Le secret de Marie, Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, n°41-42

[41] 6° Cette dévotion rend une âme vraiment libre de la liberté des enfants de Dieu. Comme pour l’amour de Marie, on se réduit volontairement en l’esclavage, cette chère Maîtresse, par reconnaissance, élargit et dilate le coeur, et fait marcher à pas de géant dans la voie des commandements de Dieu. Elle ôte l’ennui la tristesse et le scrupule. Ce fut cette dévotion que Notre‑Seigneur apprit à la chère Agnès de Langeac, religieuse morte en odeur de sainteté, comme un moyen assuré pour sortir des grandes peines et perplexités où elle se trouvait: « Fais‑toi, lui dit‑il, esclave de ma Mère et prends la chaînette »; ce qu’elle fit; et, dans le moment, toutes ses peines cessèrent.

[42] Pour autoriser cette dévotion, il faudrait rapporter ici toutes les bulles et les indulgences des papes et les mandements des évêques en sa faveur, les confréries établies en son honneur, l’exemple de plusieurs saints et grands personnages qui l’ont pratiquée; mais je passe tout cela sous silence ..

A suivre…

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« Ce qui vient de nous, c’est par cela qu’il est mort ; ce qui vient de lui, c’est par cela que nous vivrons », homélie de Saint Augustin

« Il nous a tellement aimés qu’il a souffert pour les pécheurs, lui qui est sans péché, ce que nous avons mérité par le péché »

« La passion de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ nous garantit la gloire et nous enseigne la patience.

Les coeurs des croyants peuvent tout attendre de la grâce de Dieu, car pour eux le Fils unique de Dieu, coéternel au Père, n’a pas jugé suffisant d’être un homme en naissant des hommes, mais il est allé jusqu’à mourir par la main des hommes qu’il a créés. Ce que Dieu nous promet pour l’avenir est grand ; mais bien plus grand ce que nous commémorons comme réalisé dans le passé. Où étaient-ils, quels hommes étaient-ils ces croyants, quand le Christ est mort pour des coupables ? On ne peut douter qu’il leur donnera sa vie, puisqu’il leur a déjà donné sa mort. Pourquoi la faiblesse humaine hésite-t-elle à croire ce qui arrivera un jour : que les hommes puissent vivre avec Dieu ?

Ce qui est déjà réalisé est encore beaucoup plus incroyable : Dieu est mort pour les hommes.

Car le Christ est ce Verbe qui était au commencement, ce Verbe qui était avec Dieu, ce Verbe qui était Dieu. Et ce Verbe de Dieu s’est fait chair, et il a établi sa demeure parmi nous. Car il n’aurait pas eu en lui-même de quoi mourir pour nous, sans cette chair mortelle qu’il a tirée de nous. C’est ainsi que l’être immortel a pu mourir, c’est ainsi qu’il a voulu donner la vie aux mortels : il devait dans l’avenir les faire participer à ce qu’il est, après avoir d’abord participé lui-même à ce qu’ils sont. Car nous n’avions pas en nous de quoi vivre, et il n’avait pas en lui de quoi mourir. Il a donc établi avec nous un merveilleux échange de participation réciproque. Ce qui vient de nous, c’est par cela qu’il est mort ; ce qui vient de lui, c’est par cela que nous vivrons. […]

Par conséquent, nous ne devons pas rougir de la mort de notre Seigneur ; bien au contraire, nous devons y mettre toute notre confiance et y trouver toute notre gloire. Du fait même qu’il recevait de nous la mort qu’il trouvait en nous, il nous a promis, dans sa grande fidélité, de nous donner en lui la vie que nous ne pouvons pas tenir de nous.

Il nous a tellement aimés qu’il a souffert pour les pécheurs, lui qui est sans péché, ce que nous avons mérité par le péché ; comment alors ne nous donnera-t-il pas ce qu’il donne aux justes, lui qui justifie ? Comment lui, dont la promesse est vérité, ne nous rendra-t-il pas en échange les récompenses des saints, lui qui, sans crime, a subi le châtiment des criminels ?

C’est pourquoi, mes frères, confessons hardiment et même professons que le Christ a été crucifié pour nous ; proclamons-le sans crainte, mais avec joie ; sans honte, mais avec fierté.

