Mgr Strickland – 16 mai 2024 – Une tempête se prépare, comme on n’en a jamais vu sur la Terre.

De l’évêque Joseph Strickland 6/5/2024…

Une tempête se prépare, comme on n’en a jamais vu sur la Terre. L’Église, l’Épouse du Christ, a traversé pas mal de bourrasques et de coups de vent, et bien que beaucoup d’entre eux aient laissé le navire endommagé parfois et prenant l’eau, à chaque fois le Maître constructeur l’a restauré – polissant le bois et le rendant à nouveau en état de naviguer. Et ceux qui se trouvent sur le bateau, bien qu’en lambeaux et fatigués, ont souvent été bénis et guéris par notre Sainte Mère qui marche parmi ses enfants.
Qu’y a-t-il donc de différent dans cette tempête qui s’annonce ? C’est que, cette fois, le navire lui-même est tellement affaibli par les péchés cachés et la corruption dans ses salles sacrées qu’il a déjà commencé à prendre l’eau et qu’il est mal équipé pour affronter la tempête qui s’annonce. Alors que le mal atteint un niveau de saturation jamais vu auparavant dans l’Église et dans le monde, le navire est déjà tellement compromis par le péché et la corruption qu’il risque de chavirer.

Comme nous le rappelle saint Jean Bosco, il y a deux piliers qui ont servi à maintenir le navire debout à travers les âges, et ce sont la présence eucharistique de Notre Seigneur et la dévotion à Notre Sainte Mère. Cependant, le navire n’est plus aussi fermement ancré à ces piliers qu’il l’a été dans le passé. Le manque de foi surnaturelle a affaibli les liens avec le pilier eucharistique, et l’indifférence à l’égard de Notre Sainte Mère et le mépris de ses avertissements et admonestations, ainsi que le refus de reconnaître les paroles qu’elle continue d’apporter, ont affaibli les liens avec l’autre pilier.
C’est pourquoi la tempête qui arrive maintenant apporte un danger sans précédent. Le Maître d’œuvre restaurera une fois de plus son Épouse ». Cependant, le temps est venu pour nous de commencer à recevoir les fruits de ce que nous avons semé – et la corde de la Miséricorde qui a longtemps été étendue du Ciel à la Terre est maintenant remplacée par la corde de la Justice !

Alors que le mal dans le monde s’accélère, progressant régulièrement, implacable dans sa marche apparemment victorieuse, et que chaque jour nous entendons parler de nouveaux abus, de nouveaux scandales, de nouvelles hérésies dans les salles sacrées de l’Église, où cela nous mène-t-il ? Terrifiés ? Désemparés ?
Attendez ! Écoutez ! Restez tranquilles !
Car même si le vacarme des démons devient assourdissant, sous les gémissements, les grincements et le fracas, on peut trouver un profond silence, une pause sacrée. Et dans ce profond silence qui forme une barrière entre votre âme et le monde, vous entendrez un son si vous écoutez attentivement – c’est un battement de cœur ! C’est le Sacré-Cœur de Jésus.
Le mal avance inexorablement – et chaque jour de nouvelles atrocités sont révélées – et les fidèles frémissent et se demandent si la situation peut encore empirer. La réponse est que c’est possible et que cela arrivera. Mais en dessous de tout cela, dans le profond silence de la pause sacrée, vous pouvez entendre un son si vous voulez bien écouter – le battement de cœur de son Sacré-Cœur.

Le cœur de Jésus a commencé à battre au rythme de l’amour dans sa poitrine d’enfant quelques jours seulement après sa conception dans le sein de Marie.
Son cœur, humain et divin, a continué à battre tout au long de sa vie dans ce monde. Pendant trente-trois ans, son cœur a proclamé l’amour à chaque battement jusqu’au moment terrible de sa mort sur la croix. L’Écriture nous dit qu’à sa mort, la Terre a été secouée dans ses profondeurs parce que le Seigneur de la création ne respirait plus. Toute la création est entrée dans une « pause sacrée » lorsque le souffle de l’univers lui a été littéralement retiré. Mais ce n’était qu’une pause, dévastatrice mais passagère. Le Seigneur de tous s’est levé et son cœur a recommencé à battre.
Son cœur ne s’est pas arrêté depuis le moment de sa résurrection, lorsqu’il s’est remis à battre avec une vigueur sans précédent, le cœur de notre Seigneur ressuscité qui a vaincu le péché et la mort. Vingt siècles ont passé, et à travers tout cela, son cœur continue de battre.
Oui, une tempête se prépare, comme on n’en a jamais vu sur la Terre. Cependant, à mesure qu’elle augmente en intensité, si vous vous sentez submergés, arrêtez-vous, faites une pause et entrez dans une Pause sacrée. Sainte Marguerite-Marie Alacoque a dit : « Je comprends que la dévotion du Sacré-Cœur est un dernier effort de Son Amour envers les chrétiens de ces derniers jours, en leur offrant un objet et des moyens si bien calculés pour les persuader de L’aimer ».

Les jours à venir apportent des choses que nous n’aurions jamais pu imaginer se produire dans l’Église du Seigneur, mais ne désespérez pas ! Arrêtez-vous, faites une pause, il y a un son, c’est le battement de son cœur. Pensons à son Sacré-Cœur. Tout le chaos du passé et le chaos croissant de notre époque ne pourront jamais vaincre le battement de cœur sacré qui émane du cœur du Christ. Le cœur du Fils de Dieu nous apporte un message qui résonne à travers les âges : « Soyez tranquilles et sachez que je suis Dieu !
Alors que nous avançons dans le mois de juin, le mois du Sacré-Cœur, je ressens une puissante urgence à nous appeler tous à pénétrer plus profondément dans le Sacré-Cœur du Christ. Le Psaume 33 parle des desseins du cœur de Dieu et nous rappelle que son amour est éternel. Il est profondément important, alors que la tempête prend de l’ampleur, que nous nous rapprochions tous de plus en plus de son Sacré-Cœur et que nous connaissions le cœur du Christ, qui est réellement et pleinement présent dans l’Eucharistie. Tant de miracles eucharistiques à travers les âges indiquent la chair incarnée du cœur de Notre Seigneur. Aujourd’hui encore, son Sacré-Cœur saigne pour nous afin de nous rapprocher de son Visage eucharistique. Ne soyons pas aveugles et sourds à la merveille de Jésus-Christ réellement présent à chaque messe, dans chaque tabernacle et sur chaque autel d’adoration eucharistique.
Ce mois-ci, puissions-nous commencer à entrer dans notre propre « Pause sacrée » et, alors que nous entendons les battements de cœur de son Sacré-Cœur, buvons l’immense bénédiction de savoir que Jésus-Christ est avec nous dans la tempête ».




Trevignano Romano : messages d’avril 2024 et du 3 mai 2024

Message de la Reine du Rosaire du 3 mai 2024 remis à Gisella

Chers enfants bénis, merci d’avoir écouté mon appel dans votre cœur.

Enfants, soyez toujours dans la lumière et dans la vérité. Suivez le Saint Évangile et soyez toujours proches des sacrements.

Les enfants, rappelez-vous qu’il n’y a pas de bon arbre qui porte de mauvais fruits, et qu’il n’y a pas de mauvais arbre qui porte de bons fruits… méditez.

Mes enfants, mes amours, n’ayez pas peur, là où est Dieu, là est la Vérité ! Votre chemin sera étroit, mais plein d’amour pour Mon Jésus. Ayez de l’amour dans votre cœur, et non de la haine et de l’orgueil, ceux-ci ne viennent pas de Dieu, mais de Satan.

Soyez unis les enfants.

Maintenant, je vous bénis au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Aujourd’hui, de nombreuses grâces descendront sur vous.

Message de Jésus du 28 avril 2024 donné à Gisella

Mes enfants, n’ayez pas peur ! Bientôt les yeux de l’esprit s’ouvriront, reconnaissant Ma main et Ma puissance. Ceux qui se sont endormis, mais qui m’ont connu un jour … se réveilleront. Voici qu’ils comprendront que, quoi qu’il arrive, ce sera uniquement par Ma puissance. Tout cœur mauvais, tout homme conditionné par le mal, s’inclinera devant la lumière qui pénètre les ténèbres. Ceux qui, par peur, ont été contraints au silence, crieront Mon Nom. Ma fille, ta mission est Ma mission. Elle ne s’achèvera que lorsque la dernière brebis retournera au troupeau. Ne craignez pas ces moments, car le diable est sur le point d’être vaincu et retournera aux enfers. Soyez obéissants à mes Saintes Paroles, ne soyez pas confus.

Je vous bénis maintenant au nom de la Sainte Trinité.

Unissez-vous d’une seule voix et souvenez-vous que Jésus-Christ ressuscité est au milieu de vous.

