Méditation sur l’icône de « Marie, Refuge des derniers temps » (2) : quelques clefs d’entrée dans le livre de l’Apocalypse.

Ainsi, en prenant une certaine hauteur, on peut « proposer » quelques clefs d’entrée du livre prophétique de l’Apocalypse qui, redisons-le, est l’annonce d’une « Révélation » finale qui s’offre à notre intelligence de la foi. Il semble donc que trois visions fondamentales dominent le récit de l’Apôtre Jean :

1 – La vision préparatoire du Christ glorieux et les 7 Eglises : Ap 1 à Ap 3

D’abord cette annonce où la fraternelle douceur et la foi puissante de l’Apôtre bien-aimé se laisse deviner : « Moi, Jean, votre frère et votre compagnon dans l’épreuve, la royauté et la constance, en Jésus ! Je me trouvais dans l’île de Patmos à cause de la Parole de Dieu et du témoignage de Jésus. Je tombai en extase, le Jour du Seigneur, et j’entendis derrière moi une voix clamer, comme une trompette : « Ce que tu vois, écris-le dans un livre pour l’envoyer aux sept Eglises… » (Ap 1,9-11)

Et puis survient la vision éblouissante du « Fils de l’homme » : « Son visage, c’est comme le soleil qui brille dans tout son éclat !… A sa vue, je tombai à ses pieds comme mort ; mais il posa sur moi sa main droite en disant : « Ne crains pas, je suis le Premier et le Dernier, le Vivant ; je fus mort et me voici vivant pour les siècles des siècles, détenant la clef de la Mort et de l’Hadès. Ecris donc ce que tu as vu : le présent et ce qui doit arriver plus tard… » (Ap 1,16-19). Car Il est l’Agneau qui va briser les sept sceaux (Ap 4 à Ap 8).

2 – La vision de la Femme et du Dragon :  Ap 12,1-17

Ce chapitre 12 est en quelque sorte le chapitre-Cœur : « l’un des plus centraux de L’Apocalypse, de par l’importance de son contenu. En regard des chapitres précédents ou suivants, il apparaît comme autonome, bien qu’il soit, bien sûr, inclus dans le contexte général. Il comporte une série d’images essentielles se rapportant aux destinées du monde[1]

En effet, tout commence par le « signe grandiose apparut au ciel : une Femme ! » (Ap, 12,1). Cette « Femme » est à la fois Marie et l’Eglise liées à jamais pour engendrer le mystère du Christ dans l’humanité : « Elle est enceinte et crie dans les douleurs et le travail de l’enfantement » face à « l’énorme Dragon rouge feu… qui s’apprête à dévorer son enfant… » (Ap 12,3-4). Mais l’Enfant-Dieu est vainqueur sur la Croix du salut et « Il fut enlevé jusqu’auprès de Dieu et de son Trône ! » (Ap 12,5) : Jean évoque ici le mystère de l’Ascension du Seigneur, d’une manière différente des Evangiles. Il garde le mot « enfant » comme si ce Mystère d’élévation était celui du plus « Petit » qui est resté jusqu’au bout sans défense : « L’Agneau de Dieu[2] ! » Telle est la victoire cachée de Jésus sur la Croix ! Car ici-bas, pas d’autre triomphe que l’amour blessé…

Une Femme enveloppée par le Soleil !

Ainsi, ce chapitre 12 fonde la foi en Jésus des enfants de Dieu à travers le mystère d’une « Femme » où se profile à la fois la Vierge et l’Eglise : « Le soleil l’enveloppe, la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête !… » Cette Femme est d’abord « enveloppée par le soleil », c’est-à-dire transparente et rayonnante de la Lumière de l’Agneau, Soleil divin de la miséricorde infinie de Dieu ! En la Mère de Jésus s’accomplit en plénitude la victoire du Christ sur le péché et sur la mort : son Immaculée Conception en est le fruit suprême ! Et dans la foi, l’espérance, l’amour et l’humilité de Marie, « pleine de grâce » (Lc 1,28), l’Eglise marche dans la voie d’enfance mariale et espère cette sainteté qui, seule, ouvre les portes du Ciel par une victoire finale sur les ténèbres ! C’est pourquoi la Femme écrase la tête du Dragon car « la lune est sous ses pieds ». Et les « douze étoiles qui couronnent sa tête » (Ap 12,1) annoncent que sa victoire finale est inéluctable, confirmant la prophétie centrale de ses Apparitions à Fatima : « A la fin, mon Cœur Immaculé triomphera ! »

C’est ici que l’interprétation de l’Icône prend tout son sens : Jean a peu à peu découvert à travers l’édification de l’Eglise primitive que cette Eglise est en réalité déjà portée et protégée par la prière et l’intercession de Celle qui en est la Mère… Le Pape Saint Paul VI le confirme magnifiquement : « le signe grandiose que Saint Jean vit dans le ciel : une Femme enveloppée de soleil, la liturgie l’interprète, non sans fondement, comme se rapportant à la très Sainte Vierge Marie, Mère de tous les hommes par la grâce du Christ Rédempteur… et nous exhortons tous les fils de l’Eglise à renouveler personnellement leur propre consécration au Cœur Immaculé de la Mère de l’Eglise[3] ! »

En cette extrême fin des temps, il nous faut être plus que jamais enveloppés dans ce Cœur de la Mère par la fidélité au saint Rosaire, une vie sacramentelle intense et une attention fraternelle renouvelée par l’Esprit-Saint. Le « Voici ta Mère ! » du Sauveur (Jn 19,27) résonne aujourd’hui à la puissance mille pour traverser en sécurité l’incendie mondial du péché normalisé : La déchéance post-moderne nous soumet à la déferlante du Mal où l’humanité devient du consommable à tous les âges et à toutes les étapes de la société ! Mais si nous nous tournons chaque jour vers Marie par le Rosaire, ce sera un 13 mai permanent[4] ! Nous permettrons à la Vierge d’étendre sur nos vies « sa main protectrice » qui arrêtera toutes les balles mortelles d’une civilisation décadente dominée par le pouvoir transitoire de la Bête[5]

La Femme s’envole au Refuge du désert…

C’est ici que le chapitre 12 de l’Apocalypse insiste par deux fois sur la fuite au désert : « La Femme s’enfuyait au désert, où Dieu lui a ménagé un refuge pour qu’elle y soit nourrie mille deux cent soixante jours. » (Ap 12,6). Et plus loin, cet autre passage encore plus explicite : « Le Dragon se lança à la poursuite de la Femme, la Mère de l’Enfant-mâle. Mais elle reçut les deux ailes du grand Aigle pour voler au désert jusqu’au Refuge où, loin du Serpent, elle doit être nourrie, un temps et des temps et la moitié d’un temps. » (Ap 12,13-14). Ainsi, le mystère du désert si présent dans la Bible est autant le lieu de l’intimité avec Dieu (Ex 19,1-25) que le lieu de l’épreuve ! (Ex 32,1-35). Mais ici, on est plus proche de l’expérience d’Elie au torrent de Kérith, où Dieu veille sur la sécurité et la nourriture du Père des prophètes. (1 R 17,1-6). Il se manifestera à lui plus tard à l’Horeb dans la « brise légère » (1 R 19,1-14) où l’on peut deviner le « passage » de l’Esprit Saint !

Alors, comment ne pas penser ici à la fuite de Marie, protégée par Jean, vers les hauteurs d’Ephèse[6] ? Elle est déjà le mystère de la Femme, « Refuge » de la bienveillance de Dieu pour l’Eglise, car « au désert, Dieu lui a ménagé un refuge pour qu’elle y soit nourrie… » (Ap 12,14). Alors, en faisant un bond vers la fin des temps, on voit combien le Cœur de Marie est devenu ce « Refuge » comme Elle l’affirme clairement à Lucie de Fatima : « Ne te décourage pas, je ne t’abandonnerai jamais ! Mon Cœur Immaculé sera ton Refuge et le Chemin qui te conduira jusqu’à Dieu[7]… » Cette Parole de la Vierge révèle la tendresse sans fond de son Cœur pour chacun de nous à travers le mystère de l’Eglise. Car rien n’arrête l’élan maternel de son Cœur Immaculé : ni nos péchés répétés ou les horreurs de nos vies, ni notre orgueil caché à nos yeux aveugles, ni la dureté de nos cœurs : nous pourrions être sur le chemin de l’Enfer éternel, loin de Dieu et révoltés contre tout !… Si nous crions « Marie » comme notre ultime espoir ! Elle viendra vers nous et nous enveloppera de sa tendresse ! Elle nous sauvera de la désespérance car c’est le sens perpétuel de ses Apparitions : être proche de nous à chaque instant car Son Cœur est l’ultime Refuge !

Marie est la sécurité des humbles !

On peut tous se reprocher d’avoir si souvent tourné le dos à la miséricorde de Jésus et la tendresse de Marie. Mais qui comprendra l’inépuisable patience et douceur de notre Mère envoyée par Jésus ? Un seul cri d’enfant « perdu » vers Elle et Elle vient ! La folle bonté de son Cœur est inimaginable ! Et nous n’épuiserons jamais l’immense abîme de ses entrailles qui s’est ouvert au pied de la Croix par la Parole du Verbe fait chair… Ce mystère s’adresse désormais à chacun de nous[8] : « Voici ta Mère ! » (Jn 19,27). Sa maternelle douceur est insondable : Dieu seul la connaît ! Elle nous est pourtant offerte à chaque instant…

Il nous est donc urgent d’ouvrir la porte de la « sécurité des humbles ».  Certes, nous sommes encore faibles et nul n’est à l’abri de tomber. Mais si nous faisons confiance à la Vierge, elle nous évitera les chutes fatales d’un ennemi principal caché en nous : cet orgueil qui nous pousse à désespérer en refusant les bras de la Miséricorde. Regardons l’Evangile en vérité : « Pierre et Paul sont les colonnes de l’Eglise ; l’un a trahi, l’autre a persécuté… mais il y a une seule catégorie de gens préservés de ce danger, ce sont ceux qui ressemblent à la Sainte Vierge par leur innocence et leur humilité. S’ils évitent les catastrophes, c’est justement parce qu’ils sont convaincus d’être capables du pire par eux-mêmes, alors ils s’enfoncent dans la petitesse des enfants avec une telle profondeur que Dieu les tient à l’abri dans le creux du rocher… C’est la sécurité des humbles, des gens qui ne se croient pas plus fort que la tempête[9]… »

3 – La Jérusalem céleste et le Fleuve de cristal : Apocalypse 21 et 22

A suivre…

 

 

[1] Serge Boulgakov, L’Apocalypse de Jean, Parole et silence, 2014, p.107.

