Le secret admirable du Très-Saint Rosaire (9) – St Louis-Marie Grignion de Montfort

7e ROSE

[24] Depuis que le bienheureux Alain de la Roche a renouvelé cette dévotion, la voix publique, qui est la voix de Dieu, lui a donné le nom de Rosaire qui signifie couronne de roses ; c’est-à-dire que toutes les fois que l’on dit comme il faut son Rosaire, on met sur la tête de Jésus et de Marie une couronne composée de cent-cinquante-trois roses blanches et de 16 roses rouges du paradis, lesquelles ne perdront jamais [ni] leur beauté ni leur éclat. La sainte Vierge a approuvé et  confirmé ce nom de Rosaire, révélant à plusieurs qu’ils lui  présentaient autant d’agréables roses qu’ils réciteront d’Ave Maria en son honneur et autant de couronnes de roses qu’ils diront de Rosaires .

[25] Le frère Alphonse Rodriguez, de la Compagnie de Jésus, récitait son Rosaire avec tant d’ardeur qu’il voyait souvent, à chaque Pater, sortir de sa bouche une rose vermeille, et à chaque Ave Maria une blanche égaIe en beauté et en bonne odeur et seulement différente de couleur.

Les chroniques de saint François racontent qu’un jeune religieux avait cette louable coutume de dire tous les jours avant son repas la couronne de la sainte Vierge. Un jour, par je ne sais quel accident, il y manqua ; le dîner étant sonné, il pria le supérieur de lui permettre de la réciter avant que d’aller à table. Avec cette permission, il se retire dans sa chambre ; mais comme il tardait trop, le supérieur envoya un religieux pour l’appeler.

Ce religieux le trouva dans sa chambre, tout éclatant d’une céleste lumière, et la sainte Vierge avec deux anges auprès de lui ; à mesure qu’il disait un Ave Maria, une belle rose sortait de sa bouche, les anges prenaient les roses l’une après l’autre et les mettaient sur la tête de la sainte Vierge qui en témoignait de l’agrément. Deux autres religieux envoyés pour voir la cause du retardement des autres virent tout ce mystère, et la sainte Vierge ne disparut point que la couronne ne fût récitée.

Le Rosaire est donc une grande couronne et le chapelet est un petit chapeau de fleurs ou petite couronne de roses célestes qu’on met sur la tête de Jésus et de Marie. La rose est la reine des fleurs, de même le Rosaire est la rose et la première des dévotions.

 

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Saint Jean, l’Apôtre bien-aimé du Seigneur ! (2)

     2 – « Tu fus saisis à jamais par le Regard du Maître… »

La première rencontre est le moment où la vie du jeune Jean va basculer…

Ici, il faut laisser résonner en nos cœurs la beauté de cet Evangile où prédomine le silence des regards et la profondeur des paroles : après avoir reçu, la veille, la Révélation de « l’Elu de Dieu » (Jn 1,34) ; Jean, le Baptiste, montre pour la première fois à ses disciples Celui que le monde attendait… et Jean, l’Apôtre naissant, découvre pour la première fois le Visage de son Maître :

« Le lendemain, Jean se tenait là, de nouveau, avec deux de ses disciples. Regardant Jésus qui passait, il dit : « Voici l’Agneau de Dieu ! » Les deux disciples entendirent ses paroles et suivirent Jésus… » (Jn 1,35-37).

Nous voici arrivés à un tournant décisif de la mission de Jean-Baptiste où le Précurseur laisse place à la Lumière à travers des paroles ultimes :

« Vous m’êtes témoins que j’ai dit : « Je ne suis pas le Christ, mais je suis envoyé devant Lui. » Qui a l’épouse est l’Epoux… mais l’ami de l’Epoux qui se tient là et qui l’entend, est ravi de joie à la voix de l’Epoux ! Telle est ma joie, et elle est parfaite ! Il faut que Lui grandisse et que moi, je diminue… » (Jn 3,28-30).

Et le Baptiste conclut en nous plongeant au cœur de la Révélation : à travers la contemplation « Verbe fait chair », il nous dévoile ainsi le mystère de la Très Sainte Trinité ! Il est vraiment le plus grand des prophètes qui nous fait basculer avec une sagesse unique de l’Ancien au Nouveau Testament :

« Celui qui vient d’en Haut est au-dessus de tous… Celui qui vient du Ciel témoigne de ce qu’il a vu et entendu, et son témoignage, nul ne l’accueille… En effet, Celui que Dieu a envoyé prononce les paroles de Dieu, car il donne l’Esprit sans mesure… Le Père aime le Fils et a tout remis dans sa main. Qui croit au Fils a la vie éternelle ; qui refuse de croire ne verra pas la vie… » (Jn 3,31-36).

On comprend donc que de telles paroles étaient déjà présentes dans le regard du Baptiste lorsque « regardant Jésus qui passait, il dit : « Voici l’Agneau de Dieu[1] ! » (Jn 1,36) Et ses deux disciples suivirent Jésus…

Cet évènement biblique ultime marque, non un abandon des deux disciples vis-à-vis du Baptiste, mais un « passage » de Jean et d’André vers la Lumière… Comme le remarque très justement un moine chartreux : « Puis-je dire qu’ils abandonnent Jean-Baptiste ? Ils restent plutôt avec lui dans la lumière vraie qu’il leur a montrée ; ils restent dans l’esprit de sa mission, de son témoignage… ils lui sont donc fidèles… et ils le prolongent. Le Précurseur qui demeure en avant, dans son rôle, rejoint Jésus en eux et par eux[2] ! » En ce sens, il faut se souvenir ici des paroles décisives de l’Apôtre dans son prologue, synthèse de tout son Evangile :

« Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous, et nous avons contemplé sa gloire, gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité ! Jean lui rend témoignage et il clame :

« C’est de lui que j’ai dit : Celui qui vient derrière moi, le voici passé devant moi, parce qu’avant moi il était… »

Oui, de sa plénitude nous avons tous reçu… Nul n’a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est tourné vers le sein du Père, lui, nous l’a fait connaître ! »

(Jn 1,14-18)

Ainsi, cette première rencontre va devenir la plus bouleversante de toute leur vie… Il y a véritablement un avant et un après quand le Seigneur leur fait face : « Jésus se retourna et voyant qu’ils le suivaient, leur dit : « Que cherchez-vous ? » Ils lui dirent : « Rabbi, où demeures-tu ? » Il leur dit : « Venez et voyez ! »  Ils demeurèrent auprès de lui ce jour-là. C’était environ la dixième heure[3] » (Jn 1,38-39).