Message de la Reine du Rosaire du 25 avril 2024 donné à Gisella

Chers enfants, je vous remercie d’être réunis ici pour prier. Mes enfants, je connais vos cœurs et je vois votre foi, et je vous en remercie. S’il vous plaît, mes enfants, dites à tous combien la conversion est nécessaire, car les minutes sont comptées, il n’y a plus de temps…. Mes enfants, vous ne pouvez pas imaginer combien mon Jésus est heureux lorsque vous revenez à lui avec un cœur palpitant d’amour. Mon Jésus cherche les pécheurs un par un, avec le souhait et l’espoir qu’ils puissent se racheter et revenir à ses pieds. Sa miséricorde est infinie, mais voyez aussi la puissance de sa justice lorsqu’elle s’abat sur ceux qui tournent le dos à Dieu. Je vous en conjure, choisissez le chemin étroit qui vous mènera à la vie éternelle. Maintenant, je vous bénis tous au nom de la Très Sainte Trinité : Père, Fils et Saint-Esprit, que la paix soit dans vos cœurs, Amen.

Message de la Reine du Rosaire du 21 avril 2024 donné à Gisella

Chers enfants, aujourd’hui vous recevrez une bénédiction spéciale. Comme vous êtes bénis par le Père, mon Fils très saint et le Saint Esprit. Mes enfants, je vous remercie d’être ici à genoux pour prier. Mes enfants bien-aimés, lors de notre première rencontre, je vous ai dit que je vous avais choisis pour la Foi, l’Amour et l’Espérance que vous aviez dans vos cœurs. Vous avez transmis tout cela à vos frères, et beaucoup sont venus aux pieds de Mon Jésus, repentants et amoureux. Maintenant, mes enfants, je vous demande de prier pour ce qui pourrait arriver… l’énergie nucléaire, qui fait son chemin pour détruire l’humanité. Tout cela peut être évité par la prière et la pénitence. Mes enfants, la famine arrive ! Soyez prudents, continuez à faire des réserves. Mes enfants, la ville des Sept Collines risque de subir de grands tremblements de terre. Mon Fils mettra la main sur les prêtres, les évêques et les cardinaux qui dispersent le troupeau et sur ceux qui sèment la confusion. Ils seront sévèrement punis. C’est le temps de la division… dans les familles, les groupes, les amitiés et l’Eglise. Mes enfants, soyez unis et aimez-vous les uns les autres. Maintenant je vous laisse avec ma bénédiction maternelle au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen.

Message de Jésus du 13 avril 2024 donné à Gisella

Chers frères et filles, je vous remercie d’être ici en prière, à genoux. Ma fille, je demande à tous ceux qui prient avec vous : ayez toujours de l’espoir et de la confiance ! Même quand tout semble perdu, j’interviendrai avec ma Gloire ! Enfants bien-aimés, prenez soin les uns des autres. Je vous ai laissé une Mère qui vous prend par la main pour vous instruire et vous montrer le bon chemin avec beaucoup d’amour. Mes enfants, soyez pleins de patience, d’humilité, de force et de courage. Je suis le seul à savoir qui franchira la Porte du Ciel pour venir à Moi. Je vous bénis maintenant au nom de la Très Sainte Trinité. Je vous laisse ma paix.




Le secret admirable du Très Saint Rosaire (13) – St Louis-Marie Grignion de Montfort

10e ROSE

[31] Lorsque saint Dominique prêchait cette dévotion dans Carcassonne, un hérétique tournait en ridicule ses miracles et les 15 mystères du saint Rosaire, ce qui empêchait la conversion des hérétiques. Dieu, pour punir cet impie, permit à quinze mille démons d’entrer en son corps ; ses parents l’amenèrent au bienheureux Père pour le délivrer de ces malins esprits. Il se mit en oraison et exhorta toute la compagnie de réciter avec lui le Rosaire tout haut, et voilà qu’à chaque Ave Maria, la sainte Vierge faisait sortir cent démons du corps de cet hérétique en forme de charbons ardents. Après qu’il fut délivré, il abjura ses erreurs, se convertit et se fit enrôler en la confrérie du Rosaire avec plusieurs de son parti qui furent touchés de ce châtiment et de la vertu du Rosaire.

[32] Le docte Cartagène, de l’ordre de Saint-François, avec plusieurs auteurs, rapporte que l’an 1482, lorsque le vénérable Père Jacques Sprenger et ses religieux travaillaient avec grand zèle à rétablir la dévotion et la confrérie du saint Rosaire dans la ville de Cologne, deux fameux prédicateurs, jaloux des grands fruits qu’ils faisaient par cette pratique, tâchaient de la décrier par leurs sermons, et comme ils avaient du talent, et un grand crédit, ils dissuadaient beaucoup de personnes de s’y enrôler ; l’un de ces prédicateurs, pour mieux venir à bout de son pernicieux dessein, prépara un sermon exprès et l’assigna à un jour de dimanche. L’heure du sermon étant venue le prédicateur ne paraissait point ; on l’attendit, on le chercha, et enfin on le trouva mort  sans avoir été secouru de personne. L’autre prédicateur, se persuadant que cet accident était naturel, résolut de suppléer à son défaut pour abolir la confrérie du Rosaire. Le jour et l’heure du sermon étant arrivés, Dieu châtia ce prédicateur d’une paralysie qui lui ôta le mouvement et la parole. Il reconnut sa faute et celle de son compagnon, il eut recours à la sainte Vierge dans son coeur, lui promettant de prêcher partout le Rosaire avec autant de force qu’il l’avait combattu. Il la pria de lui rendre pour cela la santé et la parole, ce que la sainte Vierge lui accorda, et se trouvant subitement guéri il se leva comme un autre Saul, de persécuteur devenu défenseur du saint Rosaire. Il fit réparation publique de sa faute, et prêcha avec beaucoup de zèle et  d’éloquence l’excellence du saint Rosaire.

[33] Je ne doute point que les esprits forts et critiques de ce temps, qui liront les histoires de ce petit traité, ne les révoquent en doute, comme ils ont toujours fait, quoique je n’aie fait autre chose que les transcrire de très bons auteurs contemporains et en partie dans un livre nouvellement composé par le Révérend Père Antonin Thomas, de l’ordre des frères prêcheurs, intitulé : le Rosier mystique.

Tout le monde sait qu’il y a trois sortes de foi aux histoires différentes. Nous devons aux histoires de l’Écriture sainte une foi divine ; aux histoires profanes qui ne répugnent point à la raison et écrites par de bons auteurs, une foi humaine ; et aux histoires pieuses rapportées par de bons auteurs et nullement contraires à la raison, à la foi ni aux bonnes mœurs, quoiqu’elles soient quelquefois extraordinaires, une foi pieuse ; j’avoue qu’il ne faut être ni trop crédule ni trop critique, et qu’il faut tenir le milieu en tout pour trouver le point de la vérité et de la vertu ; mais aussi je sais que, comme la charité croit facilement tout ce qui n’est point contraire à la foi ni aux bonnes mœurs : Charitas omnia credit (1 Co 13,7), de même l’orgueil porte à nier presque toutes les histoires bien avérées, sous prétexte qu’elles ne sont point dans l’Écriture sainte. C’est le piège de Satan, où les hérétiques qui nient la tradition sont tombés, et où les critiques du temps tombent insensiblement, ne croyant pas ce qu’ils ne comprennent pas, ou ce qui ne leur revient pas, sans aucune autre raison que l’orgueil et la suffisance de leur propre esprit.

Pour lire l’introduction et consulter le plan de l’ouvrage de Grignion de Montfort, cliquer ici.




Le secret admirable du Très Saint Rosaire (10)- Saint Louis-Marie Grignion de Montfort

8e ROSE

[26] Il n’est pas possible d’exprimer combien la sainte Vierge estime le Rosaire sur toutes les dévotions et combien elle est magnifique à récompenser ceux qui travaillent à le prêcher, l’établir et [le] cultiver; et au contraire combien elle est terrible contre ceux qui veulent s’y opposer.

Saint Dominique n’a eu rien tant à cœur pendant sa vie que de louer la sainte Vierge, de prêcher ses grandeurs et d’animer tout le monde à l’honorer par son Rosaire. Cette puissante Reine du ciel n’a cessé aussi de répandre sur ce saint des bénédictions à pleines mains ; elle a couronné ses travaux de mille prodiges et miracles, il n’a jamais rien demandé à Dieu qu’il ne l’ait obtenu par l’intercession de la sainte Vierge ; et, pour comble de faveur, elle l’a rendu victorieux de l’hérésie des Albigeois et fait père et patriarche d’un grand ordre [1]

[27] Que dirai-je du bienheureux Alain de la Roche, réparateur de cette dévotion ? La sainte Vierge l’a honoré plusieurs fois de sa visite pour l’instruire des moyens de faire son salut, de se rendre bon prêtre, parfait religieux et imitateur de Jésus-Christ. Pendant les tentations et les persécutions horribles des démons qui le réduisaient à une extrême tristesse et presque au désespoir, elle le consolait et dissipait par sa douce présence tous ces nuages et ces ténèbres. Elle lui a enseigné la méthode de dire le Rosaire, ses excellences et ses fruits. Elle l’a favorisé de la glorieuse qualité de son nouvel époux, et pour gage de ses chastes affections, elle lui a mis une bague au doigt, un collier fait de ses cheveux au col, et lui a donné un Rosaire. L’abbé Tritème, le docte Cartagène, le savant Martin Navarre et les autres en parlent avec éloges.