[2] Dans le livre de l’Apocalypse, le mot « Agneau » revient une trentaine de fois.

[3] Saint Paul VI, Exhortation apostolique Signum Magnum, Sur la vénération et l’imitation de Marie, 13 mai 1967.

[4] 13 mai 1981 : Jour de l’attentat contre Jean-Paul II où la main de Marie l’a protégé…

[5] Dans le livre de l’Apocalypse, la Bête reçoit son pouvoir du Dragon (Ap 13,1-10). En gardant la prudence dans l’interprétation de ce livre mystérieux mais offert à notre « intelligence de la foi », il faut relire et méditer régulièrement les chapitres 12-13 et 14 pour mieux saisir l’extrême fin des temps dangereuse où nous entrons… En référence à Ap 12,7-12, confions-nous chaque jour à la protection de Saint Michel Archange : « Prince de la Milice céleste, Vainqueur de Satan, Terreur des démons et Gardien de l’Eglise ! » (Litanies de St Michel) ainsi qu’à nos saints Anges gardiens…

[6] Pour en savoir plus à ce sujet, voir le livre : La Maison de Marie à Ephèse, Extraits du journal du Père Eugène Poulin, Pierre Tequi éditeur, 2006.

[7] Fatima, 2° Apparition, 13 juin 1917.

[8] « Le contexte scripturaire et le caractère singulier de l’appellation « Femme » semblent indiquer que l’Evangéliste voit ici un acte qui dépasse la simple piété filiale : la proclamation de la maternité spirituelle de Marie, nouvelle Eve, à l’égard des croyants représentés par le disciple bien-aimé. » (Note de la Bible de Jérusalem, Edition 1973 – 1991).

[9] Marie-Dominique Molinié, Qui comprendra le Cœur de Dieu, Saint Paul, 1994, p.89-90.




Méditation sur l’icône de « Marie, Refuge des derniers temps » (1)

Introduction

L’Icône de la Mère de Dieu du « Refuge » écrite par Marie-Jacinta s’inspire d’une iconographie très rare qui représente la Mère de Dieu confiée à l’Apôtre Jean après la mort de Jésus comme le relate le Saint Evangile :

« Près de la Croix de Jésus se tenait sa Mère… Voyant sa Mère, et près d’elle le disciple qu’Il aimait, Jésus dit à sa Mère : « Femme, voici ton Fils ! » Puis Il dit au disciple : « Voici ta Mère ! » Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui… » (Jn 19,25-27).

Par les paroles créatrices du Verbe fait chair (Jn 1,14), le mystère de la Mère de Dieu s’ouvre sur un autre, non moins bouleversant : Elle devient à travers Jean, son premier enfant, la « Mère des hommes »… cela ouvre un immense horizon, même si elle l’a vécu ensuite dans le silence de l’humilité priante sur les hauteurs d’Ephèse : La Vierge Marie est devenue ma Mère ! Cela se dessinait déjà à sa « Visitation » où Elisabeth a cette parole prophétique qui laisse deviner sa future mission universelle : « Et comment m’est-il donné que la Mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » Cette parole révèle la tendresse que notre Mère aura pour moi et chaque enfant de Dieu comme elle le laisse aussi deviner dans son Magnificat : « désormais, toutes les générations me diront bienheureuse, car le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses… sa miséricorde s’étend d’âge en âge ! » (Lc 1,48-50).

Il faut à l’évidence bien saisir ici que « depuis le temps où le disciple la prit « chez lui », le mystère de la maternité spirituelle de Marie a eu son accomplissement dans l’histoire avec une ampleur sans limites… car lorsque Jésus dit sur la Croix : « Femme, voici ton fils ! », il ouvrit d’une manière toute nouvelle le Cœur de sa Mère… Marie est Mère de tous les hommes et son empressement pour la vie de l’homme est de portée universelle[1]… Elle est « l’Omnipotentia supplex » : la toute-puissance suppliante et la prière de l’Eglise est comme « portée » par la prière de Marie[2] ! »

Ainsi, dans l’Icône initiale qui a inspiré Marie-Jacinta, la sagesse iconographique a voulu évoquer l’événement devenu comme intemporel où « la Vierge et Saint Jean l’Evangéliste sont représentés comme s’ils étaient encore au pied de la Croix et écoutaient les dernières paroles de Jésus… Jean est légèrement incliné vers la Vierge, mais il regarde le spectateur, comme s’il voulait l’associer à la lourde responsabilité qui pèse sur lui : accueillir chez lui la Théotokos, la Mère de Dieu[3]… »

L’inspiration de l’Icône « écrite » par Marie-Jacinta est née d’un vécu : le mystère de la relation unique entre la Théotokos et Jean contemplé à travers ces lieux chargés de sens prophétique et de lumineuse beauté que sont Ephèse et Patmos… Là, inoubliable contemplation silencieuse de ces paysages d’une splendeur presque intemporelle où les regards de la Vierge et de Jean se sont longuement posés, et si souvent croisés de près ou de loin… Là, une partie de nos cœurs est restée et nous inspire toujours dans notre vécu quotidien où domine le silence.

Et si la prière habite le cœur, on découvre en ces lieux l’humble Présence de la Mère au Cœur immense : Celle qui a enfanté Jean à la contemplation de la fin des temps qui résonne en son Apocalypse[4] ! N’est-il pas le livre biblique le plus mystérieux et le plus troublant ? L’écrit final sacré qui vient clore toute la Bible ? C’est ici qu’Il faut entrer dans le sens premier de « l’Apocalypse » qui signifie « Révélation[5] » en n’oubliant jamais que cette Révélation se déploie dans les sinuosités troublantes de l’histoire. C’est sans doute pourquoi, dès le prologue, l’Apôtre Jean commence par une « béatitude[6] » qui nous invite à l’espérance : « Heureux celui qui lit ce livre et écoute les paroles de la prophétie en les gardant, car le temps est proche ! » (Ap 1,3).

 

 

[1] Saint Jean-Paul II, Homélie à Fatima, 13 mai 1982.

[2] Saint Jean-Paul II, Lettre sur le Rosaire, n°16.

[3] Alfredo Tradigo, Icônes et Saints d’Orient, La Mère de Dieu du Refuge, Ed. Hazan, 2005, p. 209.

[4] C’est vers 95 qu’apparaît le livre de l’Apocalypse, premier écrit sacré de Jean alors qu’il est encore captif à l’île de Patmos. On situe son Evangile et ses Epîtres vers 96-98. La mort de Jean advient au début du Règne de l’Empereur romain Trajan vers 98-100.

[5] Du grec apocalypsis, action d’enlever (apo : « loin de ») ce qui cache (kalyptô, « cacher ») : « révélation » dont l’Esprit gratifie tel ou tel croyant.

[6] C’est la première des 7 béatitudes de l’Apocalypse : 14,13 / 16,15 / 19,9 / 20,6 / 22,7 et 14.




Méditation sur l’icône de « Marie, Refuge des derniers temps » : introduction

Paix à vous, frères et sœurs bien-aimés !

En ce jour béni de la « Nativité de notre Mère », nous vous partageons avec grande joie notre introduction sur l’Icône de « Marie, Refuge des derniers temps ! » Cette Fête mariale est une merveilleuse opportunité de vous partager le cœur de notre « Charisme marial » dans le mystère de l’Eglise…

A travers cette méditation, nous vous présenterons ce que nous portons et vivons jour après jour dans le silence et la paix du Cœur Immaculé de Marie, « notre doux Refuge des derniers temps ! » Et pour mieux le découvrir et l’assimiler, nous vous proposerons chaque semaine une partie relativement courte à lire et méditer… nous espérons ainsi pour vous une approche plus légère et féconde pour fortifier nos cœurs !

Ceci dit, après cette méditation de quelques semaines, l’ensemble du « livre de vie de la Communion des Refuges » (dont la méditation sur l’icône est la seconde partie) sera disponible bientôt dans son intégralité, et vous pourrez le retrouver sur notre site pour le télécharger ou nous le commander en livre par envoi postal.

Vous découvrirez aussi qu’il vous est « possible » de faire un « engagement spirituel marial » en étant fidèle chaque jour au « chapelet » ou au « Rosaire » et en priant chaque samedi « le Chapelet des Refuges du Cœur Immaculé de Marie » reçu tout spécialement de l’Esprit pour fortifier notre « Communion mariale »…

Nous vous redisons notre Communion dans la joie de cette « Annonciation » ! Par la force et la douceur du Rosaire, nous vous souhaitons à tous de « demeurer » humbles et forts dans le Cœur Immaculé de Marie, notre « Arche des derniers temps » !

