Le saint rosaire, cette arme que la Vierge Marie nous a donnée

« Aimez la Madone et priez le rosaire, car son rosaire est l’arme contre les maux du monde d’aujourd’hui. Toutes les grâces données par Dieu passent par la Sainte Mère ». (Padre Pio)

Le pape Jean-Paul II a sans aucun doute retenu ces paroles de saint Padre Pio, car nous savons qu’il priait le rosaire tous les jours et qu’il a accompli beaucoup d’autres choses pour promouvoir la dévotion à la Sainte Vierge et à « l’arme » qu’elle nous a donnée.

Le pape est souvent placé dans une position très difficile : il doit s’efforcer d’amener les gens au Christ par le biais de questions sociétales pertinentes, tout en évitant la tentation de s’enliser dans la culture. Le pape Jean-Paul II a trouvé un équilibre très subtil en rejoignant les gens là où ils étaient et en les invitant à grandir dans la sainteté personnelle à l’aide du rosaire.

Qu’il s’agisse de la guerre froide, des attaques terroristes du 11 septembre ou de la guerre contre la famille, Jean-Paul II a conservé une foi inébranlable et vivifiante dans le rosaire et sa puissante portée. Il nous a encouragés à prier pour la paix, pour des solutions, pour l’espérance et pour l’amour dans toutes les rencontres. Lorsque nous demandons des choses nobles, Notre Dame est toujours capable d’aller voir Notre Seigneur à notre place et nous savons que Jésus aime trop sa mère pour lui refuser quoi que ce soit .

Comme le disait saint Maximilien Kolbe, « N’ayez jamais peur de trop aimer la Sainte Vierge. Vous ne pourrez jamais l’aimer plus que Jésus ne l’a fait ».

Saint Jean-Paul II vouait une dévotion particulière à Padre Pio, Louis de Montfort, Jacinta et Francisco Marto – deux des enfants de Fatima qu’il a lui-même canonisés – tous de fervents défenseurs du Saint Rosaire. À Fatima, la Vierge a exprimé son désir d’avoir des rosaires quotidiens et saint Jean-Paul II n’avait pas l’intention de décevoir la Mère de Dieu. Il a déclaré que la promotion du Rosaire devait être reprise non seulement par notre génération, mais par toutes les générations futures, pour le salut de tous.

John Hanretty, 6 février 2024
www.relevantradio.com




Pourquoi Padre Pio plaçait-il le chapelet sous l’oreiller…




Le secret admirable du Très Saint Rosaire (10)- Saint Louis-Marie Grignion de Montfort

8e ROSE

[26] Il n’est pas possible d’exprimer combien la sainte Vierge estime le Rosaire sur toutes les dévotions et combien elle est magnifique à récompenser ceux qui travaillent à le prêcher, l’établir et [le] cultiver; et au contraire combien elle est terrible contre ceux qui veulent s’y opposer.

Saint Dominique n’a eu rien tant à cœur pendant sa vie que de louer la sainte Vierge, de prêcher ses grandeurs et d’animer tout le monde à l’honorer par son Rosaire. Cette puissante Reine du ciel n’a cessé aussi de répandre sur ce saint des bénédictions à pleines mains ; elle a couronné ses travaux de mille prodiges et miracles, il n’a jamais rien demandé à Dieu qu’il ne l’ait obtenu par l’intercession de la sainte Vierge ; et, pour comble de faveur, elle l’a rendu victorieux de l’hérésie des Albigeois et fait père et patriarche d’un grand ordre [1]

[27] Que dirai-je du bienheureux Alain de la Roche, réparateur de cette dévotion ? La sainte Vierge l’a honoré plusieurs fois de sa visite pour l’instruire des moyens de faire son salut, de se rendre bon prêtre, parfait religieux et imitateur de Jésus-Christ. Pendant les tentations et les persécutions horribles des démons qui le réduisaient à une extrême tristesse et presque au désespoir, elle le consolait et dissipait par sa douce présence tous ces nuages et ces ténèbres. Elle lui a enseigné la méthode de dire le Rosaire, ses excellences et ses fruits. Elle l’a favorisé de la glorieuse qualité de son nouvel époux, et pour gage de ses chastes affections, elle lui a mis une bague au doigt, un collier fait de ses cheveux au col, et lui a donné un Rosaire. L’abbé Tritème, le docte Cartagène, le savant Martin Navarre et les autres en parlent avec éloges.

