Les 5 premiers samedis du mois en réparation des 5 blasphèmes contre Marie

Jeudi 29 mai 1930 au soir, à la chapelle de Couvent de Tuy (1), Sœur Lucie de Fatima (2), faisait comme à l’accoutumée l’heure sainte, de 23 heures à minuit, selon les demandes du Sacré-Cœur à Paray-le-Monial. Une présence divine lui révéla qu’il y a cinq espèces d’offenses et de blasphèmes proférés contre le Cœur Immaculé de Marie :

Les blasphèmes contre l’Immaculé Conception ; les blasphèmes contre sa virginité ; les blasphèmes contre sa maternité divine, en refusant en même temps de la reconnaître comme Mère des hommes ; les blasphèmes de ceux qui cherchent publiquement à mettre dans le cœur des enfants l’indifférence ou le mépris, ou même la haine à l’égard de notre Mère Immaculée ; et les offenses de ceux qui l’outragent directement dans les saintes images.

Voilà pourquoi, en réparation de ces cinq blasphèmes contre sa Très Sainte Mère, Notre Seigneur Jésus-Christ nous demande la dévotion réparatrice les cinq premiers samedis du mois, réclamée par le Seigneur et sa Mère en 1925. « Ils veulent donner la grâce du pardon aux âmes qui ont eu le malheur d’offenser le Cœur Immaculé de Marie, au moyen de cette petite dévotion », explique Sœur Lucie.

« La Très Sainte Vierge promet aux âmes qui chercheront à lui faire réparation de cette manière, de les assister à l’heure de la mort, avec toutes les grâces nécessaires pour se sauver. La dévotion consiste à recevoir la sainte communion le premier samedi durant cinq mois consécutifs, à dire un chapelet et à tenir compagnie à Notre Dame durant quinze minutes, en méditant les Mystères du Rosaire, et à se confesser, avec la même intention. La confession pourra être faite un autre jour ».

L’équipe de Marie de Nazareth

(1) Petite localité espagnol

(2) Portugal




« Voulez-vous vous offrir à Dieu pour supporter les souffrances ?… »

Le 13 mai 1917, Notre Dame a dit aux petits bergers de Fatima :

« Voulez-vous vous offrir à Dieu pour supporter toutes les souffrances qu’il voudra vous envoyer en acte de réparation pour les péchés par lesquels il est offensé et de supplication pour la conversion des pécheurs ? »

Sans se préoccuper des souffrances que Dieu allait leur envoyer, les petits bergers s’en remirent entièrement à sa volonté :

« Oui, nous le voulons ».

Notre Dame accueillit cette réponse comme les prémices de son message et, dans un geste de protection maternelle, elle nous enveloppa dans l’immense lumière de Dieu, tout en nous répondant :

« Vous aurez alors beaucoup à souffrir, mais la grâce de Dieu sera votre réconfort. »

C’est cette grâce qui nous introduisit dans l’immense océan de la lumière de Dieu et qui nous pousse à l’adorer dans le mystère de la Très sainte Trinité et à l’aimer dans la divine Eucharistie, en disant intérieurement dans le silence de Notre Cœur :

« O très Sainte Trinité, je vous adore. Mon Dieu, mon Dieu, je vous aime dans le Saint Sacrement de l’Eucharistie. »

 

Sœur Lucie

Dans Le message de Fatima, Carmel de Coimbra, Fatima 2006, p.36-37




« Préserve-nous feu de l’Enfer ! » IV° partie

 « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés

et parviennent à la connaissance de la vérité ! »

1 Tm 2,4

 

Et conduis au Ciel toutes les âmes,

surtout celles qui ont le plus besoin de ta miséricorde !

   La Vierge nous dévoile ici le désir universel du Cœur de Dieu qui veut « conduire au Ciel toutes les âmes… » Et c’est pourquoi nous devons toujours revenir à cette contemplation du Christ crucifié, dont le Cœur ouvert nous ouvre définitivement la porte du Royaume ! Qui comprendra jusqu’où le Sauveur est allé pour nous offrir gratuitement le salut, la vie éternelle, la joie sans fin au Ciel ?

Croire en Celui que j’ai transpercé ! Tel est le défi inattendu de la foi… et c’est pourquoi le Seigneur se tient chaque jour devant la porte de mon cœur, et me demande comme à Pierre: « M’aimes-tu ? » (Jn 21,17). Car je ne pourrai faire en vérité cette prière inspirée par la Vierge, si je ne suis un témoin « traversé » par la Miséricorde. Et là, l’enfance du cœur du cœur prêchée par Jésus est l’autre incontournable : « Laissez venir à moi les petits enfants… car c’est à ceux qui leur ressemblent qu’appartient le Royaume de Dieu ! » (Mc 10,14).   

   Voici donc quelque peu le portait spirituel de celui ou celle qui demande au Sauveur de conduire au Ciel non seulement « toutes les âmes ! » Mais par-dessus tout : « celles qui ont le plus besoin de sa miséricorde ! » La Vierge Marie, Mère de l’Eglise, nous révèle ici le mystère de l’Eglise qui contemple son Seigneur crucifié : quand l’Amour n’est pas aimé, ce rejet ouvre une blessure secrète dans le Cœur de Dieu… elle se laissera voir à la fin de sa Passion où « en transperçant le Cœur de Jésus, la lance du soldat a ouvert un grand mystère… car elle est allée plus loin que le Cœur du Christ, elle a ouvert Dieu, elle est passée pour ainsi dire, au milieu même de la Trinité[1] ! »

Ce mystère de la miséricorde traverse le temps et, à chaque instant, il nous est offert à avec une telle plénitude ! Sainte Faustine, l’apôtre choisie de la Miséricorde, en témoigne  avec force pour susciter en nos cœurs cette « folle espérance » qui, seule, touche Dieu :

« La perdition est pour l’âme qui veut se perdre… seule l’âme qui le voudra sera damnée, car Dieu ne condamne personne !… mais celui qui désire le salut trouve la mer inépuisable de la miséricorde du Seigneur… Même si j’avais sur la conscience les péchés de tous les damnés, je n’aurais pas douté de la miséricorde de Dieu, je me serais jetée dans l’abîme de ta miséricorde[2] ! »

Ne l’oublions donc jamais : l’ultime cri silencieux de la Miséricorde m’appelle à chaque instant de ma vie…

                                                             Marie+Mickaël et Marie+Jacinta

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[1] Cardinal Robert Sarah, Dieu ou rien, entretien sur la foi avec Nicolas Diat, Fayard, 2015, p.32.

[2] Sainte Faustine, Petit journal, 630 / 1393 / 1318.




« Préserve-nous du feu de l’Enfer ! » III° partie

 « Entrez par la porte étroite !

 Car large et spacieux est le chemin qui mène à la perdition,

 Et il en est beaucoup qui le prennent ;

mais étroite est la porte et resserré le chemin qui mène à la Vie,

et il en est peu qui le trouvent ! »

Mt 7,13-14

 

Professer sa foi catholique implique d’accueillir la totalité du mystère de la foi : il est contenu dans la Parole de Dieu et la tradition de l’Eglise exprimée à travers le Catéchisme. Et quand on aborde le terrible mystère de l’Enfer, il faut d’abord affirmer qu’il est un refus libre et définitif de l’homme à la Lumière et la tendresse du « Dieu Amour ! » (1 Jn 4,16). Cette vérité, la foi nous l’enseigne clairement : « Dieu ne prédestine personne à aller en Enfer ; il faut pour cela une aversion volontaire de Dieu (péché mortel), et y persister jusqu’à la fin… l’Eglise implore la miséricorde de Dieu, qui veut « que personne ne périsse, mais que tous arrivent au repentir[1] » (2 P 3,9).

