Saint Jean Apôtre : « Près de Notre Dame des Larmes… »

« Près de la Croix de Jésus se tenait sa Mère… »

Jean 19,25

 

Dans cette prière du lundi à Saint Jean Apôtre, nous disons aussi :

« Toi qui contemplas, près de Notre Dame des larmes,

Le mystère insondable de son Cœur ouvert sur la Croix… »

Cette prière nous projette au centre   du plus grand des mystères : notre salut en Jésus-Christ crucifié et ressuscité ! Et nous savons que le fruit unique de son Cœur transpercé est le jaillissement de l’Esprit !… (Jn 19,34) mais nous savons aussi qu’au tout début de l’histoire du salut, l’Esprit Saint est « venu sur Marie avec puissance » (Lc 1,35) pour opérer le mystère de l’Incarnation… car son œuvre divine est toujours liée à son Epouse ! En ce sens, un des plus beaux textes de Montfort est à méditer en ce sens. C’est comme le « voici ta Mère » du Saint-Esprit :

« Heureuse et mille fois heureuse est l’âme ici-bas, à qui les Saint-Esprit révèle le secret de Marie pour le connaître… Cette âme ne trouvera que Dieu seul, sans créature, dans cette aimable créature ; mais Dieu en même temps infiniment Saint, infiniment condescendant et proportionné à sa faiblesse… car il n’y a point de lieu où la créature puisse le trouver plus proche d’elle et plus proportionné à sa faiblesse qu’en Marie, puisque c’est pour cet effet qu’il y est descendu. Partout ailleurs, il est le pain des forts et des anges ; mais en Marie, il est le pain des enfants[1]… »

Ainsi, depuis qu’Elle a dit « oui » à l’Annonciation et qu’Elle l’a porté en son sein, Marie sera pour toujours « tout contre Jésus » … Ce n’est pas seulement la place de la Mère, c’est le mystère de toute sa vie que d’être sans cesse posée, follement abandonnée, entre les bras de son Fils et son Dieu étendu sur la Croix ! Son Cœur Immaculé et douloureux est toujours « tout près » de l’Amour sauveur pendant que, trop souvent, nous sommes « ailleurs » ! Elle est là en notre nom à ce moment bouleversant et solennel où Le Seigneur nous dit à travers Jean : « Voici ta Mère ! » (Jn 19,27). Il devient son premier enfant, et nous devenons « tous » cet enfant unique « né dans les douleurs et le travail de l’enfantement » (Ap 12,2). Il est temps d’ouvrir les yeux de la foi sur Notre Dame des larmes…

Elle était là, debout et unie comme personne à l’Amour crucifié, debout et offerte à jamais « pour nous » puisque son Fils tant aimé « voyant sa Mère et, se tenant près d’Elle, le disciple qu’il aimait, dit à sa Mère : « Femme, voici ton fils ! » (Jn 19,26). Et à cet instant, Saint Jean-Paul II contemple : « Il ouvrit d’une manière toute nouvelle le Cœur de sa Mère… Marie devint la mère de Jean. La Mère de Dieu est devenue la Mère de l’homme… et à travers Jean, tout homme devint son fils à Elle… » Désormais, « Marie est Mère de tous les hommes et son empressement pour la vie de l’homme est de portée universelle[2]… »

Ainsi donc, quand du haut de la Croix, le Christ fait de sa Mère « notre Mère », cela la lie au mystère de l’Eglise à travers le temps : Elle reçoit la mission de « veiller » à la fois sur toute l’humanité et sur chaque homme pour les protéger et les conduire vers son Fils, Unique Sauveur. Elle est le visage maternel de l’Esprit Saint qui déploie en douceur, patience et puissance l’œuvre du salut ; car la maternité universelle de Marie est une participation à la puissance du Paraclet[3].

Qui comprendra l’inépuisable tendresse du Cœur de Marie ? Elle nous aime comme Elle a aimé Jésus au pied de la Croix… car « ici a lieu la naissance du nouveau peuple de Dieu, de l’Eglise, dont Marie est à la fois l’image et la Mère[4] ».

Et c’est pourquoi à Fatima, son « Cœur Immaculé » est entouré d’une couronne d’épines… Il est le « signe » qui la lie à nous à chaque instant dans le mystère du salut. Et c’est donc aussi la « certitude » qu’Elle enveloppe de sa douceur chacune de nos douleurs où l’Esprit nous fait naître à l’Amour…

 

+Marie-Mickaël

 

[1] Saint Louis Marie de Montfort, Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge, n°20.

[2] Saint Jean-Paul II, Homélie à Fatima, 13 Mai 1982.

[3] Ce terme johannique est apparenté à « paraklèsis » : consolateur. Mais il se rapproche également de « parakaleö » qui signifie : « appeler près de soi ». Ainsi, « la Paraclet désigne trois aspects de l’activité de l’Esprit Saint : Présence de Jésus (Jn 14,15-18), Défense de Jésus (Jn 15,26 /16,7), Mémoire vivante de l’Eglise qui lui permet d’actualiser ce qu’a dit Jésus (Jn 14,26) ». Dictionnaire du Nouveau Testament, Seuil 1975, p.407.

[4] Ignace de la Potterie, Marie dans le mystère de l’Alliance, Desclée 1988, p.280.




13 mai 1917 : Première Apparition de Notre Dame à Fatima !

« Une Dame, plus brillante que le soleil ! »

Sœur Lucie de Fatima

Le 13 mai 2024, cela fera 107 ans que la Vierge Marie est apparue pour la première fois aux trois enfants de Fatima au Portugal… Elle les visite au cœur du printemps, en plein dans leur mission de petits bergers : Il est 12h, et ils s’apprêtent à prendre leur frugal repas quand, dans le ciel d’azur, une vive lumière traverse le ciel ! Ils craignent un orage et Lucie décide précipitamment de retourner à la maison avec les brebis… Ils courent rapidement dans la pente quand un second éclair, plus éblouissant, les surprend ! Et c’est alors qu’advient la bouleversante première rencontre dont témoigne Lucie :

« Ils voient sur un petit chêne vert, une Dame, toute vêtue de blanc, plus brillante que le soleil, irradiant une lumière plus claire et plus intense qu’un verre de cristal rempli d’eau cristalline, traversé par les rayons du soleil le plus ardent… Nous nous arrêtâmes, surpris par cette Apparition. Nous étions si près que nous nous trouvions dans la lumière qui l’entourait, ou plutôt qui émanait d’Elle… Alors, Notre-Dame nous dit :

  • N’ayez pas peur, je ne vous ferai pas de mal !
  • D’où venez-vous, Madame ? lui demande Lucie.
  • Je suis du Ciel !… »