+ Marie-Mickaël et Marie+Jacinta

 

Méditation sur l’icône de Marie Refuge des derniers temps

Le mystère de la relation silencieuse entre la Mère de Dieu et Jean, l’Apôtre bien-aimé de Jésus, d’Ephèse à Patmos…

« Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui… » Jn 19,25-27 

« Elle reçut les deux ailes du grand Aigle pour voler au désert jusqu’au Refuge… » Ap. 12,13

 
Préambule

 

« Voici ta Mère !… Le Soleil l’enveloppe ! » Jn 19,27 / Ap 12,1

La Parole de Dieu dans l’Apocalypse de Jean, reçue dans la Tradition de l’Eglise, atteste que cette Femme « enveloppée » de la Lumière fulgurante du Christ est « Notre Mère » : Celle que le Sauveur nous a donnée du haut de la Croix à travers son Apôtre bien-aimé ! Et cette relation étonnante que Jean établit entre la Femme au cœur blessé et la Femme au rayonnement éternel est une des caractéristiques majeures de son Apocalypse (Ap 12, 1-2).  Aussi, il nous faut revenir plus souvent au « mystère éternel de Marie, à savoir sa vie actuelle, là-haut, dans le Ciel, au sein de la Trinité… Notre attention va souvent aux mystères de sa vie passée… Mais le grand mystère actuel de son union à Dieu, de son action dans l’Eglise, on y pense moins. Et cependant, c’est le plus essentiel… Pensez souvent que, du haut du Ciel, le regard de Marie, à tout instant, se pose sur vous. Pensez que son Cœur vous aime et que sa main vous conduit… La joie de Marie est de trouver une âme qui se livre pleinement à son action maternelle[1] ! »

Cette Icône « écrite » par Marie-Jacinta et la méditation qui va suivre expriment notre appel « marial caché » au cœur de ce monde actuel dont le proche avenir est en grand danger : nous sommes arrivés au bord d’un abîme où toute une civilisation est en train de s’effondrer ! Il faut à la fois « supplier » pour que tombe à genoux cette Babylone actuelle avec son horreur transhumaine… mais il faut aussi s’en « séparer » comme de nouveaux « Noés » en construisant chaque jour notre « Arche mariale » par le saint Rosaire !… Les paroles du Seigneur nous y invitent :

« Satan hait le Rosaire qui le détruit. C’est la plus puissante des prières car nul ennemi ne peut résister à la fronde dont Marie arme ses fidèles : l’invincible Rosaire !… Car le Rosaire est l’Arche de sauvetage de la création comme au temps de Noé ! Par le Rosaire, vous sauverez le monde de la destruction programmée de l’humanité[2] ! »

A travers cette Icône de Marie et Jean qui nous situe à Ephèse et Patmos, nous voulons « dire » nos racines spirituelles et géographiques où se manifestent notre « appel » profond… il est vécu comme « cachés » au cœur du monde actuel. Et par cette méditation qui va suivre, nous désirons mieux préciser « l’Appel » contemplatif qui résonne en nos cœurs : ce « charisme » silencieux et solitaire, marial et johannique qui fonde et oriente notre vie. Car cette relation « unique » entre Marie et Jean inspire au plus haut point notre vécu de chaque jour au Cœur de l’Eglise… et ceux et celles qui en sentent « avec nous » l’appel seront attirés de vivre cette voie silencieuse mariale : dans la simplicité du quotidien, ils seront « enfouis » dans le Cœur de la Mère…

 

Le Cœur de Marie au cœur de l’Eglise…

C’est ici qu’il est bon d’écouter avec attention une des plus belles intuitions de notre si chère petite Thérèse. N’est-ce pas d’ailleurs en partie pour ces paroles de génie qu’elle est « Docteur de l’Eglise[3] » ? Dans notre appel marial, l’intuition majeure de Thérèse sur sa place dans l’Eglise nous éclaire grandement… et il faudra souvent « relire » ces paroles de feu :

« Je comprends si bien qu’il n’y a que l’amour qui puisse nous rendre agréables au Bon Dieu que cet amour est le seul bien que j’ambitionne. Jésus se plaît à me montrer l’unique chemin qui conduit à cette fournaise Divine… ce chemin, c’est l’abandon du petit enfant qui s’endort sans crainte dans les bras de son Père[4]… « Si quelqu’un est tout petit, qu’il vienne à moi » a dit l’Esprit Saint (Pr 9, 4) par la bouche de Salomon et ce même Esprit d’Amour a dit encore que « La miséricorde est accordée aux petits ! » (Sg 6,7)

Ah ! Si toutes les âmes faibles et imparfaites sentaient ce que sent la plus petite de toutes les âmes, l’âme de votre petite Thérèse, pas une seule ne désespérerait d’arriver au sommet de la montagne de l’amour, puisque Jésus ne demande pas de grandes actions, mais seulement l’abandon et la reconnaissance…

La Charité me donna la clef de ma vocation. Je compris que si l’Eglise avait un corps, composé de différents membres, le plus nécessaire, le plus noble de tous ne manquait pas… Je compris que l’Eglise avait un Cœur, et que ce Cœur était brûlant d’Amour. Je compris que l’Amour seul faisait agir les membres de l’Eglise, que si l’Amour venait à s’éteindre, les Apôtres n’annonceraient plus l’Evangile, les Martyrs refuseraient de verser leur sang… Je compris que l’Amour renfermait toutes les Vocations, que l’Amour était tout, qu’il embrassait tous les temps et tous les lieux… en un mot, qu’il est Eternel !… Alors, dans l’excès de ma joie délirante, je me suis écriée : O Jésus mon Amour… ma vocation, enfin, je l’ai trouvée, ma vocation c’est l’Amour !…

Oui, j’ai trouvé ma place dans l’Eglise, et cette place, O mon Dieu, c’est vous qui me l’avez donnée… dans le Cœur de l’Eglise, ma Mère, je serai l’Amour… ainsi je serai tout… ainsi mon rêve sera réalisé[5] ! »

Derrière sa fulgurante et si juste intuition, Thérèse nous ouvre à la plénitude du mystère de l’Eglise… Et comment ne pas pressentir ici en filigrane « la Présence cachée » mais si évidente de la Mère de l’Eglise ? Et comment aussi ne pas oser « lire » derrière l’intuition géniale de Thérèse le rayonnement si discret et si puissant de la Vierge ? Car en disant à Jean : « Voici ta Mère ! » (Jn 19,27), on ne peut oublier que le Christ lui-même a lié pour toujours l’Eglise à la Mère de l’Eglise ! Alors, oui, derrière le génie des paroles de Thérèse, on peut accéder à leur plénitude cachée : « Dans le Cœur de Marie, ma Mère : je serai l’Amour au cœur de l’Eglise ! » Cet Amour avec un grand « A » n’est autre que le Saint Esprit… Il nous fait être l’amour au Cœur de l’Eglise à travers le membre le plus achevé de l’Eglise qu’est la Sainte Vierge…

Le merveilleux et rigoureux théologien qu’a été le Cardinal Ratzinger, devenu le Pape Benoît XVI, en témoigne magnifiquement dans des lignes d’une grande densité biblique et théologique :

« Dans l’union avec le Christ, la Vierge Marie, tant aimée et vénérée nous précède et nous guide. En Elle, nous rencontrons, pure et sans défaut, la véritable essence de l’Eglise et ainsi, à travers elle, nous apprenons à connaître et à aimer le mystère de l’Eglise qui vit dans l’histoire, nous sentons plus profondément que nous en faisons partie, nous devenons à notre tour des « âmes ecclésiales », nous apprenons à résister à cette « sécularisation intérieure » qui menace l’Eglise de notre temps…

Tout dans l’Eglise, chaque institution et ministère, y compris celui de Pierre et de ses successeurs, est « enveloppé » par le manteau de la Vierge, dans l’espace rempli de grâce de son « oui » à la volonté de Dieu…

Jamais la véritable dévotion mariale ne dissimule ni ne diminue la foi et l’amour pour Jésus-Christ notre Sauveur, unique médiateur entre Dieu et les hommes. Au contraire, se confier à la Vierge représente une voie privilégiée, vécue par de nombreux saints, pour se placer à la suite du Seigneur de façon plus fidèle. Confions-nous donc à elle dans un filial abandon[6] ! »

Le combat final entre la Femme et le Dragon !

Oui, confions-nous à Marie dans « un filial abandon » car Elle est aujourd’hui plus que jamais « le doux Refuge » des derniers temps ! Et face à la domination de plus en plus mondialiste et transhumaine de Satan, nous avons un rendez-vous « urgent » dans l’Arche protectrice du Cœur Immaculé de notre Mère : là, nous serons fidèles chaque jour à prier le chapelet, mieux le Rosaire, pour tenir humbles et debout dans la foi et les sacrements.

Dans cette accélération inouïe de la fin des temps et face aux événements déconcertants de la planète, nous devenons le terrain de jeu des manipulations mondialistes par une oppression médiatique et sociétale quotidienne ; il nous faut donc arrêter de « subir » cette idéologie de masse pour devenir de vrais « résistants » face aux « décideurs » de la voie unique qui veulent l’imposer à toute la planète : par le mirage d’une société « transhumaine » où tout devient possible, ils asservissent peu à peu l’humanité actuelle à la domination de l’intelligence artificielle[7]… et là, plus que jamais, le Dragon infernal veut détourner l’homme de sa vocation éternelle au vrai bonheur « jaillissant » du Cœur ouvert de Jésus sur la Croix ! (Jn 19,34-37). En réalité, le Père du mensonge s’attaque ici, par des chemins détournés, à cet appel « universel » à la sainteté que lance le Seigneur à chaque enfant de Dieu !