Après avoir attiré à la confrérie du Rosaire plus de cent mille âmes, il mourut à Zwolle, en Flandre, le 8 septembre 1475.

[28] Le démon, jaloux des grands fruits que le bienheureux Thomas de Saint-Jean, célèbre prédicateur du saint Rosaire, faisait par cette pratique, le réduisit, par ses mauvais traitements, à une longue et fâcheuse maladie dans laquelle il fut désespéré des médecins. Une nuit qu’il croyait infailliblement mourir, le démon lui apparut sous une figure épouvantable ; mais élevant dévotement les yeux et le cœur vers une image de la sainte Vierge qui était près de son lit, il cria de toutes ses forces : « Aidez-moi, secourez-moi, ô ma très douce Mère ! »  A peine eut-il achevé ces paroles, que la sainte Vierge lui tendit la main de la sainte image, lui sera le bras en lui disant : « Ne crains point, mon fils Thomas, me voici à ton secours ; lève-toi et continue de prêcher la dévotion de mon Rosaire comme tu as commencé. Je te défendrai contre tous tes ennemis. » A ces paroles de la sainte Vierge, le démon prit la fuite. Le malade se leva en parfaite santé, et il rendit grâces à sa bonne Mère avec un torrent de larmes, et continua de prêcher le Rosaire avec un succès merveilleux.

[29] La sainte Vierge ne favorise pas seulement les prédicateurs du Rosaire, elle récompense aussi glorieusement ceux qui, par leur exemple, attirent les autres à cette dévotion. Alphonse, roi de Léon et de Galice, désirant que tous ses domestiques honorassent la sainte Vierge par le Rosaire, s’avisa, pour  les y animer  par son exemple, de porter un gros Rosaire à son côté, mais sans le réciter pourtant : ce qui obligea tous les gens de sa cour à le dire dévotement.

Le roi tomba malade à l’extrémité et lorsqu’on le croyait mort, il fut ravi en esprit au tribunal de Jésus-Christ. Il vit les diables qui l’accusaient de tous les crimes qu’il avait commis et le juge étant sur le point de le condamner aux peines éternelles, la sainte Vierge se présenta en sa faveur devant son Fils ; on apporta une balance, on mit tous les Péchés du roi dedans un bassin, et la sainte Vierge mit le gros Rosaire qu’il avait porté en son honneur et avec ceux qu’il avait fait dire par son exemple, qui pesa plus que tous ses Péchés, et puis, le regardant d’un œil favorable, elle lui dit : « J’ai obtenu de mon Fils, pour récompense du petit service que tu m’as rendu en portant le Rosaire, la prolongation de ta vie pour quelques années. Emploie-les bien, et fais pénitence. » Le roi, revenu de ce ravissement, s’écria : « 0 bienheureux Rosaire de la sainte Vierge, par lequel j’ai été délivré de la damnation éternelle. » Après qu’il eut recouvré la santé, il passa le reste de sa vie dans la dévotion du saint Rosaire et le récitait tous les jours.

Que les dévots de la sainte Vierge tâchent de gagner le plus qu’ils pourront de fidèles à la confrérie du saint Rosaire, à l’exemple de ces saints et de ce roi ; ils auront ici-bas ses bonnes grâces et la vie éternelle. Qui elucidant me vitam eternam habebunt (Ceux qui m’éclaircissent auront la vie éternelle. Si 24,31)

 

 

[1] ALAN US DE RUPE, Apologia, c. 22. Ros. « . »st., 9″ diz., ch. 8.




