Notre-Dame des Larmes

En 2013, le diocèse de Syracuse en Italie a fêté le 60ème anniversaire du prodige qui s’y est déroulé pendant quatre jours successifs. Le fait s’était produit les 29, 30, 31 août et 1er septembre 1953 chez un jeune couple, Angelo Lannuso et Antonia Giusto. Un petit relief en plâtre représentant le Cœur Immaculé de Marie, placé au chevet du lit du couple, s’était mis à verser des larmes humaines. Le pape saint Jean-Paul II y fit une visite pastorale le 6 novembre 1994, et dans son homélie il dit :

« Les larmes de la Vierge font partie des signes : elles témoignent de la présence de la Mère dans l’Église et dans le monde. Une mère pleure quand elle voit ses enfants menacés par quelque mal spirituel ou physique. Sanctuaire de la Vierge aux Larmes, tu es destiné à rappeler à l’Église les larmes de la Mère.

Ici, entre ces murs accueillants, que viennent tous ceux qui se sentent oppressés par la conscience du péché et qu’ils fassent ici l’expérience de la richesse de la miséricorde de Dieu et de son pardon ! Que les conduisent ici les larmes de la Mère.

Ce sont des larmes de douleur pour tous ceux qui refusent l’amour de Dieu (…), pour tous ceux qui ne prient pas parce qu’ils sont distraits par mille autres intérêts, ou parce qu’ils demeurent obstinément fermés à l’appel de Dieu. Ce sont des larmes d’espérance, qui font fondre la dureté des cœurs. »

 




15 septembre : Notre-Dame des Douleurs

La fête de Notre-Dame des Sept-Douleurs, le 15 septembre, a pour but de nous rappeler le martyre terrible qu’endura la Vierge en tant que co-rédemptrice du genre humain.
L’Eglise honore en ce jour ses incomparables douleurs, spécialement celles qu’elle ressentit au pied de la croix au moment de la consommation du mystère de notre Rédemption. Après s’être concentré sur le déchirement de l’âme de Marie au jour de la Passion de Son Fils, jour où ses souffrances atteignirent leur maximum d’intensité, la piété des fidèles s’est étendue à d’autres douleurs que la divine Mère éprouva à différentes occasions de sa très sainte vie.
Pour illustrer les douleurs de la Vierge-Mère, les peintres représentent son Coeur percé de sept glaives, symbole des sept principales douleurs de la Mère de Dieu, qui la couronnèrent Reine des martyrs. Voici la liste de ces sept douleurs dont le souvenir est cher aux enfants de Marie:

1. La prophétie du saint vieillard Siméon.
2. La fuite en Egypte.
3. La disparition de Jésus au Temple pendant trois jours.
4. La rencontre de Jésus portant Sa croix et montant au Calvaire.
5. Marie debout au pied de la croix.
6. La descente de Jésus de la croix et la remise à Sa Mère.
7. L’ensevelissement de Jésus dans le sépulcre.

La très Sainte Vierge s’est plue à manifester au monde combien la dévotion à ses douleurs infinies lui était agréable et nous était salutaire. A plusieurs reprises, elle est venue stimuler la foi et la piété des fidèles en apparaissant toute inondée de larmes, dans différents pays. Citons par exemple l’apparition de Notre-Dame de La Salette, en France, en 1846, la manifestation des larmes de la Vierge de Quito, en Equateur, celle de Notre-Dame des Sept-Douleurs de Campocavallo, à Osimo, en Italie, et en 1956, la touchante intervention de la Vierge de Syracuse, dans le port de Sicile, sur la côte est de l’Italie.

Contemplons dans les bras de Marie, l’Homme-Dieu crucifié pour nos iniquités et compatissons aux douleurs excessives de notre Mère du ciel. Joignons nos larmes aux siennes et détestons nos péchés qui ayant provoqué la mort de son divin Fils, ont également été la cause de son intime martyre. Prions-la de nous obtenir du Sauveur les grâces nécessaires pour profiter de ses exemples et imiter Ses vertus lorsqu’Il Lui plaira de nous faire part de ses humiliations, de ses douleurs et de sa croix.

