De la tunique de Jésus crucifié à la robe du Fils de l’homme ! 2. Le toucher de la foi

De la tunique de Jésus crucifié à la robe du Fils de l’homme !

2. Le toucher de la foi

     On doit enfin se transporter à ce moment cruel où, après avoir crucifié Jésus, les soldats se partagent ses vêtements… sauf « la tunique[1] qui était sans couture, tissée d’une pièce à partir du haut » (Jn 19,23) qu’ils choisirent de tirer au sort ! (Ps 22,19).

Comment ici ne pas faire référence à la si riche interprétation de la Tradition : D’abord on peut vraiment avancer que cette « Tunique » unique avait été réalisée par la tendresse de Marie… et ce qu’elle a tissé patiemment par amour pour son Fils, elle le réalise pour nous aujourd’hui en nous aidant à « tisser dans la foi », jour après jour, notre robe du Ciel : elle sera « décisive » pour notre entrée dans le Royaume ! Souvenons-nous ici de la parabole du festin nuptial et de ce moment redoutable où se manifeste le Regard du Roi :

« Le Roi entra pour regarder les invités, et il aperçut là un homme qui ne portait pas le vêtement de noces ! Et il lui dit : « Mon ami, comment es-tu entré ici sans avoir un vêtement de noces ? » L’homme resta muet. Alors le Roi dit aux serviteurs : « Jetez-le, pieds et poings liés, dehors, dans les ténèbres : là seront les pleurs et les grincements de dents ! » Car beaucoup sont appelés, mais peu sont élus… » (Mt 22,11-14).

C’est une évidence : à la fin, nous nous révolterons de ne pas avoir aimé Celui qui nous a aimé « à en mourir » (Mt 27,50). Si cet Evangile peut nous sembler rude et affreux, n’oublions jamais que le Roi nous a aimé à « en mourir » sur une Croix et que dans la réponse à cette folie de Dieu se joue notre éternité… D’ailleurs, chez Saint Luc, le Maître désire tant que les invités à la noce répondent que, face au refus des premiers invités, il ordonne d’aller chercher dans « les rues de la ville, les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux… » (Lc 14,21) et l’ampleur de son invitation est telle que le Maître dit au serviteur de dépasser les bornes et les frontières ! L’invitation se veut sans limites :

« Va-t-en par les routes et les jardins, et oblige les gens à entrer pour que ma maison soit remplie ! Car, je vous le dis, aucun de ces hommes qui avaient été invités ne goûtera de mon dîner ! » (Lc 14,23-24).

Et de fait, on peut avancer ici que la question du Roi suscitait une réponse… et que si celui que le Roi appelle « ami » avait crié avec insistance comme l’aveugle de Jéricho : « Jésus, Fils de David, aie pitié de moi ! » (Lc 18,38) La porte du Roi serait restée ouverte… mais la « voix » de l’enfance évangélique qui ouvre les portes du Royaume (Lc 18,16) semble morte en son cœur où rode déjà un silence qui enferme… Il y a un silence qui « dit » l’amour, et un autre silence où règne la mort !

Face à notre monde actuel si « éclaté » de bruits et abruti par une information continue, il est urgent de stopper souvent cet envahissement qui nous assujetti… En ce sens, écoutons ici le message libérateur d’un moine chartreux sur le silence :

« Notre silence n’est pas un silence de mort, c’est le recueillement d’un sanctuaire. Nos maisons et nos âmes sont occupées par Quelqu’un : « Le Maître est là, et il t’appelle ! » (Jn 11,28)… C’est que le silence, dont il s’agit, n’est pas un vide et un néant ; c’est, au contraire, l’Etre en sa plénitude féconde… le fond d’un être doit être occupé par le silence… et cet être ne parle une parole vraie et profonde que si elle part de ce silence, si elle en est l’expression… Voilà pourquoi le langage du monde, les conversations, les journaux sont vides et fatiguent au lieu de reposer et nourrir. Voilà pourquoi au contraire en Chartreuse, on goûte tant de paix. Tout y procède des profondeurs calmes de l’âme où elle se recueille et fait silence. C’est là que Dieu demeure… Celui qui demeure en nous y parle silencieusement, et nous invite à venir l’écouter[2]… »

Ainsi, la tunique dont Jésus est découvert au pied de la Croix nous parle mystérieusement de ce dépouillement du silence qui met à nu le cœur pour qu’il soit transperce et traversé par l’Amour… Cet amour infini dépouille « tout » de l’esprit du monde pour laisser place à l’habit de gloire qui vient de Dieu seul ! On n’entrera jamais au Ciel avec les fausses vêtures du monde !

Alors, qu’en est-il pour les croyants aujourd’hui ?  Car Jésus est remonté au Ciel et l’on ne peut plus le voir, ni le toucher… C’est vrai dans le sens historique des Evangiles, mais le Seigneur a répondu à cette objection par le « don de la foi » : en effet, à chaque instant nous pouvons « toucher Jésus » par le regard, les cris et les mains de la foi !

Et par-dessus tout, dans le sacrement sublime où sa mystérieuse « Présence » est là, cachée, mais si « touchable » par le regard de la foi… car chaque église est l’écrin de sa Sainte Présence : dans le Tabernacle, Il est là et Il m’attend…  mieux : à chaque Messe, il s’offre à moi dans la Sainte Eucharistie où « le sacrifice de la Messe rend présent le sacrifice de la Croix… ainsi, les deux mille ans qui nous séparent de la Croix sont abolis, nous sommes là comme l’étaient la Sainte Vierge et Saint Jean[3] ! » Et à chaque Communion à son Corps et à son Sang, Jésus-Hostie vient me « toucher » pour enflammer mon pauvre cœur…

N’oublions donc jamais que nous avons à chaque instant le regard et les mains de la foi pour toucher Jésus… La foi qui « persévère » comme la Cananéenne est d’une telle puissance qu’elle peut guérir les malades, délivrer ceux qui se perdent et ressusciter les morts !

Il est donc urgent en cette extrême fin des temps d’écouter le « cri » d’éveil de Saint Paul : « C’est l’heure désormais de vous arracher au sommeil ; le salut est maintenant plus prés de nous qu’au temps où nous avons cru. La nuit est avancée. Le jour est arrivé. Laissons-là les œuvres de ténèbres et revêtons les armes de lumière… Revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ ! » (Ro 13,11-14).