Il y a aujourd’hui dans l’Eglise un étonnant silence sur l’Enfer et simultanément, notre civilisation décadente flirte sans cesse avec « une culture de mort » dénoncée si souvent par Saint Jean-Paul II. N’avait-il-pas affirmé juste avant d’être Pape : « Nous sommes maintenant face à la confrontation finale entre l’Eglise et l’anti-Eglise, l’Evangile et l’anti-Evangile, entre le Christ et l’Anti-Christ[2] ! » Cette annonce eschatologique est précisée d’une manière remarquable dans le Catéchisme de l’Eglise catholique :

« Avant l’avènement du Christ, l’Eglise doit passer par une épreuve finale qui ébranlera la foi de nombreux croyants (Lc 18,8 / Mt 24,12-13). La persécution qui accompagne son pèlerinage sur la terre dévoilera le « mystère d’iniquité » sous la forme d’une imposture religieuse apportant aux hommes une solution apparente à leurs problèmes, au prix de l’apostasie de la vérité. L’imposture religieuse suprême est celle de l’Anti-Christ, c’est-à-dire celle d’un pseudo-messianisme où l’homme se glorifie lui-même à la place de Dieu et de son Messie venu dans la chair[3] » (2 Th 2,3-12 / 1 Jn 2,18-22)… L’Eglise n’entrera dans la gloire du Royaume qu’à travers cette ultime Pâque où elle suivra son Seigneur dans sa mort et sa Résurrection ! » (Ap 19,1-9).

Nous sommes donc dans l’extrême fin des temps où le déchaînement du Mal s’accélère sur tous les plans. Déguisé ou dévoilé, « le feu de l’Enfer » dévaste comme jamais la terre des cœurs humains… Et nous assistons à cette terrible inversion où, dans cette Babylone mondialiste, le mal devient le bien (Is 5,20) et où le bien devient de plus en plus suspect, marginalisé, tourné en dérision : la conscience humaine post-moderne est envahie par « la dictature du relativisme » selon l’expression si juste du Pape Benoît XVI. Mais n’oublions pas la Parole du Christ qui traverse le temps : « N’ayez pas peur !… J’ai vaincu le monde ! » (Jn 6,20 / 16,33). Et face à la Grande Epreuve finale qui approche, Jésus remet entre nos mains le Rosaire de sa Mère pour tenir debout dans l’espérance !

A suivre…

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[1] Catéchisme de l’Eglise catholique, 1037.

[2] Cardinal Wojtyla, Congrès eucharistique de Philadelphie aux USA, 4 septembre 1976.

[3] Catéchisme de l’Eglise catholique, 675 et 677.




« Préserve-nous du feu de l’Enfer ! » II° partie

Pardonne-nous nos péchés !

Il est significatif que dans sa première Epitre, Saint Jean Apôtre enseigne une pédagogie fondamentale dans le parcours de la foi : D’abord, « Dieu est Lumière… » (1 Jn 1,5) et ensuite, « Dieu est Amour… » (1 Jn 4,16). C’est la preuve que pour le croyant, seule la Lumière conduit à l’Amour. La vraie conversion s’ouvre à la Lumière et espère tout de l’Amour ! N’est-ce-pas la folle expérience du bon larron crucifié tout près de Jésus ?

On peut parler ici « d’extrême miséricorde » quand ces derniers instants du Christ sur terre manifestent jusqu’à quel point Dieu se rend proche de l’homme… la Miséricorde est le vrai nom de l’Amour : elle s’offre jusqu’au bout pour les pécheurs que nous sommes tous !

Ainsi, comme le remarque Saint Jean Chrysostome : « Par les yeux de la foi, le larron reconnut le Maître des Cieux ! » Et il interpelle vivement l’autre crucifié qui met au défi le Seigneur de les délivrer de la Croix (Mt 23,39) : « Tu n’as même pas crainte de Dieu, toi qui subit la même peine ! Pour nous, c’est justice, nous payons nos actes ; mais Lui n’a rien fait de mal ! » (Lc 23,40-41). Dans sa foi naissante, voici donc que cet homme établit un rapport lumineux entre « Dieu » et « supplice » en affirmant qu’il a pressenti en présence de qui il est : Dieu Crucifié ! C’est cette découverte majeure qui le fait confesser ses péchés et témoigner en même temps que le Christ, Lui, « n’a rien fait de mal ! »

Devant les juges de Jésus qui se moquent de Lui (Mt 27,41-42), le bon larron proclame « l’innocence » de l’Agneau de Dieu qui porte le péché du monde ! C’est ici qu’il faut laisser résonner la parole prophétique de Saint Paul, qui persécuta l’Eglise primitive : « Le langage de la Croix est folie pour ceux qui se perdent, mais pour ceux qui se sauvent, il est puissance de Dieu ! » (1 Co 1,18). Alors, n’oublions jamais que « la révélation de l’amour divin dans le Christ a manifesté à la fois l’étendue du mal et la surabondance de la grâce (Ro 5,20). Nous devons donc considérer la question de l’origine du mal en fixant le regard de notre foi sur Celui qui en est le Vainqueur[1] ! »

Face aux assauts de l’Enfer, le cri de notre foi vers Jésus maintenu « jusqu’au bout » sera la victoire qui nous ouvrira la porte du Ciel. Car la Croix est le trône du Christ sur la terre et elle devient pour le croyant la Porte de la Gloire. Ayant pressenti ce mystère, le bon Larron a frappé « une dernière fois » à la porte du Cœur de Dieu par une prière qui le rend à jamais si reconnaissable pour tous dans l’Evangile :

« Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume ! » (Lc 23,42)

C’est son dernier cri traversé par une folle espérance… mais la réponse du Christ dépasse toutes les attentes ! Et j’aime à penser qu’avant de lui annoncer l’ineffable bonne nouvelle, il a tourné vers lui son Visage et posé sur lui son regard :

« En vérité, je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis ! » (Lc 23,43)

A suivre…

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[1] Catéchisme de l’Eglise catholique, 385.




« Préserve-nous du feu de l’Enfer ! » I° partie

« Vous avez vu l’Enfer où vont les âmes des pauvres pécheurs…

Pour les sauver, Dieu veut établir dans le monde

la dévotion à mon Cœur Immaculé ! »

Notre Dame de Fatima, 13 juillet 1917

 

Cette terrible révélation de Notre Dame aux trois enfants de Fatima nous plonge dans la « guerre des derniers temps »… et cette dure lutte s’opère en chaque personne humaine jour après jour : à travers ses choix, son cœur est le lieu où s’affronte invisiblement le Ciel et l’Enfer ! Et c’est sans doute pourquoi la Vierge de Fatima a demandé urgemment d’ajouter cette prière désormais si connue après chaque dizaine de chapelet :

    « O mon Jésus ! Pardonnez-nous nos péchés !

Préservez-nous du feu de l’Enfer

et conduisez au Ciel toutes les âmes,

surtout celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde ! »

Nous allons quelque peu en découvrir ici toute l’urgence et la profondeur car Notre Dame de Fatima la révèle aux trois enfants, juste après leur avoir montré les horreurs de l’Enfer. Mais cette terrible vision a été précédée en mai et juin 1917 d’une plongée dans la lumière où ils furent « comme submergés en Dieu » ! Telle est la pédagogie si juste de la Vierge qui, d’ailleurs, a prophétisé sa victoire : « A la fin, mon Cœur Immaculé triomphera ! »

Ainsi, dans cette prière que Marie nous recommande après chaque dizaine de chapelet, il y a une révélation urgente : en effet, nos vies sont suspendues au mystère de l’infinie Miséricorde jaillie du Cœur de Dieu sur la Croix ! (Jn 19,34). Mais en même temps, la Vierge nous livre ici l’un des secrets les plus profonds de l’Evangile pour la fin des temps actuelle : le Dieu d’infinie tendresse nous donne « à nouveau » le Cœur de sa Mère comme « le Refuge ultime » pour nous protéger de l’Enfer déchaîné… Ceux qui habitent cette Arche par la fidélité au Rosaire et aux sacrements de l’Eglise sont à l’abri de sa tendresse maternelle !

Telle est le « Voici ta Mère » de l’extrême fin des temps où resplendit le mystère de la Femme ! (Jn 19,27 / Ap 12,1) Alors, méditons un instant chaque partie de cette prière des derniers temps jaillie du Cœur de la Vierge…

Ô mon Jésus !

