Padre Pio et le troisième secret de Fatima

Source : Lifesite news, 7 octobre 2024

(LifeSiteNews) – Le texte suivant est écrit par le père Frank Unterhalt, pasteur d’une paroisse de l’archidiocèse de Paderborn, en Allemagne. Il est l’orateur de Communio Veritatis Un groupe de prêtres de ce diocèse qui n’a cessé d’élever la voix pour s’opposer aux changements venant de Rome. LifeSite a publié multiples interventions de ce groupe sous la direction du père Unterhalt.

Unterhalt, dans une nouvelle interventionL’auteur y évoque la vie de Padre Pio, son charisme, ainsi que la vision qu’il a eue du troisième secret de Fatima. LifeSite a le plaisir de publier ici, avec l’autorisation d’Unterhalt, une traduction de son nouveau texte.

Unterhalt rappelle à ses lecteurs qu’en 2017, José María Zavala publié un livre sur le troisième secret de Fatima, dans lequel il révèle que Padre Pio lui-même, vers 1960, en avait parlé au chef des exorcistes de Rome, le père Gabriele Amorth. Pour ceux qui ne connaissent pas encore la conversation de Zavala avec le père Amorth, examinons ici un passage clé avant de passer au nouvel essai d’Unterhalt :

« En effet, déclare [Amorth], un jour Padre Pio m’a dit avec beaucoup de tristesse : Tu sais, Gabriele ?C’est Satan qui a été introduit au sein de l’Église et qui, dans un très court laps de temps, en viendra à régner sur une fausse Église.' » 

« Oh mon Dieu ! Une sorte d’Antéchrist ! Quand est-ce qu’il vous a prophétisé cela ? ». [Zavala demande]. 

« Cela devait être vers 1960, car j’étais déjà prêtre à l’époque. 

« Est-ce la raison pour laquelle Jean XXIII a été si paniqué à l’idée de publier le troisième secret de Fatima, afin que les gens ne pensent pas qu’il était l’antipape ou quoi que ce soit d’autre ? 

Un sourire léger mais complice ourle les lèvres du père Amorth. 

« Padre Pio vous a-t-il dit autre chose sur les catastrophes à venir : tremblements de terre, inondations, guerres, épidémies, famine… ?A-t-il fait allusion aux mêmes fléaux que ceux prophétisés dans les Saintes Écritures ? [demande M. Zavala] 

« Rien de tout cela ne lui importait, aussi terrifiant soit-il, à l’exception de la grande apostasie au sein de l’Église. C’est ce problème qui le tourmentait vraiment et pour lequel il a prié et offert une grande partie de ses souffrances, crucifié par amour. » [dit le P. Amorth] 

« Le troisième secret de Fatima ? »

« Exactement.«  

Nous ne saurions trop insister sur l’importance du Troisième Secret. La consécration de la Russie n’a manifestement pas été faite correctement, sinon serions-nous au bord de la Troisième Guerre mondiale ? Nous ne voyons encore aucun signe du triomphe du Cœur Immaculé de Marie annoncé par Notre-Dame de Fatima. Gardons le sujet des avertissements de Notre Dame de Fatima à l’esprit.

Voir ici le texte intégral du père Frank Unterhalt :

Le message et les événements de Fatima, décrits comme une « explosion de surnaturel », ont[1] se reflètent clairement dans la vie de saint Padre Pio. D’une manière très particulière, il a pu être un témoin de la vraie foi catholique et un prophète pour notre temps.

Comme les pastoureaux, le prêtre capucin stigmatisé se caractérisait par une adoration héroïque de Dieu dans le sacrement de l’autel. C’est ainsi qu’il confesse : « Il serait plus facile pour la terre d’exister sans le soleil que sans la Sainte Messe ![2] C’est ainsi qu’il a été entraîné à plusieurs reprises dans ce mystère d’amour incompréhensible, avec une émotion extatique. La visualisation du sacrifice du Christ sur la croix devenait pour ainsi dire transparente lors de sa célébration. « Le drame du Golgotha se présentait à son esprit. Il lui était permis de vivre mystérieusement la souffrance du Seigneur et la mort sacrificielle de l’Agneau de Dieu ».[3] Son attitude révérencieuse rappelle celle de l’Ange de Fatima, qui a enseigné les deux célèbres prières d’adoration[4] et administrer la communion orale à genoux. Padre Pio a également ressenti que la rencontre avec le Seigneur eucharistique était la source de toute sa vie : « Le cœur de Jésus et le mien … se sont fondus en un seul. Ce n’était plus deux cœurs qui battaient, mais un seul. Mon cœur s’était perdu comme une goutte d’eau perdue dans une mer ».[5] Le zélé prêtre capucin attachait une grande importance au fait que les fidèles reçoivent la Sainte Communion en état de grâce afin de ne pas offenser le Seigneur et de ne pas manger le jugement (cf. 1 Cor. 11:27).

La dévotion sacerdotale de Padre Pio allait à la gloire du Très-Haut et au salut des âmes. « De même que Dieu a poussé les enfants de Fatima, à travers une vision de l’enfer, à l’expiation et au sacrifice, il voit aussi de nombreuses personnes en danger d’être éternellement perdues. Comment ne pas pleurer en voyant comment l’humanité veut à tout prix se plonger dans l’enfer ?[6] Comme Jacinthe de Fatima, la sainte de Pietrelcina savait que les péchés qui entraînent la plupart des âmes dans la perdition éternelle sont ceux de la chair.[7]

En véritable pasteur selon le cœur de Dieu, il a donc lutté avec détermination contre les maux désastreux de l’impudicité et a donné des avertissements urgents. « Ces péchés profanent les sources de la vie et déplaisent fortement à Dieu, comme l’Église l’a toujours enseigné. Enfin, Padre Pio a mené une lutte encore plus acharnée contre d’autres maux terribles, tels que l’homosexualité, l’euthanasie active et l’avortement. Il considérait ces péchés comme l’abomination de l’humanité et la destruction de toutes les valeurs humaines et chrétiennes ».[8]

L’appel de Fatima à prier et à sacrifier beaucoup pour la conversion des pécheurs était gravé dans le cœur de ce capucin plein d’âme. Il connaissait le prix du salut : « Si vous saviez ce que coûte une âme ! Les âmes ne vous sont pas données en cadeau, vous les achetez. Tu ne sais pas ce qu’elles coûtent au Christ. Maintenant, tu dois toujours les payer avec la même pièce ».[9] Padre Pio confirmait souvent aux personnes après leur conversion combien il avait souffert pour elles.

Il a toujours consacré sa vie à sa prière préférée, le Rosaire, qu’il considérait comme une excellente « arme » spirituelle avec laquelle on peut tout obtenir. Il le considérait comme l’excellente « arme » spirituelle avec laquelle on peut tout obtenir, car « la Sainte Vierge recommandait chaleureusement le [R]osaire à chacune de ses apparitions ».[10] Il a donc voulu léguer cette chaîne victorieuse à ses enfants spirituels.

En tant que serviteur de la Divine Miséricorde, Padre Pio était un apôtre du sacrement de pénitence, écoutant jusqu’à 15 heures de confession par jour. Il ne tolérait pas la superficialité, mais exigeait un repentir authentique : « Il exigeait une accusation claire et honnête, une contrition sincère et des résolutions fermes. Avant tout, il fallait reconnaître et admettre ses péchés et sa propre méchanceté ».[11] Ce confesseur exceptionnel se caractérisait à la fois par sa miséricorde et sa détermination. Son don de clairvoyance lui permettait de guider les fidèles d’une manière inimitable. Il a dit à un confesseur : « Je te connais de l’intérieur, comme tu te reconnais dans le miroir : « Je te connais de l’intérieur, comme tu te reconnais dans le miroir ! … Je connais tout à la lumière de Dieu ! ».[12]

Le guide spirituel doué a souvent souffert de manière indicible de la saleté du péché qui arrivait dans le confessionnal. « Il avait une telle horreur du péché qu’il aurait préféré mourir mille fois plutôt que de laisser cette souillure souiller son âme. … Il lutta de toutes ses forces pour que le confesseur comprenne enfin qui il était, dont il avait offensé la bonté et l’amour ».[13] Le drame de l’immense déluge de boue peut l’ébranler profondément : « Il pleure sur le pécheur qui préfère le péché à son âme précieuse. Il pleure sur le sang de Dieu qui est versé en vain pour tant de malheureux ».[14]

Comme les bergers de Fatima, Padre Pio savait parfaitement qui est capable de nous guider en toute sécurité vers notre but éternel. Les célèbres paroles de l’Immaculée résonnaient dans son âme : « Mon Cœur Immaculé sera votre refuge et le chemin qui vous conduira à Dieu ! » Il connaissait parfaitement la place prépondérante de la Sainte Vierge et Mère de Dieu Marie dans le plan du salut, l’appelant tendrement sa « Mammina » et la décrivant comme le « chef-d’œuvre incomparable du Créateur ».[15] Avec un grand zèle, il proclame les gloires de la Reine céleste, en particulier son Immaculée Conception, sa virginité perpétuelle et la maternité de Dieu. En extase, il s’exclame : « Oui, tu es belle, si ce n’était la foi, on t’appellerait déesse. Tes yeux sont plus brillants que le soleil ! ».[16] Il a vécu et diffusé la consécration au Cœur Immaculé de Marie, demandée avec tant d’insistance à Fatima, comme une puissante ancre de salut et a loué l’Immaculée comme médiatrice de toutes les grâces : « Elle brille comme l’étoile du matin sur toute la création. Tout se réfère à elle, toute grâce passe par elle. Elle seule est capable de capter les flots d’amour qui jaillissent du cœur de Dieu. Elle seule est digne d’être en communion avec eux. »[17]

Le lien particulier de Padre Pio avec le message de Fatima a également été révélé en 2017 dans une dimension extrêmement éclairante : Il a été révélé qu’il connaissait même le Troisième Secret – il lui avait déjà été révélé quatre ans avant les enfants bergers. Le célèbre journaliste José María Zavala en témoigne dans son livre Le secret le mieux gardé de Fátima, qu’il a publié à l’occasion du 100e anniversaire des apparitions. Dans ce travail d’investigation, l’auteur espagnol se réfère à son long entretien avec Don Gabriele Amorth, fils spirituel de Padre Pio. Le célèbre exorciste y révèle ce que le saint stigmatisé, frappé de plein fouet et choqué, lui a confié au sujet du troisième secret : « C’est Satan qui est entré dans le sein de l’Église, et dans peu de temps, il régnera sur une fausse Église. »[18]

Zavala a interrogé Don Gabriele Amorth à ce sujet de manière plus détaillée et, en conclusion du dialogue, il déclare ce qui suit : « Il y avait deux thèmes récurrents et liés : la grande apostasie de l’Église depuis son sommet – selon le témoignage du cardinal Ciappi – et l’introduction du diable à la tête de l’Église par le biais du ‘Pape sous le contrôle de Satan' ».[19]

Zavala souligne la correspondance évidente entre ces paroles et la déclaration de Frère Michel de la Sainte Trinité, éminent expert du message de Fatima et auteur d’une trilogie correspondante. Il a déclaré :

Ce sera l’époque de la bataille décisive entre la Vierge et le diable. Un flot de confusion diabolique se répandra dans le monde. Satan pénétrera dans les plus hautes sphères de l’Église. Il aveuglera les esprits et endurcira les cœurs des bergers, car Dieu les aura abandonnés à leur sort en punition de leur désobéissance aux demandes du Cœur Immaculé de Marie.

