La conversion de Roy H. Schoeman

C’est au cours d’une longue promenade dans la nature que je reçus la grâce la plus exceptionnelle de ma vie. Je marchais seul, écoutant les oiseaux chanter lorsque je suis « tombé au ciel ». C’est-à-dire que je me suis retrouvé consciemment et matériellement en présence de Dieu.

Je vis ma vie jusqu’à ce jour étalée devant moi. Je sus en un instant que le but de ma vie était d’aimer et de servir mon Seigneur et mon Dieu ; je vis de quelle manière son amour m’enveloppait et me soutenait à chaque instant de mon existence ; je vis comment chacune de mes actions possédait un contenu moral, pour le bien ou pour le mal ; je vis comment tout ce qui était arrivé dans ma vie était ce qui pouvait m’arriver de mieux, la chose la plus parfaite arrangée pour mon bien par un Dieu très bon et très aimant, surtout les événements qui me causaient le plus de souffrance !

Je vis chaque heure que j’avais gaspillée à ne rien faire qui eût de valeur aux yeux de Dieu, quand à tout moment de mon existence je baignais dans la mer de l’immense amour inimaginable de Dieu.

La réponse aux questions que je me posais intérieurement m’était instantanément présentée, à une exception près, capitale : le nom de ce Dieu qui se révélait à moi ! Je priais pour connaître son nom, pour savoir quelle religion me permettrait de le servir et de le vénérer : « Faites-moi connaître votre nom – cela m’est égal si vous êtes Bouddha, Appolon ou Krishna pourvu que vous ne soyez pas le Christ et que je ne doive pas devenir Chrétien ! ». Et en conséquence, bien que Dieu eût entendu ma prière, je ne reçus aucune réponse à ce moment-là.
Un an et un jour après cette grâce, je reçus en rêve la seconde plus grande grâce de ma vie. Pourtant, quand je me suis couché, je ne savais pas grand-chose du Christianisme et je n’avais pas de sympathie pour lui ! Mais quand je me suis réveillé, j’étais devenu éperdument amoureux de la bienheureuse Vierge Marie et ne désirais rien d’autre que de devenir aussi totalement chrétien qu’il me serait possible.

Le « rêve » se déroulait comme suit : on m’avait conduit dans une salle où il me fut accordé une audience avec la plus belle jeune femme que je pouvais imaginer et je compris qu’il s’agissait de la Vierge Marie. Elle était prête à répondre à toutes mes questions ; je me revois debout, considérant nombre de questions possibles, et lui en adressant quatre ou cinq. Elle y répondit, puis me parla pendant plusieurs minutes puis l’audience prit fin. Je me rappelle tous les détails, y compris, bien sûr, les questions et les réponses ; mais tout cela pâlit devant l’extase d’avoir été simplement en présence de la Vierge, dans la pureté et l’intensité de son amour.

Extrait du livre Le salut vient des juifs  de Roy H. Schoeman (éditions – FX de Guibert 2005) traduit de l’américain par Judith Cabaud




La patience est la profondeur de l’amour…

« Qu’elle est grande la patience de Dieu…

Combien Dieu recherche le pécheur ! »

Ste Elisabeth de la Trinité, Journal 69

 

Dans une civilisation matérialiste où l’on ne sait plus attendre, « l’immédiateté » de la consommation est reine : des biens matériels multiples à l’information continue, de la commande d’une pizza à la relation d’un soir, tout est possible sur le net qui envahit nos vies ! On est comme des « petits dieux » derrière nos écrans… mais en réalité, ils nous enferment dans la prison dorée de la facilité : ils nous volent en continu la beauté de cette Création où Dieu nous « parle » chaque jour : les couleurs d’une fleur, la splendeur d’un lever de soleil, le charme d’un chant d’oiseau ou la lumière d’un sourire d’enfant… tant et tant de messages uniques nous sont offerts et nous ne les voyons plus !

Il faut réapprendre « la patience de la contemplation » et savoir tout arrêter régulièrement pour « regarder et écouter » … et pour cela notre regard doit changer ! Même si cela commence par une purification dont Aristote, le grand philosophe grec, nous prévient :

« La patience est amère, mais son fruit est si doux ! » On n’est pas loin de l’Evangile où Jésus se dévoile comme un Maître « doux et humble de cœur ! » (Mt 11,29). Et la douce humilité de Dieu se révélera dans la bouleversante « patience de la Croix » où flamboie pour nous son infini Amour : « Mon Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font ! » (Lc 23,34). La Passion finale du Fils de Dieu sur la Croix est le signe vertigineux qu’en Dieu, la patience est la profondeur ultime de son Amour pour nous, pauvres pécheurs…

Ainsi, la patience certifie l’amour qui doit s’exercer d’abord envers mon plus proche. Et en ce sens, Saint Paul exhorte les premiers chrétiens à revêtir entre eux « des sentiments de tendre compassion, de bienveillance, d’humilité, de douceur, de patience ! » (Col 3,12 / Ep 4,2). Car la patience opère une purification de « l’orgueil du monde » sous toutes ses formes : en effet, l’orgueilleux est souvent pressé et arrogant tandis que l’humble est patient et doux : il se connaît en cette Lumière d’en-Haut qui lui donne un regard miséricordieux sur tous ses semblables ! Paul nous y invite encore : « Ayez de la patience envers tous ! » (1 Th 5,14).

Ce même combat, patient et résolu, contre « l’esprit du monde » ; Saint Jean l’a aussi remarquablement discerné… et il nous a prévenu :

« Si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui.

Car tout ce qui est dans le monde – la convoitise de la chair,

la convoitise des yeux et l’orgueil de la richesse –

vient non pas du Père, mais du monde.

Or, le monde passe avec ses convoitises ;

mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement ! »

(1 Jn 15-17)

Ainsi, la patience est le fondement de l’endurance… elle est ce « trésor caché » qui nous tiendra debout durant les épreuves des derniers temps qui approchent ! En effet, la patience est sœur de cette humilité qui fonde la durée dans la foi ! Et c’est pourquoi, dans la Bible, l’Ecclésiaste nous prévient : « Mieux vaut la patience que la prétention ! » (Qo 7,8). Et le Siracide nous laisse entrevoir la merveille de ce choix : « L’homme patient tient bon jusqu’à son heure, mais à la fin, sa joie éclate ! » (Si 1,23).

Si la patience est d’une importance primordiale sur le chemin de la foi, on ne s’étonnera pas de la retrouver au cœur du célèbre « cri » de Sainte Thérèse d’Avila :

« Que rien ne te trouble,

Que rien ne t’effraie ;

Tout passe.

Dieu ne change pas :

La patience obtient tout !

Celui qui possède Dieu

Ne manque de rien…

Dieu seul suffit ! »

« La patience obtient tout ! » On ne l’oubliera pas au cœur de nos épreuves et de nos découragements… et en ce sens, il nous faudra revenir souvent à la source : notre patience ne tiendra que dans la contemplation de « la patience de Dieu » (Ro 3,26). Elle est la toile de fond de toute l’histoire du salut ! C’est parce que Dieu est patient que l’histoire des hommes continue… mais ce temps « offert » avec une telle gratuité est suspendu à son infinie miséricorde et cela devrait nous faire réfléchir… jusqu’à en être bouleversé et réorienté : il n’y a plus de temps à perdre !…

Car derrière cette incompréhensible patience de Dieu, se cache en même temps « l’impatience de Dieu » : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais que déjà il fût allumé ! » (Lc 12,49). Mais Dieu patiente à cause de la lourdeur des hommes : « Esprits sans intelligence, lents à croire tout ce qu’ont annoncé les Prophètes ! Ne fallait-il pas que le Christ endurât ces souffrances pour entrer dans sa gloire ? » (Lc 24,25-26).

Alors, que monte en nos cœurs cet inattendu cri de l’homme « trop seul » quand son Dieu s’éloigne : « Reste avec nous, car le soir tombe ! » (Lc 24,29). Et en effet, la nuit vient dés que l’homme s’éloigne de Dieu…

Tournons-nous résolument vers Celle dont Jésus nous a dit : « Voici ta Mère ! » (Jn 19,27).