Après avoir attiré à la confrérie du Rosaire plus de cent mille âmes, il mourut à Zwolle, en Flandre, le 8 septembre 1475.

[28] Le démon, jaloux des grands fruits que le bienheureux Thomas de Saint-Jean, célèbre prédicateur du saint Rosaire, faisait par cette pratique, le réduisit, par ses mauvais traitements, à une longue et fâcheuse maladie dans laquelle il fut désespéré des médecins. Une nuit qu’il croyait infailliblement mourir, le démon lui apparut sous une figure épouvantable ; mais élevant dévotement les yeux et le cœur vers une image de la sainte Vierge qui était près de son lit, il cria de toutes ses forces : « Aidez-moi, secourez-moi, ô ma très douce Mère ! »  A peine eut-il achevé ces paroles, que la sainte Vierge lui tendit la main de la sainte image, lui sera le bras en lui disant : « Ne crains point, mon fils Thomas, me voici à ton secours ; lève-toi et continue de prêcher la dévotion de mon Rosaire comme tu as commencé. Je te défendrai contre tous tes ennemis. » A ces paroles de la sainte Vierge, le démon prit la fuite. Le malade se leva en parfaite santé, et il rendit grâces à sa bonne Mère avec un torrent de larmes, et continua de prêcher le Rosaire avec un succès merveilleux.

[29] La sainte Vierge ne favorise pas seulement les prédicateurs du Rosaire, elle récompense aussi glorieusement ceux qui, par leur exemple, attirent les autres à cette dévotion. Alphonse, roi de Léon et de Galice, désirant que tous ses domestiques honorassent la sainte Vierge par le Rosaire, s’avisa, pour  les y animer  par son exemple, de porter un gros Rosaire à son côté, mais sans le réciter pourtant : ce qui obligea tous les gens de sa cour à le dire dévotement.

Le roi tomba malade à l’extrémité et lorsqu’on le croyait mort, il fut ravi en esprit au tribunal de Jésus-Christ. Il vit les diables qui l’accusaient de tous les crimes qu’il avait commis et le juge étant sur le point de le condamner aux peines éternelles, la sainte Vierge se présenta en sa faveur devant son Fils ; on apporta une balance, on mit tous les Péchés du roi dedans un bassin, et la sainte Vierge mit le gros Rosaire qu’il avait porté en son honneur et avec ceux qu’il avait fait dire par son exemple, qui pesa plus que tous ses Péchés, et puis, le regardant d’un œil favorable, elle lui dit : « J’ai obtenu de mon Fils, pour récompense du petit service que tu m’as rendu en portant le Rosaire, la prolongation de ta vie pour quelques années. Emploie-les bien, et fais pénitence. » Le roi, revenu de ce ravissement, s’écria : « 0 bienheureux Rosaire de la sainte Vierge, par lequel j’ai été délivré de la damnation éternelle. » Après qu’il eut recouvré la santé, il passa le reste de sa vie dans la dévotion du saint Rosaire et le récitait tous les jours.

Que les dévots de la sainte Vierge tâchent de gagner le plus qu’ils pourront de fidèles à la confrérie du saint Rosaire, à l’exemple de ces saints et de ce roi ; ils auront ici-bas ses bonnes grâces et la vie éternelle. Qui elucidant me vitam eternam habebunt (Ceux qui m’éclaircissent auront la vie éternelle. Si 24,31)

 

 

[1] ALAN US DE RUPE, Apologia, c. 22. Ros. « . »st., 9″ diz., ch. 8.




Le secret admirable du Très Saint Rosaire (6) – Saint Louis-Marie Grignion de Montfort

PREMIÈRE DIZAINE

L’ excellence du saint Rosaire

dans son origine et Son nom.

(suite)

3e ROSE

[12] Cet établissement miraculeux du saint Rosaire, qui a quelque rapport avec la manière dont Dieu donna sa loi au monde sur la montagne de Sinaï, montre évidemment l’excellence de cette divine pratique ; aussi saint Dominique, inspiré du Saint-Esprit, instruit par la Sainte Vierge et par sa propre expérience, prêcha tout le reste de sa vie le saint Rosaire par exemple et de vive voix dans les villes et les campagnes, devant les grands et les petits, devant les savants et les ignorants, devant les cathoIiques et [les] hérétiques. Le saint Rosaire, qu’il récitait tous les jours, était sa préparation devant la prédication et son rendez-vous après la prédication.

[13] Lorsque le saint était, un jour de Saint-Jean l’Évangéliste, à Notre-Dame de Paris, derrière le grand autel, dans une chapelle, pour se préparer à prêcher, en récitant le saint Rosaire, la Sainte Vierge lui apparut et lui dit : « Dominique, quoique ce que tu as préparé pour prêcher soit bon, voici pourtant un sermon bien meilleur que je t’apporte.  » Saint Dominique reçoit de ses mains le livre où était ce sermon, le lit, le goûte et le comprend, en rend grâces à la Sainte Vierge. L’heure du sermon arrivée, il monte en chaire et, après n’avoir dit à la louange de saint Jean l’Évangéliste autre chose sinon qu’il avait mérité d’être le gardien de la Reine du ciel, il dit à toute l’assemblée des grands et des docteurs qui étaient venus l’entendre, qui étaient accoutumés à n’entendre que des discours curieux et polis, mais que, pour lui, il ne leur parlerait point dans les paroles savantes de la sagesse humaine, mais dans la simplicité et la force du Saint-Esprit. Alors saint Dominique leur prêcha le saint Rosaire et [le] leur expliqua mot à mot, comme à des enfants, la Salutation angélique, en se servant des comparaisons fort simples qu’il avait lues dans le papier que lui avait donné la Sainte Vierge.

[14) Voici les propres paroles du savant Carthagène qu’il a tirées en partie du livre du bienheureux Alain de la Roche intitulé De Digniitate psalterii : [Grignion cite ici le texte en latin, nous le présentons traduit] : Le bienheureux Alain affirme que son Père saint Dominique lui dit un jour dans une révélation : « Mon fils, tu prêches ;  mais pour que tu ne cherches pas plutôt la louange humaine que le salut des âmes, écoute ce qui m’est arrivé à Paris. Je devais prêcher dans la grande église dédiée à la bienheureuse Marie, et je voulais le faire d’une manière ingénieuse, non par orgueil, mais à cause de la puissance et de la dignité des assistants. Comme, selon ma coutume, Je priais en récitant mon Rosaire durant l’heure qui précédait mon sermon, j’eus un ravissement. Je voyais mon amie la Mère de Dieu m’apportant un petit livre et me disant : « Dominique, si bon que soit le sermon que tu as résolu de prêcher, je t’en ai apporte un bien meilleur. » Tout joyeux, je prends le livre, je le lis en entier, et, comme Marie l’avait dit, je trouve ce qu’il faut prêcher. Je l’en remercie de tout cœur. L’heure du sermon venue, j’avais devant moi l’Université de Paris tout entière et un grand nombre de seigneurs. Ils entendaient et voyaient les grands signes que le Seigneur opérait par moi. Je monte à l’ambon. C’était la fête de saint Jean, mais de cet apôtre je me contente de dire qu’il mérita d’être choisi pour le gardien de la Reine du ciel. Ensuite je parlai ainsi à mon auditoire : Seigneurs et Maîtres illustres, vous êtes habitués à entendre des sermons élégants et savants. Pour moi, je ne veux pas vous adresser les doctes paroles de la sagesse humaine, mais vous montrer l’Esprit de Dieu et sa vertu. » Et alors, dit Carthagène après le bienheureux Alain, saint Dominique leur expliqua la Salutation ang6lique par des comparaisons et des similitudes familières.