Quand Jésus se retourne, les deux disciples voient pour la première fois le Visage du « Verbe fait chair » … Ce premier regard de Jésus sur les deux disciples est un événement « unique » dans leur vie, et de l’ordre de « l’indicible » dans la vie de Jean : il découvre le regard du Dieu fait homme qui s’inscrit à jamais au plus profond de son être : « Jean est entré dans le Cœur de Jésus : il y a pris cette place à part qu’il a ajoutée à son nom pour le compléter et qui est presque devenu son nom propre : « Le disciple que Jésus aimait ! … » Il reposait la tête sur son Cœur, il reposait tout son être dans son amour. Il était là depuis le premier soir où il avait demandé à Notre Seigneur encore inconnu : « Où habitez-vous[4] ? »

Voici donc la première note de son chant d’amour ! Il en témoignera par le chant de toute sa vie que laissent deviner ses écrits sacrés : de la beauté de son

Evangile et de ses Epîtres à la plénitude mystérieuse de son Apocalypse qui donne le sens ultime à toute la Bible !

Nous y reviendrons, mais notons que c’est auprès du Cœur silencieux de Marie, à Ephèse, que s’achèvera la Révélation finale sur Jésus, à travers le regard de la Mère…

+M Mickaël

 

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[1] Paroles uniques reprises à la Sainte Messe quand le prêtre présente l’Hostie sacrée à l’assemblée chrétienne : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché de monde ! » (Jn 1,29)

[2] Dom Augustin Guillerand, Au seuil de l’abîme de Dieu – Elévations sur l’Evangile de St Jean, Rome 1961, p.93.

[3] C’était donc vers 4 heures de l’après-midi : Jean aime situer avec précision les moments décisifs de la Révélation.

[4] Dom Augustin Guillerand, op. cit., p.102.




Le secret admirable du Très Saint Rosaire (8) – St Louis-Marie Grignon de Montfort

6e ROSE

[22] Depuis le temps que saint Dominique a établi cette dévotion jusqu’à l’an 1460, que le bienheureux Alain  de la Roche, par l’ordre du ciel, l’a renouvelée, on l’appelle le psautier de Jésus et de la sainte Vierge, parce qu’elle contient autant de Salutations angéliques que le psautier de David contient de psaumes, et que, les simples et les ignorants ne pouvant pas réciter le psautier de David, on trouve dans la récitation du Saint Rosaire un fruit égal à celui qu’on tire de la récitation des psaumes de David et même encore un abondant : 1° Parce que le psautier angélique a un fruit plus noble, savoir : le Verbe incarné, au lieu que le psautier de David ne fait que le prédire ; 2° Comme la vérité surpasse la figure et le corps l’ombre, de même le psautier de la sainte Vierge surpasse le psautier de David qui n’en a été que l’ombre et la figure; 3° Parce que la Sainte-Trinité a immédiatement fait le psautier de la sainte Vierge ou le Rosaire composé du Pater et de l’Ave.

Voici ce que le savant Cartagène [1] rapporte sur ce sujet : Le très savant écrivain d’Aix-La-Chapelle (J. Beyssel) dit dans son livre La couronne de Rose dédié à l’empereur Maximilien : On ne peut pas soutenir que la salutation mariale soit une invention récente. Elle se répandit avec l’Eglise elle-même. En effet, aux toutes premières origines de l’Eglise, les fidèles plus instruits célébraient les louanges divines par la triple cinquantaine des Psaumes de David. Chez les simples, qui se heurtaient à plus de difficulté dans le service divin, naquit ainsi une sainte émulation… Ils pensèrent, ce qui est un fait, que dans cet éloge céleste (le Rosaire) sont inclus tous les divins secrets des Psaumes, et cela surtout parce que si les Psaumes le chantaient comme devant venir, cette formule de prière s’adressait à Lui comme étant déjà venu. C’est ainsi qu’ils commencèrent à appeler « Psautier de Marie » les trois cinquantaines de Salutations, faisant même précéder chaque dizaine de l’Oraison dominicale comme ils avaient vu faire à ceux qui récitaient les psaumes.

[23] Le psautier ou le Rosaire de la sainte Vierge est divisé en trois chapelets de cinq dizaines chacun : 1° pour honorer les trois personnes de la Sainte-Trinité ; 2° pour honorer la vie, la mort et la gloire de Jésus-Christ ; 3° pour imiter l’Église triomphante, pour aider la militante et soulager la souffrante ; 4° pour imiter les trois parties des psaumes dont la première est pour la vie purgative, la seconde pour la vie illuminative et la troisième pour la vie unitive ; 5° pour nous remplir de grâce pendant la vie, de paix à la mort et de gloire dans l’éternité.

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[1] CARTHAGENA, De Sacris Arcanis, L. 16. Hom. I ; CN, p. 156




Le secret admirable du Très Saint Rosaire (8)- St Louis-Marie Grignon de Montfort

PREMIÈRE DIZAINE

L’ excellence du saint Rosaire

dans son origine et Son nom.