On est arrivé là au point majeur de l’histoire humaine et au cœur de tous les combats autour de ce qui fait « la vocation profonde de l’Eglise[8] » : c’est là qu’apparaît cette « Femme enveloppée de soleil » dans le chapitre central de l’Apocalypse (Ap 12,1-17). Face au « Dragon rouge-feu », Jean a vu la Mère de l’Enfant Sauveur, toute transparente de la beauté de Dieu ! Et cette « Femme-Eglise », née du Cœur ouvert de Jésus sur la Croix, Marie la porte en son sein pour l’enfanter jour après jour à la lumière et la joie d’en-haut… Un Saint Louis-Marie de Montfort a là-dessus des paroles étonnantes :

« Le Saint-Esprit ayant épousé Marie, ayant produit en elle, et par elle, et d’elle, Jésus-Christ, ce chef-d’œuvre, le Verbe incarné… il continue à produire tous les jours en elle et par elle, d’une manière mystérieuse mais véritable, les prédestinés…

Saint Augustin, se surpassant soi-même et tout ce que je viens de dire, dit que tous les prédestinés, pour être conformes à l’image du Fils de Dieu, sont en ce monde cachés dans le sein de la Très Sainte Vierge, où ils sont gardés, nourris, entretenus et agrandis par cette bonne Mère, jusqu’à ce qu’elle les enfante à la gloire, après la mort, qui est proprement le jour de leur naissance[9] ! »

Dans la tendresse de Marie qui se manifeste comme jamais, nous vous invitons à méditer régulièrement notre « Livre de vie pour les derniers temps. » A travers le silence du cœur, l’Esprit vous aidera à discerner si vous sentez « l’appel » d’entrer dans la « Communion des Refuges du Cœur Immaculé »… Cela consiste d’abord à être fidèles à notre vie baptismale à travers la pratique vivante et régulière des sacrements ; à porter notre monde actuel en danger extrême par la fidélité quotidienne au Chapelet ou au Rosaire ; à vivre de cet amour de Jésus, doux et humble de Cœur (Mt 11,28-29), qui nous rend attentifs et disponibles à ceux qui vivent autour de nous ; à rayonner de cette tendresse silencieuse du Regard et du Cœur de Marie (Lc 2,19) où que nous soyons… Ainsi, dans nos lieux de vie, de travail ou de détente, nous deviendrons peu à peu des « Rosaires vivants » qui, humbles et cachés, ne cessent de « supplier » pour le monde à travers le Cœur Immaculé et Douloureux de Marie… (Ap 12,1-2).

Enfin, chaque samedi, vous recevez nos nouvelles « mariales » via notre site internet[10] pour fortifier votre vie de foi et de prière… et aussi, parfois, d’autres informations pour nous tenir « éveillés » des évolutions de notre monde et de sa culture. Vous pouvez également nous confier via le site ou par mail vos « intentions de prière » que nous porterons particulièrement chaque samedi au « Chapelet des Refuges du Cœur Immaculé de Marie[11] » et aussi au 3° chapelet des mystères glorieux le samedi soir.

Ainsi, frères et sœurs bien-aimés en Jésus et Marie, demeurons fermes dans cette joie de la foi et cette force de l’espérance qui ne viennent que de Dieu seul ! Et préparons-nous à « l’Avertissement » en écoutant les avertissements du Seigneur dans l’Apocalypse de Saint Jean : « Ne tiens pas secrètes les paroles prophétiques de ce livre, car le Temps est proche ! Que le pécheur pèche encore, et que l’homme souillé se souille encore ; que l’homme de bien vive encore dans le bien, et que le saint se sanctifie encore. Voici que mon retour est proche !… Je suis l’Alpha et l’Oméga !… le Principe et la Fin ! » (Ap 22,10-13)

+ Marie-Mickaël et Marie+Jacinta

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[1] Père Vayssières, o.p., Le Rosaire, Traditions monastiques, 2018, p. 95-96 et 30.

[2] Messages de Jésus à Maryam, Le Rosaire – L’arme pour sauver la France et le monde, Parvis, 2018, p. 22 et 43.

[3] Saint Jean-Paul II a proclamé Sainte Thérèse de Lisieux « Docteur de l’Eglise » le 19 octobre 1997, à Rome. Ainsi, Thérèse est devenue le 36ème Docteur de l’Eglise et la troisième femme à recevoir ce titre, après Sainte Thérèse d’Avila et Sainte Catherine de Sienne.

[4] Et de sa Mère ! D’ailleurs, Thérèse cite plus loin ce passage significatif d’Isaïe, que la liturgie attribue souvent à Marie, et qui laisse deviner une tendresse maternelle : « Comme une mère caresse son enfant, ainsi je vous consolerai, je vous porterai sur mon sein et je vous caresserai sur mes genoux ! » (Is 66,12-13).

[5] Thérèse de Lisieux, Œuvres complètes, Manuscrit B, Cerf – DDB, 1992, p. 220 et 226.

[6] Benoît XVI, Méditations sur Marie, discours 2006, Salvator 2007, p. 63-64 et 69.

[7] Un des pères fondateurs de l’IA (intelligence artificielle), Geoffrey Hinton, a dit « regretter les travaux qu’il a réalisé, face à la menace actuelle. » Il a ensuite précisé : « Il est temps de s’inquiéter !… Les avancées de l’IA induisent de profonds risques pour la société et l’humanité. » (10 mai 2023). De même, l’avertissement de 350 chercheurs du secteur aux Etats-Unis : « Limiter le risque d’extinction lié à l’intelligence artificielle doit être une priorité mondiale, aux côtés d’autres risques à l’échelle de la société tels que les pandémies et la guerre nucléaire ! » (31 mai 2023).

[8] Concile Vatican II, Lumen gentium, 51.

[9] Le secret de Marie, n° 13 et le traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge, n° 33.

[10] https://refugesdemarie.fr/  Abonnez-vous pour recevoir chaque semaine le mail récapitulatif des articles de la semaine.

[11] Consultez sur notre blog le texte de ce « chapelet des Refuges du Cœur Immaculé » que vous pouvez prier en communion avec nous : https://refugesdemarie.fr/index.php/2023/05/10/le-chapelet-des-refuges-du-coeur-immacule-de-marie/

 




Solennité de l’Assomption de la Vierge Marie : 15 août 2023

Evangile de Jésus-Christ selon Saint Luc : 1,39-56

Méditation évangélique mariale  

                  « La Sainte Vierge m’a protégée, même quand je ne la connaissais pas…

                      Même au fond du découragement et de la tristesse, quand j’étais esclave,

                  je n’ai jamais désespéré, parce que je sentais en moi une force mystérieuse… »

                                                                                          Sainte Joséphine Bakhita

 

          Avant d’approcher quelque peu ce mystère immense de joie et d’espérance qu’est pour l’Eglise l’Assomption de la très Sainte Vierge, il est éclairant de le situer au niveau historique, pour la France en particulier. En effet, en 1637, le Roi Louis XIII, sans héritier après 20 ans de mariage avec Anne d’Autriche, fait une démarche de foi audacieuse : il demande à ses sujets de faire le 15 août, dans chaque paroisse, une procession afin d’avoir un fils. Il est exaucé puisque naît le 5 septembre 1638 le futur « Roi-soleil » Louis XIV. En signe de reconnaissance, il décide alors de consacrer la France à la Vierge Marie en la prenant comme Protectrice et Patronne du Royaume : chaque année, le jour de la fête de l’Assomption, on fera donc dans chaque église « mémoire » de la consécration de la France à Marie à la grand-Messe, puis également par une procession solennelle après les vêpres. L’Edit est enregistré par le Parlement.

          Ainsi, le 15 août est Fête nationale depuis 1638. Cette reconnaissance par l’autorité royale sera confirmée par le Pape Pie XI lorsqu’il a proclamé la Sainte Vierge Patronne principale de la France le 2 mars 1922. C’est dire que l’acte de foi historique de Louis XIII place l’histoire de la France sous la vigilance maternelle puissante de Notre Dame. Elle veille sur son pays chéri et il ne faut pas l’oublier dans la terrible décadence actuelle. Le triomphe du « Cœur Immaculé » de Marie annoncé à Fatima s’opérera tout spécialement en France quand on croira que tout est perdu ! Le mystère de la miséricorde du Christ à travers la victoire de sa Mère surprendra autant ses élus que ses ennemis…

         On ne comprend rien à l’histoire souvent déroutante des peuples si l’on ne regarde avec foi le mystère central de la Crucifixion et de la Résurrection de Jésus-Christ qui, seul, donne sens à « toute l’histoire » ! On est « hors contexte » historique si l’on n’accueille et n’écoute la Sainte Vierge à travers ses « venues » sur la terre : Elle vient nous « réveiller » d’une foi faussement tranquille qui, souvent, a perdu l’urgence eschatologique des Evangiles ! Seule, cette foi vive nous tient « éveillés » comme l’étaient les premiers chrétiens dans la charité fraternelle et l’attente imminente du retour de Jésus… Un des grands risques de l’Eglise actuelle est qu’elle devienne de plus en plus une sorte d’ONG dont la voix répercute plus les priorités mondialistes que l’urgence du salut en Jésus-Christ ! Il est la seule « Espérance » pour l’avenir du monde et Saint Pierre nous prévient de la soudaineté de son retour : « Le Seigneur use de patience envers vous, ne voulant que personne ne périsse, mais que tous arrivent au repentir… Il viendra, le Jour du Seigneur, comme un voleur ! » (2 P 3,9-10). Alors, n’oublions jamais sa parole qui devrait nous bousculer chaque matin : « Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » (Lc 18,8).

         Dans la richesse des textes de la Solennité d’aujourd’hui, une expression biblique vient nous ouvrir une porte incontournable au mystère profond de l’Assomption. Dans le psaume, il est fait mention « d’une dame, sous les ors d’Ophir » à qui il est dit : « le Roi sera séduit par ta beauté ! » (Ps 44,10-12). Au-delà de l’aspect physique radieux de la bien-aimée ; on peut avancer qu’il s’agit surtout d’une beauté intérieure comme le mentionne le Cantique des cantiques : « Tu es toute belle, ma bien-aimée et sans tache aucune ! » (Ct 4,7). La liturgie applique d’ailleurs ce verset à l’Immaculée Conception de la Vierge. Mais ce qui saisit le regard de Dieu dans la beauté de Marie, c’est l’humilité sans fond de sa foi ! Car, mystérieusement, son absolue petitesse génère un amour fort qui la fera suivre son Fils jusqu’à la folie de la Croix… et son Assomption s’inscrit dans le même mouvement d’un amour sans limites : la bien-aimée est inséparable de son Bien-aimé !

