You are currently viewing Méditation de l’Evangile de la Solennité de la Sainte Trinité – 4 juin 2023

Méditation de l’Evangile de la Solennité de la Sainte Trinité – 4 juin 2023

image_print

Très Sainte Trinité :  4 Juin 2023    

 

          

Première lecture : Exode 34, 4-9  /  Cantique Daniel 3, 52-56

Deuxième lecture : Deuxième lettre de Saint Paul aux Corinthiens 13,11-13

Evangile de Jésus-Christ selon Saint Jean : 3,16-18

 

Méditation évangélique :

 « Si tu vois la charité, tu vois la Trinité ! »

 Saint Augustin

 

 

             En cette Solennité de la Très Sainte Trinité, nous voici projeté au Cœur de Dieu et le choix le plus sage serait de se taire en laissant place au silence de la contemplation… car ici, Dieu se révèle en l’ultime profondeur de son être que Saint Jean a approché en trois lettres d’or : « Dieu est Amour ! » (1 Jn 4,8).

             Là, tout est dit sur cette infinie circulation de l’Amour entre les Trois Personnes divines ! Oui, redisons-le encore : on est au Cœur de Dieu… qui s’est « ouvert » pour nous tous sur la Croix ! (Jn 19,33-35).  L’Evangile d’aujourd’hui proclame avec force le dessein d’amour fou des Trois : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle ! » (Jn 3,16). Notre avenir éternel se joue là, sur ce salut offert à chaque instant de nos vies. Où va pencher notre cœur ?                                                                     

              N’oublions jamais que la Révélation s’est opérée uniquement dans le Christ Sauveur et que l’Eglise a reçu de l’Esprit l’intelligence de ne pas se tromper sur les mystères dont la Sainte Trinité est la Source. Tel est le « dessein bienveillant » du Très-Haut exposé dans le Catéchisme : « Dieu qui « habite une lumière inaccessible » (1 Tm 6,16) veut communiquer sa propre vie divine aux hommes librement créés par Lui, pour en faire, dans son Fils unique, des fils adoptifs (Ep 1,4-5). En se révélant Lui-même, Dieu veut rendre les hommes capables de Lui répondre, de Le connaître et de L’aimer bien au-delà de tout ce dont ils seraient capables d’eux-mêmes[1]. »

           Ainsi, la Tradition, les Pères, les Saints orientent le regard de foi de l’Eglise dans la bonne direction ! Ensuite, ce regard orienté doit se laisser dépasser, engloutir dans la beauté de l’objet contemplé… je pense ici au petit Francisco de Fatima, lors de la 1° Apparition de Notre Dame, où il se dit incapable d’exprimer ce qu’il contemple à travers la médiation du Cœur Immaculé de Marie. Ecoutons-le attentivement car c’est un témoignage splendide sur la vérité de Dieu à la fois révélée et insaisissable :  

 

          « La Vierge ouvrit les mains pour la première fois, et projeta sur eux un faisceau de lumière mystérieuse, à la fois si intense et si profonde que, pénétrant dans leur poitrine jusqu’au plus intime de l’âme, elle les fit se voir eux-mêmes en Dieu qui était cette lumière, plus clairement que dans le miroir le plus clair…

              J’ai beaucoup aimé voir l’Ange, disait François, mais j’ai aimé encore plus Notre Dame. Ce que j’ai aimé le plus a été de voir Notre Seigneur dans cette lumière que Notre Dame nous a mise dans la poitrine. J’aime tellement Dieu !

              Ce qui impressionnait et absorbait davantage François, c’était Dieu, la Très Sainte Trinité, dans cette lumière immense qui nous pénétrait jusqu’au plus intime de l’âme.

              Il disait : nous étions là à brûler dans cette lumière qui est Dieu, et nous ne nous consumions pas. Comment est Dieu ? On ne peut pas le dire ! Oui, vraiment, personne ne pourra jamais le dire [2] ! »

 

               Voici donc en quelques mots une affirmation théologique de la plus haute importance : « Comment est Dieu ?… Personne ne pourra jamais le dire ! » affirme François après cette expérience unique de la lumière du Dieu qui est Amour (1 Jn 1,5 et 4,16).

               Alors, comprenons-le une fois pour toutes : même avec le don ultime au Ciel de la « vision béatifique », on ne fait pas le tour de Dieu !…  Nous le connaîtrons d’une manière unique dans la lumière de sa gloire, cette « lumen gloriae » affirmée par l’approche théologique qui s’appuie sur l’Ecriture : « En toi est la source de vie, par ta lumière, nous voyons la lumière ! » (Ps 35,10). Nous sommes donc appelés à la participation de l’amour même de Dieu : une participation qui nous emporte dans le mouvement d’amour infini de Dieu… mais sans jamais en voir le bout !

            L’approche théologique et mystique de l’Orient chrétien peut nous aider en ce sens. Paul Evdokimov[3] témoigne que « l’apophatisme oriental rend témoignage à l’Esprit Saint. Personne qui demeure inconnue mais qui manifeste toute chose de Dieu et rend réelle toute vie spirituelle… car « la ténèbre éblouissante » n’est qu’une manière d’exprimer la proximité la plus réelle et en même temps insaisissable : trouver Dieu consiste à le chercher sans cesse… C’est vraiment voir Dieu que de n’être jamais rassasié de le désirer ! Dieu est l’éternellement cherché[4]… « Il reste caché dans son épiphanie même[5] ! »

 

+M-Mickaël

  

[1] Catéchisme de l’Eglise Catholique, Centurion / Cerf / Fleurus-Mame, 1998, n°52

[2] Mémoires de Sœur Lucie, Compilation du Père Louis Kondor, 1997, 4° mémoire, p.166-129-133.

[3] Paul Evdokimov, L’amour fou de Dieu, Seuil, 1973, p.46 et 60.

[4] Saint Grégoire de Nysse, Homélie sur le Cantique des cantiques, Patrologie grecque 44, col .920 C.

[5] Saint Maxime, Amb., Patrologie grecque 91, col. 1048 D.

Laisser un commentaire