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La vraie sainteté commence par l’humilité

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« Dieu ne peut tromper une espérance si remplie d’humilité ! »

Sainte Thérèse de Lisieux, Manuscrit A

Quand, au Carmel de Lisieux, la lumineuse Mère Geneviève est au seuil du grand départ, toutes les sœurs sont bouleversées et la considèrent comme une sainte… si bien que toutes désirent, à l’avenir, avoir une relique ! Thérèse, elle, aura un trésor bien plus précieux car, la nuit d’après son départ au Ciel, Mère Geneviève la visite à travers un rêve en lui affirmant par trois fois : « A vous, je laisse mon cœur[1] ! »

Il faut ici écouter le récit lumineux de Thérèse pour saisir toute la puissance d’une espérance fondée sur l’humilité qui, seule, ouvre la porte du Ciel :

« Au moment même de la naissance au Ciel de notre Sainte Mère Geneviève, ma disposition intérieure a changé… en un clin d’œil, je me suis sentie remplie d’une joie et d’une ferveur indicibles, c’était comme si Mère Geneviève m’avait donné une partie de la félicité dont elle jouissait car je suis bien persuadée qu’elle est allée droit au Ciel…

Pendant sa vie, je lui dis un jour : « O ma Mère ! vous n’irez pas en purgatoire !… « Je l’espère » me répondit-elle avec douceur… Ah ! bien sûr que le Bon Dieu n’a pu tromper une espérance si remplie d’humilité[2]… »

Ce témoignage devrait nous interroger sur « le sens de la fin de vie » quand la société actuelle veut la manipuler jusqu’à la terrible décision de l’arrêter… alors que si chaque personne humaine était accompagnée dans la prière du Rosaire de la Vierge, les sacrements de la paix et l’attention d’amour, la fin de vie serait un ultime passage vers la vraie vie !

Dans le monde clos du matérialisme athée, il faudrait au moins laisser monter en nos cœurs le « cri » de Rimbaud le poète : « La vraie vie est absente ! » Oui, absente, car la vraie vie est ailleurs, et en même temps si proche, cachée au fond de nous… Le grand Saint Augustin, doué d’une si remarquable intelligence, a longtemps été aveuglé par l’orgueil de son péché et de ses réussites extérieures ! Et un jour, il a fini par ouvrir la porte de l’humilité et il a découvert une Présence, cachée à l’intérieur… Dieu l’attendait depuis toujours, avec une infinie patience ! A travers ses « Confessions », Augustin en témoigne en un style unique qui traverse les siècles :

« Tard je vous ai aimée, Beauté si ancienne et si nouvelle, tard je vous ai aimée. C’est que vous étiez au-dedans de moi, et, moi, j’étais en dehors de moi ! Et c’est là que je vous cherchais ; ma laideur se jetait sur tout ce que vous avez fait de beau. Vous étiez avec moi et je n’étais pas avec vous. Ce qui loin de vous me retenait, c’étaient ces choses qui ne seraient pas, si elles n’étaient en vous…

Vous m’avez appelé, vous avez crié, et vous êtes venu à bout de ma surdité ; vous avez étincelé, et votre splendeur a mis en fuite ma cécité ; vous avez répandu votre parfum… et je soupire après vous… vous m’avez touché, et je brûle du désir de votre paix… Quand je vous serai attaché de tout mon être, il n’y aura désormais nulle part pour moi de douleur et de fatigues ; ma vie, toute pleine de vous, sera alors la véritable vie[3]… »

Ainsi, que nous soyons croyants ou pas, la question majeure qui doit traverser nos vies semble la suivante : Avons-nous « vraiment » découvert le sens ultime de notre existence ? Et si Dieu est là, caché mais si présent, ne doit-il pas être Celui qui passionne chaque instant de ma vie ? Les Saints et les Saintes sont « tombés » amoureux de Jésus et, dans leur vie, rien n’a plus été comme avant : une passion enflammée par l’Esprit s’est emparée de leurs cœurs et les a emportés vers la folie de la Croix… Dans le Cœur ouvert du Sauveur, ils sont nés à un amour universel où « chaque instant est devenu précieux » pour le salut de tous !

Cela peut nous paraître fou et hors de la vie actuelle ? Et pourtant, rien n’est plus fou que la folie de l’Amour de Dieu sur la Croix… Depuis plus de 2000 ans, les Saintes et les Saints connus ou cachés ne s’y sont pas trompés et se sont laissés « emporter » dans la folie sublime de ce mystère ; à commencer par celle qui se veut la plus petite : « Thérèse » !  Qui est devenue « la plus grande Sainte des temps modernes[4] » :

« O Jésus, laisse-moi te dire que ton amour va jusqu’à la folie… Comment veux-tu devant cette Folie, que mon cœur ne s’élance pas vers toi ? Comment ma confiance aurait-elle des bornes… Ah ! pour toi, je le sais, les Saints ont fait aussi des folies, ils ont fait de grandes choses…

Jésus, je suis trop petite pour faire de grandes choses… et ma folie à moi, c’est d’espérer[5] ! »

Quand on a été un peu éveillé par ce cri de la sainteté qui résonne dans les siècles… on a tout compris ! Et l’on ne cherche plus « le sens de sa vie » : il est là, devant nos yeux…

 

+M Mickaël

 

[1] Œuvres complètes, Manuscrit A, Cerf-DDB 1992, p.203.

[2] Manuscrit A, op.cit., p.202.

[3] Saint Augustin, Les Confessions, Garnier-Flammarion 1964, Chapitre 17 et 18.

[4] Expression du Pape Saint Pie X.

[5] Œuvres complètes, Manuscrit B, p. 231.

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