St Louis-Marie Grignion de Montfort, Le secret admirable du Très Saint Rosaire – Merveilles obtenues par le Rosaire, 40e rose

[114] Le bienheureux Alain de la Roche, le Père Jean Dumont, le Père Thomas, les chroniques de saint Dominique et d’autres auteurs qui ont été souvent témoins oculaires, rapportent d’une grande quantité de conversions miraculeuses de pécheurs et pécheresses, qui, depuis 20, 30 et 40 ans étaient dans les derniers désordres, que rien n’avait pu les convertir et qui l’ont été par cette dévotion merveilleuse. Je ne les rapporterai point, de peur d’une trop grande longueur.

Je ne veux pas même rapporter celles que j’ai vues moi-même, de mes propres yeux ;  je les passe sous silence pour plusieurs raisons.

Cher lecteur par votre expérience, si vous pratiquez et prêchez cette dévotion, vous en apprendrez plus qu’en  aucun livre et vous expérimenterez heureusement l’effet des promesses qu’a faites la sainte Vierge à saint Dominique, au bienheureux Alain de la Roche et à ceux qui font fleurir cette dévotion qui lui est si agréable, qui instruit les peuples des vertus de son Fils et des siennes, porte à l’oraison mentale, à l’imitation de Jésus-Christ, à la fréquentation des sacrements, à la pratique solide des vertus et de toutes sortes de bonnes œuvres, à gagner tant de belles indulgences que les peuples ignorent parce que les prédicateurs de cette dévotion n’en parlent quasi jamais et se contentent de faire un sermon du Rosaire, à la mode, bien souvent qui ne cause que de l’admiration, point d’instruction.

[116] Enfin, je me contente de vous dire avec le bienheureux Alain de la Roche que le Rosaire est une source et un magasin de toutes sortes de biens.

1°  P  Peccatoribus proestat poenitentiam  »

2°  S  Sitientibus stillat satietatem ..

3°  A  Alligatis adducit absolutionem ..

4°  L  Lugentibus largitur latitiam  »

5°  T  Tentatis tradit tranquillitatem;

6°  E  Egenis expellit egestatem ..

7°  R  Religiosis reddit reformationem ..

8°  1  Ignorantibus inducit intelligentiam ..

9°  V  Vivis vincit vastitatem ..

10° M Mortuis mittit misericordiam per modum sutfragii.

C’est-à-dire :

1° Les pécheurs obtiennent le pardon

2° Les âmes altérées sont rassasiées 

3° Ceux qui sont liés voient leurs entraves brisées

4° Ceux qui pleurent trouvent la joie

5° Ceux qui sont tentés, la tranquillité

6° Et les indigents reçoivent du secours

7° Les religieux sont réformés

8° Les ignorants instruits

9° Les vivants triomphent de la décadence

10° Et les morts sont soulagés par manière de suffrage.

« Je veux », dit un jour la sainte Vierge au bienheureux Alain, «que les dévots de mon Rosaire aient la grâce et la bénédiction de mon Fils pendant leur vie, à leur mort, et après leur mort, et qu’ils soient affranchis de toutes sortes d’esclavages et qu’ils soient des rois, qu’ils aient la couronne sur la tête, le sceptre à la main et la gloire éternelle. »  Ainsi soit-il.

 

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Sainte Thérèse d’Avila : l’oraison est un regard…

« Pensez-vous qu’il se taise, bien que nous ne l’entendions pas ? Non, certes.