Sa maternelle tendresse nous enveloppera en nous donnant cette patiente endurance qui est « le secret des saints » ! Car si la patience est la profondeur de l’amour, elle devient « l’art de savoir tout attendre de Dieu » ! Elle aboutit à cette confiance qui mène à la surprise folle de l’Amour !

N’est-ce-pas là « l’intuition majeure » de Petite Thérèse ? Elle est à inscrire en lettres de feu au plus profond de nos cœurs ! Là, se cache le secret de la sainteté :

« Restons bien loin de tout ce qui brille, aimons notre petitesse, aimons à ne rien sentir, alors nous serons pauvres d’esprit et Jésus viendra nous chercher… et si loin que nous soyons, il nous transformera en flammes d’amour…

Oh ! que je voudrais pouvoir vous faire comprendre ce que je sens !… C’est la confiance et rien que la confiance qui doit nous conduire à l’Amour[1]… »

La patience est la profondeur de l’amour car elle sait tout attendre de l’Amour…

 

                                                                                +M Mickaël et Marie+Jacinta

 

[1] Sainte Thérèse de Lisieux, Œuvres complètes, Lettre 197, p.553.




Questions autour du Pontificat actuel

Il est de plus en plus fréquent aujourd’hui d’entendre de nombreux chrétiens exprimer un questionnement récurrent face au Pontificat du Pape François. Déclarations tranchantes, textes peu clairs, absence de réponse aux questions posées par d’éminents théologiens ou cardinaux, positions politiques ou sanitaires surprenantes, attention accordée à certains au détriment d’autres… Autant de points qui peuvent laisser un goût amer, et un questionnement dont les fidèles ne savent que faire. C’est tout juste s’ils osent se poser à eux-mêmes la question, avec ce fond de culpabilité : « tout de même, c’est le Pape !… » On se rassure alors en se disant que c’est une manière de faire ou de parler liée à sa culture d’Amérique du sud, que c’est le Pape et qu’il ne peut pas se tromper, qu’il dit aussi de belles choses, etc… Il faut dire aussi qu’après avoir eu deux Papes remarquables, on s’est habitué à leur faire entièrement confiance. Et pourtant… le fait qu’il soit Pape ne lui confère par une infaillibilité dans tous les domaines, loin s’en faut, et aucun fidèle n’est dispensé de discerner : Saint Paul n’a pas eu peur de reprendre saint Pierre, le premier Pape, quand Pierre et Barnabé ne « marchaient pas droit selon la vérité de l’Evangile » (Ga 2,14/Ac 15,1-12) au sujet de la circoncision pour les païens.

Ce n’est pas un péché ou une désobéissance, c’est un devoir de la foi : les brebis doivent savoir reconnaitre la voix du berger pour ne pas suivre ceux qui ne le sont pas (Jn 10), car « chacun devra rendre compte pour soi-même » (Rm 14, 12). Chaque baptisé reçoit pour cela le sens surnaturel de la foi [1]: cet instinct spirituel qui fait détecter ce qui est juste ou non. Et si ensuite il n’a pas la formation théologique pour y mettre des mots, il a à sa disposition des outils lumineux comme le Catéchisme de l’Eglise Catholique promulgué par Saint Jean-Paul II.

Nous vous proposons donc aujourd’hui quelques pistes de réflexions sur ce pontificat : quelques textes, faits, etc… Notre but n’est pas de porter un jugement sur le pape François. En tant que personne, de toute façon, c’est un père et un frère qui a besoin de nos prières et de notre bienveillance pour sa mission papale. Cependant, face à son enseignement qui souvent interroge, la Tradition nous donne des repères de discernement et nous avons le devoir de les exercer, pour suivre ce qui doit l’être, et écarter ce qui n’est pas la vérité de l’Evangile et de la Tradition [2]de l’Eglise.

I. Préambule : quelques repères théologiques de discernement

A. comprendre les différentes formes de magistère dans l’Eglise

Il est important de rappeler ce qu’est le Magistère de l’Eglise, les domaines où il est revêtu de la grâce de l’infaillibilité et ceux où il ne l’est pas. En effet, que ce soit dans l’enseignement du Pape, des évêques, des synodes, et même des conciles, tout n’est pas à prendre comme « parole d’Evangile » (expression passée jusque dans le langage profane…)
Il existe trois expressions du Magistère :

1. Le magistère ordinaire et universel
C’est la prédication unanime des évêques, successeurs des apôtres en communion avec l’évêque de Rome. Il porte sur la totalité du dépôt vivant de la Parole. Il s’exprime dans la catéchèse, la liturgie. Il est l’axe de la Tradition exprimée dans l’Eglise, il est la règle ordinaire de la Tradition dans la vie courante de l’Eglise. Il est infaillible dans le sens où il exprime la foi en conformité avec la tradition reconnue et définie de l’Eglise. Mais s’il s’agit de nouvelles opinions théologiques, ou de questions non tranchées, l’infaillibilité n’est pas engagée.

2. Le magistère extraordinaire
En cas de contestation, il est difficile de vérifier incontestablement cette unanimité. On fait alors appel à un concile œcuménique (le collège épiscopal et le Pape). Le concile a l’infaillibilité du magistère ordinaire et universel avec une solennité de surcroît dans le mode d’expression. Cependant, son infaillibilité ne recouvre que certains textes déterminés comme tels. Par exemple dans le Concile Vatican II, une note du secrétaire général du Concile, Mgr Pericli, précise dans la suite de Lumen Gentium : « Comme il est évident de soi, un texte du Concile doit toujours être interprété suivant les règles générales que tous connaissent. A ce propos la commission doctrinale renvoie à la déclaration du 6 mars 1964 dont nous transcrivons le texte ici : Compte-tenu de l’usage des conciles et du but pastoral du Concile actuel, celui-ci ne définit comme devant être tenus par l’Eglise que les seuls points concernant la foi et les mœurs qu’il aura clairement déclarés tels ».
La voix du Pape seule est également infaillible dans certains cas très précis (et rares en général, c’est le cas par exemple pour la définition d’un nouveau dogme) : quand il parle ex cathedra en vertu de sa suprême autorité apostolique, et définit une doctrine sur la foi ou les mœurs pour toute l’Eglise (toutes ces conditions étant nécessaires pour qu’il y ait infaillibilité). L’infaillibilité ne couvrira par exemple jamais les questions d’ordre pastoral.

3. Le magistère ordinaire
Il diffuse l’enseignement du magistère infaillible, en assure la protection, l’adapte aux circonstances, mais n’est pas revêtu du caractère infaillible.
Le magistère ordinaire du pape s’exprime surtout dans les encycliques pontificales : elles rappellent aux fidèles la foi commune avec une note d’actualité. Elles proposent des doctrines, condamnent des erreurs, entretiennent l’unité de doctrines et de gouvernement avec les évêques. C’est le plus haut degré du magistère ordinaire. Elles ont la garantie d’une assistance du Saint Esprit d’ordre prudentiel et pastoral. Elles sont des indications non irréformables, mais plus qu’indicatives. Dans une encyclique, s’adresse à la foi uniquement ce qui est proclamé du magistère extraordinaire. On peut situer ici également les motu proprio et les lettres apostoliques, et les documents de la congrégation pour la doctrine de la foi (en accord avec le Pape).
Quand à l’enseignement ordinaire des évêques, il est couvert par l’assistance prudentielle mais faillible de l’Esprit (sauf bien sûr pour ce qui émane du magistère infaillible).

Ainsi, face à un texte, fut-il pontifical, il est important de garder ces distinctions à l’Esprit, pour lui attribuer la juste valeur qui est la sienne.

