« Sœur Lucie dos Santos, l’une des trois bergères de Fatima qui est aussi la gardienne du « troisième secret » de Fatima au Portugal a été déclarée vénérable par la promulgation du décret pontifical du jeudi 22 juin 2023 reconnaissant les vertus héroïques de la religieuse portugaise.
Née à Aljustrel le 28 mars 1907, sœur Lucie a connu une série d’apparitions de la Vierge Marie en 1917 à la Cova de Iria, à Fatima, au Portugal, en compagnie de ses deux petits cousins Francisco et Jacinta Marto. Après leur mort prématurée quelques années plus tard des suites de la grippe espagnole, Francisco et Jacinta ont été canonisés par le Pape François en 2017.
Sœur Lucie est restée l’unique dépositaire du message que lui avait confié la Vierge et qu’elle a transcrit, à l’instigation de l’évêque de Leiria, Mgr José Alves Correia da Silvia, dans quatre documents entre 1935 et 1941. Un autre écrit, daté de 1944, contenait la troisième partie, dite « troisième secret», et fut envoyé à Rome, ouvert pour la première fois en 1960, non divulgué par saint Jean XXIII et saint Paul VI. C’est Jean-Paul II, particulièrement dévoué à Notre-Dame de Fatima, qui a fait connaître le secret lors du Grand Jubilé de l’an 2000.
Sœur Lucie a vécu avec engagement la préservation du message marial tout au long de sa longue vie, d’abord dans le collège des sœurs Dorothée à Vilar, puis comme carmélite à Coimbra, où elle est décédée le 13 février 2005.
La distinction entre sa vie et les apparitions, dit le décret, «est également difficile parce qu’une grande partie de sa souffrance est due à ces dernières». On peut voir en elle toute la difficulté de maintenir ensemble l’exceptionnalité des événements dont elle était spectatrice et l’ordinaire d’une vie monastique comme celle du Carmel. »
Source : Une minute avec Marie, site Marie de Nazareth, 27 août 2023. Adapté de : www.vticnnews.va
Image : CCO/wikimedia Lucie Dos Santos en 1917
Fatima : apparition du 19 août 1917
Extrait du livre Mon Coeur Immaculé triomphera, Fatima, révélation des derniers temps, Marie-Michel, Editions du Jubilé 2017
13 août : l’Apparition manquée et l’emprisonnement…
La Mère du Ciel savait bien l’emprisonnement des enfants, mais Elle est tout de même venue à ce rendez-vous du 13 août 1917, comme pour signifier la fidélité de sa tendresse pour les enfants et pour tous. Car ce jour là, Artur dos Santos, l’Administrateur de Vila Nova de Ourém, manipulé par « les autorités supérieures de la Franc-Maçonnerie[1] » inventa une ruse habile pour détourner les enfants du lieu de l’Apparition. Après une confrontation chez le Curé autour du Secret qui ne donna rien, car les trois enfants résistaient avec unité, l’Administrateur repartit avec eux dans la voiture à chevaux. Il mentit sur la direction malgré les protestations de Lucie.… et les enfants se retrouvèrent d’abord prisonniers dans son logis d’Ourem où sa femme fut pleine de délicatesse pour les accueillir et les nourrir. Mais ce n’était que le début de l’épreuve car après d’autres tentatives infructueuses pour savoir le Secret, l’Administrateur cria furieux : « Ils resteront prisonniers jusqu’à ce qu’ils disent le Secret. Et s’ils traînent trop, ils seront frits dans l’huile[2] ! » Cela peut nous paraître assez grotesque car nous savons l’issue. Mais pour des enfants de cet âge coupés de leur famille et séquestrés, l’épreuve est absolument horrible. Leur force vient vraiment d’ailleurs…
Pendant ce temps, le Curé de Fatima dut faire face à la colère de la foule qui le jugeait complice du rapt des enfants ! Il fera une lettre d’auto-défense claire dans le Mensageiro de Leira et deux autres journaux pour condamner « l’acte odieux et sacrilège » de l’enlèvement des trois enfants par l’Administrateur. Et il conclut par cette humble finale : « La Vierge n’a pas besoin de la présence du Curé pour montrer sa bonté… car la foi est un don de Dieu, et non des prêtres. Voilà le vrai motif de mon absence et de mon apparente indifférence à l’égard d’un événement si sublime et si merveilleux[3]… » Bien sûr, au début, l’Eglise locale paraît absente et dépassée, mais vu l’impact mondial des Apparitions, elle exercera peu à peu son discernement du Portugal à Rome, nous le verrons plus loin.
En même temps, ce lundi 13 août, il y avait à la Cova un peu avant midi quelque dix huit mille personnes qui se lamentaient de l’absence des trois enfants. C’était une foule très mélangée avec des incroyants, des curieux, mais la majorité étaient des fidèles qui se tenaient près du chêne-vert avec respect : ils récitaient le chapelet et chantaient des cantiques. Une pieuse famille avait élevé le fameux « arc rustique », avec deux lanternes allumées, près de l’arbre des Apparitions. Apprenant l’enlèvement des petits voyants, tout le monde fut indigné et une partie de la foule voulait aller à Ourem demander leur libération au sous-Préfet. Mais juste avant l’heure de midi, tout le monde fut calmé par les signes qui précédaient la venue de la Vierge : une forte détonation semblait partir de l’arbre des Apparitions… « On vit ensuite l’éclair qui annonçait habituellement aux trois enfants l’arrivée de la Dame. Le soleil commença à perdre son éclat et l’atmosphère prit une vraie magnificence de couleurs… » A chaque Apparition, il y eut ces modifications étonnantes de luminosité. C’est comme si un peu de la splendeur du Ciel descendait sur terre et réduisait la beauté de la création. Et, tout à coup, « une belle nuée blanche se forma autour de l’arbre des Apparitions, y resta une dizaine de minutes, et finalement s’éleva et disparut dans le ciel[4]. » La foule était à la fois ravie et bouleversée car les signes de la venue de la Dame étaient clairs : la Mère fidèle était venue au rendez-vous fixé par Elle. Cela confirmait plus que jamais l’authenticité des Apparitions de Fatima.