 [15] Et le bienheureux Alain de la Roche, comme dit le même Carthagène, rapporte plusieurs autres apparitions de Notre-Seigneur et de la Sainte Vierge à saint Dominique pour le presser et l’animer de plus en plus à prêcher le saint Rosaire, afin de détruire le péché et de convertir les pécheurs et les hérétiques ; il dit en un endroit  [nous donnons à nouveau la traduction du texte cité en latin pour Grignion de Montfort] : Le bienheureux Alain dit que la Sainte Vierge lui révéla que Jésus-Christ son Fils était apparu après elle à saint Dominique et lui avait dit : « Dominique, je me réjouis de voir que tu ne t’appuies pas sur ta propre sagesse, et que tu travailles avec humilité au salut des âmes, plutôt que de chercher à plaire aux hommes vains. Mais beaucoup de prédicateurs veulent tout de suite tonner contre les péchés les plus graves, ignorant qu’avant de donner un remède pénible, il faut préparer Je malade à le recevoir et a en profiter. C’est pourquoi ils doivent d’abord exhorter leurs auditeurs à l’amour de l’oraison, et spécialement à mon angélique psautier ; car si tous commencent à prier de la sorte, il n’est pas douteux que la divine clémence ne soit propice à ceux qui persévéreront. Prêche donc mon Rosaire. »

[16] Il dit dans un autre endroit [nous donnons à nouveau la traduction du texte cité en latin pour Grignion de Montfort] : Tous les prédicateurs font dire aux chrétiens la salutation angélique au commencement de leurs sermons pour obtenir la grâce divine. La raison en vient d’une révélation faite à saint Dominique par la bienheureuse Vierge. « Mon fils, lui dit-elle, ne vous étonnez pas de ne pas réussir en vos prédications. Car vous labourez un sol qui n’a pas été arrosé par la pluie. Sachez que, quand Dieu voulut renouveler le monde, il envoya d’abord la pluie de la Salutation angélique ; et c’est ainsi que le monde fut réformé. Exhortez donc les hommes dans vos sermons à réciter mon rosaire et vous en recueillerez de grands fruits pour les âmes ». Ce que saint Dominique ayant fait avec constance, ces prédications obtinrent un  remarquable succès. »

[17] J’ai pris plaisir à rapporter mot à mot ces passages latins de ces bons auteurs en faveur des prédicateurs et personnes savantes qui pourraient révoquer en doute la merveilleuse vertu du saint Rosaire. Pendant qu’à l’exemple de saint Dominique les prédicateurs prêchaient la dévotion du saint Rosaire, la piété et la ferveur fleurissaient dans les ordres religieux qui pratiquent cette dévotion, et dans le monde chrétien ; mais depuis qu’on eut négligé ce présent venu du ciel, on ne vit que péchés et que désordres partout.

 

Pour lire l’introduction et consulter le plan de l’ouvrage de Grignion de Montfort, cliquer ici.

Illustration : Saint Dominique, par Fra Angelico




Le secret admirable du Très Saint Rosaire (5)- St Louis-Marie Grignion de Montfort.

PREMIÈRE DIZAINE

L’ excellence du saint Rosaire

dans son origine et Son nom.

1ère ROSE

[9] Le Rosaire renferme deux choses, savoir : l’oraison mentale et l’oraison vocale. L’oraison mentale du saint Rosaire n’est autre chose que la méditation des principaux mystères de la vie, de la mort et de la gloire de Jésus-Christ et de sa très sainte Mère. L’oraison vocale du Rosaire consiste à dire quinze dizaines d’Ave Maria précédées par un Pater  pendant qu’on médite et qu’on contemple les quinze vertus principales que Jésus et Marie ont pratiquées dans les quinze mystères du saint Rosaire.

Dans le premier chapelet, qui est de cinq dizaines, on honore et on considère les cinq mystères joyeux ; au second les cinq mystères douloureux, et au troisième les cinq mystères glorieux. Ainsi le saint Rosaire est un sacré composé de l’oraison vocale et mentale pour honorer et imiter les mystères et les vertus de la vie, de la mort et de la passion et de la gloire de Jésus-Christ et de Marie.

2e ROSE

[10] Le saint Rosaire dans son fond et dans sa substance étant composé de la prière de Jésus-Christ et de la Salutation angélique, savoir le Pater et l’Ave, et de la méditation des mystères de Jésus et de Marie, c’est sans doute la première prière et la première dévotion des fidèles, qui depuis les apôtres et les disciples a été en usage de siècle en siècle jusqu’à nous.

(11] Cependant le saint Rosaire, dans sa forme et la méthode dont on le récite à présent, n’a été inspiré à son Église, donné de la sainte Vierge à saint Dominique pour convertir les hérétiques albigeois et les pécheurs, qu’en l’an 1214, de la manière que je vais dire, comme le rapporte le bienheureux Alain de la Roche dans son fameux livre intitulé : D. Dignitate psalterii. Saint Dominique, voyant que les crimes des hommes mettaient obstacle à la conversion des Albigeois, entra dans une forêt proche de Toulouse et y passa trois jours et trois nuits dans une continuelle oraison et pénitence ; il ne cessait de gémir, de pleurer et de se macérer le corps à coups de discipline, afin d’apaiser la colère de Dieu, de sorte qu’il tomba à demi mort. La Sainte Vierge lui apparut, accompagnée de trois princesses du ciel et lui dit : « Sais-tu, mon cher Dominique, de quelle arme la Sainte-Trinité s’est servie pour réformer le monde ? O Madame, répondit-il, vous le savez mieux que moi, car après votre Fils Jésus-Christ vous avez été le principal instrument de notre salut. » Elle ajouta : « Sache que la principale pièce de batterie a été le psautier angélique, qui est le fondement du Nouveau Testament ; c’est pourquoi, si tu veux gagner à Dieu ces cœurs endurcis, prêche mon psautier. » Le saint se leva tout consolé et, brûlant du zèle du salut de ces peuples, il entra dans l’église cathédrale ; incontinent les cloches sonnèrent par l’entremise des anges pour assembler les habitants, et au commencement de la prédication un orage effroyable s’éleva ; la terre trembla, le soleil s’obscurcit, les tonnerres et les éclairs redoublés firent pâlir et trembler tous les auditeurs ; et leur terreur augmenta quand ils virent une image de la Sainte Vierge, exposée sur un lieu éminent, lever les bras par trois fois vers le ciel pour demander vengeance à Dieu contre eux, s’ils ne se convertissaient et ne recouraient à la protection de la sacrée Mère de Dieu.

Le ciel voulait par ces prodiges augmenter la nouvelle dévotion du saint Rosaire et la rendre plus fameuse.

L’orage cessa enfin par les prières de saint Dominique. Il poursuivit son discours et expliqua avec tant de ferveur et de force l’excellence du saint Rosaire, que les Toulousains l’embrassèrent presque tous et renoncèrent presque tous à leurs erreurs, et l’on vit, en peu de temps, un grand changement de mœurs et de vie dans la ville.

 

Pour lire l’introduction et consulter le plan de l’ouvrage de Grignion de Montfort, cliquer ici.




Méditation sur l’esprit de la liturgie – Benoit XVI

Dans la confusion et le trouble qui règne dans l’Eglise suite à la publication par le Vatican de Fiducia Supplicans, je suis retombée sur ses textes de Benoît XVI qui me semblent si éclairant pour nous situer de manière juste dans la foi : c’est à dire selon Dieu qui est vérité, et non selon nos émotions ou nos désirs passagers et souvent brouillés par le péché. Relire ces textes illumine et apporte la paix de la vérité, selon la grâce théologique lumineuse et simple si particulière de Benoit XVI.

« La position du prêtre tourné vers le peuple a fait de l’assemblée priante une communauté refermée sur elle-même. celle-ci n’est plus ouverture vers le monde à venir ni vers le ciel. La prière en commun vers l’est ne signifiait pas que la célébration se faisait en direction du mur ni que le prêtre tournait le dos au peuple. De même que dans la synagogue tous regardaient vers Jérusalem, de même tous regardaient vers le Seigneur, conscients d’avancer en procession vers lui. Ils ne s’enfermaient pas dans un cercle, ne se regardaient pas l’un l’autre, mais, peuple de Dieu en marche vers l’Orient, ils se tournaient ensemble vers le Christ qui vient à notre rencontre. » Benoit XVI, L’esprit de la liturgie, p. 68

« Lorsque la liturgie est notre œuvre à nous, elle ne nous offre plus ce qu’elle devrait précisément nous donner : la rencontre avec le mystère, qui n’est pas notre œuvre, mais notre origine et la source de notre vie. Je suis convaincu que la crise de l’Église que nous vivons aujourd’hui repose largement sur la désintégration de la liturgie qui est parfois même conçue de telle manière que son propos n’est plus du tout de signifier que Dieu existe, qu’il s’adresse à nous et nous écoute. Mais si la liturgie ne laisse plus apparaître une communauté de foi, l’unité universelle de l’Eglise et de son histoire, le mystère du Christ vivant, la communauté ne fait que se célébrer elle. Et cela n’en vaut pas la peine. » Benoit XVI, Ma vie, p. 134-135.

« Une liberté sans frein n’est pas conciliable avec l’essence de la foi et de la liturgie. La grandeur de la liturgie, faut-il le répéter, justement au fait qu’elle échappe à l’arbitraire. La liturgie n’est pas un show, un spectacle qui ait besoin de metteurs en scène géniaux ni de talent. La liturgie ne vit pas de surprises « sympathiques », de « trouvailles captivantes », mais de répétitions solennelles. Elle ne doit pas exprimer l’actualité et ce qu’elle a d’éphémère, mais le mystère du sacré. » Benoit XVI, L’esprit de la liturgie, p. 134 ; Entretien sur la foi, p. 150

Marie-Jacinta




La grande fissure. Par Mark Mallett

Nihil innovetur, nisi quod traditum est.
« Qu’il n’y ait pas d’innovation au-delà de ce qui a été transmis. »
Pape Saint Étienne Ier (+ 257)

 

L’autorisation accordée par le Vatican aux prêtres de distribuer des bénédictions aux « couples » de même sexe et à ceux qui entretiennent des relations « irrégulières » a créé une profonde fissure au sein de l’Église catholique.