Ce cri intime vers le Sauveur est sans nul doute celui de Marie ! Car qui, mieux que la Vierge, se tourne éperdument vers Celui qu’Elle a porté et enfanté pour notre salut ? Alors, demandons à notre Mère « un poids d’amour » toujours plus grand à travers cette prière où, comme Elle, nous crions : « Ô mon Jésus ! »  N’oublions jamais que nous adresser directement au Fils Dieu est la « liberté inouïe » ouverte par le « oui » de Marie… (Lc 1,38).

Et quand nous murmurons le Nom de Jésus, n’oublions pas sa bouleversante signification hébraïque : « Yeshouah » ou « Yeshua » signifie « Yahvé sauve » ! Car dés le début de l’évangélisation, Pierre l’affirme comme le cœur de notre foi : « Il n’y a pas d’autre nom donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés ! » (Ac 4,12). Et Saint Paul l’annoncera aussi avec force en affirmant que Jésus a « le Nom qui est au-dessus de tout nom ! » (Ph 2,9). Ainsi, ce Nom béni de Jésus deviendra le « Cœur » de la prière du cœur répétitive de l’Orient chrétien : « Jésus, Fils de Dieu Sauveur, aie pitié de moi, pécheur ! » Et ce même Nom sera aussi le cœur de l’Ave Maria dans la prière du Rosaire : « Et béni est le fruit de tes entrailles, Jésus ! »

A suivre…




Padre Pio et le troisième secret de Fatima

Source : Lifesite news, 7 octobre 2024

(LifeSiteNews) – Le texte suivant est écrit par le père Frank Unterhalt, pasteur d’une paroisse de l’archidiocèse de Paderborn, en Allemagne. Il est l’orateur de Communio Veritatis Un groupe de prêtres de ce diocèse qui n’a cessé d’élever la voix pour s’opposer aux changements venant de Rome. LifeSite a publié multiples interventions de ce groupe sous la direction du père Unterhalt.

Unterhalt, dans une nouvelle interventionL’auteur y évoque la vie de Padre Pio, son charisme, ainsi que la vision qu’il a eue du troisième secret de Fatima. LifeSite a le plaisir de publier ici, avec l’autorisation d’Unterhalt, une traduction de son nouveau texte.

Unterhalt rappelle à ses lecteurs qu’en 2017, José María Zavala publié un livre sur le troisième secret de Fatima, dans lequel il révèle que Padre Pio lui-même, vers 1960, en avait parlé au chef des exorcistes de Rome, le père Gabriele Amorth. Pour ceux qui ne connaissent pas encore la conversation de Zavala avec le père Amorth, examinons ici un passage clé avant de passer au nouvel essai d’Unterhalt :

« En effet, déclare [Amorth], un jour Padre Pio m’a dit avec beaucoup de tristesse : Tu sais, Gabriele ?C’est Satan qui a été introduit au sein de l’Église et qui, dans un très court laps de temps, en viendra à régner sur une fausse Église.' » 

« Oh mon Dieu ! Une sorte d’Antéchrist ! Quand est-ce qu’il vous a prophétisé cela ? ». [Zavala demande]. 

« Cela devait être vers 1960, car j’étais déjà prêtre à l’époque. 

« Est-ce la raison pour laquelle Jean XXIII a été si paniqué à l’idée de publier le troisième secret de Fatima, afin que les gens ne pensent pas qu’il était l’antipape ou quoi que ce soit d’autre ? 

Un sourire léger mais complice ourle les lèvres du père Amorth. 

« Padre Pio vous a-t-il dit autre chose sur les catastrophes à venir : tremblements de terre, inondations, guerres, épidémies, famine… ?A-t-il fait allusion aux mêmes fléaux que ceux prophétisés dans les Saintes Écritures ? [demande M. Zavala] 

« Rien de tout cela ne lui importait, aussi terrifiant soit-il, à l’exception de la grande apostasie au sein de l’Église. C’est ce problème qui le tourmentait vraiment et pour lequel il a prié et offert une grande partie de ses souffrances, crucifié par amour. » [dit le P. Amorth] 

« Le troisième secret de Fatima ? »

« Exactement.«  

Nous ne saurions trop insister sur l’importance du Troisième Secret. La consécration de la Russie n’a manifestement pas été faite correctement, sinon serions-nous au bord de la Troisième Guerre mondiale ? Nous ne voyons encore aucun signe du triomphe du Cœur Immaculé de Marie annoncé par Notre-Dame de Fatima. Gardons le sujet des avertissements de Notre Dame de Fatima à l’esprit.

Voir ici le texte intégral du père Frank Unterhalt :

Le message et les événements de Fatima, décrits comme une « explosion de surnaturel », ont[1] se reflètent clairement dans la vie de saint Padre Pio. D’une manière très particulière, il a pu être un témoin de la vraie foi catholique et un prophète pour notre temps.

Comme les pastoureaux, le prêtre capucin stigmatisé se caractérisait par une adoration héroïque de Dieu dans le sacrement de l’autel. C’est ainsi qu’il confesse : « Il serait plus facile pour la terre d’exister sans le soleil que sans la Sainte Messe ![2] C’est ainsi qu’il a été entraîné à plusieurs reprises dans ce mystère d’amour incompréhensible, avec une émotion extatique. La visualisation du sacrifice du Christ sur la croix devenait pour ainsi dire transparente lors de sa célébration. « Le drame du Golgotha se présentait à son esprit. Il lui était permis de vivre mystérieusement la souffrance du Seigneur et la mort sacrificielle de l’Agneau de Dieu ».[3] Son attitude révérencieuse rappelle celle de l’Ange de Fatima, qui a enseigné les deux célèbres prières d’adoration[4] et administrer la communion orale à genoux. Padre Pio a également ressenti que la rencontre avec le Seigneur eucharistique était la source de toute sa vie : « Le cœur de Jésus et le mien … se sont fondus en un seul. Ce n’était plus deux cœurs qui battaient, mais un seul. Mon cœur s’était perdu comme une goutte d’eau perdue dans une mer ».[5] Le zélé prêtre capucin attachait une grande importance au fait que les fidèles reçoivent la Sainte Communion en état de grâce afin de ne pas offenser le Seigneur et de ne pas manger le jugement (cf. 1 Cor. 11:27).

La dévotion sacerdotale de Padre Pio allait à la gloire du Très-Haut et au salut des âmes. « De même que Dieu a poussé les enfants de Fatima, à travers une vision de l’enfer, à l’expiation et au sacrifice, il voit aussi de nombreuses personnes en danger d’être éternellement perdues. Comment ne pas pleurer en voyant comment l’humanité veut à tout prix se plonger dans l’enfer ?[6] Comme Jacinthe de Fatima, la sainte de Pietrelcina savait que les péchés qui entraînent la plupart des âmes dans la perdition éternelle sont ceux de la chair.[7]

En véritable pasteur selon le cœur de Dieu, il a donc lutté avec détermination contre les maux désastreux de l’impudicité et a donné des avertissements urgents. « Ces péchés profanent les sources de la vie et déplaisent fortement à Dieu, comme l’Église l’a toujours enseigné. Enfin, Padre Pio a mené une lutte encore plus acharnée contre d’autres maux terribles, tels que l’homosexualité, l’euthanasie active et l’avortement. Il considérait ces péchés comme l’abomination de l’humanité et la destruction de toutes les valeurs humaines et chrétiennes ».[8]

L’appel de Fatima à prier et à sacrifier beaucoup pour la conversion des pécheurs était gravé dans le cœur de ce capucin plein d’âme. Il connaissait le prix du salut : « Si vous saviez ce que coûte une âme ! Les âmes ne vous sont pas données en cadeau, vous les achetez. Tu ne sais pas ce qu’elles coûtent au Christ. Maintenant, tu dois toujours les payer avec la même pièce ».[9] Padre Pio confirmait souvent aux personnes après leur conversion combien il avait souffert pour elles.

Il a toujours consacré sa vie à sa prière préférée, le Rosaire, qu’il considérait comme une excellente « arme » spirituelle avec laquelle on peut tout obtenir. Il le considérait comme l’excellente « arme » spirituelle avec laquelle on peut tout obtenir, car « la Sainte Vierge recommandait chaleureusement le [R]osaire à chacune de ses apparitions ».[10] Il a donc voulu léguer cette chaîne victorieuse à ses enfants spirituels.

