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La Salette : l’accueil de l’évènement

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Tel est le récit des Bergers de La Salette (voir les articles des dernières semaines). Leur témoignage exhaustif montre qu’il ne s’agit ni d’une leçon confiée à de simples perroquets, ni d’une apparition mineure. En 1846, analphabètes et ignorants du Français, pouvaient-ils en expliquer toute la portée ! L’apparition approuvée et Mgr de Bruillard parti, pourquoi les avoir transformés en simples marionnettes d’exaltés ou en illusionnés réduits à l’éloignement ? Un autre témoin de l’Apparition, plus lointain et moins entraîné à sa suite sur le chemin du calvaire, aurait-il existé ?
Voici la vision de M. Le Beaumont, cultivateur du hameau des Chambons :
Vers 3 h. 1/2 le 19 septembre 1846 il se reposait, le dos tourné vers Corps, regardant ses bœufs. Il se sent poussé à se retourner… au-dessus de Corps, il aperçut un grand cercle de lumière tirant sur le rouge, il le contemple en extase : oh que c’est beau ! … Puis un éclair part du côté de la Salette, tirant sur le jaune. L’éclair s’approche du cercle. Le cercle s’ouvre, l’éclair entre dedans… Il regarde un moment : comme c’est beau!… tout disparaît. III
Le cultivateur dételle ses bœufs et rentre chez lui, littéralement muet de stupeur. Croyant à un malaise, les siens le couchent jusqu’à ce qu’il reprenne ses sens… Mais ce témoin ne s’est pas manifesté. C’est une parente qui consigna son témoignage, longtemps après.

L’accueil de l’évènement

Aussitôt raconté par les deux jeunes bergers, l’événement de la Salette frappa vivement les auditeurs : paysans du hameau des Ablandins qui n’iront pas travailler aux champs le lendemain, dimanche, comme d’habitude, et le vieux curé de la Salette qui en instruira aussitôt ses paroissiens en chaire.

Deux semaines plus tard, l’Abbé Mélin, qui fait fonction d’archiprêtre à Corps, avertit son évêque de l’émoi du peuple en exprimant son impression positive :

« Le récit de ces deux enfants a produit un effet extraordinaire dans les environs, même chez les hommes. Je les ai interrogés séparément et chez moi, et sur les lieux même[s] où je suis arrivé après quatre heures de marche pénible ; les autorités les ont menacé[s] pour les faire taire ; on leur a offert de l’argent pour leur faire dire le contraire de ce qu’ils affirmaient, ni les menaces, ni, les promesses n’ont pu faire varier leur langage ; ils disent toujours les mêmes choses et à qui veut l’entendre.
Je suis allé très lentement dans les informations que j’ai pu prendre, je n’ai rien pu découvrir qui dénote le moins du monde la supercherie ou le mensonge. La première idée de toute la contrée a été de faire bâtir un oratoire dans cet endroit […]
L’interprétation des fidèles a été tout naturellement que c’était la bonne Mère qui venait avertir le monde, avant que son Fils ne laisse tomber sur lui ses vengeances. Ma conviction personnelle, d’après tout ce que j’ai pu recueillir de preuves, ne diffère pas de celle des fidèles, et je crois que cet avertissement est une grande faveur du Ciel. Je n’ai pas besoin d’autre prodige pour croire, mon désir bien sincère, serait que le bon Dieu, dans sa miséricorde opérât quelque  nouvelle merveille pour confirmer la première. »

La nouvelle de l’apparition se répandit vite , mais suscite bientôt de préoccupantes oppositions, politiques et/ou ecclésiastiques. L’autorité diocésaine met donc cinq ans à l’étudier.
Les nombreux interrogatoires des deux bergers, pris séparément puis confrontés, établirent le discours que la « belle Dame » leur adresse ensemble, en français puis en patois : le « message public ». Au terme de l’enquête, Rome fut consultée, les légats de l’évêque de Grenoble remirent aussi en main propre au Pape Pie IX le « message secret » écrit et scellé par chacun des témoins. Après quoi, par le mandement du 19 sept. 1851 , Mgr de Bruillard put déclarer que : l’apparition de la Très Sainte Vierge à deux bergers, le 19 septembre 1846 […] porte en elle-même tous les caractères de la vérité, et que les fidèles sont fondés à la croire indubitable et certaine.

Ce décret ne mit pas fin à l’incrédulité de quelques membres du clergé local soutenus par l’Archevêque de Lyon ou l’évêque de Gap. Devant le langage terre à terre de la belle Dame, son vocabulaire plus bibliques que théologique, les esprits forts se faisaient sceptiques et le grand Lacordaire s’exclamait : « Absurde, ridicule, impossible » !
Tout en gardant au sens premier du message sa vérité frappante, d’autres penseurs retrouveront, à travers le concret de la lettre et du geste, la « grande nouvelle » mariale adressée au monde tout entier.

Le message de Marie proclamé sur la montagne déborde son contexte immédiat. L’apparition a lieu l’après-midi du samedi 19 septembre 1846. Dans la liturgie, l’heure était à la
pénitence (des « Quatre-Temps » du début dé l’automne) : plus exactement, aux premières vêpres de la Fête de N.D. des Sept Douleurs célébrée le lendemain.

A suivre…

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