Le secret admirable du Très Saint Rosaire (31) – Le Rosaire remède pour tous – St Louis-Marie Grignion de Montfort
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[92] Il n’est rien de plus divin, selon la pensée de saint Denis, rien de plus noble ni de plus agréable à Dieu, que de coopérer au salut des âmes et de renverser les machines du démon qui tâche de les perdre. C’est le motif qui a fait descendre le Fils de Dieu en terre. Il avait ruiné l’empire de Satan par la fondation de l’Église, mais ce tyran avait repris ses forces et exercé une cruelle violence sur les âmes par l’hérésie des Albigeois, par les haines, les dissensions et par les vices abominables qu’il faisait régner dans le monde dans le onzième siècle.
Quel remède à ces grands désordres, comment abattre les forces de Satan ? La sainte Vierge. protectrice de l’Église, n’a point donné de moyen plus efficace pour apaiser la colère de son Fils, pour extirper l’hérésie et réformer les mœurs des chrétiens que la confrérie du saint Rosaire, comme l’effet l’a vérifié. Il a renouvelé la charité, la fréquentation des sacrements des premiers siècles d’or de l’Eglise, réformé les mœurs des chrétiens.
[93] Le pape Léon X dit en sa bulle que cette confrérie a été fondée en l’honneur de Dieu et de la sainte Vierge, comme un mur pour arrêter les malheurs qui allaient fondre sur l’Église.
Grégoire XIII dit que le Rosaire a été donné du ciel comme un moyen pour apaiser la colère de Dieu et implorer l’intercession de la sainte Vierge.
Jules III dit que le Rosaire a été inspiré pour nous ouvrir plus facilement le ciel, par les faveurs de la sainte Vierge.
Paul III et le bienheureux Pie V déclarent que le Rosaire a été établi et donné aux fidèles pour se procurer plus efficacement le repos et la consolation spirituelle. Qui négligera d’entrer en une confrérie instituée pour des fins aussi nobles ?
[94] Le Père Dominique, chartreux, fort dévot au Rosaire, vit un jour le ciel ouvert et toute la cour céleste rangée en un ordre admirable et entendit chanter le Rosaire, d’une mélodie ravissante, honorant à chaque dizaine un mystère de la vie, de la passion et de la gloire de Jésus-Christ et de la sainte Vierge. Et il remarqua que quand ils prononçaient le sacré nom de Marie, ils faisaient tous une inclination de la tête, et à celui de Jésus, ils faisaient tous une génuflexion et rendaient grâces à Dieu des grands biens qu’il a faits au ciel et en la terre par le saint Rosaire. [Il vit aussi la sainte Vierge et les saints présenter à Dieu les Rosaires] que les confrères récitent en terre, et prient pour ceux qui pratiquent cette dévotion ; il vit encore d’innombrables couronnes, de très belles et odoriférantes fleurs préparées pour ceux qui récitent dévotement le saint Rosaire et qu’autant de fois qu’ils le récitent ils se font une couronne dont ils seront parés au ciel. La vision de ce dévot chartreux est conforme à la vision qu’eut le disciple bien-aimé, dans laquelle il vit une multitude innombrable d’anges et des saints, qui louaient et bénissaient Jésus-Christ pour tout ce qu’il a fait et souffert dans ce monde pour notre salut ; et n’est-ce pas ce que font les dévots confrères du Rosaire ?
[95] Il ne faut pas s’imaginer que le Rosaire soit seulement pour les femmes, et les petits et les ignorants ; il est aussi pour les hommes, et les plus grands hommes. D’abord que saint Dominique eut rendu compte au pape Innocent III de l’ordre qu’il avait reçu du ciel, d’établir cette sainte confrérie, le Saint-Père l’approuva, exhorta saint Dominique à la prêcher et il voulut y être associé. Les cardinaux mêmes l’embrassèrent avec une grande ferveur, en sorte que Lopez avance ces paroles Nullum sexum, nullam oetatem, nullam conditionem ab oratione rosarii subtraxit se.
Ainsi on remarque, dans cette confrérie, toutes sortes de personnes : des ducs, des princes, des rois, aussi bien que des prélats, des cardinaux, souverains pontifes, dont le dénombrement serait trop long pour cet abrégé ; et vous mettant, cher lecteur, en cette confrérie, vous aurez part à leur dévotion et leurs grâces sur la terre et à leur gloire dans le ciel. Cum quibus consortium vobis erit devotionis, erit et communio dignitatis.