En tant que serviteur de la Divine Miséricorde, Padre Pio était un apôtre du sacrement de pénitence, écoutant jusqu’à 15 heures de confession par jour. Il ne tolérait pas la superficialité, mais exigeait un repentir authentique : « Il exigeait une accusation claire et honnête, une contrition sincère et des résolutions fermes. Avant tout, il fallait reconnaître et admettre ses péchés et sa propre méchanceté ».[11] Ce confesseur exceptionnel se caractérisait à la fois par sa miséricorde et sa détermination. Son don de clairvoyance lui permettait de guider les fidèles d’une manière inimitable. Il a dit à un confesseur : « Je te connais de l’intérieur, comme tu te reconnais dans le miroir : « Je te connais de l’intérieur, comme tu te reconnais dans le miroir ! … Je connais tout à la lumière de Dieu ! ».[12]

Le guide spirituel doué a souvent souffert de manière indicible de la saleté du péché qui arrivait dans le confessionnal. « Il avait une telle horreur du péché qu’il aurait préféré mourir mille fois plutôt que de laisser cette souillure souiller son âme. … Il lutta de toutes ses forces pour que le confesseur comprenne enfin qui il était, dont il avait offensé la bonté et l’amour ».[13] Le drame de l’immense déluge de boue peut l’ébranler profondément : « Il pleure sur le pécheur qui préfère le péché à son âme précieuse. Il pleure sur le sang de Dieu qui est versé en vain pour tant de malheureux ».[14]

Comme les bergers de Fatima, Padre Pio savait parfaitement qui est capable de nous guider en toute sécurité vers notre but éternel. Les célèbres paroles de l’Immaculée résonnaient dans son âme : « Mon Cœur Immaculé sera votre refuge et le chemin qui vous conduira à Dieu ! » Il connaissait parfaitement la place prépondérante de la Sainte Vierge et Mère de Dieu Marie dans le plan du salut, l’appelant tendrement sa « Mammina » et la décrivant comme le « chef-d’œuvre incomparable du Créateur ».[15] Avec un grand zèle, il proclame les gloires de la Reine céleste, en particulier son Immaculée Conception, sa virginité perpétuelle et la maternité de Dieu. En extase, il s’exclame : « Oui, tu es belle, si ce n’était la foi, on t’appellerait déesse. Tes yeux sont plus brillants que le soleil ! ».[16] Il a vécu et diffusé la consécration au Cœur Immaculé de Marie, demandée avec tant d’insistance à Fatima, comme une puissante ancre de salut et a loué l’Immaculée comme médiatrice de toutes les grâces : « Elle brille comme l’étoile du matin sur toute la création. Tout se réfère à elle, toute grâce passe par elle. Elle seule est capable de capter les flots d’amour qui jaillissent du cœur de Dieu. Elle seule est digne d’être en communion avec eux. »[17]

Le lien particulier de Padre Pio avec le message de Fatima a également été révélé en 2017 dans une dimension extrêmement éclairante : Il a été révélé qu’il connaissait même le Troisième Secret – il lui avait déjà été révélé quatre ans avant les enfants bergers. Le célèbre journaliste José María Zavala en témoigne dans son livre Le secret le mieux gardé de Fátima, qu’il a publié à l’occasion du 100e anniversaire des apparitions. Dans ce travail d’investigation, l’auteur espagnol se réfère à son long entretien avec Don Gabriele Amorth, fils spirituel de Padre Pio. Le célèbre exorciste y révèle ce que le saint stigmatisé, frappé de plein fouet et choqué, lui a confié au sujet du troisième secret : « C’est Satan qui est entré dans le sein de l’Église, et dans peu de temps, il régnera sur une fausse Église. »[18]

Zavala a interrogé Don Gabriele Amorth à ce sujet de manière plus détaillée et, en conclusion du dialogue, il déclare ce qui suit : « Il y avait deux thèmes récurrents et liés : la grande apostasie de l’Église depuis son sommet – selon le témoignage du cardinal Ciappi – et l’introduction du diable à la tête de l’Église par le biais du ‘Pape sous le contrôle de Satan' ».[19]

Zavala souligne la correspondance évidente entre ces paroles et la déclaration de Frère Michel de la Sainte Trinité, éminent expert du message de Fatima et auteur d’une trilogie correspondante. Il a déclaré :

Ce sera l’époque de la bataille décisive entre la Vierge et le diable. Un flot de confusion diabolique se répandra dans le monde. Satan pénétrera dans les plus hautes sphères de l’Église. Il aveuglera les esprits et endurcira les cœurs des bergers, car Dieu les aura abandonnés à leur sort en punition de leur désobéissance aux demandes du Cœur Immaculé de Marie.

Ce sera la grande apostasie annoncée pour les derniers jours, … le ‘Faux Prophète’ qui trahit l’Eglise au profit de la ‘Bête’, selon la prophétie de l’Apocalypse.[20]

Le Faux Prophète qui boite et l’Antéchrist qui va bientôt apparaître font tout pour tromper et escroquer les gens et les conduire à la perdition éternelle.

« Voici la persévérance des saints, qui gardent les commandements de Dieu et la foi de Jésus » (Apoc. 14:12).

Mais à la fin, le Cœur Immaculé de Marie, la Vierge de Fatima, la Reine du Rosaire et le vainqueur de toutes les batailles de Dieu, triomphera ! 

Père Frank Unterhalt
13 juillet 2024
Anniversaire de la troisième apparition à Fatima

Références

Références
1 Paul Claudel, in : P. Charles Olmi, Méditations sur les révélations de FatimaLe Puy 1945, Introduction.
2 Père Ferdinand Ritzel, Pater Pio. Sa vie. L’amour et l’amourMedia Maria Verlag 2018, p. 182.
3 Ibid, p. 181.
4 Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je vous aime ! Je te demande pardon pour ceux qui ne croient pas, n’adorent pas, n’espèrent pas et ne t’aiment pas.

Très Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, je Vous adore profondément et je Vous offre le très précieux Corps, Sang, Ame et Divinité de Jésus-Christ, présent dans tous les tabernacles du monde, en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences par lesquels Il est Lui-même offensé. Par les mérites infinis de son très Sacré-Cœur et du Cœur Immaculé de Marie, je Vous demande la conversion des pauvres pécheurs.

5 P. J. Derobert, Heiliger Pio aus Pietrelcina durchsichtig auf Gott hinHauteville/Suisse 2011, p. 66.
6 Père Ferdinand Ritzel, p. 182.
7 L. Gonzaga da Fonseca, Maria spricht zur WeltFribourg/Suisse 1973 (16e édition), p. 177.
8 Père Stefano Maria Manelli, Le saint Pio de PietrelcinaCastelpetroso 2002, p. 132.
9 Don Gabriele Amorth, Pater Pio. Histoire de la vie d’un saintStein am Rhein 2006 (2e édition), p. 60.
10 Père Stefano Maria Manelli, p. 97.
11 Ibid, p. 105.
12 P. J. Derobert, p. 717.
13 Ibid. p. 715.
14 Maria Winowska, L’histoire sainte de Pater PioAugsbourg 1989 (25e édition), p. 127.
15 Ibid. p. 159.
16 Père Ferdinand Ritzel, p. 266.
17 Maria Winowska, p. 159.
18 José María Zavala, Le secret le mieux gardé de Fátimaédition espagnole, Planeta Publishing 2017, p. 231.
19 Ibid, p. 267.
20 Ibid, pp. 83-84.



13 mai 1917 : Première Apparition de Notre Dame à Fatima !