(suite)

[5. ROSE]

[81] il n’y a [à] proprement parler qu’une sorte de confrérie du Rosaire composé de 150 Ave Maria ; mais par rapport à la ferveur des différentes personnes qui le pratiquent, il y en a de trois sortes, savoir : le Rosaire commun ou ordinaire, le Rosaire perpétuel et le Rosaire quotidien. La confrérie du Rosaire ordinaire n’exige qu’on le récite qu’une fois par semaine. Celle du Rosaire perpétuel qu’une fois par an, mais celle du Rosaire quotidien demande qu’on le dise tous les jours tout entier, c’est-à-dire 150 Ave Maria. Aucun de ces Rosaires n’engage à péché, pas même véniel, si on vient à y manquer, parce que cet engagement est tout à fait volontaire et de surérogation ; mais il ne faut pas s’enrôler dans la confrérie si on n’a pas la volonté déterminée à le réciter selon que la confrérie le demande autant qu’on le pourra sans manquer aux obligations de l’état. Ainsi lorsque la récitation du saint Rosaire se trouve en concurrence avec une action à laquelle l’état engage, on doit préférer cette action au Rosaire, quelque saint qu’il soit. Lorsque dans la maladie on ne peut le dire ni tout entier ni en partie, sans augmenter son mal, on [n’] y est pas obligé. Lorsque par une obéissance légitime, ou par un oubli involontaire, ou par une nécessité pressante, on [n’] a pu le dire, il n’y a aucun péché, même véniel ; on ne laisse pas de participer aux grâces et aux mérites des autres frères et sœurs du saint Rosaire qui le disent dans le monde.

Chrétien, si vous manquez même de le dire par pure négligence, sans aucun mépris formel, vous ne péchez pas aussi, absolument parlant, mais vous perdez la participation des prières et des bonnes œuvres et mérites de la confrérie, et par votre infidélité en choses petites et de surérogation, vous tomberez insensiblement dans l’infidélité aux choses grandes et d’obligation essentielle ; car : Qui spernit modica paulatim decidet [1].

 

[1] Si 19, 1 : Qui méprise les riens peu à peu s’appauvrit.

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A l’écoute des Saints : Saint Jean, l’Apôtre bien-aimé du Seigneur ! (1)

« Ce qui était dès le commencement… »

1 Jn 1,1

 

Voici que nous allons approcher la beauté mystérieuse de l’Apôtre le plus contemplatif et le plus intime de Jésus, au point d’avoir reposé, si souvent, sur sa poitrine… comme pour écouter battre l’Amour du Cœur de Dieu ! (Jn 13,25).  En effet, « Saint Jean reposait sur le sein du Seigneur comme le Seigneur reposait sur le sein de son Père. Cette inoubliable formule, qu’Origène frappa au coin de son génie, proclame la splendeur de l’acte théologique : il est communion au mystère du Dieu vivant, contemplation de son Visage en Jésus-Christ[1]… »

C’est dans cette perspective que nous allons entrer ici dans la méditation des prières quotidiennes à Saint Jean Apôtre. On les retrouve dans notre « Livre de vie[2]» : là, nous est proposé pour chaque jour un texte à la fois évangélique, contemplatif et marial. Laissons résonner en nos cœurs celui du lundi :

« O Saint Jean, Apôtre bien-aimé du Seigneur, (Ap 1,9),

dès le commencement, (Jn 1,1-2 / 1 Jn 1,1-4),

tu fus saisi à jamais par le Regard du Maître… (Jn 1,35-39 / Ap 1,14)

Toi qui reposas si souvent sur sa poitrine… (Jn 13,25)

Toi qui contemplas, près de Notre Dame des larmes,

le mystère insondable de son Cœur ouvert sur la Croix… (Jn 19,25-37)

Par l’intercession de Marie, notre Mère, (Ac 1,14 / Jn 2,1-5)

aide-nous à accueillir, jour après jour,

« l’onction du Saint-Esprit » … (1 Jn 2,18-28)

Fais grandir en nous la certitude de la foi (Lc 18,8)

que « Dieu est Amour » … (1 Jn 4,7-16)

lui qui est « plus grand que notre cœur » (1 Jn 3,20)

et nous connaît en sa Miséricorde … (Jn 21,15-17)

Jean est le « bien-aimé » du Seigneur ! Apôtre particulièrement contemplatif, il laisse deviner son intimité la plus continuelle possible avec ce Dieu qui lui a révélé son Visage et son Cœur… et à travers une mission plus effacée qu’un Pierre ou un Paul, il est cependant un des visages éminent du Collège des douze : « Et nous, nous avons reconnu l’amour que Dieu a pour nous, et nous y avons cru : Dieu est Amour ! » (1 Jn 4,16). Tel est le regard de foi d’une Eglise qui se découvre aimée… Tout part d’une puissance baptismale cachée dans le cœur face à « l’esprit de l’Antichrist » (1 Jn 4,3) : « Vous, petits enfants, vous êtes de Dieu et vous les avez vaincus. Car Celui qui est en vous est plus grand que celui qui est dans le monde ! » (1 Jn 4,4).

  1. « Dès le commencement… »

L’Evangile rapporte deux approches johanniques du « commencement » :

Le premier commencement est historique. Il se dévoile à la première rencontre avec Jésus après le regard et la parole mystérieuse de Jean-Baptiste qui n’a pas échappé à l’Apôtre : « Regardant Jésus qui passait, il dit : « Voici l’Agneau de Dieu ! » (Jn 1,29). A cet instant, la vie de Jean va « basculer » à jamais avec celle d’André, le frère de Simon-Pierre : « Les deux disciples entendirent ses paroles et suivirent Jésus… et ils demeurèrent auprès de Lui ce jour-là. » (Jn 1,37-39). C’est cette première rencontre Unique que décrit Jean avec bouleversement au prologue de sa première Epître : un véritable credo que l’on peut répéter inlassablement en entrant peu à peu dans le regard contemplatif de l’Apôtre bien-aimé…

« Ce qui était dès le commencement,

ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux,

ce que nous avons contemplé,

ce que nos mains ont touché du Verbe de vie ;

car la Vie s’est manifestée…

Nous l’avons vue, nous en rendons témoignage

et nous vous annonçons cette Vie éternelle,

qui était tournée vers la Père et qui nous est apparue… »

(1 Jn 1,1-2)

L’autre commencement de Jean nous projette dans l’éternité au cœur de l’origine de tout. On entre là dans une contemplation unique de la foi qui invite au silence, à la profondeur… car l’Apôtre n’aurait jamais pu écrire de telles lignes sacrées s’il n’avait découvert en Jésus, « le Verbe fait chair » (Jn 1,14), le seul Seigneur et Médiateur entre Dieu et les hommes : « Nul n’a jamais vu Dieu ; le Fils unique qui est dans le sein du Père, nous l’a dévoilé ! » (Jn 1,18). Et c’est de là que Jean se situe pour nous révéler le mystère de la vie de Dieu :

 

« Au commencement était le Verbe

et le Verbe était tourné vers Dieu

et le Verbe était Dieu.

