Partager la publication "Le secret admirable du Très Saint Rosaire (27) – Richesses de sanctification – St Louis-Marie Grignion de Montfort"
25e ROSE : RICHESSES DE SANCTIFICATION RENFERMÉES DANS LES PRIÈRES ET LES MÉDITATIONS DU ROSAIRE
[75] Jamais personne ne pourra comprendre les richesses admirables de sanctification qui sont renfermées dans les prières et dans les mystères du saint Rosaire. Cette méditation des mystères de la vie et de la mort de Notre-Seigneur Jésus-Christ est, pour tous ceux qui en font usage, la source des fruits les plus merveilleux. Aujourd’hui, on veut des choses qui frappent, qui émeuvent, qui produisent dans l’âme des impressions profondes. Qu’y a-t-il au monde de plus émouvant que cette histoire merveilleuse de notre Rédempteur se déroulant à nos yeux en quinze tableaux nous rappelant les grandes scènes de la vie, de la mort et de la gloire du Sauveur du monde? Quelles prières sont plus excellentes et plus sublimes que l’Oraison dominicale et l’Ave de l’ange? Là sont renfermés tous nos désirs, tous nos besoins.
[76] La méditation des mystères et des prières du Rosaire est la plus facile de toutes les oraisons, parce que la diversité des vertus, des états de Jésus-Christ que l’on étudie, récrée et fortifie merveilleusement l’esprit et empêche les distractions. Les savants trouvent dans ces formules la doctrine la plus profonde, et les petits, les instructions les plus familières.
Il faut passer par cette méditation facile, avant de s’élever au degré le plus sublime de la contemplation. Telle est la pensée de saint Thomas d’Aquin[1], et le conseil qu’il nous donne, quanti il dit qu’il faut s’exercer d’abord comme dans un champ de combat par l’acquisition de toutes les vertus dont nous avons le parfait modèle dans les mystères du Rosaire ; car c’est là, dit le savant Cajetan, que nous acquerrons l’union intime avec Dieu, sans laquelle la contemplation n’est qu’une illusion capable de séduire les âmes.
[77] Si les faux illuminés de nos jours ou les quiétistes avaient suivi ce conseil, ils n’auraient pas fait de si terribles chutes, ni causé tant de scandales dans la dévotion. C’est une étrange illusion du démon de croire qu’on puisse faire des oraisons plus sublimes que celles du Pater et de l’Ave, en abandonnant ces divines oraisons qui sont le soutien, la force et la garde de l’âme.
J’avoue qu’il n’est pas toujours nécessaire de les réciter vocalement et que la prière intérieure, en un sens, est plus parfaite que la vocale ; mais je vous assure qu’il est très dangereux, pour ne pas dire pernicieux, de quitter de son propre mouvement la récitation du chapelet ou du Rosaire sous prétexte d’une plus parfaite union à Dieu. L’âme finement orgueilleuse, trompée par le démon du midi, fait tout ce qu’elle peut intérieurement pour s’élever au degré sublime des oraisons des saints, méprise et quitte pour cela ses anciennes manières de prier, bonnes pour les âmes du commun. Elle ferme d’elle-même l’oreille aux prières et au salut d’un ange et même à l’oraison qu’un Dieu a faite, pratiquée et commandée : Sic orabitis : Pater noster et Vous prierez ainsi, et, par là, elle tombe d’illusion en illusion, et de précipice en précipice.
[78] Croyez-moi, mon cher confrère du Rosaire, voulez-vous arriver à un haut degré d’oraison sans pourtant l’affecter et sans tomber dans les illusions du démon si ordinaires aux personnes d’oraison, dites tous les jours, si vous pouvez, votre Rosaire entier ou du moins le chapelet[2].
Y êtes-vous déjà arrivé par la grâce de Dieu, si vous voulez vous y conserver et y croitre dans l’humilité, conservez la pratique du saint Rosaire, car jamais une âme qui dit son Rosaire tous les jours ne sera formellement hérétique ni trompée par le démon ; c’est une proposition que je signerais de mon sang.
Si cependant Dieu, par sa très grande miséricorde, vous attire au milieu de votre chapelet aussi puissamment que quelques saints, laissez-vous aller à son attrait, laissez Dieu opérer et prier en vous et y réciter le Rosaire en sa manière, et que celui-là vous suffise dans la journée.
Mais si vous n’êtes que dans la contemplation active ou oraison ordinaire, de quiétude, de présence de Dieu et d’affection, vous avez encore moins de raison de quitter le Rosaire, et bien loin de reculer dans l’oraison et la vertu en le récitant, qu’au contraire, il vous sera un aide merveilleux et la véritable échelle de Jacob, où il y avait 15 échelons, par lesquels vous irez de vertu en vertu, de lumières en lumières, et arriverez facilement sans tromperie jusqu’à la plénitude de l’âge de Jésus-Christ.
Pour lire l’introduction et consulter le plan de l’ouvrage de Grignion de Montfort, cliquer ici.
[1] S. Th.., II-II, q. 182, art. 3.
[2] Montfort met en note le texte suivant de SAINTE CATHERINE DE SIENNE, Revelationes : Quiconque, ou juste ou pécheur, recourt à Elle avec un dévot respect ne sera ni déçu ni dévoré par le démon de l’enfer.