« Une Dame, plus brillante que le soleil ! »

Sœur Lucie de Fatima

Le 13 mai 2024, cela fera 107 ans que la Vierge Marie est apparue pour la première fois aux trois enfants de Fatima au Portugal… Elle les visite au cœur du printemps, en plein dans leur mission de petits bergers : Il est 12h, et ils s’apprêtent à prendre leur frugal repas quand, dans le ciel d’azur, une vive lumière traverse le ciel ! Ils craignent un orage et Lucie décide précipitamment de retourner à la maison avec les brebis… Ils courent rapidement dans la pente quand un second éclair, plus éblouissant, les surprend ! Et c’est alors qu’advient la bouleversante première rencontre dont témoigne Lucie :

« Ils voient sur un petit chêne vert, une Dame, toute vêtue de blanc, plus brillante que le soleil, irradiant une lumière plus claire et plus intense qu’un verre de cristal rempli d’eau cristalline, traversé par les rayons du soleil le plus ardent… Nous nous arrêtâmes, surpris par cette Apparition. Nous étions si près que nous nous trouvions dans la lumière qui l’entourait, ou plutôt qui émanait d’Elle… Alors, Notre-Dame nous dit :

  • N’ayez pas peur, je ne vous ferai pas de mal !
  • D’où venez-vous, Madame ? lui demande Lucie.
  • Je suis du Ciel !… »

Arrêtons-nous un instant sur ces premiers instants de l’Apparition de la Vierge et sur la description unique que nous en fait Lucie :

Tout d’abord, cette « Dame, toute vêtue de blanc et plus brillante que le Soleil ! » est véritablement une manifestation de la lumière du Ciel… car juste avant la venue de la Vierge, de nombreux témoins signalent à l’Apparition du 13 septembre[1] plusieurs prodiges qui se manifesteront à chaque Apparition :

On constate un affaiblissement de la lumière du soleil, au point de distinguer les étoiles du ciel ; et ensuite un rafraîchissement soudain de l’atmosphère… et enfin, cette pluie mystérieuse d’une multitude de fleurs blanches qui disparaissent avant de toucher terre !… Et puis, soudain jaillit l’éclair dans le ciel qui est le « signe » que la Vierge approche… et quelques instants après, Elle est là devant les 3 enfants sur le petit chêne-vert, dans cette lumière à la fois si douce et indicible…

Dans cette première Apparition du 13 mai, il y a ensuite une référence unique à la lumière qui, à la fois, rayonne de cette Dame et l’enveloppe avec cette référence au mystère du « verre de cristal » : « Une Dame, toute vêtue de blanc, plus brillante que le soleil, irradiant une lumière plus claire et plus intense qu’un verre de cristal[2] rempli d’eau cristalline, traversé par les rayons du soleil le plus ardent ! »

Cette approche descriptive n’est peut-être pas si étonnante sur les lèvres de Lucie : le cœur et le regard d’un enfant sont plus simples et transparents face à la lumière de Dieu. Le psaume ne dit-il pas : « Jusqu’au cieux ta splendeur est chantée par la bouche des enfants, des tout petits ! » (Ps 8,2-3). La liturgie de l’Eglise ne fait-elle pas aussi référence à la Vierge dans ce passage du Cantique des cantiques : « Qui est celle-ci qui surgit comme l’aurore, belle comme la lune, resplendissante comme le soleil !… » (Ct 6,10). Et enfin, Saint Jean-Paul II n’a-t-il pas affirmé à Fatima : « Le Cœur de la Mère est immense : plus grand que le cosmos visible et invisible ! »

      Alors, quand Lucie demande à la Dame : « D’où venez-vous ? » La réponse de la Vierge est une évidence de lumière : « Du Ciel ! » Car c’est de là qu’Elle vient… et, si Elle descend régulièrement nous visiter : c’est pour nous emmener avec Elle au Ciel où Jésus nous a « préparé » notre place unique (Jn 14,2-3) dans ce bonheur indicible de là-haut où règne et jaillit à jamais la   joie de Dieu !

 

+Marie-Mickaël

 

 

[1] Une foule estimée à trente mille personnes !

[2] Nous reviendrons prochainement sur le mystère du « cristal » en référence à Apocalypse 15,2.




Fatima, apparition du 13 octobre : Je suis Notre-Dame du Rosaire

Extrait du livre Mon Coeur Immaculé triomphera, Fatima, révélation des derniers temps, Marie-Michel, Editions du Jubilé 2017

Photo : la foule contemplant le miracle du soleil.

Fatima : Le peuple immense qui prie avec Marie…

« Ici, l’homme se sent tout livré et confié à Marie… Il vient pour être avec Elle comme on est avec sa propre Mère[1]… » Cette parole de Saint Jean-Paul II à Fatima nous ouvre admirablement à ce qui va se passer ce 13 octobre où la presse laïque nationale du Portugal se déchaînait contre les Apparitions. On essayait de décourager le peuple par des informations alarmantes ! Peine perdue, car l’effet fut d’attirer encore plus de monde : « Ce fut le moyen dont se servit le Ciel pour réunir un plus grand nombre de personnes. Accoururent les simples curieux, les croyants et les incrédules. La rumeur se répandit que les autorités allaient mettre sur le lieu des apparitions une bombe qui les tuerait tous. Cela ne fit renoncer personne, et encore moins les trois voyants[2]… »  Si bien que face à tous ces dangers annoncés, les parents de Lucie décidèrent pour la première fois de l’accompagner !

Cependant, la pression restait vive à l’approche du 13 octobre car l’Ennemi de Dieu déployait toute sa stratégie de peur : « Un jour, trois gendarmes à cheval se présentèrent chez les enfants. Après un interrogatoire insolent, ils se retirèrent en disant : « Il faudra bien vous résoudre à révéler votre secret au sous-préfet, autrement il est décidé à vous faire tuer ! » – « Quel bonheur, s’écria l’intrépide Jacinthe ! J’aime tant Jésus et la Sainte Vierge : nous irons plus vite auprès d’eux[3] ! »

Dès la veille du 13 octobre, les routes et les chemins autour de Fatima étaient déjà saturés par des voitures, des bicyclettes et surtout une foule immense qui allait passer la nuit dehors, autour du lieu des apparitions. Ils marchaient en récitant le chapelet et en chantant de tout cœur des cantiques. Cependant, dès le 12 au soir commença l’épreuve : ciel couvert et pluie persistante sur ces chemins de Fatima où « un fleuve humain impétueux se déversait à la Cova da Iria, qui comme un sein maternel les accueillait tous. Trempés jusqu’aux os… chacun voulait seulement être le plus près possible du petit chêne vert, ce qui devenait de plus en plus difficile. En permanence, cette « mer » humaine étendait toujours plus ses limites, mais tous les visages se tournaient vers ce point le plus bas[4]… » où Marie avait promis de venir une dernière fois.

Le 13 au matin, la pluie continuait de plus belle et avait transformé la Cova en un vaste bourbier. Tout le monde était trempé et transis de froid. Un peu avant midi, la foule était estimée au moins à 70.000 personnes[5]. Comment oublier ici qu’avant ma conversion mariale à Fatima, j’ai été ce routard et Hippy qui participait avec passion à d’immenses pop-festivals en Angleterre et ailleurs. Et j’oserais dire ici que bien avant « Woodstock », la Vierge a fait fort à Fatima en suscitant un « festival marial » unique à l’époque ! Oui, enveloppé dans l’Arche du Cœur Immaculé de Marie, Fatima est un festival de « la joie de Dieu ». Elle n’est donnée aux pécheurs que dans la prière du chapelet, les sacrements et l’esprit de sacrifice qui libèrent nos cœurs si étroits.

Fatima nous met face à la réalité du péché qui mène en Enfer, mais nous place d’abord et surtout devant la beauté de Marie qui vient du Ciel où Dieu nous veut avec Lui. Envoyée par Jésus, avant sa seconde venue, Elle vient nous envelopper de sa tendresse et nous donner les armes décisives pour être sauvés. Car Fatima annonce la victoire du Cœur Immaculé de notre Mère qui vient nous « réveiller » pour le combat final face à l’Ennemi de l’homme. Et c’est pourquoi ce 13 octobre 1917 à la Cova, « un murmure descendait des collines environnantes, murmure qui ressemblait à la voix lointaine de l’océan… C’étaient des cantiques entonnés par des milliers de voix !… de milliers d’âmes en prière[6] !… »  C’était le chant pauvre et unique des enfants de Marie.