Ce sera la grande apostasie annoncée pour les derniers jours, … le ‘Faux Prophète’ qui trahit l’Eglise au profit de la ‘Bête’, selon la prophétie de l’Apocalypse.[20]

Le Faux Prophète qui boite et l’Antéchrist qui va bientôt apparaître font tout pour tromper et escroquer les gens et les conduire à la perdition éternelle.

« Voici la persévérance des saints, qui gardent les commandements de Dieu et la foi de Jésus » (Apoc. 14:12).

Mais à la fin, le Cœur Immaculé de Marie, la Vierge de Fatima, la Reine du Rosaire et le vainqueur de toutes les batailles de Dieu, triomphera ! 

Père Frank Unterhalt
13 juillet 2024
Anniversaire de la troisième apparition à Fatima

Références

Références
1 Paul Claudel, in : P. Charles Olmi, Méditations sur les révélations de FatimaLe Puy 1945, Introduction.
2 Père Ferdinand Ritzel, Pater Pio. Sa vie. L’amour et l’amourMedia Maria Verlag 2018, p. 182.
3 Ibid, p. 181.
4 Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je vous aime ! Je te demande pardon pour ceux qui ne croient pas, n’adorent pas, n’espèrent pas et ne t’aiment pas.

Très Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, je Vous adore profondément et je Vous offre le très précieux Corps, Sang, Ame et Divinité de Jésus-Christ, présent dans tous les tabernacles du monde, en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences par lesquels Il est Lui-même offensé. Par les mérites infinis de son très Sacré-Cœur et du Cœur Immaculé de Marie, je Vous demande la conversion des pauvres pécheurs.

5 P. J. Derobert, Heiliger Pio aus Pietrelcina durchsichtig auf Gott hinHauteville/Suisse 2011, p. 66.
6 Père Ferdinand Ritzel, p. 182.
7 L. Gonzaga da Fonseca, Maria spricht zur WeltFribourg/Suisse 1973 (16e édition), p. 177.
8 Père Stefano Maria Manelli, Le saint Pio de PietrelcinaCastelpetroso 2002, p. 132.
9 Don Gabriele Amorth, Pater Pio. Histoire de la vie d’un saintStein am Rhein 2006 (2e édition), p. 60.
10 Père Stefano Maria Manelli, p. 97.
11 Ibid, p. 105.
12 P. J. Derobert, p. 717.
13 Ibid. p. 715.
14 Maria Winowska, L’histoire sainte de Pater PioAugsbourg 1989 (25e édition), p. 127.
15 Ibid. p. 159.
16 Père Ferdinand Ritzel, p. 266.
17 Maria Winowska, p. 159.
18 José María Zavala, Le secret le mieux gardé de Fátimaédition espagnole, Planeta Publishing 2017, p. 231.
19 Ibid, p. 267.
20 Ibid, pp. 83-84.



13 mai 1917 : Première Apparition de Notre Dame à Fatima !

« Une Dame, plus brillante que le soleil ! »

Sœur Lucie de Fatima

Le 13 mai 2024, cela fera 107 ans que la Vierge Marie est apparue pour la première fois aux trois enfants de Fatima au Portugal… Elle les visite au cœur du printemps, en plein dans leur mission de petits bergers : Il est 12h, et ils s’apprêtent à prendre leur frugal repas quand, dans le ciel d’azur, une vive lumière traverse le ciel ! Ils craignent un orage et Lucie décide précipitamment de retourner à la maison avec les brebis… Ils courent rapidement dans la pente quand un second éclair, plus éblouissant, les surprend ! Et c’est alors qu’advient la bouleversante première rencontre dont témoigne Lucie :

« Ils voient sur un petit chêne vert, une Dame, toute vêtue de blanc, plus brillante que le soleil, irradiant une lumière plus claire et plus intense qu’un verre de cristal rempli d’eau cristalline, traversé par les rayons du soleil le plus ardent… Nous nous arrêtâmes, surpris par cette Apparition. Nous étions si près que nous nous trouvions dans la lumière qui l’entourait, ou plutôt qui émanait d’Elle… Alors, Notre-Dame nous dit :

  • N’ayez pas peur, je ne vous ferai pas de mal !
  • D’où venez-vous, Madame ? lui demande Lucie.
  • Je suis du Ciel !… »

Arrêtons-nous un instant sur ces premiers instants de l’Apparition de la Vierge et sur la description unique que nous en fait Lucie :

Tout d’abord, cette « Dame, toute vêtue de blanc et plus brillante que le Soleil ! » est véritablement une manifestation de la lumière du Ciel… car juste avant la venue de la Vierge, de nombreux témoins signalent à l’Apparition du 13 septembre[1] plusieurs prodiges qui se manifesteront à chaque Apparition :

On constate un affaiblissement de la lumière du soleil, au point de distinguer les étoiles du ciel ; et ensuite un rafraîchissement soudain de l’atmosphère… et enfin, cette pluie mystérieuse d’une multitude de fleurs blanches qui disparaissent avant de toucher terre !… Et puis, soudain jaillit l’éclair dans le ciel qui est le « signe » que la Vierge approche… et quelques instants après, Elle est là devant les 3 enfants sur le petit chêne-vert, dans cette lumière à la fois si douce et indicible…

Dans cette première Apparition du 13 mai, il y a ensuite une référence unique à la lumière qui, à la fois, rayonne de cette Dame et l’enveloppe avec cette référence au mystère du « verre de cristal » : « Une Dame, toute vêtue de blanc, plus brillante que le soleil, irradiant une lumière plus claire et plus intense qu’un verre de cristal[2] rempli d’eau cristalline, traversé par les rayons du soleil le plus ardent ! »

Cette approche descriptive n’est peut-être pas si étonnante sur les lèvres de Lucie : le cœur et le regard d’un enfant sont plus simples et transparents face à la lumière de Dieu. Le psaume ne dit-il pas : « Jusqu’au cieux ta splendeur est chantée par la bouche des enfants, des tout petits ! » (Ps 8,2-3). La liturgie de l’Eglise ne fait-elle pas aussi référence à la Vierge dans ce passage du Cantique des cantiques : « Qui est celle-ci qui surgit comme l’aurore, belle comme la lune, resplendissante comme le soleil !… » (Ct 6,10). Et enfin, Saint Jean-Paul II n’a-t-il pas affirmé à Fatima : « Le Cœur de la Mère est immense : plus grand que le cosmos visible et invisible ! »

      Alors, quand Lucie demande à la Dame : « D’où venez-vous ? » La réponse de la Vierge est une évidence de lumière : « Du Ciel ! » Car c’est de là qu’Elle vient… et, si Elle descend régulièrement nous visiter : c’est pour nous emmener avec Elle au Ciel où Jésus nous a « préparé » notre place unique (Jn 14,2-3) dans ce bonheur indicible de là-haut où règne et jaillit à jamais la   joie de Dieu !

 

+Marie-Mickaël

 

 

[1] Une foule estimée à trente mille personnes !

[2] Nous reviendrons prochainement sur le mystère du « cristal » en référence à Apocalypse 15,2.




Fatima, apparition du 13 octobre : Je suis Notre-Dame du Rosaire

Extrait du livre Mon Coeur Immaculé triomphera, Fatima, révélation des derniers temps, Marie-Michel, Editions du Jubilé 2017

Photo : la foule contemplant le miracle du soleil.

Fatima : Le peuple immense qui prie avec Marie…

« Ici, l’homme se sent tout livré et confié à Marie… Il vient pour être avec Elle comme on est avec sa propre Mère[1]… » Cette parole de Saint Jean-Paul II à Fatima nous ouvre admirablement à ce qui va se passer ce 13 octobre où la presse laïque nationale du Portugal se déchaînait contre les Apparitions. On essayait de décourager le peuple par des informations alarmantes ! Peine perdue, car l’effet fut d’attirer encore plus de monde : « Ce fut le moyen dont se servit le Ciel pour réunir un plus grand nombre de personnes. Accoururent les simples curieux, les croyants et les incrédules. La rumeur se répandit que les autorités allaient mettre sur le lieu des apparitions une bombe qui les tuerait tous. Cela ne fit renoncer personne, et encore moins les trois voyants[2]… »  Si bien que face à tous ces dangers annoncés, les parents de Lucie décidèrent pour la première fois de l’accompagner !

Cependant, la pression restait vive à l’approche du 13 octobre car l’Ennemi de Dieu déployait toute sa stratégie de peur : « Un jour, trois gendarmes à cheval se présentèrent chez les enfants. Après un interrogatoire insolent, ils se retirèrent en disant : « Il faudra bien vous résoudre à révéler votre secret au sous-préfet, autrement il est décidé à vous faire tuer ! » – « Quel bonheur, s’écria l’intrépide Jacinthe ! J’aime tant Jésus et la Sainte Vierge : nous irons plus vite auprès d’eux[3] ! »

Dès la veille du 13 octobre, les routes et les chemins autour de Fatima étaient déjà saturés par des voitures, des bicyclettes et surtout une foule immense qui allait passer la nuit dehors, autour du lieu des apparitions. Ils marchaient en récitant le chapelet et en chantant de tout cœur des cantiques. Cependant, dès le 12 au soir commença l’épreuve : ciel couvert et pluie persistante sur ces chemins de Fatima où « un fleuve humain impétueux se déversait à la Cova da Iria, qui comme un sein maternel les accueillait tous. Trempés jusqu’aux os… chacun voulait seulement être le plus près possible du petit chêne vert, ce qui devenait de plus en plus difficile. En permanence, cette « mer » humaine étendait toujours plus ses limites, mais tous les visages se tournaient vers ce point le plus bas[4]… » où Marie avait promis de venir une dernière fois.

Le 13 au matin, la pluie continuait de plus belle et avait transformé la Cova en un vaste bourbier. Tout le monde était trempé et transis de froid. Un peu avant midi, la foule était estimée au moins à 70.000 personnes[5]. Comment oublier ici qu’avant ma conversion mariale à Fatima, j’ai été ce routard et Hippy qui participait avec passion à d’immenses pop-festivals en Angleterre et ailleurs. Et j’oserais dire ici que bien avant « Woodstock », la Vierge a fait fort à Fatima en suscitant un « festival marial » unique à l’époque ! Oui, enveloppé dans l’Arche du Cœur Immaculé de Marie, Fatima est un festival de « la joie de Dieu ». Elle n’est donnée aux pécheurs que dans la prière du chapelet, les sacrements et l’esprit de sacrifice qui libèrent nos cœurs si étroits.

Fatima nous met face à la réalité du péché qui mène en Enfer, mais nous place d’abord et surtout devant la beauté de Marie qui vient du Ciel où Dieu nous veut avec Lui. Envoyée par Jésus, avant sa seconde venue, Elle vient nous envelopper de sa tendresse et nous donner les armes décisives pour être sauvés. Car Fatima annonce la victoire du Cœur Immaculé de notre Mère qui vient nous « réveiller » pour le combat final face à l’Ennemi de l’homme. Et c’est pourquoi ce 13 octobre 1917 à la Cova, « un murmure descendait des collines environnantes, murmure qui ressemblait à la voix lointaine de l’océan… C’étaient des cantiques entonnés par des milliers de voix !… de milliers d’âmes en prière[6] !… »  C’était le chant pauvre et unique des enfants de Marie.