Textes liturgiques propre à la fête de Notre-Dame des Sept-Douleurs :
Hébreux 5, 7-9 – Psaume 31, 2 – Jean 19, 25-27 ou Luc 2, 33-35

LE STABAT MATER

Stabat Mater est une prière composée au treizième siècle et attribuée au franciscain italien Jacopone da Todi. La fête associée à cette séquence est celle de la Notre-Dame des douleurs (15 septembre).
Le texte de la séquence évoque la souffrance de Marie lors de la crucifixion de Jésus-Christ. Le titre est une abréviation de Stabat mater dolorosa, son premier vers, qu’on peut traduire ainsi : «La Mère des douleurs se tenait debout».

PRIONS :

Stabat mater

Debout, la Mère des douleurs,
Près de la croix était en larmes,
Quand son Fils pendait au bois.

Alors, son âme gémissante,
Toute triste et toute dolente,
Un glaive le transperça.

Qu’elle était triste, anéantie,
La femme entre toutes bénie,
La Mère du Fils de Dieu !

Dans le chagrin qui la poignait,
Cette tendre Mère pleurait
Son Fils mourant sous ses yeux.

Quel homme sans verser de pleurs
Verrait la Mère du Seigneur
Endurer si grand supplice ?

Qui pourrait dans l’indifférence
Contempler en cette souffrance.
La Mère auprès de son Fils ?

Pour toutes les fautes humaines,
Elle vit Jésus dans la peine
Et sous les fouets meurtri.

Elle vit l’Enfant bien-aimé
Mourir tout seul, abandonné,
Et soudain rendre l’esprit.

Ô Mère, source de tendresse,
Fais-moi sentir grande tristesse
Pour que je pleure avec toi.

Fais que mon âme soit de feu
Dans l’amour du Seigneur mon Dieu :
Que je lui plaise avec toi.

Mère sainte, daigne imprimer
Les plaies de Jésus crucifié
En mon cœur très fortement.

Pour moi, ton Fils voulut mourir,
Aussi donne-moi de souffrir
Une part de ses tourments.

Donne-moi de pleurer en toute vérité,
Comme toi près du crucifié,
Tant que je vivrai !

Je désire auprès de la croix
Me tenir, debout avec toi,
Dans ta plainte et ta souffrance.

Vierge des vierges, toute pure,
Ne sois pas envers moi trop dure,
Fais que je pleure avec toi.

Du Christ fais-moi porter la mort,
Revivre le douloureux sort
Et les plaies, au fond de moi.

Fais que ses propres plaies me blessent,
Que la croix me donne l’ivresse
Du sang versé par ton Fils.

Je crains les flammes éternelles;
O Vierge, assure ma tutelle
A l’heure de la justice.

Ô Christ, à l’heure de partir,
Puisse ta Mère me conduire
À la palme des vainqueurs.

À l’heure où mon corps va mourir,
À mon âme, fais obtenir
La gloire du paradis.

Amen !

Source : Tout à Jésus par Marie




La voila encore !

Le fait suivant a été raconté par le Père Sineux, lors d’une retraite le 29 juillet 1964 : un pasteur protestant d’Ecosse avait dans sa paroisse un certain nombre de familles irlandaises et, par suite, ferventes catholiques. Il en était fort ennuyé et, étant fervent dans sa religion, essayait de toutes façons de combattre leurs croyances. Il s’adressait volontiers aux enfants.

Un jour qu’il rencontre sur son chemin une fillette irlandaise d’environ huit ans, il l’arrête, cause gentiment d’abord, puis lui demande de réciter quelques prières, lui promettant, nous dirions en français deux sous, si elle les récite bien. La petite récite aussitôt le Notre Père et le Pasteur la félicite – « Tu sais d’autres prières encore? Alors dis-en une autre. » L’enfant commence le « Je vous salue, Marie ». Mais le Pasteur l’arrête « Ce n’est pas une prière cela, car on ne peut pas s’adresser à une femme, on ne doit prier que le Bon Dieu. » La petite un peu embarrassée, commence alors le « Je crois en Dieu » et le Pasteur l’encourage. Arrivée à « est né de la Vierge Marie », l’enfant toute ennuyée soupire: « La voilà encore! Qu’est-ce qu’il faut faire? »

Le Pasteur avouera plus tard qu’il avait été comme suffoqué par la réflexion de la petite Irlandaise. Il lui donna ses deux sous, la congédia et rentra chez lui tout bouleversé. La voilà encore cette Vierge Marie, dans son Credo qu’il avait récité tant de fois sans y prendre garde ! La voilà au centre de notre foi chrétienne! Et ce fut le commencement de longues réflexions qui eurent comme résultat son abjuration, peu après. C’est lui-même, devenu plus tard prêtre catholique, qui a raconté maintes fois cette anecdote qui fut pour lui capitale.