Arrêtons-nous un instant sur ces premiers instants de l’Apparition de la Vierge et sur la description unique que nous en fait Lucie :

Tout d’abord, cette « Dame, toute vêtue de blanc et plus brillante que le Soleil ! » est véritablement une manifestation de la lumière du Ciel… car juste avant la venue de la Vierge, de nombreux témoins signalent à l’Apparition du 13 septembre[1] plusieurs prodiges qui se manifesteront à chaque Apparition :

On constate un affaiblissement de la lumière du soleil, au point de distinguer les étoiles du ciel ; et ensuite un rafraîchissement soudain de l’atmosphère… et enfin, cette pluie mystérieuse d’une multitude de fleurs blanches qui disparaissent avant de toucher terre !… Et puis, soudain jaillit l’éclair dans le ciel qui est le « signe » que la Vierge approche… et quelques instants après, Elle est là devant les 3 enfants sur le petit chêne-vert, dans cette lumière à la fois si douce et indicible…

Dans cette première Apparition du 13 mai, il y a ensuite une référence unique à la lumière qui, à la fois, rayonne de cette Dame et l’enveloppe avec cette référence au mystère du « verre de cristal » : « Une Dame, toute vêtue de blanc, plus brillante que le soleil, irradiant une lumière plus claire et plus intense qu’un verre de cristal[2] rempli d’eau cristalline, traversé par les rayons du soleil le plus ardent ! »

Cette approche descriptive n’est peut-être pas si étonnante sur les lèvres de Lucie : le cœur et le regard d’un enfant sont plus simples et transparents face à la lumière de Dieu. Le psaume ne dit-il pas : « Jusqu’au cieux ta splendeur est chantée par la bouche des enfants, des tout petits ! » (Ps 8,2-3). La liturgie de l’Eglise ne fait-elle pas aussi référence à la Vierge dans ce passage du Cantique des cantiques : « Qui est celle-ci qui surgit comme l’aurore, belle comme la lune, resplendissante comme le soleil !… » (Ct 6,10). Et enfin, Saint Jean-Paul II n’a-t-il pas affirmé à Fatima : « Le Cœur de la Mère est immense : plus grand que le cosmos visible et invisible ! »

      Alors, quand Lucie demande à la Dame : « D’où venez-vous ? » La réponse de la Vierge est une évidence de lumière : « Du Ciel ! » Car c’est de là qu’Elle vient… et, si Elle descend régulièrement nous visiter : c’est pour nous emmener avec Elle au Ciel où Jésus nous a « préparé » notre place unique (Jn 14,2-3) dans ce bonheur indicible de là-haut où règne et jaillit à jamais la   joie de Dieu !

 

+Marie-Mickaël

 

 

[1] Une foule estimée à trente mille personnes !

[2] Nous reviendrons prochainement sur le mystère du « cristal » en référence à Apocalypse 15,2.




Le mois de Marie – Le mois le plus beau !

A la Vierge chérie, disons un chant nouveau !

Ornons le sanctuaire de nos plus belles fleurs,

Offrons à notre Mère, et nos chants et nos cœurs !

Le début de ce chant traditionnel à Marie pour le mois de mai est si beau de simplicité et de tendresse pour notre Mère si proche qui veille tant sur nous… C’est l’enfance spirituelle de l’Evangile qui s’y manifeste en toute liberté de cœur ! (Mc 10,13-16). On l’a trop souvent oublié dans l’Eglise actuelle et la petite Thérèse, désormais Docteur de l’Eglise, vient nous l’enseigner avec ce réalisme évangélique et marial qui la caractérise :

« Tu nous aimes, Marie, comme Jésus nous aime (Jn 13,34)

Et tu consens pour nous à t’éloigner de Lui.

Aimer c’est tout donner et se donner soi-même,

Tu voulus le prouver en restant notre appui…

Le Sauveur connaissait ton immense tendresse

Il savait les secrets de ton Cœur maternel,

Refuge des pécheurs, c’est à toi qu’il nous laisse (Jn 19,27)

Quand Il quitte la Croix pour nous attendre au Ciel[1] ! »

Ce bouleversant mystère du salut nous révèle cette voie mariale silencieuse à l’école de Jean, le disciple bien-aimé de Jésus … N’est-il pas devenu le premier enfant de Marie au pied de la Croix ? Il est grand ce « mystère » de la foi :

« La maison de Saint Jean devient ton seul asile,

Le fils de Zébédée doit remplacer Jésus… (Jn 19,27)

C’est le dernier détail que donne l’Evangile,

De la Reine des Cieux il ne me parle plus…

Mais son profond silence, ô ma Mère chérie

Ne révèle-t-il pas que le Verbe Eternel (Jn 1,1)

Veut Lui-même chanter les secrets de ta vie

Pour charmer tes enfants, tous les Elus du Ciel[2] ? »

La simplicité évangélique est souvent source d’une telle profondeur théologique…  « Le fils de Zébédée doit remplacer Jésus », car Jésus lui a dit cette Parole ultime : « Voici ta Mère ! » (Jn 19,27). Et la Mère de Dieu devient au pied de la Croix « sa » Mère ! Thérèse le chante avec bonheur : « Refuge des pécheurs, c’est à toi qu’Il nous laisse… quand Il quitte la Croix pour nous attendre au Ciel :

« Bientôt je l’entendrai cette douce harmonie,

Bientôt dans le beau Ciel, je vais aller te voir

Toi qui vins me sourire au matin de ma vie

Viens me sourire encor… Mère… voici le soir !

Je ne crains plus l’éclat de ta gloire suprême,

Avec toi j’ai souffert et je veux maintenant

Chanter sur tes genoux, Marie, pourquoi je t’aime

Et redire à jamais que je suis ton enfant[3] !… »

Si l’on relit et médite en entier ce merveilleux poème de Thérèse, on y découvrira aussi une « réponse » paisible et profondément évangélique à toutes les objections protestantes… et comment ne pas penser ici aux paroles mariales de la petite Sainte Bernadette de Lourdes qui a vécu presque à la même époque :

« Méditer souvent sur les souffrances que Marie, notre bonne Mère, endura au pied de la Croix où son cher Fils était cloué. Qu’elle dût être « profonde » la douleur dans ce Cœur si sensible de la Mère de Jésus !… Tout autre femme que Marie se serait affaissée en présence d’une si cruelle douleur… Elle se tient debout au pied de la Croix !… Ô Marie, c’est au fort de la douleur et de l’épreuve que vous êtes devenue ma Mère[4] !… »

Quel chemin et quelle sagesse évangélique pour celle, si humble, qui disait à Lourdes : « Je ne savais que mon chapelet ! » Ainsi, en ce début du mois de Marie, intensifions avec une ferveur « renouvelée » notre prière méditée du Chapelet ou, mieux, du Rosaire car « Le Rosaire te pénètre de l’infinie douceur et humilité de Marie… La prière du Rosaire t’ouvre les portes du Ciel dès maintenant[5] ! »

 

+Marie-Mickaël

 

[1] Thérèse de Lisieux, Œuvres complètes, Pourquoi je t’aime, Ô Marie ! Cerf-DDB 1992, n°22, p.755.