 

Apparition du 13 octobre : « Je suis Notre Dame du Rosaire ! »

         La pluie continuait à tomber en cette matinée du 13 octobre et vu la foule immense, ce n’était pas facile pour les trois enfants de se frayer un chemin. Mais grâce au dévouement de quelques hommes, ils avancent vers la Cova. Et puis, respectueusement aussi, les gens s’écartent pour leur ouvrir la voie. Dans ces immenses remous, Jacinthe commença soudain à pleurer mais François et Lucie la mirent entre eux. Cette dernière est plus que jamais « décidée » car elle est si heureuse d’être enfin accompagnée par ses parents ! Vers 11h30, ils arrivent enfin devant le petit chêne vert. Pour ce jour béni, les mamans ont un peu endimanchés leurs enfants de beaux habits : les fillettes portent une robe bleue et une mante blanche ! Et puis, on récite le chapelet et, entre les dizaines, on chante des cantiques. Des personnes avaient eu la pieuse délicatesse d’orner le haut du chêne vert avec des fleurs et des rubans de soie. Là où la Vierge allait poser ses pieds !

A l’heure de midi, l’éclair traverse le ciel et Lucie s’écrie : « La voici !… La voici !… » Les trois enfants sont saisis par la présence de la Vierge et la pluie a cessé. Soudain, « la foule peut observer une légère nuée blanche qui, telle une fumée d’encens, se forme autour des petits voyants, s’élève à cinq ou six mètres de hauteur et se dissipe dans l’atmosphère. Ce phénomène se renouvelle trois fois, comme si un prêtre invisible était là, encensant liturgiquement la céleste Apparition[7]. »  Alors commence le dernier dialogue où Lucie n’a pas oublié que la Dame avait promis de dire son nom et ce qu’Elle voulait. C’est pourquoi cette fois, l’enfant pose une double question :

– « Qui êtes-vous  et que voulez-vous de moi ?  dit Lucie.

– Je suis « Notre Dame du Rosaire », dit la Vierge, et je désire que l’on fasse ici une chapelle le chapelet tous les en mon honneur. Que l’on continue toujours à réciter le Chapelet tous les jours !  La guerre va finir, et les militaires reviendront bientôt chez eux.

– J’aurais beaucoup de choses à vous demander, dit Lucie : de guérir des malades, de convertir des pécheurs…

– Quelques uns, oui, d’autres, non. Il faut qu’ils changent de vie, qu’ils demandent pardon pour leurs péchés.

Alors, son visage devint triste et sa voix suppliante en disant :

– Que l’on n’offense pas davantage Dieu, Notre Seigneur, car il est déjà trop offensé ! »

« Ces paroles frappèrent fortement l’esprit des voyants ; ils gardèrent un profond souvenir de l’expression de douloureuse tristesse qui avait paru sur le visage de la Dame quand Elle les prononçait. Elles renferment l’essentiel du message de Fatima[8]. »

Commençant à se déplacer dans le ciel, la Sainte Vierge ouvrit les mains qui projetèrent des rayons lumineux sur le soleil… et pendant qu’Elle s’élevait, sa propre lumière ne cessait d’atteindre le disque lumineux. Alors, le regard fixé sur Marie, Lucie cria à la foule : « Elle s’en va !… Regardez le soleil ! »  De fait, les trois enfants ne verront pas le prodige solaire, car une fois la Dame disparue dans le firmament, leurs yeux émerveillés commencent à découvrir près du soleil la Sainte Famille : « A droite du soleil et plus brillante que lui, Notre Dame du Rosaire avec un manteau bleu ; et à gauche, en robe rouge clair, Saint Joseph avec l’Enfant-Jésus qui bénissent le monde. Ensuite, ils virent, à droite du soleil, Notre Seigneur Jésus bénissant amoureusement le monde ; puis, à gauche, Notre Dame des Douleurs et enfin apparut Notre Dame du Mont Carmel avec le scapulaire dans la main droite[9]. »  En méditant sur cette vision des enfants, on a découvert que le titre de Notre Dame du Rosaire que Marie se donne à Fatima révélait ici les mystères du Rosaire…

 

Le grand prodige : La danse splendide et la chute terrifiante du soleil !

     Pendant que les enfants étaient plongés dans leur vision céleste pleine de joie et de paix, le signe promis par la Vierge se réalisa à travers le prodige du soleil : soudainement, la pluie cessa, les nuages s’ouvrirent et laissèrent passer les rayons du soleil… Le père de Jacinthe et François témoigne sur le début du prodige stupéfiant : « Le soleil lançait des faisceaux de lumière et peignait tout de différentes couleurs : les arbres, les gens, le sol, l’air… Mais la grande preuve du miracle, c’est que le soleil ne faisait pas mal aux yeux. Tout le monde était immobile et se taisait…Tous regardaient le ciel[10]. » Car après ces quelques minutes surprenantes, le soleil s’arrêta. C’était le premier signe !

Et puis, il reprit son mouvement fantastique en tournant vertigineusement sur lui-même ! Il continua sa danse féerique quelques minutes et s’arrêta de nouveau comme pour permettre aux spectateurs un espace de repos. C’était le second signe !

Après une courte pause, « le soleil reprend, plus varié et coloré que jamais, son fantastique feu d’artifice, sans doute le plus grandiose et le plus pathétique que les hommes aient  jamais pu contempler sur la terre[11] ». C’était le troisième signe !

La foule est immobile et extatique face à ce spectacle qui n’a pas d’équivalent dans l’histoire contemporaine. Ce phénomène inouï fut aperçu clairement jusqu’à plus de 40 kilomètres à la ronde de Fatima. C’était le grand miracle promis par la Sainte Vierge. Mais il n’était pas terminé car la descente vertigineuse du soleil allait en être l’issue bouleversante, le point culminant. En effet, au milieu de sa danse effarante de feu et de couleurs, le soleil commença à se détacher du firmament et à se précipiter en zigzag sur la foule épouvantée, irradiant une chaleur de plus en plus intense ! Alors, tous le peuple pensa que les signes évangéliques de la fin du monde se réalisaient là sous leurs yeux (Mc 13,24-25) et « la multitude, saisie de peur, commença à crier et beaucoup confessaient à haute voix leurs péchés, faisant des actes de foi et demandant pardon ! Il semblait que le soleil venait en direction de la terre pour réduire en cendres la foule entière[12]… »

Tout ce peuple qui était venu en grande partie pour « voir un miracle » se trouvait maintenant confronté à un phénomène imprévisible et effrayant de « fin du monde ! » Tous étaient là, à genoux, criant « pardon » pour leurs péchés comme s’ils étaient arrivés au dernier moment de leur vie ! « Dieu est Amour » (1 Jn 4,16), mais faire l’expérience de l’Amour pour des pécheurs est une mise en lumière terrible de tout ce qui résiste encore à la splendeur de l’Amour divin. Le 13 octobre, à Fatima,  c’est cette expérience de Dieu que fit le peuple en contemplant la danse du soleil : il a d’abord vu comme une image de sa splendeur qui l’a ravie et il était venu d’abord pour ce spectacle merveilleux… puis, il a fait l’expérience de la folle descente du soleil qui l’a acculé à une expérience de fin de vie : là, tout est mis en lumière dans chaque vie ! Là, on n’est plus spectateur mais acteur : il n’y a plus de temps intermédiaire pour relativiser mais un terrible instant où il faut choisir d’accueillir la Lumière sur sa vie, seule voie pour être immergé dans l’Amour… on pourrait parler ici d’une « blessure de la lumière » : reconnaître qu’on l’a tous crucifié[13], c’est tous pleurer d’avoir si mal aimé en découvrant qu’Il nous a tant aimé… Son Amour aura le dernier mot !

Saint Jean le confirme : « En ceci consiste l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu mais c’est lui qui nous aimé et qui a envoyé son Fils en victime d’expiation pour nos péchés » (1 Jn 4,10). Mais il ajoute cette parole décisive : « Nous avons reconnu l’amour que Dieu a pour nous et nous y avons cru ! » (1 Jn 4,16). C’est là où Jésus et sa Mère veulent nous conduire. Car la miséricorde de Dieu tentera jusqu’au dernier instant d’ouvrir une brèche dans le cœur de l’homme pour qu’il se découvre follement aimé…comme un Pierre, juste après son reniement, lorsqu’il croise[14] le Regard de Jésus.

