des religieux les louanges de Dieu à une heure réglée.

Il y a même des lieux où on récite le Rosaire en commun tous les jours, en trois temps de la journée.

Quelle bénédiction du ciel ! Comme il y a des réprouvés partout, ne doutez pas qu’il n’y ait, dans les lieux où vous demeurez, quelques méchants qui négligeront de venir au chapelet, qui s’en railleront peut-être même et feront tout ce qu’ils pourront, par leurs mauvaises paroles et leurs mauvais exemples, pour vous empêcher de continuer ce saint exercice ; mais tenez bon. Comme ces malheureux doivent être à jamais séparés de Dieu et de son paradis, dans l’enfer, il faut qu’ici-bas, par avance, ils se séparent de la compagnie de Jésus-Christ et de ses serviteurs et servantes.

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La conversion de Roy H. Schoeman

C’est au cours d’une longue promenade dans la nature que je reçus la grâce la plus exceptionnelle de ma vie. Je marchais seul, écoutant les oiseaux chanter lorsque je suis « tombé au ciel ». C’est-à-dire que je me suis retrouvé consciemment et matériellement en présence de Dieu.

Je vis ma vie jusqu’à ce jour étalée devant moi. Je sus en un instant que le but de ma vie était d’aimer et de servir mon Seigneur et mon Dieu ; je vis de quelle manière son amour m’enveloppait et me soutenait à chaque instant de mon existence ; je vis comment chacune de mes actions possédait un contenu moral, pour le bien ou pour le mal ; je vis comment tout ce qui était arrivé dans ma vie était ce qui pouvait m’arriver de mieux, la chose la plus parfaite arrangée pour mon bien par un Dieu très bon et très aimant, surtout les événements qui me causaient le plus de souffrance !

Je vis chaque heure que j’avais gaspillée à ne rien faire qui eût de valeur aux yeux de Dieu, quand à tout moment de mon existence je baignais dans la mer de l’immense amour inimaginable de Dieu.

La réponse aux questions que je me posais intérieurement m’était instantanément présentée, à une exception près, capitale : le nom de ce Dieu qui se révélait à moi ! Je priais pour connaître son nom, pour savoir quelle religion me permettrait de le servir et de le vénérer : « Faites-moi connaître votre nom – cela m’est égal si vous êtes Bouddha, Appolon ou Krishna pourvu que vous ne soyez pas le Christ et que je ne doive pas devenir Chrétien ! ». Et en conséquence, bien que Dieu eût entendu ma prière, je ne reçus aucune réponse à ce moment-là.
Un an et un jour après cette grâce, je reçus en rêve la seconde plus grande grâce de ma vie. Pourtant, quand je me suis couché, je ne savais pas grand-chose du Christianisme et je n’avais pas de sympathie pour lui ! Mais quand je me suis réveillé, j’étais devenu éperdument amoureux de la bienheureuse Vierge Marie et ne désirais rien d’autre que de devenir aussi totalement chrétien qu’il me serait possible.

Le « rêve » se déroulait comme suit : on m’avait conduit dans une salle où il me fut accordé une audience avec la plus belle jeune femme que je pouvais imaginer et je compris qu’il s’agissait de la Vierge Marie. Elle était prête à répondre à toutes mes questions ; je me revois debout, considérant nombre de questions possibles, et lui en adressant quatre ou cinq. Elle y répondit, puis me parla pendant plusieurs minutes puis l’audience prit fin. Je me rappelle tous les détails, y compris, bien sûr, les questions et les réponses ; mais tout cela pâlit devant l’extase d’avoir été simplement en présence de la Vierge, dans la pureté et l’intensité de son amour.

Extrait du livre Le salut vient des juifs  de Roy H. Schoeman (éditions – FX de Guibert 2005) traduit de l’américain par Judith Cabaud




St Louis-Marie Grignion de Montfort, Le secret admirable du Très Saint Rosaire – La manière sainte de réciter le Rosaire, 45e rose

45e ROSE

[129] J’ajoute qu’il faut réciter le saint Rosaire avec modestie, c’est-à-dire, autant qu’on peut, à genoux, les mains jointes, le rosaire en mains. Si cependant on est malade, on peut le dire en son lit ; si on est en voyage, on peut le dire en marchant ; si pour quelques infirmités on ne peut être à genoux, on peut le dire debout ou assis. On peut même le réciter en travaillant, lorsqu’on ne peut pas quitter son travail, pour satisfaire aux devoirs de sa profession, car le travail manuel n’est pas toujours contraire à la prière vocale.

J’avoue que notre âme étant limitée dans son opération, quand elle est attentive au travail des mains, elle en est moins attentive aux opérations de l’esprit, telle qu’est la prière ; mais cependant, dans la nécessité, cette prière a son prix devant la sainte Vierge, qui récompense plus la bonne volonté du cœur que l’action extérieure.

[130] Je vous conseille de partager votre Rosaire en trois chapelets ou trois différents temps de la journée ; il vaut mieux le partager ainsi que de le dire tout à la fois. Si vous ne pouvez pas trouver assez de temps pour en dire le tiers de suite, dites-en une dizaine ici et une dizaine là ; vous pourrez faire en sorte, malgré toutes vos occupations et affaires, que vous ayez dit votre Rosaire tout entier avant de vous mettre au lit.

Imitez en cela la fidélité de saint François de Sales. Étant un soir fort fatigué des visites qu’il avait faites pendant la journée, et étant près de minuit, il se ressouvint qu’il lui restait quelques dizaines de son Rosaire à dire, il se mit à genoux et les récita avant de se coucher, malgré tout ce que son aumônier, qui le voyait fatigué, lui pût dire pour l’engager à remettre à dire au lendemain ce qui lui restait de prières. Imitez encore la fidélité, modestie et dévotion de ce saint  religieux, dont parlent les chroniques de saint François, qui avait coutume, avant le dîner, de réciter un chapelet avec beaucoup d’attention et de modestie … J’en ai parlé ci-devant (voir 7ème rose, n°25).

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St Louis-Marie Grignion de Montfort, Le secret admirable du Très Saint Rosaire – La manière sainte de réciter le Rosaire, 44e rose

44e ROSE

[126] Après avoir invoqué le Saint-Esprit, pour bien réciter votre Rosaire, mettez-vous un moment en la présence de Dieu et faites les offrandes des dizaines, comme vous verrez ci-après.