Il parle au cœur quand c’est le cœur qui le prie… »

Sainte Thérèse d’Avila, Chemin, 26

Celle qu’on appelle « la Madre » est devenue la première femme proclamée « Docteur de l’Eglise » par le Pape Paul VI, le 27 septembre 1970. Ce titre, qui la rend encore plus universelle, est une évidence de l’Eglise pour celle qui a eu des révélations « uniques » sur le mystère intérieur de l’homme dans le livre des demeures ou le « Château de l’âme ». Même génie quand elle décrit les voies de l’oraison du cœur dans le Camino[1]. Alors, pour sa fête célébrée le 15 octobre, méditons quelques textes splendides qui vont éclairer et fortifier notre pratique concrète de l’oraison ou prière du cœur…

En effet, Thérèse de Jésus conçoit « l’oraison » ou prière du cœur comme l’expérience fondamentale de la foi qui touche le Ressuscité. Pour elle, l’oraison est « une relation intime d’amitié où l’on s’entretient souvent seul à seul avec Celui dont on se sait aimé[2]. » Cette splendide définition nous ouvre à un monde spirituel où est exaltée le fondement de l’oraison silencieuse : une « relation » unique avec Dieu, présent au fond de mon cœur… car Teresa veut nous faire saisir qu’il n’y a pas d’oraison véritable sans une authentique attention du cœur. Pour elle, il est donc primordial de « parler à Dieu avec toute l’attention qui convient à un tel Maître pour comprendre en présence de qui nous sommes. Il parle au cœur quand c’est le cœur qui le prie[3] ! » Ainsi, le cœur de l’oraison c’est l’attention du cœur…

De là, toute prière doit tendre à un dialogue vivant, et la Madre insiste fort pour ne pas opposer prière vocale et oraison silencieuse, parole et intériorité :

« Sachez que l’oraison n’est pas vocale ou mentale parce que nous avons la bouche ouverte ou fermée. Si, quand je prie vocalement, je suis entièrement occupé de Dieu, à qui je m’adresse, si je songe à Lui avec plus de soin qu’aux paroles mêmes que je prononce, j’unis l’oraison mentale à l’oraison vocale[4]. »

C’est pourquoi le Rosaire de Notre Dame est une école de l’attention du cœur. Sa première exigence est d’éveiller en nous « une spiritualité du regard » : Regard sur Marie, « pleine de grâce » … Regard sur « Jésus », fruit béni du sein de Marie ! Regard sur la Très Sainte Trinité à travers le « Gloria » à la fin de chaque dizaine. En réalité, même si cela nous stupéfie : Jésus attend sans cesse de nous ce regard sponsal qui le cherche… car l’oraison est un mystère d’amour ! Dans une civilisation où nous sommes envahis par le bruit omniprésent, la domination des médias et la frénésie de la consommation, nous sommes devenus les prisonniers de l’extériorité !

En réalité, comment ne pas voir que l’enseignement magistral de la Madre sur l’oraison du cœur est « prophétique » pour notre époque ? C’est peut-être aussi pour cette raison que l’Eglise nous la présente comme Docteur de la prière silencieuse pour notre époque si esclave du bruit ! Nous sommes en effet sous la « dictature du relativisme » comme le disait si justement le si cher Pape Benoît XVI… Alors, écoutons un passage phare du Camino où la Madre nous plonge au cœur de l’oraison avec cette sagesse qui vient de l’expérience et cette simplicité qui est la marque de l’Evangile ! Relisons-le souvent car il nous encouragera à faire oraison chaque jour en étant fidèles d’abord à un quart d’heure de silence du cœur :

« Je ne vous demande pas de fixer votre pensée sur Lui, ne de faire de nombreux raisonnements, ou de hautes et savantes considérations. Je ne vous demande qu’une chose : le regarder !

Qu’est-ce qui vous empêche de porter sur Notre Seigneur le regard de l’âme, ne serait-ce qu’un instant, si vous ne pouvez faire plus ?… Car votre Epoux, Lui, ne vous perd jamais de vue ; il a supporté de vous mille péchés affreux sans que son regard ne vous ait jamais quittés. Est-ce donc trop pour vous que de détourner votre regard des objets extérieurs pour le contempler lui-même quelquefois ?