 

Apparition du 13 octobre : « Je suis Notre Dame du Rosaire ! »

         La pluie continuait à tomber en cette matinée du 13 octobre et vu la foule immense, ce n’était pas facile pour les trois enfants de se frayer un chemin. Mais grâce au dévouement de quelques hommes, ils avancent vers la Cova. Et puis, respectueusement aussi, les gens s’écartent pour leur ouvrir la voie. Dans ces immenses remous, Jacinthe commença soudain à pleurer mais François et Lucie la mirent entre eux. Cette dernière est plus que jamais « décidée » car elle est si heureuse d’être enfin accompagnée par ses parents ! Vers 11h30, ils arrivent enfin devant le petit chêne vert. Pour ce jour béni, les mamans ont un peu endimanchés leurs enfants de beaux habits : les fillettes portent une robe bleue et une mante blanche ! Et puis, on récite le chapelet et, entre les dizaines, on chante des cantiques. Des personnes avaient eu la pieuse délicatesse d’orner le haut du chêne vert avec des fleurs et des rubans de soie. Là où la Vierge allait poser ses pieds !

A l’heure de midi, l’éclair traverse le ciel et Lucie s’écrie : « La voici !… La voici !… » Les trois enfants sont saisis par la présence de la Vierge et la pluie a cessé. Soudain, « la foule peut observer une légère nuée blanche qui, telle une fumée d’encens, se forme autour des petits voyants, s’élève à cinq ou six mètres de hauteur et se dissipe dans l’atmosphère. Ce phénomène se renouvelle trois fois, comme si un prêtre invisible était là, encensant liturgiquement la céleste Apparition[7]. »  Alors commence le dernier dialogue où Lucie n’a pas oublié que la Dame avait promis de dire son nom et ce qu’Elle voulait. C’est pourquoi cette fois, l’enfant pose une double question :

– « Qui êtes-vous  et que voulez-vous de moi ?  dit Lucie.

– Je suis « Notre Dame du Rosaire », dit la Vierge, et je désire que l’on fasse ici une chapelle le chapelet tous les en mon honneur. Que l’on continue toujours à réciter le Chapelet tous les jours !  La guerre va finir, et les militaires reviendront bientôt chez eux.

– J’aurais beaucoup de choses à vous demander, dit Lucie : de guérir des malades, de convertir des pécheurs…

– Quelques uns, oui, d’autres, non. Il faut qu’ils changent de vie, qu’ils demandent pardon pour leurs péchés.

Alors, son visage devint triste et sa voix suppliante en disant :

– Que l’on n’offense pas davantage Dieu, Notre Seigneur, car il est déjà trop offensé ! »

« Ces paroles frappèrent fortement l’esprit des voyants ; ils gardèrent un profond souvenir de l’expression de douloureuse tristesse qui avait paru sur le visage de la Dame quand Elle les prononçait. Elles renferment l’essentiel du message de Fatima[8]. »

Commençant à se déplacer dans le ciel, la Sainte Vierge ouvrit les mains qui projetèrent des rayons lumineux sur le soleil… et pendant qu’Elle s’élevait, sa propre lumière ne cessait d’atteindre le disque lumineux. Alors, le regard fixé sur Marie, Lucie cria à la foule : « Elle s’en va !… Regardez le soleil ! »  De fait, les trois enfants ne verront pas le prodige solaire, car une fois la Dame disparue dans le firmament, leurs yeux émerveillés commencent à découvrir près du soleil la Sainte Famille : « A droite du soleil et plus brillante que lui, Notre Dame du Rosaire avec un manteau bleu ; et à gauche, en robe rouge clair, Saint Joseph avec l’Enfant-Jésus qui bénissent le monde. Ensuite, ils virent, à droite du soleil, Notre Seigneur Jésus bénissant amoureusement le monde ; puis, à gauche, Notre Dame des Douleurs et enfin apparut Notre Dame du Mont Carmel avec le scapulaire dans la main droite[9]. »  En méditant sur cette vision des enfants, on a découvert que le titre de Notre Dame du Rosaire que Marie se donne à Fatima révélait ici les mystères du Rosaire…

 

Le grand prodige : La danse splendide et la chute terrifiante du soleil !

     Pendant que les enfants étaient plongés dans leur vision céleste pleine de joie et de paix, le signe promis par la Vierge se réalisa à travers le prodige du soleil : soudainement, la pluie cessa, les nuages s’ouvrirent et laissèrent passer les rayons du soleil… Le père de Jacinthe et François témoigne sur le début du prodige stupéfiant : « Le soleil lançait des faisceaux de lumière et peignait tout de différentes couleurs : les arbres, les gens, le sol, l’air… Mais la grande preuve du miracle, c’est que le soleil ne faisait pas mal aux yeux. Tout le monde était immobile et se taisait…Tous regardaient le ciel[10]. » Car après ces quelques minutes surprenantes, le soleil s’arrêta. C’était le premier signe !

Et puis, il reprit son mouvement fantastique en tournant vertigineusement sur lui-même ! Il continua sa danse féerique quelques minutes et s’arrêta de nouveau comme pour permettre aux spectateurs un espace de repos. C’était le second signe !

Après une courte pause, « le soleil reprend, plus varié et coloré que jamais, son fantastique feu d’artifice, sans doute le plus grandiose et le plus pathétique que les hommes aient  jamais pu contempler sur la terre[11] ». C’était le troisième signe !

La foule est immobile et extatique face à ce spectacle qui n’a pas d’équivalent dans l’histoire contemporaine. Ce phénomène inouï fut aperçu clairement jusqu’à plus de 40 kilomètres à la ronde de Fatima. C’était le grand miracle promis par la Sainte Vierge. Mais il n’était pas terminé car la descente vertigineuse du soleil allait en être l’issue bouleversante, le point culminant. En effet, au milieu de sa danse effarante de feu et de couleurs, le soleil commença à se détacher du firmament et à se précipiter en zigzag sur la foule épouvantée, irradiant une chaleur de plus en plus intense ! Alors, tous le peuple pensa que les signes évangéliques de la fin du monde se réalisaient là sous leurs yeux (Mc 13,24-25) et « la multitude, saisie de peur, commença à crier et beaucoup confessaient à haute voix leurs péchés, faisant des actes de foi et demandant pardon ! Il semblait que le soleil venait en direction de la terre pour réduire en cendres la foule entière[12]… »

Tout ce peuple qui était venu en grande partie pour « voir un miracle » se trouvait maintenant confronté à un phénomène imprévisible et effrayant de « fin du monde ! » Tous étaient là, à genoux, criant « pardon » pour leurs péchés comme s’ils étaient arrivés au dernier moment de leur vie ! « Dieu est Amour » (1 Jn 4,16), mais faire l’expérience de l’Amour pour des pécheurs est une mise en lumière terrible de tout ce qui résiste encore à la splendeur de l’Amour divin. Le 13 octobre, à Fatima,  c’est cette expérience de Dieu que fit le peuple en contemplant la danse du soleil : il a d’abord vu comme une image de sa splendeur qui l’a ravie et il était venu d’abord pour ce spectacle merveilleux… puis, il a fait l’expérience de la folle descente du soleil qui l’a acculé à une expérience de fin de vie : là, tout est mis en lumière dans chaque vie ! Là, on n’est plus spectateur mais acteur : il n’y a plus de temps intermédiaire pour relativiser mais un terrible instant où il faut choisir d’accueillir la Lumière sur sa vie, seule voie pour être immergé dans l’Amour… on pourrait parler ici d’une « blessure de la lumière » : reconnaître qu’on l’a tous crucifié[13], c’est tous pleurer d’avoir si mal aimé en découvrant qu’Il nous a tant aimé… Son Amour aura le dernier mot !

Saint Jean le confirme : « En ceci consiste l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu mais c’est lui qui nous aimé et qui a envoyé son Fils en victime d’expiation pour nos péchés » (1 Jn 4,10). Mais il ajoute cette parole décisive : « Nous avons reconnu l’amour que Dieu a pour nous et nous y avons cru ! » (1 Jn 4,16). C’est là où Jésus et sa Mère veulent nous conduire. Car la miséricorde de Dieu tentera jusqu’au dernier instant d’ouvrir une brèche dans le cœur de l’homme pour qu’il se découvre follement aimé…comme un Pierre, juste après son reniement, lorsqu’il croise[14] le Regard de Jésus.

Finalement, le soleil arrêta sa chute vertigineuse et remonta à sa place en reprenant son éclat normal. Alors, se relevant, l’immense assemblée commença à chanter un credo… Qui décrira l’émotion de toute cette foule ?  Un vieillard, jusque là incroyant, est tout en larmes, et les bras tendus vers le ciel comme un prophète, il crie : « Vierge sainte ! Vierge bénie ! » Et de tous côtés se déroulent des scènes analogues… Détail marial touchant : cette scène apocalyptique se termine par un cadeau délicat et très concret qui révèle la tendresse maternelle de Marie envers ses enfants : alors que l’immense foule était trempée, chacun eut la joie de se sentir protégé et délicatement aimé, après le prodige du soleil, en découvrant soudain ses habits absolument secs.

Ce prodige du 13 octobre 1917 suscité par la Vierge de Fatima n’en finira plus de faire des vagues à travers le Portugal[15], d’abord, et au-delà dans l’histoire moderne jusqu’à nous aujourd’hui. Cent ans après, il est comme le signe visible et unique qui vient prophétiser l’urgence du message de Marie à Fatima que même les hommes d’Eglise et le Peuple de Dieu ont mis trop de temps à accueillir… et que le monde moderne ignore en se noyant dans l’océan du matérialisme omniprésent. Alors, comment ne pas faire ici le lien avec les Evangiles eschatologiques en nos temps dangereux où les menaces globales sont grandes : « Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles. Sur la terre, les nations seront dans l’angoisse… des hommes mourront de frayeur, dans l’attente de ce qui menace le monde habité, car les puissances des cieux seront ébranlées…quand cela commencera d’arriver, redressez-vous et relevez la tête, car votre délivrance est proche ! » (Lc 21,25-28). Nous vivons ces temps actuels si dangereux et la Vierge nous invite à entrer en son Cœur Immaculé d’où viendra la victoire du Dieu de la paix. En ce sens, Elle nous tend le chapelet afin de « relever la tête », pour faire face aux combats déroutants des temps de la fin.

Je veux conclure ici par le signe fort que nous donne la Vierge à travers la vision des enfants et ce prodige unique du soleil : d’un côté les trois petits qui contemplent les mystères du Seigneur, de sa Mère et de la Sainte Famille !  Il leur est donné de voir comme « vivants » les mystères du Rosaire… signe que cette prière en Eglise nous protège et nous garde dans le Cœur de Marie, les yeux de la foi fixés sur Jésus, Prince de la paix.

De l’autre, pour la foule, le signe splendide et terrifiant du soleil qui semble à un moment venir s’écraser sur la terre pour anéantir l’humanité. La Vierge nous adresse un double message dans ces deux événements : exercer et rayonner sa foi en priant le Rosaire pour être du côté du salut en route vers le Ciel, ou rester trop du côté du monde en subissant dans la peur les phénomènes terribles de la fin des temps.