Avant de commencer la dizaine, arrêtez-vous un moment, plus ou moins, selon votre loisir, pour considérer le mystère que vous célébrez par la dizaine et demandez toujours, par ce mystère et l’intercession de la sainte Vierge, une des vertus qui éclatent le plus dans ce mystère ou dont vous aurez le plus de besoin.

Prenez surtout garde aux deux fautes ordinaires que font presque tous ceux qui disent le chapelet ou le Rosaire :

La première, c’est de ne prendre aucune intention en disant leur chapelet, en sorte que, si vous leur demandez pourquoi ils disent leur chapelet, ils ne sauraient vous répondre. C’est pourquoi ayez toujours en vue, en récitant votre Rosaire, quelque grâce à demander, quelque vertu à imiter, ou quelque péché à détruire.

La seconde faute qu’on commet ordinairement en récitant le saint Rosaire, c’est de n’avoir point d’autre intention, en le commençant, que de l’avoir bientôt fini. Cela vient de ce qu’on regarde le Rosaire comme une chose onéreuse, qui pèse bien fort sur les épaules, lorsqu’on ne l’a pas dit ; surtout quand on s’en est fait un principe de conscience, ou quand on l’a reçu par pénitence et comme malgré soi.

[127] C’est une pitié de voir comment la plupart disent leur chapelet ou leur Rosaire. Ils le disent avec une précipitation étonnante et ils mangent même une partie des paroles. On ne voudrait pas faire un compliment de cette manière ridicule au dernier des hommes, et on croit que Jésus et Marie en seront honorés !… Après cela, faut-il s’étonner si les plus saintes prières de la religion chrétienne restent quasi sans aucun fruit, et si, après mille et dix mille Rosaires récités, on n’en est pas plus saint ? Arrêtez, cher confrère du Rosaire, votre précipitation naturelle, en récitant votre Rosaire, et faites quelques pauses au milieu du Pater et de l’Ave, et une plus petite après les paroles du Pater et de l’Ave que j’ai marquées par une croix ci-après.

Notre Père qui êtes aux cieux + votre nom soit sanctifié + votre règne arrive + votre volonté soit faite + en la terre comme au ciel +. Donnez-nous aujourd’hui + notre pain quotidien + et nous pardonnez nos offenses + comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés + et ne nous laissez point tomber dans la tentation + mais délivrez- nous du mal. Ainsi soit-il +.

Je vous salue, Marie, pleine de grâce + le Seigneur est avec vous + vous êtes bénie entre toutes les femmes + et béni est le fruit de votre ventre, Jésus + Sainte Marie, Mère de Dieu ~ priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant + et à l’heure de notre mort. Ainsi soit-il +.

Vous aurez d’abord de la peine à faire ces médiantes, par la mauvaise habitude que vous avez de prier à la hâte; mais aussi une dizaine dite ainsi posément vous sera plus méritoire que des milliers de Rosaires récités à la hâte, sans réfléchir ni s’arrêter.

[128] Le bienheureux Alain de la Roche et d’autres auteurs, entre autres Bellarmin, racontent qu’un bon prêtre conseilla à trois pénitentes qu’il avait, et qui étaient toutes trois sœurs, de réciter tous les jours dévotement le Rosaire, pendant un an, sans y manquer, pour former un bel habillement de gloire à la sainte Vierge, et que c’était un secret qu’il avait eu du ciel. Toutes les trois sœurs le dirent pendant un an. Le jour de la Purification, sur le soir, lorsqu’elles étaient couchées, la sainte Vierge, accompagnée de sainte Catherine et de sainte Agnès, entra dans leur chambre, revêtue d’un habit tout brillant de lumière, sur lequel il y avait de tous côtés écrit en lettres d’or : Ave Maria gratia plena. La Reine des cieux approcha du lit de l’ainée des sœurs et lui dit : « Je vous salue, ma fille, qui m’avez si souvent et si bien saluée. Je viens vous remercier des beaux habits que vous m’avez faits. »

Les deux saintes vierges qui l’accompagnaient la remercièrent aussi et toutes trois disparurent.

Une heure après, la sainte Vierge, avec ses deux compagnes, vint encore dans la chambre, habillée d’un habit vert, mais sans or et sans lumière, approcha du lit de la seconde sœur, la remercia de cet habit qu’elle lui avait fait, en disant son Rosaire. Mais comme cette seconde sœur avait vu la sainte Vierge apparaître à sa sœur ainée avec beaucoup plus de brillant, elle lui en demanda la raison. « C’est, lui répondit Marie, qu’elle m’a fait de plus beaux habits, en disant mieux son Rosaire que toi. »

Environ une heure après, la sainte Vierge apparut une troisième fois à la plus jeune des sœurs, habillée d’un haillon sale et déchiré et lui dit : « O fille, vous m’avez ainsi habillée, je vous en remercie. » La jeune fille, couverte de confusion, s’écria : « Et quoi ! ma maitresse, je vous ai si mal habillée, je vous en demande pardon. Je vous demande du temps pour faire un plus bel habit, en récitant mieux mon Rosaire. »

La vision ayant disparu et la jeune sœur fort affligée ayant dit à leur confesseur tout ce qui s’était passé, il les anima à dire pendant un an leur Rosaire avec plus de perfection que jamais, ce qu’elles firent. Au bout de l’année, le jour même de la Purification, la sainte Vierge, accompagnée encore de sainte Catherine et de sainte Agnès qui portaient des couronnes, et habillée d’un habit merveilleux, leur apparut sur le soir et leur dit: « Soyez assurées, mes filles, du royaume des cieux, vous y entrerez demain avec grande allégresse. » A quoi, toutes trois répondirent : «  Notre cœur est préparé, notre chère Maitresse, notre cœur est préparé. » La vision disparut. Cette même nuit il leur prit mal, elles envoyèrent chercher leur confesseur, reçurent les derniers sacrements et après avoir remercié leur confesseur de la sainte pratique qu’il leur avait enseignée.