Considérez qu’il n’attend de vous qu’un regard, comme il le dit à l’Epouse : et selon que vous l’aurez aimé, vous le trouverez ! Car il estime tant ce regard qu’il ne négligera rien de son côté pour l’avoir[5]… »

 

+M Mickaël

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[1] Le Camino ou « Chemin de la perfection », un des ses plus beaux écrits pour fonder la vie d’oraison.

[2] Autobiographie, Chapitre 8.

[3] Chemin de la perfection, Chapitre 28.

[4] Chemin de la perfection, Chapitre 24.

[5] Chemin de la perfection, Chapitre 28.




St Louis-Marie Grignion de Montfort, Le secret admirable du Très Saint Rosaire – Merveilles obtenues par le Rosaire, 39e rose

39e ROSE

[112] Un recteur d’une paroisse du Danemark  racontait souvent, à la plus grande gloire de Dieu et avec une grande joie de son âme, qu’il avait vu un pareil fruit de la dévotion du Rosaire dans sa paroisse, que cet évêque dans son diocèse.

« J’avais, disait-il, prêché toutes les matières les plus pressantes et les plus fructueuses, sans aucun profit ; je ne voyais aucun amendement dans ma paroisse ; enfin je fis résolution de prêcher le saint Rosaire, j’en expliquai  l’excellence et sa pratique, et je proteste qu’après avoir fait goûter cette dévotion à mon peuple, je vis un changement évident dans six mois.

Tant il est véritable que cette divine prière a une onction toute divine pour toucher les cœurs et leur inspirer l’horreur du péché et l’amour de la vertu. »

La sainte Vierge dit un jour au bienheureux Alain : Comme Dieu a choisi le salut angélique pour l’Incarnation de son Verbe et la Rédemption des hommes ainsi ceux qui désirent réformer les mœurs des peuples  et les régénérer en Jésus-Christ me doivent honorer et saluer par le même salut. Je suis, ajoute-t-elle, la voie par laquelle Dieu est venu aux hommes et il faut qu’après Jésus-Christ  ils obtiennent la grâce et les vertus par mon moyen.

[113] Pour moi, qui écris ceci, j’ai appris, par ma propre expérience, la force de cette prière pour convertir les cœurs les plus endurcis. J’en ai trouvé sur lesquels  toutes  les plus terribles vérités prêchées dans une mission n’avaient fait aucune  impression et qui, pour avoir, par mon conseil, pris la pratique de réciter tous les jours le Rosaire, se sont convertis et donnés tout à Dieu.

J’ai vu une infinie différence entre les mœurs des peuples des paroisses où j’avais fait des missions, parce que les uns, ayant quitté la pratique du chapelet et du Rosaire, étant retombés dans leurs péchés ; et les autres, pour  l’avoir conservée, s’étaient conservés dans la grâce de Dieu et augmentaient tous les jours dans la vertu.

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Sainte Faustine : l’urgence du chapelet de la Miséricorde !

« Les âmes qui réciteront ce chapelet seront enveloppées de ma miséricorde

 pendant leur vie et surtout à l’heure de la mort ! »

Jésus à Sainte Faustine, Petit journal 754

Le 5 octobre, l’Eglise fête Sainte Faustine et à travers son « petit journal », on apprend que c’est Jésus lui-même qui lui a inspiré le « chapelet de la miséricorde » (475-476). Cela signifie que cette prière nous fait entrer dans l’urgence des derniers temps où est offert comme jamais « l’infinie patience » du Dieu de la miséricorde… Alors, écoutons battre le Cœur de Dieu qui nous appelle avec des paroles qui « lui seul » peut prononcer :

« Oh ! quelles grandes grâces j’accorderai aux âmes qui diront ce chapelet… les entrailles de ma miséricorde sont émues pour ceux qui disent ce chapelet. Inscris ces mots, ma fille, parle au monde de ma miséricorde, que l’humanité entière apprenne à connaître mon insondable miséricorde. C’est un signe pour les derniers temps… après, viendra le jour de la justice. Tant qu’il en est temps, que les hommes aient recours à la source de ma miséricorde, qu’ils profitent du sang et de l’eau qui ont jailli pour eux…