Le secret admirable du Très-Saint Rosaire (9) – St Louis-Marie Grignion de Montfort

7e ROSE

[24] Depuis que le bienheureux Alain de la Roche a renouvelé cette dévotion, la voix publique, qui est la voix de Dieu, lui a donné le nom de Rosaire qui signifie couronne de roses ; c’est-à-dire que toutes les fois que l’on dit comme il faut son Rosaire, on met sur la tête de Jésus et de Marie une couronne composée de cent-cinquante-trois roses blanches et de 16 roses rouges du paradis, lesquelles ne perdront jamais [ni] leur beauté ni leur éclat. La sainte Vierge a approuvé et  confirmé ce nom de Rosaire, révélant à plusieurs qu’ils lui  présentaient autant d’agréables roses qu’ils réciteront d’Ave Maria en son honneur et autant de couronnes de roses qu’ils diront de Rosaires .

[25] Le frère Alphonse Rodriguez, de la Compagnie de Jésus, récitait son Rosaire avec tant d’ardeur qu’il voyait souvent, à chaque Pater, sortir de sa bouche une rose vermeille, et à chaque Ave Maria une blanche égaIe en beauté et en bonne odeur et seulement différente de couleur.

Les chroniques de saint François racontent qu’un jeune religieux avait cette louable coutume de dire tous les jours avant son repas la couronne de la sainte Vierge. Un jour, par je ne sais quel accident, il y manqua ; le dîner étant sonné, il pria le supérieur de lui permettre de la réciter avant que d’aller à table. Avec cette permission, il se retire dans sa chambre ; mais comme il tardait trop, le supérieur envoya un religieux pour l’appeler.

Ce religieux le trouva dans sa chambre, tout éclatant d’une céleste lumière, et la sainte Vierge avec deux anges auprès de lui ; à mesure qu’il disait un Ave Maria, une belle rose sortait de sa bouche, les anges prenaient les roses l’une après l’autre et les mettaient sur la tête de la sainte Vierge qui en témoignait de l’agrément. Deux autres religieux envoyés pour voir la cause du retardement des autres virent tout ce mystère, et la sainte Vierge ne disparut point que la couronne ne fût récitée.

Le Rosaire est donc une grande couronne et le chapelet est un petit chapeau de fleurs ou petite couronne de roses célestes qu’on met sur la tête de Jésus et de Marie. La rose est la reine des fleurs, de même le Rosaire est la rose et la première des dévotions.

 

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Le secret admirable du Très Saint Rosaire (8) – St Louis-Marie Grignon de Montfort

6e ROSE

[22] Depuis le temps que saint Dominique a établi cette dévotion jusqu’à l’an 1460, que le bienheureux Alain  de la Roche, par l’ordre du ciel, l’a renouvelée, on l’appelle le psautier de Jésus et de la sainte Vierge, parce qu’elle contient autant de Salutations angéliques que le psautier de David contient de psaumes, et que, les simples et les ignorants ne pouvant pas réciter le psautier de David, on trouve dans la récitation du Saint Rosaire un fruit égal à celui qu’on tire de la récitation des psaumes de David et même encore un abondant : 1° Parce que le psautier angélique a un fruit plus noble, savoir : le Verbe incarné, au lieu que le psautier de David ne fait que le prédire ; 2° Comme la vérité surpasse la figure et le corps l’ombre, de même le psautier de la sainte Vierge surpasse le psautier de David qui n’en a été que l’ombre et la figure; 3° Parce que la Sainte-Trinité a immédiatement fait le psautier de la sainte Vierge ou le Rosaire composé du Pater et de l’Ave.

