Partager la publication "St Louis-Marie Grignion de Montfort, Le secret admirable du Très Saint Rosaire – La manière sainte de réciter le Rosaire, 42e rose"
[119] Il ne suffit pas, pour bien prier, d’exprimer nos demandes par la plus excellente de toutes les manières d’oraison qui est le Rosaire, mais il faut encore y apporter une grande attention, car Dieu écoute plutôt la voix du cœur que celle de la bouche. Prier Dieu avec des distractions volontaires serait une grande irrévérence, qui rendrait nos Rosaires infructueux et nous remplirait de péchés. Comment ose-t-on demander à Dieu qu’il nous écoute, si nous ne nous écoutons pas nous-mêmes, et si, pendant que nous prions cette redoutable majesté qui fait tout trembler, nous nous arrêtions volontairement à courir après un papillon ? C’est éloigner de soi la bénédiction de ce grand Seigneur et la changer dans la malédiction portée contre ceux qui font l’ œuvre de Dieu négligemment : Maledictus qui facit opus Dei negligenter (Jérémie 48, 10).
[120] Vous ne pouvez pas, à la vérité, réciter votre Rosaire sans avoir quelques distractions involontaires ; il est même bien difficile de dire un Ave Maria sans que votre imagination toujours remuante ne vous ôte quelque chose de votre attention ; mais vous pouvez le réciter sans distractions volontaires, et vous devez prendre toutes sortes de moyens pour diminuer les involontaires et fixer votre imagination.
A cet effet, mettez-vous en la présence de Dieu, croyez que Dieu et sa sainte Mère vous regardent, que votre bon Ange à votre main droite prend vos Ave Maria comme autant de roses, s’ils sont bien dits, pour en faire une couronne à Jésus et à Marie, et qu’au contraire, le démon est à votre gauche et rôde autour de vous, pour dévorer vos Ave Maria et les marquer sur son livre de mort, s’ils ne sont pas dits avec attention, dévotion et modestie ; surtout ne manquez pas de faire les offrandes des dizaines en l’honneur des mystères, et de vous représenter, dans l’imagination, Notre-Seigneur et sa sainte Mère dans le mystère que vous honorez.
[121] On lit dans la vie du bienheureux Herman, de l’ordre de Prémontré, que, lorsqu’il disait le Rosaire avec attention et dévotion, en méditant les mystères, la sainte Vierge lui apparaissait toute brillante de lumière, avec une beauté et majesté ravissantes. Mais ensuite, sa dévotion s’étant refroidie et ne récitant plus son Rosaire qu’à la hâte, et sans attention, elle lui apparut le visage tout ridé, triste et désagréable. Herman, étonné d’un tel changement, la sainte Vierge lui dit : « Je parais telle devant tes yeux, que je suis à présent dans ton âme, car tu ne me traites plus que comme une personne vile et méprisable. Où est le temps que tu me saluais avec respect et attention, en méditant mes mystères et admirant mes grandeurs ? »
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