Ô âmes humaines, où chercherez-vous refuge au jour de la colère de Dieu ? Fuyez maintenant vers les sources de la miséricorde divine. Oh ! quel grand nombre d’âmes je vois… elles ont adoré la miséricorde divine et elles vont chanter l’hymne de gloire dans l’éternité[1] ! »

Devant un tel débordement d’amour du Cœur de Jésus, l’unique Sauveur, ne soyons pas comme le jeune homme riche qui cherchait la lumière avec un cœur partagé (Mt 19,22). Ses multiples richesses sont devenues tout à coup un terrible obstacle, un poids du cœur qui empêche de suivre Jésus… et hormis les Saints et Saintes d’hier et d’aujourd’hui, il nous faut bien reconnaître que nous ressemblons tous encore au jeune homme « riche » ! On se dits prêts à suivre Jésus, on l’aime et on le prie, mais en gardant encore un maximum d’indépendance et de sécurité… on n’a pas encore fait profondément ce saut de la confiance qui mène à « l’abandon » total entre les bras de l’Amour…

D’ailleurs, Jésus l’affirme juste après : « il sera difficile à un riche d’entrer dans le Royaume des Cieux ! » (Mt 19,23).  Le Seigneur nous presse en nous avertissant « tant qu’il en est encore temps » ! Chaque instant qui passe, nous jouons notre éternité et il faut se souvenir avec force qu’au moment du « grand passage », chacun et chacune de nous sera « pesé » dans le mystère de la foi, de l’humilité et de l’amour sur toute sa vie !

Mais, devant l’impossible des hommes, surgit soudain une réalité bouleversante : il jaillit du Cœur transpercé de Jésus sur la Croix un mystère : son « Cœur ouvert » par la lance de nos péchés devient alors la réponse folle et sans limites de son infinie miséricorde ! On ne peut d’ailleurs douter que dans cet évangile, ce mystère unique se manifeste aux Apôtres et à nous dans les yeux du Maître : « Fixant sur eux son regard, Jésus leur dit : « Pour les hommes, c’est impossible, mais pour Dieu, tout est possible ! » (Mt 19,27).

Quand Jésus fixe son Regard, c’est pour ouvrir nos cœurs à la plus grande vérité de notre salut qu’il dit et redit sans cesse pour nous à Sainte Faustine :

« Ma fille, crois-tu avoir suffisamment écrit sur ma miséricorde ? Ce que tu as écrit n’est qu’une petite goutte, comparé à l’océan ! Je ne suis qu’amour et miséricorde ; il n’y a pas de misère qui puisse se mesurer à ma miséricorde, ni de misère qui puisse en venir à bout puisqu’au moment de se communiquer – ma miséricorde s’amplifie… L’âme qui fait confiance à ma miséricorde est la plus heureuse car je prends moi-même soin d’elle.[2] »

Alors, pour tenir debout en ces derniers temps éprouvants, soyons « fidèles chaque jour » au chapelet ou au Rosaire de la Vierge…  Et accrochons-nous aussi au chapelet si possible « quotidien » de la miséricorde. Les promesses bouleversantes de Jésus sont là à chaque instant et viennent « résonner » en nos cœurs de pauvres pécheurs :

« Dis constamment ce chapelet que je t’ai enseigné. Quiconque le dira sera l’objet d’une grande miséricorde à l’heure de sa mort ! Les prêtres le donneront aux pécheurs comme une ultime planche de salut ; et même le pécheur le plus endurci, s’il récite ce chapelet une seule fois, obtiendra la grâce de mon infinie miséricorde… Je désire que le monde entier connaisse ma miséricorde ; je veux répandre mes grâces inconcevables sur les âmes qui ont confiance en ma miséricorde[3]… »

+M Mickaël

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[1] Petit Journal, 848.

[2] Petit journal, 1273.

[3] Petit journal, 687.