Après complies, la sainte Vierge leur apparut encore accompagnée d’un grand nombre de vierges, fit revêtir les trois sœurs de robes blanches, après quoi, elles marchèrent toutes trois pendant que les anges chantaient : «  Venez, épouses de Jésus-Christ, recevez les couronnes qui vous sont préparées dans l’éternité. »

Apprenez plusieurs vérités de cette histoire : 1° combien il est important d’avoir de bons directeurs qui inspirent de saintes pratiques de piété et particulièrement le saint Rosaire ; 2° combien il est important de réciter le Rosaire avec attention et dévotion ; 3° combien la sainte Vierge est bénigne et miséricordieuse envers ceux qui se repentent du passé et proposent de mieux faire ; 4° combien elle est libérale à récompenser pendant la vie, à la mort et dans l’éternité, les petits services qu’on lui rend avec fidélité.

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Elisabeth de la Trinité, la grâce d’aimer la vie en profondeur…

 « Il est Tout Amour !

Je lui demande de se révéler à ton âme,

d’être l’Ami que tu saches toujours trouver,

alors tout s’illumine et c’est si bon de vivre ! »

 Lettre 161

 

Ce cri et cette interpellation de Sainte Elisabeth de la Trinité nous révèle en quelque sorte le secret de sa vie… N’y avait-il pas en elle cette grâce unique de découvrir sans cesse cette Présence de Dieu au cœur même de la vie ? Assurément !  La densité de son existence a très vite été fondée sur la « conquête » d’une unité entre activité et intériorité. Très jeune, elle a dû mener une lutte soutenue contre sa nature violente et elle s’est battue pour se laisser toucher et transformer par Jésus, présent au fond de son cœur… et la poursuite de cette unité entre combat spirituel et oraison silencieuse ne fera que grandir avec le temps et portera des fruits d’une telle paix !

A quelques jours du grand départ vers le Ciel, elle pose un tel regard de sagesse sur sa vie qui en dit long sur son itinéraire intérieur. Et elle fait ici une de ses plus belles synthèses sur la vie spirituelle où le chemin de foi mène à ce cœur profond… où nous attend le Maître :

« Que la vie est quelque chose de sérieux ; chaque minute nous est donnée pour nous « enraciner » plus en Dieu, selon l’expression de Saint Paul (Ep 3,17), pour que la ressemblance avec notre divin Modèle soit plus frappante, l’union plus intime. Mais pour réaliser ce plan qui est celui de Dieu lui-même, voici le secret : s’oublier, se quitter, regarder au Maître, ne regarder qu’à Lui, recevoir également comme venant directement de son amour, la joie ou la douleur ; cela établit l’âme sur des hauteurs si sereines !…

Je vous laisse ma foi en la présence de Dieu, du Dieu tout Amour habitant en nos âmes. Je n’ai pas peur de ma faiblesse, c’est elle qui me donne confiance, car le Fort est en moi et sa vertu est toute-puissante (2 Co 12,9) ; elle opère, dit l’Apôtre, au-delà de ce que nous pouvons espérer[1] ! » (Ep 3,20).

Et dans une autre lettre splendide à une sœur carmélite, elle soulève le voile sur sa mission future… et elle la précise avec cette liberté et cette sagesse qui en fait déjà pour nous cette Maîtresse d’intériorité :

« Il me semble qu’au Ciel, ma mission sera d’attirer les âmes en les aidant à sortir d’elles pour adhérer à Dieu par un mouvement tout simple et tout amoureux, et de les garder en ce grand silence du dedans qui permet à Dieu de s’imprimer en elles, de les transformer en Lui-même. Chère petite sœur de mon âme, il me semble que maintenant je vois toutes choses à la lumière du bon Dieu, et si je recommençais ma vie, oh, comme je voudrais ne plus perdre un instant !… Mon Maître me presse, Il ne me parle plus que de l’éternité d’amour. C’est si grave, si sérieux ; je voudrais vivre chaque minute pleine[2]… » On connaît l’émouvante chanson de Cabrel : « Je l’aime à mourir… » Mais Elisabeth, si belle et si vivante, est saisie elle par une autre musique, celle d’un Amour mystérieux : « Jésus… je l’aime à en mourir[3] ! »

Elisabeth de la Trinité vient nous aider à guérir du vide actuel où prédominent le virtuel et l’éphémère. Sa vie nous dit que le bonheur est simple, que l’essentiel est là, tout près de nous, devant nos yeux, à portée de cœur… Elle est aussi pour nous ce témoin étonnant et rassurant : si amoureuse de Jésus et si ouverte à la vie ! Comme le Pape Jean-Paul II l’a dit à la jeunesse lors d’un pèlerinage à Lourdes : Elisabeth possède « la grâce d’aimer la vie ! » dans sa plénitude… car elle a en vérité « ce regard contemplatif qui voit la vie dans sa profondeur en en saisissant les dimensions de gratuité, de beauté, d’appel à la liberté, découvrant en toute chose le reflet du Créateur et en toute personne son image vivante[4] ! »

C’est ce qui se passe dans la vie d’Elisabeth, car elle n’aime pas la vie comme on l’aime aujourd’hui dans une société dominée par la frénésie de la consommation du néo-hédonisme. Bien au contraire, jeune laïque ouverte autant que profonde, « elle sait jouir de tout ce qui lui est offert. Ce qui est bon est bon, ce qui est mal doit être évité. Elle s’enthousiasme facilement et reconnaît la valeur propre de chaque chose. Elle aime le climat chaleureux, le geste généreux, les grands horizons. En même temps, elle sait dépasser, rester détachée, elle écoute les choses chanter leur source[5]… » car la mystérieuse Présence de Dieu autour d’elle et en elle est le centre et la référence constante de sa vie.