Finalement, le soleil arrêta sa chute vertigineuse et remonta à sa place en reprenant son éclat normal. Alors, se relevant, l’immense assemblée commença à chanter un credo… Qui décrira l’émotion de toute cette foule ?  Un vieillard, jusque là incroyant, est tout en larmes, et les bras tendus vers le ciel comme un prophète, il crie : « Vierge sainte ! Vierge bénie ! » Et de tous côtés se déroulent des scènes analogues… Détail marial touchant : cette scène apocalyptique se termine par un cadeau délicat et très concret qui révèle la tendresse maternelle de Marie envers ses enfants : alors que l’immense foule était trempée, chacun eut la joie de se sentir protégé et délicatement aimé, après le prodige du soleil, en découvrant soudain ses habits absolument secs.

Ce prodige du 13 octobre 1917 suscité par la Vierge de Fatima n’en finira plus de faire des vagues à travers le Portugal[15], d’abord, et au-delà dans l’histoire moderne jusqu’à nous aujourd’hui. Cent ans après, il est comme le signe visible et unique qui vient prophétiser l’urgence du message de Marie à Fatima que même les hommes d’Eglise et le Peuple de Dieu ont mis trop de temps à accueillir… et que le monde moderne ignore en se noyant dans l’océan du matérialisme omniprésent. Alors, comment ne pas faire ici le lien avec les Evangiles eschatologiques en nos temps dangereux où les menaces globales sont grandes : « Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles. Sur la terre, les nations seront dans l’angoisse… des hommes mourront de frayeur, dans l’attente de ce qui menace le monde habité, car les puissances des cieux seront ébranlées…quand cela commencera d’arriver, redressez-vous et relevez la tête, car votre délivrance est proche ! » (Lc 21,25-28). Nous vivons ces temps actuels si dangereux et la Vierge nous invite à entrer en son Cœur Immaculé d’où viendra la victoire du Dieu de la paix. En ce sens, Elle nous tend le chapelet afin de « relever la tête », pour faire face aux combats déroutants des temps de la fin.

Je veux conclure ici par le signe fort que nous donne la Vierge à travers la vision des enfants et ce prodige unique du soleil : d’un côté les trois petits qui contemplent les mystères du Seigneur, de sa Mère et de la Sainte Famille !  Il leur est donné de voir comme « vivants » les mystères du Rosaire… signe que cette prière en Eglise nous protège et nous garde dans le Cœur de Marie, les yeux de la foi fixés sur Jésus, Prince de la paix.

De l’autre, pour la foule, le signe splendide et terrifiant du soleil qui semble à un moment venir s’écraser sur la terre pour anéantir l’humanité. La Vierge nous adresse un double message dans ces deux événements : exercer et rayonner sa foi en priant le Rosaire pour être du côté du salut en route vers le Ciel, ou rester trop du côté du monde en subissant dans la peur les phénomènes terribles de la fin des temps.

Cependant, ce signe prodigieux refusé par Jésus aux pharisiens dans l’Evangile (Mc 8,11-13), « Notre Dame du Rosaire l’a maternellement accordé au monde moderne afin que tout le monde croie… car ce qui est vraiment unique à Fatima, c’est le caractère grandiose et extraordinaire de ce « Signe dans le ciel ». En face d’un tel prodige, on se demande instinctivement : que se passe-t-il donc de si particulièrement grave à notre époque au point de vue religieux, pour que la Mère de Dieu daigne intervenir sur la terre, par une manifestation de la toute-puissance divine si éclatante, que les assistants se sont réellement crus à la fin du monde, décrite dans l’Evangile ?… Ainsi donc, la Sainte Vierge venait réveiller notre foi face aux desseins terribles de Satan qui va chercher à implanter un nouvel ordre mondial, une nouvelle religion qui nie le vrai Dieu. Il faut donc saisir que la grandeur de ce prodige inouï de Fatima est ainsi proportionné à la grandeur des dangers qui menacent le monde[16]…» Il est vrai que tous seront confrontés aux épreuves des temps de la fin… mais ceux qui prient le chapelet en vivant et rayonnant humblement leur foi sont déjà entrés dans l’Arche du Cœur Immaculé de Marie.

 

[1] Cité par Joaquim Maria Alonso, Fatima – Message et consécration, op. cit., p.29.

[2] Carmel de Coimbra, Un chemin sous le regard de Marie, op. cit., p.101.

[3] J.C. Castelbranco, Le prodige inouï de Fatima, op. cit., p.40.

[4] Carmel de Coimbra, Un chemin sous le regard de Marie, op. cit., p.101-102.

[5] Le Dr Almeida Garrett, Académicien et professeur à la Faculté des sciences de l’Université de Coimbra se trouvait à un endroit privilégié le 13 octobre et a pu évaluer la foule à plus de 100.000 personnes.

[6] Père De Marchi, Témoignages sur les Apparitions de Fatima, op. cit., p.160.

[7] J.C. Castelbranco, Le prodige inouï de Fatima, op. cit., p.42.

[8] Chanoine C.Barthas, Fatima 1917 – 1968,  Histoire des Apparitions, op. cit., p.130.

[9] J.C. Castelbranco, Le prodige inouï de Fatima, op. cit., p.43-44.

[10] Père De Marchi, Témoignages sur les Apparitions de Fatima, op. cit., p.169.

[11] J.C. Castelbranco, Le prodige inouï de Fatima, op. cit., p.45.

[12] Carmel de Coimbra, Un chemin sous le regard de Marie, op. cit., p.106.

[13] « Tous les pécheurs furent les auteurs de la Passion du Christ » : Catéchisme de l’Eglise catholique, n° 598.

[14] Lc 22,61-62. « Devant le reniement de Pierre, le Seigneur ne lui adresse aucune parole, mais celle bien plus profonde du regard : « la parole du Regard » qui dit tout… »  Marie-Michel, Jésus-Porte de la miséricorde, Jubilé 2016, p.115.

[15] Je pense ici au célèbre poète portugais Alfonso Lopes Vieira qui a vu le prodige solaire du balcon de sa maison à 40 kms de Fatima ou à Avelino d’Almeida, rédacteur en chef à Lisbonne, du grand journal laïc « Seculo » : dans un article, il se moquait des Apparitions le 13 au matin  et publia le 15 un autre article où il se dit bouleversé après avoir vu le miracle du soleil. Il faudrait citer aussi d’autres témoins connus comme l’académicien Marques da Cruz ou le savant Almeida Garrett. Voir J.C. Castelbranco, Le prodige inouï de Fatima, op. cit., p.48 à 57.

[16] J.C. Castelbranco, Le prodige inouï de Fatima, op. cit., p.58 à 60.




Fatima : apparition du 13 septembre 1917

Extrait du livre Mon Coeur Immaculé triomphera, Fatima, révélation des derniers temps, Marie-Michel, Editions du Jubilé 2017

« Continuez à dire le chapelet… « 

A cette cinquième venue de Notre-Dame, on estima la foule autour de trente mille personnes. Beaucoup s’étaient mis en route la veille et dès l’aube du 13 septembre, tous les chemins des environs de Fatima étaient remplis de monde. Un témoin raconte avec émotion : « J’étais profondément ému, et plus d’une fois les larmes me sont montées aux yeux, en voyant la piété, les prières et la foi ardente de tant de milliers de pèlerins qui récitaient le chapelet en marchant. Il n’y avait pas un chemin ni un sentier qui ne fut encombré de monde, et jamais encore de toute ma vie, je n’avais assisté à une si grandiose et si poignante manifestation de foi[1]. »