B. Quelques points de discernement

Ceci étant posé, précisons encore quelques points de discernement pour exercer ce « sensus fidei » face à toute affirmation théologique ou pastorale :

  •  Il est très important d’avoir autant que possible une vision d’ensemble. Un texte ne peut jamais être regardé seul, il faut le mettre en résonnance d’une part avec d’autres textes de la même personne ; et le mettre aussi en parallèle avec l’enseignement de la Tradition de l’Eglise (Parole de Dieu + tradition transmise au cours des siècles). Par ailleurs, il faut bien noter qu’une erreur peut être constituée d’une vérité partielle, ce qui est plus difficile à percevoir : il peut y avoir un problème « d’omission » théologique, qui ne se voit que sur le long terme, mais qui peut constituer à lui seul une hérésie[3] : par exemple, parler de la Miséricorde en oubliant de parler de la nécessaire conversion que cela implique revient à tomber peu à peu dans l’hérésie de l’apocatastase, condamnée depuis longtemps par l’Eglise. On peut la résumer en quelques mots modernes : « on ira tous au paradis ! », l’Eglise est « pour tous », par conséquent tout le monde peut communier, etc… C’est une hérésie très grave puisqu’elle remet en question le fait qu’on puisse se perdre (et donc que l’enfer existe ; et qu’on est libre face à Dieu), et rend le sacrifice du Christ nul et non avenu : si nous n’avions pas besoin d’être sauvé, il n’avait pas besoin de mourir pour clouer à la croix le billet de notre dette (Col 2,14)… Tout se tient dans la foi. Coupez un fil, tout tombe et devient insipide et sans valeur. On n’a alors plus rien à dire au monde.
  •  Il faut distinguer ensuite ce qui est d’ordre pastoral, et ce qui touche au cœur de la foi. Dans le domaine pastoral, une erreur n’est pas d’une gravité extrême, même si elle peut avoir des conséquences déplorables. Comme tout le monde, le Pape peut avoir une manière de voir les choses, faire des choix pastoraux, ou prendre des positions politiques qui n’ont pas d’impact sur la foi. Pour ce qui touche à la foi et aux mœurs, c’est autre chose, et une erreur dans ce domaine est à détecter immédiatement : même si elle ne touche apparemment pas immédiatement la foi, elle peut avoir des conséquences sur elle très grave. Ainsi, Si Saint Paul n’avait pas repris saint Pierre qui n’osait pas affirmer l’universalité du salut en présence des juifs, quelle conséquence cela aurait-il eu sur le christianisme ? Une attitude pastorale apparemment charitable peut engendrer une falsification du dépôt de la foi.
  •  Il découle de ce qui précède, évidemment, de vérifier si ce qui est affirmé concorde avec la Parole de Dieu reçue dans les Ecritures, la Tradition apostolique, et l’enseignement défini par l’Eglise.
  •  Sans oublier le but ultime de l’Eglise, conduire les hommes au Royaume de Dieu. Notre passage sur terre est temporaire et doit rester ordonné aux fins dernières. Sainte Elisabeth de la Trinité le formulait de cette manière : « A la lumière de l’éternité, l’âme voit les choses au vrai point… ».

En conclusion et en résumé :

  •  Lire dans un ensemble, regarder l’équilibre
  • distinguer avec ce qui est d’ordre pastoral (passager et amené à évoluer), et ce qui touche à la foi (en se souvenant que certaines options pastorales peuvent remettre la foi en question)
  • confronter avec la Révélation reçue dans la Parole et la Tradition.
  • Mettre en regard avec le but ultime vers lequel l’Eglise doit nous conduire : les fins dernières : le salut des âmes et la vie éternelle.

Ajoutons à cela un double tamis également fort utile : celui de la lumière et de l’amour. Pas d’amour sans vérité, pas de vérité sans amour. Souvenons-nous que Saint Jean, qui est le grand chantre de l’Amour dans ses écrits, commence toujours par la lumière. Sans la lumière, on ne peut rien voir, rien comprendre, on ne peut pas aimer :

« Tel est le message que nous avons entendu de Jésus Christ et que nous vous annonçons : Dieu est lumière ; en lui, il n’y a pas de ténèbres. Si nous disons que nous sommes en communion avec lui, alors que nous marchons dans les ténèbres, nous sommes des menteurs, nous ne faisons pas la vérité. Mais si nous marchons dans la lumière, comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes en communion les uns avec les autres, et le sang de Jésus, son Fils, nous purifie de tout péché. » (1 Jn 1, 5-7)

II. Faits et enseignements

A la lumière de ce que nous avons dit précédemment, relevons maintenant quelques-uns (parmi beaucoup, le but n’est pas d’être exhaustif, mais d’inviter à la réflexion personnelle) des points d’interrogations qui se posent face à certaines paroles ou certains actes du Pape François. Après plus de 10 ans de pontificat, il est clair que la pensée du pape est complexe, ou du moins sa manière de l’exprimer. Les parties de cette pensée qui questionnent le plus ne sont souvent pas dans les grands textes du pontificat (il n’a d’ailleurs que 2 encycliques à son actif, la troisième étant partagée avec Benoît XVI) : ce sont de petites phrases ici ou là, des notes dans des textes, etc… Mais leur accumulation au fil des années ne laisse pas de doute quand à leur présence dans la pensée du Pontife. Quand aux textes plus longs et officiels, si on prend le temps de les lire, ils préparent le terrain et ouvrent la voie à ces « petites phrases » : le pape dessine une tendance, caricature son contraire, laisse planer un doute, ne répond pas aux questions qui s’ensuivent, laisse faire le temps, revient dessus et répond quelques années après, etc. C’est pourquoi il est particulièrement important d’avoir une vision d’ensemble. Nous allons voir ci-après quelques-unes de ces « petites phrases », et dans un second temps, nous nous pencherons sur un texte récent qui nous montrera cette manière de faire pencher la balance vers là où il souhaite mener[4].

A. Quelques « petites phrases » qui interrogent.

1. Sur la question des divorcés-remariés

  • Dans l’exhortation apostolique post-synodale Amoris Laetitia, du 19 mars 2016, on lit à la note 329 : « Dans ces situations, connaissant et acceptant la possibilité de cohabiter ‘‘comme frère et sœur’’ que l’Église leur offre, beaucoup soulignent que s’il manque certaines manifestations d’intimité « la fidélité peut courir des risques et le bien des enfants être compromis » (Conc. Œcum. Vat. II, Const. past. Gaudium et spes, sur l’Église dans le monde de ce temps, n. 51). »

Implicitement, cela signifie, que peut-être, il ne serait pas bon de pratiquer la chasteté dans ce cas. Cela implique donc également que les personnes concernées pourraient tout de même communier. Notons en passant le subtil détournement qui est fait de la citation de Gaudium et Spes… En effet, le texte cité parle de la question de la chasteté dans les couples mariés par rapport à la question de la régulation des naissances, et non de la question de la chasteté dans un couple de divorcé-remarié, ce qui n’est pas du tout la même chose….

Mais les choses ne sont pas dites clairement, et le pape François n’a jamais répondu aux Dubia des cardinaux[5] qui lui ont été envoyés à ce sujet, laissant planer le doute sur ce qu’il a vraiment voulu dire.

La chose est claire, bien qu’elle ne soit adressée qu’à une région.

  • Le 15 septembre 2021, il affirme : « La communion n’est pas une récompense pour les parfaits », « la communion est un don, un cadeau, c’est la présence de Jésus dans l’Église et dans la communauté ». Il souligne qu’il n’a « jamais refusé l’eucharistie à personne ».
  •  A la veille du synode, en réponse aux Dubia du Cardinal Dominik Duka, O.P., il signe un texte autorisant la Communion des divorcés-remariés. Cliquer ici pour plus de détails.

Ainsi, touche après touche, cette affirmation de la possibilité pour les divorcés-remariés de communier (et donc de recevoir également l’absolution) s’établit peu à peu.