En la regardant vivre, on la sent si ouverte à tous et à ce qu’offre la société, si partante pour l’aventure, si émerveillée de la Création. Oui, tout la passionne, mais en même temps rien n’est plus attirant que le Visage de l’Epoux, « si captivant, si beau[6] ! » Cette double dimension est très marquante dans la vie de l’éblouissante Elisabeth qui attirait le regard des garçons dans les soirées dansantes…  C’est qu’en étant si happée par ce Dieu caché en son cœur, elle est en même temps une amoureuse de la vie, avec ses multiples relations, son sens de l’aventure et son attention si délicate aux autres ! Ecoutons là partager à ses amies les « plus belles vacances de sa vie » dans le midi de la France, en ce début de l’été 1898 :

« Notre séjour ici n’a été qu’une suite de plaisirs : matinées dansantes, matinées musicales, parties de campagne, tout se succédait. La société de Tarbes est très agréable ; j’ai vu une quantité de jeunes filles, toutes plus charmantes les unes que les autres… et nous emportons un délicieux souvenir de Tarbes !… J’ai eu mes 18 ans avant-hier et madame De Rostang m’a donné une ravissante garniture de chemisette en turquoise[7] !…

En quittant Tarbes nous avons été à Lourdes, ce coin du Ciel où nous avons passé trois jours délicieux comme on ne peut en passer que là ; j’ai bien pensé à vous au pied de la grotte ; ah ! si vous saviez quels bons moments on y passe, et comme on est ému ! Il n’y avait pas de grands pèlerinages… j’aime Lourdes avec ce calme ! »

Et ensuite, c’est la visite des Pyrénées par Luchon, Cauterets et là, Elisabeth est transportée : « muette d’extase devant ces belles montagnes dont je suis folle et que j’aurais voulu ne jamais quitter[8] ! » Et puis, c’est le séjour dans l’Aude vers ce cher Carlipa qu’elle aime tant : « Même après les belles Pyrénées, je lui trouve son cachet ! Je mène une vie calme et tranquille, cette vie de campagne que j’aime tant[9]… »

Décidément, la vie d’Elisabeth est le contraire de l’ennui et elle nous prouve qu’aimer Jésus par-dessus tout nous rend, non seulement, plus merveilleusement humain mais rayonnant, déjà, d’une Lumière que tout le monde cherche…

      +M Mickaël

 

 

[1] Sainte Elisabeth de la Trinité, Œuvres complètes, Lettre 333, Cerf 1991, p.790.

[2] Lettre 335, p.792-793.

[3] Journal 17.

[4] Jean-Paul II, L’Evangile de la vie, n° 83.

[5] Conrad De Meester, Ta présence est ma joie, 1994, p. 14.

[6] Poésie 77, p. 998.

[7] Lettre 14, à Alice Chervau, p. 237.

[8] Lettre 15, à Valentine Defougues, p. 238-239.

[9] Lettre 16, à Françoise de Sourdon, p. 243.




St Louis-Marie Grignion de Montfort, Le secret admirable du Très Saint Rosaire – La manière sainte de réciter le Rosaire, 43e rose

43e ROSE

[122] Comme il n’y a point de prière plus méritoire à l’âme et plus glorieuse à Jésus et à Marie que le Rosaire bien dit, il n’y en a point aussi qui soit plus difficile à bien dire et dans laquelle il soit plus difficile de persévérer, à cause particulièrement des distractions qui viennent comme naturellement dans la répétition si fréquente de là même prière.

Lorsqu’on dit l’office de la sainte Vierge, ou les sept psaumes, ou quelques autres prières que le chapelet ou le Rosaire, le changement ou la diversité des termes dont ces prières sont conçues arrêtent l’imagination et récréent l’esprit, et par conséquent donnent facilité à l’âme pour les bien réciter. Mais dans le Rosaire, comme on y a toujours le même Pater et Ave à dire, et la même forme à y garder, il est bien difficile qu’on ne s’y ennuie, qu’on ne s’y endorme et qu’on ne l’abandonne, pour prendre d’autres prières plus récréatives et moins ennuyeuses. C’est ce qui fait qu’il faut infiniment plus de dévotion pour persévérer dans la récitation du saint Rosaire que d’aucune autre prière, quand ce serait le psautier de David.

[123] Ce qui augmente cette difficulté, c’est notre imagination, qui est si volage qu’elle n’est pas quasi un moment en repos, et la malice du démon si infatigable à nous distraire et [à] nous empêcher de prier. Que ne fait point ce malin esprit contre nous, tandis que nous sommes à dire notre Rosaire contre lui ? Il augmente notre langueur et notre négligence naturelles. Avant de commencer notre prière, il augmente notre ennui, nos distractions et nos accablements ; pendant que nous le prions, il nous accable de tous côtés, et il nous sifflera après que nous l’aurons dit avec beaucoup de peines et de distractions : « Tu n’as rien dit qui vaille ; ton chapelet, ton Rosaire, ne vaut rien, tu ferais bien mieux de travailler et de faire tes affaires ; tu perds ton temps à réciter tant de prières vocales sans attention ; une demi-heure de méditation ou une bonne lecture vaudrait bien mieux. Demain, que tu seras moins endormi, tu prieras avec plus d’attention, remets le reste de ton Rosaire à demain. » Ainsi le diable, par ses artifices, fait souvent quitter le Rosaire tout à fait ou en partie, ou fait prendre le change ou le fait différer.

[124] Ne le croyez pas, cher confrère du Rosaire, et prenez courage, quoique pendant tout votre Rosaire votre imagination n’ait été remplie que d’imaginations et pensées extravagantes, que vous avez tâché de chasser le mieux que vous avez pu, quand vous vous en êtes aperçu. Votre Rosaire est d’autant meilleur qu’il est plus méritoire ; il est d’autant plus méritoire qu’il est difficile ; il est d’autant plus difficile qu’il est naturellement moins agréable à l’âme et qu’il est plus rempli de misérables petites mouches et fourmis, qui, ne faisant que courir çà et là dans l’imagination malgré la volonté, ne (lui) donnent pas à l’âme le temps de goûter ce qu’elle dit et de se reposer dans la paix.

[125] S’il faut que vous combattiez, pendant tout votre Rosaire, contre les distractions qui vous viennent, combattez vaillamment les armes au poing, c’est-à-dire en continuant votre Rosaire, quoique sans aucun goût ni consolation sensible : c’est un terrible combat, mais salutaire à l’âme fidèle. Si vous mettez les armes bas, c’est-à-dire si vous quittez votre Rosaire, vous êtes vaincu, et pour lors, le diable, comme vainqueur de votre fermeté, vous laissera en paix et vous reprochera au jour du jugement votre pusillanimité et infidélité. Qui fidelis est in minimo et in majori fidelis erit, Luc 16, 10 : « Celui qui est fidèle dans les petites choses le sera aussi dans les plus grandes. » Celui qui est fidèle à rejeter les plus petites distractions à la moindre partie de ses prières, sera aussi fidèle dans les plus grandes choses. Rien n’est si sûr ; puisque le Saint-Esprit l’a dit. Courage donc, bon serviteur et servante fidèle à Jésus-Christ et à la sainte Vierge, qui avez pris la résolution de dire votre Rosaire tous les jours. Que la multitude des mouches (j’appelle ainsi les distractions qui vous font la guerre pendant que vous priez), ne soient pas capables de vous faire lâchement quitter la compagnie de Jésus et de Marie, dans laquelle vous êtes en disant votre Rosaire. Je mettrai ci-après des moyens de diminuer les distractions.