Le 14 août fut une journée d’une rare intensité douloureuse pour les enfants car ils furent éprouvés comme jamais : interrogatoires, menaces de mort, promesses de « riches dons » s’ils parlaient… et finalement mise en prison avec un groupe de détenus assez inquiétants. Lucie sera forte et dévouée pour réconforter ses petits cousins. Car Jacinthe pleure en disant : « Nous allons mourir sans revoir nos parents. Ils ne se soucient plus de nous !… Je voudrais revoir au moins ma mère ! » Mais François, déjà mûri par la souffrance, la consola et lui dit : « Ne pleure pas ! Nous allons offrir ce sacrifice pour la conversion des pécheurs. » Et tous les trois, joignant les mains, disent une fois de plus : « O mon Jésus, c’est pour votre amour et pour la conversion des pécheurs ! » Alors Jacinthe, reprenant courage, ne veut oublier aucune des intentions recommandés par la Sainte Vierge et ajoute : « C’est aussi pour le Saint-Père, et en réparation des offenses commises contre le Cœur Immaculé de Marie. » Ainsi, « comme dans les premiers temps du christianisme, les martyrs se donnaient du courage dans la lutte commune, de même ces trois enfants s’encourageaient à la fidélité jusqu’à la mort, si celle-ci était nécessaire[5]. »
Les autres prisonniers commencent à être « touchés » par l’innocence de ces petits enfants et ils ne supportent pas de les voir enfermés avec eux. Pour les distraire, ils se mettent alors à chanter sur les sons de l’harmonica de l’un d’eux ! Alors, il y a cette scène sublime et étonnante : la petite Jacinthe, essuyant ses larmes, se met à danser avec un des prisonniers qui la prend dans ses bras. Lucie et François sourient en la voyant tourner. N’est-ce pas là pour eux comme l’annonce prophétique de cette danse mystérieuse avec l’Epoux dans la gloire du Ciel ? Lui qui a dit sur terre : « Nous vous avons joué de la flûte et vous n’avez pas dansé ! » (Lc 7,32). Mais dès la danse terminée, Jacinthe détacha une médaille de la Vierge de son cou et demanda au prisonnier de la suspendre au mur. Elle se mit à genoux avec Lucie et François, ainsi que les prisonniers, et ils récitèrent le chapelet…
Quelques temps après, un garde ouvre brutalement la porte de la prison et emmène les trois enfants pour la terrible épreuve finale imaginée par l’Administrateur: « Le garde donna des ordres pour qu’on fasse bouillir un grand chaudron plein d’huile pour les frire dedans, et il se retira en les laissant seuls dans leur cellule. Dans ces moments qui leur parurent une éternité, ils ne parlèrent pas mais priaient dans leur cœur. Quelques minutes encore et la porte s’ouvrit de nouveau. Jacinthe fut la première à choisir entre dire le Secret ou être brûlée dans l’huile bouillante. Elle ne vacilla pas, et sans qu’il soit besoin de la forcer, elle alla volontairement au martyre. Il en fut de même avec François[6]. Lucie restait seule entre l’angoisse de ce qui se passait pour ses cousins et ce qui lui était réservé, mais sans vaciller un seul instant, elle répondit négativement au garde qui lui ordonnait de révéler le Secret et elle le suivit pour le supplice… Oh surprise ! Au lieu de ce chaudron, elle retrouva ses cousins dans une autre pièce et ils s’embrassèrent avec effusion[7] ! » Enveloppés dans le Cœur Immaculé de Marie, ces enfants avaient vaincu le dessein pervers des ténèbres : c’était la victoire de l’enfance dans la puissance du Cœur de Dieu !
L’Apparition du 19 août aux Valinhos : « Priez, priez beaucoup pour les pécheurs ! »
Le 13 août passé, les trois enfants ne comptaient plus revoir la Dame avant le mois suivant. Mais voici que le Dimanche 19 août, Lucie fait paître les brebis aux Valinhos (vallons) avec François et son frère Jean. Soudain, vers 16 heures, Lucie s’aperçoit que l’atmosphère commence à prendre la même teinte qu’avant les Apparitions à la Cova. Elle demande à Jean d’aller vite chercher Jacinthe. Arrivé à la maison, la maman menace de ne pas laisser partir la petite s’il ne lui dit pas le motif. Alors il dit la vérité : « Lucie dit que Notre Dame va apparaître, parce qu’elle a vu les signes dans le ciel ! » Sa mère consentit et dès que Jean l’annonce à Jacinthe, elle se mit à courir vers les Valinhos comme si elle avait des ailes. Une fois les trois petits réunis, l’éclair traversa le ciel et quelques instants après la Dame lumineuse se montrait au-dessus d’un chêne vert un peu plus élevé que celui de la Cova.
Les enfants s’étaient agenouillés et le dialogue commença :
– « Que voulez-vous de moi ? dit Lucie.
– Je veux que vous continuiez à aller à la Cova da Iria le 13, et à dire le chapelet chaque jour ! »
De nouveau, Lucie demande à Notre Dame de faire un miracle pour que tout le monde croie.
– « Oui, répond la Vierge, en octobre, je ferai un miracle pour que tous croient à mes Apparitions. Si on ne vous avez pas enlevés à la ville, le miracle aurait été plus grandiose ! Saint Joseph viendra avec l’Enfant-Jésus pour donner la paix au monde. Notre Seigneur viendra aussi bénir le peuple. Vous verrez aussi Notre Dame des douleurs et Notre Dame du Mont Carmel. »
– Que voulez-vous que l’on fasse de l’argent que les gens laissent à la Cova da Iria ?
– Que l’on fasse deux brancards de procession. Tu porteras l’un avec Jacinthe et deux autres petites filles vêtues de blanc ; l’autre, que François le porte avec trois autres petits garçons vêtus aussi de blanc. Ce sera pour solenniser la fête de Notre Dame du Rosaire. Ce qui restera de l’argent servira pour construire une chapelle.
– Je voudrais vous demander la guérison de quelques malades.
– Oui, dit Notre Dame, j’en guérirai quelques uns dans l’année.
Et, tout à coup, son visage se voila de tristesse en disant :
– Priez, priez beaucoup et faites des sacrifices pour les pécheurs, car beaucoup d’âmes vont en enfer parce qu’elles n’ont personne qui se sacrifie et prie pour elles. »
Alors la Vierge s’éloigne de ses petits confidents et s’élève comme précédemment en direction du Levant pour disparaître dans le ciel. Elle avait laissé à nouveau dans l’âme des enfants un grand désir du Ciel, et une ferveur renouvelée pour sauver les pécheurs par de nouveaux sacrifices. De fait, les enfants entraient dans une compréhension nouvelle du « mystère ineffable du mystère de la Croix. La vision de l’Enfer, du 13 juillet, la vue des damnés semblables à des braises transparentes plongés dans un océan de feu, leurs cris, leurs gémissements de douleur et de désespoir, qui faisaient frémir et trembler de peur, n’avait pu s’effacer de l’imagination des trois enfants. Maintenant, la Vierge ajoutait qu’il y avait beaucoup d’âmes qui tombaient dans ce lieu de tourments[8]… » car « personne » ne priait et ne faisait des sacrifices pour les sauver de l’enfer !
Cette parole terrible de Marie ouvrait une nouvelle ferveur sacrificielle chez les trois enfants. Ils passaient des heures prosternés dans la grotte du « Cabeço » en récitant la prière apprise de l’Ange : « Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je vous aime ; et je vous demande pardon pour tous ceux qui ne croient pas, n’adorent pas, n’espèrent pas et ne vous aiment pas ». Et ils récitaient aussi le chapelet en disant après chaque dizaine la prière apprise par Notre Dame : « O mon Jésus, pardonnez-nous nos péchés ! Préservez-nous du feu de l’Enfer et attirez au Ciel toutes les âmes, spécialement celles qui en ont le plus besoin ! »
Il faut enfin noter que « leur nature d’enfants qui aiment jouer ne disparut pas. Même s’ils se rappelaient mutuellement la nécessité de renoncer aux jeux joyeux et innocents de leur vie de pastoureaux, ils ne cessèrent pas d’avoir la volonté d’en faire. Ainsi, la découverte du sacrifice de la corde eut lieu en jouant. Leur cœur continuait d’être un cœur d’enfant, libre, duquel jaillissait spontanément la joie, parce qu’il était en paix. Mais il y avait une constante dans la vie des trois, qui étaient un seul cœur et une seule âme : ils avaient vu et compris la tristesse de Dieu et de Notre Dame à cause des péchés du monde et ainsi, tout leur paraissait peu de chose pour consoler Dieu et sa Mère, et aider à convertir les pécheurs pour les délivrer des horreurs de l’Enfer que la Dame leur avait montré. S’oubliant eux-mêmes, ils pensaient seulement à ceux qu’ils aimaient… Lucie, dès lors, conserva enraciné dans son cœur un grand amour maternel pour la paix dans le monde[9]… »
[1] Père De Marchi, Témoignages sur les Apparitions de Fatima, op. cit., p.105.
