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La Salette : la règle des Apôtres des derniers temps : résurgences…

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Mais sa Règle ne se perd pas dans l’oubli.
-Mgr Bernard, Missionnaire de la Salette et préfet apostolique émérite de Norvège, qui visite Mélanie en 1886 et 88, se rallie à la cause. La Règle donnée par la Mère de Dieu, est pour le corps des constitutions des Missionnaires apostoliques voulus [et] appelés par la Messagère divine une charpente de bois incorruptible et vivifié d’un souffle divin, que les vers rongeurs humains ne pourront piquer ni ronger jusqu’à la fin des temps, affirme-t-il.
-En 1895, le Père Berlioz, ancien supérieur de La Salette, invite prêtres et laïcs à se faire « apôtres des derniers temps » à l’école de ND. de La Salette :
« A l’heure suprême où nous vivons, à l’approche des derniers temps, la Mère des apôtres fait appel à la tribu sacerdotale. Elle veut multiplier le nombre des vrais apôtres, supra modum apostoli. Elle les appelle près d’Elle, au pied de la croix ; car il faut remonter à la source pour se retremper dans la perfection primitive. Le B. Grignion de Montfort avait pressenti cette intervention merveilleuse de la Mère de Dieu suscitant, dans les derniers temps, des apôtres qui, comme des géants de l’apostolat, doivent en quelque sorte préparer la mission d’Enoch et d’Elie, et à son heure la partager. [ … ] Nous pensons que la céleste Messagère figure ainsi un ordre apostolique d’une grande perfection, dont elle doit ordonner et conduire la formation, protéger l’existence, assurer la propagation et la durée. C’est à la Reine des Apôtres qu’il appartient de révéler sa pensée et de fonder son œuvre. De ce rôle apostolique, la Reine du Ciel passe à l’action de la vie chrétienne. [ … ] Voilà, selon nous, le signalement d’un vaste tiers ordre de pénitence et de réparation, uni à la vie d’immolation du désert et à l’apostolat, pour aider et le servir, enlaçant dans les chaînes mystiques de ses saintes observances, le peuple chrétien tout entier, sans distinction de classes et de nations.
Vous le ferez passer « à tout mon peuple ». Voilà ce que nous croyons apercevoir dans céleste vision. Et voilà ce qui, par la grâce de Dieu et la vertu de Marie, donnerait au monde chrétien une force nouvelle et opposerait au mal une puissante barrière. [ … ] demandons par Marie la réalisation de tous les desseins de sa miséricorde envers nous. Que les âmes appelées soient dociles à la voix de sa grâce. Dieu aime l’obéissance prompte et empressée. [ … ] Il y a un demi-siècle que la Vierge sainte les attend et nous dit tout en pleurs : Depuis le temps que je souffre pour vous». (La voix du désert et la réparation, Lyon, 1895 p. 281…)
– En France, le 5 juillet 1890, Henriette Deluy, fondatrice des Soeurs réparatrices de N. D. de La Salette, adopte la règle de Mélanie dans une nouvelle fondation. Ballottée çà et là la nouvelle œuvre se perpétuera dans la Somme, en Belgique, puis en Anjou : Maritain et Massignon en seront tertiaires. Mais lors de la seconde guerre mondiale, une décision de l’Ordinaire ferma la maison de Saint Lambert du Lattay et dispersa la vingtaine de soeurs. Ecrivant à un ami de cette oeuvre, Le Père Laurent, recteur du sanctuaire de La Salette à l’aube du centenaire, écrivait pourtant :
Pour notre chère Salette, les apparentes contradictions qui opposeraient missionnaires tels que nous sommes et missionnaires de la Mère de Dieu ne comptent guère. Il n’y a lieu que ce que la Providence a voulu, et c’est de consoler cette bonne Mère qui pleure, en se dévouant pour elle. Nous ne serons jamais assez nombreux pour cette tâche.
En Italie, en Sicile même, ce sont des saints qui collaborent au projet de Mélanie :
– Le Bienheureux Jacques Cusmano, de Palerme, visite Mélanie, l’accueille chez lui, la supplie de l’aider et adopte en secret, vers 1880, la «Régle de la Mère de Dieu». La persécution de la voyante et sa propre mort précoce l’empêchent d’oeuvrer explicitement pour La Salette, mais il en adopte l’esprit.
– En 1897, tandis que Mélanie relève à Messine sa fondation de religieuse dont elle restera co-fondatrice, Saint Annibale di Francia fonde les Pères «Rogationnistes». Leur zèle pour la cause des vocations doit préparer la venue des Apôtres des derniers temps dont il partage l’attente avec le Père Jordan, fondateur allemand des Salvatoriens.
Mélanie aima beaucoup la communauté naissante de Religieuses dites Filles du Divin Zèle du Coeur de Jésus, écrit Saint Annibale, en particulier pour la mission à laquelle elles se sentent consacrées par un quatrième voeu, à savoir de prier chaque joui à l’effet d’obtenir de bons ouvriers à la Sainte Eglise, en réponse au Commandement de Notre Seigneur Jésus-Christ: «Rogate ergo Dominum Messis» [Priez le maître de la moisson qu’il envoie des ouvriers : Lc 10, 2]. L’insigne qu’elles portent sur la poitrine est précisément le Sacré Coeur avec les paroles «Rogate … » [. .. ] Mélanie voyait dans cette prière le moyen de susciter les Apôtres des derniers temps. Un jour elle me dit : «J’appartiens à votre Congrégation» et elle portait sur son coeur, sous son,habit, ce saint emblème.