Cependant, ce signe prodigieux refusé par Jésus aux pharisiens dans l’Evangile (Mc 8,11-13), « Notre Dame du Rosaire l’a maternellement accordé au monde moderne afin que tout le monde croie… car ce qui est vraiment unique à Fatima, c’est le caractère grandiose et extraordinaire de ce « Signe dans le ciel ». En face d’un tel prodige, on se demande instinctivement : que se passe-t-il donc de si particulièrement grave à notre époque au point de vue religieux, pour que la Mère de Dieu daigne intervenir sur la terre, par une manifestation de la toute-puissance divine si éclatante, que les assistants se sont réellement crus à la fin du monde, décrite dans l’Evangile ?… Ainsi donc, la Sainte Vierge venait réveiller notre foi face aux desseins terribles de Satan qui va chercher à implanter un nouvel ordre mondial, une nouvelle religion qui nie le vrai Dieu. Il faut donc saisir que la grandeur de ce prodige inouï de Fatima est ainsi proportionné à la grandeur des dangers qui menacent le monde[16]…» Il est vrai que tous seront confrontés aux épreuves des temps de la fin… mais ceux qui prient le chapelet en vivant et rayonnant humblement leur foi sont déjà entrés dans l’Arche du Cœur Immaculé de Marie.

 

[1] Cité par Joaquim Maria Alonso, Fatima – Message et consécration, op. cit., p.29.

[2] Carmel de Coimbra, Un chemin sous le regard de Marie, op. cit., p.101.

[3] J.C. Castelbranco, Le prodige inouï de Fatima, op. cit., p.40.

[4] Carmel de Coimbra, Un chemin sous le regard de Marie, op. cit., p.101-102.

[5] Le Dr Almeida Garrett, Académicien et professeur à la Faculté des sciences de l’Université de Coimbra se trouvait à un endroit privilégié le 13 octobre et a pu évaluer la foule à plus de 100.000 personnes.

[6] Père De Marchi, Témoignages sur les Apparitions de Fatima, op. cit., p.160.

[7] J.C. Castelbranco, Le prodige inouï de Fatima, op. cit., p.42.

[8] Chanoine C.Barthas, Fatima 1917 – 1968,  Histoire des Apparitions, op. cit., p.130.

[9] J.C. Castelbranco, Le prodige inouï de Fatima, op. cit., p.43-44.

[10] Père De Marchi, Témoignages sur les Apparitions de Fatima, op. cit., p.169.

[11] J.C. Castelbranco, Le prodige inouï de Fatima, op. cit., p.45.

[12] Carmel de Coimbra, Un chemin sous le regard de Marie, op. cit., p.106.

[13] « Tous les pécheurs furent les auteurs de la Passion du Christ » : Catéchisme de l’Eglise catholique, n° 598.

[14] Lc 22,61-62. « Devant le reniement de Pierre, le Seigneur ne lui adresse aucune parole, mais celle bien plus profonde du regard : « la parole du Regard » qui dit tout… »  Marie-Michel, Jésus-Porte de la miséricorde, Jubilé 2016, p.115.

[15] Je pense ici au célèbre poète portugais Alfonso Lopes Vieira qui a vu le prodige solaire du balcon de sa maison à 40 kms de Fatima ou à Avelino d’Almeida, rédacteur en chef à Lisbonne, du grand journal laïc « Seculo » : dans un article, il se moquait des Apparitions le 13 au matin  et publia le 15 un autre article où il se dit bouleversé après avoir vu le miracle du soleil. Il faudrait citer aussi d’autres témoins connus comme l’académicien Marques da Cruz ou le savant Almeida Garrett. Voir J.C. Castelbranco, Le prodige inouï de Fatima, op. cit., p.48 à 57.

[16] J.C. Castelbranco, Le prodige inouï de Fatima, op. cit., p.58 à 60.




Fatima : apparition du 13 septembre 1917

Extrait du livre Mon Coeur Immaculé triomphera, Fatima, révélation des derniers temps, Marie-Michel, Editions du Jubilé 2017

« Continuez à dire le chapelet… « 

A cette cinquième venue de Notre-Dame, on estima la foule autour de trente mille personnes. Beaucoup s’étaient mis en route la veille et dès l’aube du 13 septembre, tous les chemins des environs de Fatima étaient remplis de monde. Un témoin raconte avec émotion : « J’étais profondément ému, et plus d’une fois les larmes me sont montées aux yeux, en voyant la piété, les prières et la foi ardente de tant de milliers de pèlerins qui récitaient le chapelet en marchant. Il n’y avait pas un chemin ni un sentier qui ne fut encombré de monde, et jamais encore de toute ma vie, je n’avais assisté à une si grandiose et si poignante manifestation de foi[1]. »

Ce jour-là aussi, plusieurs séminaristes étaient présents dans la foule et également quelques prêtres dont le Père Jean Quaresma. Il deviendra plus tard Vicaire général du diocèse de Leira, et aussi membre de la commission d’enquête canonique sur les Apparitions. Il venait dans un esprit à la fois ouvert et critique pour rester objectif. Dans une lettre à un ami prêtre qui était avec lui à l’Apparition du 13 septembre, il donne un témoignage émouvant de sincérité : « Les petits bergers priaient, en attendant la céleste Apparition, et à midi le silence se fit dans la foule. On n’entendait plus que le murmure des prières… et à mon grand étonnement, je vois alors, clairement et distinctement, un globe lumineux se déplaçant du Levant vers le Couchant, et glissant majestueusement dans l’espace. Vous aussi, cher ami, vous avez eu le bonheur de voir la même apparition inespérée et émouvante… et vous paraissiez enthousiasmé de ce que nous avions vu… C’était Notre Dame qui venait ! Telle était bien aussi ma conviction. Les petits bergers avaient vu la Mère de Dieu elle-même ! A nous, il avait été donné de voir comme le véhicule qui l’avait transportée du Ciel jusqu’à la lande inhospitalière[2]… »

Dans ses souvenirs, Lucie décrit l’arrivée des enfants à la Cova et cela fait penser à certaines scènes de l’Evangile où Jésus est parfois attendu par une foule immense comme sur le mont des béatitudes (Mt 5,1) ou au bord du lac de Tibériade (Mc 6,34) : « Les chemins étaient remplis de monde et tous voulaient nous parler. Il n’y avait pas de respect humain. Beaucoup de personnes, même de la haute société, fendant la foule qui se pressait autour de nous, tombaient à genoux et nous priaient de présenter leurs supplications à la Sainte Vierge. D’autres, ne réussissant pas à nous approcher, nous criaient de loin… même du haut des arbres sur lesquels ils étaient juchés pour mieux voir : « Pour l’amour de Dieu, priez la Sainte Vierge de guérir mon fils estropié !… Qu’Elle guérisse mon enfant aveugle !… Qu’Elle fasse revenir du front mon mari… mon fils !… Qu’Elle convertisse un pécheur qui m’est cher !… » On nous recommandait de la sorte toutes les misères de la pauvre humanité !… Et nous : disant oui à l’un, tendant la main à l’autre… nous avancions toujours, aidés par quelques hommes qui nous frayaient le chemin à travers la foule[3]

Quand les enfants arrivèrent près du chêne-vert, Lucie se tourna vers la foule et cria : « Il faut prier ! » Un témoin se souvient de cette scène étonnante : « Jamais je n’oublierai la violente impression que j’éprouvai en voyant ces milliers de pèlerins tomber à genoux à la voix d’une enfant de dix ans[4] ! » Alors, tout le monde se mit à réciter le chapelet avec les trois enfants. Il n’y avait plus de riches ou de pauvres, de simples ou d’instruits, d’adultes ou d’enfants, car c’est le peuple de Dieu qui était là en prière avec sa Mère du Ciel.

Plusieurs prodiges s’opérèrent confirmés par des milliers de témoins : on constata un affaiblissement de la lumière du soleil, au point de distinguer les étoiles du ciel ; un rafraîchissement soudain de l’atmosphère ; et enfin, il se mit à pleuvoir une multitude de fleurs blanches qui disparaissaient avant de toucher terre.

Soudain jaillit l’éclair dans le ciel et c’est le signe que la Vierge approche. Quelques instants après, Elle est là devant eux sur le petit chêne-vert et, enveloppés dans sa lumière à la fois si douce et indicible, les trois petits sont prêts à écouter son message :

– « Que voulez-vous de moi ? dit à nouveau Lucie.

– Continuez à dire le chapelet tous les jours pour obtenir la fin de la guerre. En octobre, Notre Seigneur viendra ainsi que Notre Dame des Douleurs et Notre Dame du Carmel, et aussi Saint Joseph avec l’Enfant-Jésus, pour bénir le monde. Dieu est content de vos sacrifices, mais il ne veut pas que vous dormiez avec la corde. Portez-la seulement pendant le jour. »

Ici, Lucie lui présente alors plusieurs demandes de guérisons pour des malades qu’on lui avait recommandés : « J’en guérirai quelques uns, répondit la Vierge, mais pas les autres, parce que Notre Seigneur ne se fie pas à eux. »  Cette réponse nous renvoie directement à l’Evangile. Car, plus profondément, « cela peut signifier que bien des malades avec leur entourage ne s’ouvrent pas aux dispositions de foi, de contrition et de ferveur qu’il conviendrait d’avoir pour obtenir une guérison surnaturelle[5]… » Car la Sainte Vierge n’est pas une « guérisseuse » à souhait. Elle situe d’abord ses enfants avec Elle dans le plan de la Rédemption où la maladie, le handicap, l’épreuve s’avèrent être parfois un meilleur chemin que la pleine santé. Marie, dans sa tendresse, est penchée à chaque instant sur ses enfants pour les aider à accomplir la volonté mystérieuse de Dieu qui, seule, mène au Ciel.

Vers la fin, Lucie confie à la Sainte Vierge ses épreuves vis-à-vis de ceux qui n’accueillent pas ses Apparitions et la rejettent. Elle lui demande un signe que tous pourront voir !  Et Marie confirme : « En octobre, je ferai un miracle pour que tous croient ! »

Après ces dernières paroles, la Femme revêtue de lumière (Ap 12,1) commence à s’élever de nouveau dans le Ciel et d’un geste, Lucie orienta les regards en disant : « Si vous voulez la voir, regardez par là ! » Ils virent soudain « le globe de lumière remonter dans l’azur. Alors, la belle nuée blanche s’évanouit, les fleurs mystérieuses cessèrent de tomber, le soleil retrouva son éclat habituel[6]. »

C’est sa cinquième venue et Marie insiste à nouveau sur le « chapelet quotidien » pour « obtenir la fin de la guerre ». En cette fin des temps, un siècle plus tard, et face au déferlement de toutes sortes d’épreuves présentes et à venir… Il faudra donc se souvenir à jamais de cette puissance du Chapelet qui ouvre les cœurs à Dieu et arrête les guerres !  Et puis, la Vierge manifeste encore ici sa tendresse de Mère. Elle leur transmet de la part du Dieu-Amour une information qui, à la fois, les confirme sur leur voie et les ajuste dans leur offrande : « Dieu est satisfait de vos sacrifices, mais il ne veut pas que vous dormiez avec la corde. Portez-la seulement pendant le jour. »  Cela nous montre à quel point Dieu et sa Sainte Mère sont attentifs à chaque détail de nos vies avec une délicate prévenance !

Dans le même sens, comment ne pas voir ici l’œuvre de la divine Providence en la personne du Père Manuel Nunes Formigao, Chanoine de Lisbonne et alors professeur au Séminaire et au Lycée de Santarem. Aimable, prudent et délicat, il gagna vite la confiance des trois petits voyants et de leurs familles. Ainsi, dans un climat de confiance et de paix, ce prêtre à la fois érudit et simple put interroger et écouter les enfants. Les voyant régulièrement, il put se faire un jugement, aussi objectif que possible, sur les Apparitions et les aider aussi sur la voie de la sainteté.  Il deviendra plus tard l’historien réputé de Fatima.