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Dans n’importe quel danger, on peut obtenir le salut de la Vierge glorieuse

C’est déjà une merveille pour les saints de recevoir une grâce qui sanctifie leur âme ; mais la grâce que reçut l’âme de la Vierge fut en telle abondance qu’elle rejaillit jusque sur sa chair, afin que dans cette chair Marie conçut le Fils de Dieu…

La grâce de Marie fut tellement abondante qu’elle a rejailli sur l’humanité tout entière. Qu’un saint possède assez de grâce pour suffire au salut d’un grand nombre, n’est-ce pas une grande chose ?

Mais en posséder assez pour satisfaire au salut de tous les hommes de ce monde, voilà qui est la plus étonnante des merveilles. C’est le cas du Christ, et c’est aussi celui de la bienheureuse Vierge ; car dans n’importe quel danger, on peut obtenir le salut de la Vierge glorieuse.

Saint Thomas d’Aquin

Sur la Salutation Angélique , traduction . Synave, Vie de Jésus, t. I, trad. de la Somme Théologique, éd. de la Revue des Jeunes, 1927




La sainteté est à portée de cœur…

« La sainteté est avant tout un don de Dieu ! »

Benoît XVI

Cette précision du Pape Benoît nous introduit magnifiquement au mystère de la joie selon les Saints ! Car sur terre, chaque aurore unique m’offre déjà gratuitement le « miracle de la vie » où, à la fois, Dieu se cache en son humilité et se révèle en sa tendresse …

Dans une société de surconsommation, personne n’y prête plus attention… nous sommes comme des « enfants gâtés » devenus hermétiques à la reconnaissance, à la louange face à la gratuité du don de Dieu ! Pourtant, chaque jour est un « miracle de tendresse » où Dieu m’offre « tout » secrètement : des battements de mon cœur au soleil qui se lève, tout me parle de son secret Amour… Alors, comme en déduit un regard de saint : « Chaque jour est un jour de plus pour aimer, un jour de plus pour rêver, un jour de plus pour vivre[1] ! » Saint Jean-Marie Vianney le confirme avec cette simplicité qui vient de l’Evangile : « L’homme a une belle fonction, celle de prier et d’aimer… Voilà le bonheur de l’homme sur la terre ! » Cela est si simplement vrai…

Nous sommes dans une civilisation ou domine l’envahissement du loisir à tout prix, avec les délires du sexe et de la drogue et cette facilité à presque tout vivre à distance ! Ainsi, la magie envoûtante du « on line » devient peu à peu source de vide, de solitude et de cette dérision des relations qui cache un désespoir. Saint Philippe Néri a une réponse évangélique, non sans humour, à cet immense malaise de la démesure : « Si vous tenez à tout prix à tomber dans l’exagération… alors, exagérez en vous montrant particulièrement doux, patient, humble et aimable, alors tout ira bien ! »

On ne peut ici qu’effleurer le sujet, mais se mettre à écouter les Saints et les Saintes implique de saisir le message central de l’Evangile sur lequel toute leur vie est fondée. Le cher Pape Benoît XVI l’a magnifiquement exprimé :

« La célébration des Saints en regardant leur exemple lumineux, doit réveiller en nous le grand désir d’être comme eux : heureux de vivre proche de Dieu, dans sa lumière, dans la grande famille des amis de Dieu ! Être Saint signifie vivre dans la proximité de Dieu, vivre dans sa famille. C’est notre vocation à tous…

Pour être saints, il ne faut toutefois pas accomplir des actions et des œuvres extraordinaires, ni posséder des charismes exceptionnels, il est nécessaire avant tout d’écouter Jésus, puis de le suivre sans perdre courage face aux difficultés… La sainteté, même si elle exige un effort constant de notre part, est « possible pour tous » parce que, plus qu’une œuvre de l’homme, elle est avant tout un don de Dieu[2]… »

       Et ce « don de Dieu » qui nous fait « transparence de Dieu » d’une manière « à jamais unique », sur la terre comme au Ciel, est la finalité ultime de nos vies…  Alors, les visages uniques des Saints et des Saintes font qu’une Sainte Thérèse de Lisieux me « dit » la beauté de Dieu d’une façon autant « unique » qu’un Saint François d’Assise ! Ainsi, peu importe les péchés ou les erreurs de nos vies, le Christ nous attend jusqu’au bout… Brisons maintenant cette attente comme la pécheresse a brisé son cœur à travers ses larmes sur les pieds de Jésus… (Lc 7,38), il est temps de se réveiller et de ressusciter en sa miséricorde ! A travers Sainte Faustine, n’a-t-il pas fait cette « promesse folle » qui nous ouvre cette porte sacrée du Ciel dont témoigne le bon larron (Lc 23,42-43) :

« La perdition est pour l’âme qui veut se perdre… Seule l’âme qui le voudra elle-même sera damnée, car Dieu ne condamne personne !… Mais celui qui désire le salut trouve la mer inépuisable de la miséricorde du Seigneur… et même si j’avais sur la conscience les péchés de tous les damnés, je n’aurais pas douté de la miséricorde de Dieu, je me serai jetée dans l’abîme de ta Miséricorde[3] ! »

Nous ne sommes nés que pour devenir ce Saint ou cette Sainte désirée par le Père que chante Saint Paul dans sa vision de l’élection éternelle en Jésus Christ :

« Il nous a élus en Lui, dès avant la Fondation du monde, pour être saints et immaculés sous son regard, dans l’amour, déterminant d’avance que nous serions pour Lui des fils adoptifs par Jésus Christ ; ainsi l’a voulu sa bienveillance à la louange de sa gloire, et de la grâce dont Il nous a comblés en son Bien-aimé… » (Ep 1,3-6).