Il était au commencement tourné vers Dieu ! »

(Jn 1,1-2)

Quand on fait référence « au commencement », on pourrait choisir ici de préférer « au Principe » car en fait, « il n’y a pas de commencement… Nous sommes ici à l’origine, à la Source, de toute éternité jaillissante, en deçà de tout commencement, c’est-à-dire de toute création dans le temps[3] » comme l’indique Saint Jean juste après[4]. Nous sommes ici face au mystère éternel tel que l’indiquait déjà le Siracide dans l’éloge de la Sagesse (Si 24,1-9) ou le Livre des Proverbes de Salomon :

« Dès l’éternité, je fus établie,

dés le principe, avant l’origine de la terre…

Avant que fussent implantées les montagnes,

avant les collines, je fus enfantée ;

avant qu’il eût fait la terre

et les premiers éléments du monde.

Quand il affermit les cieux, j’étais là…

J’étais à ses côtés comme le maître d’œuvre,

je faisais ses délices, jour après jour,

m’ébattant tout le temps en sa présence… »

(Pr 8,23-30)

C’est en ce sens qu’un Père de l’Eglise affirme : « Avant le principe, il n’y a rien. Il n’existe pas de commencement du Principe. Si donc le Fils était au principe, on doit conclure qu’Il n’a pas commencé d’exister dans le temps, mais qu’Il EST de toute éternité avec le Père. C’est pourquoi Isaïe a dit : « Sa génération, qui la racontera ? Sa vie échappe à la terre[5] » (Is 53,8).

 

+ Marie-Mickaël

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Notes :

[1] Marie-Joseph Le Guillou, o.p. Préface du livre d’André Feuillet, Le Prologue du quatrième Evangile, DDB 1968, p. 7.

[2] Livre de vie pour les derniers temps, Communion de Refuges du Cœur Immaculé de Marie, Coollibri 2023, p.148 à 151. On peut télécharger l’ensemble du « Livre de vie » sur https.//refugedemarie.fr

[3] Bible Chrétienne, II Commentaires, p.6, Editions Anne Sigier,1988, p.6.

[4] « Tout fut par Lui, et sans Lui rien ne fut ! Ce qui fut en Lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes !» (Jn 1,3-4).

[5] Saint Cyrille d’Alexandrie, Sur Jean 1,1 / Patrologie grecque 73,25.




Le secret admirable du Très Saint Rosaire (7) – St Louis-Marie Grignion de Montfort

PREMIÈRE DIZAINE

L’ excellence du saint Rosaire

dans son origine et Son nom.

(suite)

4e ROSE

[18] Comme toutes choses, même les plus saintes, quand particulièrement elles dépendent de la volonté des hommes, sont sujettes aux changements, il ne faut pas s’étonner si la confrérie du saint Rosaire n’a subsisté en sa première ferveur qu’environ cent ans, après son institution ; ainsi, elle a été presque ensevelie dans l’oubli. Outre que la malice et l’envie du démon a sans doute beaucoup contribué à faire négliger le saint Rosaire pour arrêter le cours des grâces de Dieu que cette dévotion attirait au monde. En effet, la justice divine affligea tous les royaumes de l’Europe l’an 1349 de la plus terrible peste que l’on ait jamais vue, laquelle, du levant, se répandit dans l’Italie, l’Allemagne, la France, la Pologne, la Hongrie, et de là presque toutes ces terres, furent dévastées, car de cent hommes à peine en restait-il un en vie ; les villes, les bourgs, les villages et les monastères furent presque entièrement désertés pendant trois ans que dura cette contagion. Et ce fléau de Dieu fut suivi de deux autres : de l’hérésie des Flagellants et d’un malheureux schisme en 1376.

[19] Après que, par la miséricorde de Dieu, ces misères eurent cessé, la sainte Vierge ordonna au bienheureux Alain de la Roche, célèbre docteur et fameux prédicateur de l’Ordre de saint Dominique du couvent de Dinan en Bretagne, de renouveler l’ancienne confrérie du saint Rosaire, afin que, comme cette célèbre confrérie avait pris naissance en cette province, un religieux de la même province eut l’honneur de la rétablir. Ce bienheureux Père commença à travailler à ce grand ouvrage l’an 1460, après particulièrement que Notre-Seigneur Jésus-Christ, comme il rapporte de lui-même. Lui ayant dit un jour dans la sainte Hostie, lorsqu’il célébrait la sainte Messe, afin de le déterminer à prêcher le saint Rosaire : « Quoi donc, lui dit Jésus-Christ, tu me crucifies encore derechef ! – Comment, Seigneur ? Répondit le bienheureux Alain tout épouvanté. – Ce sont tes péchés qui me crucifient. lui répondit J.-C ,  et j’aimerais mieux être crucifié encore une fois que de voir mon Père offensé par les péchés que tu as autrefois commis. Et tu me crucifies encore à présent, parce que tu as la science et ce qui est nécessaire pour prêcher le Rosaire de ma Mère et par ce moyen instruire et retirer plusieurs âmes du péché ; tu les sauverais et tu empêcherais de grands maux ; et ne le faisant pas, tu es coupable des péchés qu’ils commettent. » Ces terribles reproches firent résoudre le bienheureux Alain de prêcher incessamment le Rosaire.

