Partager la publication "La leçon de Mgr Strickland : ne jamais céder sur la vérité"
par Marco Begato, prêtre
Je me souviens avoir dit clairement ce jour-là : « Je ne reculerai jamais dans la proclamation de la vérité ».
Ces mots de Mgr Strickland, confiés à Crisis Magazine, permettent de comprendre la ferveur qui animait ce pasteur, mis sur le devant de la scène ces dernières semaines pour avoir été destitué de son siège épiscopal sans charges objectives connues (pédophilie ? scandales financiers ? rien de tout cela…). Ce sont des mots qui ont résonné dans son cœur au début de son ministère épiscopal et qui sont devenus sa principale boussole pastorale.
Mais qui est cet évêque Strickland et quelle leçon peut-il laisser à l’Église d’aujourd’hui ? Strickland est le jeune évêque qui à Baltimore, le 13 novembre 2018, 46 jours après que le Washington Post a publié l’histoire de la dépravation de McCarrick, s’est levé de sa chaise et a demandé : « Comment cela est-il arrivé ? Comment a-t-il été promu, comment cela s’est-il produit si nous sommes tous d’accord pour dire que [l’acte d’homosexualité] est mauvais et constitue un péché ? » C’est ainsi qu’il a laissé l’un de ses premiers et plus précieux enseignements : « Frères, je crois qu’une partie de la correction fraternelle… est de demander ».
Strickland est le pasteur qui a su corriger chrétiennement l’erreur et accueillir l’égaré. Il corrige l’erreur, c’est-à-dire le mouvement LGBT :
« Dans le monde d’aujourd’hui, nous voyons beaucoup de programmes concernant l’identité humaine, en particulier « l’identité sexuelle ». L’un d’entre eux, très présent ces jours-ci, est le programme LGBTQ ».
Mais il accueille les égarés :
« Pour conclure, je voudrais dire à ceux qui souffrent d’attirance pour le même sexe ou de dysphorie de genre : le Christ vous aime et l’Église catholique vous accueille. Nous luttons tous pour grandir en sainteté. Je vous invite à venir vous asseoir avec nous, à prier avec nous, à adorer avec nous et à faire l’expérience avec nous de la puissance écrasante de l’amour et de la miséricorde de Dieu ».
C’est l’évêque qui a pris Hillary Clinton à partie pour ses remarques tendancieuses contre les groupes pro-vie :
« S’il vous plaît, s’il vous plaît, n’écoutez pas cette femme diabolique. Ses mensonges et son immoralité doivent être réduits au silence pour le bien de l’humanité ».
Et il n’a pas manqué l’occasion d’ « annoncer qu’il considère qu’il est immoral de forcer les gens à subir une injection expérimentale et qu’il ne se fera pas vacciner ». Plus précisément, il a toujours soutenu et collaboré à l’œuvre de Children of God for Life , en tant que spiritual advisor, et avec ce mouvement, il a également signé et fait circuler une pétition contre les vaccinations contaminées par le sacrifice criminel de l’avortemen, et ce bien avant que ne surgisse l’affaire du vaccin anti-Covid.
Bref, c’est lui qui, alors que le clergé qui commande promouvait des initiatives écolo-philanthropiques, a continué à défendre le dépôt de la foi, et ce alors que ses frères évêques lui suggéraient déjà apertis verbis : « Arrêtez d’insister autant sur ce point et suivez le programme ».
Strickland se trouvait donc à la croisée des chemins : suivre le programme dicté à l’épiscopat mondial ou rester ferme et s’en tenir au premier objectif (« Je ne reculerai jamais dans la proclamation de la Vérité ») ?
Mais cet engagement s’accompagnait toujours d’une prise de conscience :
« Proclamez la vérité. D’une certaine manière, Marie m’appelait à mourir ce jour-là. En un sens, je crois qu’elle me demandait d’accepter le martyre qui découle de la seule prédication de la Vérité ».
Évidemment, le choix de la vérité l’a emporté, même avec le risque d’accroître la division avec le clergé qui commande, mais en fin de compte en sachant que « les forces dans l’Église en ce moment ne veulent pas de la vérité de l’Évangile ».
Et ainsi, ces forces ne veulent pas de la vérité,
« elles veulent qu’elle soit changée. Elles veulent qu’elle soit ignorée. Elles veulent se débarrasser de la vérité qui, glorieusement, ne disparaîtra pas. La vérité qui est Jésus-Christ, son corps mystique, qui est l’Église, toutes les merveilles pour lesquelles des martyrs sont morts et des saints ont vécu pendant près de 2000 ans depuis que le Christ est mort et ressuscité ».
Et ce courant de ténèbres implique de nombreuses personnes qui, de diverses manières, deviennent des conseillers du Saint-Père et « qui travaillent sur lui et l’influencent pour qu’il prenne ce genre de décisions ». « Ce sont des forces énormes et puissantes qui sont à l’œuvre dans le monde ».