Quelques jours après son annonce, presque des continents entiers (Afrique), des conférences épiscopales (par exemple la Hongrie, la Pologne), des cardinaux et des ordres religieux ont rejeté le langage contradictoire de Fiducia Supplicans (FS). La Déclaration, prétendument signée par le Pape, était également en contradiction avec sa précédente déclaration magistérielle deux ans auparavant en réponse à une question (dubia) demandant si les unions homosexuelles pouvaient être bénies. La réponse fut alors clairement non : seuls les individus pouvaient demander une bénédiction, car bénir le couple « ne manifesterait pas l’intention de confier ces individus à la protection et à l’aide de Dieu… mais d’approuver et d’encourager un choix et une manière de vivre qui ne peut être reconnue comme étant objectivement ordonnée aux plans révélés de Dieu » (voir Avons-nous franchi un cap ?).

La réponse au dubium proposé [« L’Église a-t-elle le pouvoir de donner la bénédiction aux unions de personnes du même sexe ? »] n’exclut pas les bénédictions données aux personnes      individuelles ayant des penchants homosexuels, qui manifestent la volonté de vivre dans la fidélité aux plans révélés de Dieu tels que proposés par l’enseignement de l’Église. Au contraire, il déclare illicite toute forme de bénédiction qui tend à reconnaître leurs unions comme telles. —Responsum de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi à un dubium concernant la bénédiction des unions de personnes du même sexe, 22 février 2021

Cependant, FS tente de légitimer de telles bénédictions en remplaçant le mot « union » par « couple », justifiant ainsi « la possibilité de bénir des couples en situation irrégulière et des couples de même sexe sans valider officiellement leur statut ni changer en aucune façon l’enseignement éternel de l’Église » sur le mariage. »[1] Mais le clergé du monde entier a immédiatement dénoncé ce jeu de mots comme étant une « double pensée »,[2] un « sophisme »,[3] et une « tromperie et une ruse ».[4]

Je me souviens que lorsqu’on discutait de la loi trans, nous étions en procession à la paroisse Saint-Ignace et des personnes trans sont venues me demander ma bénédiction et je leur ai donné une bénédiction. [C’est] une autre chose… de bénir un couple homosexuel. Là, ce n’est plus la bénédiction des personnes, mais celle du couple, et toute la tradition de l’Église, même un document d’il y a deux ans, dit que cela n’est pas possible. — Cardinal Daniel Sturla, archevêque de Montevideo, Uruguay, 27 décembre 2023, catholicnewsagency

Puisque le document traite les partenaires précisément sous l’aspect de la relation, dont l’activité déterminante est intrinsèquement et gravement mauvaise, il inclut dans le champ de la bénédiction un objet qui ne peut pas être béni. —Dr. Christopher Malloy, président et professeur de théologie à l’Université de Dallas, 30 décembre 2023 ; catholicworldreport.com

En fait, Jean-Paul II a mis en garde contre la tentative laïque de donner un sens au mot « couple » dissocié des différences sexuelles :

La valeur de l’indissolubilité conjugale est de plus en plus niée ; on demande la reconnaissance juridique des relations de fait comme si elles étaient comparables à des mariages légitimes ; et l’on tente d’accepter une définition du couple dans laquelle la différence de sexe n’est pas considérée comme essentielle. —Ecclesia en Europe, n. 90, 28 juin 2003

D’autres encore, comme les évêques canadiens, ont émis une interprétation beaucoup plus douce : « Le principe directeur de la Déclaration est le fait que la demande même d’une bénédiction représente une ouverture à la miséricorde de Dieu et peut être une occasion pour une plus grande confiance en Dieu. »[5] Cependant, cela présuppose que le couple – déjà dans un état de péché objectif grave – recherche en fait la miséricorde de Dieu. Et si tel est le cas, cela soulève une autre question :

Pourquoi demandent-ils cette bénédiction en couple, et non en tant que personne seule ? Bien sûr, une personne seule qui a ce problème d’affection homosexuelle peut venir demander une bénédiction pour vaincre les tentations, pour pouvoir, avec la grâce de Dieu, vivre chastement. Mais en tant que célibataire, il ne viendra pas avec son partenaire – ce serait une contradiction dans sa manière de vivre selon la volonté de Dieu. —Mgr Athanasius Schneider, 19 décembre 2023 ; youtube.com

Déformation de l’autorité papale

Il semble que presque tous les jours, des nouvelles selon lesquelles davantage de membres du clergé rejettent le FS font la une des journaux.[6] En fait, le rite oriental de l’Église catholique a catégoriquement dit « non » à ce que FS appelle un « nouveau développement » dans les bénédictions.[7] Cela a déclenché une crise sans précédent dans laquelle les évêques résistent à un document signé par le pape, qu’ils jugent « impossible » à mettre en œuvre tel qu’il est écrit.

Mais une poignée de commentateurs influents sur les réseaux sociaux attaquent tout membre du clergé ou laïc qui exprime ses inquiétudes face au langage contradictoire de FS. Ils prétendent que le Magistère (de François) a parlé, qu’il doit être obéi sans aucun doute et qu’un pape ne peut pas se tromper même dans son « magistère ordinaire ».

Cependant, leurs arguments sentent l’ultramontanisme, une hérésie moderne par laquelle les pouvoirs pontificaux sont grandement exagérés, déformant les limites du charisme papal d’infaillibilité.

Le Catéchisme de l’Église catholique déclare :

Le Pontife romain, chef du collège des évêques, jouit de cette infaillibilité en vertu de sa charge, lorsque, comme pasteur suprême et maître de tous les fidèles — qui confirme ses frères dans la foi, il proclame par un acte définitif une doctrine relative à la foi ou aux moeurs —n. 891

Il s’agit d’un acte ex cathedra – de la part de Pierre – et d’un acte rare en plus. Bien sûr, l’inverse est alors vrai : un pape peut donc être faillible lorsqu’il exerce le reste de son autorité pédagogique ou « magistère ».[8]

Un de ces cas dans l’histoire de l’Église est celui du pape Honorius qui a proposé que le Christ n’avait qu’une « seule volonté » (l’Église, plus tard, a affirmé comme doctrine les « deux volontés » du Christ). Le pape Agathon (678-681) condamnera plus tard les propos d’Honorius. Néanmoins, voici un exemple où un pape pourrait effectivement être flou, ambigu, se tromper et avoir besoin d’une correction filiale. Le dernier cas d’erreur théologique d’un pape fut celui de Jean XXII (1316-1334) lorsqu’il enseigna sa théorie selon laquelle les saints ne jouiraient de la vision béatifique qu’après le Jugement dernier lors de la seconde venue du Christ. Mgr Athanasius Schneider note que le traitement de ce cas particulier à cette époque était le suivant : il y avait des remontrances publiques (Université de Paris, roi Philippe VI de France), une réfutation des fausses théories papales faites à travers des publications théologiques et une correction fraternelle, au nom du cardinal Jacques Fournier, qui devint finalement son successeur en tant que pape Benoît XII (1334-1342). »[9]

Et enfin, à notre époque, les commentaires et opinions sur les vaccins ou le changement climatique ne constituent pas un enseignement de l’Église et ne sont pas moralement contraignants pour les fidèles chrétiens car ils échappent à la compétence ecclésiale.[10]

Le pape ne peut pas commettre d’hérésie lorsqu’il parle ex cathedra, c’est un dogme de foi. Cependant, dans son enseignement en dehors des déclarations ex cathedra, il peut commettre des ambiguïtés doctrinales, des erreurs et même des hérésies. Et puisque le pape n’est pas identique à l’Église entière, l’Église est plus forte qu’un seul pape égaré ou hérétique. Dans un tel cas, il faut le corriger respectueusement (en évitant la colère purement humaine et les propos irrespectueux), lui résister comme on résisterait à un mauvais père de famille. Pourtant, les membres d’une famille ne peuvent pas déclarer leur mauvais père déchu de la paternité. Ils peuvent le corriger, refuser de lui obéir, se séparer de lui, mais ils ne peuvent pas le déclarer destitué. —Mgr Athanasius Schneider, 19 septembre 2023 ; onepeterfive.com

Alors que certains s’opposent à l’affirmation selon laquelle un pape peut être hérétique,[11] le Catéchisme indique clairement qu’un pape peut commettre certaines erreurs faillibles en dehors des actes ex cathedra qui peuvent nécessiter une correction filiale de la part de ceux chargés de l’interprétation de la Parole de Dieu.