Voici ce que le savant Cartagène [1] rapporte sur ce sujet : Le très savant écrivain d’Aix-La-Chapelle (J. Beyssel) dit dans son livre La couronne de Rose dédié à l’empereur Maximilien : On ne peut pas soutenir que la salutation mariale soit une invention récente. Elle se répandit avec l’Eglise elle-même. En effet, aux toutes premières origines de l’Eglise, les fidèles plus instruits célébraient les louanges divines par la triple cinquantaine des Psaumes de David. Chez les simples, qui se heurtaient à plus de difficulté dans le service divin, naquit ainsi une sainte émulation… Ils pensèrent, ce qui est un fait, que dans cet éloge céleste (le Rosaire) sont inclus tous les divins secrets des Psaumes, et cela surtout parce que si les Psaumes le chantaient comme devant venir, cette formule de prière s’adressait à Lui comme étant déjà venu. C’est ainsi qu’ils commencèrent à appeler « Psautier de Marie » les trois cinquantaines de Salutations, faisant même précéder chaque dizaine de l’Oraison dominicale comme ils avaient vu faire à ceux qui récitaient les psaumes.

[23] Le psautier ou le Rosaire de la sainte Vierge est divisé en trois chapelets de cinq dizaines chacun : 1° pour honorer les trois personnes de la Sainte-Trinité ; 2° pour honorer la vie, la mort et la gloire de Jésus-Christ ; 3° pour imiter l’Église triomphante, pour aider la militante et soulager la souffrante ; 4° pour imiter les trois parties des psaumes dont la première est pour la vie purgative, la seconde pour la vie illuminative et la troisième pour la vie unitive ; 5° pour nous remplir de grâce pendant la vie, de paix à la mort et de gloire dans l’éternité.

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[1] CARTHAGENA, De Sacris Arcanis, L. 16. Hom. I ; CN, p. 156




Le secret admirable du Très Saint Rosaire (8)- St Louis-Marie Grignon de Montfort

PREMIÈRE DIZAINE

L’ excellence du saint Rosaire

dans son origine et Son nom.

(suite)

[5. ROSE]

[81] il n’y a [à] proprement parler qu’une sorte de confrérie du Rosaire composé de 150 Ave Maria ; mais par rapport à la ferveur des différentes personnes qui le pratiquent, il y en a de trois sortes, savoir : le Rosaire commun ou ordinaire, le Rosaire perpétuel et le Rosaire quotidien. La confrérie du Rosaire ordinaire n’exige qu’on le récite qu’une fois par semaine. Celle du Rosaire perpétuel qu’une fois par an, mais celle du Rosaire quotidien demande qu’on le dise tous les jours tout entier, c’est-à-dire 150 Ave Maria. Aucun de ces Rosaires n’engage à péché, pas même véniel, si on vient à y manquer, parce que cet engagement est tout à fait volontaire et de surérogation ; mais il ne faut pas s’enrôler dans la confrérie si on n’a pas la volonté déterminée à le réciter selon que la confrérie le demande autant qu’on le pourra sans manquer aux obligations de l’état. Ainsi lorsque la récitation du saint Rosaire se trouve en concurrence avec une action à laquelle l’état engage, on doit préférer cette action au Rosaire, quelque saint qu’il soit. Lorsque dans la maladie on ne peut le dire ni tout entier ni en partie, sans augmenter son mal, on [n’] y est pas obligé. Lorsque par une obéissance légitime, ou par un oubli involontaire, ou par une nécessité pressante, on [n’] a pu le dire, il n’y a aucun péché, même véniel ; on ne laisse pas de participer aux grâces et aux mérites des autres frères et sœurs du saint Rosaire qui le disent dans le monde.

Chrétien, si vous manquez même de le dire par pure négligence, sans aucun mépris formel, vous ne péchez pas aussi, absolument parlant, mais vous perdez la participation des prières et des bonnes œuvres et mérites de la confrérie, et par votre infidélité en choses petites et de surérogation, vous tomberez insensiblement dans l’infidélité aux choses grandes et d’obligation essentielle ; car : Qui spernit modica paulatim decidet [1].