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[96] Si les privilèges, les grâces et les indulgences rendent une confrérie recommandable, on peut dire que celle du Rosaire est la plus recommandable de l’Église, puisqu’elle est la plus favorisée et enrichie d’indulgences, et il n’y a presque point de papes depuis son institution qui n’aient ouvert les trésors de l’Église pour la gratifier ; et comme l’exemple persuade mieux que les paroles et les bienfaits, les Saints Pères n’ont pu mieux marquer l’estime qu’ils faisaient de cette sainte confrérie qu’en s’y associant eux-mêmes.
Voici un petit abrégé des indulgences que les Souverains Pontifes ont entièrement accordées à la confrérie du Saint Rosaire, confirmées de nouveau par notre Saint-Père le Pape Innocent II le 31 juillet 1679, reçues et permises d’être publiées par monseigneur l’archevêque de Paris le 25 septembre de la même année :
1° Pour le jour de l’entrée dans la confrérie : indulgence plénière ;
2° Pour l’article de la mort : indulgence plénière ;
3° Pour chacun des trois chapelets du Rosaire récités : dix ans et dix quarantaines d’indulgences ;
4° Pour chaque fois qu’ils prononceront dévotement les saints noms de Jésus et de Marie : sept jours d’indulgences ;
5° Pour ceux qui assisteront dévotement à la procession du saint Rosaire : sept ans et sept quarantaines d’indulgences ;
6° A ceux qui, vraiment pénitents et confessés, visiteront la chapelle du Rosaire dans l’église où elle est établie, les premiers dimanches de chaque mois et les fêtes de Notre-Seigneur et de la sainte Vierge : indulgence plénière;
7° A ceux qui assistent au Salve Regina : cent jours d’indulgence ;
8° A ceux qui dévotement et pour montrer exemple portent ouvertement le saint Rosaire : cent jours d’indulgence ;
9° Aux confrères malades, qui ne pourront venir à l’église, étant confessés et communiés, réciteront le jour le saint Rosaire ou du moins le chapelet : indulgence plénière au jour marqué pour la gagner ;
10° Les Saints-Pères, par une grande libéralité envers les confrères du saint Rosaire, leur ont donné la faculté de gagner les indulgences des stations de Rome, visitant cinq autels, en récitant devant chacun cinq fois le Pater et l’Ave, pour l’heureux état de l’Église. S’il n’y a qu’un autel ou deux dans cette église, où est le Rosaire établi, ils réciteront 25 fois le Pater et l’Ave devant cet autel.
[81] Grande faveur pour les confrères du Saint Rosaire, parce que dans les églises des stations de Rome, il y a des indulgences plénières, des délivrances d’âmes du purgatoire et plusieurs autres grandes rémissions que les confrères peuvent gagner sans peine, sans frais, sans sortir de leur pays ; et même, si la confrérie n’est pas établie dans le lieu où demeurent les confrères, ils gagneront les dites indulgences, visitant cinq autels de quelque église que ce soit, par la concession de Léon dixième.
Voici les jours auxquels ils les peuvent gagner, déterminés et fixés, pour ceux qui sont hors la ville de Rome, par un décret de la Sacrée Congrégation établie pour les indulgences, approuvé par notre Saint-Père le 7 mars 1678, qui a ordonné qu’il sera inviolablement observé :
Tous les dimanches de l’Avent ; les trois jours des Quatre-Temps ; la vigile de Noël, aux messes de minuit, de l’aurore et du jour ; les fêtes de saint Étienne, de saint Jean l’Évangéliste, et des Innocents, de la Circoncision et des Rois ; les dimanches de la Septuagésime, Sexagésime, Quinquagésime et, depuis le jour des Cendres, tous les jours jusqu’au dimanche de la Quasimodo inclusivement ; les trois jours des Rogations ; le jour de l’Ascension ; la Vigile de la Pentecôte, et tous les jours où l’octave et les trois jours des Quatre-Temps de septembre .
Cher confrère du Rosaire, il y a un grand nombre d’autres indulgences. Si vous les voulez voir, lisez le sommaire des indulgences accordées aux confrères du Rosaire. Vous y verrez les noms des papes, l’année et plusieurs autres particularités que cet abrégé ne souffre pas.
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