La tâche d’interpréter authentiquement la Parole de Dieu a été confiée uniquement au Magistère de l’Église, c’est-à-dire au Pape et aux évêques en communion avec lui. —CEC, 100

Mais les néo-ultramontanistes insisteront sur le fait que les évêques doivent se soumettre à tout ce que dit le Pontife – même lorsque cela pose des problèmes théologiques. Ils citeront le pape Léon XIII, qui écrivait :

C’est pourquoi il appartient au Pape de juger avec autorité ce que contiennent les oracles sacrés, ainsi que les doctrines qui sont en harmonie et celles qui sont en désaccord avec elles ; et aussi, pour la même raison, pour montrer quelles choses doivent être acceptées comme justes et lesquelles doivent être rejetées comme sans valeur ; ce qu’il faut faire et ce qu’il faut éviter de faire pour atteindre le salut éternel. Car autrement, il n’y aurait pas d’interprète sûr des commandements de Dieu, ni de guide sûr montrant à l’homme la manière dont il doit vivre. —Sapientiae Christianae, n. 24

Cela signifie qu’un pape peut « juger avec autorité » (c’est-à-dire définitivement) et qu’une telle tâche « lui appartient ». Mais cela ne veut pas dire qu’il le fait toujours. En tant que tel, nous avons l’exemple où Paul a corrigé Pierre en face pour son comportement hypocrite dans ses incongruités pastorales entre les Juifs et les Gentils. Même si Léon XIII dit qu’un pape peut montrer « ce qu’il faut faire et ce qu’il faut éviter de faire », cela ne veut évidemment pas dire qu’un pape le fait toujours lui-même :

Et quand Céphas [Pierre] est venu à Antioche, je lui résistai en face parce qu’il avait clairement tort. (Galates 2,11)

Le Pierre de l’après-Pentecôte… est ce même Pierre qui, par peur des Juifs, a démenti sa liberté chrétienne (Galates 2, 11-14) ; il est à la fois un rocher et une pierre d’achoppement. Et n’a-t-il pas été ainsi, tout au long de l’histoire de l’Église, que le Pape, successeur de Pierre, a été à la fois Pétra et Skandalon, à la fois le rocher de Dieu et la pierre d’achoppement ? —PAPE BENOÎT XIV, de Das neue Volk Gottes, p. 80.

Suivre le Magistère Authentique

Selon la Constitution dogmatique de l’Église, Lumen Gentium :

Cette soumission religieuse d’esprit et de volonté doit se manifester d’une manière particulière au magistère authentique du Pontife Romain, même lorsqu’il ne parle pas ex cathedra… —n. 25, vatican.va

Notez le mot authentique. Il vient du latin Authenticum, qui signifie « faisant autorité ». Ainsi, un enseignement appartient au « magistère authentique » s’il a été enseigné avec autorité.

Dans de nombreux messages de voyants du monde entier, Notre-Dame nous a avertis de rester fidèles au « véritable magistère » de l’Église :

Quoi qu’il arrive, ne vous écartez pas des enseignements du véritable Magistère de l’Église de Mon Jésus. —Notre-Dame à Pedro Regis, le 3 février 2022

Mes enfants, priez pour l’Église et pour les saints prêtres afin qu’ils restent toujours fidèles au véritable Magistère de la foi. —Notre-Dame à Gisella Cardia, le 3 février 2022

Enfants, priez pour que le véritable Magistère de l’Église ne soit pas perdu. —Notre-Dame de Zaro à Angèle, 8 juillet 2023

Ce qui constitue le « vrai » ou « authentique » magistère d’un pape ou des évêques, c’est lorsqu’ils transmettent ce qui leur a déjà été transmis et qui est conforme au « dépôt de la foi ».[12] Comme le Christ l’a ordonné à ses apôtres. avant Son ascension :

Allez donc et faites de toutes les nations des disciples… apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. (Mt 28, 19-20)

Ils doivent enseigner les commandements du Christ, et non les leurs. Vatican I a affirmé que « le Saint-Esprit a été promis aux successeurs de Pierre, non pour qu’ils puissent, par sa révélation, faire connaître quelque nouvelle doctrine, mais pour que, par son aide, ils puissent garder religieusement et exposer fidèlement la révélation ou le dépôt de foi transmise par les apôtres. »[13] Et ainsi…

Le pape n’est pas un souverain absolu dont les pensées et les désirs font loi. Au contraire, le ministère du pape est le garant de l’obéissance au Christ et à sa parole. —PAPE BENOÎT XVI, Homélie du 8 mai 2005 ; Union-Tribune de San Diego

Même les papes ne peuvent pas « développer une doctrine » qui s’écarte de la Tradition sacrée.[14]

Toute expression de doctrine ou de pratique non conforme à la Révélation divine, contenue dans les Saintes Écritures et dans la Tradition de l’Église, ne peut constituer un exercice authentique du ministère apostolique ou pétrinien et doit être rejetée par les fidèles. (Cardinal Raymond Burke, ancien membre de la Signature apostolique, la plus haute autorité judiciaire de l’Église ; 19 avril 2018 ; ncronline.org

Alors que certains soutiennent qu’aucun pape n’est mort hérétique (et même les cas cités ci-dessus d’Honorious et de Jean XXII ne fournissent sans doute pas cette preuve[15]), le problème en question n’est pas celui d’une hérésie mais d’un apparent échec tragique de la logique et une prudence pastorale qui peut faire scandale et qui fait scandale. Même si la Fiducia Supplicans dit qu’un prêtre ne peut pas bénir « l’union », bénir le couple revient en fait à reconnaître ce qui fait d’eux un couple : leur union sexuelle. Et c’est ce que soutiennent de nombreux membres du clergé :

…ils peuvent recevoir la bénédiction pour leur croissance dans la grâce et pour le succès de leurs efforts moraux et de leurs prochains pas dans la bonne direction, mais pas en couple à cause de l’incompréhension et de l’impossibilité d’une telle bénédiction. —Mgr Marian Eleganti, 20 décembre 2023 ; lifesitenews.com de kath.net

En tant que tel, certains soutiennent que la Fiducia Supplicans n’est pas un exercice authentique du « vrai magistère » et constitue, en fait, un danger pour celui-ci.

Pour le dire brièvement, l’ambiguïté intentionnelle de Fiducia Supplicans ouvre la porte à presque toutes les subversions du mariage exigées par les ennemis de la foi, mais cette même ambiguïté signifie que le document est édenté. —P. Dwight Longnecker, 19 décembre 2023 ; dwightlongenecker.com

L’avertissement et la présence de Notre-Dame…

Dans un message adressé à Pedro Regis, qui bénéficie du soutien de son évêque, Notre-Dame aurait déclaré :

Des vents contraires éloigneront le Grand Navire du port sûr et un grand naufrage causera la mort de beaucoup de mes pauvres enfants. Donnez-moi vos mains et je vous conduirai à mon Fils Jésus. Il [le navire] partira à la dérive à cause de la faute du commandant, mais le Seigneur viendra en aide à son peuple. —1er janvier 2024

Et le message de Notre-Dame d’Akita est désormais bien en vue :

L’œuvre du diable s’infiltrera jusque dans l’Église de telle manière qu’on verra des cardinaux s’opposer à des cardinaux, des évêques contre des évêques. Les prêtres qui me vénèrent seront méprisés et combattus par leurs confrères… les églises et les autels seront saccagés ; l’Église sera pleine de ceux qui acceptent les compromis et le démon poussera de nombreux prêtres et âmes consacrées à quitter le service du Seigneur… — à Sœur Agnès Sasagawa d’Akita, Japon, 13 octobre 1973

Alors qu’une bonne partie de l’Église catholique ignore encore, voire méprise, la prophétie[18], je pense que nous devrions y prêter attention – veiller et prier (Marc 14, 38). À la fin de l’exhortation apostolique de Jean-Paul II citée plus haut, il désigne la Femme combattant le dragon, pour nous rappeler à la fois les dangers qui nous attendent et la victoire assurée.

Le dragon est « l’ancien serpent, appelé le Diable et Satan, le trompeur du monde entier » (Ap 12, 9). Le conflit est inégal : le dragon semble prévaloir, tant son arrogance est grande devant la femme sans défense et souffrante… Continuez à contempler Marie, sachant qu’elle est « maternellement présente et partageant les nombreux problèmes compliqués qui assaillent aujourd’hui le monde, la vie vies des individus, des familles et des nations » et « aide le peuple chrétien dans la lutte constante entre le bien et le mal, pour garantir qu’il « ne tombe pas » ou, s’il est tombé, qu’il « ressuscite ». —Ecclesia en Europe, n. 124, 28 juin 2003

Les enfants, que personne ne vous trompe.
Celui qui agit avec justice est juste,
tout comme il est juste.
Celui qui pèche appartient au Diable,
parce que le Diable a péché dès le début.
En effet, le Fils de Dieu s’est révélé pour détruire les œuvres du Diable…
De cette façon,
les enfants de Dieu et les enfants du Diable sont clairement indiqués ;
Celui qui n’agit pas selon la justice n’appartient à Dieu,
ni celui qui n’aime pas son frère.
(1 Jean 3, 7-10)

 

Article traduit de l’anglais.