[2] Carmel de Coimbra, Un chemin sous le regard de Marie, op. cit., p.85.
[3] Père De Marchi, Témoignages sur les Apparitions de Fatima, op. cit., p.110.
[4] J.C. Castelbranco, Le prodige inouï de Fatima, op. cit., p.31.
[5] Carmel de Coimbra, Un chemin sous le regard de Marie, op. cit., p.87.
[6] Dans le film récent sur Fatima « le 13° jour », il y a cette scène bouleversante où juste après la fausse exécution de Jacinthe, mais si réelle et affreuse pour les enfants, l’Administrateur accuse François d’avoir laissé mourir sa sœur… alors, avec force, il le regarde droit dans les yeux en priant un Ave Maria !
[7] Carmel de Coimbra, Un chemin sous le regard de Marie, op. cit., p.87-88.
[8] Père De Marchi, Témoignages sur les Apparitions de Fatima, op. cit., p.127.
[9] Carmel de Coimbra, Un chemin sous le regard de Marie, op. cit., p.97.
Fatima : apparition du 13 juillet 1917 : « Sacrifiez-vous pour les pécheurs… »
Extrait du livre Mon Coeur Immaculé triomphera, Fatima, révélation des derniers temps, Marie-Michel, Editions du Jubilé 2017
Cette troisième Apparition marque un tournant dans l’admirable pédagogie de la Vierge sur le mystère de la foi. Dans les deux premières, Elle a fait faire aux trois enfants l’expérience du Ciel où ils furent plongés en Dieu à travers les rayons lumineux de ses mains de tendresse… Ici, le 13 juillet, un secret en trois parties fut révélé aux enfants et le Pape Saint Jean-Paul II le rendra public le 13 mai 2000 : d’abord, la Vierge va ouvrir à nouveau les mains dont le reflet entrouvrit la terre pour faire voir aux enfants l’horreur de l’enfer… Elle révèle ensuite une possible 2° guerre mondiale, encore plus affreuse que la première, annoncée juste avant par le signe « d’une lumière inconnue ». Elle révèlera ensuite que la consécration de la Russie à son Cœur Immaculé et le chapelet quotidien peuvent stopper ce terrible conflit. Et enfin, la troisième partie du secret décrit l’Ange de la justice qui avec son épée de feu menace d’incendier le monde… Cependant, Marie arrête les flammes par sa main de tendresse. Puis c’est la Passion de l’Eglise, le Saint Père en tête, pour donner la vie au monde. Nous reviendrons plus loin sur les trois parties de ce secret. [1]
A cette troisième Apparition, une foule d’au moins trois mille personnes est présente. Et pour la première fois, Mr. Marto, le père de Jacinthe et François est présent tout près d’eux car il est convaincu de la sincérité des enfants. Sa femme est là aussi, avec une amie, mais assez loin et cachée derrière un buisson ! Midi approche et les trois enfants, eux, disent le chapelet avec ferveur entourés par la foule qui prie avec eux. Soudain l’éclair habituel traverse le ciel et Lucie s’écrie : « Notre Dame arrive ! » Olympia Marto témoigne : « Je vis comme un petit nuage cendré, qui planait sur le chêne vert. Soudain, le soleil s’obscurcit, et un souffle frais, agréable, se fit sentir. Il ne paraissait plus que nous étions au fort de l’été. La foule était tellement silencieuse qu’on en était impressionné[2]… »
La Vierge était là, sur le chêne vert et les enfants étaient à nouveau saisis par sa beauté. Avec une tendresse infinie, elle regardait particulièrement Lucie comme pour lui dire, après ses doutes, qu’elle venait bien du Ciel ! Et puis commença le dialogue :
– « Que voulez-vous de moi ? dit Lucie.
– Je veux que vous veniez ici le 13 du mois prochain. Continuez à réciter le chapelet tous les jours en l’honneur de Notre Dame du Rosaire, pour obtenir la paix du monde et la fin de la guerre, car Elle seule peut vous secourir.
– Je voudrais vous demander de nous dire qui vous êtes, et de faire un miracle afin que tous croient que vous nous apparaissez.
– Continuez à venir ici tous les mois. En octobre, je dirai qui je suis, et ce que je veux ; et je ferai un miracle que tout le monde verra pour croire. »
Lucie était toute heureuse de ces promesses et se hâte de lui présenter les intentions confiées : « Notre Dame dit qu’il était nécessaire de dire le chapelet afin d’obtenir ces grâces dans l’année. Et Elle continua :
– Sacrifiez-vous pour les pécheurs, et dites souvent, spécialement lorsque vous ferez un sacrifice : « O Jésus, c’est par amour pour vous, pour la conversion des pécheurs, et en réparation des péchés commis contre le Cœur Immaculé de Marie… et la Vierge révèle ici le secret au trois parties… et puis, Elle recommanda la célèbre prière :
– Lorsque vous récitez le chapelet, dites après chaque dizaine : « O mon Jésus, pardonnez-nous, préservez-nous du feu de l’enfer ; et conduisez au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui en ont le plus besoin. » Après un silence, il y eut une sorte de coup de tonnerre comme pour marquer la fin de l’Apparition et Lucie se leva et s’écria en montrant le ciel : « Elle s’en va ! Elle s’en va ! … la Vierge commença à s’élever en direction du levant jusqu’au moment et elle disparut dans l’immensité du firmament[3] »
[1] Voir la 5° partie du livre : « La main de Marie nous protège… ». Nous en reparlerons dans un article ultérieur sur ce blog.
[2] Père De Marchi, Témoignages sur les Apparitions de Fatima, op. cit., p.85.
[3] Carmel de Coimbra, Un chemin sous le regard de Marie, op. cit., p.75.
Fatima, apparition du 13 juin 1917 : « Mon Coeur Immaculé sera ton refuge ! »
Extrait du livre Mon Coeur Immaculé triomphera, Fatima, révélation des derniers temps, Marie-Michel, Editions du Jubilé 2017
Dans sa joie d’avoir vu la beauté indicible de Marie et d’annoncer ses attentes urgentes pour le salut du monde, Jacinthe ne pourra se taire sur la visite de la Dame. Lucie désirait garder le secret, mais elle était déjà trop habitée par la peur des conséquences douloureuses dans sa propre famille. A ce moment, la plus jeune des trois a une avance prophétique sur les deux autres et dira à sa mère : « Oh, Maman ! cria-t-elle, toute émue, j’ai vu aujourd’hui Notre Dame à la Cova da Iria … » et la réponse ne se fait pas attendre : « ça, je ne le crois pas ! Serais-tu déjà une sainte pour voir la Sainte Vierge ? » Mais la petite Jacinthe ne se décourage pas. Elle continue à témoigner de la beauté de Marie et de ses attentes urgentes : « Maman, il faut dire le chapelet tous les jours ; la Sainte Vierge le veut ! » François confirmera les paroles de sa sœur et la famille sera assez vite ouverte au témoignage des deux enfants.
Manuel Marto, leur papa, était un homme réfléchi et, après avoir médité sur leur témoignage à partir de ses connaissances théologiques, il fut le premier à croire aux Apparitions. Plus tard, Olympia, leur maman, déclarera à la commission d’enquête : « C’est ainsi que ces enfants avaient appris de l’Apparition, non seulement à réciter eux-mêmes le chapelet, mais encore à le faire réciter à tout le monde[1] ! » Il y a d’ailleurs un dialogue assez drôle quand la petite Jacinthe essaie de convaincre sa mère « de venir voir la Sainte Vierge » au lieu d’aller à la fête :
– « Inutile d’y aller, répondit-elle, la Sainte Vierge ne t’apparaîtra pas !