L’Apôtre Paul a vu là un titre de gloire qu’il nous a recommandé. Il pouvait rappeler, au sujet du Christ, beaucoup de grandeurs divines ; cependant il affirme ne pas se glorifier des merveilles du Christ, par exemple qu’étant Dieu auprès du Père, il a créé le monde ; qu’étant homme comme nous, il a commandé au monde. Mais il dit : Je ne veux me glorifier que de la croix de notre Seigneur Jésus Christ. »

Saint Augustin, homélie




Le secret de Marie, Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, n°40

[40] 5° C’est par cette dévotion qu’on met ses grâces, ses mérites et vertus en sûreté, en faisant Marie la dépositaire et lui disant: « Tenez, ma chère Maîtresse, voilà ce que, par la grâce de votre cher Fils, j’ai fait de bien; je ne suis pas capable de le garder à cause de ma faiblesse et de mon inconstance, à cause du grand nombre et de la malice de mes ennemis qui m’attaquent jour et nuit. Hélas! si l’on voit tous les jours les cèdres du Liban tomber dans la boue, et des aigles, s’élevant jusqu’au soleil, devenir des oiseaux de nuit, mille justes de même tombent à ma gauche et dix mille à ma droite, mais, ma puissante et très puissante Princesse, gardez tout mon bien, de peur qu’on ne me le vole, tenez‑moi, de peur que je ne tombe; je vous confie en dépôt tout ce que j’ai: Depositun custodi. Scio cui credidi.  Je sais bien qui vous êtes, c’est pourquoi je me confie tout à vous; vous êtes fidèle à Dieu et aux hommes, et vous ne permettrez pas que rien périsse de ce que [je] vous confie; vous êtes puissante, et rien ne peut vous nuire, ni ravir ce que vous avez entre les mains. »  Ipsam sequens non devias; ipsam rogans non desperas; ipsam cogitans non erras; ipsa tenente, non corruis; ipsam protegente, non metuis; ipsa duce, non fatigaris; ipsa propitia, pervenis (Saint Bernard, Inter flores, cap. 135, De Maria Virgine, page 2150).  Et ailleurs: Detinet Filium ne percutiat; detinet diabolum ne noceat; detinet virtutes ne fugiant; detinet merita ne pereant; detinet gratiam ne effluat. Ce sont les paroles de saint Bernard qui expriment en substance tout ce que je viens de dire. Quand il n’y aurait que ce seul motif pour m’exciter à cette dévotion, comme [étant] le moyen de me conserver et augmenter même dans la grâce de Dieu, je ne devrais respirer que feu et flammes pour elle.

A suivre…

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Le secret de Marie, Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, n°39

[39] 4° Se donner ainsi à la Sainte Vierge, c’est exercer dans le plus haut point qu’on peut la charité envers le prochain, puisque se faire volontairement son captif, c’est lui donner ce qu’on a de plus cher, afin qu’elle en puisse disposer à sa volonté en faveur des vivants et des morts.

A suivre…

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Le secret de Marie, Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, n°38

[38] « Bon Dieu que tout ce que nous faisons est peu de chose ! Mais mettons‑le dans les mains de Marie par cette dévotion. Comme nous nous serons donnés tout à fait à elle, autant qu’on se peut donner, en nous dépouillant de tout en son honneur, elle nous sera infiniment plus libérale, elle nous donnera « pour un oeuf un boeuf », elle se communiquera toute à nous avec ses mérites et ses vertus; elle mettra nos présents dans le plat d’or de sa charité, elle nous revêtira comme Rébecca fit Jacob, des beaux habits de son Fils aîné et unique Jésus‑Christ, c’est‑à‑dire de ses mérites qu’elle a en sa disposition: et ainsi, comme ses domestiques et ses esclaves, après nous être dépouillés de tout pour l’honorer, nous aurons doubles vêtements : Omnes domestici ejus vestiti sunt duplicibus, vêtements, ornements, parfums, mérites et vertus de Jésus et Marie dans l’âme d’un esclave de Jésus et Marie dépouillé de soi‑même et fidèle en son dépouillement. »

A suivre…

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Le père Peyton: le prêtre ,le rosaire et la princesse