[2] Thérèse de Lisieux, op, cit., n°24, p.756.

[3] Thérèse de Lisieux, op. cit., n°25, p.756.

[4] Sainte Bernadette de Lourdes, Carnet notes intimes 1874.

[5] Messages de Jésus à Maryam, Le Rosaire – L’arme pour sauver la France et le monde, Parvis 2018, p.38.




L’Ange gardien : Il me conduit vers le Ciel !

« Notre bon ange nous prend par la main,
dès notre entrée dans la vie…
pour ne plus nous quitter tant que dure notre course mortelle ! »
Sainte Gemma Galgani

L’Ange gardien est toujours près de moi car il est « le signe invisible » de la tendresse de Dieu ! Il n’en est pas moins « réel » au cœur de notre foi et il est donc urgent de le découvrir. Pour cela, confions-nous chaque jour à son inspiration divine et à sa protection efficace… « car dans les combats que nous menons pour rester forts contre les puissances mauvaises, les Anges nous assistent… En effet, si des Anges gardiens ne lui avaient été donnés, notre faiblesse ne pourrait résister aux attaques nombreuses… Elle avait besoin pour cela de l’aide d’une nature supérieure. Nous savons qu’il en est ainsi par les paroles avec lesquelles le Seigneur fortifia Moïse tremblant et craintif : « Mon Ange marchera devant toi ! [1] !» (Ex 23,20-23).
Saint Bernard en avait aussi une « vive conscience » et il nous invite à « découvrir » ce mystère de présence offert à chaque instant par le Très-Haut :

« Votre bon Ange est toujours près de vous ; non seulement il est avec vous, mais il est là pour vous car il cherche à vous protéger et à vous être utile…
Avec un Ange près de vous, que pourriez-vous craindre ? Votre Ange ne peut se laisser vaincre ni tromper, il est fidèle, il est prudent, il est puissant : pourquoi donc avoir peur ?
Si quelqu’un avait le bonheur de voir tomber le voile qui couvre ses yeux, il verrait avec quelle attention, avec quelle sollicitude les Anges se tiennent au milieu de ceux qui prient, au-dedans de ceux qui méditent, sur le lit de ceux qui se reposent[2]… »

Cette présence constante de l’Ange gardien dans ma vie est à vivre dans le « mystère de la foi ». Il ne faut jamais oublier cette parole ultime de Jésus à l’Apôtre Thomas qui avait exigé de « voir et toucher » les plaies sur son Corps ressuscité (Jn 20,24-27) : « Parce que tu me vois, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! » (Jn 20,29). Cette béatitude de la foi est notre force et notre joie dans la relation la plus intime possible avec notre Ange gardien.
On ne le dira jamais assez : si la première mission de notre Ange gardien est de « veiller sur nous » durant notre traversée terrestre avec ses tentations, ses épreuves et ses dangers… son ultime mission est de nous protéger du Mal sur la fin de notre vie. Demandons-lui souvent la grâce de « la persévérance finale » pour désirer plus que tout « la place mystérieuse » que Jésus nous a préparé au Ciel… (Jn 14,1-6).
Il nous faut donc développer cette « belle habitude » de proximité avec notre Ange gardien que Saint Padre Pio recommandait magnifiquement à Raffaelina, une de ses filles spirituelles :

« O Raffaelina, comme il est consolant de savoir que nous sommes toujours sous la garde d’un ange céleste qui ne nous abandonne même pas (chose admirable !…) dans l’action par laquelle nous déplaisons à Dieu… Prenez la belle habitude de toujours penser à lui… car, à côté de nous, il y a un esprit céleste qui, du berceau à la tombe, ne nous quitte pas un instant, qui nous guide, qui nous protège comme un ami, comme un frère, qui doit aussi nous consoler toujours, spécialement dans les heures les plus tristes…
O Raffaelina, que ce bon ange prie pour vous : il offre à Dieu toutes les bonnes œuvres que vous faites… Dans les heures où il vous semble être seule et abandonnée… n’oubliez pas cet invisible Compagnon, toujours présent pour vous écouter, toujours prêt à vous consoler. O délicieuse intimité ! O heureuse compagnie [3]… »

Ce texte admirable en dit long sur cette relation à développer avec notre Ange gardien. Et après ce que nous avons essayé de méditer pour mieux découvrir ce compagnon si présent au cœur de notre vie… Comment ne pas voir que notre petit Ange gardien est un don continuel de l’infinie Miséricorde de Dieu ? En effet, devant ma faiblesse et mon péché, devant mon inconstance et mes trahisons, devant mes lâchetés et mes échecs : il ne s’éloigne pas, il est toujours là à me vouloir du bien et à m’offrir son aide pour retrouver les rivages de la grâce ! Envoyé par l’amour du Père, du Fils et du Saint-Esprit, l’Ange gardien est un don et un signe admirable de cette tendresse de Dieu qui fait « tout » pour me protéger et me sauver de la haine de Satan : il est en quelque sorte ce sourire de Dieu qui veille sur moi en me ramenant toujours dans les bras de la Reine des Anges !
En conclusion, je vous invite urgemment à faire aujourd’hui et régulièrement votre « consécration à votre Ange gardien » avec cette très belle prière qui suit :

Consécration à l’Ange gardien

Saint Ange gardien,
Toi que Dieu m’a donné pour être mon Protecteur
et mon Guide dés le début de mon existence…
En présence de Dieu, mon Seigneur et mon Maître,
de Marie, ma céleste Mère,
de Saint Michel Archange, mon Protecteur,
de tous les Anges et de tous les Saints…

Moi, (se nommer… ), pauvre pécheur,
je me consacre à Toi aujourd’hui…
Je te supplie de me prendre par la main
et de ne plus me lâcher !
Par cette main devenue la tienne :
Je promets fidélité et obéissance constantes
à Dieu et à la Sainte Eglise…

Je promets de toujours vénérer Marie
comme ma Souveraine, ma Reine et ma Mère
et d’imiter sa vie !…

Je promets de toujours te vénérer,
Toi, mon saint Protecteur,
et de propager, selon mes moyens, la dévotion aux Saints Anges…
afin d’obtenir les secours de ta Protection
spécialement promis en ces temps-ci…

Obtiens-moi, Saint Ange de Dieu,
qu’une Foi à toute épreuve me garde de tout faux pas…
et que l’Amour parfait me consume !…

Par ta main puissante, écarte de moi les assauts de l’Enfer !
Je te demande par l’humilité de Marie,
de me libérer de tous les dangers
afin que , sous ta Protection,
je parvienne aux portes de la Cité céleste !
Amen !