         Celle que l’Esprit élève au jour béni de son Assomption n’a cessé toute sa vie de se cacher « à l’ombre de la puissance du Très-Haut… » (Lc 1,35). Et c’est pourquoi Elle est bien cette « Femme enveloppée de soleil ! » (Ap 12,1). Enveloppée parce que le Soleil est né d’Elle sur la terre : Elle est Mère de Dieu ! Et c’est pourquoi au jour de l’Annonciation, « il y a en la Vierge une descente de l’Esprit qui dépasse tout ce que les saints pourront jamais connaître, parce que c’était pour la proportionner à une tâche unique au monde[1] ! » En effet, quand le Sauveur crucifié élargit le Cœur de sa Mère aux dimensions de toute l’humanité par sa Parole créatrice (Jn 19,26-27), il la fait entrer dans une mission universelle inédite où elle devient la Mère de tout homme et de tous les hommes ! Ce qui fera dire à Saint Thomas d’Aquin : « Post esse Deum, esse Matrem Dei » – « Après être Dieu, être Mère de Dieu ! »

          Il nous est donné « aujourd’hui » comme jamais ce mystère de tendresse de la Mère de l’Eglise pour en vivre en plénitude : savoir s’abandonner entre ses mains de tendresse à l’imitation de Jésus qui s’est fait tout petit en son sein maternel… C’est là que nous pouvons trouver en toutes circonstances la protection et la paix de « la Femme » splendide et puissante car « la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête ! » (Ap 12,1). Nous avons encore tant à grandir dans cette tendre et intime connaissance vis-à-vis de notre Mère du Ciel. Nous n’avons que si peu découvert sa constante Présence à nos côtés… car « nous ne pensons pas assez au mystère éternel de Marie, à sa vie actuelle, là-haut, dans le Ciel, au sein de la Trinité. Notre attention va souvent aux mystères de sa vie passée… mais le grand mystère actuel de son union à Dieu, de son action dans l’Eglise, on y pense moins. Et cependant, c’est le plus essentiel… Pensez souvent que, du haut du Ciel, le regard de Marie, à tout instant, se pose sur vous. Pensez que son Cœur vous aime et que sa main vous conduit : Marie n’est pas seulement une voie, c’est La voie par excellence [2]! »

          En ces derniers temps redoutables, la « Femme » nous protège face aux horreurs du « Dragon rouge feu » (Ap 12,3) qui déploie son enfer sur la terre avec duplicité… où les lois et les dépravations les plus affreuses se « normalisent » et isolent les résistances du bien. Alors, pour fortifier notre espérance, il nous faut plus que jamais en cette Solennité de l’Assomption contempler la beauté de Marie et reprendre notre chapelet pour expérimenter sa maternelle proximité. Et en priant fidèlement chaque jour son Rosaire, on lui permet d’établir nos âmes et nos vies dans le « Refuge » invincible de son Cœur Immaculé où nous chantons déjà son « Triomphe » qui est proche !

 

                                                                                                                  + M-Mickaël

[1] Cardinal Charles Journet, Entretiens sur Marie, Parole et silence, 2001, p.72.

[2] Père Vayssière, o.p., Le Rosaire, Traditions monastiques, 2018, p.99-100.




Méditation évangélique pour la Solennité de St Pierre et St Paul

Solennité de Saint Pierre et de Saint Paul  

Evangile de Jésus-Christ selon Saint Matthieu : 16,13-19

Méditation Evangélique Mariale 

         

« Quand Paul aura ouvert les cœurs en prêchant, Pierre ouvre aux âmes le Royaume des cieux…

Tous deux ont reçu des clefs des mains du Seigneur,

Clef de la connaissance pour l’un, clef du pouvoir pour l’autre… »

Saint Maxime de Turin (vers 420)

Sermon, PL 57,403-404

 

         Césarée de Philippe est située dans le nord d’Israël, au pied de l’Hermon. C’est près de cette ville, aux sources du Jourdain, que Jésus effectue auprès de ses disciples une sorte de sondage évangélique sur son identité : « Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ? » (Mt 16,13). De fait, c’est un dialogue qui commence par le « dire » des foules sur Jésus, mais qui va aboutir à cette question beaucoup plus personnelle et profonde : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » (Mt 16,15). Cette question directe vient « sonder » l’intelligence du cœur de chacun… elle implique une réponse nette et précise sur l’identité de Jésus. C’est là que Pierre proclame :

        « Tu es le Christ, le Fils du Dieu Vivant ! » (Mt 16,16)

         C’est ici la racine unique où l’acte de foi de Pierre fonde La foi de l’Eglise en Jésus-Christ. A travers merveilles et épreuves, cette foi traversera les siècles jusqu’à aujourd’hui où les « signes » nous sont donnés pour entrer dans la vigilance extrême de « la foi des derniers temps ». Car la réponse du Seigneur vient susciter en nos cœurs une telle espérance ! Comme la Sainte Vierge, Il faut repasser en nos cœurs (Lc 2,19) chaque parole :

        « Prenant la parole à son tour, Jésus lui déclare : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux ! Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle ! » (Mt 16,17-18).

         « Heureux es-tu ! » dit d’abord le Seigneur pour proclamer que la foi est la « béatitude » première du chrétien, et que sur terre le bonheur et la paix viennent d’une foi qui ne cesse de grandir dans les joies et les épreuves. Car Jésus le précise : cette révélation faite à Pierre vient du Père « qui est dans les cieux ! » Et puis nous est faite cette promesse divine qui nous fortifie en ces épreuves ultimes de l’Eglise que nous vivons déjà aujourd’hui : « Tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle ! » En araméen, Pierre se dit « Kêpha » dont le sens est si puissant : « Tu es Roc et sur ce Roc… » Ainsi, la foi de Pierre est l’assise première et solide sur laquelle toute l’Eglise repose car Pierre est le « vicaire » du Christ.

         L’approche de Saint Léon le Grand est ici lumineuse pour notre temps et elle fortifie la force de notre foi quand il met sur les lèvres du Christ :

        « Autrement dit : Je suis, moi, la Pierre inviolable, la Pierre angulaire qui réunit les deux murs ; je suis le Fondement, et nul ne peut en poser un autre. Mais toi aussi tu es Pierre, parce que tu es affermi par ma force ; et la puissance qui m’appartient en propre nous est commune parce que je t’en fais part. Sur cette puissance, dit-il, je bâtirai mon temple éternel ; et mon Eglise qui doit monter jusqu’au Ciel s’élèvera sur ce solide fondement de ta foi [1]. »

Il en est de même dans notre propre vie de foi : il y a toujours un moment où à travers les sécheresses spirituelles, des évènements imprévus, des épreuves déstabilisantes, nous sommes comme « sondés » dans notre foi en Jésus-Christ : et toi, que dis-tu de Lui ? Pour toi, qui est-il ? Notre foi chemine et persévère et c’est déjà une telle grâce ! Mais nous avons aussi nos chutes et nos fragilités… et c’est là qu’il faut bien comprendre que « les Apôtres ne sont pas exemplaires seulement par leurs vertus, mais aussi par leurs déficiences. Si le Saint-Esprit a voulu que ces déficiences soient manifestées dans l’Evangile, c’est précisément pour nous apprendre que nous risquons de ne pas faire mieux… Pierre et Paul sont les colonnes de l’Eglise ; l’un a trahi Jésus-Christ, l’autre l’a persécuté !…

          Il y a une seule catégorie de gens préservés de ce danger, ce sont ceux qui ressemblent à la Sainte Vierge par leur innocence et humilité. S’ils évitent ces catastrophes, c’est justement parce qu’ils sont convaincus d’être capables du pire par eux-mêmes, alors ils s’enfoncent dans la petitesse des enfants avec une telle profondeur que Dieu les tient à l’abri dans le creux du rocher… Ceux-là ne contesteront pas la nécessité de passer par bien des déconvenues, des désillusions et des retournements pour aimer Dieu et Jésus-Christ !

           La Sainte Vierge a été consciente du danger du péché – tranquillement consciente si j’ose dire, parce que « réfugiée » … C’est ce que j’appelle « la sécurité des humbles », des gens qui ne se croient pas plus forts que la tempête. Celui qui se réfugie ne prétend pas pouvoir faire face aux éléments déchaînés, il dit au contraire : « Je ne crains rien parce que j’ai un bon abri [2]… »

          Nous sommes entrés dans les terribles secousses des derniers temps où l’Ennemi de notre salut va avoir momentanément un pouvoir de tentation redoutable. Par le saint Rosaire et une vie sacramentelle fidèle, blottissons-nous chaque jour dans les bras de Marie pour vivre de « la sécurité des humbles » : là, tout près de son Cœur Immaculé, nous traverserons les épreuves finales dans la paix du Seigneur. Souvenons-nous des franciscains « indemnes » de la bombe atomique d’Hiroshima : ils priaient le Rosaire de la Vierge chaque jour [3] !

 

 + M-Mickaël

[1] Saint Léon le Grand, PL 54,150.

[2] Marie Dominique Molinié, Qui comprendra le Cœur de Dieu ? Saint Paul, 1994, p.89-90.

[3] Voir l’article témoignage : « Le Rosaire, plus puissant que la bombe atomique » dans le site internet « Aleteia », 28 février 2018.




Méditation évangélique mariale pour le 12ème dimanche du temps ordinaire : la confiance nous conduit à l’amour…

  Douzième Dimanche : 25 juin 2023  

Evangile de Jésus-Christ selon Saint Matthieu : 10,26-33

Méditation Evangélique Mariale :    

 

« La confiance de l’homme envers Dieu touche ce dernier par sa constance…

car c’est par leur constance que les esprits des fidèles acquièrent la force ! »

Sainte Hildegarde de Bingen

 

 

        Dans un monde post-moderne qui veut tout maîtriser de la vie, la « crainte » est paradoxalement démultipliée : on a si peur de perdre tant de choses qu’on veut tout « assurer » … jusqu’aux animaux domestiques ! La peur est le signe d’un monde qui meurt, de plus en plus éloigné du mystère du Salut qui chante sans cesse la confiance. Une Sainte Thérèse de Lisieux en a fait le cœur de sa voie d’enfance spirituelle dans une expression simple qui exclut toute peur : « C’est la confiance et rien que la confiance, qui doit nous conduire à l’Amour[1] ! » Cette parole si simple renferme un trésor qui demande le temps de l’humilité pour commencer à en saisir le sens caché au cœur de nos vies… car elle tourne vers une source sans fond : « j’avais tant de confiance en la miséricorde infinie de Jésus[2] ! » précise-t-elle quand elle prie pour la conversion de Pranzini avant son exécution.