 [60] La Sainte Vierge lui dit aussi un jour, pour l’animer de plus en plus à prêcher le saint Rosaire : «  Tu as été un grand pécheur en ta jeunesse mais j’ai obtenu de mon fils ta conversion, j’ai prié pour toi et j’ai désiré, s’il eût été possible toutes sortes de peines pour te sauver parce que les pécheurs convertis sont ma gloire, et pour te rendre digne de prêcher partout mon Rosaire. » Saint Dominique, lui découvrant les grands fruits qu’il avait faits parmi les peuples par cette belle dévotion qu’il leur prêchait continuellement, lui dit : « Voyez le fruit que j’ai fait par la prédication du saint Rosaire ; faites-en de même, vous et tous les autres qui aimez la sainte Vierge, afin que vous attiriez par ce saint exercice du Rosaire, tous les peuples à la véritable science des vertus. »

Voilà en abrégé ce que l’histoire nous apprend de l’établissement du saint Rosaire par saint Dominique et de sa rénovation par le bienheureux Alain de la Roche.

partout.

 

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Illustration : Bienheureux Alain de la Roche.

Notes : Né dans les Côtes d’Armor, le Bx Alain (1428-1475) fut un grand prédicateur dominicain. Il parcourut la France, l’Allemagne, les Pays Bas pour développer la dévotion du chapelet et fonder des confréries du Rosaire. C’est lui qui coordonne le chapelet et l’enrichit en y ajoutant les méditations de la vie de Jésus et de Marie. Il l’appelle le rosaire parce qu’il ressemble à un bouquet de roses qu’on dépose aux pieds de la Vierge. Il est fêté le 9 septembre.




Sainte Jacinta de Fatima

Jacinta Marto est née à Fatima, le 11 mars 1910. Dans leur humble famille, avec son frère Francisco, de deux ans son aîné,  ils ont appris à connaître et à louer Dieu. En 1916, ils ont vu un ange trois fois et en 1917 la Vierge Marie six fois. Dans ces rencontres, les deux enfants se sont laissés attirer par l’immense amour divin, vivant le reste de leur brève vie dans une attitude d’abandon total à Dieu, dans une prière intense, dans le désir de contribuer, par la réparation, au salut de l’humanité et à la paix mondiale comme Marie le leu avait enseigné. Francisco mourut le 4 avril 1919. Jacinta mourut seule dans un hôpital de Lisbonne le 20 février 1920, ayant accepté la demande de la Vierge Marie de lui offrir ce dernier sacrifice. Ils furent les deux premiers enfants non martyrs à être canonisés.

Enseignés par la Vierge Marie, ils incarnent parfaitement cette parole du Christ : « Ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits ! » (Mt 11, 25-27). Jacinta fut en particulier un témoin et un écho ardent du Coeur Immaculé de Marie.

Marie-Jacinta

 

Quelques-unes des plus belles pensée de Sainte Jacinta

 

Après la première apparition de la Vierge Marie,  de retour chez elle, elle court vers sa mère : « Oh, Maman ! cria-t-elle, toute émue, j’ai vu aujourd’hui Notre Dame à la Cova da Iria … » et la réponse ne se fait pas attendre : « ça, je ne le crois pas ! Serais-tu déjà une sainte pour voir la Sainte Vierge ? » Mais la petite Jacinthe ne se décourage pas et témoigne déjà : « Maman, il faut dire le chapelet tous les jours ; la Sainte Vierge le veut ! »

Un jour, Lucie l’appelle pour jouer, mais elle ne veut pas venir. Pourquoi ne veux-tu pas jouer ? lui demande Lucie. – Parce que je réfléchis. La Dame nous a dit de faire beaucoup de sacrifices pour la conversion des pécheurs… et Elle a dit aussi que beaucoup d’âmes allaient en enfer… nous devons prier et faire beaucoup de sacrifices pour les pécheurs, les pauvres… »

« Si les hommes savaient ce qu’est l’éternité, ils feraient tout pour changer de vie ! »

 » Si je pouvais mettre dans le cœur de tout le monde, le feu que j’ai là, dans la poitrine, et qui me brûle ! »

« Cette Dame a dit que son Cœur Immaculé serait ton refuge et le chemin qui te conduirait jusqu’à Dieu. N’aimes-tu pas cela beaucoup ?  Moi, j’aime tant son Cœur ! Il est si bon ! »

« J’aime tellement le Cœur Immaculé de Marie ! C’est le Cœur de notre petite Maman du Ciel ! N’aimes-tu pas répéter souvent : « Doux Cœur de Marie », « Cœur Immaculé de Marie ? »  Moi, j’aime ça tellement, tellement ! »

A une religieuse qui lui était chère durant son séjour à Lisbonne, peu avant sa mort : « Fuyez le luxe ! Aimez beaucoup la sainte pauvreté et le silence – Soyez pleine de charité, même à l’égard des méchants – Soyez très patiente : la patience nous conduit au Paradis – La confession est le sacrement de la miséricorde ; il faut s’en approcher avec confiance et joie ! – Si le gouvernement laissait l’Eglise en paix ; il serait béni de Dieu ! » Alors la Sœur lui dit un jour : « Mais qui t’a appris toutes ces choses ? » – La Sainte Vierge, répondit-elle. Quelques-unes, je les ai trouvées ; j’aime tant à penser… »

« Dis à tout le monde que Dieu nous accorde ses grâces par le moyen du Cœur Immaculé de Marie ; que c’est à elle qu’il faut les demander ; que le Cœur de Jésus veut qu’on vénère avec Lui le Cœur Immaculé de Marie ; que l’on demande la paix au Cœur Immaculé de Marie, car c’est à Elle que Dieu l’a confiée.»

Sources : Mémoires de Soeur Lucie de Fatima

 




Le secret admirable du Très Saint Rosaire (6) – Saint Louis-Marie Grignion de Montfort

PREMIÈRE DIZAINE

L’ excellence du saint Rosaire

dans son origine et Son nom.