 

[1] Si 19, 1 : Qui méprise les riens peu à peu s’appauvrit.

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« J’ai expérimenté la force du chapelet »

Prier le chapelet a toujours été une corvée et surtout j’avais de grandes réserves ne comprenant pas que prier les saints et la Vierge ce n’est pas faire offense à Dieu, bien au contraire. Pas de jalousie au Ciel. Tout le monde s’aime en Dieu, uni à Dieu.
J’avais néanmoins expérimenté la force du chapelet dans quelques situations complexes et avais été stupéfait de ses effets.

Actuellement je traverse une période d’épreuves hallucinantes que je découvre être en lien avec des malédictions et de la magie et qui à mon sens ne peuvent donc résulter que d’une attaque en règle du démon qui s’en prend avec acharnement à ma famille.

Et ce matin j’ai reçu l’appel, dans mon cœur, à m’appuyer sur cette arme qu’est le chapelet et que j’ai alors récité avec facilité et joie. Joie de savoir que le pécheur que je suis n’est pas abandonné de Dieu, de découvrir que le rosaire est la prière offerte aux pécheurs même les plus endurcis, et que la Victoire m’attend au bout de toutes ces épreuves que je confie au Seigneur.
J’ai d’ailleurs parfaitement conscience que ces épreuves sont un temps de grâce que Dieu m’offre pour m’apprendre à Le prier et à Lui faire confiance.

Témoignage d’Azarias. 20 mai 2017

Source : www.rosary-world.com




Le secret admirable du Très Saint Rosaire (6) – Saint Louis-Marie Grignion de Montfort

PREMIÈRE DIZAINE

L’ excellence du saint Rosaire

dans son origine et Son nom.

(suite)

3e ROSE

[12] Cet établissement miraculeux du saint Rosaire, qui a quelque rapport avec la manière dont Dieu donna sa loi au monde sur la montagne de Sinaï, montre évidemment l’excellence de cette divine pratique ; aussi saint Dominique, inspiré du Saint-Esprit, instruit par la Sainte Vierge et par sa propre expérience, prêcha tout le reste de sa vie le saint Rosaire par exemple et de vive voix dans les villes et les campagnes, devant les grands et les petits, devant les savants et les ignorants, devant les cathoIiques et [les] hérétiques. Le saint Rosaire, qu’il récitait tous les jours, était sa préparation devant la prédication et son rendez-vous après la prédication.

[13] Lorsque le saint était, un jour de Saint-Jean l’Évangéliste, à Notre-Dame de Paris, derrière le grand autel, dans une chapelle, pour se préparer à prêcher, en récitant le saint Rosaire, la Sainte Vierge lui apparut et lui dit : « Dominique, quoique ce que tu as préparé pour prêcher soit bon, voici pourtant un sermon bien meilleur que je t’apporte.  » Saint Dominique reçoit de ses mains le livre où était ce sermon, le lit, le goûte et le comprend, en rend grâces à la Sainte Vierge. L’heure du sermon arrivée, il monte en chaire et, après n’avoir dit à la louange de saint Jean l’Évangéliste autre chose sinon qu’il avait mérité d’être le gardien de la Reine du ciel, il dit à toute l’assemblée des grands et des docteurs qui étaient venus l’entendre, qui étaient accoutumés à n’entendre que des discours curieux et polis, mais que, pour lui, il ne leur parlerait point dans les paroles savantes de la sagesse humaine, mais dans la simplicité et la force du Saint-Esprit. Alors saint Dominique leur prêcha le saint Rosaire et [le] leur expliqua mot à mot, comme à des enfants, la Salutation angélique, en se servant des comparaisons fort simples qu’il avait lues dans le papier que lui avait donné la Sainte Vierge.