                                                                                                                                                                                                                                           +M-Mickaël

 

[1] Saint Hilaire, Tract. Psalm. 134 ; P.L. IX, 761.

[2] Ange de l’Eglise, Editions bénédictines, 1999.

[3] Lettre du 20 avril 1915, adressée à Raffaelina Cerase.




L’Ange Gardien : mon Ami toujours avec moi !

« Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits…

 Car leurs Anges dans les cieux voient sans cesse

la face de mon Père qui est dans les Cieux ! »

Matthieu 18,10

 

 

Notre ange gardien ?… Une réalité de foi absolument unique et bouleversante ! Imaginez-vous un peu : Je le reçois de Dieu à ma naissance et il veille sur moi 24h sur 24… jusqu’au moment « décisif » où je quitterai pour toujours cette terre ! Cela veut dire que durant toute ma vie, il va me protéger de tant de dangers et m’aider chaque instant à me tourner vers mon Créateur et Sauveur !  Durant toute mon existence : il est mon « gardien de la Présence divine ! »

Que je me lève ou que je me couche, que je me repose ou que je travaille, que je marche ou que je sois assis, que je sois seul ou avec des amis, que je sois dans la joie ou dans les larmes, que je sois en paix ou en danger… Il est là, il me regarde, il veille sur moi et m’inspire ce qui est le plus vrai, ce qui est le plus beau ! Et cela : dans la lumière du Très-Haut qu’il voit et adore éternellement tout en veillant sur moi ! N’ayons pas peur des mots : c’est un véritable miracle de la tendresse de Dieu qui m’est offert 24h sur 24 !… Et le monde ne m’en parlera jamais !  Et l’Eglise actuelle l’oublie ou l’annonce si peu… Alors qu’en ces derniers temps où culminent les épreuves, nous avons tant besoin de la Force d’en Haut ! Découvrons donc cet immense cadeau que Dieu nous fait à travers notre Ange gardien… N’est-ce-pas un signe permanent de sa tendresse ?

La présence en nos vies des Anges et de notre ange gardien est d’abord une vérité de la foi catholique. Le Catéchisme l’enseigne clairement :

« Toute la vie de l’Eglise bénéficie de l’aide mystérieuse et puissante des Anges[1]… et dans sa liturgie, l’Eglise se joint aux anges pour adorer le Dieu trois fois saint… elle fête plus particulièrement la mémoire de certains Anges : Saint Michel, Saint Gabriel, Saint Raphaël[2] et les anges gardiens[3] ».

Le catéchisme[4] précise enfin magnifiquement sur l’Ange gardien :

« Du début de l’existence (Mt 18,10) au trépas (Lc 16,22), la vie humaine est entourée de leur garde (Ps 91,10-13) et de leur intercession (Jb 33,23-24) : « Chaque fidèle a à ses côtés un ange comme protecteur et pasteur pour le conduire à la vie[5] ! »

Aujourd’hui, alors que l’Eglise est trop souvent « muette » sur la présence des anges… on trouve sur le net et dans nombres de livres toute une approche ésotérique de « soi-disant anges » qui porteraient chance et bonheur en nos vies ! De fait, c’est une énorme entreprise de récupération : on vous classifie par le signe astrologique ou la date de naissance comme pour certifier que vous êtes l’élu d’une entité mystérieuse… alors qu’en réalité, ces faux pasteurs vous font plutôt « flirter » avec les anges rebelles !

La vérité, c’est que notre « ange gardien » est un cadeau immense envoyé par Dieu, lui-même, et qu’il est un signe de son infinie tendresse au quotidien. Saint Jean de la Croix nous le confirme avec force :

« Les Anges sont nos pasteurs ; non seulement ils portent à Dieu nos messages, mais ils nous apportent aussi ceux de Dieu. Ils nourrissent nos âmes de leurs douces inspirations et des communications divines ; en bons pasteurs ils nous protègent et nous défendent contre les loups, c’est-à-dire contre les démons[6] ! »

Je conclurai cette première partie en proposant une courte prière quotidienne à notre Ange gardien :

« Ange de Dieu, Toi mon gardien…

Veille sur moi, aujourd’hui :

Le jour, la nuit, le soir et le matin…

A tout instant, sois mon soutien !

Protège-moi des embûches de l’Ennemi,

et guide-moi vers la joie de la Patrie céleste… »

 

+M-Mickaël

 

[1] Catéchisme de l’Eglise catholique 334.

[2] Le 29 septembre.

[3] Le 2 octobre.

[4] Catéchisme de l’Eglise catholique 336.

[5] Saint Basile, Eun. 3,1.

[6] Saint Jean de la Croix, Avis 220.




Saint Jean, l’apôtre bien-aimé du Seigneur (3) : « Toi qui reposas si souvent sur sa poitrine ! »

Dans son Evangile, Saint Jean nous révèle son attitude d’intimité unique avec le Maître : elle est dévoilée au moment troublant où le Seigneur annonce de manière mystérieuse la trahison de Judas… Là, Jean se définit à travers une tendre proximité avec Jésus :

« Les disciples se regardaient les uns les autres, ne sachant de qui il parlait. Un de ses disciples, celui que Jésus aimait, se trouvait à table tout contre Jésus. Simon Pierre lui fait signe et lui dit : « Demande quel est celui dont il parle. » Se penchant alors vers la poitrine de Jésus, le disciple lui dit : « Seigneur, qui est-ce ? » Jésus répond : « C’est celui à qui je donnerai la bouchée que je vais tremper ! … » il la prend et la donne à Judas… Après la bouchée, Satan entra en lui… et aussitôt la bouchée prise, il sortit ; il faisait nuit… » (Jn 13,22-30).

