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Qui comprendra les larmes de Marie ?

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« Il a été transpercé à cause de nos crimes ! »

Isaïe 53,5

                                                

« Près de la Croix de Jésus, se tenait sa Mère… »

Jean 19,25

 

       Juste avant la semaine Sainte, souvenons-nous d’une grande vérité de la foi à contempler : découvrir « un peu » combien Marie, ma Mère, a souffert pour moi au pied de la Croix de Jésus, notre Sauveur…

Souvenons-nous de cet instant sacré où, après avoir expiré, il vient d’avoir le Cœur transpercé. Marie est là, face à Lui… et ce dernier assaut sur le Corps de son Fils achève sa Passion et met en lumière une double vérité du salut :

  • De son Cœur ouvert par la lance jaillit une infinie miséricorde pour l’humanité ! Là, tout est possible pour chaque homme à chaque instant : telle est la plus profonde vérité de la Révélation…

 

  • Marie, toujours vivante et brisée, vit une compassion extrême en son Cœur dont la douleur est abyssale : celle de la Mère de Dieu qui a vu mourir son Enfant-Dieu sur la Croix dans un dernier acte de violence : car s’il est affreux pour une maman de voir souffrir son Enfant innocent et crucifié… il lui est encore plus terrible de constater que juste après sa mort, on blesse à nouveau la chair de sa chair !

C’est cette indicible douleur que chante l’émouvant Stabat Mater :

« Debout, la Mère douloureuse près de la Croix était en larmes devant son

Fils suspendu…

Dans son âme qui gémissait, toute brisée, endolorie, le glaive était

enfoncé…

Quel est celui qui, sans pleurer, pourrait voir la Mère du Christ dans un

supplice pareil ? … »

 

La petite Thérèse, elle aussi, a contemplé la douleur de la Mère :

« Un prophète l’a dit, Ô Mère désolée,

Il n’est pas de douleur semblable à ta douleur ! (Lm 1,12)

Ô Reine des martyrs, en restant exilée,

Tu prodigues pour nous tout le sang de ton Cœur[1]… »

 

Qui comprendra les larmes de Marie ? On est devant un mystère de présence douloureuse si effacé et si intérieur… Il faut se tourner vers le Fils crucifié pour découvrir la puissance cachée du Cœur blessé de sa Mère :

« Ô Jésus, regardez les larmes de Celle qui vous a le plus aimé sur terre

et qui vous aime le plus tendrement au Ciel !…

Vos larmes, Ô Mère douloureuse, anéantissent le pouvoir de l’Enfer[2] ! »

 

Juste avant la semaine Sainte, écoutons avec attention les paroles mariales et évangéliques uniques d’un juif converti : « Les larmes de la Mère des douleurs remplissent l’Ecriture et débordent sur tous les siècles… Car toutes les fois que quelqu’un éclate en pleurs, au milieu de la foule ou dans la solitude, c’est Elle-même qui pleure, parce que toutes les larmes lui appartiennent en sa qualité d’Impératrice de la Béatitude et de l’Amour ! Les larmes de Marie sont le Sang même de Jésus-Christ répandu d’une autre manière, comme sa Compassion fut une sorte de crucifiement intérieur pour l’Humanité sainte de son Fils. Les larmes de Marie et le Sang de Jésus sont la double effusion d’un même cœur… C’est ce qu’exprime les paroles adressées à Sainte Brigitte : « Comme Adam et Eve ont vendu le monde pour une seule pomme, mon Fils et moi, nous avons racheté ce monde avec un seul Cœur [3] ! »

En ce dernier acte de la Passion où le côté de Jésus est transpercé : l’épée de douleur prophétisée par Syméon (Lc 2,35) traverse ici le Cœur de la Vierge à un degré de profondeur que Dieu seul connaît… Marie est en syntonie parfaite avec cette ultime blessure sur le Corps de son Fils tant aimé car, juste avant, la Parole créatrice du Verbe éternel l’a ouverte à une « nouvelle maternité » à travers l’Apôtre bien-aimé (Jn 19,26-27). Et voici que maintenant, le Cœur douloureux de Marie est « résonnance parfaite » du Cœur ouvert de Jésus : le mystère de l’infinie miséricorde s’est dévoilé dans l’indicible douleur des deux Cœurs…

+ M-Mickaël

 

[1] Sainte Thérèse de Lisieux, Œuvres complètes, Pourquoi je t’aime, Ô Marie, Poésie 54, p.755.

[2] Extrait du « chapelet de larmes de la Très Sainte Vierge » – Prière si émouvante et si puissante que l’on peut réciter chaque vendredi en particulier…

[3] Léon Bloy, Les larmes de Marie.

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