Et, comme Saint Jean, nous découvrirons qu’Il est toujours là, toujours humblement caché derrière nous, mais attendant de nous cet unique regard : « Je me retournai pour regarder la voix qui me parlait ; et m’étant retourné, je vis sept candélabres d’or, et, au milieu des candélabres, comme un Fils d’homme revêtu d’une longue robe serrée à la taille par une ceinture en or… Ses yeux sont comme une flamme ardente et son Visage, c’est comme le soleil qui brille dans tout son éclat ! » (Ap 1,12-15).

 

                                                                                 +M Mickaël

[1] On peut faire ici référence au célèbre et  premier film en cinémascope « The Robe » (La Tunique) de 1953, avec Richard Burton et Jean Simmons.

[2] Dom Augustin Guillerand, chartreux, Ecrits spirituels, Tome II, Préface Daniel-Rops de l’Académie française, introduction du Père André Ravier, S.J., Editions Benedettine di Priscilla, Roma, 1967.

[3] Cardinal Journet, Le mystère de l’Eucharistie, Pierre Téqui éditeur, 2018.




« Toucher la frange de son manteau ! » 1. Le toucher de la guérison

« On le priait de les laisser toucher seulement la frange de son manteau,

et tous ceux qui le touchaient étaient guéris ! »

Marc 6,56

    Il est  judicieux ici de s’arrêter d’abord sur un passage unique de l’Ancien Testament qui nous introduit magnifiquement : il s’agit de la transmission du manteau d’Elie à Elisée qui manifeste combien ce dernier a reçu « l’esprit d’Elie »: « Les frères prophètes le virent à distance et dirent : « L’esprit d’Elie s’est reposé sur Elisée ! » Ils vinrent à sa rencontre et se prosternèrent à terre devant lui… » (2 R 2,15)

Cet épisode étonnant nous fait déjà toucher que le vêtement peut être doté d’une puissance symbolique : ici, le manteau devient le signe éclatant d’une « transmission d’esprit » entre Elie et Elisée… et elle inaugure une « mission prophétique » :

« Or, comme ils marchaient en conversant, voici qu’un char de feu et des chevaux de feu se mirent entre eux deux, et Elie monta au ciel dans le tourbillon… Elisée ramassa le manteau d’Elie, qui avait glissé, et revint se tenir sur la rive du Jourdain. Il prit le manteau et frappa les eaux en disant : « Où est le Seigneur, le Dieu d’Elie ? » Il frappa les eaux, qui se divisèrent d’un côte et de l’autre, et Elisée traversa… » (2 R 2,13-14)

Digne d’un film fantastique, cet épisode nous laisse deviner la signification « unique » qu’exprime un vêtement quand il devient le signe d’une action miraculeuse et prophétique !

Dans le Nouveau Testament, il ne manque pas de références au « toucher » du manteau ou à la tunique de Jésus… Souvenons-nous de la guérison de « l’hémorroïsse » : elle avait « entendu parler de Jésus ; et venant par derrière dans la foule, elle toucha son manteau. Car elle se disait : « Si je touche au moins quelque partie de son vêtement, je serai guérie… et aussitôt, elle sentit dans son corps qu’elle était guérie ! » (Mc 5,27-29). Que signifie cette expression « si je touche » si ce n’est qu’elle a cru[1] » commente Saint Augustin.

Et comment ne pas faire ici référence au commentaire de Saint Jean Chrysostome ? Cela nous invite à nous mettre à nouveau « à l’école » des Pères de l’Eglise en ces temps où les excès de l’exégèse moderne réduit notre approche des Ecritures à une peau de chagrin ! Alors, écoutons la sagesse de l’Esprit à travers un des plus beaux visages de la patrologie… il nous plonge avec bonheur dans la splendeur de l’Evangile qui vient illuminer notre foi :

« Cette femme n’osait s’approcher publiquement du Sauveur, parce que la Loi la déclarait immonde ! Elle s’approche donc par derrière et en secret, parce qu’elle n’osait le faire ouvertement… et encore ne touche-t-elle pas le vêtement, mais la frange du vêtement du Sauveur ; ce n’est pas du reste la frange du vêtement, mais ses dispositions intérieures qui ont été la cause de sa guérison… et les paroles qui suivent : « Jésus eut conscience qu’une force était sortie de lui » (Mc 5,30) nous apprennent que ce n’est pas à son insu que cette femme fut guérie, mais qu’il le savait fort bien ! S’il pose cependant cette question : « Qui m’a touché ? » bien qu’il sache parfaitement que c’était cette femme, c’est pour faire connaître son action, proclamer sa foi, et graver dans l’esprit de tous le souvenir de cette action miraculeuse !…

Et il regardait autour de lui pour voir celle qui l’avait touché ? » (Mc 5,32). Car Notre Seigneur voulait faire connaître cette femme : d’abord pour faire l’éloge de sa foi et aussi dissiper la frayeur dont elle était saisie, et puis pour inspirer au chef de la synagogue la confiance que sa petite fille serait guérie[2]… »

Telle est la puissance invincible de la foi à travers la prière persévérante ! Et l’on peut remarquer également que ce « toucher » du manteau de Jésus semblait une pratique fréquente pour les malades, comme le note l’Evangile de Saint Marc (6,56) et également de Saint Matthieu, quand Jésus accoste à Génésareth : « Les gens de l’endroit, l’ayant reconnu… on lui amena tous les malades : on le priait de les laisser simplement toucher la frange de son manteau, et tous ceux qui la touchèrent furent guéris ! » (Mt 14,35-36).

En concordance avec les précisions géographiques de l’Evangile, Génésareth pourrait être dérivé du mot hébreu « gan » qui signifie jardin, et « Nesar », qui signifie prince ou richesse. Faisant allusion à la richesse et la fertilité de la région, il pourrait donc signifier « Jardin du Prince » ou « Jardin des richesses »… mais par-dessus tout, la référence à Génésareth souligne la compassion puissante de Jésus et symbolise un lieu privilégié de l’intervention du Maître ! Là, les limites humaines sont transcendées par la puissance de la grâce… car en « touchant » Jésus, la foi des pauvres et des malades découvre l’infinie miséricorde de Dieu qui s’offre aux plus petits !

Souvenons-nous ici du cri insistant de la Syro-phénicienne (Mc 7,26) quand elle supplie Jésus de guérir sa fille (Mt 15,22-27). Au cœur de sa détresse, elle a ce « génie de la foi » et cette beauté des pauvres qui n’ont plus que Dieu seul ! Et au moment où les paroles du Maître devraient la décourager (Mt 15,26), elle rebondit avec cette confiance dont l’humilité créative bouleverse le Cœur de Dieu :

« Oui, Seigneur ! dit-elle, et justement les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres ! » Alors, Jésus lui répondit : « O femme, grande est ta foi ! Qu’il t’advienne selon ton désir ! Et dés ce moment, sa fille fut guérie… » (Mt 15,27-28).