On découvre d’abord dans cet Evangile que Saint Pierre reconnaissait cette proximité unique que Jean avait avec le Maître. A travers Pierre, Roc précieux de la foi choisi par Jésus (Mt 16,18), nous est révélée ensuite en Jean, si proche du Cœur de Jésus, la dimension contemplative future de l’Eglise dont la Vierge est la plénitude : sa silencieuse proximité avec Elle, déjà, durant le ministère du Seigneur, le conduira à être le seul Apôtre présent au pied de la Croix. Et c’est pourquoi si Jean est présent au début de la mission apostolique près de Pierre (Ac 4,13-22), il disparaît ensuite après les premières persécutions pour protéger et conduire la Vierge Marie à Ephèse, à l’écart…

Certes, il continuera à évangéliser… mais de manière plus contemplative, comme il le laisse entendre au début de l’Apocalypse avant de témoigner de sa vision bouleversante du Christ glorieux :

« Moi, Jean, votre frère et votre compagnon dans l’épreuve, la royauté et la constance, en Jésus. Je me trouvais dans l’île de Patmos, à cause de la Parole de Dieu et du témoignage de Jésus. Je tombais en extase, le jour du Seigneur, et j’entendis derrière moi une voix clamer, comme une trompette : « Ce que tu vois, écris-le dans un livre pour l’envoyer aux sept Eglises… Je me retournais pour regarder la voix qui me parlait… et je vis comme un Fils d’homme revêtu d’une longue robe serrée à la taille par une ceinture en or… ses yeux comme une flamme ardente… et son visage, c’est comme le soleil qui brille dans tout son éclat ! A sa vue, je tombai comme mort à ses pieds… » (Ap 1,9-17).

Cet évènement constituera pour lui une étape décisive : il demeurera l’Apôtre témoin du Seigneur, mais sous une forme plus cachée, contemplative et prophétique dont témoigne son Apocalypse. Car prés de Marie, il entre alors dans le rayonnement silencieux[1] de « la Femme » enveloppée du « Soleil » (Ap 12,1). Et l’on peut affirmer que Jean n’aurait jamais écrit son « Evangile spirituel » s’il n’avait été auparavant « imprégné » par le silence contemplatif de la Vierge. Il a reçu d’Elle, au-delà des paroles, une pénétration unique du mystère de l’Incarnation : en effet, derrière la beauté contemplative de son Evangile et de ses Epîtres, se cache le regard silencieux du Cœur de Marie (Lc 2,19) … et cette profondeur mariale initiée par l’Esprit est passée dans le regard de Jean. Comme l’écrit splendidement un Père de l’Eglise :

« Il faut donc oser dire que, de toutes les Ecritures, les Evangiles sont les prémices et que, parmi les Evangiles, les prémices sont celui de Jean, dont nul ne peut saisir le sens s’il ne s’est reposé sur la poitrine du Seigneur et n’a reçu de Jésus, Marie pour Mère[2]… »

Alors, comment interpréter ce paradoxe johannique où l’Apôtre ne se nomme pas mais se définit comme « Celui que Jésus aimait » en reposant souvent sur son Cœur… (Jn 19,26-27 / Jn 20,2-10 / 21,7.20-23).

Cette expression unique nous touche en même temps qu’elle peut nous interroger ? Pourquoi l’Apôtre se définit-il si intime du Seigneur, au point de paraitre « unique » dans le Collège apostolique ? Il faut d’abord constater que dans les relations humaines, il y a déjà des nuances évidentes en nos vies entre les amis intimes et les connaissances au sens large. On remarquera aussi que si Jean ne se « nomme » pas dans sa proximité avec Jésus, c’est qu’il se veut un simple disciple… Ne sommes-nous pas là devant « un choix d’humilité » qui le fait s’effacer devant l’amour infini du Seigneur ?

Enfin, n’y-a-t-il pas aussi de sa part un enseignement secret pour nous dire que la vie « commence » vraiment quand on regarde « Celui que l’on a transpercé » (Jn19,37). On découvre alors, comme il l’a écrit, que « devant Lui, nous apaiserons notre cœur si notre cœur venait à nous condamner, car Dieu est plus grand que notre cœur et il connaît tout ! » (1 Jn 3,20).

En conclusion, cela signifie que si « Dieu est Lumière » (1 Jn 1,5) et qu’il opère une vérité libératrice en nos vies, c’est pour nous plonger plus profondément en ce « Dieu qui est Amour ! » Car « ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés et qui as envoyé son Fils » (1 Jn 4,10).

Ce mystère a habité très tôt dans le cœur du disciple bien-aimé et à travers les personnages de son Evangile, il veut nous ouvrir la voie vers l’Amour incompréhensible que Jésus nous porte… Souvenons-nous de son dialogue bouleversant avec la Samaritaine (Jn 4,7-47) ou la femme adultère (Jn 8,2-11)  car en vérité, il nous aime tous, chacun et chacune, d’une manière « unique » que l’on commence à découvrir en cette vie et se dévoilera en la vie éternelle !

A travers Sainte Faustine, ne nous dira-t-il pas à en tant que Christ miséricordieux :

« Je veux répandre mes grâces inconcevables sur les âmes qui ont confiance en ma miséricorde (687) … Qu’elles s’approchent de cet océan de miséricorde avec une très grande confiance : les pécheurs obtiendront justification et les justes seront affermis dans le bien (1520) … Les grâces de ma miséricorde se puisent à l’aide d’un unique moyen, et c’est la confiance. Plus la confiance est grande, plus l’âme reçoit ! » (1578)

Ainsi, la « confiance » est le secret ultime pour être sauvé et brûlé par le feu de l’infinie Miséricorde ! Elle seule peut nous plonger dans l’océan de la Miséricorde… La petite Thérèse en a fait le cœur battant de sa voie d’enfance spirituelle :

« Ce qui plaît au Bon Dieu dans ma petite âme, c’est de me voir aimer ma petitesse et ma pauvreté, c’est l’espérance aveugle que j’ai en sa miséricorde… Voilà mon seul trésor !… Restons bien loin de tout ce qui brille, aimons notre petitesse, aimons à ne rien sentir, alors nous serons pauvres d’esprit et Jésus viendra nous chercher, si loin que nous soyons il nous transformera en flammes d’amour… Oh ! que je voudrais pouvoir vous faire comprendre ce que je sens !… C’est la confiance et rien que la confiance qui doit nous conduire à l’Amour[3]… »

 

+ Marie-Mickaël

 

[1] « La sainteté est plus décisive que le ministère épiscopal, même si celui-ci est indispensable. Il est plus important d’être saint que d’être laïc, consacré, diacre, prêtre, évêque ou pape… Malgré l’importance du ministère de Pierre, Marie est plus décisive que lui pour l’avenir de l’Eglise ! » Monseigneur Léonard, Le cœur de la foi chrétienne, Edition de l’Emmanuel, 2003, p.70.

[2] Origène, Sur l’Evangile de Jean.

[3] Sainte Thérèse de Lisieux, Œuvres complètes, Lettre 197, Cerf-DDB 1992, p.552-553.




Jésus, j’ai confiance en toi !