St Louis-Marie Grignion de Montfort, Le secret admirable du Très Saint Rosaire – Merveilles obtenues par le Rosaire, 38e rose

[111] Une comtesse d’Espagne, ayant été instruite dans la dévotion du saint Rosaire par saint Dominique, le disait tous les jours avec des avancements merveilleux dans la vertu. Comme elle ne respirait que la perfection, elle demanda un jour à un prélat et fameux prédicateur quelques pratiques de perfection. Ce prélat lui dit qu’il fallait, auparavant, lui déclarer l’état de son âme et ses exercices de piété; elle lui dit que le principal était le Rosaire, qu’elle récitait tous les jours, méditant les mystères joyeux, douloureux et glorieux avec un grand profit spirituel de son âme. L’évêque, ravi d’entendre expliquer les rares instructions qui sont renfermées dans les mystères, lui dit : « Il y a vingt ans que je suis docteur en théologie, j’ai lu quantité d’excellentes pratiques de dévotion ; mais je n’en ai pas connu de plus fructueuses ni de plus conformes au christianisme. Je veux vous imiter, je prêcherai le Rosaire. »

Il le fit avec un si heureux succès, qu’à peu de temps il vit un très grand changement de mœurs en son diocèse, plusieurs conversions, restitutions et réconciliations ; les débauches, le jeu, le luxe cessèrent ; la paix dans les familles, la dévotion et la charité commencèrent à fleurir.

Changement d’autant plus admirable que cet évêque avait beaucoup travaillé à réformer son diocèse avec très peu de fruit…

Pour mieux persuader la dévotion du Rosaire, il en portait un beau à son côté et le montrait à ses auditeurs. Il disait : « Sachez, mes frères, que le Rosaire de la sainte Vierge est si excellent, que moi, qui suis votre évêque, docteur en théologie, en l’un et l’autre droit, je fais gloire de le porter toujours comme la plus illustre marque de mon épiscopat et doctorat. »

 

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St Louis-Marie Grignion de Montfort, Le secret admirable du Très Saint Rosaire – Merveilles obtenues par le Rosaire, 37e rose

[37e ROSE]

[110] Un seigneur qui avait plusieurs enfants mit une de ses filles dans un monastère entièrement déréglé, où les religieuses ne respiraient que la vanité et les plaisirs. Le confesseur, homme fervent et dévot au saint Rosaire, désirant d’abord conduire cette jeune religieuse dans les pratiques d’une meilleure vie, lui ordonna de réciter tous les jours le Rosaire en l’honneur de la sainte Vierge, méditant la vie, la passion et la gloire de Jésus-Christ. Elle agréa fort cette dévotion ; peu à peu elle eut du dégoût du dérèglement de ses sœurs ; elle commença à aimer le silence et l’oraison, malgré les mépris et les railleries des autres, qui la traitaient de bigote.

En ce temps-là, un saint abbé, étant allé faire la visite dans ce monastère, eut une étrange vision, en son oraison ; il lui sembla voir une religieuse dans sa chambre, en oraison, devant une grande dame « d’une beauté admirable accompagnée d’une troupe d’anges, lesquels à coup de dards enflammés chassaient une multitude de démons qui voulaient entrer. Et ces esprits malins s’enfuyaient aux chambres des autres religieuses, sous la figure de sales animaux, pour les exciter au péché auquel plusieurs donnaient entrée.

L’abbé connut, par cette vision, l’état malheureux de ce monastère et pensa mourir de tristesse ; il fit venir la jeune religieuse et l’exhorta à la persévérance. En faisant réflexion sur l’excellence du Rosaire, il prit dessein de réformer ces religieuses par cette dévotion. Il acheta de beaux rosaires qu’il donna à toutes les religieuses, les persuadant de le réciter tous les jours et leur promit, si elles voulaient bien le faire, de ne les contraindre jamais de se réformer. Elles reçurent agréablement ces rosaires et promirent de les réciter à cette condition. (Chose admirable!) Peu à peu, elles quittèrent leurs vanités, se portèrent au silence et à la récollection, et en moins d’un an, elles demandèrent toutes la réforme. Le Rosaire opéra plus sur leurs cœurs que l’abbé n’aurait pu gagner par ses exhortations et son autorité.