Ecoutons Sœur Lucie : « Il m’interrogea sérieusement et minutieusement. Je l’aimais beaucoup, parce qu’il me parlait de la pratique de la vertu, m’enseignant certaines manières de l’exercer… Il revint tous les mois m’interroger et me donnait toujours à la fin de bons conseils, ce qui me faisait un certain bien spirituel[7]. »  Et comme le remarquait un habitant de Fatima : « C’est lui qui a vu clair dans tout cela… Il a été homme du moment[8] ! »

 

 

[1] J.C. Castelbranco, Le prodige inouï de Fatima, op. cit., p.33.

[2] Père De Marchi, Témoignages sur les Apparitions de Fatima, op. cit., p.137.

[3] Chanoine C.Barthas, Fatima 1917 – 1968,  Histoire des Apparitions, Fatima – Editions, 1969, p.119.

[4] J.C. Castelbranco, Le prodige inouï de Fatima, op. cit., p.33.

[5] J.C. Castelbranco, Le prodige inouï de Fatima, op. cit., p.36.

[6] Chanoine C.Barthas, Fatima 1917 – 1968,  Histoire des Apparitions, op. cit., p.122.

[7] Carmel de Coimbra, Un chemin sous le regard de Marie, op. cit., p.100-101.

[8] Père De Marchi, Témoignages sur les Apparitions de Fatima, op. cit., p.147.




Soeur Lucie de Fatima déclarée vénérable

« Sœur Lucie dos Santos, l’une des trois bergères de Fatima qui est aussi la gardienne du « troisième secret » de Fatima au Portugal a été déclarée vénérable par la promulgation du décret pontifical du jeudi 22 juin 2023 reconnaissant les vertus héroïques de la religieuse portugaise.

Née à Aljustrel le 28 mars 1907, sœur Lucie a connu une série d’apparitions de la Vierge Marie en 1917 à la Cova de Iria, à Fatima, au Portugal, en compagnie de ses deux petits cousins Francisco et Jacinta Marto. Après leur mort prématurée quelques années plus tard des suites de la grippe espagnole, Francisco et Jacinta ont été canonisés par le Pape François en 2017.

Sœur Lucie est restée l’unique dépositaire du message que lui avait confié la Vierge et qu’elle a transcrit, à l’instigation de l’évêque de Leiria, Mgr José Alves Correia da Silvia, dans quatre documents entre 1935 et 1941. Un autre écrit, daté de 1944, contenait la troisième partie, dite « troisième secret », et fut envoyé à Rome, ouvert pour la première fois en 1960, non divulgué par saint Jean XXIII et saint Paul VI. C’est Jean-Paul II, particulièrement dévoué à Notre-Dame de Fatima, qui a fait connaître le secret lors du Grand Jubilé de l’an 2000.

Sœur Lucie a vécu avec engagement la préservation du message marial tout au long de sa longue vie, d’abord dans le collège des sœurs Dorothée à Vilar, puis comme carmélite à Coimbra, où elle est décédée le 13 février 2005.

La distinction entre sa vie et les apparitions, dit le décret, « est également difficile parce qu’une grande partie de sa souffrance est due à ces dernières ». On peut voir en elle toute la difficulté de maintenir ensemble l’exceptionnalité des événements dont elle était spectatrice et l’ordinaire d’une vie monastique comme celle du Carmel. »

Source : Une minute avec Marie, site Marie de Nazareth, 27 août 2023. Adapté de : www.vticnnews.va

Image : CCO/wikimedia Lucie Dos Santos en 1917




Fatima : apparition du 19 août 1917

Extrait du livre Mon Coeur Immaculé triomphera, Fatima, révélation des derniers temps, Marie-Michel, Editions du Jubilé 2017

13 août : l’Apparition manquée et l’emprisonnement…

La Mère du Ciel savait bien l’emprisonnement des enfants, mais Elle est tout de même venue à ce rendez-vous du 13 août 1917, comme pour signifier la fidélité de sa tendresse pour les enfants et pour tous. Car ce jour là, Artur dos Santos, l’Administrateur de Vila Nova de Ourém, manipulé par « les autorités supérieures de la Franc-Maçonnerie[1] » inventa une ruse habile pour détourner les enfants du lieu de l’Apparition. Après une confrontation chez le Curé autour du Secret qui ne donna rien, car les trois enfants résistaient avec unité, l’Administrateur repartit avec eux dans la voiture à chevaux. Il mentit sur la direction malgré les protestations de Lucie.… et les enfants se retrouvèrent d’abord prisonniers dans son logis d’Ourem où sa femme fut pleine de délicatesse pour les accueillir et les nourrir. Mais ce n’était que le début de l’épreuve car après d’autres tentatives infructueuses pour savoir le  Secret, l’Administrateur cria furieux : « Ils resteront prisonniers jusqu’à ce qu’ils disent le Secret. Et s’ils traînent trop, ils seront frits dans l’huile[2] ! »  Cela peut nous paraître assez grotesque car nous savons l’issue. Mais pour des enfants de cet âge coupés de leur famille et séquestrés, l’épreuve est absolument horrible. Leur force vient vraiment d’ailleurs…

Pendant ce temps, le Curé de Fatima dut faire face à la colère de la foule qui le jugeait complice du rapt des enfants !  Il fera une lettre d’auto-défense claire dans le Mensageiro de Leira et deux autres journaux pour condamner « l’acte odieux et sacrilège » de l’enlèvement des trois enfants par l’Administrateur. Et il conclut par cette humble finale : « La Vierge n’a pas besoin de la présence du Curé pour montrer sa bonté… car la foi est un don de Dieu, et non des prêtres. Voilà le vrai motif de mon absence et de mon apparente indifférence à l’égard d’un événement si sublime et si merveilleux[3]… »  Bien sûr, au début, l’Eglise locale paraît absente et dépassée, mais vu l’impact mondial des Apparitions, elle exercera peu à peu son discernement du Portugal à Rome, nous le verrons plus loin.

En même temps, ce lundi 13 août, il y avait à la Cova un peu avant midi quelque dix huit mille personnes qui se lamentaient de l’absence des trois enfants. C’était une foule très mélangée avec des incroyants, des curieux, mais la majorité étaient des fidèles qui se tenaient près du chêne-vert avec respect : ils récitaient le chapelet et chantaient des cantiques. Une pieuse famille avait élevé le fameux « arc rustique », avec deux lanternes allumées, près de l’arbre des Apparitions. Apprenant l’enlèvement des petits voyants, tout le monde fut indigné et une partie de la foule voulait aller à Ourem demander leur libération au sous-Préfet. Mais juste avant l’heure de midi, tout le monde fut calmé par les signes qui précédaient la venue de la Vierge : une forte détonation semblait partir de l’arbre des Apparitions… « On vit ensuite l’éclair qui annonçait habituellement aux trois enfants l’arrivée de la Dame. Le soleil commença à perdre son éclat et l’atmosphère prit une vraie magnificence de couleurs… »  A chaque Apparition, il y eut ces modifications étonnantes de luminosité. C’est comme si un peu de la splendeur du Ciel descendait sur terre et réduisait la beauté de la création. Et, tout à coup, « une belle nuée blanche se forma autour de l’arbre des Apparitions, y resta une dizaine de minutes, et finalement s’éleva et disparut dans le ciel[4]. »  La foule était à la fois ravie et bouleversée car les signes de la venue de la Dame étaient clairs : la Mère fidèle était venue au rendez-vous fixé par Elle. Cela confirmait plus que jamais l’authenticité des Apparitions de Fatima.

Le 14 août fut une journée d’une rare intensité douloureuse pour les enfants car ils furent éprouvés comme jamais : interrogatoires, menaces de mort, promesses de « riches dons » s’ils parlaient… et finalement mise en prison avec un groupe de détenus assez inquiétants. Lucie sera forte et dévouée pour réconforter ses petits cousins. Car Jacinthe pleure en disant : « Nous allons mourir sans revoir nos parents. Ils ne se soucient plus de nous !… Je voudrais revoir au moins ma mère ! » Mais François, déjà mûri par la souffrance, la consola et lui dit : « Ne pleure pas ! Nous allons offrir ce sacrifice pour la conversion des pécheurs. »  Et tous les trois, joignant les mains, disent une fois de plus : « O mon Jésus, c’est pour votre amour et pour la conversion des pécheurs ! »  Alors Jacinthe, reprenant courage, ne veut oublier aucune des intentions recommandés par la Sainte Vierge et ajoute : « C’est aussi pour le Saint-Père, et en réparation des offenses commises contre le Cœur Immaculé de Marie. »  Ainsi, « comme dans les premiers temps du christianisme, les martyrs se donnaient du courage dans la lutte commune, de même ces trois enfants s’encourageaient à la fidélité jusqu’à la mort, si celle-ci était nécessaire[5]. »

Les autres prisonniers commencent à être « touchés » par l’innocence de ces petits enfants et ils ne supportent pas de les voir enfermés avec eux. Pour les distraire, ils se mettent alors à chanter sur les sons de l’harmonica de l’un d’eux !  Alors, il y a cette scène sublime et étonnante : la petite Jacinthe, essuyant ses larmes, se met à danser avec un des prisonniers qui la prend dans ses bras. Lucie et François sourient en la voyant tourner. N’est-ce pas là pour eux comme l’annonce prophétique de cette danse mystérieuse avec l’Epoux dans la gloire du Ciel ? Lui qui a dit sur terre : « Nous vous avons joué de la flûte et vous n’avez pas dansé ! » (Lc 7,32). Mais dès la danse terminée, Jacinthe détacha une médaille de la Vierge de son cou et demanda au prisonnier de la suspendre au mur. Elle se mit à genoux avec Lucie et François, ainsi que les prisonniers, et ils récitèrent le chapelet…

Quelques temps après, un garde ouvre brutalement la porte de la prison et emmène les trois enfants pour la terrible épreuve finale imaginée par l’Administrateur: « Le garde donna des ordres pour qu’on fasse bouillir un grand chaudron plein d’huile pour les frire dedans, et il se retira en les laissant seuls dans leur cellule. Dans ces moments qui leur parurent une éternité, ils ne parlèrent pas mais priaient dans leur cœur. Quelques minutes encore et la porte s’ouvrit de nouveau. Jacinthe fut la première à choisir entre dire le Secret ou être brûlée dans l’huile bouillante. Elle ne vacilla pas, et sans qu’il soit besoin de la forcer, elle alla volontairement au martyre. Il en fut de même avec François[6]. Lucie restait seule entre l’angoisse de ce qui se passait pour ses cousins et ce qui lui était réservé, mais sans vaciller un seul instant, elle répondit négativement au garde qui lui ordonnait de révéler le Secret et elle le suivit pour le supplice… Oh surprise ! Au lieu de ce chaudron, elle retrouva ses cousins dans une autre pièce et ils s’embrassèrent avec effusion[7] ! »  Enveloppés dans le Cœur Immaculé de Marie, ces enfants avaient vaincu le dessein pervers des ténèbres : c’était la victoire de l’enfance dans la puissance du Cœur de Dieu !