Reste à passer cela dans le tamis du discernement. A chacun de répondre à ces questions à la lumière de l’Evangile et du catéchisme :

  • Est-ce conforme au sacrement du mariage, de la confession et de l’Eucharistie tels qu’institués par le Christ et la Tradition apostolique ?
  • Est-ce uniquement pastoral, où est-ce que cela touche à la foi ? Quelle notion de la Miséricorde cela véhicule-t-il (qu’est-ce qu’un péché, comment en être sauvé, qu’est-ce que la miséricorde) ? Quelle théologie du mariage ? Quelle théologie de la grâce et de la vertu (la vertu de chasteté peut-elle être en option ?) ? Peut-on avoir des excuses pour commettre le péché ? Le 6ème commandement est-il universel et absolu ? Quelle théologie de l’Eucharistie ? Est-ce vraiment Dieu qui est présent ? Peut-on s’en approcher sans préparation ?
  • Qu’est-ce qui sanctifie le plus les personnes pour les conduire à la vie éternelle : communier en état de péché ? ou suivre humblement avec confiance l’enseignement de l’Eglise, sûr que le Seigneur peut se donner autrement et béni la fidélité (soit par le choix de la chasteté, soit par le choix de s’abstenir de communier)?
  • Doit-on discerner selon la vérité enseignée par le Christ, ou suivant des critères plus subjectifs de soi-disant charité et accueil ? La vraie charité n’est-elle pas de leur proposer ce qui fera leur bien éternel ?

2. Sur la question de la contraception

Le 10 décembre 2018, avec l’approbation du pape, la Congrégation pour la doctrine de la foi déclare l’hystérectomie (ablation de l’utérus) « licite » lorsqu’une grossesse aboutirait avec « certitude » à un avortement spontané avant viabilité du fœtus. En cas de « certitude » médicale que l’utérus d’une femme ne peut plus permettre une grossesse viable, son ablation est « licite ».

Cependant, en 1993, ce dicastère avait défini comme « moralement licite » l’ablation de l’utérus si celui-ci représente « réellement un grave danger pour la vie ou la santé de la mère ». En revanche, la ligature des trompes (isolement de l’utérus) est jugée « illicite » s’il s’agit d’un moyen « direct » de stérilisation, y compris si l’objectif est d’éviter des grossesses à risque pour la mère.

La déclaration de 2018 retire donc le critère du danger pour la vie de la mère.

Posons-nous quelques questions : Est-ce conforme à l’enseignement de l’Eglise sur la procréation ? Cela laisse-t-il une place à l’intervention divine (pensons à Elisabeth et Zacharie par exemple) ? Cette ablation n’est-elle pas une contraception définitive ?

3. Sur la diversité des religions

  • Le 4 février 2019, le pape François signe une déclaration sur la fraternité humaine qui contient ces mots : « Le pluralisme et les diversités de religions, de couleurs, de sexes, de races et de langues sont une sage volonté divine par laquelle Dieu a créé les êtes humains. »
  • Le 4 octobre 2019, l’accueil de la Pachamama au Vatican créé la confusion dans le monde chrétien ; les 25-27 juillet 2022, le pape participe à des cérémonies païennes avec les autochtones du Canada.
  • Aux JMJ de Lisbonne, il prêche sur des mythes païens personnifiant et déifiant la création (alors que la foi chrétienne enseigne « Je crois en Dieu, Créateur du ciel et de la terre, de toutes les choses visibles et invisibles) :
    Le 2 août 2023, à Lisbonne : « Selon la mythologie classique, Océan est fils du ciel (Ouranos) : son immensité conduit les mortels à regarder vers le haut et à s’élever vers l’infini. Mais, en même temps, Océan est fils de la terre (Gaia) qu’il étreint, invitant ainsi à envelopper de tendresse l’ensemble du monde habité ». Le 3 août 2023 : « … si nous voyons la structure de l’histoire de la Création, qui est une histoire mythique, dans le vrai sens du mot « mythe », car les mythes sont une forme de connaissance ». Le 3 août 2023, à Lisbonne : « N’oubliez pas que nous avons besoin d’une écologie intégrale, d’écouter la souffrance de la planète ».

Posons-nous quelques questions :

  • Toutes les religions sont-elles voulues par Dieu, même celles qui pratiquent par exemple l’idôlatrie, la prostitution sacrée, ou prônent le meurtre des infidèles à leurs yeux (dans ce cas, cela veut dire que Dieu veut ce mal) ?
    Ne devrait-on pas plutôt dire qu’elles sont l’objet d’une permission de Dieu (fruit de son respect de la liberté humaine) ?
  • Quels enseignements nous donne la Bible à ce sujet ? Par exemple, comment Dieu éduque-t-il Israël face aux religions qui l’entourent ? Cette affirmation respecte-t-elle ces enseignements divins ?
  • Cela ne risque-t-il pas de conduire à un synchrétisme ambigüe, comme on l’a vu avec la Pachamama  ?
  • La foi chrétienne est-elle basée sur la Révélation ? Ou sur des mythes ?

4. Sur la question du salut (et de la prédestination)

Le 15 septembre 2021, le pape déclare lors d’une interview dans l’avion au retour de son voyage à Bratislava : « Nous sommes tous égaux. Il faut respecter tout le monde. Et le Seigneur est bon. Il sauvera tout le monde. Ça il ne faut pas le dire trop fort. (rire) Le seigneur veut sauver tout le monde. »

Posons-nous quelques questions :

  • Est-ce que Dieu est tellement tout puissant qu’il puisse contraindre l’Homme au salut ? Dieu peut-il nous imposer d’être sauvés contre notre gré ?
  • Si nous sommes tous destinés au salut, à quoi bon nous convertir et pratiquer le bien ?
  • Dieu veut le salut de tous. Mais peut-il y avoir la miséricorde sans la justice ? Dieu peut-il laisser le mal impuni (le meurtrier aura-t-il droit au paradis à côté de sa victime sans s’être auparavant repenti de son péché ?)
  • Peut-on invoquer pour cette phrase l’excuse d’une manière de parler liée à sa culture ? Sa remarque et son rire ne montrent-t-ils pas qu’il a parfaitement conscience de ce qu’il dit ?
  • Qu’est-ce que cela implique par rapport à la doctrine sur l’enfer (sur laquelle Jésus est très clair) ?

5. Sur la question de l’homosexualité

  • le 21 octobre 2020, dans le documentaire international « Francesco », il lance un appel public à l’adoption des lois civiles de cohabitation homosexuelles pour une meilleure protection. (Renouvelé le 15 septembre 2021, 5 février 2023, 10 et 11 mars 2023).
  • Début octobre 2023, dans sa réponse aux Dubia des cardinaux , à la question : Les unions homosexuelles peuvent-elles être bénies et y a-t-il du bien dans les situations de péché ? François a répondu que les unions homosexuelles ne devraient pas être appelées mariage, mais que dans les relations avec les personnes, « la charité pastorale ne doit pas être perdue, faite de bonté, de patience, de tendresse et d’encouragement. […] Nous ne pouvons pas devenir des juges qui nient, rejettent, excluent. […] La prudence pastorale doit donc discerner correctement s’il existe des formes de bénédiction, demandées par une ou plusieurs personnes, qui ne véhiculent pas une conception erronée du mariage. En effet, lorsqu’on demande une bénédiction, on exprime une demande d’aide à Dieu, un appel à pouvoir mieux vivre, une confiance en un Père qui peut nous aider à mieux vivre. D’autre part, bien qu’il existe des situations qui, d’un point de vue objectif, ne sont pas moralement acceptables, la même charité pastorale nous demande de ne pas traiter simplement comme « pécheurs » d’autres personnes dont la culpabilité ou la responsabilité peuvent être atténuées par divers facteurs qui influencent l’imputabilité subjective.« 

– Ces déclarations sont-elles conformes à la foi de l’Eglise, dont on peut trouver un résumé dans le document du 3 juin 2003 de la Congrégation pour la doctrine de la foi.

– Ne faut-il pas distinguer protection et cohabitation ? La protection est normale, elle se situe dans le domaine de la discrimination. La cohabitation, ce n’est pas la même chose.

– Peut-on bénir une situation « moralement inacceptable » ? C’est-à-dire bénir (déclarer bon, bien) une situation qui est un mal ?

6. Sur la question de l’ordination des femmes

Début octobre 2023, toujours en réponse aux Dubia cités plus haut, à la question de savoir si l’ordination sacerdotale peut être conférée à des femmes (question déjà tranchée par l’Eglise de manière définitive par le pape Jean-Paul II ), François a répondu qu’« une doctrine claire et faisant autorité sur la nature exacte d’une « déclaration définitive » n’a pas encore été développée de manière exhaustive ».