« La famille qui prie ensemble reste ensemble. Un monde de prière est un monde en paix. »

Le père Patrick Peyton, né le 9 janvier 1909 en Irlande est décédé le 3 juin 1992, était un prêtre catholique et membre de la congrégation de Sainte-Croix. Il est surtout connu pour avoir fondé la Croisade de la famille du rosaire. Il a été déclaré vénérable par le Pape François en 2017 . Il était également surnommé le « prêtre du Rosaire. »

Le Père Patrick Peyton a créé le mouvement Family Rosary Crusade après la Seconde Guerre mondiale. Pendant la guerre froide, entre 1958 et 1965, certains affirment que ce mouvement a été financé et utilisé par la CIA pour lutter contre l’influence gauchiste en Amérique latine.

Le père Peyton organisait d’immenses rassemblements dans des villes clés du monde, utilisant massivement les médias, notamment en faisant appel à des célébrités d’Hollywood pour promouvoir la prière du rosaire en famille. Il était également très populaire en Amérique latine et aux Philippines, où il promouvait le rosaire et était reconnu pour son accent irlandais prononcé.

Le père Patrick Peyton est l’auteur du célèbre slogan :

« La famille qui prie ensemble reste ensemble. Un monde de prière est un monde en paix. »

Né dans le comté de Mayo, en Irlande, le sixième enfant d’une famille catholique profondément pieuse. Il a grandi dans une petite ferme et a pu aller à l’école. Plus tard, ses sœurs émigrèrent aux États-Unis pour gagner de l’argent et firent venir Patrick et son frère aîné Thomas en 1928.

Après leur arrivée aux États-Unis, Patrick travailla comme sacristain à la cathédrale de Scranton, en Pennsylvanie, et rencontra le prêtre Paul Kelley, qui l’encouragea à poursuivre sa vocation religieuse. En 1932, Patrick et son frère ont rejoint le séminaire de la Congrégation de la Sainte-Croix à Notre-Dame, dans l’Indiana.

En 1938, le père Peyton a été diagnostiqué avec une tuberculose avancée, mais il a été miraculeusement guéri après avoir été encouragé à prier le rosaire par sa sœur Nellie et le prêtre Cornelius Haggerty. Il a poursuivi ses études religieuses et a été ordonné prêtre en 1941.

Le père Peyton est devenu célèbre pour ses efforts visant à promouvoir la prière du rosaire en famille, en utilisant les médias de masse comme la radio, la télévision et le cinéma. Il a également organisé des rassemblements publics pour encourager les familles à prier ensemble. Ces événements ont attiré des millions de participants dans le monde entier.

Très influent auprès de Grace de Monaco , le père Peyton a développé chez la Princesse une dévotion toute particulière pour le rosaire.

  • DR Grace Kelly en prière

Le réalisateur Mario Tursi avait déclaré :

« J’ai vu la Princesse réciter les mystères du Rosaire avec un enthousiasme et une ferveur extraordinaires. Je revois son regard inspiré, l’intonation parfaite de sa voix, le style impeccable avec lequel elle scandait les versets de l’Évangile. Grace posait avec foi, ayant pour décor suggestif la Basilique Saint-Pierre. »

 

Son Altesse Sérénissime, la Princesse Grace de Monaco, récite le Rosaire avec le Père Patrick Peyton dans une émission de télévision spéciale de Pâques produite par Family Theater Productions. L’acteur/réalisateur John Huston assure la narration.

Le père Patrick Peyton est décédé en 1992 à Los Angeles, en Californie, tenant un rosaire à la main. Ses restes ont été enterrés au cimetière de la Sainte-Croix à Easton, dans le Massachusetts.Avant sa mort, il a organisé un grand rassemblement du rosaire aux Philippines en 1992, célébré par le cardinal-archevêque Jaime Sin.

En 2001, le cardinal Sean Patrick O’Malley a déclaré la sainteté du père Peyton, ce qui lui a valu le titre de « Serviteur de Dieu ». En 2017, le pape François a reconnu l’héroïcité de ses vertus, lui conférant ainsi le titre de « vénérable » dans le processus de béatification.