F.J.E.
Recueil Marial N° 25, 1991




Le Rosaire tient une place privilégiée dans la prière d’intercession

Il n’est rien de plus fructueux ni de plus salutaire pour les fidèles que de s’assurer la protection de la Vierge Immaculée, afin que, par l’intercession de cette très douce Mère, leur soient ouverts tous les trésors de la divine Rédemption et qu’ils aient la vie, la vie en abondance.

Le Seigneur n’a-t-il pas affirmé que c’est par Marie que nous recevons tout ? (…)

Le Rosaire est un exercice de dévotion chez les fidèles de rite latin, qui constituent une partie importante de la famille catholique. Il occupe une place privilégiée, après la Sainte Messe et le Bréviaire pour les ecclésiastiques (prêtres), et après la célébration des sacrements pour les laïcs. Il est une forme pieuse d’union avec Dieu et il élève les âmes à un haut niveau surnaturel. 

 

Pape saint Jean XXIII,

Lettre au Cardinal Agaganian, légat au Congrès Marial de Saigon, le 31 janvier 1959




Cantique de la Vierge Marie – Jean Bertaud

C’est celle dont la foy dure éternellement,
C’est celle dont la foy n’eut jamais de pareille,
C’est celle dont la foy pour notre sauvement
Creut à la voix de L’Ange et conceut par l’oreille.

C’est l’astre lumineux qui jamais ne s’éteint,
Où comme en un miroir tout le ciel se contemple ;
Le luisant tabernacle et le lieu pur et sainct
Où Dieu mesme a voulu se consacrer un temple.

C’est le palais royal tout remply de clarté,
Plus pur et transparent que le ciel qui l’enserre,
C’est le beau Paradis vers l’Orient planté,
Les délices du ciel et l’espoir de la terre.

C’est cette myrrhe et fleur et ce bausme odorant
Qui rend de sa senteur nos âmes consolées ;
C’est ce Jardin reclus suavement flairant :
C’est la Rose des champs et le Lys des vallées ;

C’est le rameau qui garde en tout temps sa couleur,
La branche de Jessé, la tige pure et saincte,
Qui rapporte son fruict et ne perd point sa fleur,
Qui demeure pucelle et qui se void enceinte.

C’est l’Aube du matin qui produit le soleil
Tout couvert de rayons et de flammes ardentes,
L’Astre des navigans, le Phare non-pareil
Qui la nuict leur esclaire au milieu des tourmentes,

Estoille de la mer, nostre seul reconfort,
Sauve-nous des rochers, du vent et du naufrage.
Ayde-nous de tes voeux pour nous conduire au port,
Et nous monstre ton Fils sur le bord du rivage.

 

Jean Bertaut (1552-1611).




Rosa das rosas

Rose parmi les roses,
Fleur parmi les fleurs,
Maîtresse des maîtresses,
Femme parmi les femmes

Rose d’élégance et de beauté,
Fleur de joie et de plaisir,
Maîtresse en ton être pieux,
Femme nous délivrant des soucis et douleurs,

Une telle femme chaque homme se doit de l’aimer
Parce qu’elle peut le préserver de tout mal
Et lui pardonner les péchés qu’il commet en ce monde.

De (Pour) cette femme,
Qui est la Dame dont je désire être le troubadour,
Je donne au diable tous les autres amours.

Alfonso X, El Sabio. (Prince de la maison d’Ivrée, fils de Ferdinand III de Castille, connu pour sa littérature. 1221-1284).
Cantigas de Santa Maria, chant 10

 




Le chapelet, notre arme mariale contre la ‘désorientation’ du monde

La décadence qui existe dans le monde est sans nul doute la conséquence du manque de prière. Ce fut en prévision de cette désorientation que la Vierge a recommandé avec tant d’insistance la récitation du chapelet.

Et comme le chapelet est, après la sainte liturgie eucharistique, la prière la plus propre à conserver la foi dans les âmes, le démon a déchaîné sa lutte contre lui. Malheureusement, nous voyons les désastres qu’il a causés.

Nous ne pouvons et nous ne devons pas nous arrêter ni laisser, comme dit Notre Seigneur, les fils des ténèbres être plus avisés que les fils de la Lumière. Le rosaire est l’arme la plus puissante pour nous défendre sur le champ de bataille.