« Je promets que l’âme qui honorera cette image

ne sera pas perdue… »

Jésus à Sainte Faustine, petit journal 48

 

En cette neuvaine annuelle à la Miséricorde Divine qui commence le Vendredi Saint jusqu’au premier Dimanche après Pâques, il faut surtout ne jamais oublier le cœur du Message : Nulle faiblesse, nul péché, nulle extrême fragilité n’aura jamais le dernier mot en nos vies si nous renouvelons jusqu’au bout « le saut de la confiance » en la Miséricorde ! C’est le grand combat que nous avons tous à mener où notre cœur oscille entre confiance et désespérance, paix et trouble : tel est le grand rendez-vous de nos vies…

Il faut se souvenir ici des promesses extrêmes de Jésus à Sainte Faustine qui jaillissent de son Cœur ouvert sur la Croix (Jn 19,33-35) :

« Peins un tableau selon l’image que tu vois, avec l’inscription : « Jésus, j’ai confiance en toi[1] ! » Je désire qu’on honore cette image, d’abord dans votre chapelle, puis dans le monde entier !

Je promets que l’âme qui honorera cette image ne sera pas perdue. Je lui promets aussi la victoire sur ses ennemis dés ici-bas, et spécialement à l’heure de la mort. Moi-même, je la défendrai comme ma propre gloire ! »

Petit journal, 47-48

La confiance sans limites et sans cesse renouvelée est donc au cœur de notre combat de la foi. En ce sens, Jésus miséricordieux nous ouvre à travers Sainte Faustine un horizon immense :

« Je veux répandre mes grâces inconcevables sur les âmes qui ont confiance en ma miséricorde… (687) Qu’elles s’approchent de cet océan de miséricorde avec une très grande confiance… (1520) Dis aux âmes qu’elles ne fassent pas obstacle en leur propre cœur à ma miséricorde, qui désire tant agir en elles… Ma miséricorde est à l’œuvre dans tous les cœurs qui lui ouvrent la porte : le pécheur comme le juste ont besoin de ma miséricorde. La conversion comme la persévérance est une grâce de ma miséricorde (1577) … »

La confiance en l’amour miséricordieux de Jésus doit conduire à le rencontrer à travers le mystère des sacrements de l’Eglise : Il y a donc une urgence absolue à vivre en particulier le « sacrement de la réconciliation » en confessant ses péchés au Seigneur à travers son prêtre… là s’opère « le miracle de sa miséricorde » :

« Il suffit de se jeter avec foi aux pieds de celui qui tient ma place, de lui dire sa misère et le miracle de la miséricorde divine se manifestera dans toute sa plénitude… Ô malheureux, qui ne profitez pas maintenant de ce miracle de la miséricorde divine ; en vain vous appellerez, il sera déjà trop tard ! » (1448).

En soi, il n’est jamais trop tard et Jésus, dans son infinie miséricorde, viendra nous chercher jusqu’au dernier instant de notre vie sur terre. Mais le Seigneur veut ici nous « ouvrir les yeux » sur notre mollesse qui, trop souvent, nous fait « reporter à plus tard » l’urgence de notre conversion au présent : et là, grand est le danger que « plus tard » devienne « trop tard » !

Cet éloignement dangereux s’installe sournoisement et tue peu à peu dans le cœur le feu de l’Evangile… là, l’âme s’enferme dans la dureté de l’indifférence et d’une pratique religieuse sans cœur. Là, le vrai « désir de conversion » disparaît au profit d’un intérêt démesuré pour les choses du monde ! Et cela se vérifie à la sainte Messe au moment sacré de la Communion eucharistique :

« Sache ceci, ma fille, que lorsque je viens dans la sainte Communion jusqu’au cœur des hommes, j’ai les mains pleines de toute sorte de grâces et je désire les donner aux âmes, mais les âmes ne font même pas attention à moi, elles me laissent seul et s’occupent d’autre chose. Oh ! comme cela m’attriste que les âmes n’aient pas compris l’Amour. Elles se conduisent envers moi comme envers une chose morte… » (1385).

C’est ici qu’il faut s’inspirer d’une splendide méditation du Cardinal Journet sur la réalité bouleversante de chaque Messe qui rend présent l’unique Sacrifice du Sauveur :

« A chaque fois que les paroles de la Consécration sont prononcées, l’Eglise, représentées par le prêtre et les fidèles, est rendue présente au Sacrifice sanglant : les deux mille ans qui nous séparent de la Croix sont abolis, nous sommes là comme l’étaient la Sainte Vierge et Saint Jean. Et chaque génération peut à son tour s’engouffrer dans l’Offrande éternelle du Christ, offerte pour tous les temps… »

+ Marie-Mickaël

 

[1] Sainte Faustine proposa à Jésus d’intituler le tableau : « Jésus, Roi de Miséricorde ! » Mais le Christ lui répondit qu’il était bien Roi de Miséricorde, mais que ce qui blessait le plus son Cœur était « le manque de confiance envers sa bonté… car la méfiance des âmes me déchire les entrailles ! »




Le regard de Jésus ressuscité : L’Amour infini caché dans chaque instant…

« Ses yeux : une flamme de feu ! »

Apocalypse 1,14

 

Saint Jean de la Croix a cette parole révélatrice de sa contemplation sur Jésus Vivant : « Pour Dieu, regarder c’est aimer ! » Cette permanence de sa Présence, et donc de son Regard qui s’offre à chaque instant, Jésus nous l’a promise juste après sa Résurrection : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ! » (Mt 28,20).

A nous de découvrir ce Regard d’amour caché : Il suffit de fermer les yeux sur l’extérieur et d’ouvrir les yeux de la foi, sur l’intérieur : ce regard du cœur qui découvre peu à peu de vastes horizons que le monde ignore… Alors, comme l’épouse du Cantique, nous entendrons l’arrivée mystérieuse du Christ Epoux :

« J’entends mon bien-aimé… Voici qu’il arrive, sautant sur les montagnes, bondissant sur les collines. Mon bien-aimé est semblable à une gazelle… Voilà qu’il se tient derrière notre mur. Il guette par la fenêtre, il épie par le treillis… Il me dit : « Lève-toi ma bien-aimée, ma belle, viens ! … car l’hiver est passé… Sur notre terre, les fleurs se montrent… Le roucoulement de la tourterelle se fait entendre… les vignes en fleur exhalent leur parfum ! »  (Cantique des cantique, 2,8-13)

Être chrétien, c’est avoir découvert cette Présence cachée en plein dans ta vie, au plus profond de ton cœur … car là où tu es, et pas ailleurs, le Seigneur t’attend pour commencer ou continuer la plus belle des aventures : une histoire « unique » et il n’y en aura pas d’autre comme celle-là ! La relation à Jésus ressuscité est « unique » pour chaque personne humaine, et le cri de la prière la révèle : pensons au bon larron crucifié à côté de Jésus… Il se tourne vers lui dans une dernière prière et Jésus lui promet d’entrer au Ciel avec Lui : « Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le Paradis ! » (Lc 23,43).