  • Peut-on donner un autre sens aux mots « déclaration définitive » ? Proposer cette solution, n’est-ce pas reconnaître implicitement que cette vérité est si claire, qu’à moins de changer la nature de cette déclaration, on ne peut pas revenir dessus ?
  • Une telle déclaration est-elle compatible avec le sacrement de l’Ordre ? Rappelons qu’un sacrement est un signe visible d’une réalité invisible. Il est donc constitué de symboles qui doivent être signifiant. Dans le sacrement de l’ordination, le prêtre est lui-même le signe du Christ Epoux de l’Eglise, laquelle est l’épouse (Ephésiens 5,32). Sa masculinité est précisément signe de la présence du Christ Epoux. Le symbole choisi dans un sacrement fait partie de sa nature même et ne peut pas être changé, car c’est le Christ lui-même qui l’a institué ainsi. Ordonner une femme respecte-t-il cela ? L’Eglise a-t-elle le pouvoir de changer un sacrement ? Est-elle au-dessus du Christ ? Est-ce dénigrer la vocation de la femme, ou au contraire exalter ce qu’elle a d’unique et qui n’est pas de l’ordre d’un ministère mais bien plus grand ? Pierre était-il plus grand ou plus honoré que la Vierge Marie du fait de son ministère[6] ?
  • Ceci est-il conforme à ce qu’est l’Eglise ? Devons-nous promouvoir une égalité à tout prix ? Ou bien mettre en valeur la vocation de chacun ? Quelle est la nature de l’Eglise : avoir des membres tous identiques ? Ou être un corps constitué de plusieurs membres tous importants (1 Co 12,27) ?

7. Sur des choix pastoraux

On peut aussi s’interroger sur des choix pastoraux.

Par exemple, pourquoi montre-t-il une telle méfiance vis-à-vis des évêques fidèles à l’enseignement de l’Eglise, comme Mgr Strickland (dont nous allons publier dans les prochaines semaines les remarquables lettres pastorales) , mais se montre-t-il si peut actif avec les évêques allemands à la foi déviante (quelques critiques orales, guère plus, en tout cas pas une seule visite apostolique à ce sujet (la seule qui a eu lieu concernait un cas d’abus sexuel) ?

Ou bien pourquoi martèle-t-il d’un côté que l’Eglise est « pour tous » comme aux JMJ, et de l’autre repousse-t-il avec une virulence à peine dissimulée ceux qui sont attachés à la Tradition ?

 

B. Lecture de l’équilibre d’un texte

Les quelques point ci-dessus dessinent déjà quelques lignes importantes dans la pensée du pape, et à travers les thèmes qui lui sont chers, montrent l’horizon vers lequel il semble avoir l’intention de mener l’Eglise. Cela révèle des sous-bassement inquiétants pour la foi chrétienne : mise en avant de critères subjectifs de discernement, relativisation de la notion de péché (et donc travestissement de celle de la justice et de la miséricorde), relativisation de la nécessité de la conversion et de la pratique des vertus, adaptation possible des sacrements, relativisation de la religion catholique, de la vérité de la Révélation chrétienne, et donc de l’évangélisation qui ne peut plus consister en annonce directe laquelle serait prosélytisme, etc… Tout ceci est assez subtil, mais revient systématiquement dans tous les textes du pape François.

Prenons l’exemple de sa dernière lettre sur la petite Thérèse.

On peut relever par exemple les passages suivants, qui contiennent ses thèmes de prédilections, avec toujours cette manière de présenter une tendance en présentant son opposé de manière péjorative, sans toutefois aller clairement au bout de la pensée, le tout enveloppé par des passages très beaux en eux-mêmes si on ne regarde pas l’équilibre d’ensemble :

« Les dernières pages de l’Histoire d’une âme sont un testament missionnaire. Elles expriment sa manière de concevoir l’évangélisation par attraction, et non par pression ou prosélytisme. Il est intéressant de lire comment elle le résume : « Attirez-moi, nous courrons à l’odeur de vos parfums ». (n°10)

L’annonce est-elle du prosélytisme ? Thérèse ne voulait-elle pas partir fonder au Vietnam ? Ne s’est-elle pas sacrifiée pour ses frères missionnaires ?

« Cette même insistance de Thérèse sur l’initiative divine fait que, lorsqu’elle parle de L’Eucharistie, elle ne met pas en premier son désir de recevoir Jésus dans la sainte communion, mais le désir de Jésus de s’unir à nous et demeurer dans nos cœurs. » (n°22)

Il poursuit d’ailleurs par une phrase qui contredit directement ce qu’il vient d’écrire : « Dans l’Acte d’offrande à L’Amour Miséricordieux, souffrant de ne pouvoir recevoir la communion tous les jours, elle dit à Jésus : « Restez-en moi, comme au tabernacle ». » Par ailleurs, si on relit le récit que Thérèse fait de sa première communion, celui de son attente, de son désir et de sa préparation remplit 5 pages, avant la demi-page décrivant le moment lui-même. Cette affirmation serait donc à fortement nuancer… La pensée du pape dans cette affirmation serait-elle de dire : Si ce qui compte c’est le désir de Jésus de demeurer en nous, pourquoi empêcher certaines personnes (comme les divorcés-remariés) de le recevoir ?

« Si nous sommes entre les mains d’un Père qui nous aime sans limites, cela sera vrai en toutes circonstances, nous nous en sortirons quoi qu’il arrive et, d’une manière ou d’une autre, son plan d’amour et de plénitude se réalisera dans notre vie. » (n° 24)

Nous nous en sortirons quoi qu’il arrive ? Nous irons tous au paradis ? Même si nous ne voulons pas ?

« À un moment de complexité, elle peut nous aider à redécouvrir la simplicité, la primauté absolue de l’amour, la confiance et l’abandon, en dépassant une logique légaliste et moralisante qui remplit la vie chrétienne d’observances et de préceptes et fige la joie de l’Évangile. » (n°52)

L’observance des commandements fige-t-elle la joie de l’Evangile ? Faut-il les opposer ? L’amour n’est-il pas attentif à réaliser tous les désirs du bien-aimé ? « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera » (Jn 14, 23)…

 

C. Quelques réflexions sur des choix pastoraux et des positions politiques

Le pape François est aussi un homme qui manifeste assez clairement ses opinions politiques, qui « fait de la politique » en imposant sa vision politique au nom de la foi, dictant ce qu’il faudrait faire selon lui pour changer les choses comme sur la question des migrants. C’est très différent par exemple de l’attitude de Jean-Paul II qui s’attachait surtout à ne pas faire de politique bien que son annonce de l’Evangile ait eu des effets politiques majeurs.

Quelques exemples parmi d’autres :

  • On peut s’interroger sur sa proximité avec les milieux francs-maçons : nous mettons ici quelques articles à consulter à ce sujet.

Vatican Intelligence officer: I am a Freemason and so is Bergoglio

https://www.romait.it/bergoglio-da-napolitano-niente-segno-di-croce-ma-mano-sul-cuore-massonica.html

  • Le pape François promeut le mondialisme, le multicuturalisme, l’Union Européenne, et pourfend les « égoïsmes nationalistes » :

Article du journal Le point

Article de Radio Télévision Suisse

Article du Figaro

Article de BFMTV

Dans sa dernière exhortation apostolique laudate Deum, aux numéros 36, et 38 on lit ceci sur le mondialisme :

« Il reste regrettable que les opportunités créées par les crises mondiales soient perdues alors qu’elles seraient l’occasion d’apporter des changements salutaires. C’est ce qui s’est passé lors de la crise financière de 2007-2008, et qui s’est reproduit lors de la crise de la Covid-19. »

« À moyen terme, la mondialisation favorise les échanges culturels spontanés, une plus grande connaissance mutuelle et des chemins d’intégration des populations qui finissent par conduire à un multilatéralisme “d’en bas” et pas seulement décidé par les élites du pouvoir. »

Cela ne rappelle dit-il pas furieusement Klaus Schwab et son Great Reset (peut-on en effet parler du covid comme d’une opportunité sans s’y référer[7] ?)