 

                                                                           +M Mickaël

 

[1] Saint Augustin, Commentaire de l’Evangile selon Saint Jean, 26,3.

[2] Saint Jean Chrysostome, Commentaires de l’Evangile de Marc, traduction de l’Abbé J-M Péronne, Louis Vivés Editeur, 1868.




Préparer les Refuges du Cœur de Marie !

« La Femme s’enfuyait au désert, où Dieu lui a ménagé un Refuge,

pour qu’Elle y soit nourrie mille deux cent soixante jours… »

Apocalypse 12,6

      Selon les prophéties d’une Apparition mariale [1] célèbre et annonces de Saints [2], l’humanité vivra bientôt l’heure de vérité de « l’Avertissement [3] » ou « Illumination des consciences » : chacun et chacune verra l’état de son âme, dans la Lumière de Dieu, comme à la fin de sa vie… c’est un événement « unique » dans l’eschatologie chrétienne et l’histoire du monde ! Il peut paraître terrible mais il est en fait un acte final de la Miséricorde de Dieu à l’extrême fin des temps… car quoi de plus bienveillant de révéler à chaque personne humaine où elle en est, en toute lumière, avec son Créateur et son Sauveur ? Dans l’ordre du salut, n’est-ce-pas un signe fou que Dieu nous poursuit de son Amour ?

Nous sommes donc appelés à nous y préparer dés maintenant dans la prière continuelle, la charité fraternelle et les sacrements. J’y reviendrai bientôt dans une autre méditation… mais je veux m’arrêter ici quelques instants sur ce qu’on appelle aujourd’hui « les Refuges » en référence plus particulièrement aux textes sacrés de l’Apocalypse.

En revenant à Apocalypse 12,6 : il est important de situer d’abord historiquement cette « fuite » de la Femme au désert. On peut donc avancer qu’elle évoque l’échappée de la Vierge accompagnée et protégée par Saint Jean… car le « Voici ta Mère ! » (Jn 19,27) continue à résonner au fond de son cœur d’Apôtre, et devant les premières persécutions violentes menées par Saul (Ac 8,1-3), il emporte loin de Judée la Mère de Jésus sur les collines d’Ephèse, à l’Ouest de la Turquie actuelle [4]. Là, elle est à l’abri… et ce qui va se tisser dans la solitude entre Jean et Marie est un mystère « unique » qui résonne encore dans son Evangile et son Apocalypse ! Mais on le découvre si l’on a « ce regard né du silence », pour contempler  et « repasser en son cœur » comme la Vierge de l’Evangile (Lc 2,19).

Cette Femme est aussi le mystère de l’Eglise qui, persécutée, part « se cacher au désert » … et son « Refuge ultime » est la protection du Cœur Immaculé de Marie : Ce Cœur n’est-il pas le désert mystérieux traversé par la tendresse de Dieu ? En effet, Celle qui sait « l’Evangile par cœur » (Lc 2,51) prépare aujourd’hui l’Eglise et les hommes de bonne volonté à entrer dans les combats ultimes de la fin des temps ! Mais fin des temps ne signifie pas fin du monde, mais « fin d’un monde » qui, s’édifiant sans Dieu, finit par être contre Dieu ! Et donc, finalement, contre l’homme…

Dans cette civilisation qui nous donne les bienfaits incontestables du progrès, nous perdons comme jamais auparavant le vrai sens de l’avenir de l’homme. Il ne sera jamais de ce monde qui est signe et chemin vers une autre réalité, invisible, dont la merveille excède les mots et les plus sublimes expériences de la terre ! C’est l’insondable trésor de l’Evangile (Mt 13,44) qui se cache dans le mystère de la foi :

Ainsi, dans le Christ, l’Infini s’est rendu touchable mais demeure insaisissable. Et comme l’écrit admirablement un Père de l’Eglise : « L’Incarnation est un mystère plus inconcevable encore que tout autre. En s’incarnant, Dieu ne se fait comprendre qu’en apparaissant plus incompréhensible. Il reste caché dans cette manifestation même ! Même exprimé, c’est toujours l’inconnu [5]… »

C’est donc ici le sens profond des Refuges : être nourri de la prière continuelle des mystères du Rosaire qui, à travers le Cœur de Marie, nous tournent vers la contemplation de Jésus Seigneur… Il nous donnera un signe universel où le temps s’arrêtera comme Il nous l’a promis à travers Sainte Faustine :

« Avant de venir comme un Juge équitable, je viens d’abord comme Roi de miséricorde. Avant qu’advienne le jour de justice, il sera donné aux hommes un signe dans le Ciel [6] ! »

Sa Mère est la Femme des derniers temps qui veille sur cette Eglise, cachée et vivante : elle ressemblera à celle des premiers temps car elle ne cesse « d’attendre » le retour de son Maître… N’oublions donc pas cette promesse de tendresse du Seigneur qui fonde le vrai sens de notre foi et le lie à notre quotidien :

« Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ! » (Mt 28,20)

+M Mickaël

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[1] Notre Dame du Mont Carmel a annoncé cet évènement unique (« Aviso ») dans ses Apparitions à Garabandal, en Espagne, où Elle est apparue à 4 petites filles, dont Conchita, de 1961 à 1965. Ces Apparitions de la Vierge continuent à être suivies par l’Eglise catholique et elles furent très soutenues par le Saint Padre Pio et Sainte Mère Térèsa. L’Avertissement est aussi annoncé dans d’autres Apparitions de la Vierge comme à Medjugorje ou l’Escorial…

[2] Le Bienheureux Pape Saint Pie IX, Sainte Faustine Kowalska, La Bienheureuse Anna Maria Taïgi…

[3] Je reviendrai dans une autre méditation sur cet Evènement ultime de l’extrême fin des temps qui semble de plus en plus proche…

[4] Depuis la découverte de la « Maison de Marie » (Meryem Ana) en 1881 et son authentification en 1891 selon les révélations de Bienheureuse Catherine Emmerich, il passe chaque année plus de trois cent mille personnes en pèlerinage : une majorité de chrétiens, mais aussi des musulmans. Les Papes Paul VI en 1967, Jean-Paul II en 1979 et Benoît XVI en 2006 y vinrent prier et célébrer la Sainte Messe.