Maritain interpelle Rome
Ecrivant en 1948 à Mgr Montini , pour la gouverne de Pie XII, son opinion d’ambassadeur de France sur l’état du monde et les remèdes opportuns, après avoir parlé des réformes sociales et de la purification de la vie chrétienne, et sollicité la consécration de la Russie au Coeur Immaculé demandée à Fatima, Maritain réitérait la demande de ND. de La
Salette. Hélas, l’apparition était alors suspecte au Saint Office. Du moins contribue-t-il de toutes ses forces à la défendre.
« Comme votre Excellence le sait bien, c’est l’événement de la Salette, et le message que la Sainte Vierge y a confié à Mélanie et le désir qu’elle y a exprimé de voir surgir un nouvel ordre religieux, qui me semblent mériter une attention spéciale. Assurément les révélations particulières sont toujours sujettes à caution, et même authentiques ce n’est pas en elles qu’il faut chercher une règle d’action. Cependant il n’est pas bon de « mépriser les prophéties », et quand elles sont authentiques elles sont comme des signaux avertisseurs pour les jugements que selon les règles de la prudence la raison a à former. Devant la simple possibilité que la Sainte Vierge ait donné une mission et transmis un message spécialement grave à la voyante sur le témoignage de laquelle l’Eglise a admis le culte public de Notre Dame de la Salette, il me semble effrayant que depuis la divulgation du message secret aucune enquête n’ait été instituée aux fins de savoir si les affirmations qu’au prix de longues persécutions Mélanie a soutenues jusqu’à sa mort méritaient ou non créance. C’est pourquoi je crois que l’examen de l’événement de la Salette en son intégrité, et tout d’abord de la vie de
Mélanie, pour juger si elle a été une sainte ou une hystérique, ne serait pas aujourd’hui sans particulière importance.
Dans le message secret confié à Mélanie il est question d’un nouvel ordre religieux dont la Sainte Vierge demanderait la fondation, et aurait donné la règle. Mélanie s’est efforcée de grouper sous cette règle quelques âmes de bonne volonté. Je doute que les bons prêtres qui ont essayé de continuer son œuvre selon la lettre puissent fournir les éléments d’une telle fondation. Mais si, selon l’esprit de la Salette et de saint Grignion de Montfort, fondation a jamais paru appelée par les nécessités présentes de l’Eglise et du monde, c’est bien celle de cette congrégation que Grignion de Montfort nommait les apôtres des derniers temps, et dont il a tracé la physionomie en traits de feu dans sa Prière pour les demander à Dieu.
Plus je médite en simple philosophe sur l’état présent de l’humanité, et sur les faux prestiges qui de toutes parts éblouissent et aveuglent l’esprit des hommes, plus je me persuade que comme aux siècles apostoliques le monde a besoin d’une pure effusion de la bonne nouvelle évangélique prêchée dans la pauvreté et dans la liberté du Saint-Esprit, sequentibus signis. Le monde a besoin de miracles. Il a besoin de thaumaturges, il a besoin d’apôtres enflammés du pur amour de Dieu, détachés de tout, et vivant de la même vie de travail et de dénuement que le peuple qu’ils évangélisent, et qui témoignent de la vérité de Dieu non dans la vertu de l’éloquence et des raisonnements humains, mais par la puissance des signes. Que Votre Excellence m’excuse de Lui
livrer des pensées et des désirs qu’il convient plutôt d’exprimer à Dieu dans la prière et que je ferais peut-être mieux de garder pour moi : je pense que si le Saint-Père décidait de prendre une initiative absolument exceptionnelle, et d’appeler et rassembler un petit groupe de saints prêtres dignes de sa confiance et brulant de zèle apostolique, comme il en est sûrement de par le monde, et de les consacrer à Marie, et d’établir pour eux une règle de vie religieuse qui leur permette d’aller librement partout, en particulier dans les milieux prolétariens; s’il décidait de leur donner lui-même mission, au nom du Christ dont il est le Vicaire et en vertu du pouvoir des clefs, je crois que la puissance des miracles accompagnerait leur prédication, et que ces hommes, avec ceux qui se joindraient à eux dans ce nouvel Institut religieux adapté aux besoins profonds de notre siècle, seraient des instruments du Saint-Esprit pour renouveler et sauver notre monde en perdition. » (P. Chenaux, PAUL VI ET MARITAIN, Téqui, p. 108)

A suivre…

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