[14) Voici les propres paroles du savant Carthagène qu’il a tirées en partie du livre du bienheureux Alain de la Roche intitulé De Digniitate psalterii : [Grignion cite ici le texte en latin, nous le présentons traduit] : Le bienheureux Alain affirme que son Père saint Dominique lui dit un jour dans une révélation : « Mon fils, tu prêches ;  mais pour que tu ne cherches pas plutôt la louange humaine que le salut des âmes, écoute ce qui m’est arrivé à Paris. Je devais prêcher dans la grande église dédiée à la bienheureuse Marie, et je voulais le faire d’une manière ingénieuse, non par orgueil, mais à cause de la puissance et de la dignité des assistants. Comme, selon ma coutume, Je priais en récitant mon Rosaire durant l’heure qui précédait mon sermon, j’eus un ravissement. Je voyais mon amie la Mère de Dieu m’apportant un petit livre et me disant : « Dominique, si bon que soit le sermon que tu as résolu de prêcher, je t’en ai apporte un bien meilleur. » Tout joyeux, je prends le livre, je le lis en entier, et, comme Marie l’avait dit, je trouve ce qu’il faut prêcher. Je l’en remercie de tout cœur. L’heure du sermon venue, j’avais devant moi l’Université de Paris tout entière et un grand nombre de seigneurs. Ils entendaient et voyaient les grands signes que le Seigneur opérait par moi. Je monte à l’ambon. C’était la fête de saint Jean, mais de cet apôtre je me contente de dire qu’il mérita d’être choisi pour le gardien de la Reine du ciel. Ensuite je parlai ainsi à mon auditoire : Seigneurs et Maîtres illustres, vous êtes habitués à entendre des sermons élégants et savants. Pour moi, je ne veux pas vous adresser les doctes paroles de la sagesse humaine, mais vous montrer l’Esprit de Dieu et sa vertu. » Et alors, dit Carthagène après le bienheureux Alain, saint Dominique leur expliqua la Salutation ang6lique par des comparaisons et des similitudes familières.

 [15] Et le bienheureux Alain de la Roche, comme dit le même Carthagène, rapporte plusieurs autres apparitions de Notre-Seigneur et de la Sainte Vierge à saint Dominique pour le presser et l’animer de plus en plus à prêcher le saint Rosaire, afin de détruire le péché et de convertir les pécheurs et les hérétiques ; il dit en un endroit  [nous donnons à nouveau la traduction du texte cité en latin pour Grignion de Montfort] : Le bienheureux Alain dit que la Sainte Vierge lui révéla que Jésus-Christ son Fils était apparu après elle à saint Dominique et lui avait dit : « Dominique, je me réjouis de voir que tu ne t’appuies pas sur ta propre sagesse, et que tu travailles avec humilité au salut des âmes, plutôt que de chercher à plaire aux hommes vains. Mais beaucoup de prédicateurs veulent tout de suite tonner contre les péchés les plus graves, ignorant qu’avant de donner un remède pénible, il faut préparer Je malade à le recevoir et a en profiter. C’est pourquoi ils doivent d’abord exhorter leurs auditeurs à l’amour de l’oraison, et spécialement à mon angélique psautier ; car si tous commencent à prier de la sorte, il n’est pas douteux que la divine clémence ne soit propice à ceux qui persévéreront. Prêche donc mon Rosaire. »

[16] Il dit dans un autre endroit [nous donnons à nouveau la traduction du texte cité en latin pour Grignion de Montfort] : Tous les prédicateurs font dire aux chrétiens la salutation angélique au commencement de leurs sermons pour obtenir la grâce divine. La raison en vient d’une révélation faite à saint Dominique par la bienheureuse Vierge. « Mon fils, lui dit-elle, ne vous étonnez pas de ne pas réussir en vos prédications. Car vous labourez un sol qui n’a pas été arrosé par la pluie. Sachez que, quand Dieu voulut renouveler le monde, il envoya d’abord la pluie de la Salutation angélique ; et c’est ainsi que le monde fut réformé. Exhortez donc les hommes dans vos sermons à réciter mon rosaire et vous en recueillerez de grands fruits pour les âmes ». Ce que saint Dominique ayant fait avec constance, ces prédications obtinrent un  remarquable succès. »