Source wikipedia

Pour en savoir plus, un film documentaire vient de sortir sur le Père Peyton :

https://www.sajedistribution.com/film/le-pr%C3%AAtre-du-rosaire.html

 




La coopération privilégiée de Marie à la Rédemption

La bienheureuse Vierge, prédestinée de toute éternité, à l’intérieur du dessein d’incarnation du Verbe, pour être la Mère de Dieu, fut sur la terre, en vertu d’une disposition de la Providence divine, la vénérable Mère du divin Rédempteur, généreusement associée à son œuvre à un titre absolument unique, humble servante du Seigneur.

En concevant le Christ, en le mettant au monde, en le nourrissant, en le présentant dans le Temple à son Père, en souffrant avec son Fils qui mourait sur la croix, elle apporta à l’œuvre du Sauveur une coopération absolument sans pareille par son obéissance, sa foi, son espérance, son ardente charité, pour que soit rendue aux âmes la vie surnaturelle. C’est pourquoi elle est devenue pour nous, dans l’Ordre de la grâce, notre Mère.

 

Constitution dogmatique Lumen Gentium Chapitre VIII §61

Concile Vatican II




Le secret de Marie, Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, n°37

[37] 3° Se consacrer ainsi à Jésus par Marie, c’est mettre entre les mains de Marie nos bonnes actions qui, quoiqu’elles paraissent bonnes, sont très souvent souillées et indignes des regards et de l’acceptation de Dieu devant qui les étoiles ne sont pas pures.

Ah ! prions cette bonne Mère et Maîtresse que, ayant reçu notre pauvre présent, elle le purifie, elle le sanctifie, elle l’élève et l’embellisse de telle sorte qu’elle le rende digne de Dieu. Tous les revenus de notre âme sont moindres devant Dieu, le Père de famille, pour gagner son amitié et sa grâce, que ne serait devant le roi la pomme véreuse d’un pauvre paysan, fermier de sa Majesté, pour payer sa ferme. Que ferait le pauvre homme, s’il avait de l’esprit et s’il était bien venu auprès de la reine ? Amie du pauvre paysan et respectueuse envers le roi, n’ôterait-elle pas de cette pomme ce qu’il y aurait de véreux et de gâté et ne la mettrait elle pas dans un bassin d’or entouré de fleurs ; et le roi pourrait‑il s’empêcher de la recevoir, même avec joie, des mains de la reine qui aime ce paysan… Modicum quid offerre desideras? manibus Mariae tradere cura, si non vis sustinere repulsam.  Si vous voulez offrir quelque peu de chose à Dieu, dit saint Bernard, mettez‑[le] dans les mains de Marie, à moins que vous ne vouliez être rebuté.

A suivre…

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La première homélie du pape Léon XIV en intégralité

Le pape Léon XIV, élu jeudi 8 mai par le collège des cardinaux électeurs, a prononcé ce vendredi 9 mai l’homélie de la messe de clôture du conclave en la chapelle Sixtine. Il s’agit de la première messe célébrée par le nouveau Pape, un moment particulièrement solennel. Le pape Léon XIV a commenté l’évangile du jour (Mt, 16) dans lequel le Christ dit à Simon qu’il sera la première pierre de son Eglise. Rappelant le devoir du chrétien de témoigner du Christ tout au long de sa vie, le pape Léon XIV a une nouvelle rendu hommage aux enseignements du pape François et appelé les fidèles à ne pas fuir la mission d’évangélisation. « Tel est le monde qui nous est confié, dans lequel, comme nous l’a enseigné à maintes reprises le Pape François, nous sommes appelés à témoigner de la foi joyeuse en Jésus Sauveur. C’est pourquoi, pour nous aussi, il est essentiel de répéter : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant », a notamment déclaré Léon XIV dans son homélie.

***

(En anglais, improvisé) Je vais commencer par un mot en anglais, et le reste est en italien. Mais je veux répéter les mots du psaume responsorial : « Je chanterai un chant nouveau au Seigneur, car il a fait des merveilles ». Et bien entendu, pas seulement moi, mais nous tous, mes frères cardinaux, et alors que nous célébrons ce matin, je vous invite à reconnaître toutes les merveilles et bénédictions que le Seigneur continue à déverser sur nous tous, sur le ministère de Pierre. Vous m’avez appelé à porter cette croix et à être béni par cette mission. Et je sais que je peux compter sur chacun d’entre vous pour cheminer avec moi, alors que nous continuons, comme Église, comme communauté d’amis de Jésus et de croyants à annoncer la « Bonne Nouvelle ».