  • Lors de la crise du covid, bien que n’ayant aucune compétences médicales, il a été l’un des plus fervents « apôtres » du vaccin. Avait-il à imposer cette opinion à l’Eglise ? Parler du vaccin comme d’un « acte d’amour » ? Faire frapper une pièce de monnaie au Vatican représentant une vaccination ? Participer au concert Vax Live, aux côtés d’Emmanuel Macron, Joe Biden, le Prince Harry (concert interdit aux non-vaccinés et financé par Global Citizen). Traiter de négationnistes les cardinaux qui ne voulaient pas se faire vacciner. Etc…

 

En conclusion…

A l’issue de ce petit parcours de réflexion, dont il faudrait détailler chaque point, l’objectif est surtout de susciter la réflexion et le discernement de chacun. N’ayons pas peur de rester « éveillés ». Le Christ nous a prévenus que le loup peut venir dans la bergerie déguisé en brebis. Cela n’a rien de surprenant. Le Dragon infernal a pour but d’usurper le trône de Dieu, et donc nécessairement, pour lui, l’ennemi à abattre, (puisqu’il ne peut plus atteindre le Christ enlevé dans la gloire), c’est l’Eglise (cf. Ap. 12). Il ne faut donc pas nous étonner que l’Eglise soit en proie à de grands combats, y compris au niveau du pape lui-même. Il ne s’agit évidemment pas de diaboliser la personne, mais reconnaître que de grands combats peuvent se jouer autour de lui et par lui n’est rien d’autre que du réalisme. Le Pape est sans doute attaqué par Satan plus que tout autre, et il nous faut beaucoup prier pour lui. Il ne faut pas s’étonner non plus que ce combat se fasse sous mode d’ambiguités, de manques de clarté. Si Satan veut prendre le pouvoir dans l’Eglise, il n’y arrivera pas de manière frontale, il faut donc qu’il louvoie patiemment.
Cependant, nous ne devons pas craindre, ni tomber dans le désespoir, car cela annonce la Bonne Nouvelle du Triomphe de l’Agneau qui approche ! Et dans sa Miséricorde, le Seigneur nous a donné en Marie, Mère de Dieu et Mère de l’Eglise, un refuge pour vivre cette fin des temps :

« Un grand signe apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles. Elle est enceinte, elle crie, dans les douleurs et la torture d’un enfantement. Un autre signe apparut dans le ciel : un grand dragon, rouge feu, avec sept têtes et dix cornes, et, sur chacune des sept têtes, un diadème. Sa queue, entraînant le tiers des étoiles du ciel, les précipita sur la terre. Le Dragon vint se poster devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer l’enfant dès sa naissance. Or, elle mit au monde un fils, un enfant mâle, celui qui sera le berger de toutes les nations, les conduisant avec un sceptre de fer. L’enfant fut enlevé jusqu’auprès de Dieu et de son Trône, et la Femme s’enfuit au désert, où Dieu lui a préparé une place, pour qu’elle y soit nourrie pendant mille deux cent soixante jours. Il y eut alors un combat dans le ciel : Michel, avec ses anges, dut combattre le Dragon. Le Dragon, lui aussi, combattait avec ses anges, mais il ne fut pas le plus fort ; pour eux désormais, nulle place dans le ciel. Oui, il fut rejeté, le grand Dragon, le Serpent des origines, celui qu’on nomme Diable et Satan, le séducteur du monde entier. Il fut jeté sur la terre, et ses anges furent jetés avec lui. Alors j’entendis dans le ciel une voix forte, qui proclamait : « Maintenant voici le salut, la puissance et le règne de notre Dieu, voici le pouvoir de son Christ ! Car il est rejeté, l’accusateur de nos frères, lui qui les accusait, jour et nuit, devant notre Dieu. Eux-mêmes l’ont vaincu par le sang de l’Agneau, par la parole dont ils furent les témoins ; détachés de leur propre vie, ils sont allés jusqu’à mourir. Cieux, soyez donc dans la joie, et vous qui avez aux cieux votre demeure ! Malheur à la terre et à la mer : le diable est descendu vers vous, plein d’une grande fureur ; il sait qu’il lui reste peu de temps. » Et quand le Dragon vit qu’il était jeté sur la terre, il se mit à poursuivre la Femme qui avait mis au monde l’enfant mâle. Alors furent données à la Femme les deux ailes du grand aigle pour qu’elle s’envole au désert, à la place où elle doit être nourrie pour un temps, deux temps et la moitié d’un temps, loin de la présence du Serpent. Puis, de sa gueule, le Serpent projeta derrière la Femme de l’eau comme un fleuve, pour qu’elle soit emportée par ce fleuve. Mais la terre vint au secours de la Femme : la terre ouvrit la bouche et engloutit le fleuve projeté par la gueule du Dragon. Alors le Dragon se mit en colère contre la Femme, il partit faire la guerre au reste de sa descendance, ceux qui observent les commandements de Dieu et gardent le témoignage de Jésus. » (Apocalypse chapitre 12)

« Oui, je viens sans tarder. » – Amen ! Viens, Seigneur Jésus ! » (Ap. 22,20)

Marie-Jacinta

 

[1] Concile Vatican II, constitution dogmatique « Lumen Gentium », n° 12.

[2] «La Sainte Écriture est la parole de Dieu en tant que, sous l’inspiration de l’Esprit divin, elle est consignée par écrit. Quant à la sainte Tradition, elle porte la parole de Dieu, confiée par le Christ Seigneur et par l’Esprit Saint aux apôtres, et la transmet intégralement à leurs successeurs, pour que, illuminés par l’Esprit de vérité, en la prêchant, ils la gardent, l’exposent et la répandent avec fidélité» (DV 9). Il en résulte que l’Église à laquelle est confiée la transmission et l’interprétation de la Révélation, «ne tire pas de la seule Écriture Sainte sa certitude sur tous les points de la Révélation. C’est pourquoi l’une et l’autre doivent être reçues et vénérées avec égal sentiment d’amour et de respect» (Catéchisme de l’Eglise catholique n° 81 et 82).

[3] Du grec ancien αἵρεσις , haíresis : « action de prendre, choix » : il s’agit de prendre certaines vérités de l’Evangile, et d’en occulter d’autres.

[4] Le cardinal Müller, ancien Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, a donné une interview à LifeSiteNews.com le 25 octobre au sujet du synode qui s’achève. Il a déclaré qu’un « agenda » était visible dans « tout » : concernant la « bénédiction de la sexualité extraconjugale, avant et en dehors du mariage, le diaconat et l’ordination sacerdotale des femmes, l’aplanissement des différences entre les prêtres, les évêques et les laïcs ». Un « appel à l’harmonie » a été utilisé pour étouffer toute critique de ce programme et pour clouer au pilori les critiques en tant que « rigoristes », « traditionalistes » et « cléricalistes ».

[5] Les quatre cardinaux – Raymond L. Burke, Walter Brandmuller, Carlo Caffara et Joachim Meisner – ont formellement exprimé au pape François cinq « Dubia » (doutes), concernant entre autre la question très débattue de la communion pour les divorcés remariés.

[6] «  Malgré l’importance du ministère de Pierre, Marie est plus décisive que lui pour l’avenir de l’Eglise. Et les femmes ont fait et font plus pour la vitalité de l’Eglise et son rayonnement que beaucoup d’évêques et de papes. Presque personne ne sait qui était l’évêque de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus… Mais des millions de nos contemporains ont été touchés par la grâce de la Sainte de Lisieux ! La sainteté est plus décisive que le ministère épiscopal, même si celui-ci est indispensable. Il est plus important d’être saint que d’être laïc, consacré, diacre, prêtre, évêque ou pape. Marie est plus importante que Pierre, même s’il est un roc précieux pour la foi. » Mgr André-Mutien Léonard,  Le cœur de la foi chrétienne, éditions de l’Emmanuel , 2003, p. 70.