Extrait d’une lettre de sœur Lucie de Fatima à un prêtre, 26-11-1970

 




Le Chapelet : porte secrète du Cœur de Marie…

« Les yeux de la belle Immaculée étaient comme la Porte de Dieu…

Dans ses yeux, on voyait le Paradis ! »

Mélanie de la Salette

            Face à l’invasion médiatique actuelle que nous subissons partout sur nos écrans, la « répétitivité priante » du chapelet de la Vierge nous fortifie et garde notre cœur en éveil… car nous avons à combattre les multiples tentations d’un quotidien souvent « explosé » ! D’ailleurs, ne se lève-t-on pas chaque matin en consultant son portable, plutôt qu’en saisissant son chapelet ? D’où l’intérêt de le poser chaque soir sous l’oreiller après avoir prié trois Ave Maria pour une nuit paisible et un lever priant…

Certains s’offusquent ou se lassent devant la répétitivité qu’implique la prière du chapelet[1]. Selon Sœur Lucie de Fatima, Ils ne saisissent pas que la signification essentielle de la prière est un chant d’amour : « Quand des amoureux se retrouvent, écrit-elle, ils passent des heures et des heures à se répéter : « Je t’aime ! » Et elle poursuit magistralement sur le sens profond du Rosaire de Marie, en contemplant le mystère de la Création :

« A ceux qui pensent que le Rosaire est monotone, il manque une chose : l’amour !… La répétition des « Ave Maria » n’est pas une chose vieillie. Toutes les choses qui existent et ont été créées par Dieu se maintiennent et se conservent par le moyen de la répétition des mêmes actes. Personne ne songera à appeler le soleil une vieillerie, ni la lune, ni les étoiles, ni les oiseaux, ni les plantes… parce qu’ils vivent et se développent toujours de la même manière. Et ils sont plus anciens que la récitation du chapelet !

Pour Dieu, rien n’est ancien. Saint Jean dit que les bienheureux dans le Ciel chantent un cantique nouveau, en répétant toujours : « Saint, saint, saint est le Seigneur ! » (Ap 4,8). Et le cantique est nouveau parce que, dans la lumière de Dieu, tout apparaît avec un reflet nouveau[2] ! »

Nous avons donc à découvrir plus profondément que la « répétitivité » du chapelet est l’expression d’un amour qui se renouvelle à chaque instant sous la mouvance de l’Esprit Saint :

En effet, dans l’apparente pauvreté du Rosaire est caché un secret…

Là, l’Esprit crée dans le cœur de l’enfant de Dieu, et à son insu, un jaillissement inédit où se déploie l’inexprimable vie du Ciel ! Car le Rosaire fait passer déjà les enfants de Marie vers le Ciel par la Porte secrète de son Cœur :

« La prière du Rosaire t’ouvre les portes du Ciel dès maintenant[3] ! »

Ce mystère inouï et si peu connu, Saint Louis Marie de Montfort l’a prophétisé avec une étonnante sagesse, don de l’Esprit. Son message a ouvert tant de cœurs à la béatitude de la vie mariale : un Saint Jean-Paul II et bien d’autres… à nous aussi d’en être bouleversés et de changer de direction pour suivre et écouter Jésus, notre Sauveur, qui nous a dit du haut de la Croix :

« Voici ta Mère ! » (Jn 19,27)

Voici donc, parmi tant d’autres[4] à découvrir, une des plus belles pages mariales de l’histoire de l’Eglise :

« Heureux ceux et celles qui entrent en Marie comme dans l’Arche de Noé ! Les eaux du déluge de péchés, qui noient tant de monde, ne leur nuiront point… Pauvres enfants de Marie, votre faiblesse est extrême, votre inconstance est grande, votre fond est bien gâté… Vous êtes tirés de la même masse corrompue des enfants d’Adam et d’Eve ; mais ne vous découragez pas pour cela ; consolez-vous ; réjouissez-vous : voici le secret que je vous apprends, secret inconnu de presque tous les chrétiens…

Mettez, versez dans le sein et le Cœur de Marie tous vos trésors, toutes vos grâces et vertus… Oh ! Qu’un homme qui a tout donné à Marie, qui se confie, se perd en tout et pour tout en Marie est heureux !