L’Apparition du 19 août aux Valinhos : « Priez, priez beaucoup pour les pécheurs ! »

 Le 13 août passé, les trois enfants ne comptaient plus revoir la Dame avant le mois suivant. Mais voici que le Dimanche 19 août, Lucie fait paître les brebis aux Valinhos (vallons) avec François et son frère Jean. Soudain, vers 16 heures, Lucie s’aperçoit que l’atmosphère commence à prendre la même teinte qu’avant les Apparitions à la Cova. Elle demande à Jean d’aller vite chercher Jacinthe. Arrivé à la maison, la maman menace de ne pas laisser partir la petite s’il ne lui dit pas le motif. Alors il dit la vérité : « Lucie dit que Notre Dame va apparaître, parce qu’elle a vu les signes dans le ciel ! » Sa mère consentit et dès que Jean l’annonce à Jacinthe, elle se mit à courir vers les Valinhos comme si elle avait des ailes. Une fois les trois petits réunis, l’éclair traversa le ciel et quelques instants après la Dame lumineuse se montrait au-dessus d’un chêne vert un peu plus élevé que celui de la Cova.

Les enfants s’étaient agenouillés et le dialogue commença :

– « Que voulez-vous de moi ? dit Lucie.

– Je veux que vous continuiez à aller à la Cova da Iria le 13, et à dire le chapelet chaque jour ! »

De nouveau, Lucie demande à Notre Dame de faire un miracle pour que tout le monde  croie.

– « Oui, répond la Vierge, en octobre, je ferai un miracle pour que tous croient à mes Apparitions. Si on ne vous avez pas enlevés à la ville, le miracle aurait été plus grandiose ! Saint Joseph viendra avec l’Enfant-Jésus pour donner la paix au monde. Notre Seigneur viendra aussi bénir le peuple. Vous verrez aussi Notre Dame des douleurs et Notre Dame du Mont Carmel. »

– Que voulez-vous que l’on fasse de l’argent que les gens laissent à la Cova da Iria ?

– Que l’on fasse deux brancards de procession. Tu porteras l’un avec Jacinthe et deux autres petites filles vêtues de blanc ; l’autre, que François le porte avec trois autres petits garçons vêtus aussi de blanc. Ce sera pour solenniser la fête de Notre Dame du Rosaire. Ce qui restera de l’argent servira pour construire une chapelle.

– Je voudrais vous demander la guérison de quelques malades.

– Oui, dit Notre Dame, j’en guérirai quelques uns dans l’année.

Et, tout à coup, son visage se voila de tristesse en disant :

– Priez, priez beaucoup et faites des sacrifices pour les pécheurs, car beaucoup d’âmes vont en enfer parce qu’elles n’ont personne qui se sacrifie et prie pour elles. »

Alors la Vierge s’éloigne de ses petits confidents et s’élève comme précédemment en direction du Levant pour disparaître dans le ciel. Elle avait laissé à nouveau dans l’âme des enfants un grand désir du Ciel, et une ferveur renouvelée pour sauver les pécheurs par de nouveaux sacrifices. De fait, les enfants entraient dans une compréhension nouvelle du « mystère ineffable du mystère de la Croix. La vision de l’Enfer, du 13 juillet, la vue des damnés semblables à des braises transparentes plongés dans un océan de feu, leurs cris, leurs gémissements de douleur et de désespoir, qui faisaient frémir et trembler de peur, n’avait pu s’effacer de l’imagination des trois enfants. Maintenant, la Vierge ajoutait qu’il y avait beaucoup d’âmes qui tombaient dans ce lieu de tourments[8]… » car « personne » ne priait et ne faisait des sacrifices pour les sauver de l’enfer !

Cette parole terrible de Marie ouvrait une nouvelle ferveur sacrificielle chez les trois enfants. Ils passaient des heures prosternés dans la grotte du « Cabeço » en récitant la prière apprise de l’Ange : « Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je vous aime ; et je vous demande pardon pour tous ceux qui ne croient pas, n’adorent pas, n’espèrent pas et ne vous aiment pas ». Et ils récitaient aussi le chapelet en disant après chaque dizaine la prière apprise par Notre Dame : « O mon Jésus, pardonnez-nous nos péchés !  Préservez-nous du feu de l’Enfer et attirez au Ciel toutes les âmes, spécialement celles qui en ont le plus besoin ! »

Il faut enfin noter que « leur nature d’enfants qui aiment jouer ne disparut pas. Même s’ils se rappelaient mutuellement la nécessité de renoncer aux jeux joyeux et innocents de leur vie de pastoureaux, ils ne cessèrent pas d’avoir la volonté d’en faire. Ainsi, la découverte du sacrifice de la corde eut lieu en jouant. Leur cœur continuait d’être un cœur d’enfant, libre, duquel jaillissait spontanément la joie, parce qu’il était en paix. Mais il y avait une constante dans la vie des trois, qui étaient un seul cœur et une seule âme : ils avaient vu et compris la tristesse de Dieu et de Notre Dame à cause des péchés du monde et ainsi, tout leur paraissait peu de chose pour consoler Dieu et sa Mère, et aider à convertir les pécheurs pour les délivrer des horreurs de l’Enfer que la Dame leur avait montré. S’oubliant eux-mêmes, ils pensaient seulement à ceux qu’ils aimaient… Lucie, dès lors, conserva enraciné dans son cœur un grand amour maternel pour la paix dans le monde[9]… »

 

 

[1] Père De Marchi, Témoignages sur les Apparitions de Fatima, op. cit., p.105.

[2] Carmel de Coimbra, Un chemin sous le regard de Marie, op. cit., p.85.

[3] Père De Marchi, Témoignages sur les Apparitions de Fatima, op. cit., p.110.

[4] J.C. Castelbranco, Le prodige inouï de Fatima, op. cit., p.31.

[5] Carmel de Coimbra, Un chemin sous le regard de Marie, op. cit., p.87.

[6] Dans le film récent sur Fatima « le 13° jour », il y a cette scène bouleversante où juste après la fausse exécution de Jacinthe, mais si réelle et affreuse pour les enfants, l’Administrateur accuse François d’avoir laissé mourir sa sœur… alors, avec force, il le regarde droit dans les yeux en priant un Ave Maria !

[7] Carmel de Coimbra, Un chemin sous le regard de Marie, op. cit., p.87-88.

[8] Père De Marchi, Témoignages sur les Apparitions de Fatima, op. cit., p.127.

[9] Carmel de Coimbra, Un chemin sous le regard de Marie, op. cit., p.97.




Fatima : apparition du 13 juillet 1917 : « Sacrifiez-vous pour les pécheurs… »

Extrait du livre Mon Coeur Immaculé triomphera, Fatima, révélation des derniers temps, Marie-Michel, Editions du Jubilé 2017

     Cette troisième Apparition marque un tournant dans l’admirable pédagogie de la Vierge sur le mystère de la foi. Dans les deux premières, Elle a fait faire aux trois enfants l’expérience du Ciel où ils furent plongés en Dieu à travers les rayons lumineux de ses mains de tendresse… Ici, le 13 juillet, un secret en trois parties fut révélé aux enfants et le Pape Saint Jean-Paul II le rendra public le 13 mai 2000 : d’abord, la Vierge va ouvrir à nouveau les mains dont le reflet entrouvrit la terre pour faire voir aux enfants l’horreur de l’enfer… Elle révèle ensuite une possible 2° guerre mondiale, encore plus affreuse que la première, annoncée juste avant par le signe « d’une lumière inconnue ». Elle révèlera ensuite que la consécration de la Russie à son Cœur Immaculé et le chapelet quotidien peuvent stopper ce terrible conflit. Et enfin, la troisième partie du secret décrit l’Ange de la justice qui avec son épée de feu menace d’incendier le monde… Cependant, Marie arrête les flammes par sa main de tendresse. Puis c’est la Passion de l’Eglise, le Saint Père en tête, pour donner la vie au monde. Nous reviendrons plus loin sur les trois parties de ce secret. [1]

A cette troisième Apparition, une foule d’au moins trois mille personnes est présente. Et pour la première fois, Mr. Marto, le père de Jacinthe et François est présent tout près d’eux car il est convaincu de la sincérité des enfants. Sa femme est là aussi, avec une amie, mais assez loin et cachée derrière un buisson !  Midi approche et les trois enfants, eux, disent le chapelet avec ferveur entourés par la foule qui prie avec eux. Soudain l’éclair habituel traverse le ciel et Lucie s’écrie : « Notre Dame arrive ! » Olympia Marto témoigne : « Je vis comme un petit nuage cendré, qui planait sur le chêne vert. Soudain, le soleil s’obscurcit, et un souffle frais, agréable, se fit sentir. Il ne paraissait plus que nous étions au fort de l’été. La foule était tellement silencieuse qu’on en était impressionné[2]… »

La Vierge était là, sur le chêne vert et les enfants étaient à nouveau saisis par sa beauté. Avec une tendresse infinie, elle regardait particulièrement Lucie comme pour lui dire, après ses doutes, qu’elle venait bien du Ciel !  Et puis commença le dialogue :

– « Que voulez-vous de moi ? dit Lucie.

– Je veux que vous veniez ici le 13 du mois prochain. Continuez à réciter le chapelet tous les jours en l’honneur de Notre Dame du Rosaire, pour obtenir la paix du monde et la fin de la guerre, car Elle seule peut vous secourir.

– Je voudrais vous demander de nous dire qui vous êtes, et de faire un miracle afin que tous croient que vous nous apparaissez.

– Continuez à venir ici tous les mois. En octobre, je dirai qui je suis, et ce que je veux ; et je ferai un miracle que tout le monde verra pour croire. »

Lucie était toute heureuse de ces promesses et se hâte de lui présenter les intentions confiées : « Notre Dame dit qu’il était nécessaire de dire le chapelet afin d’obtenir ces grâces dans l’année. Et Elle continua :

– Sacrifiez-vous pour les pécheurs, et dites souvent, spécialement lorsque vous ferez un sacrifice : « O Jésus, c’est par amour pour vous, pour la conversion des pécheurs, et en réparation des péchés commis contre le Cœur Immaculé de Marie… et la Vierge révèle ici le secret au trois parties… et puis, Elle recommanda la célèbre prière :

– Lorsque vous récitez le chapelet, dites après chaque dizaine : « O mon Jésus, pardonnez-nous, préservez-nous du feu de l’enfer ; et conduisez au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui en ont le plus besoin. » Après un silence, il y eut une sorte de coup de tonnerre comme pour marquer la fin de l’Apparition et Lucie se leva et s’écria en montrant le ciel : « Elle s’en va !  Elle s’en va ! … la Vierge commença à s’élever en direction du levant jusqu’au moment et elle disparut dans l’immensité du firmament[3] »

 

[1] Voir la 5° partie du livre : « La main de Marie nous protège… ». Nous en reparlerons dans un article ultérieur sur ce blog.

[2] Père De Marchi, Témoignages sur les Apparitions de Fatima, op. cit., p.85.

[3] Carmel de Coimbra, Un chemin sous le regard de Marie, op. cit., p.75.

 

 




Fatima, apparition du 13 juin 1917 : « Mon Coeur Immaculé sera ton refuge ! »

Extrait du livre Mon Coeur Immaculé triomphera, Fatima, révélation des derniers temps, Marie-Michel, Editions du Jubilé 2017

Dans sa joie d’avoir vu la beauté indicible de Marie et d’annoncer ses attentes urgentes pour le salut du monde, Jacinthe ne pourra se taire sur la visite de la Dame. Lucie désirait garder le secret, mais elle était déjà trop habitée par la peur des conséquences douloureuses dans sa propre famille. A ce moment, la plus jeune des trois a une avance prophétique sur les deux autres et dira à sa mère : « Oh, Maman ! cria-t-elle, toute émue, j’ai vu aujourd’hui Notre Dame à la Cova da Iria … » et la réponse ne se fait pas attendre : « ça, je ne le crois pas ! Serais-tu déjà une sainte pour voir la Sainte Vierge ? » Mais la petite Jacinthe ne se décourage pas. Elle continue à témoigner de la beauté de Marie et de ses attentes urgentes : « Maman, il faut dire le chapelet tous les jours ; la Sainte Vierge le veut ! » François confirmera les paroles de sa sœur et la famille sera assez vite ouverte au témoignage des deux enfants.