        Cet Evangile insiste tant sur la confiance dans la providentielle tendresse du Père qui se manifeste mystérieusement à chaque instant…  Il invite à un abandon total ! Jésus répète d’ailleurs par quatre fois : « Ne craignez pas ! » Il ne voit que trop bien les peurs de ses disciples, et spécialement celle de la mort qui dominera Pierre à la Passion du Seigneur :

       « Mais quelle chair ne craindrait la mort ? L’Apôtre Pierre la craignit, le tout premier ; et craignant de mourir, il renia la Vie. Pourquoi, sinon parce qu’il ne lui avait pas encore été donné de ne pas craindre ? Mais quand tu le lui eus donné, Seigneur, il put faire ce que tu commandais. Sois donc notre force, et fais-en nous ce que tu veux que nous fassions…

          C’est à l’espérance de prier, à la charité d’obtenir que tu donnes toi-même ce que tu commandes [3]! »

          Jésus veut nous guérir de nos peurs pour que nous entrions dans cette paix de notre âme où Il habite secrètement… nous pouvons souffrir en nos corps et nos psychologies par les épreuves de ce monde. C’est inévitable en cette vie. Mais cette paix du Christ cachée au fond de nos cœurs, nul ne pourra nous la ravir !

         Pour nous délivrer des peurs de ce monde, Jésus nous laisse deviner jusqu’où va la tendresse du Père déjà si absolue dans le mystère de la Création. Il nous faut vraiment laisser résonner en nos cœurs ces paroles de Dieu pour qu’elles deviennent la lumière de nos yeux :

       « Deux moineaux ne sont-ils pas vendus pour un sou ? Or, pas un ne tombe à terre sans que votre Père le sache ! Quant à vous, même vos cheveux sont tous comptés ! Soyez donc sans crainte : vous valez bien plus qu’une multitude de moineaux ! » (Mt 10,29-31).

       En écoutant ces paroles bouleversantes de Jésus, demandons la conversion de notre « regard » dans une société qui ne voit plus la beauté de la tendresse de Dieu dans la Création. Dieu nous aime au cheveu près ! Seigneur délivre mon regard…

       Demandons à la Sainte Vierge de nous faire participer à la douceur et la profondeur de son Regard maternel qui a cheminé sur terre dans la foi. Saint Padre Pio avait pour Elle une telle confiance que tout son amour s’exprimait dans un Rosaire quotidien sans fin… à tel point qu’on l’appelait « le Rosaire vivant ! » Et lui-même appelait le chapelet « son arme », « son épée » ! Il est mort en serrant son chapelet dans ses mains et en murmurant jusqu’à son dernier souffle les doux noms de Jésus et Marie…

       Pour fortifier notre chemin de foi quotidien vers le Royaume, retenons deux de ses conseils : « Il faut toujours rester ferme sur ces deux vertus : la douceur envers notre prochain et la sainte humilité envers Dieu… car Dieu veut que nos misères constituent le trône de sa Miséricorde et notre impuissance le siège de sa Toute-Puissance !… Et ce second conseil qui est le cœur de sa vie mariale : « Reste toujours plus serré contre cette douce Mère céleste, car Elle est la Mer qu’il faut traverser pour parvenir aux rivages des splendeurs de l’aurore éternelle [4] ! »

 

                                                                                                          +M-Mickaël

[1] Œuvres complètes de Sainte Thérèse de Lisieux, Lettre 197, p.553.

[2] Œuvres complètes, Manuscrit A, p.144.

[3] Rupert de Deutz, Sur Matthieu VIII, PL 168, 1499.

[4] Une pensée du Padre Pio pour chaque jour de l’année, Edition Padre Pio da Pietrelcina, 2000, p.7-8 et 86.




Fête du Cœur Immaculé de Marie 2023

Fête du Cœur Immaculé de Marie 2023 

  Evangile de Jésus-Christ selon Saint Luc : 2,41-51

Méditation Evangélique Mariale :

« Au plus beau sens du terme, Elle sait l’Evangile « par Cœur… »

                                                                                                   +M-Mickaël

La première impression qui se dégage de cet Evangile de l’Enfance est d’un côté, la liberté de mouvement et de relation qu’avait l’Enfant-Jésus : « Le croyant dans la caravane, ils firent une journée de chemin avant de le chercher… » (Lc 2,44). Et de l’autre, l’obéissance du Fils du Père à Joseph et Marie : « Il redescendit avec eux à Nazareth, et il leur était soumis… » (Lc 2,51). Au milieu, il y a le dialogue avec les docteurs de la Loi « stupéfaits de son intelligence et de ses réponses ! » (Luc 2,47). Et la réponse de l’Enfant-Dieu à ses parents angoissés : « Pourquoi donc me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas que je dois être aux choses de mon Père ? » (Lc 2,49). Ici, Jésus manifeste pour la première fois sa conscience d’être « le Fils du Père » qui passe avant sa famille humaine. Il faudra attendre 18 ans dans le silence de l’humilité pour que le Seigneur commence à se révéler à travers le regard de Jean-Baptiste : « Regardant Jésus qui passait, il dit : « Voici l’Agneau de Dieu ! » (Jn1,36).

        Comme Joseph et Marie, nous pouvons être souvent « dans l’étonnement » (Lc 2,33) et, bien des fois, « ne pas comprendre la parole » du Sauveur ! (Lc 2,50). C’est pourquoi il faut suivre le chemin de la Mère de Jésus : « Quant à Marie, elle gardait avec soin ces paroles, en les méditant en son cœur… » (Lc 2,19 et 51). Ainsi, au début des derniers temps, ce Cœur Immaculé qui s’est spécialement révélé à Fatima nous renvoie, de fait, au cœur de l’Evangile car il n’était pas facile de croire que Dieu pouvait « se faire chair » en revêtant notre fragilité humaine et en se cachant dans la simplicité du quotidien… Et Marie a osé croire à ce projet fou de Dieu : de la Crèche à la Croix, son regard de foi est le plus beau de toute l’histoire de l’humanité !

        Cachée, mais si mystérieusement présente, la Mère de Jésus est toujours là, comme à Cana (Jn 2,1). De son Fils tout petit en son sein jusqu’au pied de la Croix, et de la Pentecôte jusqu’à ses derniers instants sur les collines d’Ephèse, près de Jean, Elle n’a cessé de garder fidèlement l’Evangile « en son Cœur » : Marie n’a perdu aucune parole, aucun silence, aucun regard, aucun geste, aucun émerveillement ! Et parce qu’Elle a cru, écouté et aimé en plénitude en suivant Jésus jour après jour, tout l’Evangile s’est comme gravé au plus profond de son Cœur :  Elle sait l’Evangile par Cœur ! Sainte Elisabeth de la Trinité en avait l’intuition : « Nul n’a pénétré le mystère du Christ en sa profondeur, si ce n’est la Vierge… Le secret qu’Elle gardait et repassait en son Cœur, nulle langue n’a pu le révéler, nulle plume n’a pu le traduire[1] !

            Marie est la plénitude silencieuse de l’amour… Habitée de manière unique et cachée par l’Esprit Saint dès sa naissance dans le mystère de son Immaculée Conception, Elle est « Celle qui a le plus aimé Jésus sur terre et qui l’aime le plus tendrement au Ciel [2]! » Et c’est pourquoi pour être sainte et rayonnante, l’Eglise doit se mettre à l’école de la foi et de l’humilité de Marie, qui ne cesse de murmurer dans le cœur des croyants : « Faites tout ce qu’Il vous dira ! » (Jn 2,1). Saint Jean-Paul II en témoigne magnifiquement :

           « L’Evangéliste remarque qu’à côté de la Croix se trouvait la Mère de Jésus. Elle vit le Cœur ouvert d’où coulaient le sang et l’eau – du sang tiré de son sang – et elle comprit que le sang de son Fils était versé pour notre salut. Alors, elle comprit totalement la signification des paroles que son Fils lui avait adressées peu avant : « Femme, voici ton fils » : l’Eglise qui naissait du Cœur transpercé était confiée à son Cœur de Mère [3]… »

           On comprend mieux pourquoi le saint Père a employé cette expression nouvelle liée au Rosaire : « Marie, mémoire de l’Eglise ! » Car l’origine du Rosaire est à chercher dans la continuelle méditation de la Parole de Dieu au Cœur de la Vierge : Celui qui aime se souvient. C’est une intuition chère au Pape : « Marie vit en gardant les yeux fixés sur le Christ, et chacune de ses paroles devient pour elle un trésor… car ce sont ses souvenirs qui, en un sens, ont constitué le « Rosaire » qu’elle a constamment récité au long des jours de sa vie terrestre [4]. »

           Ainsi, le Rosaire est sorti des profondeurs de la vivante mémoire de Marie, et chaque fois que nous le prions et méditons, nous pouvons puiser chaque mystère dans le silence du Cœur de Marie… Comme le contemple un théologien : « Sa mémoire est la page immaculée sur laquelle l’Esprit-Saint a gravé le Verbe de Dieu le Père [5]… » Ainsi, à travers le Rosaire, Marie est toujours là pour nous protéger et nous porter dans les combats de la vie. Saint Maximilien Kolbe en est le bouleversant témoin : « Dans les difficultés, dans les ténèbres, dans les infirmités, dans les découragements, souvenons-nous que le Ciel s’approche, de jour en jour plus proche… Alors, courage ! Elle nous attend là-bas pour nous serrer sur son Cœur ! Elle est notre Mère la plus tendre maintenant et toujours : dans la vie, dans la mort et dans l’Eternité. Cette vérité, rappelons-nous là !… Comme elle est essentiellement Mère de Miséricorde, même si on ne l’appelle pas, elle se hâte d’aller là où il y a davantage de misère dans les âmes [6]… » 

                                                                                                      +M-Mickaël

 

[1] Sainte Elisabeth de la Trinité, Dernière retraite, n°2, Œuvres complètes, Cerf 1996, p.154.