Je vous prie donc instamment, par l’amour que je vous porte en Jésus et Marie… de réciter tous les jours votre chapelet et même… votre Rosaire ! Et vous bénirez, à l’heure de votre mort, le jour et l’heure que vous m’avez cru…

Quand viendra ce temps heureux et ce siècle de Marie ? Où plusieurs âmes choisies et obtenues du Très-Haut par Marie, se perdant elles-mêmes dans l’abîme de son intérieur, deviendront de copies vivantes de Marie, pour aimer et glorifier Jésus-Christ ? Ce temps ne viendra que quand on connaîtra et pratiquera la dévotion que j’enseigne : « Pour que votre règne arrive, Seigneur, qu’arrive le règne de Marie[5] ! »

+Marie-Mickaël

 

[1] On pourrait faire le même reproche à « la prière de Jésus » de l’Orient chrétien. Le « Jésus, Fils de Dieu Sauveur, aie pitié de moi, pécheur ! » est répété tant de fois au quotidien…

[2] Sœur Lucie de Fatima, Lettre à Maria Teresa de Cunha, 12 avril 1970.

[3] Messages de Jésus à Maryam, Le Rosaire – L’arme pour sauver la France et le monde, Parvis 2018, p.38.

[4] Pour vivre ces derniers temps : Lire et méditer absolument le court « Secret de Marie » … et par-dessus tout : « Le traité de la vraie dévotion à la Saint Vierge ».

[5] Saint Louis Marie de Montfort, Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge, n°175-178-217-254.




Le Rosaire a conservé la foi vivante en Chine

Le saint Rosaire a été donné par la Reine du Ciel au glorieux saint Dominique pour ramener les hérétiques au sein de l’Église et convertir les pécheurs. Nous empruntons aux Annales des Missions de la Chine, un fait digne d’attention.

Dans le Kiang-Nan, dit le missionnaire chinois, la dévotion du chapelet ou du Rosaire est aussi ancienne que la foi, et c’est peut-être à lui que celle-ci doit sa conservation. Dans les paroisses, les fidèles portent le chapelet à leur boutonnière, et ils ne sont pas moins fiers de cette décoration, qu’on ne l’est ailleurs d’une croix ou d’un ruban. Aussi Marie leur accorde-t-Elle, en retour, des marques sensibles de Sa protection. Nous n’en donnerons qu’un exemple:

Une pauvre femme, livrée à tous les désespoirs, et en mauvaise intelligence avec son mari, était horriblement tentée de se suicider et elle découvrit au missionnaire son coupable dessein. Celui-ci fit tous ses efforts pour l’en détourner, et après l’avoir exhortée à mettre toute sa confiance en Marie, il lui donna un chapelet, lui recommandant de ne jamais le quitter. Un mois après, elle revint et dit à son confesseur: «Mon Père, ayez pitié de moi; je suis bien à plaindre! Si j’existe encore, si je ne suis pas engloutie dans l’enfer, ce n’est pas ma faute. Je n’ai rien épargné pour me faire mourir; mais chose inconcevable! je n’y ai pas réussi. J’ai avalé des sapèques de cuivre rouillé, et bu à plusieurs reprises des doses énormes de poison, et chaque fois, je n’en ai éprouvé que des douleurs d’entrailles accompagnées d’affreux vomissements. Que de fois je me suis mise en route pour me précipiter dans le fleuve! et toujours une main invisible m’a retenue au bord de l’eau: mes pieds refusaient de quitter la terre, quelques efforts que je fisse pour les en détacher.»

Pendant qu’elle parlait, les larmes inondaient son visage et ses traits bouleversés témoignaient de sa sincérité. Alors le Père lui adressa question sur question touchant ses exercices de piété. «Mon Père, depuis plusieurs mois, je n’ai pas, je vous l’assure, récité la moindre prière; je n’ai pas même (crime incroyable chez ces fervents chrétiens) dit mon chapelet. J’avais au fond de mon âme l’intime persuasion que j’étais une victime vouée sans ressource à la damnation.» Pendant une demi-heure, le missionnaire chercha vainement le nœud secret de l’affaire; mais le mot de chapelet le lui fit rencontrer. Il apprit que l’infortunée, fidèle à sa recommandation, ne s’était jamais laissé séparer de son Rosaire, malgré toutes les suggestions contraires de l’ennemi du genre humain. «C’est assez, lui dit-il, allez vous humilier aux pieds de la bonne Mère.» Une conversion sincère fut le fruit de cette protection signalée.

Pieux enfants de Marie, apprenez par le récit de ce pieux missionnaire à avoir une entière confiance en Notre-Dame du Rosaire. Appliquez-vous au saint usage de réciter chaque jour le chapelet, aimez à le porter avec vous, il vous sera d’un grand secours pour vous rendre la Reine du Ciel favorable. Ah! qu’il est précieux d’aimer et de servir Marie !