[5] Saint Maxime le Confesseur, Ambigua, Patrologie Grecque 91, 1048-1049.

[6] Petit journal, 83.




Le bon Saint Joseph Père et Protecteur !

« Ce glorieux Saint, je le sais par expérience,

nous assiste dans tous nos besoins… »

Sainte Thérèse d’Avila

 

Plus le retour de Jésus approche, plus Saint Joseph se révèle dans l’Eglise, plus nous avons besoin de le découvrir ! Le 19 mars, nous fêterons sa Solennité dans l’Eglise et pour nous y préparer : découvrons en raccourci les témoignages exceptionnels de deux Saints qui demeurent « décisifs » dans l’histoire pour la mise en lumière du bon Saint Joseph, Patron de l’Eglise universelle[1] !

Tout d’abord, Sainte Thérèse d’Avila : la « Madre » et réformatrice du Carmel qui, au XVI° siècle, aura une sorte de révélation qui entraînera une relation remarquable à Saint Joseph… elle marquera une étape déterminante pour la dévotion populaire. Son « glorieux Saint » a eu dans sa vie une influence  « décisive » comme elle l’affirme dans « le livre de sa vie » :

« Je pris pour avocat et patron le glorieux Saint Joseph et je me recommandai instamment à lui. J’ai bien vu clairement que c’est lui, mon père et mon protecteur, qui m’a guérie de cette infirmité, comme il m’a tirée également de dangers très grands où il s’agissait de mon honneur et du salut de mon âme !

Son assistance m’a procuré plus de bien que je ne savais lui en demander. Je ne me souviens pas de lui avoir jamais adressé une supplique qu’il ne l’ait exaucée… ce glorieux Saint, je le sais par expérience, nous assiste dans tous nos besoins… Je voudrais persuader toutes les âmes qu’elles doivent porter de la dévotion à ce glorieux Saint ! Une longue expérience, en effet, m’a montré les grâces qu’il nous obtient de Dieu[2]… »

Plus près de nous, au Canada, le petit frère André (1845-1937) va devenir l’un des Québécois les plus populaires du XX° siècle. C’est lui qui fit construire l’Oratoire du Mont Royal, au-dessus de Montréal, devenu le plus grand sanctuaire au monde dédié à Saint Joseph ! Il a été canonisé à Rome par le Pape Benoit XVI le 17 octobre 2010.

La vie du petit frère André est à la fois bouleversante d’humilité et de prodiges où, par l’intercession de Saint Joseph, pleuvent les grâces ! Sa confiance en Joseph était sans limites… et l’on venait du monde entier pour rencontrer et se confier à la prière de ce tout-petit de l’Evangile qui constatait, avec ce réalisme inhérent à la vraie foi :

« C’est étonnant, on me demande souvent des guérisons, mais bien rarement l’humilité, l’esprit de foi ! »

« Priez Saint Joseph, il ne vous laissera jamais en chemin ! »

« Vous devriez avoir plus de confiance en Saint Joseph… beaucoup de malades seraient guéris s’ils persévéraient davantage… »

« Allez prier devant la statue de Saint Joseph ! Dites-lui : Saint Joseph, priez pour moi, comme vous auriez prié si vous étiez vous-même sur la terre à ma place… »

Que ces quelques perles sur Saint Joseph nous ouvrent à une plus grande confiance et simplicité dans notre intime relation à Jésus, Marie et Joseph !… et recevons encore ce témoignage de la Madre Teresa qui est une promesse :

« Saint Joseph fait progresser d’une manière admirable les âmes qui se recommandent à lui[3] ! »

Concluons ici avec la prière que nous proposons de réciter chaque Mercredi et fête de Saint Joseph pour « la communion des Refuges du Cœur Immaculé de Marie » :

O Saint Joseph, époux de Marie, Toi qui as écouté jusqu’au bout

                  le dessein de Dieu à travers ton épouse…

     Toi qui as été enfanté dans la foi par le silence de la Mère…

                  Aide-nous à prendre chez nous Marie…

 

     O Saint Joseph, Toi dont la vie fut enveloppée de silence

                  devant le mystère caché du Dieu-Enfant

                  confié à ta tendresse de Père et de Protecteur !

 

     Toi qui as veillé avec Marie sur la croissance de Jésus…

                  Garde-nous dans la voie d’enfance mariale

     et apprends-nous en tout temps à « tenir notre âme en paix et silence…

                  comme un petit enfant tout contre sa Mère ! »

 

     Nous te recevons pour toujours comme Père et Protecteur

     de la « Communion des Refuges du Cœur Immaculé de Marie… »

     Nous confions à ton cœur attentif notre vie contemplative mariale,

     notre silence missionnaire, et nos besoins matériels quotidiens !

 

     O Saint Joseph, Protecteur de la Sainte Eglise et Terreur des démons !

     Protège-nous en ces derniers temps contre les attaques de l’Ennemi !

     Et dans le « Refuge d’amour » du Cœur Immaculé de Marie…

     Apprends-nous à devenir « Famille et Communion »

     dans le Cœur ouvert de Jésus…

     pour manifester au monde la Miséricorde du Père !

 

+M Mickaël et Marie+Jacinta

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[1] C’est le 8 décembre 1870, que le bienheureux Pape Pie IX a proclamé Saint Joseph, patron de l’Eglise universelle, par le décret « Quemadmodum Deus ». Et le 15 août 1989, Saint Jean-Paul II sortait la remarquable exhortation apostolique sur Saint Joseph : « Redemptoris Custos » (le Gardien du Rédempteur).

[2] Sainte Thérèse d’Avila, Vida, Chapitre 6.

[3] Vida, Chapitre 6.




Vivre les derniers temps dans l’Arche du Cœur Immaculé de Marie !