Telle est la réalité profonde de la foi à laquelle Jésus nous veut « fidèles » à sa suite jour après jour en le regardant marcher devant nous… (Mc 10,32) Lui qui nous appelle à devenir à sa ressemblance « doux et humble de cœur » (Mt 11,29), car il n’y a pas d’autre « repos » que sa tendresse quand il me dit du haut de la Croix : « Voici ta Mère ! » (Jn 19,27). A travers Elle, la sainteté est à portée de cœur… Le Saint Padre Pio l’a tant vécu dans les épreuves de sa vie :

« La force de Satan, qui me combat, est terrible ; mais vive Dieu ! puisqu’il a placé l’issue de la victoire entre les mains de notre céleste Mère. Protégé et guidé par une si tendre Mère, je continuerai à combattre jusqu’à ce que Dieu vienne… empli de confiance en cette Mère, sûr de ne jamais succomber[4]

Alors mon passé, Ô Seigneur, à ta Miséricorde, mon présent à ton Amour et mon avenir à ta Providence ! »

                                                                                                           +M Mickaël

 

[1] Saint Padre Pio, Les plus belles citations de Saints, Hozana.org

[2] Benoît XVI, Rome, 9 novembre 2006.

[3] Sainte Faustine, Petit Journal, 631

[4] Saint Padre Pio, Paroles de lumière, Salvator 2006, p.133.




St Louis-Marie Grignion de Montfort, Le secret admirable du Très Saint Rosaire – La manière sainte de réciter le Rosaire, 42e rose

[119] Il ne suffit pas, pour bien prier, d’exprimer nos demandes par la plus excellente de toutes les manières d’oraison qui est le Rosaire, mais il faut encore y apporter une grande attention, car Dieu écoute plutôt la voix du cœur que celle de la bouche. Prier Dieu avec des distractions volontaires serait une grande irrévérence, qui rendrait nos Rosaires infructueux et nous remplirait de péchés. Comment ose-t-on demander à Dieu qu’il nous écoute, si nous ne nous écoutons pas nous-mêmes, et si, pendant que nous prions cette redoutable majesté qui fait tout trembler, nous nous arrêtions volontairement à courir après un papillon ? C’est éloigner de soi la bénédiction de ce grand Seigneur et la changer dans la malédiction portée contre ceux qui font l’ œuvre de Dieu négligemment : Maledictus qui facit opus Dei negligenter (Jérémie 48, 10).

[120] Vous ne pouvez pas, à la vérité, réciter votre Rosaire sans avoir quelques distractions involontaires ; il est même bien difficile de dire un Ave Maria sans que votre imagination toujours remuante ne vous ôte quelque chose de votre attention ; mais vous pouvez le réciter sans distractions volontaires, et vous devez prendre toutes sortes de moyens pour diminuer les involontaires et fixer votre imagination.

A cet effet, mettez-vous en la présence de Dieu, croyez que Dieu et sa sainte Mère vous regardent, que votre bon Ange à votre main droite prend vos Ave Maria comme autant de roses, s’ils sont bien dits, pour en faire une couronne à Jésus et à Marie, et qu’au contraire, le démon est à votre gauche et rôde autour de vous, pour dévorer vos Ave Maria et les marquer sur son livre de mort, s’ils ne sont pas dits avec attention, dévotion et modestie ; surtout ne manquez pas de faire les offrandes des dizaines en l’honneur des mystères, et de vous représenter, dans l’imagination, Notre-Seigneur et sa sainte Mère dans le mystère que vous honorez.

[121] On lit dans la vie du bienheureux Herman, de l’ordre de Prémontré, que, lorsqu’il disait le Rosaire avec attention et dévotion, en méditant les mystères, la sainte Vierge lui apparaissait toute brillante de lumière, avec une beauté et majesté ravissantes. Mais ensuite, sa dévotion s’étant refroidie et ne récitant plus son Rosaire qu’à la hâte, et sans attention, elle lui apparut le visage tout ridé, triste et désagréable. Herman, étonné d’un tel changement, la sainte Vierge lui dit : « Je parais telle devant tes yeux, que je suis à présent dans ton âme, car tu ne me traites plus que comme une personne vile et méprisable. Où est le temps que tu me saluais avec respect et attention, en méditant mes mystères et admirant mes grandeurs ? »

 

Pour lire l’introduction et consulter le plan de l’ouvrage de Grignion de Montfort, cliquer ici.




Padre Pio et le troisième secret de Fatima

Source : Lifesite news, 7 octobre 2024

(LifeSiteNews) – Le texte suivant est écrit par le père Frank Unterhalt, pasteur d’une paroisse de l’archidiocèse de Paderborn, en Allemagne. Il est l’orateur de Communio Veritatis Un groupe de prêtres de ce diocèse qui n’a cessé d’élever la voix pour s’opposer aux changements venant de Rome. LifeSite a publié multiples interventions de ce groupe sous la direction du père Unterhalt.

Unterhalt, dans une nouvelle interventionL’auteur y évoque la vie de Padre Pio, son charisme, ainsi que la vision qu’il a eue du troisième secret de Fatima. LifeSite a le plaisir de publier ici, avec l’autorisation d’Unterhalt, une traduction de son nouveau texte.

Unterhalt rappelle à ses lecteurs qu’en 2017, José María Zavala publié un livre sur le troisième secret de Fatima, dans lequel il révèle que Padre Pio lui-même, vers 1960, en avait parlé au chef des exorcistes de Rome, le père Gabriele Amorth. Pour ceux qui ne connaissent pas encore la conversation de Zavala avec le père Amorth, examinons ici un passage clé avant de passer au nouvel essai d’Unterhalt :

« En effet, déclare [Amorth], un jour Padre Pio m’a dit avec beaucoup de tristesse : Tu sais, Gabriele ?C’est Satan qui a été introduit au sein de l’Église et qui, dans un très court laps de temps, en viendra à régner sur une fausse Église.' » 

« Oh mon Dieu ! Une sorte d’Antéchrist ! Quand est-ce qu’il vous a prophétisé cela ? ». [Zavala demande]. 

« Cela devait être vers 1960, car j’étais déjà prêtre à l’époque. 

« Est-ce la raison pour laquelle Jean XXIII a été si paniqué à l’idée de publier le troisième secret de Fatima, afin que les gens ne pensent pas qu’il était l’antipape ou quoi que ce soit d’autre ? 