Le Rosaire est l’arme des Doux

« Le Rosaire apprend le secret de la paix ! »

Saint Jean-Paul II

          Lors d’un rêve où il était en danger de mort, le Saint Padre Pio nous rapporte une parole de la Vierge qui a traversé sa vie :

« Ne crains rien, je suis là… Prends ton arme et sers t’en ! »

Ces paroles lapidaires renferment en vérité « le secret de la paix » selon l’expression de Saint Jean-Paul II sur le mystère du Rosaire. En effet, quand Marie dit : « Ne crains rien, je suis là… » Elle exprime en urgence une évidence de la foi catholique : la Mère de Jésus est aussi notre Mère (Jn 19,27), et Elle a reçu « mission » de veiller sur nous pour nous tourner vers son Fils… Elle est donc là, au cœur de nos vies, avec son indicible disponibilité maternelle !

Mais sans l’ouverture de la prière, nous la laissons à la porte de nos cœurs. En négligeant de prier son chapelet dans la force de la foi et la ferveur de l’espérance, nous renonçons au combat et déposons les armes, déjà vaincus…

C’est pourquoi Elle nous dit, comme au Padre Pio : « Prends ton arme et sers t’en ! » Ce langage guerrier est un appel au combat spirituel et signifie que le Rosaire cette « armure de Dieu » évoquée par Saint Paul :

En effet, « pour pouvoir résister aux manœuvres du Diable », nous devons lutter « non contre des adversaires de sang, mais contre les principautés, les puissances, les régisseurs de ce monde de ténèbres, contre les esprits du mal qui habitent les espaces célestes » (Ep 6,10-13). Cela signifie que la vie chrétienne n’est pas un long fleuve tranquille, mais qu’elle est le lieu d’une lutte constante. Sainte Catherine de Sienne le laissait entendre avec réalisme : « Sans guerre, il n’y a pas de paix ! » Car la terre de notre cœur est encore assaillie par l’Ennemi de la paix qui veut l’occuper… Et dans ce combat spirituel de chaque jour, le chapelet est l’Arme des pauvres et des petits que nous sommes tous !

Péguy en était persuadé quand il faisait dire au Seigneur :

« Récite ton chapelet, dit Dieu…

Et ne te soucies point de ce que raconte tel écervelé :

Que c’est une dévotion passée et qu’on va abandonner.

Cette prière-là, je te le dis,

est un rayon de l’Evangile…

Ce que j’aime dans le chapelet, dit Dieu,

c’est qu’il est simple et qu’il est humble,

comme fut mon Fils, comme fut sa Mère[1]… »

Depuis tant d’années, la Vierge nous demande « d’abord » cette fidélité à « son » Arme : là, s’exerce la persévérance des pécheurs où le Rosaire devient peu à peu l’apprentissage de la douceur… En effet, inspiré par l’amour, il commence dans l’humilité et se creuse dans la patience pour nous conduire à la paix. Jour après jour, Marie nous façonne mystérieusement à l’image de son Fils, doux et humble de Cœur (Mt 11,29). Et sur ce chemin, l’Esprit, peu à peu, ouvre une brèche dans notre cœur de pierre. C’est un itinéraire où, Ave après Ave, Marie nous fait entrer dans la douceur Trinitaire en nous y adaptant avec tendresse :

« On parle de la « douceur déchirante » des couchers du soleil, de certaines musiques… Mais la douceur de Dieu est infiniment plus déchirante… et en même temps, c’est la béatitude ! Demandons la joie d’être déchiré par l’appel de l’Amour… Pour nous y aider, Dieu nous offre la Sainte Vierge… Elle est une invention et un don de Dieu, un geste par lequel Il veut adoucir les douleurs[2]… »

Ainsi, le Rosaire est l’Arme des doux et il fait de nous des « artisans de paix » (Mt 5,9). En ces temps actuel où la paix sociale et la paix mondiale sont menacées comme jamais… cette prière mariale quotidienne est notre premier engagement pour la paix : nous ne pourrons affronter les terribles défis actuels qu’avec la paix du Christ dans le cœur et la douceur de Marie dans le regard…

+Marie-Mickaël

 

 

[1] Charles Péguy, « Chantre de Chartres ».

[2] M.D. Molinié, Qui comprendra le Cœur de Dieu ? Saint Paul 1994, p.14-   16.