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Thérèse de l’Enfant Jésus et la Vierge Marie

« On la montre inabordable, il faudrait la montrer imitable »

 

Le mois d’octobre est appelé dans l’Église le mois du Rosaire. Une fête mariale nous rappelle cela le 7 octobre : Notre Dame du Rosaire. Une autre fête nous oriente vers Marie, celle de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, le 1er octobre. Voici un texte de sa main qui peut nous parler :

« Elle vivait de foi comme nous. Que j’aurais bien voulu être prêtre pour prêcher sur la Sainte Vierge ! Une seule fois m’aurait suffi pour dire tout ce que je pense à ce sujet.
J’aurais d’abord fait comprendre à quel point on connaît peu sa vie. Il ne faudrait pas dire des choses invraisemblables ou qu’on ne sait pas ; par exemple que, toute petite, à trois ans, la Sainte Vierge est allée au Temple s’offrir à Dieu avec des sentiments brûlants d’amour et tout à fait extraordinaires ; tandis qu’elle y est peut-être allée tout simplement pour obéir à ses parents…

Pour qu’un sermon sur la Sainte Vierge me plaise et me fasse du bien, il faut que je voie sa vie réelle, pas sa vie supposée ; et je suis sûre que sa vie réelle devait être toute simple. On la montre inabordable, il faudrait la montrer imitable, faire ressortir ses vertus, dire qu’elle vivait de foi comme nous, en donner des preuves par l’Évangile où nous lisons : “Ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait” (Lc 2,50). Et cette autre, non moins mystérieuse : “Ses parents étaient dans l’admiration de ce qu’on disait de lui” (Lc 2,33). Cette admiration suppose un certain étonnement, ne trouvez-vous pas ?

On sait bien que la Sainte Vierge est la Reine du Ciel et de la terre, mais elle est plus mère que reine, et il ne faut pas dire à cause de ses prérogatives qu’elle éclipse la gloire de tous les saints, comme le soleil à son lever fait disparaître les étoiles. Mon Dieu ! que cela est étrange ! Une mère qui fait disparaître la gloire de ses enfants ! Moi je pense tout le contraire, je crois qu’elle augmentera de beaucoup la splendeur des élus. C’est bien de parler de ses prérogatives, mais il ne faut pas dire que cela… Qui sait si quelque âme n’irait pas même jusqu’à sentir alors un certain éloignement pour une créature tellement supérieure et ne se dirait pas : “Si c’est cela, autant aller briller comme on pourra dans un petit coin”.

Ce que la Sainte Vierge a de plus que nous, c’est qu’elle ne pouvait pas pécher, qu’elle était exempte de la tache originelle, mais d’autre part, elle a eu bien moins de chance que nous, puisqu’elle n’a pas eu de Sainte Vierge à aimer, et c’est une telle douceur de plus pour nous. »

 




Saint Michel Archange : notre Ange Protecteur pour les derniers temps !

« Un combat s’engagea dans le Ciel :

Mickaël et ses Anges combattirent le Dragon…

Et le Dragon riposta, appuyé par ses Anges,

mais ils eurent le dessous et furent chassés du Ciel ! »

Apocalypse 12,7-8

Saint Michel Archange est par excellence l’Ange du combat pour la lumière, car comme le signale mystérieusement ce passage de l’Apocalypse, il s’est levé le premier contre la révolte de Satan, l’Ange déchu, et ses Anges qu’il a chassé du Ciel ! Il a d’ailleurs posé la question « majeure » qui traverse le temps et révèle son nom : Mîkhâ’êl : « Qui est comme Dieu[1] ? » Cette question de l’Archange à Satan nous renvoie au cœur de la tentation fondamentale de l’homme contemporain : prendre la place de Dieu et s’ériger comme norme suprême à sa place… Souvenons-nous ici de la tentation originelle qui est celle de notre civilisation décadente :