Un sourire léger mais complice ourle les lèvres du père Amorth. 

« Padre Pio vous a-t-il dit autre chose sur les catastrophes à venir : tremblements de terre, inondations, guerres, épidémies, famine… ?A-t-il fait allusion aux mêmes fléaux que ceux prophétisés dans les Saintes Écritures ? [demande M. Zavala] 

« Rien de tout cela ne lui importait, aussi terrifiant soit-il, à l’exception de la grande apostasie au sein de l’Église. C’est ce problème qui le tourmentait vraiment et pour lequel il a prié et offert une grande partie de ses souffrances, crucifié par amour. » [dit le P. Amorth] 

« Le troisième secret de Fatima ? »

« Exactement.«  

Nous ne saurions trop insister sur l’importance du Troisième Secret. La consécration de la Russie n’a manifestement pas été faite correctement, sinon serions-nous au bord de la Troisième Guerre mondiale ? Nous ne voyons encore aucun signe du triomphe du Cœur Immaculé de Marie annoncé par Notre-Dame de Fatima. Gardons le sujet des avertissements de Notre Dame de Fatima à l’esprit.

Voir ici le texte intégral du père Frank Unterhalt :

Le message et les événements de Fatima, décrits comme une « explosion de surnaturel », ont[1] se reflètent clairement dans la vie de saint Padre Pio. D’une manière très particulière, il a pu être un témoin de la vraie foi catholique et un prophète pour notre temps.

Comme les pastoureaux, le prêtre capucin stigmatisé se caractérisait par une adoration héroïque de Dieu dans le sacrement de l’autel. C’est ainsi qu’il confesse : « Il serait plus facile pour la terre d’exister sans le soleil que sans la Sainte Messe ![2] C’est ainsi qu’il a été entraîné à plusieurs reprises dans ce mystère d’amour incompréhensible, avec une émotion extatique. La visualisation du sacrifice du Christ sur la croix devenait pour ainsi dire transparente lors de sa célébration. « Le drame du Golgotha se présentait à son esprit. Il lui était permis de vivre mystérieusement la souffrance du Seigneur et la mort sacrificielle de l’Agneau de Dieu ».[3] Son attitude révérencieuse rappelle celle de l’Ange de Fatima, qui a enseigné les deux célèbres prières d’adoration[4] et administrer la communion orale à genoux. Padre Pio a également ressenti que la rencontre avec le Seigneur eucharistique était la source de toute sa vie : « Le cœur de Jésus et le mien … se sont fondus en un seul. Ce n’était plus deux cœurs qui battaient, mais un seul. Mon cœur s’était perdu comme une goutte d’eau perdue dans une mer ».[5] Le zélé prêtre capucin attachait une grande importance au fait que les fidèles reçoivent la Sainte Communion en état de grâce afin de ne pas offenser le Seigneur et de ne pas manger le jugement (cf. 1 Cor. 11:27).

La dévotion sacerdotale de Padre Pio allait à la gloire du Très-Haut et au salut des âmes. « De même que Dieu a poussé les enfants de Fatima, à travers une vision de l’enfer, à l’expiation et au sacrifice, il voit aussi de nombreuses personnes en danger d’être éternellement perdues. Comment ne pas pleurer en voyant comment l’humanité veut à tout prix se plonger dans l’enfer ?[6] Comme Jacinthe de Fatima, la sainte de Pietrelcina savait que les péchés qui entraînent la plupart des âmes dans la perdition éternelle sont ceux de la chair.[7]

En véritable pasteur selon le cœur de Dieu, il a donc lutté avec détermination contre les maux désastreux de l’impudicité et a donné des avertissements urgents. « Ces péchés profanent les sources de la vie et déplaisent fortement à Dieu, comme l’Église l’a toujours enseigné. Enfin, Padre Pio a mené une lutte encore plus acharnée contre d’autres maux terribles, tels que l’homosexualité, l’euthanasie active et l’avortement. Il considérait ces péchés comme l’abomination de l’humanité et la destruction de toutes les valeurs humaines et chrétiennes ».[8]

L’appel de Fatima à prier et à sacrifier beaucoup pour la conversion des pécheurs était gravé dans le cœur de ce capucin plein d’âme. Il connaissait le prix du salut : « Si vous saviez ce que coûte une âme ! Les âmes ne vous sont pas données en cadeau, vous les achetez. Tu ne sais pas ce qu’elles coûtent au Christ. Maintenant, tu dois toujours les payer avec la même pièce ».[9] Padre Pio confirmait souvent aux personnes après leur conversion combien il avait souffert pour elles.

Il a toujours consacré sa vie à sa prière préférée, le Rosaire, qu’il considérait comme une excellente « arme » spirituelle avec laquelle on peut tout obtenir. Il le considérait comme l’excellente « arme » spirituelle avec laquelle on peut tout obtenir, car « la Sainte Vierge recommandait chaleureusement le [R]osaire à chacune de ses apparitions ».[10] Il a donc voulu léguer cette chaîne victorieuse à ses enfants spirituels.

En tant que serviteur de la Divine Miséricorde, Padre Pio était un apôtre du sacrement de pénitence, écoutant jusqu’à 15 heures de confession par jour. Il ne tolérait pas la superficialité, mais exigeait un repentir authentique : « Il exigeait une accusation claire et honnête, une contrition sincère et des résolutions fermes. Avant tout, il fallait reconnaître et admettre ses péchés et sa propre méchanceté ».[11] Ce confesseur exceptionnel se caractérisait à la fois par sa miséricorde et sa détermination. Son don de clairvoyance lui permettait de guider les fidèles d’une manière inimitable. Il a dit à un confesseur : « Je te connais de l’intérieur, comme tu te reconnais dans le miroir : « Je te connais de l’intérieur, comme tu te reconnais dans le miroir ! … Je connais tout à la lumière de Dieu ! ».[12]

Le guide spirituel doué a souvent souffert de manière indicible de la saleté du péché qui arrivait dans le confessionnal. « Il avait une telle horreur du péché qu’il aurait préféré mourir mille fois plutôt que de laisser cette souillure souiller son âme. … Il lutta de toutes ses forces pour que le confesseur comprenne enfin qui il était, dont il avait offensé la bonté et l’amour ».[13] Le drame de l’immense déluge de boue peut l’ébranler profondément : « Il pleure sur le pécheur qui préfère le péché à son âme précieuse. Il pleure sur le sang de Dieu qui est versé en vain pour tant de malheureux ».[14]