Ce jour-là aussi, plusieurs séminaristes étaient présents dans la foule et également quelques prêtres dont le Père Jean Quaresma. Il deviendra plus tard Vicaire général du diocèse de Leira, et aussi membre de la commission d’enquête canonique sur les Apparitions. Il venait dans un esprit à la fois ouvert et critique pour rester objectif. Dans une lettre à un ami prêtre qui était avec lui à l’Apparition du 13 septembre, il donne un témoignage émouvant de sincérité : « Les petits bergers priaient, en attendant la céleste Apparition, et à midi le silence se fit dans la foule. On n’entendait plus que le murmure des prières… et à mon grand étonnement, je vois alors, clairement et distinctement, un globe lumineux se déplaçant du Levant vers le Couchant, et glissant majestueusement dans l’espace. Vous aussi, cher ami, vous avez eu le bonheur de voir la même apparition inespérée et émouvante… et vous paraissiez enthousiasmé de ce que nous avions vu… C’était Notre Dame qui venait ! Telle était bien aussi ma conviction. Les petits bergers avaient vu la Mère de Dieu elle-même ! A nous, il avait été donné de voir comme le véhicule qui l’avait transportée du Ciel jusqu’à la lande inhospitalière[2]… »

Dans ses souvenirs, Lucie décrit l’arrivée des enfants à la Cova et cela fait penser à certaines scènes de l’Evangile où Jésus est parfois attendu par une foule immense comme sur le mont des béatitudes (Mt 5,1) ou au bord du lac de Tibériade (Mc 6,34) : « Les chemins étaient remplis de monde et tous voulaient nous parler. Il n’y avait pas de respect humain. Beaucoup de personnes, même de la haute société, fendant la foule qui se pressait autour de nous, tombaient à genoux et nous priaient de présenter leurs supplications à la Sainte Vierge. D’autres, ne réussissant pas à nous approcher, nous criaient de loin… même du haut des arbres sur lesquels ils étaient juchés pour mieux voir : « Pour l’amour de Dieu, priez la Sainte Vierge de guérir mon fils estropié !… Qu’Elle guérisse mon enfant aveugle !… Qu’Elle fasse revenir du front mon mari… mon fils !… Qu’Elle convertisse un pécheur qui m’est cher !… » On nous recommandait de la sorte toutes les misères de la pauvre humanité !… Et nous : disant oui à l’un, tendant la main à l’autre… nous avancions toujours, aidés par quelques hommes qui nous frayaient le chemin à travers la foule[3]

Quand les enfants arrivèrent près du chêne-vert, Lucie se tourna vers la foule et cria : « Il faut prier ! » Un témoin se souvient de cette scène étonnante : « Jamais je n’oublierai la violente impression que j’éprouvai en voyant ces milliers de pèlerins tomber à genoux à la voix d’une enfant de dix ans[4] ! » Alors, tout le monde se mit à réciter le chapelet avec les trois enfants. Il n’y avait plus de riches ou de pauvres, de simples ou d’instruits, d’adultes ou d’enfants, car c’est le peuple de Dieu qui était là en prière avec sa Mère du Ciel.

Plusieurs prodiges s’opérèrent confirmés par des milliers de témoins : on constata un affaiblissement de la lumière du soleil, au point de distinguer les étoiles du ciel ; un rafraîchissement soudain de l’atmosphère ; et enfin, il se mit à pleuvoir une multitude de fleurs blanches qui disparaissaient avant de toucher terre.

Soudain jaillit l’éclair dans le ciel et c’est le signe que la Vierge approche. Quelques instants après, Elle est là devant eux sur le petit chêne-vert et, enveloppés dans sa lumière à la fois si douce et indicible, les trois petits sont prêts à écouter son message :

– « Que voulez-vous de moi ? dit à nouveau Lucie.

– Continuez à dire le chapelet tous les jours pour obtenir la fin de la guerre. En octobre, Notre Seigneur viendra ainsi que Notre Dame des Douleurs et Notre Dame du Carmel, et aussi Saint Joseph avec l’Enfant-Jésus, pour bénir le monde. Dieu est content de vos sacrifices, mais il ne veut pas que vous dormiez avec la corde. Portez-la seulement pendant le jour. »

Ici, Lucie lui présente alors plusieurs demandes de guérisons pour des malades qu’on lui avait recommandés : « J’en guérirai quelques uns, répondit la Vierge, mais pas les autres, parce que Notre Seigneur ne se fie pas à eux. »  Cette réponse nous renvoie directement à l’Evangile. Car, plus profondément, « cela peut signifier que bien des malades avec leur entourage ne s’ouvrent pas aux dispositions de foi, de contrition et de ferveur qu’il conviendrait d’avoir pour obtenir une guérison surnaturelle[5]… » Car la Sainte Vierge n’est pas une « guérisseuse » à souhait. Elle situe d’abord ses enfants avec Elle dans le plan de la Rédemption où la maladie, le handicap, l’épreuve s’avèrent être parfois un meilleur chemin que la pleine santé. Marie, dans sa tendresse, est penchée à chaque instant sur ses enfants pour les aider à accomplir la volonté mystérieuse de Dieu qui, seule, mène au Ciel.

Vers la fin, Lucie confie à la Sainte Vierge ses épreuves vis-à-vis de ceux qui n’accueillent pas ses Apparitions et la rejettent. Elle lui demande un signe que tous pourront voir !  Et Marie confirme : « En octobre, je ferai un miracle pour que tous croient ! »

Après ces dernières paroles, la Femme revêtue de lumière (Ap 12,1) commence à s’élever de nouveau dans le Ciel et d’un geste, Lucie orienta les regards en disant : « Si vous voulez la voir, regardez par là ! » Ils virent soudain « le globe de lumière remonter dans l’azur. Alors, la belle nuée blanche s’évanouit, les fleurs mystérieuses cessèrent de tomber, le soleil retrouva son éclat habituel[6]. »

C’est sa cinquième venue et Marie insiste à nouveau sur le « chapelet quotidien » pour « obtenir la fin de la guerre ». En cette fin des temps, un siècle plus tard, et face au déferlement de toutes sortes d’épreuves présentes et à venir… Il faudra donc se souvenir à jamais de cette puissance du Chapelet qui ouvre les cœurs à Dieu et arrête les guerres !  Et puis, la Vierge manifeste encore ici sa tendresse de Mère. Elle leur transmet de la part du Dieu-Amour une information qui, à la fois, les confirme sur leur voie et les ajuste dans leur offrande : « Dieu est satisfait de vos sacrifices, mais il ne veut pas que vous dormiez avec la corde. Portez-la seulement pendant le jour. »  Cela nous montre à quel point Dieu et sa Sainte Mère sont attentifs à chaque détail de nos vies avec une délicate prévenance !

Dans le même sens, comment ne pas voir ici l’œuvre de la divine Providence en la personne du Père Manuel Nunes Formigao, Chanoine de Lisbonne et alors professeur au Séminaire et au Lycée de Santarem. Aimable, prudent et délicat, il gagna vite la confiance des trois petits voyants et de leurs familles. Ainsi, dans un climat de confiance et de paix, ce prêtre à la fois érudit et simple put interroger et écouter les enfants. Les voyant régulièrement, il put se faire un jugement, aussi objectif que possible, sur les Apparitions et les aider aussi sur la voie de la sainteté.  Il deviendra plus tard l’historien réputé de Fatima.

Ecoutons Sœur Lucie : « Il m’interrogea sérieusement et minutieusement. Je l’aimais beaucoup, parce qu’il me parlait de la pratique de la vertu, m’enseignant certaines manières de l’exercer… Il revint tous les mois m’interroger et me donnait toujours à la fin de bons conseils, ce qui me faisait un certain bien spirituel[7]. »  Et comme le remarquait un habitant de Fatima : « C’est lui qui a vu clair dans tout cela… Il a été homme du moment[8] ! »

 

 

[1] J.C. Castelbranco, Le prodige inouï de Fatima, op. cit., p.33.

[2] Père De Marchi, Témoignages sur les Apparitions de Fatima, op. cit., p.137.

[3] Chanoine C.Barthas, Fatima 1917 – 1968,  Histoire des Apparitions, Fatima – Editions, 1969, p.119.

[4] J.C. Castelbranco, Le prodige inouï de Fatima, op. cit., p.33.

[5] J.C. Castelbranco, Le prodige inouï de Fatima, op. cit., p.36.

[6] Chanoine C.Barthas, Fatima 1917 – 1968,  Histoire des Apparitions, op. cit., p.122.

[7] Carmel de Coimbra, Un chemin sous le regard de Marie, op. cit., p.100-101.

[8] Père De Marchi, Témoignages sur les Apparitions de Fatima, op. cit., p.147.