Alors, que la foi priante te fasse pressentir que Dieu est là, caché chez toi, comme t’y invite un Saint Augustin :

« Ecoute le fond de ton être, il y a toujours Quelqu’un[1]… »

Et comme l’affirme Sainte Thérèse d’Avila : « Il tournera vers toi ses yeux si beaux… » Prier, faire l’oraison silencieuse du cœur, c’est se découvrir de plus en plus « intra céleste » … car c’est « croire qu’un Être qui s’appelle l’Amour habite en toi à tout instant du jour et de la nuit[2] ». Jésus t’est « présent » par cet incessant Regard posé sur tout ce qui fait ta vie :

« Dieu te regarde, qui que tu sois. Il t’appelle « par ton nom » (Jn 10,3-4). Il te voit et il te comprend, lui qui t’a fait. Tout ce qu’il y a en toi, il le sait : tous tes sentiments, tes pensées, te inclinations, tes goûts, ta force et ta faiblesse. Il te voit dans tes jours de joie comme dans te jours de peine… Il a compté tes cheveux. Il t’entoure de ses bras et te soutient… Il contemple ton visage, dans le sourire ou les pleurs, dans la santé ou dans la maladie. Il regarde tes mains et tes pieds avec tendresse, il entend ta voix, le battement de ton cœur et jusqu’à ton souffle…

Ce n’est pas seulement que tu fais partie de sa Création, lui qui a souci même des moineaux (Mt 10,29). Tu es une être humain racheté et sanctifié, son enfant… Tu es un de ceux pour qui le Christ a offert au Père sa dernière prière et y a mis le sceau de son Sang précieux…

Qu’est-ce que l’homme, que sommes- nous, que suis-je, pour que le Fils de Dieu « ait de moi un si grand souci » ? (Ps 8,5). Que suis-je pour qu’il m’ait refait à neuf, et pour qu’il ait fait de mon cœur sa demeure[3] ? »

Ces paroles uniques de Newman nous laissent deviner le mystère intemporel de ce Dieu qui se tient toujours au cœur de notre vie : le Regard de Dieu révèle le mystère de sa Présence car ce regard, qui jamais ne se détourne, est le signe silencieux de son infinie miséricorde… qui comprendra ce Regard qui voit tout, qui sait tout… et qui nous offre tant de tendresse ?

Son silencieux Regard infiniment respectueux est le secret ultime qui nous révèle son Cœur transpercé et toujours ouvert sur la Croix… Son Regard, c’est son Cœur ! Tel est le mystère offert à chaque instant à travers les yeux de Jésus Ressuscité…

 

+M-Mickaël

 

[1] Saint Augustin, Commentaire du Psaume 102,2.

[2] Sainte Elisabeth de la Trinité, Œuvres complètes, Lettre 330, p.785.

[3] Saint John Henry Newman, A Particular Providence as revealed in the Gospel, PPS vol.3, n°9.




Qui comprendra les larmes de Marie ?

« Il a été transpercé à cause de nos crimes ! »

Isaïe 53,5

                                                

« Près de la Croix de Jésus, se tenait sa Mère… »

Jean 19,25

 

       Juste avant la semaine Sainte, souvenons-nous d’une grande vérité de la foi à contempler : découvrir « un peu » combien Marie, ma Mère, a souffert pour moi au pied de la Croix de Jésus, notre Sauveur…

Souvenons-nous de cet instant sacré où, après avoir expiré, il vient d’avoir le Cœur transpercé. Marie est là, face à Lui… et ce dernier assaut sur le Corps de son Fils achève sa Passion et met en lumière une double vérité du salut :

  • De son Cœur ouvert par la lance jaillit une infinie miséricorde pour l’humanité ! Là, tout est possible pour chaque homme à chaque instant : telle est la plus profonde vérité de la Révélation…

 

  • Marie, toujours vivante et brisée, vit une compassion extrême en son Cœur dont la douleur est abyssale : celle de la Mère de Dieu qui a vu mourir son Enfant-Dieu sur la Croix dans un dernier acte de violence : car s’il est affreux pour une maman de voir souffrir son Enfant innocent et crucifié… il lui est encore plus terrible de constater que juste après sa mort, on blesse à nouveau la chair de sa chair !

C’est cette indicible douleur que chante l’émouvant Stabat Mater :

« Debout, la Mère douloureuse près de la Croix était en larmes devant son

Fils suspendu…

Dans son âme qui gémissait, toute brisée, endolorie, le glaive était

enfoncé…

Quel est celui qui, sans pleurer, pourrait voir la Mère du Christ dans un

supplice pareil ? … »

 

La petite Thérèse, elle aussi, a contemplé la douleur de la Mère :

« Un prophète l’a dit, Ô Mère désolée,

Il n’est pas de douleur semblable à ta douleur ! (Lm 1,12)

Ô Reine des martyrs, en restant exilée,

Tu prodigues pour nous tout le sang de ton Cœur[1]… »

 

Qui comprendra les larmes de Marie ? On est devant un mystère de présence douloureuse si effacé et si intérieur… Il faut se tourner vers le Fils crucifié pour découvrir la puissance cachée du Cœur blessé de sa Mère :

« Ô Jésus, regardez les larmes de Celle qui vous a le plus aimé sur terre

et qui vous aime le plus tendrement au Ciel !…

Vos larmes, Ô Mère douloureuse, anéantissent le pouvoir de l’Enfer[2] ! »

 

Juste avant la semaine Sainte, écoutons avec attention les paroles mariales et évangéliques uniques d’un juif converti : « Les larmes de la Mère des douleurs remplissent l’Ecriture et débordent sur tous les siècles… Car toutes les fois que quelqu’un éclate en pleurs, au milieu de la foule ou dans la solitude, c’est Elle-même qui pleure, parce que toutes les larmes lui appartiennent en sa qualité d’Impératrice de la Béatitude et de l’Amour ! Les larmes de Marie sont le Sang même de Jésus-Christ répandu d’une autre manière, comme sa Compassion fut une sorte de crucifiement intérieur pour l’Humanité sainte de son Fils. Les larmes de Marie et le Sang de Jésus sont la double effusion d’un même cœur… C’est ce qu’exprime les paroles adressées à Sainte Brigitte : « Comme Adam et Eve ont vendu le monde pour une seule pomme, mon Fils et moi, nous avons racheté ce monde avec un seul Cœur [3] ! »

En ce dernier acte de la Passion où le côté de Jésus est transpercé : l’épée de douleur prophétisée par Syméon (Lc 2,35) traverse ici le Cœur de la Vierge à un degré de profondeur que Dieu seul connaît… Marie est en syntonie parfaite avec cette ultime blessure sur le Corps de son Fils tant aimé car, juste avant, la Parole créatrice du Verbe éternel l’a ouverte à une « nouvelle maternité » à travers l’Apôtre bien-aimé (Jn 19,26-27). Et voici que maintenant, le Cœur douloureux de Marie est « résonnance parfaite » du Cœur ouvert de Jésus : le mystère de l’infinie miséricorde s’est dévoilé dans l’indicible douleur des deux Cœurs…

+ M-Mickaël

 

[1] Sainte Thérèse de Lisieux, Œuvres complètes, Pourquoi je t’aime, Ô Marie, Poésie 54, p.755.