« L’esprit du mensonge essaie de faire croire aux hommes de notre époque qu’ils sont « comme des dieux » (Gn 3,5), en dehors du bien et du mal ; que le péché n’existe pas ; tandis que la réalité du péché et du mal assaille, comme jamais auparavant, donnant la preuve de son existence par des menaces d’une dimension jamais connue jusqu’ici[2] ! »

Ces paroles du si cher Pape Saint Jean-Paul II datent de 1984 et l’on peut constater la portée de son regard prophétique quand il annonce « des menaces d’une dimension jamais connue jusqu’ici ! » 40 ans plus tard, en 2024, nous y sommes… et c’est pourquoi le Pape polonais voulut rétablir dans l’Eglise en 1984 la prière à Saint Michel Archange composée par le Pape Léon XIII cent ans avant en 1884. Ce dernier, à la suite d’une révélation sur les plans de Satan pour détruire l’Eglise, décida de rédiger une prière à l’Archange qui serait récitée à la fin de chaque Messe :

« Saint Michel Archange, défendez-nous dans le combat !

Soyez notre secours contre la malice et les embûches du Démon.

Que Dieu exerce sur lui son empire, nous vous le demandons en suppliant !

Et vous, Prince de la Milice Céleste,

repoussez en enfer par la force divine, Satan et les autres esprits mauvais

qui rôdent dans le monde en vue de perdre les âmes ! Amen ! »

 

Malheureusement, le Concile Vatican II supprima cette prière. Mais en 1984, le Pape Jean-Paul II la rétablit mais sans être écouté…

Alors, reprenons le flambeau car il est de « toute urgence » de réciter avec force et ferveur cette prière à Saint Michel Archange après chaque Messe[3]. En effet, il faut bien saisir que dans l’apocalyptique guerre actuelle, visible et surtout invisible, la Vierge des derniers temps et la Reine des Anges nous confie à la garde de Saint Michel Archange : Chef et Prince des Armées célestes, il a chassé du Ciel Satan et ses Anges rebelles ! (Ap 12,7-12). Défenseur et Protecteur de la Sainte Eglise catholique, confions-nous chaque jour à sa puissante protection… spécialement le matin, avant l’activité de la journée :

« Saint Michel Archange, de ta lumière illumine-moi !

Saint Michel Archange, de tes ailes protège-moi !

Saint Michel Archange, de ton épée défends-moi !

Et fais de moi, un enfant de lumière et de paix ! »

 

Et le soir, avant le repos de la nuit :

« O Saint Michel Archange,

Je me réfugie avec confiance à l’ombre de tes ailes :

Protège-moi, défends-moi et veille sur moi

à chaque instant de la nuit…

Et à l’heure de la mort, viens à mon secours !

O toi qui est si bon… »

Seul Jésus-Christ Notre Seigneur peut sauver nos âmes de l’Enfer[4] où veut nous faire tomber Satan et ses démons ! En ce sens, nous nous confierons chaque jour à la garde puissante de Saint Michel Archange : il est « le Porte-étendard du salut, notre défenseur dans le combat, vainqueur de Satan et terreur des démons, sa prière conduit aux Cieux[5] ! »

Enfin, nous demanderons à Saint Michel Archange « Ange de la paix » de nous guider vers la lumière de la Jérusalem céleste, en nous accordant par-dessus tout : « le don de la persévérance dans la foi et dans les bonnes œuvres » en étant « délivrés par sa bienveillante protection, de tous nos ennemis… pour être conduits à la gloire éternelle du Ciel[6] ! »

+M Mickaël

 

[1] Selon l’hébreu, Mîkhâ’êl : Mi, Cha « qui est semblable » et El « Clarté, Lumière, Lumineux, Dieu », Elohim signifiant : « Qui est comme Dieu ? », « Quis ut Deus ? » en latin.