Mais c’est précisément au cœur de cette dénonciation que nous pouvons reconnaître jusqu’où est allé le zèle pastoral de Mgr Strickland dans la défense de la Vérité et du troupeau qui lui a été confié. Il est allé jusqu’au point le plus délicat et le plus douloureux, celui de la résistance face à la confusion née des propres paroles du Souverain Pontife – « certainement le Pape a dit des choses confuses » -, celui du conseil aux actions mêmes du Souverain Pontife :
« Beaucoup de ceux qu’il a nommés cardinaux, les personnes dans les différents bureaux du Vatican, n’ont pas dit des choses confuses. Ils n’ont pas dit des choses confuses, ils ont dit des choses qui contredisent le dépôt de la foi. Et le pape doit les remettre à leur place… Il est le pape. Il peut tout clarifier très rapidement, très simplement, et dire : ‘Voilà ce que nous croyons en tant que catholiques’ « .
Et dans cette action de résistance, il a ajouté :
« Il est temps pour moi de dire que je rejette son programme de sape du dépôt de la foi ».
Il a justifié cette déclaration décisive par sa confession la plus profonde :
« Je suis un pécheur, je suis imparfait, je fais des erreurs, mais je suis motivé par l’amour du Christ, l’amour de l’Église catholique et l’amour du pape François ».
Et toujours, dans son ministère, y compris dans des déclarations et des confessions aussi puissantes, ce qui l’a ému, c’est la vérité, « notre plus grand don… notre plus grande valeur… [et] notre plus grand pouvoir ».
« Et cela s’applique à toute l’Église, du pape François aux derniers confirmants. Nous sommes tous tenus et bénis pour vivre la vérité. Et… nous avons une obligation envers le troupeau ici et partout où nous le pouvons. Quand nous voyons ce qui est contraire à la vérité, et il y a trop de choses qui se passent qui sont contraires à la vérité et qui doivent être traitées… par amour, [nous devons] agir » .
Mais tout cela est affirmé et proclamé chaque fois dans un sens fort de communion ecclésiale et d’unité avec Pierre, reconnu dans son rôle et sa mission délicate, même dans la dénonciation de la confusion et de la distance par rapport à son programme. Le pape, que Strickland interroge et à qui il demande de la clarté, préférant toujours la Vérité à tout programme vatican, est le père pour lequel il faut prier « pour lui en tant que fils de Dieu et pour son rôle de pontife suprême ».
Ensuite, la fin, au moins de l’épiscopat dans le diocèse de Tyler, une fin annoncée et préparée avec des tons toujours fermes et cristallins. D’abord dans la déclaration de responsabilité selon laquelle « il ne quitterait tout simplement pas » son diocèse, puis dans la clarification de la docilité filiale selon laquelle « si le pape le révoquait, il serait obéissant », en dépit du fait que, selon la loi, il aurait probablement pu s’y opposer et dénoncer « un abus de fonction contre le droit divin de l’épiscopat ».
Ces paragraphes exposent donc les raisons qui font de Mgr Strickland un modèle important pour ses contemporains : Mû par la Vérité du Christ, martyrisé pour le bien de ses fidèles, capable de poser les questions qui comptent, de dénoncer l’erreur et d’accueillir l’égaré, de résister à la confusion et au mensonge, de ne pas appeler obéissance le compromis avec la vérité, et de ne pas se compromettre pour l’obéissance, de ne pas échanger la fraternité contre le pouvoir, de résister au mal, d’interpeller même le Souverain Pontife, mais sans jamais avilir sa personne et son rôle, sans dévier vers des formes d’opposition et de séparation, mais toujours en priant et en faisant prier avec le Pape et pour le Pape. Tout cela sans se soucier des conséquences pour sa carrière et sa réputation.
Puisse Mgr Strickland rester toujours fidèle au modèle qu’il nous a proposé jusqu’à présent, à tous égards. Que le Seigneur le préserve et nous donne d’autres exemples comme lui. Puissions-nous également suivre Mgr Strickland dans l’amour de la Vérité qu’est le Christ, dans la charité de la correction fraternelle à l’intérieur et à l’extérieur de l’Église, dans l’amour du Pape, un amour que l’on professe même en rejetant la confusion qu’il nourrit et en redoublant ensuite de prières pour que l’Esprit de Dieu le protège des mauvais conseillers, le confirme dans la Vérité et le garde ainsi pour son propre bien et celui de toute la Sainte Église.
« Je ne suis pas un grand théologien, je n’ai rien d’exceptionnel. Mais je suis un grand amoureux de Jésus-Christ et de son Église, et je suis prêt à tout endurer pour continuer à proclamer ce message » .