[2] Référence au saisissant « chapelet des larmes de la Vierge douloureuse » : « O Jésus, regardez les larmes de Celle qui vous le plus aimé sur terre et qui vous aime le plus tendrement au Ciel ! »

[3] Saint Jean-Paul II, Angélus, 30 juillet 1989.

[4] Lettre apostolique sur le Rosaire, Rosarium Virginis Mariae, 16 octobre 2002, n°2.

[5] Hans Urs von Balthazar, Marie pour aujourd’hui, nouvelle cité 1988, p.49.

[6] Entretiens, juin 1925, 13 avril 1933, 11 octobre 1937.




Solennité du Très Saint Sacrement – Méditation Evangile mariale : « Comment un homme peut-il nous donner sa chair à manger ? » (Jn 6, 52)

Solennité du Très Saint Sacrement

Evangile de Jésus-Christ selon Saint Jean : 6,51-58 

Méditation Evangélique mariale : 

« Comment un homme peut-il donner sa chair à manger ? … »

Jean 6,52

              Avant de méditer sur le mystère de la Sainte Eucharistie, il est bon de préciser que  ce commentaire de l’Evangile des Dimanches et Solennités est une « méditation évangélique mariale ». Elle fait appel au meilleur de la Tradition de la foi, des Pères de l’Eglise, des Saints, des Témoins plus récents… et cela, dans la perspective urgente des derniers temps où les vérités de la foi sont si souvent oubliées et même remises en question jusqu’à l’intérieur de l’Eglise !

             On ne s’étonnera donc pas que ces méditations soient « mariales » au sens où tout l’Evangile s’est comme « écrit » jour après jour dans le silence attentif du Cœur de Marie : « Elle conservait avec soin tous ces évènements, et les repassait en son Cœur » (Lc 2,19). C’est à travers le regard de la Vierge que nous sommes au plus près du « Verbe fait chair », son Enfant et son Sauveur ! Dans son Cœur Immaculé résonne la Parole comme nulle part ailleurs… il suffit de le comprendre au tout début, à la Visitation. Là, quand Elle court vers Aïn Karim, portant Jésus caché en son sein, sa mission universelle commence : Elle est déjà Celle qui l’offre au monde ! D’ailleurs, le Précurseur « tressaille » à « la salutation de Marie » dans le sein d’Elisabeth qui, « remplie d’Esprit Saint » prophétise : « Bénie es-tu entre les femmes, et béni le fruit de ton sein ! Et comment m’est-il donné que la Mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » (Lc 1,41-43).

              A travers le mystère de la foi, cette question émerveillée d’Elisabeth ouvre des perspectives inouïes pour l’avenir… car, une fois entrée dans la gloire du Ciel en son Assomption, la Vierge Marie qui suit toujours son Fils pourra dire sur ses traces : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps ! » (Mt 28,20). Et ses Apparitions multiples des deux derniers siècles confirment que nous sommes entrés dans ce temps de la fin. Alors, en cet ultime combat, chacun et chacune de nous peut dire comme Elisabeth à la Visitation : « Et comment m’est-il donné que la Mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » (Lc 1,43).

               Les Visitations de Marie se multiplient pour éveiller nos cœurs malades…  Qui comprendra la tendresse de Marie qui se penche aujourd’hui sur nous comme jamais auparavant[1] ? Qui écoutera ses appels répétés à prier avec ferveur le chapelet ou mieux : le Rosaire quotidien ? Le Seigneur lui-même nous y invite avec force : « le Rosaire est la victoire de l’humilité sur l’orgueil… Elargissez votre champ de vision par la prière assidue du Rosaire. Marie vous attend pour vous révéler des secrets que vous n’imaginez pas ! La prière du Rosaire construit un mur d’amour autour de vous, un mur que Satan ne peut franchir… La prière du Rosaire t’ouvre les portes du Ciel maintenant[2] ! »

              Ainsi, il est temps de se « réveiller » dans la foi car « étant sauve l’affirmation de Jésus, selon laquelle « nul ne connaît ni le jour, ni l’heure… (Mt 25,13), on peut déduire de l’insistance de la Vierge Marie à visiter la terre… que nous sommes bien parvenus dans ces temps qui sont les derniers. Marie ne vient pas nous effrayer mais nous inviter à un sursaut de foi, d’espérance et de charité[3]… » En effet, l’Eglise va passer par son Epreuve ultime où « l’imposture religieuse suprême est celle de l’Anti-Christ, c’est-à-dire celle d’un pseudo-messianisme où l’homme se glorifie lui-même à la place de Dieu et de son Messie venu dans la chair[4] ! »

              Nous voici donc prévenus par l’Eglise elle-même sur ces temps redoutables où nous sommes parvenus. Et la question lourde de sens qu’a posé un jour le Sauveur doit bousculer nos vies matérialistes si « programmées » : « Le Fils de l’homme, quand Il viendra, trouvera-t-Il la foi sur la terre ? » (Lc 18,8). Sachons nous « arrêter » pour l’écouter en silence là où nous sommes : Il parle toujours au fond de notre cœur… Charles de Foucault le savait : « Il faut passer par le désert et y séjourner pour recevoir la grâce de Dieu… C’est là qu’on vide cette petite maison de notre âme pour laisser toute la place à Dieu seul ! » 

              « Laisser toute la place à Dieu seul ! » N’est-ce pas l’attitude majeure qui nous est demandée à chaque Sainte Messe ? En cette Solennité du Très Saint Sacrement, nous savons que le cœur de notre foi en Eglise repose sur la « présence réelle » du Seigneur dans la Sainte Eucharistie. Elle est le Mystère central qui « fait » l’Eglise dont le théologien Henri de Lubac disait : « L’Eglise fait l’Eucharistie, mais l’Eucharistie fait aussi l’Eglise ! » Il nous faut donc voir et écouter avec une attention renouvelée. Car ici, chaque expression de la Foi catholique me met en présence du Mystère :

              « Le mode de présence du Christ sous les espèces eucharistiques est unique. Il élève l’Eucharistie au-dessus de tous les sacrements et en fait « comme la perfection de la vie spirituelle et la fin à laquelle tendent tous les sacrements[5] ». Dans le très saint sacrement de l’Eucharistie sont « contenus vraiment, réellement et substantiellement le Corps et le Sang conjointement avec l’âme et la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ, et, par conséquent, le Christ tout entier[6] ». « Cette présence, on la nomme « réelle », non à titre exclusif, comme si les autres présences n’étaient pas « réelles », mais par excellence parce elle est substantielle, et que par elle le Christ, Dieu et homme, se rend présent tout entier[7]. »

               Repassons ces grandes vérités de la foi en nos cœurs : s’appuyer sur le « dépôt de la foi » que garde précieusement l’Eglise est une première étape fondamentale. Nous sommes ensuite appelés à les contempler pour que surgisse en nous « l’intelligence du cœur » … et si notre âme cherche Dieu, elle se réjouira de la Vérité que le Saint Esprit manifeste à travers son Eglise. Car la Vérité est la seule porte vers l’Amour : « Dieu est Lumière… Dieu est Amour ! » (1 Jn 1,5 et 4,16). On peut avancer qu’à Ephèse, Saint Jean célébrait la sainte Eucharistie en présence de Marie et de quelques fidèles.  Demandons à la Vierge de nous faire participer à la foi et l’amour qu’Elle avait en son Cœur à chaque Messe où Elle retrouvait son Fils bien-Aimé…

                                                                                                            +M-Mickaël

 

[1] Pour mieux saisir la démarche eschatologique de notre site marial, on relira l’introduction générale…

[2] Messages de Jésus à Maryam, Le Rosaire – L’arme pour sauver la France et le monde, Parvis 2018. On ne peut que conseiller de méditer ce petit livret où Jésus lui-même enseigne magnifiquement la grâce unique du Rosaire : « l’arme de Marie qui écrase le Serpent » et « vous pénètre de l’infinie douceur et humilité de Marie ! »

[3] Monseigneur Marc Aillet, Evêque de Bayonne, Préface du livre de Damian Sanchez : Je viens vous préparer – Apparitions et Messages de la Vierge Marie pour notre époque à la lumière des Saintes Ecritures, Parvis 2022.

[4] Catéchisme de l’Eglise catholique, n°675. Voir 2 Th 2,4-12 / 1 Th 5,2-3 / 1 Jn 2,18-22 / 2 Jn 7.

[5] Saint Thomas d’Aquin, Somme théologique, 3,73,3.

[6] Concile de Trente, Denzinger 1651.

[7] Catéchisme de l’Eglise Catholique, n°1374. Ce changement mystérieux, « l’Eglise catholique l’a justement et exactement appelé transsubstantiation », n°1376, Denzinger 1642.




Méditation de l’Evangile de la Solennité de la Sainte Trinité – 4 juin 2023

Très Sainte Trinité :  4 Juin 2023    

 

          

Première lecture : Exode 34, 4-9  /  Cantique Daniel 3, 52-56

Deuxième lecture : Deuxième lettre de Saint Paul aux Corinthiens 13,11-13

Evangile de Jésus-Christ selon Saint Jean : 3,16-18

 

Méditation évangélique :

 « Si tu vois la charité, tu vois la Trinité ! »

 Saint Augustin

 

 

             En cette Solennité de la Très Sainte Trinité, nous voici projeté au Cœur de Dieu et le choix le plus sage serait de se taire en laissant place au silence de la contemplation… car ici, Dieu se révèle en l’ultime profondeur de son être que Saint Jean a approché en trois lettres d’or : « Dieu est Amour ! » (1 Jn 4,8).