[2] Saint Jean-Paul II, Rome, 21 août 1984.

[3] Elle est d’ailleurs prévue dans « Prières après la Messe » du nouveau Missel de la forme extraordinaire sorti en 2022, p.1069.

[4] Souvenons-nous ici de la troisième Apparition de la Vierge à Fatima le 13 juillet 1917 où Elle montre aux trois enfants l’horreur de l’Enfer… Elle demandera alors d’ajouter, après chaque dizaine de chapelet, cette prière urgente : « O mon Jésus, pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’Enfer, et conduisez au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui en ont le plus besoin… »

[5] Extrait des litanies de Saint Michel Archange.

[6] Extrait du « Chapelet de Saint Michel Archange ou Couronne Angélique. »




St Louis-Marie Grignion de Montfort, Le secret admirable du Très Saint Rosaire – Merveilles obtenues par le Rosaire, 36e rose

[36e ROSE]

[109] L’an 1578, une femme d’Anvers s’était donnée au démon par une cédule [signée] de son sang. Quelque temps après, elle en eut un sensible regret et un grand désir de réparer le mal qu’elle avait fait. Elle chercha un confesseur prudent et charitable, pour savoir par quel moyen elle pourrait être affranchie de la puissance du diable.

Elle trouva un prêtre sage et dévot, qui lui conseilla d’aller trouver le père Henri, directeur de la confrérie du saint Rosaire, du couvent de Saint-Dominique, pour s’y faire enrôler et se confesser. Elle le demanda et, au lieu du Père, elle trouve le diable, sous la figure d’un religieux, qui la reprit sévèrement et lui dit qu’elle n’avait plus de grâces à espérer de Dieu, ni de moyen de révoquer ce qu’elle avait signé, ce qui l’affligea fort. Mais elle ne perdit pas toute espérance en la miséricorde de Dieu, elle retourna encore chercher le Père et elle trouva encore le diable, qui la rebuta comme auparavant. Elle retourna pour la troisième fois et elle trouva par la permission divine le père Henri qu’elle cherchait, qui la reçut charitablement, l’exhorta à se confier en la bonté de Dieu à faire une bonne confession ; il la reçut dans la confrérie et lui ordonna de réciter souvent le Rosaire. Un jour, pendant la Messe que le Père célébrait pour elle, la sainte Vierge força le diable de lui rendre la cédule qu’elle avait signée ; et ainsi elle fut délivrée par l’autorité de Marie et la dévotion du saint Rosaire.

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St Louis-Marie Grignion de Montfort, Le secret admirable du Très Saint Rosaire – Merveilles obtenues par le Rosaire, 35e rose

35e ROSE. (B. Alain. 4e p. c. 40).

[108] Le bienheureux Alain rapporte qu’un cardinal, nommé Pierre, du titre de Sainte-Marie delà le Tibre, instruit par saint Dominique, son ami intime, de la dévotion au saint Rosaire, s’y affectionna tellement qu’il en devint le panégyriste et le persuadait à tous. Le cardinal fut envoyé légat dans la Terre Sainte vers les chrétiens qui étaient croisés contre les Sarrasins. Il persuada si bien l’efficace du Rosaire à l’armée chrétienne que tous l’ayant embrassé pour implorer le secours du ciel dans un combat, où ils n’étaient que trois mille, ils triomphèrent de cent mille.

Les démons, comme nous avons vu, craignent infiniment le Rosaire. Saint Bernard dit que la Salutation angélique leur donne la chasse et fait frémir tout l’enfer. Le bienheureux Alain assure qu’il a vu plusieurs personnes, qui s’étaient livrées au diable corps et âme, en renonçant au baptême et à Jésus-Christ, et puis, après avoir pris la dévotion du saint Rosaire, ont été délivrées de sa tyrannie.

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