[7] Klaus Schwab écrit dans ce livre : La pandémie de Covid-19 « représente une fenêtre d’opportunité rare mais étroite pour réfléchir, réimaginer et réinitialiser notre monde ».




Elle sait l’Evangile par Coeur

Elle sait l’Evangile par coeur… (Dessin de Marie-Jacinta, d’après la Pieta de Michel-Ange

 




Lire et Comprendre les signes des temps

« Vous êtes dans les derniers temps », nous répète Marie dans toutes les dernières apparitions. Comment comprendre ce que cela signifie ? Selon le dessein bienveillant de Dieu, l’histoire sur terre n’est pas un éternel recommencement, mais elle se déroule avec pour unique but le salut des hommes après la chute originelle. Elle a donc un début : « Au commencement » (Gn 1,1 ; Jn 1,1) ; une apogée, dans l’Incarnation du Verbe: « Quand vint la plénitude du temps, Dieu envoya son Fils, né d’une femme, né sujet de la Loi, afin de racheter les sujets de la Loi, afin de nous conférer l’adoption filiale » (Ga 4, 4). Alors, « tout est accompli », et avec l’Ascension de Jésus commencent les derniers temps. Puis tout s’achèvera enfin avec l’avènement glorieux du Christ, qui « est imminent (cf. Ap 22, 20) même s’il ne nous  » appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa seule autorité  » (Ac 1, 7 ; cf. Mc 13, 32). Cet avènement eschatologique peut s’accomplir à tout moment (cf. Mt 24, 44 ; 1 Th 5, 2) même s’il est  » retenu « , lui et l’épreuve finale qui le précédera (cf. 2 Th 2, 3-12). »[1]

Actuellement, nous sommes « déjà à  » la dernière heure  » (1 Jn 2, 18 ; cf. 1 P 4, 7).  » Ainsi donc déjà les derniers temps sont arrivés pour nous. »[2] « Le Christ a affirmé avant son Ascension que ce n’était pas encore l’heure de l’établissement glorieux du Royaume messianique attendu par Israël (cf. Ac 1, 6-7) qui devait apporter à tous les hommes, selon les prophètes (cf. Is 11, 1-9), l’ordre définitif de la justice, de l’amour et de la paix. Le temps présent est, selon le Seigneur, le temps de l’Esprit et du témoignage (cf. Ac 1, 8), mais c’est aussi un temps encore marqué par la  » détresse  » (1 Co 7, 26) et l’épreuve du mal (cf. Ep 5, 16) qui n’épargne pas l’Église (cf. 1 P 4, 17) et inaugure les combats des derniers jours (cf. 1 Jn 2, 18 ; 4, 3 ; 1 Tm 4, 1). C’est un temps d’attente et de veille (cf. Mt 25, 1. 13 ; Mc 13, 33-37). » (CEC 672). « Pour cette raison les chrétiens prient, surtout dans l’Eucharistie (cf. 1 Co 11, 26), pour hâter le retour du Christ (cf. 2 P 3, 11-12) en lui disant :  » Viens, Seigneur Jésus ! » (1 Co 16, 22 ; Ap 22, 17. 20). »[3] Ces derniers temps durent autant que le juge bon la Miséricorde de Dieu attendant le retour de ces enfants.

Mais nous savons que ces derniers temps s’achèveront par un ultime combat entre les ténèbres et la lumière, car le Dragon veut détruire l’œuvre de Dieu pour s’emparer de tout pouvoir. En cela, son ennemi principal, c’est bel et bien l’Eglise, qui continue à répandre la vie de Dieu dans le cœur des Hommes. C’est ce que nous dit Saint Jean dans Apocalypse 12,17 : « alors le dragon se mit en colère contre la Femme, il parti faire la guerre au reste de sa descendance, ceux qui observent les commandements de Dieu et gardent le témoignage de Jésus. » C’est pourquoi, « avant l’avènement du Christ, l’Église doit passer par une épreuve finale qui ébranlera la foi de nombreux croyants (cf. Lc 18, 8 ; Mt 24, 12). La persécution qui accompagne son pèlerinage sur la terre (cf. Lc 21, 12 ; Jn 15, 19-20) dévoilera le  » mystère d’iniquité  » sous la forme d’une imposture religieuse apportant aux hommes une solution apparente à leurs problèmes au prix de l’apostasie de la vérité. L’imposture religieuse suprême est celle de l’Anti-Christ, c’est-à-dire celle d’un pseudo-messianisme où l’homme se glorifie lui-même à la place de Dieu et de son Messie venu dans la chair (cf. 2 Th 2, 4-12 ; 1 Th 5, 2-3 ; 2 Jn 7 ; 1 Jn 2, 18. 22). »[4]

Le Seigneur ne nous a pas laissé dans l’ignorance de ces évènements. C’est pourquoi il nous faut lire et relire les évangiles eschatologiques, et le livre de l’Apocalypse, qui nous décrivent ce qui doit arriver, l’avènement de l’Antéchrist et du Faux Prophète qui usurperont le Trône de l’Eglise, l’Abomination de la désolation (Dn 12,11) dans le sanctuaire ; mais aussi des signes sur la terre et dans le ciel (Ap 16,18) : fracas, coups de tonnerre, tremblement de terres ; le châtiment et la purification (Mt 24 ; Ap. 8) ; mais tout ceci aboutira à la fin des temps (Ap.20) avec la victoire du Fils de l’Homme, la nouvelle Pentecôte et la civilisation de l’amour prophétisée par St Jean-Paul II (2 P 3, 13). C’est pourquoi nous ne devons pas avoir peur face au déferlement actuel des ténèbres, et savoir les interpréter nous aidera à trouver la juste attitude d’espérance : « Quand ces choses commenceront à arriver, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption est proche ! » (Lc 21, 28).

Ainsi, le Seigneur nous invite à lire les signes des temps, pour nous tenir prêt : « Or, que le figuier vous instruise par cette similitude : dès que ses rameaux sont devenus tendres, et qu’il pousse des feuilles, vous connaissez que l’été est proche. De même vous aussi, quand vous verrez toutes ces choses, sachez qu’il est proche, à la porte » (Mt 24, 32-33). Mais comme l’affirme Benoît XVI : « Les discours eschatologiques de Jésus doivent être considérés comme le texte le plus difficile des Evangiles. »[5] Leur contenu est complexe, fait d’annonces et d’évènements qui se sont peut-être déjà produits ou se mêlent à des évènements à venir. C’est pourquoi, après avoir envoyé les prophètes avant l’Incarnation de Jésus, Dieu nous envoie maintenant Marie dans ses apparitions comme Prophète pour aujourd’hui, pour nous éclairer et nous aider à vivre ces temps eschatologiques. Et c’est pourquoi il est si important de l’écouter. Inséparable de l’Eglise dont Elle est la Mère, Elle est le signe grandiose apparut au ciel : « une Femme ! Le soleil l’enveloppe, la lune est sous ses peids et douze étoiles couronnent sa tête ». (Ap12, 1)

Alors, à la lumière des Ecritures, de l’interprétation que nous en donne l’Eglise dans sa Tradition, et des lumières données par Marie pour comprendre la situation actuelle, nous sommes plus à même d’observer les signes des temps et de comprendre en quoi ils correspondent à tout ce qui a été prophétisé et au déroulement du plan du salut. Il ne s’agit pas de curiosité, de savoir pour savoir, mais de nous tenir éveillés et prêts, afin que nous ne soyons pas pris au dépourvu, pour notre salut.

« L’aspect de la terre et du ciel, vous savez le juger ; mais le temps où nous sommes, pourquoi ne savez-vous pas le juger ? » (Lc 12, 54-56). Pour répondre à ce conseil du Seigneur Jésus, nous partagerons donc sur ces pages quelques informations et actualités, lorsqu’elles entrent en résonnance avec les évènements eschatologiques annoncés, et en constituent, à leur mesure, une réalisation.

 

M+Jacinta

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Notes

[1] Catéchisme de l’Eglise catholique n°673.

[2] Catéchisme de l’Eglise catholique n°670.

[3] Catéchisme de l’Eglise catholique n°671.

[4] Catéchisme de l’Eglise catholique n°675.