(En italien, lisant) « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16, 16). Par ces paroles, Pierre, interrogé avec les autres disciples par le Maître sur la foi qu’il a en Lui, exprime en synthèse le patrimoine que l’Église, à travers la succession apostolique, garde, approfondit et transmet depuis deux mille ans.

Jésus est le Christ, le Fils du Dieu vivant, c’est-à-dire l’unique Sauveur et le révélateur du visage du Père.

En Lui, Dieu, pour se faire proche et accessible aux hommes, s’est révélé à nous dans les yeux confiants d’un enfant, dans l’esprit éveillé d’un adolescent, dans les traits mûrs d’un homme (cf. Conc. Vat. II, Const. Past. Gaudium et spes, n. 22), jusqu’à apparaître aux siens, après sa résurrection, dans son corps glorieux. Il nous a ainsi montré un modèle d’humanité sainte que nous pouvons tous imiter, avec la promesse d’une destinée éternelle qui dépasse toutes nos limites et toutes nos capacités.

Dans sa réponse, Pierre saisit ces deux aspects : le don de Dieu et le chemin à parcourir pour se laisser transformer, dimensions indissociables du salut, confiées à l’Église afin qu’elle les annonce pour le bien du genre humain. Confiés à nous, choisis par Lui avant même que nous ayons été formés dans le sein de notre mère (cf. Jr 1, 5), régénérés dans l’eau du Baptême et, au-delà de nos limites et sans aucun mérite de notre part, conduits ici et envoyés d’ici, afin que l’Évangile soit annoncé à toute créature (cf. Mc 16, 15).

En particulier, Dieu, en m’appelant par votre vote à succéder au Premier des Apôtres, me confie ce trésor afin que, avec son aide, j’en sois le fidèle administrateur (cf. 1 Co 4, 2) au profit de tout le Corps mystique de l’Église, de sorte qu’elle soit toujours plus la ville placée sur la montagne (cf. Ap 21, 10), l’arche du salut qui navigue sur les flots de l’histoire, phare qui éclaire les nuits du monde. Et cela, non pas tant grâce à la magnificence de ses structures ou à la grandeur de ses constructions – comme les édifices dans lesquels nous nous trouvons –, mais à travers la sainteté de ses membres, de ce « peuple que Dieu s’est acquis pour proclamer les œuvres admirables de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière » (1 P 2, 9).

Cependant, en amont de la conversation où Pierre fait sa profession de foi, il y a aussi une autre question : « Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ? » (Mt 16, 13). Ce n’est pas une question anodine, elle touche en effet à un aspect important de notre ministère : la réalité dans laquelle nous vivons, avec ses limites et ses potentialités, ses questions et ses convictions.

« Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ?» (Mt 16, 13). En pensant à la scène sur laquelle nous réfléchissons, nous pourrions trouver deux réponses possibles à cette question qui dessinent deux attitudes différentes.

Il y a tout d’abord la réponse du monde. Matthieu souligne que la conversation entre Jésus et ses disciples sur son identité se déroule dans la belle ville de Césarée de Philippe, riche en palais luxueux, nichée dans un cadre naturel enchanteur, au pied de l’Hermon, mais aussi siège de cercles de pouvoir cruels et théâtre de trahisons et d’infidélités. Cette image nous parle d’un monde qui considère Jésus comme une personne totalement insignifiante, tout au plus un personnage curieux, qui peut susciter l’émerveillement par sa manière inhabituelle de parler et d’agir. Ainsi, lorsque sa présence deviendra gênante en raison de son exigence d’honnêteté et de moralité, ce « monde » n’hésitera pas à le rejeter et à l’éliminer.

Il y a ensuite une autre réponse possible à la question de Jésus : celle du peuple. Pour lui, le Nazaréen n’est pas un « charlatan » : c’est un homme droit, courageux, qui parle bien et dit des choses justes, comme d’autres grands prophètes de l’histoire d’Israël. C’est pourquoi il le suit, du moins tant qu’il peut le faire sans trop de risques ni d’inconvénients. Mais ce n’est qu’un homme, et donc, au moment du danger, lors de la Passion, il l’abandonne et s’en va, déçu.