« Mon Cœur est prêt pour tous ceux qui voudront y trouver Refuge ! »                   

Notre Dame à l’Escorial, 7 octobre 1982

 

Au début des années 1980, les Apparitions de la Vierge Marie au Pré Neuf de l’Escorial, prés de Madrid, demeurent d’une importance capitale et prophétique ! En effet, le 14 juin 1980, Notre Dame des douleurs y apparait pour la première fois sur un chêne à Luz Amparo : « Je suis la Vierge douloureuse. Je veux que l’on construise en ce lieu une chapelle en l’honneur de mon Nom. Cette eau guérira… » Et d’autre part, l’une des grandes grâces données aux pèlerins allant prier le chapelet les premiers samedis de chaque mois est de recevoir « le Sceau des élus » (Ap 7,2-3). La Vierge en fit la promesse le 25 juillet 1983 :

« Je promets que tous ceux et celles qui viendront en ce lieu recevront le Sceau afin que l’Ennemi ne puisse s’emparer de leur âme[1] ! »

Bien sûr, il faut surtout accueillir ces paroles de la Vierge comme un « débordement » de sa tendresse qui nous appelle là, mais aussi dans d’autres lieux marials… et jusque « chez nous » pour nous ouvrir à la grâce de son Fils ! N’oublions jamais que le sens profond du pèlerinage implique toujours de prendre la route… Il faut donc « prier sans cesse » et marcher comme « le Pèlerin Russe[2] » pour ajuster la vie de foi à cette itinérance continue qui mène au « Ciel, l’unique but de nos travaux[3] ! » Comme l’affirmait Petite Thérèse.

En ce sens, le Seigneur Jésus nous révèle à l’Escorial que tout est encore « suspendu » à la Miséricorde à travers la mission ultime de sa Mère :

« Je laisse ma Mère vous donner des avertissements ; parce que je l’ai placée comme Médiatrice de l’humanité ; mais si vous ne faites pas cas de ma Mère, mes enfants, comment pourrais-je vous sauver tous ?… Je demande au Père miséricorde et ma Mère implore miséricorde pour l’humanité. Mais je vous ai déjà dit à plusieurs reprises que je ne supporte pas davantage la souffrance de ma Mère. Il n’y a pas dans le monde de récipient qui pourrait contenir les larmes de ma Mère[4] ! »

A l’Escorial, la Vierge nous révèle à nouveau la tendresse de son Cœur Immaculé ; et dans les combats qui sont les nôtres au quotidien, nous avons tant besoin de « l’écouter » à nouveau… surtout quand Elle réaffirme l’importance capitale de se confier à son Cœur avec cette notion de « Refuge » qu’évoque le livre de l’Apocalypse (12,6 et14) :

« Mon Cœur Immaculé est prêt pour tous ceux qui voudront y trouver refuge… »

Et la Vierge précise : « N’ayez pas peur ! Priez mes enfants car si vous priez, l’Ennemi n’aura aucun pouvoir sur vous ! Et je promets que quiconque aimera ce Cœur ne se damnera pas ; je le préserverai des peines de l’Enfer… Je vous veux pauvres, humbles et sacrifiés[5] ! »

C’est une parole simple et évangélique à « graver » en nos cœurs  car elle contient une vérité de foi capitale pour suivre le Christ Sauveur jusqu’au bout de notre vie. En effet, dans le vacarme infernal des derniers temps où tout est fait pour nous agresser, nous disperser et nous éloigner de la Présence de Dieu… la tendresse de Marie nous donne plus que jamais la prière du Rosaire pour vivre « le silence de l’humilité ! » A travers les bruits infernaux du monde actuel, il nous libère des chaînes de Satan ! En ce sens, les confidences uniques de la Vierge sur sa propre vie nous invitent à la suivre sur la voie triomphale de l’humilité :

« Lorsque je demeurai seule sur la terre, qu’il n’y avait plus mon Fils… Satan est très rusé et voulut me détruire, moi qui étais la Mère de Dieu ! Comment ne voudrait-il pas jouir de vos âmes, mes enfants ? Il veut s’emparer de vous… Là où il y a Marie, là il veut détruire… mais la prière et le sacrifice vous maintiendront inébranlables, mes enfants ! Bienheureux ceux qui s’humilient, car ils seront exaltés ! Satan est désarmé devant l’humilité ! Lucifer est puissant sur les orgueilleux, mais sur les humbles il n’a pas de pouvoir !  Avec l’humilité, vous parviendrez à tout[6] !»

D’autre part, comment ne pas voir que la fin des temps s’accélère ? Car depuis deux siècles, la Sainte Vierge nous visite si souvent à travers des lieux et des voyants pour nous  alerter et nous réveiller en ne cessant de nous « avertir » !  Telle est la Mission de la Mère qui nous prévient constamment que les péchés de plus en plus horribles de notre époque nous mènent à la mort : c’est pourquoi Marie nous montre sa tendresse maternelle en nous alertant  régulièrement par ses Apparitions : de La Salette à Lourdes, de Fatima à Akita, de Garabandal à Medjugorje… et dans tant d’autres lieux ! Elle vient nous « dire », à la fois, sa tendresse de Mère et son inquiétude extrême pour notre salut !

Ainsi, au  Pré Neuf, la Vierge de l’Escorial nous fait toucher « l’urgence » des derniers temps ! Elle nous invite à la prière intense par la fidélité quotidienne au chapelet, mieux, au Rosaire de son Cœur :

« Touchez les grains de votre chapelet. Que ressentez-vous dans ces grains ? Pour chaque grain, voyez quelle lumière entre au Purgatoire. Pour chaque Ave Maria, voyez comme il sauve les âmes… Je veux que la lumière de ton Rosaire soit diffusée dans le monde entier. Le Chapelet sera votre salut ! Dis-le, ma fille, à tous mes enfants : qu’ils ne se couchent pas sans faire cette prière quotidiennement, j’aime tellement ça !… Par le Rosaire, beaucoup d’âmes sont sauvées [7]! »

Marie+Mickaël

 

[1] J’ai eu la profonde joie de vivre cette grâce, avec Marie-Jacinta, en début octobre 2023 et je conseille vivement d’aller prier le Rosaire en ce lieu marial béni… si possible, un premier samedi du mois !

[2] « Récits d’un pèlerin Russe » : un livre incontournable à lire, relire et surtout méditer !

[3] Lettre 90.

[4] Mai 1984.

[5] 8 novembre 1984.

[6] 8 décembre 1984 / 25 décembre 1984 / 3 juin 1984.

[7] 7 octobre 1982.