Manuel Marto, leur papa, était un homme réfléchi et, après avoir médité sur leur témoignage à partir de ses connaissances théologiques, il fut le premier à croire aux Apparitions. Plus tard, Olympia, leur maman, déclarera à la commission d’enquête : « C’est ainsi que ces enfants avaient appris de l’Apparition, non seulement à réciter eux-mêmes le chapelet, mais encore à le faire réciter à tout le monde[1] ! » Il y a d’ailleurs un dialogue assez drôle quand la petite Jacinthe essaie de convaincre sa mère « de venir voir la Sainte Vierge » au lieu d’aller à la fête :

– « Inutile d’y aller, répondit-elle, la Sainte Vierge ne t’apparaîtra pas !

– Si, si ! Elle a dit qu’elle apparaîtrait, et elle va certainement apparaître !

– Alors, tu ne veux pas aller à la fête de Saint Antoine ?

– Non ! Saint Antoine n’est pas beau !

– Comment il n’est pas beau ?

– C’est que cette Dame est beaucoup, beaucoup plus belle ! »

Cependant, les parents Marto restaient prudents et décidèrent de ne pas suivre leurs enfants ; et le 13 au matin, ils partirent à la foire. Dans la famille de Lucie, tout n’est pas aussi simple car, par un fort souci de vérité, sa mère cristallise autour d’elle un rejet violent de ces « enfantillages ». De plus, des familles et des jeunes d’Aljustrel accusent les enfants de fourberie et se moquent de Lucie.  Pour la petite, commence une lourde épreuve car « en voyant que ses cousins étaient chouchoutés, elle sentait davantage la douleur ; il lui semblait que ses parents ne l’aimaient pas et pour une fillette de 10 ans cela est très dur, d’autant que jusque là elle était cajolée par tous, elle était la petite reine de la maison… mais il était nécessaire de boire le calice comme il lui était présenté… le oui du 13 mai 1917 fut la consécration solennelle de tout son être et de toute sa vie à Dieu par les mains de Marie[2] ».

D’ailleurs, cette première Apparition de Marie marque une transformation dans le comportement religieux des trois enfants. Quand ils se retrouvent tous les trois avec les brebis, Lucie invite Jacinthe à jouer, mais sa réponse au ton décidé marque un tournant : « Aujourd’hui je ne veux pas jouer… car je pense à cette Dame qui nous a dit de dire le chapelet et de faire des sacrifices pour la conversion des pécheurs [3]». Ils commencèrent alors à donner leur repas de midi aux brebis, et « plus tard aux petits pauvres qu’ils rencontraient… ils passaient des journées mourant de soif [4] ».

C’est dans ce contexte de ferveur chrétienne où les enfants commencent à être un seul cœur dans la prière que va s’opérer la deuxième Apparition du 13 juin. Comme il y avait ce jour-là la fête de Saint Antoine, rare distraction pour les enfants du coin, la mère et les sœurs de Lucie la testaient à l’avance : « Nous allons voir si tu vas laisser la fête pour aller à la Cova da Iria parler avec cette Dame ! »  Mais le 13, avant 8 heures, son frère vint prévenir Lucie qu’un groupe de personnes de diverses localités autour de Fatima voulaient l’accompagner à la Cova. Elle les invita à aller à la Messe de 8 heures et vers 11 heures, elle alla à la rencontre de ses cousins en compagnie d’une cinquantaine de personnes.

Ils prirent le chemin vers le lieu des Apparitions et là, ils récitèrent le chapelet pour se préparer à la venue de Notre Dame… et à 12 h, comme en mai, un éclair traversa le ciel et la Dame « plus brillante que le soleil » arriva et se posa sur les branches du chêne-vert. Lucie lui posa la même question biblique qu’à la première Apparition :

« Madame, que voulez-vous de moi ?

– Je veux veniez ici le 13 du mois prochain, que vous disiez le chapelet tous les jours et que vous appreniez à lire. Ensuite, je vous direz ce que je veux.

Je demandai la guérison d’un malade.

– S’il se convertit, il sera guéri durant l’année.

– Je voudrais vous demander de nous emmener au Ciel.

– Oui, Jacinthe et François, je les emmènerai bientôt, mais toi, tu resteras ici pendant un certain temps. Jésus veut se servir de toi afin de me faire connaître et aimer. Il veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. A celui qui l’accepte, je promets le salut, et ces âmes seront aimées de Dieu, comme des fleurs placées par moi pour orner son Trône.

– Je vais rester ici toute seule ? demanda Lucie.

– Non, ma fille. Cela te fait beaucoup souffrir ?  Ne te décourage pas, je ne t’abandonnerai jamais !  Mon Cœur Immaculé sera ton refuge et le chemin qui te conduira jusqu’à Dieu.

Au moment où la Vierge prononça ces dernières paroles, Elle ouvrit de nouveau les mains et montra, devant la paume de la main droite, son Cœur entouré d’épines qui paraissaient s’y enfoncer. Les trois enfants comprirent alors que c’était le Cœur Immaculé de Marie, outragé par les péchés de l’humanité, qui demandait réparation…

En même temps, le mystérieux faisceau lumineux qui sortait des mains de Marie plongea pour la seconde fois les trois enfants dans le reflet de cette lumière divine immense. Dans cette lumière, ils furent submergés en Dieu. Jacinthe et François paraissaient être dans la partie de cette lumière qui s’élevait vers le Ciel, et Lucie dans celle qui se répandait sur la terre. »

Puis, comme la première fois, la Dame partit et s’éleva dans la direction de l’est. L’entretien avait duré une dizaine de minutes. Les gens qui étaient présents sentaient qu’ils venaient de vivre un événement extraordinaire confirmés par des signes étonnants : cette journée était radieuse et chaude comme souvent en juin au Portugal. « Or tout le temps de l’Apparition, la lumière du soleil s’affaiblit d’une façon exceptionnelle[5]… » Les branches du sommet de l’arbre où s’était « posée » la Vierge restèrent courbées comme si un poids invisible les avaient pliées. C’était comme une preuve tangible de son passage.

Mme Maria da Capelinha, un témoin fervent et crédible de la première heure atteste : « Quand Notre Dame s’éloigna de l’arbuste, il y eut comme le souffle d’une fusée d’artifice, quand on l’entend monter au loin. Lucie se leva très vite, et, le bras tendu, disait : Voyez, elle s’en va, elle s’en va !… Quant à nous, nous ne voyions rien… seulement un petit nuage qui s’élevait doucement vers le Levant, jusqu’au moment où il se dissipa complètement… Les petits restaient silencieux, les yeux fixés sur le même point du ciel, jusqu’à ce que Lucie dise : C’est fini !… Elle est rentrée au Ciel ; les portes se sont refermées… tout le monde repartit vers Fatima, récitant le chapelet avec les enfants[6]. »

 

[1] J.C. Castelbranco, Le prodige inouï de Fatima, op. cit., p.14.

[2] Carmel de Coimbra, Un chemin sous le regard de Marie, op. cit., p.64.

[3] Père De Marchi, Témoignages sur les Apparitions de Fatima, op. cit., p.63.

[4] Carmel de Coimbra, Un chemin sous le regard de Marie, op. cit., p.65.

[5] J.C. Castelbranco, Le prodige inouï de Fatima, op. cit., p.17.

[6] Père De Marchi, Témoignages sur les Apparitions de Fatima, op. cit., p.75-76.




Apparition du 13 mai 1917 : une Dame plus brillante que le soleil

Extrait du livre Mon Coeur Immaculé triomphera, Fatima, révélation des derniers temps, Marie-Michel, Editions du Jubilé 2017

Après la Messe du Dimanche avec les familles, les trois petits bergers prirent leur sac avec le repas et conduisirent les brebis sur les verts pâturages de printemps. Lucie choisit un terrain de ses parents à la Cova da Iria. Ensuite, les enfants commencèrent à construire un petit muret de pierres autour d’un groupe d’arbuste. François est l’architecte et le maçon pendant que les deux filles apportent des pierres. Chose étonnante et prophétique, c’est le lieu exact où, plus tard, s’élèvera la basilique dédiée à Notre Dame du Rosaire !

Soudain, au milieu du ciel d’azur, une vive lumière traverse le ciel que les enfants interpréteront comme « un éclair » ! Il est 12h. Lucie prend alors une décision : « Il vaut mieux retourner à la maison, car voici des éclairs et il pourrait venir l’orage ! – Bien sûr ! disent les deux autres ». Et les voilà qui descendent rapidement avec leurs brebis. Arrivés à la moitié de la pente, un autre éclair encore plus éblouissant les surprend : ils voient alors « sur un petit chêne vert, une Dame, toute vêtue de blanc, plus brillante que le soleil, irradiant une lumière plus claire et plus intense qu’un verre de cristal rempli d’eau cristalline, traversée par les rayons du soleil le plus ardent. Nous nous arrêtâmes, surpris par cette Apparition. Nous étions si près que nous nous trouvions dans la lumière qui l’entourait, ou plutôt qui émanait d’Elle, peut-être à un mètre et demi de distance[1]… »

Alors, « avec un geste de maternelle bonté, l’Apparition les rassure : « N’ayez pas peur ; je ne vous ferai aucun mal ». Et ils restèrent là, extasiés, à la contempler !  Car la Dame est de toute beauté. Elle semble avoir de quinze à dix huit ans. La robe d’une blancheur de neige, serrée au cou par un cordon d’or, lui descend jusqu’aux pieds, qui se voient à peine, effleurant les branches du chêne-vert. Un voile blanc avec un fin liseré d’or lui couvre la tête et les épaules et lui tombe jusqu’aux pieds comme la robe. Les mains sont jointes à la hauteur de la poitrine, dans l’attitude de la prière. Un chapelet de perles brillantes, avec une croix d’argent, pend à la main droite. Le visage d’une beauté inexprimable brille dans une auréole de soleil, mais semble voilé d’une légère tristesse[2] ».

Les trois enfants sont plongés dans un silence émerveillé. Après quelques minutes commence alors un dialogue à la fois si simple et d’une telle portée dans l’histoire du salut. Lucie ose demander : « D’où êtes-vous, Madame ? »

– Je suis du Ciel, répond la Dame.

– Du Ciel ! Et que voulez-vous de moi ?

– Je viens vous demander de venir ici six mois de suite, le 13 de chaque mois, à la même heure. Au mois d’octobre, je vous dirai qui je suis et ce que je veux. Plus tard, je reviendrai encore ici une septième fois.

– Pouvez-vous me dire si la guerre va bientôt finir ?

– Je ne peux pas te le dire, répond la Dame, tant que je ne t’ai pas dit ce que je désire.

Mise en confiance par la Vierge, Lucie pose des questions étonnantes :

– Vous venez du Ciel !  Et moi, est-ce que j’irai au Ciel ?

– Oui, tu iras au Ciel[3].

– Et Jacinthe ?

– Jacinthe aussi.

– Et François ?

La Vierge se tourna vers le petit garçon et le regarda avec une expression mêlée de bonté et de maternel reproche :

– Oui, il ira ; mais il devra dire beaucoup de chapelets [4] !