[17] J’ai pris plaisir à rapporter mot à mot ces passages latins de ces bons auteurs en faveur des prédicateurs et personnes savantes qui pourraient révoquer en doute la merveilleuse vertu du saint Rosaire. Pendant qu’à l’exemple de saint Dominique les prédicateurs prêchaient la dévotion du saint Rosaire, la piété et la ferveur fleurissaient dans les ordres religieux qui pratiquent cette dévotion, et dans le monde chrétien ; mais depuis qu’on eut négligé ce présent venu du ciel, on ne vit que péchés et que désordres partout.

 

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Illustration : Saint Dominique, par Fra Angelico




Le secret admirable du Très Saint Rosaire (5)- St Louis-Marie Grignion de Montfort.

PREMIÈRE DIZAINE

L’ excellence du saint Rosaire

dans son origine et Son nom.

1ère ROSE

[9] Le Rosaire renferme deux choses, savoir : l’oraison mentale et l’oraison vocale. L’oraison mentale du saint Rosaire n’est autre chose que la méditation des principaux mystères de la vie, de la mort et de la gloire de Jésus-Christ et de sa très sainte Mère. L’oraison vocale du Rosaire consiste à dire quinze dizaines d’Ave Maria précédées par un Pater  pendant qu’on médite et qu’on contemple les quinze vertus principales que Jésus et Marie ont pratiquées dans les quinze mystères du saint Rosaire.

Dans le premier chapelet, qui est de cinq dizaines, on honore et on considère les cinq mystères joyeux ; au second les cinq mystères douloureux, et au troisième les cinq mystères glorieux. Ainsi le saint Rosaire est un sacré composé de l’oraison vocale et mentale pour honorer et imiter les mystères et les vertus de la vie, de la mort et de la passion et de la gloire de Jésus-Christ et de Marie.

2e ROSE

[10] Le saint Rosaire dans son fond et dans sa substance étant composé de la prière de Jésus-Christ et de la Salutation angélique, savoir le Pater et l’Ave, et de la méditation des mystères de Jésus et de Marie, c’est sans doute la première prière et la première dévotion des fidèles, qui depuis les apôtres et les disciples a été en usage de siècle en siècle jusqu’à nous.

(11] Cependant le saint Rosaire, dans sa forme et la méthode dont on le récite à présent, n’a été inspiré à son Église, donné de la sainte Vierge à saint Dominique pour convertir les hérétiques albigeois et les pécheurs, qu’en l’an 1214, de la manière que je vais dire, comme le rapporte le bienheureux Alain de la Roche dans son fameux livre intitulé : D. Dignitate psalterii. Saint Dominique, voyant que les crimes des hommes mettaient obstacle à la conversion des Albigeois, entra dans une forêt proche de Toulouse et y passa trois jours et trois nuits dans une continuelle oraison et pénitence ; il ne cessait de gémir, de pleurer et de se macérer le corps à coups de discipline, afin d’apaiser la colère de Dieu, de sorte qu’il tomba à demi mort. La Sainte Vierge lui apparut, accompagnée de trois princesses du ciel et lui dit : « Sais-tu, mon cher Dominique, de quelle arme la Sainte-Trinité s’est servie pour réformer le monde ? O Madame, répondit-il, vous le savez mieux que moi, car après votre Fils Jésus-Christ vous avez été le principal instrument de notre salut. » Elle ajouta : « Sache que la principale pièce de batterie a été le psautier angélique, qui est le fondement du Nouveau Testament ; c’est pourquoi, si tu veux gagner à Dieu ces cœurs endurcis, prêche mon psautier. » Le saint se leva tout consolé et, brûlant du zèle du salut de ces peuples, il entra dans l’église cathédrale ; incontinent les cloches sonnèrent par l’entremise des anges pour assembler les habitants, et au commencement de la prédication un orage effroyable s’éleva ; la terre trembla, le soleil s’obscurcit, les tonnerres et les éclairs redoublés firent pâlir et trembler tous les auditeurs ; et leur terreur augmenta quand ils virent une image de la Sainte Vierge, exposée sur un lieu éminent, lever les bras par trois fois vers le ciel pour demander vengeance à Dieu contre eux, s’ils ne se convertissaient et ne recouraient à la protection de la sacrée Mère de Dieu.