A chaque Messe : nous sommes au pied de la Croix…

   « A chaque fois que les paroles de la Consécration sont prononcées, l’Eglise, représentée par le prêtre et les fidèles, est rendue présente au Sacrifice sanglant : les deux mille ans qui nous séparent de la Croix sont abolis, nous sommes là comme l’étaient la Sainte Vierge et Saint Jean. Et chaque génération peut à son tour s’engouffrer dans l’offrande éternelle du Christ, offerte pour tous les temps ! »

Cardinal Journet, Méditation sur l’Eucharistie

 

     Cette admirable citation nous transporte au cœur de la Sainte Messe où le Cardinal Journet soulève quelque peu le voile : ici, seule la foi peut ouvrir la porte du Mystère et s’approcher dans cette adoration silencieuse où Dieu se révèle… Alors, guidés par ce merveilleux théologien, nous allons mieux découvrir à quel point « l’Eucharistie est la source et le sommet de toute la vie chrétienne[1] ! » Ce texte si riche va nous donner un  regard renouvelé sur le plus grand don du Cœur de Jésus à son Eglise. Méditons maintenant, tour après tour, les deux parties principales :

« A chaque fois que les paroles de la consécration sont prononcées, l’Eglise, représentée par le prêtre et les fidèles, est rendue présente au Sacrifice sanglant… »

Après la liturgie de la Parole de Dieu… nous sommes transportés ici au cœur même de la Sainte Cène ; à cet instant précis où Jésus a institué l’Eucharistie (Mt 26,26-28) et livré son Corps sur la Croix avec cette infinie miséricorde jaillie de son Cœur : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font ! » (Lc 23,34). Et c’est pourquoi à la Messe, quand le prêtre arrive à la consécration, le servant sonne la clochette qui nous avertit de ce moment unique et sacré : voici qu’à travers les paroles si simples du célébrant, se déploie le plus grand des mystères de l’histoire ! Là, surgit une indicible réalité : le pain devient le Corps du Christ et le vin son Sang… et c’est pourquoi devant cette Venue cachée qui prépare en secret son Retour glorieux, l’Eglise se met à genoux et adore…

Ici, la remarque Saint Augustin est précieuse : « La foi, c’est croire ce que l’on ne voit pas ; et la récompense de cette foi est de voir ce que l’on croit[2] ! » Ainsi, il y a dans l’Eucharistie « ce que l’on voit et ce que l’on croit. Ce que l’on voit, ce sont les apparences, les propriétés physico-chimiques, bref les « espèces » ou « accidents », du pain et du vin…

Après la parole du Christ, sous ces apparences inchangées du pain, ce qui est là c’est le Corps du Christ et le Sang du Christ… Un changement profond s’est produit. On est passé d’une réalité à une autre réalité, d’une substance à une autre substance… Passer, en latin, se dit : « trans. » D’où le mot : transsubstantiation[3]… » Ainsi, « chaque Messe est un rayon de l’éternité divine qui passe à travers la brièveté du moment sacrificiel pour le rendre présent à tous les moments de l’avenir où il sera consommé[4] ! »

Et c’est là que l’Eglise, représentée par le prêtre et les fidèles, est tout à coup transportée au pied de la Croix où s’offre son Seigneur et Sauveur, pour elle et pour tous…  à chaque Messe s’opère un saut dans le temps où se joue l’avenir du monde ! Car en vérité, « la Présence réelle est la raison d’être de la permanence de l’Eglise dans l’espace et le temps jusqu’à la parousie… Il faut beaucoup aimer Jésus ! Dans cette petite hostie que l’on reçoit à la Messe, il y a contenus toutes les réponses et tous les amours[5]… »

« Les deux mille ans qui nous séparent de la Croix sont abolis, nous sommes là comme l’étaient la Sainte Vierge et Saint Jean… »

Ce bouleversant mystère du salut nous appelle tous à ce « regard de foi » qui transcende le temps et l’espace. En effet, le chrétien ne doit-il pas devenir avant tout le contemplatif de l’Œuvre de Dieu ? N’est-ce-pas ce qui manque trop souvent aujourd’hui dans nos célébrations du Dimanche où l’animation bruyante et des flots de paroles viennent tuer la profondeur ? Où est passé ce silence où Dieu parle au cœur ? Il nous faut réécouter d’urgence le « cri » que Dieu nous adresse à travers le Prophète :

« C’est pourquoi je vais la séduire et la conduire au désert,

là, je parlerai à son cœur… » (Osée 2,16)

En réalité, devant un tel mystère, il faut se tenir là comme Marie « se tenait » avec Saint Jean au pied de la Croix (Jn 19,25). C’est pourquoi Il est primordial d’entrer dans le silence contemplatif du Cœur de Marie (Lc 2,19) qui est le secret de l’Evangile…

Le Cardinal Journet l’a magnifiquement découvert : « La Vierge est un mystère de présence à l’intérieur même du mystère de l’Eglise et l’on peut dire que l’Eglise est mariale. Cela signifie que l’Eglise, spontanément et sans même y songer, regarde les mystères de la Révélation chrétienne avec les yeux de la Vierge. Elle sait que la Vierge a regardé ces choses avant nous. Ce qu’elle retrouve dans les mystères de l’Annonciation, de Noël, de la Rédemption de la Croix, de Pâques, de l’Ascension, de Pentecôte, c’est cela même que la Vierge y a vu. La foi de la Vierge colore à jamais la foi de l’Eglise[6]… »

                                                                                            +M Mickaël

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[1] Concile Vatican II, Constitution dogmatique sur l’Eglise, Lumen gentium, 11.

[2] Saint Augustin, Sermon XLIII.

[3] Cardinal Journet, Le mystère de l’Eucharistie, Téqui 2018, p.13.

[4] Cardinal Journet cité par Marie-Agnés Cabanne, Fribourg, 6 aout 1980.

[5] Cardinal Journet, le mystère de l’Eucharistie, p.28.

[6] Cardinal Journet, L’Eglise du Verbe incarné, tome 2, p.432.




« Préserve-nous feu de l’Enfer ! » IV° partie

 « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés

et parviennent à la connaissance de la vérité ! »

1 Tm 2,4

 

Et conduis au Ciel toutes les âmes,

surtout celles qui ont le plus besoin de ta miséricorde !

   La Vierge nous dévoile ici le désir universel du Cœur de Dieu qui veut « conduire au Ciel toutes les âmes… » Et c’est pourquoi nous devons toujours revenir à cette contemplation du Christ crucifié, dont le Cœur ouvert nous ouvre définitivement la porte du Royaume ! Qui comprendra jusqu’où le Sauveur est allé pour nous offrir gratuitement le salut, la vie éternelle, la joie sans fin au Ciel ?

Croire en Celui que j’ai transpercé ! Tel est le défi inattendu de la foi… et c’est pourquoi le Seigneur se tient chaque jour devant la porte de mon cœur, et me demande comme à Pierre: « M’aimes-tu ? » (Jn 21,17). Car je ne pourrai faire en vérité cette prière inspirée par la Vierge, si je ne suis un témoin « traversé » par la Miséricorde. Et là, l’enfance du cœur du cœur prêchée par Jésus est l’autre incontournable : « Laissez venir à moi les petits enfants… car c’est à ceux qui leur ressemblent qu’appartient le Royaume de Dieu ! » (Mc 10,14).   