– Si, si ! Elle a dit qu’elle apparaîtrait, et elle va certainement apparaître !
– Alors, tu ne veux pas aller à la fête de Saint Antoine ?
– Non ! Saint Antoine n’est pas beau !
– Comment il n’est pas beau ?
– C’est que cette Dame est beaucoup, beaucoup plus belle ! »
Cependant, les parents Marto restaient prudents et décidèrent de ne pas suivre leurs enfants ; et le 13 au matin, ils partirent à la foire. Dans la famille de Lucie, tout n’est pas aussi simple car, par un fort souci de vérité, sa mère cristallise autour d’elle un rejet violent de ces « enfantillages ». De plus, des familles et des jeunes d’Aljustrel accusent les enfants de fourberie et se moquent de Lucie. Pour la petite, commence une lourde épreuve car « en voyant que ses cousins étaient chouchoutés, elle sentait davantage la douleur ; il lui semblait que ses parents ne l’aimaient pas et pour une fillette de 10 ans cela est très dur, d’autant que jusque là elle était cajolée par tous, elle était la petite reine de la maison… mais il était nécessaire de boire le calice comme il lui était présenté… le oui du 13 mai 1917 fut la consécration solennelle de tout son être et de toute sa vie à Dieu par les mains de Marie[2] ».
D’ailleurs, cette première Apparition de Marie marque une transformation dans le comportement religieux des trois enfants. Quand ils se retrouvent tous les trois avec les brebis, Lucie invite Jacinthe à jouer, mais sa réponse au ton décidé marque un tournant : « Aujourd’hui je ne veux pas jouer… car je pense à cette Dame qui nous a dit de dire le chapelet et de faire des sacrifices pour la conversion des pécheurs [3]». Ils commencèrent alors à donner leur repas de midi aux brebis, et « plus tard aux petits pauvres qu’ils rencontraient… ils passaient des journées mourant de soif [4] ».
C’est dans ce contexte de ferveur chrétienne où les enfants commencent à être un seul cœur dans la prière que va s’opérer la deuxième Apparition du 13 juin. Comme il y avait ce jour-là la fête de Saint Antoine, rare distraction pour les enfants du coin, la mère et les sœurs de Lucie la testaient à l’avance : « Nous allons voir si tu vas laisser la fête pour aller à la Cova da Iria parler avec cette Dame ! » Mais le 13, avant 8 heures, son frère vint prévenir Lucie qu’un groupe de personnes de diverses localités autour de Fatima voulaient l’accompagner à la Cova. Elle les invita à aller à la Messe de 8 heures et vers 11 heures, elle alla à la rencontre de ses cousins en compagnie d’une cinquantaine de personnes.
Ils prirent le chemin vers le lieu des Apparitions et là, ils récitèrent le chapelet pour se préparer à la venue de Notre Dame… et à 12 h, comme en mai, un éclair traversa le ciel et la Dame « plus brillante que le soleil » arriva et se posa sur les branches du chêne-vert. Lucie lui posa la même question biblique qu’à la première Apparition :
« Madame, que voulez-vous de moi ?
– Je veux veniez ici le 13 du mois prochain, que vous disiez le chapelet tous les jours et que vous appreniez à lire. Ensuite, je vous direz ce que je veux.
Je demandai la guérison d’un malade.
– S’il se convertit, il sera guéri durant l’année.
– Je voudrais vous demander de nous emmener au Ciel.
– Oui, Jacinthe et François, je les emmènerai bientôt, mais toi, tu resteras ici pendant un certain temps. Jésus veut se servir de toi afin de me faire connaître et aimer. Il veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. A celui qui l’accepte, je promets le salut, et ces âmes seront aimées de Dieu, comme des fleurs placées par moi pour orner son Trône.
– Je vais rester ici toute seule ? demanda Lucie.
– Non, ma fille. Cela te fait beaucoup souffrir ? Ne te décourage pas, je ne t’abandonnerai jamais ! Mon Cœur Immaculé sera ton refuge et le chemin qui te conduira jusqu’à Dieu.
Au moment où la Vierge prononça ces dernières paroles, Elle ouvrit de nouveau les mains et montra, devant la paume de la main droite, son Cœur entouré d’épines qui paraissaient s’y enfoncer. Les trois enfants comprirent alors que c’était le Cœur Immaculé de Marie, outragé par les péchés de l’humanité, qui demandait réparation…
En même temps, le mystérieux faisceau lumineux qui sortait des mains de Marie plongea pour la seconde fois les trois enfants dans le reflet de cette lumière divine immense. Dans cette lumière, ils furent submergés en Dieu. Jacinthe et François paraissaient être dans la partie de cette lumière qui s’élevait vers le Ciel, et Lucie dans celle qui se répandait sur la terre. »
Puis, comme la première fois, la Dame partit et s’éleva dans la direction de l’est. L’entretien avait duré une dizaine de minutes. Les gens qui étaient présents sentaient qu’ils venaient de vivre un événement extraordinaire confirmés par des signes étonnants : cette journée était radieuse et chaude comme souvent en juin au Portugal. « Or tout le temps de l’Apparition, la lumière du soleil s’affaiblit d’une façon exceptionnelle[5]… » Les branches du sommet de l’arbre où s’était « posée » la Vierge restèrent courbées comme si un poids invisible les avaient pliées. C’était comme une preuve tangible de son passage.
Mme Maria da Capelinha, un témoin fervent et crédible de la première heure atteste : « Quand Notre Dame s’éloigna de l’arbuste, il y eut comme le souffle d’une fusée d’artifice, quand on l’entend monter au loin. Lucie se leva très vite, et, le bras tendu, disait : Voyez, elle s’en va, elle s’en va !… Quant à nous, nous ne voyions rien… seulement un petit nuage qui s’élevait doucement vers le Levant, jusqu’au moment où il se dissipa complètement… Les petits restaient silencieux, les yeux fixés sur le même point du ciel, jusqu’à ce que Lucie dise : C’est fini !… Elle est rentrée au Ciel ; les portes se sont refermées… tout le monde repartit vers Fatima, récitant le chapelet avec les enfants[6]. »
[1] J.C. Castelbranco, Le prodige inouï de Fatima, op. cit., p.14.
[2] Carmel de Coimbra, Un chemin sous le regard de Marie, op. cit., p.64.
[3] Père De Marchi, Témoignages sur les Apparitions de Fatima, op. cit., p.63.
[4] Carmel de Coimbra, Un chemin sous le regard de Marie, op. cit., p.65.
[5] J.C. Castelbranco, Le prodige inouï de Fatima, op. cit., p.17.
[6] Père De Marchi, Témoignages sur les Apparitions de Fatima, op. cit., p.75-76.
Apparition du 13 mai 1917 : une Dame plus brillante que le soleil
Extrait du livre Mon Coeur Immaculé triomphera, Fatima, révélation des derniers temps, Marie-Michel, Editions du Jubilé 2017
Après la Messe du Dimanche avec les familles, les trois petits bergers prirent leur sac avec le repas et conduisirent les brebis sur les verts pâturages de printemps. Lucie choisit un terrain de ses parents à la Cova da Iria. Ensuite, les enfants commencèrent à construire un petit muret de pierres autour d’un groupe d’arbuste. François est l’architecte et le maçon pendant que les deux filles apportent des pierres. Chose étonnante et prophétique, c’est le lieu exact où, plus tard, s’élèvera la basilique dédiée à Notre Dame du Rosaire !