_________________________________

Notes

1. 4 janvier 2024, Zénith
2. Fiducia supplicans, Sur le sens pastoral des bénédictions Présentation
3. Mgr Charles Chaput, archevêque émérite
4. Fr. Thomas Weinandy
5. Mgr Athanase Scheider
6. cccb.ca
7. Par exemple, un évêque péruvien interdit les bénédictions pour les personnes de même sexe  lifesitenews.com ; Des prêtres espagnols lancent une pétition pour l’annulation du FS  infovaticana-com ; Les prêtres allemands rejettent FS comme contradictoire, cf. lifesitenews.com
8. cf. catholicherald.co.uk
9. Les papes ont fait et font des erreurs et ce n’est pas une surprise. L’infaillibilité est réservée ex cathedra [« depuis le siège » de Pierre, c’est-à-dire les proclamations de dogmes fondées sur la Tradition sacrée]. Aucun pape dans l’histoire de l’Église n’a jamais commis d’erreurs ex cathedra. -Tour. Joseph Iannuzzi, théologien et expert en patristique
10. Mgr Athanasius Schneider, onepeterfive.com
11. Révérend Joseph Iannuzzi, STL, S. Th.D., Newsletter, automne 2021 ; cf. Il n’y a qu’une seule barque
12. Non pas un schisme, mais évidemment une séparation d’avec ce qui n’est pas en accord avec la Sainte Tradition
13. cf. Le pape peut-il être un hérétique ?
14. Voir Qu’est-ce que le « Vrai Magistère »
15. Pasteur aeternus, Ch. 4:6
16. cf. La splendeur de la vérité qui se dévoile
17. cf. Le pape peut-il être un hérétique ?
18. « Ne méprisez pas les paroles des prophètes, mais éprouvez tout ; retenez fermement ce qui est bon… » (1 Thessaloniciens 5, 20-21)




Joyeux Noël et Sainte Année 2024

En cette octave de Noël, et à la veille du début de l’année 2024, nous vous adressons tous nos vœux, et surtout l’assurance de notre communion dans la prière, spécialement dans le Saint Rosaire qui nous réunit chaque jour de manière invisible.

Avec le Rosaire à la main, nous traverserons tout, Marie nous en a fait la promesse si souvent ! Alors, en Elle, nous déposons avec vous tout notre passé, notre présent et notre avenir. Le cœur plein d’espérance, nous lui redisons avec Jean-Paul II : « O Marie… Accompagne nos pas vers les frontières de l’humanité sauvée et pacifiée ! Réjouis notre cœur, affermis-le dans la certitude que le dragon n’est pas plus fort que ta beauté ! […] Le temps des yeux levés vers Marie commence… ». (Jean-Paul II, conclusion de l’année mariale 1988)

Recueillis à la crèche devant l’Enfant de Bethléem, nous vous partageons en cadeau cette si belle méditation :




10 décembre : fête de Notre-Dame de Lorette

Durant ce temps de l’avent, temps marial s’il en est, nous vous proposons de méditer chaque semaine sur les fêtes mariales que le calendrier liturgique nous propose en ce mois de décembre.

Après avoir médité la semaine dernière sur l’Immaculée Conception, arrêtons nos pas aujourd’hui à Lorette, en italie centrale, dans la région des Marches, près de la mer Adriatique.

Sanctuaire de Lorette

C’est là que se trouve le sanctuaire de la « Santa Casa », la Sainte Maison de la Vierge Marie à Nazareth. Au coeur de la basilique est conservée une partie de la maison de Marie à Nazareth. La maison de la Vierge à Nazareth était de fait une grotte, agrandie et fermée par des murs, pour en faire une maison. La basilique de l’Annonciation à Nazareth conserve la grotte, et les murs sont maintenant à Lorette. Leur étude scientifique a montré qu’ils sont constitués de pierre et matériaux n’existant pas en Italie, mais bien en Palestine ; et la construction restituée à Lorette correspond à la structure de la grotte de Nazareth. Il s’agit donc de la demeure même dans laquelle la Vierge Marie a vécu, conçu et élevé Jésus enfant. C’est pourquoi Jean Paul II a pu dire que La « Sainte Maison de Lorette, premier sanctuaire de portée internationale dédié à la Vierge, a été pendant plusieurs siècles, le vrai cœur marial de la chrétienté » (Jean Paul II). C’est en 1291 durant les Croisades que la maison a été déplacée en Croatie. Puis en 1294 a été installée à Lorette. En 1510 le sanctuaire a reçu l’approbation pour devenir un pèlerinage officiel. Notre-Dame de Lorette est fêtée le 10 décembre.

Histoire de Notre-Dame de Lorette

Le 10 décembre on célèbre la fête liturgique de Notre-Dame de Lorette. La fête est également appelée Fête de la Venue et a des origines très anciennes.

La légende veut que la Sainte Maison de Marie ait été amenée de Nazareth par des anges quand la Palestine tomba en main aux Turcs infidèles, en 1291. En 1296, l’ermite Paolo della Selva rapporta aux Autorités une histoire fascinante, reprise ensuite dans de nombreux documents au cours du temps, s’enrichissant de détails de plus en plus pittoresques. Selon cette histoire, en 1294, les anges auraient emporté la Sainte Maison de la Palestine, tombée en main aux Turcs.

Le voyage de la Sainte Maison aurait d’abord touché Trsat, aujourd’hui quartier de la ville de Rijeka, en Croatie, mais les anges décidèrent de traverser la mer et d’amener leur précieuse cargaison dans le territoire de Recanati, où ils posèrent la Sainte Maison d’abord dans un bois qui appartenait à une dame nommée Loreta, ensuite dans le champs de deux frères, et enfin, la nuit entre le 9 et le 10 décembre 1296, au sommet du Mont Prodo.

Ensuite, afin de protéger la Sainte Maison, autour d’elle fut érigé d’abord un mur, ensuite un sanctuaire, qui devint tout de suite un lieu de pèlerinage.

Il est difficile de comprendre ce qu’il y a de réel dans l’histoire de la Transportation et ce qui est le fruit des récits populaires. Une version de l’histoire veut que ce fut une riche famille de princes apparentés avec la famille impériale de Constantinople qui sauva les restes de la Sainte Maison jusqu’à Lorette. Ce qui est certain, c’est qu’encore aujourd’hui l’histoire du mystérieux « voyage » de la Sainte Maison, avec tout ce qu’elle représente, fascine les pèlerins qui se rendent en visite au Sanctuaire.

Naquit ainsi la vénération à Notre-Dame de Lorette, symbole du côté humain et familial de Jésus et de toute la Sainte Famille. Pour tous les pèlerins qui depuis le Moyen Âge se rendent dans ce lieux, ce sanctuaire rappelle le mystère de l’Incarnation de Jésus, la vocation de la Vierge Marie, humble servante du Tout Puissant, qui, en acceptant Sa tâche, a fait de sa personne la “maison” de Dieu et de toute l’Église, et les  vertus évangéliques de la Sainte Famille.

Notre-Dame de Lorette a fait de la Basilique qui lui est dédiée le cœur d’un culte où se reflète vraiment celui adressé à la Sainte Famille à Nazareth. Fidèles et pèlerins se sont rendus à cet endroit au cours des siècles pour y trouver du réconfort, malades et infirmes s’y sont rendus à la recherche de la guérison et de la consolation dans leur souffrance. Ici sont nées les Litanies de Lorette, les supplications qui sont récitées ou chantées à la fin du Rosaire, qui étaient déjà entonnées dans la Sainte Maison de Lorette avant leur diffusion dans toute la chrétienté en devenant les prières les plus populaires dédiées à la Mère de Jésus.

Le 24 mars 1920, veille de l’Annonciation du Seigneur, Pape Benoît XV émit le Décret qui déclarait Notre-Dame de Lorette Sainte Patronne des voyageurs en avion et de l’aéronautique.

Le 7 octobre 2019, Pape François, à travers la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, a inséré dans le Calendrier Romain la mémoire facultative de la Sainte Vierge Marie de Lorette.

Miracles de Notre-Dame de Lorette

En plus de la mystérieuse Transportation de la Sainte Maison, au cours des siècles Lorette a été le théâtre de nombreux miracles et guérisons. La plupart des miracles attribués à Notre-Dame de Lorette concerne des guérisons miraculeuses, qui ont concerné hommes, femmes et enfants au cour des années.

Pour n’en citer que quelques exemples, le petit Lorenzo Rossi, sauvé  d’une bronchopneumonie et bronchiolite qui en 1959 l’avait amené en point de mort. La mère, désespérée, lui versa sur le front de l’huile bénite qui venait du Sanctuaire de la Sainte Maison de Lorette, et commença à lui masser la poitrine avec. L’enfant, à l’article de la mort, recommença à respirer et recouvrit ensuite toute sa santé.