   Voici donc quelque peu le portait spirituel de celui ou celle qui demande au Sauveur de conduire au Ciel non seulement « toutes les âmes ! » Mais par-dessus tout : « celles qui ont le plus besoin de sa miséricorde ! » La Vierge Marie, Mère de l’Eglise, nous révèle ici le mystère de l’Eglise qui contemple son Seigneur crucifié : quand l’Amour n’est pas aimé, ce rejet ouvre une blessure secrète dans le Cœur de Dieu… elle se laissera voir à la fin de sa Passion où « en transperçant le Cœur de Jésus, la lance du soldat a ouvert un grand mystère… car elle est allée plus loin que le Cœur du Christ, elle a ouvert Dieu, elle est passée pour ainsi dire, au milieu même de la Trinité[1] ! »

Ce mystère de la miséricorde traverse le temps et, à chaque instant, il nous est offert à avec une telle plénitude ! Sainte Faustine, l’apôtre choisie de la Miséricorde, en témoigne  avec force pour susciter en nos cœurs cette « folle espérance » qui, seule, touche Dieu :

« La perdition est pour l’âme qui veut se perdre… seule l’âme qui le voudra sera damnée, car Dieu ne condamne personne !… mais celui qui désire le salut trouve la mer inépuisable de la miséricorde du Seigneur… Même si j’avais sur la conscience les péchés de tous les damnés, je n’aurais pas douté de la miséricorde de Dieu, je me serais jetée dans l’abîme de ta miséricorde[2] ! »

Ne l’oublions donc jamais : l’ultime cri silencieux de la Miséricorde m’appelle à chaque instant de ma vie…

                                                             Marie+Mickaël et Marie+Jacinta

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[1] Cardinal Robert Sarah, Dieu ou rien, entretien sur la foi avec Nicolas Diat, Fayard, 2015, p.32.

[2] Sainte Faustine, Petit journal, 630 / 1393 / 1318.




« Préserve-nous du feu de l’Enfer ! » III° partie

 « Entrez par la porte étroite !

 Car large et spacieux est le chemin qui mène à la perdition,

 Et il en est beaucoup qui le prennent ;

mais étroite est la porte et resserré le chemin qui mène à la Vie,

et il en est peu qui le trouvent ! »

Mt 7,13-14

 

Professer sa foi catholique implique d’accueillir la totalité du mystère de la foi : il est contenu dans la Parole de Dieu et la tradition de l’Eglise exprimée à travers le Catéchisme. Et quand on aborde le terrible mystère de l’Enfer, il faut d’abord affirmer qu’il est un refus libre et définitif de l’homme à la Lumière et la tendresse du « Dieu Amour ! » (1 Jn 4,16). Cette vérité, la foi nous l’enseigne clairement : « Dieu ne prédestine personne à aller en Enfer ; il faut pour cela une aversion volontaire de Dieu (péché mortel), et y persister jusqu’à la fin… l’Eglise implore la miséricorde de Dieu, qui veut « que personne ne périsse, mais que tous arrivent au repentir[1] » (2 P 3,9).

Il y a aujourd’hui dans l’Eglise un étonnant silence sur l’Enfer et simultanément, notre civilisation décadente flirte sans cesse avec « une culture de mort » dénoncée si souvent par Saint Jean-Paul II. N’avait-il-pas affirmé juste avant d’être Pape : « Nous sommes maintenant face à la confrontation finale entre l’Eglise et l’anti-Eglise, l’Evangile et l’anti-Evangile, entre le Christ et l’Anti-Christ[2] ! » Cette annonce eschatologique est précisée d’une manière remarquable dans le Catéchisme de l’Eglise catholique :

« Avant l’avènement du Christ, l’Eglise doit passer par une épreuve finale qui ébranlera la foi de nombreux croyants (Lc 18,8 / Mt 24,12-13). La persécution qui accompagne son pèlerinage sur la terre dévoilera le « mystère d’iniquité » sous la forme d’une imposture religieuse apportant aux hommes une solution apparente à leurs problèmes, au prix de l’apostasie de la vérité. L’imposture religieuse suprême est celle de l’Anti-Christ, c’est-à-dire celle d’un pseudo-messianisme où l’homme se glorifie lui-même à la place de Dieu et de son Messie venu dans la chair[3] » (2 Th 2,3-12 / 1 Jn 2,18-22)… L’Eglise n’entrera dans la gloire du Royaume qu’à travers cette ultime Pâque où elle suivra son Seigneur dans sa mort et sa Résurrection ! » (Ap 19,1-9).

Nous sommes donc dans l’extrême fin des temps où le déchaînement du Mal s’accélère sur tous les plans. Déguisé ou dévoilé, « le feu de l’Enfer » dévaste comme jamais la terre des cœurs humains… Et nous assistons à cette terrible inversion où, dans cette Babylone mondialiste, le mal devient le bien (Is 5,20) et où le bien devient de plus en plus suspect, marginalisé, tourné en dérision : la conscience humaine post-moderne est envahie par « la dictature du relativisme » selon l’expression si juste du Pape Benoît XVI. Mais n’oublions pas la Parole du Christ qui traverse le temps : « N’ayez pas peur !… J’ai vaincu le monde ! » (Jn 6,20 / 16,33). Et face à la Grande Epreuve finale qui approche, Jésus remet entre nos mains le Rosaire de sa Mère pour tenir debout dans l’espérance !

A suivre…

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[1] Catéchisme de l’Eglise catholique, 1037.

[2] Cardinal Wojtyla, Congrès eucharistique de Philadelphie aux USA, 4 septembre 1976.

[3] Catéchisme de l’Eglise catholique, 675 et 677.




« Préserve-nous du feu de l’Enfer ! » II° partie

Pardonne-nous nos péchés !

Il est significatif que dans sa première Epitre, Saint Jean Apôtre enseigne une pédagogie fondamentale dans le parcours de la foi : D’abord, « Dieu est Lumière… » (1 Jn 1,5) et ensuite, « Dieu est Amour… » (1 Jn 4,16). C’est la preuve que pour le croyant, seule la Lumière conduit à l’Amour. La vraie conversion s’ouvre à la Lumière et espère tout de l’Amour ! N’est-ce-pas la folle expérience du bon larron crucifié tout près de Jésus ?