[2] Extrait du « chapelet de larmes de la Très Sainte Vierge » – Prière si émouvante et si puissante que l’on peut réciter chaque vendredi en particulier…

[3] Léon Bloy, Les larmes de Marie.




Saint Jean, l’Apôtre bien-aimé du Seigneur ! (2)

     2 – « Tu fus saisis à jamais par le Regard du Maître… »

La première rencontre est le moment où la vie du jeune Jean va basculer…

Ici, il faut laisser résonner en nos cœurs la beauté de cet Evangile où prédomine le silence des regards et la profondeur des paroles : après avoir reçu, la veille, la Révélation de « l’Elu de Dieu » (Jn 1,34) ; Jean, le Baptiste, montre pour la première fois à ses disciples Celui que le monde attendait… et Jean, l’Apôtre naissant, découvre pour la première fois le Visage de son Maître :

« Le lendemain, Jean se tenait là, de nouveau, avec deux de ses disciples. Regardant Jésus qui passait, il dit : « Voici l’Agneau de Dieu ! » Les deux disciples entendirent ses paroles et suivirent Jésus… » (Jn 1,35-37).

Nous voici arrivés à un tournant décisif de la mission de Jean-Baptiste où le Précurseur laisse place à la Lumière à travers des paroles ultimes :

« Vous m’êtes témoins que j’ai dit : « Je ne suis pas le Christ, mais je suis envoyé devant Lui. » Qui a l’épouse est l’Epoux… mais l’ami de l’Epoux qui se tient là et qui l’entend, est ravi de joie à la voix de l’Epoux ! Telle est ma joie, et elle est parfaite ! Il faut que Lui grandisse et que moi, je diminue… » (Jn 3,28-30).

Et le Baptiste conclut en nous plongeant au cœur de la Révélation : à travers la contemplation « Verbe fait chair », il nous dévoile ainsi le mystère de la Très Sainte Trinité ! Il est vraiment le plus grand des prophètes qui nous fait basculer avec une sagesse unique de l’Ancien au Nouveau Testament :

« Celui qui vient d’en Haut est au-dessus de tous… Celui qui vient du Ciel témoigne de ce qu’il a vu et entendu, et son témoignage, nul ne l’accueille… En effet, Celui que Dieu a envoyé prononce les paroles de Dieu, car il donne l’Esprit sans mesure… Le Père aime le Fils et a tout remis dans sa main. Qui croit au Fils a la vie éternelle ; qui refuse de croire ne verra pas la vie… » (Jn 3,31-36).

On comprend donc que de telles paroles étaient déjà présentes dans le regard du Baptiste lorsque « regardant Jésus qui passait, il dit : « Voici l’Agneau de Dieu[1] ! » (Jn 1,36) Et ses deux disciples suivirent Jésus…

Cet évènement biblique ultime marque, non un abandon des deux disciples vis-à-vis du Baptiste, mais un « passage » de Jean et d’André vers la Lumière… Comme le remarque très justement un moine chartreux : « Puis-je dire qu’ils abandonnent Jean-Baptiste ? Ils restent plutôt avec lui dans la lumière vraie qu’il leur a montrée ; ils restent dans l’esprit de sa mission, de son témoignage… ils lui sont donc fidèles… et ils le prolongent. Le Précurseur qui demeure en avant, dans son rôle, rejoint Jésus en eux et par eux[2] ! » En ce sens, il faut se souvenir ici des paroles décisives de l’Apôtre dans son prologue, synthèse de tout son Evangile :

« Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous, et nous avons contemplé sa gloire, gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité ! Jean lui rend témoignage et il clame :

« C’est de lui que j’ai dit : Celui qui vient derrière moi, le voici passé devant moi, parce qu’avant moi il était… »

Oui, de sa plénitude nous avons tous reçu… Nul n’a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est tourné vers le sein du Père, lui, nous l’a fait connaître ! »

(Jn 1,14-18)

Ainsi, cette première rencontre va devenir la plus bouleversante de toute leur vie… Il y a véritablement un avant et un après quand le Seigneur leur fait face : « Jésus se retourna et voyant qu’ils le suivaient, leur dit : « Que cherchez-vous ? » Ils lui dirent : « Rabbi, où demeures-tu ? » Il leur dit : « Venez et voyez ! »  Ils demeurèrent auprès de lui ce jour-là. C’était environ la dixième heure[3] » (Jn 1,38-39).

Quand Jésus se retourne, les deux disciples voient pour la première fois le Visage du « Verbe fait chair » … Ce premier regard de Jésus sur les deux disciples est un événement « unique » dans leur vie, et de l’ordre de « l’indicible » dans la vie de Jean : il découvre le regard du Dieu fait homme qui s’inscrit à jamais au plus profond de son être : « Jean est entré dans le Cœur de Jésus : il y a pris cette place à part qu’il a ajoutée à son nom pour le compléter et qui est presque devenu son nom propre : « Le disciple que Jésus aimait ! … » Il reposait la tête sur son Cœur, il reposait tout son être dans son amour. Il était là depuis le premier soir où il avait demandé à Notre Seigneur encore inconnu : « Où habitez-vous[4] ? »

Voici donc la première note de son chant d’amour ! Il en témoignera par le chant de toute sa vie que laissent deviner ses écrits sacrés : de la beauté de son

Evangile et de ses Epîtres à la plénitude mystérieuse de son Apocalypse qui donne le sens ultime à toute la Bible !

Nous y reviendrons, mais notons que c’est auprès du Cœur silencieux de Marie, à Ephèse, que s’achèvera la Révélation finale sur Jésus, à travers le regard de la Mère…

+M Mickaël

 

__________________________________________________________

[1] Paroles uniques reprises à la Sainte Messe quand le prêtre présente l’Hostie sacrée à l’assemblée chrétienne : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché de monde ! » (Jn 1,29)

[2] Dom Augustin Guillerand, Au seuil de l’abîme de Dieu – Elévations sur l’Evangile de St Jean, Rome 1961, p.93.

[3] C’était donc vers 4 heures de l’après-midi : Jean aime situer avec précision les moments décisifs de la Révélation.

[4] Dom Augustin Guillerand, op. cit., p.102.