Le ciel voulait par ces prodiges augmenter la nouvelle dévotion du saint Rosaire et la rendre plus fameuse.

L’orage cessa enfin par les prières de saint Dominique. Il poursuivit son discours et expliqua avec tant de ferveur et de force l’excellence du saint Rosaire, que les Toulousains l’embrassèrent presque tous et renoncèrent presque tous à leurs erreurs, et l’on vit, en peu de temps, un grand changement de mœurs et de vie dans la ville.

 

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Le secret admirable du Très Saint Rosaire (3) – St Louis-Marie Grignion de Montfort

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ROSIER MYSTIQUE [Saint Louis-Marie désigne par ce terme les âmes spirituelles]

Vous ne trouverez pas mauvais, âmes dévotes et éclairées par le Saint-Esprit, que je vous donne un petit rosier mystique venu du ciel pour planter dans le jardin de votre âme ; il n’endommagera pas les fleurs odoriférantes de vos contemplations. Il est très odoriférant et tout divin, il ne gâtera rien dans l’ordre de votre parterre ; il est très pur et bien ordonné, il porte tout à l’ordre et à la pureté ; il croit d’une hauteur si prodigieuse et devient d’une si grande étendue, si on l’arrose et si on le cultive comme il faut tous les jours, que non seulement il n’empêche pas, mais même il conserve et perfectionne toutes les autres dévotions. Vous qui êtes spirituelles, vous m’entendez bien ! Ce rosier est Jésus et Marie dans la vie, dans la mort et dans l’éternité.

[6J Les feuilles vertes de ce rosier mystique expriment les mystères joyeux de Jésus et de Marie ;  les épines, les douloureux ; et les fleurs, les glorieux. Les roses en boutons sont l’enfance de Jésus et de Marie ; les roses ouvertes représentent Jésus et Marie dans les souffrances, et les roses épanouies montrent Jésus et Marie dans leur gloire et leur triomphe. La rose réjouit par sa beauté : voilà Jésus et Marie dans les mystères joyeux ; elle pique par ses épines : les voilà dans les mystères douloureux ; et elle réjouit par la suavité de son odeur : les voilà enfin dans les mystères glorieux[1].

Ne méprisez donc pas ma plante heureuse et divine, plantez-la vous-mêmes en votre âme en prenant la résolution de réciter votre Rosaire ; cultivez-la et arrosez-la en le récitant fidèlement tous les jours et en faisant de bonnes œuvres, et vous verrez que ce grain qui paraît présentement si petit deviendra avec le temps un grand arbre où les oiseaux du ciel, c’est-à-dire les âmes prédestinées et élevées en contemplation, feront leur nid et leur demeure pour être, sous l’ombre de ses feuilles, garanties des ardeurs du soleil, pour être préservées par sa hauteur des bêtes féroces de la terre, et enfin pour être délicatement nourries par son fruit qui n’est autre que l’adorable Jésus, auquel soit honneur et gloire dans les siècles des siècles. Amen. Ainsi soit-il.

Dieu seul.

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[1] Antonin Thomas, Rosier mystique, 1ère diz., chap 7.

Image en en-tête : Notre-Dame reine du Rosaire, d’Itapiranga