On peut parler ici « d’extrême miséricorde » quand ces derniers instants du Christ sur terre manifestent jusqu’à quel point Dieu se rend proche de l’homme… la Miséricorde est le vrai nom de l’Amour : elle s’offre jusqu’au bout pour les pécheurs que nous sommes tous !

Ainsi, comme le remarque Saint Jean Chrysostome : « Par les yeux de la foi, le larron reconnut le Maître des Cieux ! » Et il interpelle vivement l’autre crucifié qui met au défi le Seigneur de les délivrer de la Croix (Mt 23,39) : « Tu n’as même pas crainte de Dieu, toi qui subit la même peine ! Pour nous, c’est justice, nous payons nos actes ; mais Lui n’a rien fait de mal ! » (Lc 23,40-41). Dans sa foi naissante, voici donc que cet homme établit un rapport lumineux entre « Dieu » et « supplice » en affirmant qu’il a pressenti en présence de qui il est : Dieu Crucifié ! C’est cette découverte majeure qui le fait confesser ses péchés et témoigner en même temps que le Christ, Lui, « n’a rien fait de mal ! »

Devant les juges de Jésus qui se moquent de Lui (Mt 27,41-42), le bon larron proclame « l’innocence » de l’Agneau de Dieu qui porte le péché du monde ! C’est ici qu’il faut laisser résonner la parole prophétique de Saint Paul, qui persécuta l’Eglise primitive : « Le langage de la Croix est folie pour ceux qui se perdent, mais pour ceux qui se sauvent, il est puissance de Dieu ! » (1 Co 1,18). Alors, n’oublions jamais que « la révélation de l’amour divin dans le Christ a manifesté à la fois l’étendue du mal et la surabondance de la grâce (Ro 5,20). Nous devons donc considérer la question de l’origine du mal en fixant le regard de notre foi sur Celui qui en est le Vainqueur[1] ! »

Face aux assauts de l’Enfer, le cri de notre foi vers Jésus maintenu « jusqu’au bout » sera la victoire qui nous ouvrira la porte du Ciel. Car la Croix est le trône du Christ sur la terre et elle devient pour le croyant la Porte de la Gloire. Ayant pressenti ce mystère, le bon Larron a frappé « une dernière fois » à la porte du Cœur de Dieu par une prière qui le rend à jamais si reconnaissable pour tous dans l’Evangile :

« Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume ! » (Lc 23,42)

C’est son dernier cri traversé par une folle espérance… mais la réponse du Christ dépasse toutes les attentes ! Et j’aime à penser qu’avant de lui annoncer l’ineffable bonne nouvelle, il a tourné vers lui son Visage et posé sur lui son regard :

« En vérité, je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis ! » (Lc 23,43)

A suivre…

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[1] Catéchisme de l’Eglise catholique, 385.




« Préserve-nous du feu de l’Enfer ! » I° partie

« Vous avez vu l’Enfer où vont les âmes des pauvres pécheurs…

Pour les sauver, Dieu veut établir dans le monde

la dévotion à mon Cœur Immaculé ! »

Notre Dame de Fatima, 13 juillet 1917

 

Cette terrible révélation de Notre Dame aux trois enfants de Fatima nous plonge dans la « guerre des derniers temps »… et cette dure lutte s’opère en chaque personne humaine jour après jour : à travers ses choix, son cœur est le lieu où s’affronte invisiblement le Ciel et l’Enfer ! Et c’est sans doute pourquoi la Vierge de Fatima a demandé urgemment d’ajouter cette prière désormais si connue après chaque dizaine de chapelet :

    « O mon Jésus ! Pardonnez-nous nos péchés !

Préservez-nous du feu de l’Enfer

et conduisez au Ciel toutes les âmes,

surtout celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde ! »

Nous allons quelque peu en découvrir ici toute l’urgence et la profondeur car Notre Dame de Fatima la révèle aux trois enfants, juste après leur avoir montré les horreurs de l’Enfer. Mais cette terrible vision a été précédée en mai et juin 1917 d’une plongée dans la lumière où ils furent « comme submergés en Dieu » ! Telle est la pédagogie si juste de la Vierge qui, d’ailleurs, a prophétisé sa victoire : « A la fin, mon Cœur Immaculé triomphera ! »

Ainsi, dans cette prière que Marie nous recommande après chaque dizaine de chapelet, il y a une révélation urgente : en effet, nos vies sont suspendues au mystère de l’infinie Miséricorde jaillie du Cœur de Dieu sur la Croix ! (Jn 19,34). Mais en même temps, la Vierge nous livre ici l’un des secrets les plus profonds de l’Evangile pour la fin des temps actuelle : le Dieu d’infinie tendresse nous donne « à nouveau » le Cœur de sa Mère comme « le Refuge ultime » pour nous protéger de l’Enfer déchaîné… Ceux qui habitent cette Arche par la fidélité au Rosaire et aux sacrements de l’Eglise sont à l’abri de sa tendresse maternelle !

Telle est le « Voici ta Mère » de l’extrême fin des temps où resplendit le mystère de la Femme ! (Jn 19,27 / Ap 12,1) Alors, méditons un instant chaque partie de cette prière des derniers temps jaillie du Cœur de la Vierge…

Ô mon Jésus !

Ce cri intime vers le Sauveur est sans nul doute celui de Marie ! Car qui, mieux que la Vierge, se tourne éperdument vers Celui qu’Elle a porté et enfanté pour notre salut ? Alors, demandons à notre Mère « un poids d’amour » toujours plus grand à travers cette prière où, comme Elle, nous crions : « Ô mon Jésus ! »  N’oublions jamais que nous adresser directement au Fils Dieu est la « liberté inouïe » ouverte par le « oui » de Marie… (Lc 1,38).

Et quand nous murmurons le Nom de Jésus, n’oublions pas sa bouleversante signification hébraïque : « Yeshouah » ou « Yeshua » signifie « Yahvé sauve » ! Car dés le début de l’évangélisation, Pierre l’affirme comme le cœur de notre foi : « Il n’y a pas d’autre nom donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés ! » (Ac 4,12). Et Saint Paul l’annoncera aussi avec force en affirmant que Jésus a « le Nom qui est au-dessus de tout nom ! » (Ph 2,9). Ainsi, ce Nom béni de Jésus deviendra le « Cœur » de la prière du cœur répétitive de l’Orient chrétien : « Jésus, Fils de Dieu Sauveur, aie pitié de moi, pécheur ! » Et ce même Nom sera aussi le cœur de l’Ave Maria dans la prière du Rosaire : « Et béni est le fruit de tes entrailles, Jésus ! »

A suivre…