Comme les bergers de Fatima, Padre Pio savait parfaitement qui est capable de nous guider en toute sécurité vers notre but éternel. Les célèbres paroles de l’Immaculée résonnaient dans son âme : « Mon Cœur Immaculé sera votre refuge et le chemin qui vous conduira à Dieu ! » Il connaissait parfaitement la place prépondérante de la Sainte Vierge et Mère de Dieu Marie dans le plan du salut, l’appelant tendrement sa « Mammina » et la décrivant comme le « chef-d’œuvre incomparable du Créateur ».[15] Avec un grand zèle, il proclame les gloires de la Reine céleste, en particulier son Immaculée Conception, sa virginité perpétuelle et la maternité de Dieu. En extase, il s’exclame : « Oui, tu es belle, si ce n’était la foi, on t’appellerait déesse. Tes yeux sont plus brillants que le soleil ! ».[16] Il a vécu et diffusé la consécration au Cœur Immaculé de Marie, demandée avec tant d’insistance à Fatima, comme une puissante ancre de salut et a loué l’Immaculée comme médiatrice de toutes les grâces : « Elle brille comme l’étoile du matin sur toute la création. Tout se réfère à elle, toute grâce passe par elle. Elle seule est capable de capter les flots d’amour qui jaillissent du cœur de Dieu. Elle seule est digne d’être en communion avec eux. »[17]

Le lien particulier de Padre Pio avec le message de Fatima a également été révélé en 2017 dans une dimension extrêmement éclairante : Il a été révélé qu’il connaissait même le Troisième Secret – il lui avait déjà été révélé quatre ans avant les enfants bergers. Le célèbre journaliste José María Zavala en témoigne dans son livre Le secret le mieux gardé de Fátima, qu’il a publié à l’occasion du 100e anniversaire des apparitions. Dans ce travail d’investigation, l’auteur espagnol se réfère à son long entretien avec Don Gabriele Amorth, fils spirituel de Padre Pio. Le célèbre exorciste y révèle ce que le saint stigmatisé, frappé de plein fouet et choqué, lui a confié au sujet du troisième secret : « C’est Satan qui est entré dans le sein de l’Église, et dans peu de temps, il régnera sur une fausse Église. »[18]

Zavala a interrogé Don Gabriele Amorth à ce sujet de manière plus détaillée et, en conclusion du dialogue, il déclare ce qui suit : « Il y avait deux thèmes récurrents et liés : la grande apostasie de l’Église depuis son sommet – selon le témoignage du cardinal Ciappi – et l’introduction du diable à la tête de l’Église par le biais du ‘Pape sous le contrôle de Satan' ».[19]

Zavala souligne la correspondance évidente entre ces paroles et la déclaration de Frère Michel de la Sainte Trinité, éminent expert du message de Fatima et auteur d’une trilogie correspondante. Il a déclaré :

Ce sera l’époque de la bataille décisive entre la Vierge et le diable. Un flot de confusion diabolique se répandra dans le monde. Satan pénétrera dans les plus hautes sphères de l’Église. Il aveuglera les esprits et endurcira les cœurs des bergers, car Dieu les aura abandonnés à leur sort en punition de leur désobéissance aux demandes du Cœur Immaculé de Marie.

Ce sera la grande apostasie annoncée pour les derniers jours, … le ‘Faux Prophète’ qui trahit l’Eglise au profit de la ‘Bête’, selon la prophétie de l’Apocalypse.[20]

Le Faux Prophète qui boite et l’Antéchrist qui va bientôt apparaître font tout pour tromper et escroquer les gens et les conduire à la perdition éternelle.

« Voici la persévérance des saints, qui gardent les commandements de Dieu et la foi de Jésus » (Apoc. 14:12).

Mais à la fin, le Cœur Immaculé de Marie, la Vierge de Fatima, la Reine du Rosaire et le vainqueur de toutes les batailles de Dieu, triomphera ! 

Père Frank Unterhalt
13 juillet 2024
Anniversaire de la troisième apparition à Fatima

Références

Références
1 Paul Claudel, in : P. Charles Olmi, Méditations sur les révélations de FatimaLe Puy 1945, Introduction.
2 Père Ferdinand Ritzel, Pater Pio. Sa vie. L’amour et l’amourMedia Maria Verlag 2018, p. 182.
3 Ibid, p. 181.
4 Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je vous aime ! Je te demande pardon pour ceux qui ne croient pas, n’adorent pas, n’espèrent pas et ne t’aiment pas.

Très Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, je Vous adore profondément et je Vous offre le très précieux Corps, Sang, Ame et Divinité de Jésus-Christ, présent dans tous les tabernacles du monde, en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences par lesquels Il est Lui-même offensé. Par les mérites infinis de son très Sacré-Cœur et du Cœur Immaculé de Marie, je Vous demande la conversion des pauvres pécheurs.

5 P. J. Derobert, Heiliger Pio aus Pietrelcina durchsichtig auf Gott hinHauteville/Suisse 2011, p. 66.
6 Père Ferdinand Ritzel, p. 182.
7 L. Gonzaga da Fonseca, Maria spricht zur WeltFribourg/Suisse 1973 (16e édition), p. 177.
8 Père Stefano Maria Manelli, Le saint Pio de PietrelcinaCastelpetroso 2002, p. 132.
9 Don Gabriele Amorth, Pater Pio. Histoire de la vie d’un saintStein am Rhein 2006 (2e édition), p. 60.
10 Père Stefano Maria Manelli, p. 97.
11 Ibid, p. 105.
12 P. J. Derobert, p. 717.
13 Ibid. p. 715.
14 Maria Winowska, L’histoire sainte de Pater PioAugsbourg 1989 (25e édition), p. 127.
15 Ibid. p. 159.
16 Père Ferdinand Ritzel, p. 266.
17 Maria Winowska, p. 159.
18 José María Zavala, Le secret le mieux gardé de Fátimaédition espagnole, Planeta Publishing 2017, p. 231.
19 Ibid, p. 267.
20 Ibid, pp. 83-84.