             Là, tout est dit sur cette infinie circulation de l’Amour entre les Trois Personnes divines ! Oui, redisons-le encore : on est au Cœur de Dieu… qui s’est « ouvert » pour nous tous sur la Croix ! (Jn 19,33-35).  L’Evangile d’aujourd’hui proclame avec force le dessein d’amour fou des Trois : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle ! » (Jn 3,16). Notre avenir éternel se joue là, sur ce salut offert à chaque instant de nos vies. Où va pencher notre cœur ?                                                                     

              N’oublions jamais que la Révélation s’est opérée uniquement dans le Christ Sauveur et que l’Eglise a reçu de l’Esprit l’intelligence de ne pas se tromper sur les mystères dont la Sainte Trinité est la Source. Tel est le « dessein bienveillant » du Très-Haut exposé dans le Catéchisme : « Dieu qui « habite une lumière inaccessible » (1 Tm 6,16) veut communiquer sa propre vie divine aux hommes librement créés par Lui, pour en faire, dans son Fils unique, des fils adoptifs (Ep 1,4-5). En se révélant Lui-même, Dieu veut rendre les hommes capables de Lui répondre, de Le connaître et de L’aimer bien au-delà de tout ce dont ils seraient capables d’eux-mêmes[1]. »

           Ainsi, la Tradition, les Pères, les Saints orientent le regard de foi de l’Eglise dans la bonne direction ! Ensuite, ce regard orienté doit se laisser dépasser, engloutir dans la beauté de l’objet contemplé… je pense ici au petit Francisco de Fatima, lors de la 1° Apparition de Notre Dame, où il se dit incapable d’exprimer ce qu’il contemple à travers la médiation du Cœur Immaculé de Marie. Ecoutons-le attentivement car c’est un témoignage splendide sur la vérité de Dieu à la fois révélée et insaisissable :  

 

          « La Vierge ouvrit les mains pour la première fois, et projeta sur eux un faisceau de lumière mystérieuse, à la fois si intense et si profonde que, pénétrant dans leur poitrine jusqu’au plus intime de l’âme, elle les fit se voir eux-mêmes en Dieu qui était cette lumière, plus clairement que dans le miroir le plus clair…

              J’ai beaucoup aimé voir l’Ange, disait François, mais j’ai aimé encore plus Notre Dame. Ce que j’ai aimé le plus a été de voir Notre Seigneur dans cette lumière que Notre Dame nous a mise dans la poitrine. J’aime tellement Dieu !

              Ce qui impressionnait et absorbait davantage François, c’était Dieu, la Très Sainte Trinité, dans cette lumière immense qui nous pénétrait jusqu’au plus intime de l’âme.

              Il disait : nous étions là à brûler dans cette lumière qui est Dieu, et nous ne nous consumions pas. Comment est Dieu ? On ne peut pas le dire ! Oui, vraiment, personne ne pourra jamais le dire [2] ! »

 

               Voici donc en quelques mots une affirmation théologique de la plus haute importance : « Comment est Dieu ?… Personne ne pourra jamais le dire ! » affirme François après cette expérience unique de la lumière du Dieu qui est Amour (1 Jn 1,5 et 4,16).

               Alors, comprenons-le une fois pour toutes : même avec le don ultime au Ciel de la « vision béatifique », on ne fait pas le tour de Dieu !…  Nous le connaîtrons d’une manière unique dans la lumière de sa gloire, cette « lumen gloriae » affirmée par l’approche théologique qui s’appuie sur l’Ecriture : « En toi est la source de vie, par ta lumière, nous voyons la lumière ! » (Ps 35,10). Nous sommes donc appelés à la participation de l’amour même de Dieu : une participation qui nous emporte dans le mouvement d’amour infini de Dieu… mais sans jamais en voir le bout !

            L’approche théologique et mystique de l’Orient chrétien peut nous aider en ce sens. Paul Evdokimov[3] témoigne que « l’apophatisme oriental rend témoignage à l’Esprit Saint. Personne qui demeure inconnue mais qui manifeste toute chose de Dieu et rend réelle toute vie spirituelle… car « la ténèbre éblouissante » n’est qu’une manière d’exprimer la proximité la plus réelle et en même temps insaisissable : trouver Dieu consiste à le chercher sans cesse… C’est vraiment voir Dieu que de n’être jamais rassasié de le désirer ! Dieu est l’éternellement cherché[4]… « Il reste caché dans son épiphanie même[5] ! »

 

+M-Mickaël

  

[1] Catéchisme de l’Eglise Catholique, Centurion / Cerf / Fleurus-Mame, 1998, n°52

[2] Mémoires de Sœur Lucie, Compilation du Père Louis Kondor, 1997, 4° mémoire, p.166-129-133.

[3] Paul Evdokimov, L’amour fou de Dieu, Seuil, 1973, p.46 et 60.

[4] Saint Grégoire de Nysse, Homélie sur le Cantique des cantiques, Patrologie grecque 44, col .920 C.

[5] Saint Maxime, Amb., Patrologie grecque 91, col. 1048 D.




Méditation de l’Evangile de la Pentecôte – 28 mai 2023

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 Jésus – Marie

 

Pentecôte : 28 mai 2023           

 

Première lecture : Actes 2,1-11  /  Psaume 103

Deuxième lecture : 1° lettre de Saint Paul aux Corinthiens 12, 3b-7-12-13

Evangile de Jésus-Christ selon Saint Jean : 20,19-23 

 

Méditation évangélique :

« Ainsi, dès son premier jour, l’Eglise parle en toutes les langues…

Elle est d’emblée catholique, universelle ! »

Cardinal Joseph Ratzinger (Benoît XVI)

 

        La joie indicible de la Pentecôte est l’aboutissement du triomphe pascal ! Certes, tout commence dans l’Eglise pentecostale et se déploiera dans le temps ; mais le feu de la lumière et de l’Amour lui est donné : « Ils virent apparaître des langues pareilles à des flammes de feu et elles se posèrent sur chacun d’eux. Alors, ils furent tous remplis de l’Esprit Saint, et se mirent à parler en d’autres langues… » Et la foule cosmopolite rassemblée disait :

« Nous les entendons proclamer dans nos langues les merveilles de Dieu ! » (Ac 2,3-4-11).

        En ces temps de contradictions, il ne faut donc jamais perdre de vue ce qu’est l’Eglise : une humanité transfigurée par la douceur et la puissance de l’Esprit Saint ! Dieu le Père, par le Cœur ouvert de son Fils sur la Croix, nous donne la participation à son Amour infini… et la Pentecôte est l’aboutissement de l’indicible dessein de la Sainte Trinité : tout homme peut devenir participant de l’Amour même de Dieu ! Saint Paul l’exprime sublimement :

      « Ce dont nous parlons, c’est d’une sagesse de Dieu, mystérieuse, demeurée cachée, celle que, dès avant les siècles, Dieu a par avance destinée pour notre gloire, celle qu’aucun des princes de ce monde n’a connue… nous annonçons ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme, tout ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment… Car c’est à nous que Dieu l’a révélé par l’Esprit ; L’Esprit en effet sonde tout, jusqu’aux profondeur de Dieu ! » (1 Co 2,7-10).

    La Pentecôte est la réponse définitive de Dieu à la tentation première et perverse de Satan : « Vous serez comme des dieux ! » (Gn 3,5). Il la réitère en cette fin des temps avec une domination jamais vue dans l’histoire… telle est l’infernale notion de progrès qui parodie une nouvelle création dont le transhumanisme est l’ultime fascination ! Il faut donc saisir qu’à la Pentecôte, « L’Esprit renouvèle, mais en l’inversant, l’événement de Babel (Gn 11), cette expression de l’orgueil des hommes qui veulent devenir comme Dieu et construire sans Dieu, un pont vers le Ciel, la tour de Babel [1] ! »

      Quand Jésus souffle sur les Apôtres, il leur donne sur terre ce pouvoir de pardonner les péchés (Jn 20,22-23). C’est quelque chose d’immense dans l’ordre de la Miséricorde Infinie de Dieu… Après le don d’amour infini de la Sainte Eucharistie et le pouvoir de baptiser en les envoyant évangéliser « toutes les nations » (Mt 28,10), voici le pouvoir de remettre les péchés ! Sans ce sacrement du pardon, comment avancerions-nous au milieu des terribles combats de la vie en ce monde ? Avons-nous bien saisi combien derrière le pardon donné à travers son prêtre, le Seigneur opère une résurrection ?  Il faut écouter ici un Saint Curé d’Ars pour en être convaincus et découvrir la puissance de la Miséricorde :

     « Le bon Dieu est toujours disposé à nous recevoir : sa patience nous attend !… Il y en a qui disent : « j’ai trop fait de mal, le bon Dieu ne peut pas me pardonner ! » C’est un gros blasphème ! C’est mettre une borne à la Miséricorde de Dieu, et Elle n’en a point : Elle est infinie ! … »

         Quand le prêtre donne l’absolution, il ne faut penser qu’à une chose : c’est que le Sang du Bon Dieu coule sur notre âme pour la laver, la purifier et la rendre aussi belle qu’elle était après le baptême !… Le bon Dieu jette nos péchés par-derrière ses épaules, c’est-à-dire Il les oublie, Il les anéantit : ils ne reparaîtront plus jamais ! [2] »

     Prenons conscience que la Pentecôte ne célèbre pas seulement un événement du passé, si déterminant soit-il. Elle célèbre « la puissance de l’Amour » dans la révélation du Dieu Père, Fils et Saint-Esprit qui vaincra le prince de ce monde, jour après jour, et se révèlera dans « le triomphe du Cœur Immaculé » de Marie annoncé à Fatima !

     Mais avant le retour du Fils de l’homme…  Jésus a posé une terrible question sur ce temps qui semble de plus en plus être le nôtre, et nous ne pouvons pas l’éluder :

« Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » (Lc 18,8)

 

                                                                                            +M-Mickaël 

    

          

[1] Cardinal Joseph Ratzinger (Benoît XVI), Retraite au Vatican 1983.

[2] Saint Jean-Marie Vianney (1786-1859), « La Miséricorde de Dieu et le sacrement de la Réconciliation ».