De fait, dès le début de l’Apparition, François ne voyait, ni n’entendait rien et il commence en s’en plaindre… Lucie, étonnée, dit alors à la Dame :

– Comment se fait-il que François ne vous voit pas ?

– Dis-lui de réciter le chapelet, répond la Dame, et il me verra aussi.

Lucie fait la commission et François commence à réciter son chapelet. Après quelques Ave Maria, il voit tout à coup la Dame dont l’éclat l’éblouit… mais il ne l’entend pas parler. Entre temps, Lucie continue à la questionner au sujet de deux jeunes filles mortes depuis peu et qui étaient ses amies. La première avait 16 ans et l’autre entre 18 et 20 ans :

– Est-ce que Maria das Neves est déjà au Ciel ?

– Oui, elle y est.

– Et Amélia ?

– Elle sera au purgatoire jusqu’à la fin du monde.

A cette parole, des larmes inondent les yeux de Lucie et c’est alors que la Vierge affligée vient comme frapper à la porte de leurs cœurs :

– Voulez-vous vous offrir à Dieu pour supporter toutes les souffrances qu’il voudra vous envoyer, en acte de réparation pour les péchés par lesquels Il est offensé, et de supplication pour la conversion des pécheurs ?

Au nom de tous, Lucie répond avec force :

– Oui, nous le voulons.

– Vous aurez beaucoup à souffrir, mais la grâce de Dieu sera votre réconfort !

En prononçant ces dernières paroles, La Vierge ouvrit les mains pour la première fois, et projeta sur eux un faisceau de lumière mystérieuse, à la fois si intense et si profonde que, pénétrant dans leur poitrine jusqu’au plus intime de l’âme, elle les fit se voir eux-mêmes en Dieu qui était cette lumière, plus clairement que dans le miroir le plus clair… Alors, continue Lucie, saisis par un élan irrésistible, nous sommes tombés à genoux, répétant du fond du cœur : « O Très Sainte Trinité, je vous adore. Mon Dieu, mon Dieu, je vous aime dans le Très Saint Sacrement !… »

Les enfants demeurèrent ainsi, quelques instants, dans cet océan de lumière où la Dame les avait plongés… et puis, Elle ajouta :

– « Récitez le chapelet tous les jours, afin d’obtenir la paix pour le monde et la fin de la guerre. »

Ensuite, Elle commença à s’élever doucement dans la direction du Levant, jusqu’à disparaître dans l’immensité du ciel. La lumière qui l’environnait, semblait lui ouvrir un chemin à travers les astres, ce qui nous fit dire quelquefois, que nous avions vu s’ouvrir le ciel[5] ».

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[1] Carmel de Coimbra, Un chemin sous le regard de Marie, op. cit., p.58.

[2] J.C. Castelbranco, Le prodige inouï de Fatima, op. cit., p.10.

[3] Remarquons que si à Lourdes, Marie disait « vous » à Bernadette ; à Fatima, elle dit « tu » à Lucie.

[4] « D’après ce que nous a dit Mr. Marto… il semble que c’est François qui avait imaginé la manière expéditive de se débarrasser du chapelet »,  Père De Marchi, Témoignages sur les Apparitions de Fatima, op. cit.,p.56.

[5] Carmel de Coimbra, Un chemin sous le regard de Marie, op. cit., p.59.




Les visites de l’Ange : des desseins de Miséricorde

Extrait du livre Mon Coeur Immaculé triomphera, Fatima, révélation des derniers temps, Marie-Michel, Editions du Jubilé 2017.

Les Anges dans la Bible préparent les chemins du Seigneur. Le plus bel épisode est celui de l’Annonciation où l’Ange Gabriel vient préparer Marie (Lc 1,26-38) à la venue du Verbe fait chair. A Fatima, il se présente avec un double titre lié à l’histoire du pays et à la première guerre mondiale d’alors : « L’Ange de la paix » et « l’Ange gardien du Portugal ».

Les deux premières Apparitions : « priez, priez beaucoup ! »

       C’est au printemps 1916 que l’Ange se manifesta aux enfants pour la première fois : ils sont sur la hauteur d’une colline rocheuse appelée « Le Cabeço » qui domine Fatima et ils font paître les brebis. Vers le milieu de la journée, ils prennent leur repas frugal et récitent un chapelet raccourci à l’extrême en disant seulement : « Ave Maria » et « Padre Nosso » pour passer vite à leurs jeux d’enfants !… Tout à coup, à 12h, heure de l’Angélus, un fort vent secoua les arbres et ils virent, au-dessus des oliviers, une forme lumineuse approcher vers eux : « Elle avait l’apparence d’un jeune homme de 14 ou 15 ans, plus blanc que la neige, que le soleil rendait transparent comme s’il était en cristal, et d’une grande beauté. En arrivant près de nous, il nous dit : « N’ayez pas peur !  Je suis l’Ange de la paix. Priez avec moi ! »  Alors, en les faisant se prosterner, il commença à leur apprendre cette prière qui a fait le tour du monde et demeure, un siècle plus tard, d’une telle actualité face à la décadence de notre société :

« Mon Dieu je crois, j’adore, j’espère et je vous aime. Je vous demande pardon pour tous ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas et ne vous aiment pas ».

Après leur avoir fait répéter trois fois cette prière si puissante, « il se releva et nous dit : « Priez ainsi. Les Cœurs de Jésus et de Marie sont attentifs à la voix de vos supplications ».

Cette première venue de l’Ange va marquer les trois enfants : « Ses paroles se gravèrent de telle manière dans notre esprit que jamais nous ne les avons oubliées. Et depuis lors, nous restions longtemps prosternés, répétant ces prières parfois jusqu’à tomber de fatigue. Je recommandai aussitôt à mes cousins de bien garder le secret[1]… »

Ces paroles de l’Ange nous enseignent aussi pour aujourd’hui car le premier appel de Fatima est cette invitation à la prière fervente dont le fruit est paix, et donc puissance de l’amour de Dieu qui peut arrêter et éviter les guerres ! En effet, le 9 mars 1916 l’Allemagne déclara la guerre au Portugal. De fait, ce pays restera protégé par son Ange gardien dont la Fête sera restaurée le 28 juin 1952 à la demande des Evêques portugais au Pape Pie XII qui répondit très favorablement.

La seconde Apparition eut lieu un jour de l’été 1916 à l’ «Arneiro », le puits des parents de Lucie, qui était au fond de leur jardin. Les trois enfants jouaient de plus belle quand l’Ange

leur apparut pour les reprendre : « Que faites-vous ? Priez, priez beaucoup !  Les Saints Cœurs de Jésus et de Marie ont sur vous des desseins de miséricorde. Offrez constamment au Très-Haut des prières et des sacrifices. »

Une fois de plus, ces paroles de l’Ange doivent nous interpeller au plus profond de nos cœurs. En effet, ces « desseins de miséricorde » prennent un relief tout particulier après ce Jubilé de la miséricorde 2016 !  Jésus et sa Mère veulent nous entraîner dans leurs Cœurs sur les voies d’une tendresse « engagée » qui vient délivrer le monde de l’égoïsme et de la guerre !  Et le premier choix à faire pour sauver notre civilisation du chaos où l’entraîne l’Ennemi, c’est la puissance du salut indiquée par l’Ange : offrir quotidiennement au Père, par Jésus et Marie, des prières et des sacrifices. Mais les objections de la normalité paralysent souvent nos cœurs et nous pouvons dire comme les enfants :

– « Comment ferons-nous des sacrifices ? » La réponse simple et concrète de l’Ange doit nous inspirer et nous engager :

–  « De tout ce vous pourrez, offrez à Dieu un sacrifice, en acte de réparation pour les péchés par lesquels il est offensé, et de supplication pour la conversion des pécheurs. Attirez ainsi la paix sur votre Patrie. Je suis son Ange Gardien, l’Ange du Portugal. Surtout, acceptez et supportez avec soumission les souffrances que le Seigneur vous enverra[2] ».

L’Ange renvoie d’abord à la vie quotidienne sans faire du sacrifice une démarche exceptionnelle mais une offrande : « Offrez à Dieu un sacrifice ! »  Comment ne pas penser ici à Petite Thérèse : « Je n’ai d’autre moyen de te prouver mon amour que de jeter des fleurs, c’est-à-dire de ne laisser échapper aucun petit sacrifice, aucun regard, aucune parole, de profiter de toutes les petites choses et de les faire par amour[3] ». N’est-ce pas là la marque mystérieuse de la sainteté des enfants de Dieu : « Ce sont des enfants comme les autres… et pourtant, auprès d’eux, on sent un je ne sais quoi différent des autres[4] ».

Troisième Apparition : « Consolez votre Dieu ! »

       Pour mieux saisir l’importance de cette dernière Apparition, il faut d’abord ici écouter Lucie sur la seconde venue de l’Ange : « Ces paroles, nous dit-elle, étaient comme une lumière qui nous faisait comprendre ce qu’est Dieu, combien il nous aime et veut être aimé de nous… combien le sacrifice est agréable à Dieu, et comment Dieu, en considération du sacrifice, convertit les pécheurs[5]… »

La troisième Apparition de l’Ange survint à l’automne 1916 au « Cabeço », le même lieu élevé que la première. Et cette fois, l’Ange trouve les trois enfants prosternés et en train de redire avec ferveur la prière apprise de lui : « Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère…etc. » Et c’est alors, dit Lucie, que « nous vîmes briller au-dessus de nous une lumière inconnue. » Ils se redressèrent et découvrirent l’Ange qui tenait « dans sa main gauche un calice, sur lequel était suspendue une Hostie de laquelle tombaient quelques gouttes de sang dans le calice. »

Alors, l’Ange laissa suspendu en l’air le calice et l’Hostie. Il s’agenouilla près des enfants en leur faisant répéter trois fois : « Très Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, je vous adore profondément, et je vous offre le Très Précieux Corps, Sang, Ame et Divinité de Jésus-Christ présent dans tous les Tabernacles du monde, en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences par lesquels il est Lui-même offensé. Et par les mérites infinis de son Très Saint Cœur et du Cœur Immaculé de Marie, je vous demande la conversion des pauvres pécheurs ». Cette prière nous transporte véritablement au pied de la Croix où l’Agneau immolé sauve le monde et elle actualise dans le temps le mystère du salut … Ensuite, l’Ange se leva et donna l’Hostie à Lucie et partagea le Sang du calice entre Jacinthe et François. Il disait en même temps : « Prenez et buvez le Corps et le Sang de Jésus-Christ horriblement outragé par les hommes ingrats. Réparez leurs crimes et consolez votre Dieu ».

Cette troisième Apparition est la plus intense et plonge les enfants dans un état « spécial » qui durera trois jours. Elle leur fait toucher la splendeur de la Majesté de Dieu et fait naître aussi en eux un désir fort de réparation et de sacrifice pour sauver les pécheurs.

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NOTES

[1] Mémoires de Sœur Lucie, op. cit., p.64. A noter que François, comme plus tard aux Apparitions de la Vierge, voit mais n’entend pas les paroles de l’Ange. Il ne peut que répéter les prières en écoutant Lucie et Jacinthe.

[2] Mémoires de Sœur Lucie, op. cit., p.64.

[3] Sainte Thérèse de Lisieux, Œuvres complètes – Manuscrit B, Cerf-DDB, 1992, p.228.

[4] Joaquim Maria Alonso, Fatima – Message et consécration, op. cit., p.7.

[5] Père De Marchi, Témoignages sur les Apparitions de Fatima, op. cit., p.79.