(suite)

3e ROSE

[12] Cet établissement miraculeux du saint Rosaire, qui a quelque rapport avec la manière dont Dieu donna sa loi au monde sur la montagne de Sinaï, montre évidemment l’excellence de cette divine pratique ; aussi saint Dominique, inspiré du Saint-Esprit, instruit par la Sainte Vierge et par sa propre expérience, prêcha tout le reste de sa vie le saint Rosaire par exemple et de vive voix dans les villes et les campagnes, devant les grands et les petits, devant les savants et les ignorants, devant les cathoIiques et [les] hérétiques. Le saint Rosaire, qu’il récitait tous les jours, était sa préparation devant la prédication et son rendez-vous après la prédication.

[13] Lorsque le saint était, un jour de Saint-Jean l’Évangéliste, à Notre-Dame de Paris, derrière le grand autel, dans une chapelle, pour se préparer à prêcher, en récitant le saint Rosaire, la Sainte Vierge lui apparut et lui dit : « Dominique, quoique ce que tu as préparé pour prêcher soit bon, voici pourtant un sermon bien meilleur que je t’apporte.  » Saint Dominique reçoit de ses mains le livre où était ce sermon, le lit, le goûte et le comprend, en rend grâces à la Sainte Vierge. L’heure du sermon arrivée, il monte en chaire et, après n’avoir dit à la louange de saint Jean l’Évangéliste autre chose sinon qu’il avait mérité d’être le gardien de la Reine du ciel, il dit à toute l’assemblée des grands et des docteurs qui étaient venus l’entendre, qui étaient accoutumés à n’entendre que des discours curieux et polis, mais que, pour lui, il ne leur parlerait point dans les paroles savantes de la sagesse humaine, mais dans la simplicité et la force du Saint-Esprit. Alors saint Dominique leur prêcha le saint Rosaire et [le] leur expliqua mot à mot, comme à des enfants, la Salutation angélique, en se servant des comparaisons fort simples qu’il avait lues dans le papier que lui avait donné la Sainte Vierge.

[14) Voici les propres paroles du savant Carthagène qu’il a tirées en partie du livre du bienheureux Alain de la Roche intitulé De Digniitate psalterii : [Grignion cite ici le texte en latin, nous le présentons traduit] : Le bienheureux Alain affirme que son Père saint Dominique lui dit un jour dans une révélation : « Mon fils, tu prêches ;  mais pour que tu ne cherches pas plutôt la louange humaine que le salut des âmes, écoute ce qui m’est arrivé à Paris. Je devais prêcher dans la grande église dédiée à la bienheureuse Marie, et je voulais le faire d’une manière ingénieuse, non par orgueil, mais à cause de la puissance et de la dignité des assistants. Comme, selon ma coutume, Je priais en récitant mon Rosaire durant l’heure qui précédait mon sermon, j’eus un ravissement. Je voyais mon amie la Mère de Dieu m’apportant un petit livre et me disant : « Dominique, si bon que soit le sermon que tu as résolu de prêcher, je t’en ai apporte un bien meilleur. » Tout joyeux, je prends le livre, je le lis en entier, et, comme Marie l’avait dit, je trouve ce qu’il faut prêcher. Je l’en remercie de tout cœur. L’heure du sermon venue, j’avais devant moi l’Université de Paris tout entière et un grand nombre de seigneurs. Ils entendaient et voyaient les grands signes que le Seigneur opérait par moi. Je monte à l’ambon. C’était la fête de saint Jean, mais de cet apôtre je me contente de dire qu’il mérita d’être choisi pour le gardien de la Reine du ciel. Ensuite je parlai ainsi à mon auditoire : Seigneurs et Maîtres illustres, vous êtes habitués à entendre des sermons élégants et savants. Pour moi, je ne veux pas vous adresser les doctes paroles de la sagesse humaine, mais vous montrer l’Esprit de Dieu et sa vertu. » Et alors, dit Carthagène après le bienheureux Alain, saint Dominique leur expliqua la Salutation ang6lique par des comparaisons et des similitudes familières.

 [15] Et le bienheureux Alain de la Roche, comme dit le même Carthagène, rapporte plusieurs autres apparitions de Notre-Seigneur et de la Sainte Vierge à saint Dominique pour le presser et l’animer de plus en plus à prêcher le saint Rosaire, afin de détruire le péché et de convertir les pécheurs et les hérétiques ; il dit en un endroit  [nous donnons à nouveau la traduction du texte cité en latin pour Grignion de Montfort] : Le bienheureux Alain dit que la Sainte Vierge lui révéla que Jésus-Christ son Fils était apparu après elle à saint Dominique et lui avait dit : « Dominique, je me réjouis de voir que tu ne t’appuies pas sur ta propre sagesse, et que tu travailles avec humilité au salut des âmes, plutôt que de chercher à plaire aux hommes vains. Mais beaucoup de prédicateurs veulent tout de suite tonner contre les péchés les plus graves, ignorant qu’avant de donner un remède pénible, il faut préparer Je malade à le recevoir et a en profiter. C’est pourquoi ils doivent d’abord exhorter leurs auditeurs à l’amour de l’oraison, et spécialement à mon angélique psautier ; car si tous commencent à prier de la sorte, il n’est pas douteux que la divine clémence ne soit propice à ceux qui persévéreront. Prêche donc mon Rosaire. »

[16] Il dit dans un autre endroit [nous donnons à nouveau la traduction du texte cité en latin pour Grignion de Montfort] : Tous les prédicateurs font dire aux chrétiens la salutation angélique au commencement de leurs sermons pour obtenir la grâce divine. La raison en vient d’une révélation faite à saint Dominique par la bienheureuse Vierge. « Mon fils, lui dit-elle, ne vous étonnez pas de ne pas réussir en vos prédications. Car vous labourez un sol qui n’a pas été arrosé par la pluie. Sachez que, quand Dieu voulut renouveler le monde, il envoya d’abord la pluie de la Salutation angélique ; et c’est ainsi que le monde fut réformé. Exhortez donc les hommes dans vos sermons à réciter mon rosaire et vous en recueillerez de grands fruits pour les âmes ». Ce que saint Dominique ayant fait avec constance, ces prédications obtinrent un  remarquable succès. »