Gerry de Angelis, lui, était déjà dans le coma, quand son père, qui était sur le point de lui rendre visite à l’hôpital, sentit le besoin d’aller à Lorette.
Quand, après ce détour, il rejoignit son fils, ce dernier était sorti du coma.

À Giacomina Cassani, une jeune fille de seize ans de Bardi, en 1930, avait été diagnostiquée une tumeur à la cuisse gauche. Contrainte désormais à vivre en chaise roulante avec un bustier, la jeune fut amenée en pèlerinage à Lorette, où, au passage du Très Saint Sacrement, elle éprouva d’abord une forte douleur et ensuite un soulagement inattendu. À partir de ce moment-là, elle commença à aller mieux, jusqu’à arriver à une guérison complète.

Bruno Baldini, un jeune garçon de Florence, le 23 Octobre 1934, fut victime d’un terrible accident de moto qui lui provoqua une grave lésion cérébrale, le rendant muet et avec des grosses difficultés motrices. Un jour il entendit une voix claire lui disant d’entreprendre un pèlerinage dans un Sanctuaire. Il choisit Lorette et, le jour de son arrivée, pendant qu’il était à son hôtel, il entendit de nouveau cette même voix, qui lui commandait de se lever et de parler. Et ainsi il fit, à la stupeur générale des personnes présentes.

 

Extrait de l’Homélie du pape Saint Jean-Paul II au sanctuaire de Lorette, le 8 septembre 1979

1. « Ta naissance, ô Vierge Mère de Dieu, a annoncé la joie au monde entier ! ».

Voilà, c’est aujourd’hui le jour de cette joie. Le 8 septembre, neuf mois après la fête de l’Immaculée Conception de la Mère du Fils de Dieu, l’Eglise commémore le souvenir de sa naissance. Le jour de la naissance de la Mère incite nos cœurs à se tourner vers le Fils : « De toi est né le soleil de justice, le Christ notre Dieu : il a effacé la malédiction et apporté la grâce, il a vaincu la mort et nous a donné la vie éternelle » (Ant. Benedictus).

Et ainsi, donc, la grande joie de l’Eglise passe du Fils sur la Mère. Le jour de sa naissance est vraiment un préambule et le commencement d’un monde meilleur (origo mundi melioris) comme Paul VI l’a proclamé de manière merveilleuse.

C’est pour cette raison que la liturgie d’aujourd’hui confesse et annonce que la naissance de Marie répand sa lumière sur toutes les Eglises qui sont dans le monde.

2. Il semble que la lumière que la fête de la naissance de Marie fait rayonner sur l’Eglise de la terre italienne brille de manière toute particulière ici à Lorette, dans l’admirable sanctuaire qui est aujourd’hui le but de notre pèlerinage commun. Dès le début de mon pontificat j’ai éprouvé ardemment le désir de venir en ce lieu ; j’ai toutefois préféré attendre ce jour, celui de la présente fête. Me voici ici aujourd’hui, tout spécialement heureux qu’ à mon premier pèlerinage participent également des cardinaux et évêques, de nombreux prêtres et religieuses et une foule de pèlerins provenant en majorité des diverses villes de cette région d’Italie. En communion avec tous, je désire apporter ici aujourd’hui les chaleureuses paroles de vénération qui jaillissent de tous les cœurs et, en même temps de la tradition séculaire de cette terre que la Providence a choisie comme siège de Pierre et qui, par la suite a été illuminée par le rayonnement de ce sanctuaire que la profonde piété chrétienne a lié de manière toute particulière au souvenir du mystère de l’Incarnation.[…]

3. Le culte rendu en cette terre à la Mère de Dieu est. selon une antique et vivante tradition, lié à la Maison de Nazareth. La maison où, comme rappelle aujourd’hui l’Evangile, Marie vécut après son mariage avec Joseph. La maison de la Sainte Famille. Une maison est toujours et avant tout un sanctuaire de la mère de famille. C’est avec sa maternité que, d’une manière particulière, elle le crée. Il est nécessaire qu’en venant au monde les fils de la famille humaine aient un toit sur la tête. Toutefois, comme nous le savons, la maison de Nazareth ne fut pas le lieu où naquit le Fils de Marie et Fils de Dieu. Tous les prédécesseurs de Jésus qui figurent dans la généalogie présentée dans l’Evangile selon saint Mathieu lu aujourd’hui sont vraisemblablement venus au monde sous un toit. A lui, cela n’a pas été donné. Il est né à Bethléem, comme un exilé, dans une étable. Et il lui fut impossible de venir dans la maison de Nazareth, à cause de la cruauté d’Hérode. Pour cela il dut fuir de Bethléem pour gagner l’Egypte ; ce n’est qu’après la mort du roi que Joseph osa ramener Marie et l’Enfant dans la maison de Nazareth.

Et depuis ce moment cette maison fut centre de la vie quotidienne, le lieu où se déroula la vie cachée du Messie, la maison de la Sainte Famille. Elle fut le premier temple, la première église sur laquelle, avec sa maternité, la Mère de Dieu fit rayonner sa lumière. Elle l’illumina de la lumière émanant du grand mystère de l’Incarnation ; du mystère de son Fils.

C’est sons le rayon de cette lumière que, dans votre pays ensoleillé, croissent les maisons familiales. Il y en a tant ! Des sommets des Alpes et des Dolomites que j’ai pu approcher le 26 août dernier en visitant la terre natale du Pape Jean Paul Ier, jusqu’à la Sicile. Tant et tant de maisons ! Des maisons familiales. Et tant et tant de familles ; grâce à la tradition chrétienne et mariale de votre patrie, chacune d’elle maintient un certain lien spirituel avec cette lumière qui émane de la maison de Nazareth, et particulièrement aujourd’hui : le jour de la naissance de la Mère du Christ.

[…]

5. Comme vous le voyez, chers frères et sœurs, je viens à Lorette pour relire le mystérieux destin du premier sanctuaire marial élevé sur la terre italienne. En effet, la présence de la Mère de Dieu au milieu des fils de la famille humaine et au sein des divers pays de la terre en particulier nous dit tant de choses sur les nations et sur les communautés elles-mêmes.

[…]

6. Comme je l’ai déjà fait à Guadalupe, au Mexique puis à Jasna Gora à Czestochowa en Pologne, je désire en cette rencontre de Lorette rappeler cette consécration au Cœur Immaculé de Marie qu’il y a 20 ans, le 13 septembre 1959, les Pasteurs de l’Eglise italienne ont faite à Catane, lors de la conclusion du XVIe Congrès eucharistique national. Et je désire rappeler les paroles que dans un message radiophonique mon prédécesseur Jean XXIII de vénérée mémoire, adressa aux fidèles à cette occasion : « Nous pensons, plein de confiance, qu’en vertu de cet hommage à la Vierge Très-Sainte tous les Italiens vénéreront en elle, avec une ferveur accrue, la Mère du Corps mystique dont l’Eucharistie est symbole et centre vital ; qu’ils imiteront en elle le modèle le plus parfait de l’union avec Jésus notre Chef ; qu’ils s’uniront à Elle dans l’offrande de la Victime divine et qu’ils imploreront d’elle pour l’Eglise les dons de l’unité, de la paix et surtout une plus abondante floraison de vocations sacerdotales. De cette manière la consécration deviendra motif d’un engagement toujours plus sérieux dans la pratique des vertus chrétiennes, un moyen de défense extrêmement efficace contre les maux qui nous menacent et une source de prospérité même temporelle, selon les promesses du Christ » (ASS 51; 1959; 713).

Tout ce qui a trouvé, il y a vingt ans son expression dans l’acte de consécration à Marie accompli par les pasteurs de l’Eglise italienne, aujourd’hui je veux non seulement le rappeler mais aussi le répéter de tout cœur, le renouveler et en faire d’une certaine manière ma propriété puisque par les insondables décrets de la Providence il m’est échu d’accepter le patrimoine des évêques de Rome au Siège de Saint-Pierre.

7. Et je le fais avec la plus profonde conviction de la foi, de l’intelligence et du cœur tout ensemble. Parce qu’en cette difficile époque et de même au cours des temps qui viennent, seul le véritable grand Amour pourra sauver l’homme.

Seulement grâce à lui, cette terre, l’habitation de l’humanité, peut devenir une maison : la maison des familles, la maison des nations, la maison de la famille humaine tout entière. Sans amour, sans le véritable grand amour, il n’y a pas sur la terre de maison pour l’homme. Même s’il élevait les édifices les plus beaux et les aménageait de la manière la plus moderne, l’homme serait condamné à vivre privé de tout.

Accepte, ô Notre-Dame de Lorette, ô Mère de la maison de Nazareth, ce pèlerinage, le mien, le nôtre : il est une grande prière commune pour la maison de l’homme de notre époque : pour la maison qui prépare les fils de toute la terre à la maison éternelle du Père dans le ciel.

 

Le sanctuaire de Lorette en image