Soudain, au milieu du ciel d’azur, une vive lumière traverse le ciel que les enfants interpréteront comme « un éclair » ! Il est 12h. Lucie prend alors une décision : « Il vaut mieux retourner à la maison, car voici des éclairs et il pourrait venir l’orage ! – Bien sûr ! disent les deux autres ». Et les voilà qui descendent rapidement avec leurs brebis. Arrivés à la moitié de la pente, un autre éclair encore plus éblouissant les surprend : ils voient alors « sur un petit chêne vert, une Dame, toute vêtue de blanc, plus brillante que le soleil, irradiant une lumière plus claire et plus intense qu’un verre de cristal rempli d’eau cristalline, traversée par les rayons du soleil le plus ardent. Nous nous arrêtâmes, surpris par cette Apparition. Nous étions si près que nous nous trouvions dans la lumière qui l’entourait, ou plutôt qui émanait d’Elle, peut-être à un mètre et demi de distance[1]… »
Alors, « avec un geste de maternelle bonté, l’Apparition les rassure : « N’ayez pas peur ; je ne vous ferai aucun mal ». Et ils restèrent là, extasiés, à la contempler ! Car la Dame est de toute beauté. Elle semble avoir de quinze à dix huit ans. La robe d’une blancheur de neige, serrée au cou par un cordon d’or, lui descend jusqu’aux pieds, qui se voient à peine, effleurant les branches du chêne-vert. Un voile blanc avec un fin liseré d’or lui couvre la tête et les épaules et lui tombe jusqu’aux pieds comme la robe. Les mains sont jointes à la hauteur de la poitrine, dans l’attitude de la prière. Un chapelet de perles brillantes, avec une croix d’argent, pend à la main droite. Le visage d’une beauté inexprimable brille dans une auréole de soleil, mais semble voilé d’une légère tristesse[2] ».
Les trois enfants sont plongés dans un silence émerveillé. Après quelques minutes commence alors un dialogue à la fois si simple et d’une telle portée dans l’histoire du salut. Lucie ose demander : « D’où êtes-vous, Madame ? »
– Je suis du Ciel, répond la Dame.
– Du Ciel ! Et que voulez-vous de moi ?
– Je viens vous demander de venir ici six mois de suite, le 13 de chaque mois, à la même heure. Au mois d’octobre, je vous dirai qui je suis et ce que je veux. Plus tard, je reviendrai encore ici une septième fois.
– Pouvez-vous me dire si la guerre va bientôt finir ?
– Je ne peux pas te le dire, répond la Dame, tant que je ne t’ai pas dit ce que je désire.
Mise en confiance par la Vierge, Lucie pose des questions étonnantes :
– Vous venez du Ciel ! Et moi, est-ce que j’irai au Ciel ?
La Vierge se tourna vers le petit garçon et le regarda avec une expression mêlée de bonté et de maternel reproche :
– Oui, il ira ; mais il devra dire beaucoup de chapelets [4] !
De fait, dès le début de l’Apparition, François ne voyait, ni n’entendait rien et il commence en s’en plaindre… Lucie, étonnée, dit alors à la Dame :
– Comment se fait-il que François ne vous voit pas ?
– Dis-lui de réciter le chapelet, répond la Dame, et il me verra aussi.
Lucie fait la commission et François commence à réciter son chapelet. Après quelques Ave Maria, il voit tout à coup la Dame dont l’éclat l’éblouit… mais il ne l’entend pas parler. Entre temps, Lucie continue à la questionner au sujet de deux jeunes filles mortes depuis peu et qui étaient ses amies. La première avait 16 ans et l’autre entre 18 et 20 ans :
– Est-ce que Maria das Neves est déjà au Ciel ?
– Oui, elle y est.
– Et Amélia ?
– Elle sera au purgatoire jusqu’à la fin du monde.
A cette parole, des larmes inondent les yeux de Lucie et c’est alors que la Vierge affligée vient comme frapper à la porte de leurs cœurs :
– Voulez-vous vous offrir à Dieu pour supporter toutes les souffrances qu’il voudra vous envoyer, en acte de réparation pour les péchés par lesquels Il est offensé, et de supplication pour la conversion des pécheurs ?
Au nom de tous, Lucie répond avec force :
– Oui, nous le voulons.
– Vous aurez beaucoup à souffrir, mais la grâce de Dieu sera votre réconfort !
En prononçant ces dernières paroles, La Vierge ouvrit les mains pour la première fois, et projeta sur eux un faisceau de lumière mystérieuse, à la fois si intense et si profonde que, pénétrant dans leur poitrine jusqu’au plus intime de l’âme, elle les fit se voir eux-mêmes en Dieu qui était cette lumière, plus clairement que dans le miroir le plus clair… Alors, continue Lucie, saisis par un élan irrésistible, nous sommes tombés à genoux, répétant du fond du cœur : « O Très Sainte Trinité, je vous adore. Mon Dieu, mon Dieu, je vous aime dans le Très Saint Sacrement !… »
Les enfants demeurèrent ainsi, quelques instants, dans cet océan de lumière où la Dame les avait plongés… et puis, Elle ajouta :
– « Récitez le chapelet tous les jours, afin d’obtenir la paix pour le monde et la fin de la guerre. »
Ensuite, Elle commença à s’élever doucement dans la direction du Levant, jusqu’à disparaître dans l’immensité du ciel. La lumière qui l’environnait, semblait lui ouvrir un chemin à travers les astres, ce qui nous fit dire quelquefois, que nous avions vu s’ouvrir le ciel[5] ».
[1] Carmel de Coimbra, Un chemin sous le regard de Marie, op. cit., p.58.
[2] J.C. Castelbranco, Le prodige inouï de Fatima, op. cit., p.10.
[3] Remarquons que si à Lourdes, Marie disait « vous » à Bernadette ; à Fatima, elle dit « tu » à Lucie.
[4] « D’après ce que nous a dit Mr. Marto… il semble que c’est François qui avait imaginé la manière expéditive de se débarrasser du chapelet », Père De Marchi, Témoignages sur les Apparitions de Fatima, op. cit.,p.56.
[5] Carmel de Coimbra, Un chemin sous le regard de Marie, op. cit., p.59.
Les visites de l’Ange : des desseins de Miséricorde
Extrait du livre Mon Coeur Immaculé triomphera, Fatima, révélation des derniers temps, Marie-Michel, Editions du Jubilé 2017.
Les Anges dans la Bible préparent les chemins du Seigneur. Le plus bel épisode est celui de l’Annonciation où l’Ange Gabriel vient préparer Marie (Lc 1,26-38) à la venue du Verbe fait chair. A Fatima, il se présente avec un double titre lié à l’histoire du pays et à la première guerre mondiale d’alors : « L’Ange de la paix » et « l’Ange gardien du Portugal ».