[17] J’ai pris plaisir à rapporter mot à mot ces passages latins de ces bons auteurs en faveur des prédicateurs et personnes savantes qui pourraient révoquer en doute la merveilleuse vertu du saint Rosaire. Pendant qu’à l’exemple de saint Dominique les prédicateurs prêchaient la dévotion du saint Rosaire, la piété et la ferveur fleurissaient dans les ordres religieux qui pratiquent cette dévotion, et dans le monde chrétien ; mais depuis qu’on eut négligé ce présent venu du ciel, on ne vit que péchés et que désordres partout.

 

Pour lire l’introduction et consulter le plan de l’ouvrage de Grignion de Montfort, cliquer ici.

Illustration : Saint Dominique, par Fra Angelico




A l’écoute des Saints… Pour vivre les derniers temps !

« Le futur de l’Eglise sera comme toujours

remodelé par les Saints… »

Benoît XVI

           Paix à vous frères et sœurs bien-aimés dans l’amour de Jésus et la tendresse de Marie ! En effet, dans cette paix profonde et invincible de l’Eglise qui ne vient que de la foi en Jésus, notre Sauveur : nous vous présentons aujourd’hui une nouvelle richesse de notre site en nous mettant régulièrement à l’écoute des Saints et des Saintes de tous les temps ! Des Pères du désert aux Pères de l’Eglise, des Saints de tous les temps à ceux et celles plus récents : N’est-ce-pas la joie et la beauté de l’Eglise d’hier, d’aujourd’hui et de demain ? Car l’Esprit suscite des Saints et des Saintes à toutes les époques, et ils sont toujours « actuels » : la sainteté n’est jamais démodée ! Notre civilisation déjantée cherche éperdument la « jeunesse éternelle » mais elle ne vient que de ce Dieu mystérieux qui est là : caché, mais si présent, à la porte de nos cœurs… Mendiant divin que Saint Jean Apôtre nous invite à dévisager :

« Nous avons contemplé et nous attestons que le Père a envoyé son Fils comme Sauveur du monde… et nous, nous avons reconnu l’amour que Dieu à pour nous, et nous y avons cru : Dieu est Amour… » (1 Jn 4,14 et 16)

Les Saints et les Saintes disent ce mystère par toutes leurs vies et un Saint Augustin regrettera à ce sujet son trop long aveuglement :

« Tard je vous ai aimée, Beauté si ancienne et si nouvelle, tard je vous ai aimée. C’est que vous étiez au-dedans de moi, et, moi, j’étais en dehors de moi !

Toute mon espérance n’est que dans l’étendue de votre miséricorde[1] ! »

Ce dernier « cri » d’espérance en la miséricorde est celui de tous les Saints ! Ils sont par-dessus tout les témoins de l’infinie Miséricorde de ce « Dieu » qui est d’abord et par-dessus tout « Amour » sans limites… Ne l’enfermons donc pas dans nos catégories réductrices ! Saint Jean nous a prévenu : « Dieu est plus grand que notre cœur et il connaît tout ! » (1 Jn 3,20). Cependant, le chemin de la sainteté est un rendez-vous avec la Vérité car il faut quitter ses trésors « trop » humains pour trouver la « perle unique » de l’Evangile… (Mt 13,45-46).

Mais ce chemin suscite une espérance que petite Thérèse dira « folle » à cause de la « folie » de l’amour de Jésus :

« O Jésus, laisse-moi te dire que ton Amour va jusqu’à la folie… Comment veux-tu que devant cette Folie, mon cœur ne s’élance pas vers toi ?… Nous ne pourrons jamais faire pour Lui, les folies qu’il a faites pour nous !…  Aimons-le donc à la folie, sauvons-lui des âmes… Comme les Saints qui faisaient pour Lui des folies[2] ! »

Ainsi, à travers le Cœur ouvert de Jésus sur la Croix, une porte s’est ouverte : le plus pécheur, le plus horrible, le plus dépravé… peut devenir ce Saint inattendu qui « criera » par toute sa vie l’indicible Miséricorde de Dieu ! L’Esprit-Saint aura toujours des « surprises » de taille divine que le cœur de l’homme ne peut même pas pressentir ! Souvenons-nous de l’ultime cri du bon larron crucifié à côté du Seigneur : « Jésus, souviens-toi de moi, lorsque tu viendras dans ton royaume ! » La Miséricorde infinie lui affirme : « En vérité, je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis ! » (Lc 23,42-43). Il va entrer « direct » au Ciel avec le Christ ! Cela bouleverse tout dans l’histoire humaine et ouvre à la foi des perspectives abyssales en confirmant l’intuition majeure de petite Thérèse :

« O Jésus, laisse-moi te dire que ton Amour va jusqu’à la folie !… »

Et n’y a-t-il pas une telle folie dans la parabole du festin nuptial ? L’étreinte de la Miséricorde nous laisse deviner une telle largesse, un tel désir que pas un ne soit perdu[3] : Alors se révèle ici la folie de la Miséricorde où les serviteurs vont chercher « tous ceux qu’ils trouvèrent : les mauvais et les bons ! » (Mt 22,10). Et comme « il y a encore de la place… »  Saint Luc précise même cette insistance sans limites du Maître : « Va-t’en par les routes et les jardins, et force les gens à entrer, afin que ma maison soit remplie ! » (Lc 14,23).

Aujourd’hui, face ce que Benoit XVI a appelé « la dictature du relativisme », il semblerait que l’attrait de la sainteté en vue du Royaume ait presque disparu du cœur de l’homme si occupé dans son matérialisme… et de plus, une grande partie de l’Eglise est devenue « muette » en se mettant sans fin à l’écoute du monde actuel et si peu de la Parole de Dieu !

