Partager la publication "St Louis-Marie Grignion de Montfort, Le secret admirable du Très Saint Rosaire – La manière sainte de réciter le Rosaire, 41e rose"
[116] Ce n’est pas proprement la longueur, mais la ferveur de la prière, qui plaît à Dieu et qui lui gagne le cœur. Un seul Ave Maria bien dit est d’un plus grand mérite que cent cinquante mal dits. Presque tous les chrétiens catholiques récitent le Rosaire, le chapelet ou du moins quelques dizaines d’Ave. Pourquoi donc y en a-t-il si peu qui se corrigent de leurs péchés et s’avancent dans la vertu, sinon parce qu’ils ne font pas ces prières comme il faut.
[117] Voyons donc la manière qu’il faut les réciter pour plaire à Dieu et devenir plus saints.
Premièrement il faut que la personne qui récite le saint Rosaire soit en état de grâce ou du moins dans la résolution de sortir de son péché, parce que toute la théologie nous enseigne que les bonnes œuvres et les prières, faites en péché mortel, sont des œuvres mortes, qui ne peuvent être agréables à Dieu ni mériter la vie éternelle ; c’est en ce sens qu’il est écrit : Non est speciosa laus in ore peccatoris, Eccl. 15, 9 (La louange ne sied pas à la bouche du pécheur)
La louange et le salut de l’ange et l’Oraison même de Jésus-Christ n’est pas agréable à Dieu lorsqu’elle sort de la bouche d’un pécheur impénitent : Populus hic labiis me honorat, cor autem eorum longe est a me Marc 7,6 (Ce peuple m’honore des lèvres mais son cœur est loin de moi.
Ces personnes qui se mettent de mes confréries, (dit Jésus-Christ), qui récitent tous les jours le chapelet ou le Rosaire, sans aucune contrition de leurs péchés, m’honorent de leurs lèvres, mais leur cœur est bien éloigné de moi. .
[2°] J’ai dit : « ou du moins dans la résolution de sortir du péché », 1° parce que s’il fallait absolument être en grâce de Dieu pour faire des prières qui lui fussent agréables, il s’ensuivrait que ceux qui sont en péché mortel ne devraient point du tout prier, quoiqu’ils en aient plus de besoin que les justes, ce qui est une erreur condamnée par l’Eglise, et, ainsi, il ne faudrait jamais conseiller à un pécheur de dire son chapelet ou son Rosaire parce qu’il lui serait inutile ; 2° parce que, si avec la volonté de demeurer dans le péché, et sans aucune intention d’en sortir, on s’enrôlait dans une confrérie de la sainte Vierge, ou on récitait le chapelet, le Rosaire ou quelque autre prière, on se rendrait du nombre des faux dévots de la sainte Vierge, et dévots présomptueux et Impénitents, qui, sous le manteau de la sainte Vierge, avec le scapulaire sur leur corps ou le Rosaire à la main crient : sainte Vierge, bonne Vierge, je vous salue, Marie, et cependant crucifient et déchirent cruellement Jésus-Christ par leurs péchés et tombent malheureusement, du milieu des plus saintes confréries de la sainte Vierge, dans le milieu des flammes de l’enfer.
[118] Nous conseillons le saint Rosaire à tout le monde : aux justes pour persévérer et croître dans la grâce de Dieu, et aux pécheurs pour sortir de leurs péchés. Mais à Dieu ne plaise que nous exhortions un pécheur à faire du manteau de la protection de la sainte Vierge, un manteau de damnation pour voiler ses crimes, et à changer le Rosaire, qui est un remède à tous maux, en un poison mortel et funeste. Corruptio optimi pessima.
Il faut être un ange en pureté, dit le savant Hugues, cardinal, pour approcher de la sainte Vierge et réciter la Salutation angélique. Elle fit un jour voir à un impudique, qui récitait le saint Rosaire régulièrement tous les jours, de beaux fruits dans un vaisseau souillé d’ordure ; il en eut horreur, et [elle] lui dit : « Voilà comme tu me sers, tu me présentes de belles roses dans un vaisseau sale et corrompu. Juge, si je puis les avoir agréables . »
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