Les deux premières Apparitions : « priez, priez beaucoup ! »
C’est au printemps 1916 que l’Ange se manifesta aux enfants pour la première fois : ils sont sur la hauteur d’une colline rocheuse appelée « Le Cabeço » qui domine Fatima et ils font paître les brebis. Vers le milieu de la journée, ils prennent leur repas frugal et récitent un chapelet raccourci à l’extrême en disant seulement : « Ave Maria » et « Padre Nosso » pour passer vite à leurs jeux d’enfants !… Tout à coup, à 12h, heure de l’Angélus, un fort vent secoua les arbres et ils virent, au-dessus des oliviers, une forme lumineuse approcher vers eux : « Elle avait l’apparence d’un jeune homme de 14 ou 15 ans, plus blanc que la neige, que le soleil rendait transparent comme s’il était en cristal, et d’une grande beauté. En arrivant près de nous, il nous dit : « N’ayez pas peur ! Je suis l’Ange de la paix. Priez avec moi ! » Alors, en les faisant se prosterner, il commença à leur apprendre cette prière qui a fait le tour du monde et demeure, un siècle plus tard, d’une telle actualité face à la décadence de notre société :
« Mon Dieu je crois, j’adore, j’espère et je vous aime. Je vous demande pardon pour tous ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas et ne vous aiment pas ».
Après leur avoir fait répéter trois fois cette prière si puissante, « il se releva et nous dit : « Priez ainsi. Les Cœurs de Jésus et de Marie sont attentifs à la voix de vos supplications ».
Cette première venue de l’Ange va marquer les trois enfants : « Ses paroles se gravèrent de telle manière dans notre esprit que jamais nous ne les avons oubliées. Et depuis lors, nous restions longtemps prosternés, répétant ces prières parfois jusqu’à tomber de fatigue. Je recommandai aussitôt à mes cousins de bien garder le secret[1]… »
Ces paroles de l’Ange nous enseignent aussi pour aujourd’hui car le premier appel de Fatima est cette invitation à la prière fervente dont le fruit est paix, et donc puissance de l’amour de Dieu qui peut arrêter et éviter les guerres ! En effet, le 9 mars 1916 l’Allemagne déclara la guerre au Portugal. De fait, ce pays restera protégé par son Ange gardien dont la Fête sera restaurée le 28 juin 1952 à la demande des Evêques portugais au Pape Pie XII qui répondit très favorablement.
La seconde Apparition eut lieu un jour de l’été 1916 à l’ «Arneiro », le puits des parents de Lucie, qui était au fond de leur jardin. Les trois enfants jouaient de plus belle quand l’Ange
leur apparut pour les reprendre : « Que faites-vous ? Priez, priez beaucoup ! Les Saints Cœurs de Jésus et de Marie ont sur vous des desseins de miséricorde. Offrez constamment au Très-Haut des prières et des sacrifices. »
Une fois de plus, ces paroles de l’Ange doivent nous interpeller au plus profond de nos cœurs. En effet, ces « desseins de miséricorde » prennent un relief tout particulier après ce Jubilé de la miséricorde 2016 ! Jésus et sa Mère veulent nous entraîner dans leurs Cœurs sur les voies d’une tendresse « engagée » qui vient délivrer le monde de l’égoïsme et de la guerre ! Et le premier choix à faire pour sauver notre civilisation du chaos où l’entraîne l’Ennemi, c’est la puissance du salut indiquée par l’Ange : offrir quotidiennement au Père, par Jésus et Marie, des prières et des sacrifices. Mais les objections de la normalité paralysent souvent nos cœurs et nous pouvons dire comme les enfants :
– « Comment ferons-nous des sacrifices ? » La réponse simple et concrète de l’Ange doit nous inspirer et nous engager :
– « De tout ce vous pourrez, offrez à Dieu un sacrifice, en acte de réparation pour les péchés par lesquels il est offensé, et de supplication pour la conversion des pécheurs. Attirez ainsi la paix sur votre Patrie. Je suis son Ange Gardien, l’Ange du Portugal. Surtout, acceptez et supportez avec soumission les souffrances que le Seigneur vous enverra[2] ».
L’Ange renvoie d’abord à la vie quotidienne sans faire du sacrifice une démarche exceptionnelle mais une offrande : « Offrez à Dieu un sacrifice ! » Comment ne pas penser ici à Petite Thérèse : « Je n’ai d’autre moyen de te prouver mon amour que de jeter des fleurs, c’est-à-dire de ne laisser échapper aucun petit sacrifice, aucun regard, aucune parole, de profiter de toutes les petites choses et de les faire par amour[3] ». N’est-ce pas là la marque mystérieuse de la sainteté des enfants de Dieu : « Ce sont des enfants comme les autres… et pourtant, auprès d’eux, on sent un je ne sais quoi différent des autres[4] ».
Troisième Apparition : « Consolez votre Dieu ! »
Pour mieux saisir l’importance de cette dernière Apparition, il faut d’abord ici écouter Lucie sur la seconde venue de l’Ange : « Ces paroles, nous dit-elle, étaient comme une lumière qui nous faisait comprendre ce qu’est Dieu, combien il nous aime et veut être aimé de nous… combien le sacrifice est agréable à Dieu, et comment Dieu, en considération du sacrifice, convertit les pécheurs[5]… »
La troisième Apparition de l’Ange survint à l’automne 1916 au « Cabeço », le même lieu élevé que la première. Et cette fois, l’Ange trouve les trois enfants prosternés et en train de redire avec ferveur la prière apprise de lui : « Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère…etc. » Et c’est alors, dit Lucie, que « nous vîmes briller au-dessus de nous une lumière inconnue. » Ils se redressèrent et découvrirent l’Ange qui tenait « dans sa main gauche un calice, sur lequel était suspendue une Hostie de laquelle tombaient quelques gouttes de sang dans le calice. »
Alors, l’Ange laissa suspendu en l’air le calice et l’Hostie. Il s’agenouilla près des enfants en leur faisant répéter trois fois : « Très Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, je vous adore profondément, et je vous offre le Très Précieux Corps, Sang, Ame et Divinité de Jésus-Christ présent dans tous les Tabernacles du monde, en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences par lesquels il est Lui-même offensé. Et par les mérites infinis de son Très Saint Cœur et du Cœur Immaculé de Marie, je vous demande la conversion des pauvres pécheurs ». Cette prière nous transporte véritablement au pied de la Croix où l’Agneau immolé sauve le monde et elle actualise dans le temps le mystère du salut … Ensuite, l’Ange se leva et donna l’Hostie à Lucie et partagea le Sang du calice entre Jacinthe et François. Il disait en même temps : « Prenez et buvez le Corps et le Sang de Jésus-Christ horriblement outragé par les hommes ingrats. Réparez leurs crimes et consolez votre Dieu ».
Cette troisième Apparition est la plus intense et plonge les enfants dans un état « spécial » qui durera trois jours. Elle leur fait toucher la splendeur de la Majesté de Dieu et fait naître aussi en eux un désir fort de réparation et de sacrifice pour sauver les pécheurs.
[1] Mémoires de Sœur Lucie, op. cit., p.64. A noter que François, comme plus tard aux Apparitions de la Vierge, voit mais n’entend pas les paroles de l’Ange. Il ne peut que répéter les prières en écoutant Lucie et Jacinthe.
[4] Joaquim Maria Alonso, Fatima – Message et consécration, op. cit., p.7.
[5] Père De Marchi, Témoignages sur les Apparitions de Fatima, op. cit., p.79.
Trois enfants choisis par Marie
Extrait du livre Mon Coeur Immaculé triomphera, Fatima, révélation des derniers temps, Marie-Michel, Editions du Jubilé 2017.