La terrible question de Jésus résonne aujourd’hui comme jamais : « Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » (Lc 18,8).

Cependant, il y a encore des îlots de résistances fervents, et souvent cachés, que Benoît XVI appelait « les minorités créatives qui font l’histoire » : dans une société où règne le chaos, ce sont « des oasis de fraîcheur, comme autant de refuges sûrs dans les déserts spirituels actuels… ou de pôles de lumière qui rendront l’Eglise et le message de l’Evangile à nouveau attractifs[4]… »

N’oublions jamais que les Saints et les Saintes ont toujours brisé et traversé « la porte de la peur », et c’est pourquoi la beauté de leur vie continue à resplendir sous nos yeux aujourd’hui ! Alors, oui, avec joie et passion, nous écouterons leur « chant d’amour » qui nous tourne vers le Visage resplendissant du Christ !…  Car ils rayonnent en Lui de cette charité fraternelle qui traverse toutes les frontières des cœurs !  Et dans cette aventure unique de la sainteté, ils nous tourneront aussi vers l’Epouse unique de l’Esprit, Mère de Jésus et Mère de l’Eglise : notre Mère de chaque instant

En réalité, « La Vierge est un mystère de présence à l’intérieur même de l’Eglise… on peut dire que l’Eglise est mariale : cela signifie que l’Eglise, spontanément et sans même y songer, regarde les mystères de la Révélation chrétienne avec les yeux de la Vierge ! Elle sait que la Vierge a regardé ces choses avant nous. Ce qu’elle retrouve dans les mystères de l’Annonciation, de Noël, de la Rédemption sur la Croix, de l’Ascension, de la Pentecôte, c’est cela même que la Vierge y a vu. La foi de la Vierge colore à jamais la foi de l’Eglise [5]… »

 

+ Marie-Mickaël

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Notes

[1] Saint Augustin, Les Confessions, Livre X, chapitre 28, Garnier-Flammarion 1964.

[2] Manuscrit B 5v, 15 / Lettre 169 / Lettre 96 / Lettre 225.

[2] Sans oublier cependant que les premiers invités se sont exclus du « festin nuptial » en préférant leur vie terrestre : « Mais eux ne voulaient pas venir… » (Mt 22,3).

[4] Mgr Marc Aillet, Le temps des Saints – Ne soyons pas des chiens muets, Artège 2023, p.9.

[5] Cardinal Journet, l’Eglise du Verbe Incarné II, p.428 et 432.




Sainte Bernadette de Lourdes : Marie est notre Refuge !

       Bernadette est née le 7 janvier 1844 à Lourdes dans une famille pauvre et humiliée. Au moment des Apparitions, ils logeaient dans le « cachot » d’une rue sombre de la ville.

La jeune Bernadette a 14 ans lorsque la Vierge lui apparaît à la grotte de Massabielle du 11 février au 16 juillet 1858. Les mots lui manquent pour la décrire : « La Dame était jeune et belle, belle surtout, comme je n’en avais jamais vu ! » Elle lui révèlera finalement son nom : « Je suis l’Immaculée Conception ! » Et cela 4 années après la proclamation du dogme le 8 décembre 1854 par le Pape Pie IX dans la constitution apostolique « Ineffabilis Deus ».

En 1866, Bernadette a 22 ans quand elle entre au Couvent des sœurs de la Charité à Nevers. Elle reçoit l’habit sous le nom de Sœur Marie-Bernard et elle sera successivement aide-infirmière, infirmière et aide-sacristine. A partir de 1875, son unique emploi sera « d’être malade ». Le 16 avril 1879, elle part vers le Ciel rejoindre la Belle Dame… N’avait-elle pas dit : « Je ferai tout pour le Ciel, c’est là ma Patrie… Là, je trouverai ma Mère dans tout l’état de sa gloire, et avec Elle je jouirai du bonheur de Jésus lui-même[1] ! »

Marie+Mickaël

Les plus belles pensées de Sainte Bernadette[2]:

 

 Si la Sainte Vierge m’a choisie, c’est parce que j’étais la plus ignorante !

 

Je ne savais que mon chapelet…

Le Chapelet est ma prière de prédilection…

Je l’ai vue ! Oh ! qu’elle est belle et que j’ai hâte d’aller la voir !

Que mon âme était heureuse, bonne Mère,

quand j’avais le bonheur de vous contempler !

Que j’aime à me rappeler ces moments

passés sous vos yeux pleins de bonté et de miséricorde pour nous…

O Marie, soyez mon refuge…

Vous, la Reine du Ciel et de la terre,

avez bien voulu vous servir de ce qu’il y avait de plus faible

selon le monde…

La Vierge me dit aussi qu’Elle ne promettait pas

de me faire heureuse en ce monde, mais dans l’autre…

Il faudra cependant conduire son âme et cheminer vers Dieu.

Marie alors, son Cœur Immaculé, sa douce mémoire, son souvenir maternel,

doivent être le repos, le gîte où l’on se retire…

L’arme du sacrifice tombera,

mais celle de la prière me suivra au Ciel

où elle sera bien plus puissante que sur cette terre d’exil…

L’âme qui implore Marie ne peut périr…

Elle conserve le calme au milieu de la tempête,

elle garde la paix malgré la fureur de la tourmente !

 Elle nous protège, nous abrite, même nous fait sommeiller,

comme une bonne Mère endort et berce son enfant !

 

Ma bonne Mère, faites que je prouve, comme vous,

mon amour à Jésus,

dans l’acceptation de tout ce qu’il lui plaira de m’envoyer…

Marie n’avait pas une autre Marie pour s’appuyer sur elle !

Heureuse l’âme qui a su trouver cet abri, ce refuge !

Mettez-vous dans le Cœur de Marie, et restez-y…

Faites-en votre demeure sur la terre !

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[1] Carnet Notes intimes, 1873.

[2] Tirées des Notes et carnets de Sainte Bernadette.