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Visite guidée de la Sainte Vierge au paradis…

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Le jour de l’Assomption de N.-D. 1698, notre Reine entre à la chambre de Benoîte sur les 7-8 heures du soir ; elle disait ses Litanies et eut une joie extraordinaire de voir sa bonne Mère portée par des Anges en forme de petits enfants d’un an, que Benoîte appelle des « angeons ».

La divine Marie lui dit : « Ma fille suivez-moi, et vous réjouissez : je vais vous faire voir des choses que vous n’avez jamais vues ».

Aussitôt, deux Anges prennent Benoîte de chaque côté, et la portent après la Sainte Vierge. Quand elle fut beaucoup élevée en l’air, elle entendit quantité d’Anges, qui chantaient les Mystères d’ici, Passion de Jésus, disant : « Jésus méprisé ! Jésus passé par le larron ! Jésus crucifié ! », et ainsi du reste, ne se souvenant pas de tout ce qu’ils disaient. Les odeurs suaves et embaumantes de la Sainte Vierge et des Anges l’enveloppaient.

Pour montrer sa grande simplicité montant toujours, elle pensait « Où vas-tu ? Où es-tu ? Tu es si grosse et pesante ! Si ces 2 petits angeons n’avaient pas la force de te porter… en quel précipice tomberais-tu ? ».

La Sainte Vierge la rassura. « Ma fille, vous ne tomberez pas ! ». Par le grand éclat de la divine Marie, elle voyait plus clair qu’en plein midi.

Quand la Sainte Vierge fut aux portes du Paradis, un homme habillé de rouge lui ouvre la porte, et la salua avec un profond respect.

Étant entrée dans le Ciel, ses deux Anges la quittèrent, et ceux de Benoîte aussi. Elle suit à pied sa bonne Mère sans savoir où elle était, où elle allait, ce qu’elle faisait, éblouie de tant d’éclat, de splendeur et de gloire, qu’elle voyait de part et d’autre, de quelque côté qu’elle se tourne.

Quand elle eut un peu avancé dans le Paradis, elle vit les Bienheureux plus resplendissants que le soleil, chacun dans son siège, d’une beauté et d’un éclat qu’elle n’a su exprimer, tous découverts, d’une chevelure blonde, tous jeunes (lui semblait-il), et tous d’un même âge, qui tantôt s’asseyaient, tantôt se tenaient debout. Ils chantaient des cantiques à la louange de Dieu et souriaient tous en la voyant passer.

Elle vit M. Peytieu, M. Hermitte, sa mère, qui la saluent souriants vers elle ; elle vit beaucoup de personnes connues, parents, amis et autres. Comme elle voulait s’approcher de ces deux Messieurs, la Vierge lui dit : « Suivez-moi, ma fille ! ».

La suivant, elle vit de grandes tribunes toutes parsemées de pierreries, dont l’éclat l’éblouissait : elles étaient élevées les unes sur les autres, de degré en degré.

La Sainte Vierge lui dit. « Ma fille, le plus haut degré de ces trois, ce sont les Martyrs habillés de rouge, après les Vierges non-martyrs en blanc au plus haut degré les « chancelantes » (autres élus lumineux) habillés de diverses couleurs. Les Bienheureux qu’elle voit aussi loin que sa vue peut s’étendre chantaient les louanges de Dieu, les mains jointes.
Benoîte ne les connaissant pas disait en son cœur. « Que feras-tu ici, étant si éloignée de ceux de ta connaissance ! Au moins si tu étais proche de tes deux confesseurs et des autres que tu connais, tu serais plus contente, je ne les saurais trouver à présent ! ». La Mère de Dieu, pour la rassurer, lui dit de ne s’appréhender de rien, qu’Elle la redéposerait où Elle l’avait prise.

Étant beaucoup avancée dans le Paradis, elle vit un Trône rond tout parsemé de pierreries, élevé par-dessus tous les autres, d’un brillant et d’une splendeur inestimable, dont l’éclat lui ôtait la vue. À l’entour du trône se trouvaient une infinité d’Anges, tous rayonnants de gloire.

La Sainte Vierge passant devant celui qui était au Trône, lui fit une profonde révérence et l’adora, sans que Benoîte sente qui c’était. Quand la Mère de Dieu passait, tous les bienheureux se levaient de leur siège et la saluaient.

Au milieu du Paradis, elle vit un grand arbre, fort épais et étendu. Les feuilles et les branches étaient d’or, lui semblait-il, et avec une quantité de belles pommes. Elle avait grande envie d’en prendre une, mais par respect elle n’osa pas le faire.

Elle dit à la Mère de Dieu. « Voilà un bel arbre I ». « C’est l’Arbre de Vie », lui répondit la bonne Mère.

N’ayant vu que quelques prêtres dans le Paradis, parmi cette foule innombrable, elle dit : « Je n’y vois guère de prêtres ! ». La Bonne Mère lui dit qu’elle n’a pas voulu les lui montrer parce qu’elle en aurait trop de déplaisir.

Ici le brouillon (du texte) rajoute que Benoîte poursuivit cette visite avec la Vierge toute la nuit, et « qu’elle était toute lasse des pieds et des yeux, quoique transportée de joie devant de si grandes et inconcevables merveilles, d’une si surprenante variété ».

Et le texte continue : Le jour s’approchant, Marie lui dit de s’en aller promptement ; et aussitôt deux Anges prennent la Mère de Dieu, et deux Benoîte.

Ils la laissent au pied de la descente du Lays du côté de Gap. La Mère de Dieu lui dit de s’en aller et de n’avoir point peur. Il n’était pas tout à fait jour, mais elle y voyait comme en plein midi, à cause de la clarté de la Vierge.

Pour exprimer combien Benoîte fut « ravie » de cette vision, M. Gaillard ajoute que pendant quinze jours elle était si comblée de contentement qu’elle négligeait de boire et de manger. « Son âme et toutes ses puissances étaient tellement remplies de joue qu’elle ne savait bonnement ce qu’elle faisait, ni exprimer ce qu’elle avait vu », si bien qu’elle n’en parlât pas.

Mais les femmes qui lavaient et repassaient avec elle les linges de la chapelle furent frappées du ton vibrant dont elle leur parlait du bonheur des Saints, des joies du Paradis, et en avertirent son confesseur et un autre serviteur de l’église, qui avaient eux aussi remarque son aspect révélant une joie intérieure peu banale.

Alors ils la pressèrent de décrire ce qu’elle avait éprouvé, et lui tirèrent peu à peu les détails de ce récit. Magnan et Aubin alertèrent Gaillard, qui ordonna à Benoîte au nom de l’obéissance de tout lui raconter. (…)

Source : La voix de Dieu magazine

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