« Si je pouvais mettre dans le cœur de tout le monde
le feu que j’ai là, dans la poitrine, et qui me brûle
et me fait tant aimer le Cœur de Jésus et le Cœur de Marie ! »
Bienheureuse Jacinthe
L’histoire des enfants de Fatima est simple et joyeuse, douloureuse et glorieuse : elle est un reflet très pur des Evangiles. Il faut y deviner, à travers leurs personnalités bien distinctes et leur communion étonnante, l’œuvre de l’Esprit qui se déploie jour après jour dans le cœur des enfants de Marie qui écrivent des pages étonnantes dans l’histoire de l’Eglise contemporaine.
A l’origine, il faut situer aussi le sens mystérieux que porte le nom de Fatima car il y a « une histoire – ou légende – selon laquelle, au XII° siècle, des chevaliers chrétiens ayant triomphé d’un groupe de cavaliers musulmans, le roi de Portugal donna en mariage au vainqueur la fille du vaincu, Fatima, qui se convertit peu après… Ces faits, même idéalisés, reposent cependant sur un fond de vérité providentiel, quand on sait qu’à l’origine, Fatima est la fille du Prophète, Mahomet. Marie est sans doute venue à la rencontre de l’Islam, des croyants au Dieu unique, et, à travers eux, à la recherche de toutes les religions du monde, pour les amener, dans l’unité, à confesser le seul vrai Dieu. Ce caractère universel de la préoccupation de la Mère du genre humain, à Fatima, est fondamental : Marie est en quête de toutes les brebis égarées : chrétiens, athées, hétérodoxes, pécheurs[1]… » Ainsi, ce caractère urgent et prophétique du message de Marie à Fatima nous fait entrer dans une accélération impressionnante de la fin des temps. Là, des pages de l’Apocalypse s’actualisent comme jamais dans ce grand combat qui a commencé et s’intensifie entre « la Femme revêtue du soleil » (Ap 12,1) et « un énorme Dragon rouge feu » (Ap 12,3).
Lucie : la messagère infatigable !
Tout d’abord Lucie Dos Santos qui a dix ans au moment des événements surnaturels. Lucie est véritablement l’aînée des trois et va porter le poids des épreuves et des contradictions juste après la première Apparition. C’est elle qui dialogue uniquement avec la Vierge et reçoit ses demandes. C’est aussi elle qui, sur indication de Marie, restera sur terre non sans douleur, pour être le témoin universel du message de Notre Dame de Fatima.
Après un temps de formation et un autre temps de vie religieuse chez les Sœurs Dorothées où elle fera profession, Lucie sentira l’appel du Carmel qu’elle portait à l’origine. Elle pourra devenir, grâce à un recours à Pie XII, carmélite cloîtrée au Carmel de Coimbra en plein centre du Portugal. Elle vivra 57 ans dans ce couvent et sur la porte de sa cellule était inscrite la parole que la Vierge lui adressa : « Mon Cœur Immaculé sera ton refuge ! » A travers sa prière et plusieurs écrits connus mondialement, elle a témoigné des Apparitions de Fatima et de leurs conséquences : fidélité au chapelet quotidien et sacrifices pour sauver la paix du monde. Selon la mission que lui donna la Vierge, Sœur Lucie a été sa messagère infatigable : « Elle avait une manière spéciale pour raconter l’histoire de Fatima, sans parler d’elle, et les enfants étaient captivés par ses paroles… Elle portait en elle un feu qui la brûlait[2] ! » Et quand elle est partie au Ciel, voici le témoignage officiel de sa Prieure carmélite sœur Maria-Celina :
« Quand l’Evêque entra, je lui ai dit que notre chère sœur était sur le point de nous quitter… et Mgr Albino improvisa quelques invocations :
– Que Jésus-Christ t’accueille, lui à qui tu as donné ta vie !
– Que Notre Dame t’accueille, elle qui est plus brillante que le soleil et qui t’est apparue !
– Que l’Ange du Portugal t’accueille, lui qui t’est apparu !
– Que les Bienheureux François et Jacinthe t’accueillent eux qui ont vu avec toi la Vierge !
Il est impossible de décrire l’atmosphère de paix qui régnait à ce moment là. Son regard, qui en cette vie s’éteignait, s’apprêtait à voir la Lumière éternelle de Dieu. Soudain ses yeux, qui tant de fois avaient contemplé l’Invisible, s’ouvrirent. Elle regarda chacune de ses sœurs. Puis elle tourna les yeux vers la droite et fixa les miens. Je ne parviens pas à décrire la profondeur de son regard. Il était impressionnant… « dans ses yeux brillaient une lumière intense que je porte en mon âme[3] ». Puis elle ferma les yeux. Ce fut là son adieu. Sœur Marie-Lucie venait de quitter sa dépouille mortelle pour « suivre – avec la légèreté de l’éternelle jeunesse – l’Agneau là où il va, en chantant le cantique nouveau ». Les trois pastoureaux se retrouvaient au Ciel. C’était le 13 février 2005, à 17h25. Je voudrais rester là, en prière, dans cette cellule… qui fut témoin d’une vie de don de soi, de sacrifice et d’oblation pour le monde… et qui fut le petit sanctuaire de son intimité avec sa Mère, avec son divin Epoux divin… Combien de fois Notre Dame est-elle venue ici[4] ? »
Lors de ma dernière visite à sœur Maria-Celina au Carmel de Coimbra, je n’oublierai jamais le partage bouleversant qu’elle me fit de ces derniers instants lumineux de Sœur Lucie qui la marquèrent à jamais, et moi avec !
Avant de nous arrêter quelque peu sur les visages de François et Jacinthe, il faut se souvenir ici d’un fait surnaturel pour comprendre la mission différente des trois enfants. La Vierge le leur révéla dès l’Apparition du 13 juin : « Jacinthe et François, je les emmènerai bientôt. Mais toi, tu resteras ici quelque temps. Jésus veut se servir de toi pour me faire connaître et aimer. Il veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé[5] ». A la fin de cette seconde Apparition, la Vierge ouvrit les mains et montra son Cœur entouré d’épines qui paraissaient s’y enfoncer… et le faisceau lumineux enveloppa les enfants de telle sorte que François et Jacinthe paraissaient être dans la partie qui s’élevait vers le Ciel et Lucie dans celle qui se répandait sur la terre. Cela s’est réalisé très précisément puisque François est parti au Ciel le 4 avril 1919 et Jacinthe le 20 février 1920. Lucie, elle, s’envolait 85 ans plus tard !
Bienheureux François : l’humble contemplatif…
Le petit François est un enfant très attachant dont la conduite humble et pacifique traverse toute sa vie. Il a 9 ans. Dès la première Apparition et, après les visites de l’Ange, il va vivre une épreuve : car à chaque Apparition, Lucie va voir et dialoguer avec la Vierge, Jacinthe, elle, voit et entend mais garde le silence ; François, lui, voit mais n’entendra jamais les paroles de Marie que lui rapporteront les deux fillettes après chaque Apparition. Mais le 13 mai 1917, François ne voit ni n’entend la Dame et il en est troublé.
Alors, Lucie s’en étonne : « Comment se fait-il que François ne vous voit pas ? » Et la réponse de la Dame est claire : « Dis-lui de réciter le chapelet et il me verra aussi ! » Lucie fait la commission et François accueille de suite l’invitation de la Vierge… et au bout de quelques Ave, il voit aussi la Dame ! Cet épisode très réaliste fonde dans la vérité évangélique les Apparitions de Fatima où la Vierge situe d’abord sa venue dans la conversion à la prière. François, dans sa si belle âme, en tirera toutes les conclusions au quotidien et on le verra désormais dire seul de nombreux chapelets.