[5] Benoit XVI, Jésus de Nazareth, volume 2, Ed. du Rocher, Monaco.




Pourquoi et comment s’intéresser aux Révélations privées ?

De même que Dieu a envoyé St Jean-Baptiste préparer le chemin de son Fils à la plénitude des temps, en ces temps qui sont les derniers, il nous envoie la Vierge Marie dans ses apparitions comme Prophète pour aujourd’hui, pour nous éclairer et nous aider à vivre ces temps eschatologiques, et nous préparer à l’avènement du Christ dans la Gloire. Mgr Aillet, dans la préface du livre « Je viens vous préparer »[1] de Damian Sanchez, résume admirablement cette mission de la Vierge Marie :

«  La Vierge Marie vient visiter la terre pour appeler les hommes avec insistance à se détourner de leurs infidélités et à revenir à Dieu de tout leur cœur. Dans le droit fil du prophétisme d’Israël, Elle les avertit qu’ils auront à subir des « châtiments » s’ils ne se convertissent pas. On peut dire que cet appel à la conversion, qui constitue l’essentiel de la prédication de Jésus (Mc 1, 14-15) est l’expression même de la Miséricorde de Dieu. […] Ce qui n’est certes pas incompatible avec les annonces d’évènements douloureux que comportent les messages de Notre-Dame, même si elles heurtent la mentalité anesthésiée de notre époque. Les épreuves annoncées, qui s’abattent sur nous et sur les nations, doivent en effet être comprises comme les avertissements d’un Père qui aime ses enfants et veut leur éviter la damnation éternelle. […]

Avec ces avertissements, la Vierge Marie s’inscrit dans la perspective de la fin des temps où, selon la vision de St Jean dans l’Apocalypse (Ap 13, 6-8 ; 13-14), on connaîtra une grande confusion avec l’avènement de « l’Antéchrist » et du « faux prophète ». L’Eglise passera par des tribulations et le « Mystère d’iniquité » éclatera sous la forme d’une « imposture religieuse » et de « l’apostasie de la vérité » (Catéchisme de l’Eglise catholique 675). Ce déchainement des puissances du Mal se conclura par la victoire définitive de Dieu (cf. CEC 677). A Fatima, la Vierge Marie apparaît clairement comme la Femme de l’Apocalypse : « Un grand signe apparut au Ciel : une Femme ! le soleil l’enveloppe, la lune est sous ses pieds, et douze étoiles couronnent sa tête » (Ap 12, 1). Le miracle du soleil, vu par une foule de témoins, accompagnant sa dernière apparition, le 13 octobre 1917 en est l’éclatante confirmation. C’est le combat eschatologique entre la Femme et le Dragon qui aboutira à la victoire finale du Christ en Marie (cf. Ap 12, 1-17). A Fatima, Marie annonce ce bel épilogue : « A la fin, mon Cœur Immaculé triomphera ».

Nous nous intéresserons dans cette section du site particulièrement aux apparitions qui revêtent une dimension eschatologique, et qui sont ou bien reconnues par l’Eglise ou bien suivies et en attente d’un jugement définitif.

Beaucoup de chrétiens sont frileux face aux apparitions. Est-ce par peur d’être dérangé dans leur « train-train » religieux ? Peur des évènements prophétisés ? Crainte de se tromper ? Précisons donc quelques points pour une attitude chrétienne juste face à ces « révélations privées », pour comprendre comment discerner, et l’importance de les accueillir.

L’Eglise est toujours prudente face aux apparitions, ce qui est légitime, car il faut discerner ce qui vient de Dieu, ou non. C’est l’évêque du lieu qui est chargé de l’enquête, et de sa conclusion. Trois sont possibles :

Constat de supernaturalité : lorsque le caractère surnaturel de l’apparition est prouvé, et que l’on affirme donc que la Vierge est bien apparue en ce lieu. C’est le cas par exemple de Lourdes, Fatima, Pontmain, Le Laus, et bien d’autres.

Non constat de supernaturalité : lorsque le caractère surnaturel n’est pas encore prouvé. L’expression peut prêter à confusion, il est important donc de préciser qu’elle n’affirme pas et ne nie pas non plus le caractère surnaturel ; mais il n’y a pas encore assez de preuves pour donner un avis définitif : soit parce que les évènements sont encore en cours, soit parce qu’un fort aspect prophétique nécessite d’attendre pour voir si les prophéties se réalisent, etc… L’Eglise laisse donc la porte ouverte. C’est le cas par exemple de l’Escorial, de Garabandal, etc… Les chrétiens en tout cas, ne sont nullement empêchés d’y être attentifs et de s’y intéresser. Rappelons que c’est le cas par exemple dans des lieux comme la Rue du Bac (ou Jean-Paul II s’est rendu), que ce fut longtemps le cas de Notre-Dame du Laus, etc…

Constat de non supernaturalité : lorsqu’il est vérifié qu’il n’y a pas d’origine surnaturelle et que la Vierge n’est pas apparue dans ce lieu. Ce jugement est définitif.

On entend souvent dire (même d’ecclésiastiques) qu’il ne s’agit « que » de révélations privées, que ce serait donc facultatif et sans grande importance. Bien sûr, cela ne se situe pas au même plan que la Révélation accomplie par l’Incarnation du Verbe, et transmise dans l’Ecriture et dans la Tradition. Il est bien clair que les révélations « privées » n’apportent rien de plus sur ce plan là. Pourtant, est-ce à dire que c’est négligeable ? Si le Seigneur juge bon de nous envoyer et donner encore sa Mère pour nous éclairer, nous protéger, nous conduire ; si elle prend la peine de venir, qui sommes-nous pour mépriser cela et refuser d’écouter ? N’est-ce pas cela qui la fait tant pleurer (Cf. à La Salette) ? Marie ne vient pas juste nous dire un petit bonjour en passant, elle a un message important à nous donner, et quelle responsabilité si nous n’écoutons pas, si nous ne prenons pas ses avertissements au sérieux ! A Fatima, elle avait demandé des choses très simples pour éviter la deuxième guerre mondiale (la consécration à son Cœur, les premiers samedis du mois) : qu’avons-nous fait de son appel ? Combien de morts auraient pu être évités si nous avions fait ce qu’elle demandait ! Et en plus, nous sommes encore capables ensuite de dire face à cela que si Dieu existait, il ne permettrait pas la guerre ! Alors que c’est à nous que nous devrions nous en prendre…

A l’Escorial, Marie disait : « J’apparais où je veux et quand je veux. Tous ceux qui prétendent que ce n’est pas possible, qui sont-ils pour me dire quand et où je dois me manifester ? Je vous préviens, mes enfants, comme une mère avertit son enfant lorsqu’il court un grave danger » (L’Escorial, 20 mai 1984).

A nous donc d’accueillir ces visitations de la Vierge Marie, non pour l’anecdote ou le sensationnel, mais pour vivre vraiment son message et faire ce qu’elle nous demande. Ses messages nous renvoient d’ailleurs à l’Evangile du Seigneur qu’elle actualise en quelque sorte… Car c’est le même message dans toutes les apparitions, qui se complète et est mis en lumière sous différentes facettes selon les lieux et leur culture, les circonstances, l’histoire, pour rejoindre tous les hommes ; c’est pourquoi il y a autant d’apparitions, spécialement ces 2 derniers siècles qui nous rapprochent de la Fin des temps. Cela ne veut pas dire donc qu’on doit les connaître toutes et passer sa vie à courir après, ce qui serait impossible et nous détournerait finalement du but principal ; mais que nous devons vivre sérieusement les appels de Marie.

Mettons-nous donc à l’écoute de la Reine des prophètes, pour nous laisser guider par elle, pour répondre à son appel de participer à notre mesure aux combats des derniers temps, en étant humblement ce « talon » (cf. Gn 3) de Marie qui écrasera la tête du Serpent…

M+Jacinta

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Notes

[1] Damian Sanchez, Je viens vous préparer, Apparitions et messages de la Vierge Marie pour notre époque, à la lumière des Saintes Ecritures, éditions du Parvis, 2021.