Ce qui frappe dans ces deux attitudes, c’est leur actualité. Elles incarnent en effet des idées que l’on pourrait facilement retrouver – peut-être exprimées dans un langage différent, mais identiques dans leur substance – dans la bouche de nombreux hommes et femmes de notre temps.

Aujourd’hui encore, nombreux sont les contextes où la foi chrétienne est considérée comme absurde, réservée aux personnes faibles et peu intelligentes ; des contextes où on lui préfère d’autres certitudes, comme la technologie, l’argent, le succès, le pouvoir, le plaisir.

Il s’agit d’environnements où il n’est pas facile de témoigner et d’annoncer l’Évangile, et où ceux qui croient sont ridiculisés, persécutés, méprisés ou, au mieux, tolérés et pris en pitié. Et pourtant, c’est précisément pour cette raison que la mission est urgente en ces lieux, car le manque de foi entraîne souvent des drames tels que la perte du sens de la vie, l’oubli de la miséricorde, la violation de la dignité de la personne sous ses formes les plus dramatiques, la crise de la famille et tant d’autres blessures dont notre société souffre considérablement.

Aujourd’hui encore, il existe des contextes où Jésus, bien qu’apprécié en tant qu’homme, est réduit à une sorte de leader charismatique ou de super-homme, et cela non seulement chez les non-croyants, mais aussi chez nombre de baptisés qui finissent ainsi par vivre, à ce niveau, dans un athéisme de fait.

Tel est le monde qui nous est confié, dans lequel, comme nous l’a enseigné à maintes reprises le Pape François, nous sommes appelés à témoigner de la foi joyeuse en Jésus Sauveur. C’est pourquoi, pour nous aussi, il est essentiel de répéter : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16, 16).

Il est essentiel de le faire avant tout dans notre relation personnelle avec Lui, dans l’engagement d’un chemin quotidien de conversion. Mais aussi, en tant qu’Église, en vivant ensemble notre appartenance au Seigneur et en apportant à tous la Bonne Nouvelle (cf. Conc. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 1).

Je le dis tout d’abord pour moi-même, en tant que Successeur de Pierre, alors que je commence ma mission d’Évêque de l’Église qui est à Rome, appelée à présider dans la charité l’Église universelle, selon la célèbre expression de S. Ignace d’Antioche (cf. Lettre aux Romains, Prologue). Conduit enchaîné vers cette ville, lieu de son sacrifice imminent, il écrivait aux chrétiens qui s’y trouvaient : « Alors je serai vraiment disciple de Jésus-Christ, quand le monde ne verra plus mon corps » (Lettre aux Romains, IV, 1). Il faisait référence au fait d’être dévoré par les bêtes sauvages dans le cirque – et c’est ce qui arriva –, mais ses paroles renvoient de manière plus générale à un engagement inconditionnel pour quiconque exerce un ministère d’autorité dans l’Église : disparaître pour que le Christ demeure, se faire petit pour qu’Il soit connu et glorifié (cf. Jn 3, 30), se dépenser jusqu’au bout pour que personne ne manque l’occasion de Le connaître et de L’aimer.

Que Dieu m’accorde cette grâce, aujourd’hui et toujours, avec l’aide de la très tendre intercession de Marie, Mère de l’Église.

Source : Aleteia




Le secret de Marie, Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, n°36

[36] 2° « Aller à Jésus‑Christ par Marie, c’est véritablement honorer Jésus‑Christ, parce que c’est marquer que nous ne sommes pas dignes d’approcher de sa sainteté infinie directement par nous‑mêmes, à cause de nos péchés, et que nous avons besoin de Marie, sa sainte Mère, pour être notre avocate et notre médiatrice auprès de lui, qui est notre médiateur. C’est en même temps s’approcher de lui comme de notre médiateur et notre frère, et nous humilier devant lui comme devant notre Dieu et notre juge : en un mot, c’est pratiquer l’humilité qui ravit toujours le coeur de Dieu … »

A suivre…

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