François était tolérant, pacifique et bienveillant. Il avait compris très tôt que les discussions où l’on finit par s’opposer coupe de la paix intérieure et que « la plus grande victoire n’est pas le fait de vaincre les autres, mais de nous vaincre nous-mêmes… et parmi les trois bergers, François semble être celui qui a le plus profondément saisi le surnaturel de Fatima. La vie de François contemplatif est un appel aux âmes contemplatives, ces âmes qui se laissent pénétrer par Dieu et qui plongent profondément dans son mystère ; des âmes qui font du silence l’espace vital de leur relation à Dieu. Par elles, Dieu devient présent au milieu des hommes. Bien nécessaires sont ces âmes, afin que le désert de Dieu devienne oasis. François les appelle. Il était charmant de le voir assis sur les hauts rochers, jouer de la flûte et chanter :
Le petit François est un authentique contemplatif qui savait voir dans la beauté de la création les traces de Dieu. Il avait un amour spécial pour les oiseaux qu’il protégeait et nourrissait en émiettant pour eux son pain. Un autre trait de sa personnalité est cette dimension de vérité et d’absolu que les Apparitions de Notre Dame sont venues ouvrir en Lui. Cela transpire nettement dans un dialogue où un jour deux dames s’entretenaient avec lui sur son avenir :
– Tu veux être charpentier ? lui dit l’une d’elles.
– Non, Madame.
– Tu veux être militaire ? lui dit l’autre.
– Non, Madame.
– Tu ne voudrais pas être médecin ?
– Non plus.
– Moi je sais bien ce que tu voudrais… Être prêtre !
Dire la Messe, confesser… prêcher ?
– Non, Madame, je ne veux pas être prêtre.
– Alors qu’est-ce que tu veux être ?
– Je ne veux être rien !… Je veux mourir et aller au Ciel[7] ! »
Ce sens de l’absolu qui fait du passage sur terre une préparation pour le Ciel nous fait un bien immense. Dans une civilisation matérialiste qui veut nous voler notre finalité, nous avons besoin d’être libérés de nos chaînes multiples et éveillés fortement à notre devenir glorieux dans le Christ. Dès la première Apparition, quand Lucie demande à la Vierge : « D’où êtes-vous ? » Elle répond : « Je suis du Ciel ! »
En écoutant François sur les différentes Apparitions, on discerne en son témoignage un sens théologique très sûr et un élan mystique admirable fondé sur la vérité de l’Evangile : « J’ai beaucoup aimé voir l’Ange… mais j’ai aimé encore plus Notre Dame. Ce que j’ai aimé le plus a été de voir Notre Seigneur dans cette lumière que Notre Dame nous a mise dans la poitrine. J’aime tellement Dieu !… Nous étions là à brûler dans cette lumière qui est Dieu, et nous ne nous consumions pas. Comment est Dieu ! On ne peut pas le dire ! Oui, vraiment, personne ne pourra jamais le dire[8] ! »
Bienheureuse Jacinthe : l’écho ardent du Cœur Immaculé !
Jacinta à 8 ans. Dessin de Marie-Jacinta
La petite Jacinthe a sept ans lors de la première venue de la Vierge le 13 mai 1917. Susceptible, boudeuse et très directive, elle n’avait pas un relationnel facile avec les autres. Et en plus d’être boudeuse, elle tenait à ce qu’elle avait ! Lucie avoue d’ailleurs qu’elle lui était parfois « assez antipathique » ! Mais elle ajoute très vite que Jacinthe « avait déjà bon cœur et que le Bon Dieu l’avait douée d’un caractère doux et tendre, qui la rendait en même temps aimable et attirante… » Et Lucie ajoute cette précision qui prépare mystérieusement le trio aux Apparitions : « Je ne sais pourquoi Jacinthe, avec son petit frère François, avait pour moi une prédilection spéciale et me recherchait presque toujours pour jouer[9]… »
Jacinthe est véritablement le témoin aimant et passionné du Cœur Immaculé de Marie. Après les promesses de la Vierge Marie à Lucie qui devra rester plus longtemps sur terre, elle en tire des conclusions qui révèlent l’ardeur mariale de son cœur : « Cette Dame a dit que son Cœur Immaculé serait ton refuge et le chemin qui te conduirait jusqu’à Dieu. N’aimes-tu pas cela beaucoup ? Moi, j’aime tant son Cœur ! Il est si bon ! » Et Jacinthe ajoutera : « J’aime tellement le Cœur Immaculé de Marie ! C’est le Cœur de notre petite Maman du Ciel ! N’aimes-tu pas répéter souvent : « Doux Cœur de Marie », « Cœur Immaculé de Marie ? » Moi, j’aime ça tellement, tellement[10] ! »
Jacinthe sera aussi très ferme sur la réalité des Apparitions quand Lucie sera si éprouvée dans sa famille et face au curé. Décidée de ne plus revenir après la première Apparition, elle pense que c’est une tentation du démon qu’elle voit une nuit déployer ses griffes pour l’entraîner en enfer. Mais quand elle en parle de ses doutes à ses cousins, Jacinthe lui répond avec une forte conviction : « Non, ce n’est pas le démon, non ! On dit que le démon est très laid et qu’il est en dessous de la terre, en enfer. Cette Dame est si belle ! Et nous l’avons vue monter au Ciel[11] ! »
D’autre part, Jacinthe va devenir un témoin bouleversant de l’urgence du salut. Elle qui aimait tant jouer va maintenant « jouer » toute sa vie pour sauver les pécheurs. Après la terrible vision de l’enfer révélée par la Vierge aux trois enfants, « l’âme de Jacinthe est entrée dans une grande passion : « celle de souffrir pour la conversion des pécheurs, afin que ceux-ci ne tombent pas en enfer…
– Pourquoi ne veux-tu pas jouer ? lui demandait Lucie.
– Parce que je réfléchis. La Dame nous a dit de faire beaucoup de sacrifices pour la conversion des pécheurs… et Elle a dit aussi que beaucoup d’âmes allaient en enfer… nous devons prier et faire beaucoup de sacrifices pour les pécheurs, les pauvres[12] ! »
Vers la fin, elle confie en quelque sorte à Lucie sa découverte de la mission de Marie dans l’histoire du salut qui s’accélère : « Dis à tout le monde que Dieu nous accorde ses grâces par le moyen du Cœur Immaculé de Marie ; que c’est à elle qu’il faut les demander ; que le Cœur de Jésus veut qu’on vénère avec Lui le Cœur Immaculé de Marie ; que l’on demande la paix au Cœur Immaculé de Marie, car c’est à Elle que Dieu l’a confiée[13].» Alors, suivons Jacinthe sur le chemin de la prière et de l’amour. La paix du monde est entre nos mains à travers le chapelet et les petits sacrifices quotidiens.
Dans les derniers sacrifices à l’hôpital, elle a cette parole si forte qui devrait bouleverser nos cœurs endormis : « Si les hommes savaient ce qu’est l’éternité, ils feraient tout pour changer de vie[14] ». Jacinthe ira jusqu’au bout de son sacrifice dans sa passion de sauver les pécheurs. Elle mourra « seule » sur son lit d’hôpital, et comme c’est magnifiquement décrit dans le film récent sur Fatima « le 13° jour », des larmes de sang couleront sur son visage… la dernière signature de son amour pour nous avant l’entrée au Ciel.
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NOTES
[1] Bernard Balayn, Fatima – Message extraordinaire pour notre temps, Téqui, 1987, p.26.
[2] Carmel de Coimbra, Un chemin sous le regard de Marie, Biographie de Sœur Lucie de Fatima, Parvis 2016, p.288.